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Scandale des eaux minérales contaminées : le Sénat lance une mission parlementaire

L'eau, une ressource essentielle et menacéedossier
La chambre haute a annoncé ce jeudi 11 avril le lancement d’une mission parlementaire après les soupçons de contamination des eaux minérales du groupe Nestlé.
publié le 11 avril 2024 à 18h03

Les eaux en bouteilles Perrier, Vittel, Contrex et Hépar s’invitent au palais du Luxembourg. Ce jeudi 11 avril, le Sénat a annoncé le lancement d’une mission parlementaire sur les suspicions de contamination des eaux minérales naturelles du groupe Nestlé Waters. L’objectif sera de «faire la lumière sur les défaillances de l’Etat» sur les politiques publiques en matière de contrôle et traitement des eaux en bouteille. «Des pratiques ont été cachées au grand public malgré l’information du gouvernement et nous pouvons soupçonner ce dernier d’avoir essayé de minimiser les conséquences pour les industriels», a annoncé la sénatrice écologiste de Paris, Antoinette Gühl, nommée rapporteure de cette mission d’information.

La constitution de cette mission «flash», qui rendra ses conclusions d’ici le 15 juillet, fait suite aux révélations par Radio France et Le Monde concernant une note de l’agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses). Dans ce document remis au ministère de la Santé à la mi-octobre 2023, des experts évoquent un «niveau de confiance insuffisant» pour assurer «la qualité sanitaire» des eaux du groupe (Perrier, Contrex, Vittel, Hépar…).

«Une surveillance élargie est nécessaire», précise ainsi le document confidentiel commandé par les agences régionales de santé du Grand-Est et d’Occitanie, deux régions où est implantée la multinationale. Cette note révèle notamment de «multiples constats de contaminations microbiologiques d’origine fécale» dans les eaux.

«Il y a un problème important d’information du consommateur»

Cette annonce intervient alors qu’une enquête préliminaire pour tromperie est ouverte par le parquet d’Epinal à l’encontre de Nestlé Waters, soupçonné d’avoir eu recours à des traitements illégaux pour purifier ses eaux minérales. Près d’un tiers des bouteilles d’eau vendues comme étant de l’eau minérale naturelle ou de source, notamment celles du numéro 1 mondial, subissent en effet des techniques de purification interdites pour ces catégories, mais utilisées pour l’eau du robinet, afin de pouvoir être consommées. En toute connaissance des autorités. «Alors que beaucoup de Français sont attachés à l’eau en bouteille, quitte à la payer parfois 100 fois plus cher, […] il y a un problème important d’information du consommateur, de transparence et de finalité de l’action publique», a ajouté Antoinette Gühl en conférence de presse.

Cette mission «flash» a été validée mercredi par la commission des Affaires économiques du Sénat et pourrait se doter en juillet des pouvoirs très renforcés de commission d’enquête «si nécessaire», a-t-elle précisé. Le groupe socialiste au Sénat avait également demandé ces derniers jours le lancement d’une commission d’enquête sur le sujet, alors que Nestlé Waters France a assuré que «toutes les eaux minérales naturelles mises sur le marché en France peuvent être consommées en toute sécurité».


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