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Tramadol : pour lutter contre le risque d’addiction, les boîtes ne contiendront plus que 10 à 15 comprimés

Les premières boîtes réduites de cet opioïde, prescrit pour les douleurs modérées à intenses, sont arrivées depuis quelques semaines en pharmacie, révèle Franceinfo ce jeudi 11 avril. L’Agence du médicament a demandé cette réduction de plus de moitié aux industriels depuis janvier 2023.
publié le 11 avril 2024 à 12h29

Une nouvelle mesure pour prévenir une crise de santé publique sur des antidouleurs hautement addictifs, à l’intérêt médical pourtant majeur. Les boîtes de tramadol ne contiendront plus que 10 à 15 comprimés, contre un maximum de 30 jusqu’à présent, comme le révèle Franceinfo ce jeudi 11 avril. La demande émane de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), dirigée en janvier 2023 vers les 26 industriels qui fabriquent le médicament. Ces nouvelles boîtes réduites en comprimés sont arrivées «depuis quelques semaines» dans les pharmacies, assure à Franceinfo Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France.

En réduisant le nombre de cachets par boîte, l’anti-douleur devra ainsi être délivré «dans les plus petits conditionnements possibles», pour être adapté aux prescriptions de courte durée, insiste l’ANSM. Les conditionnements plus importants, pour les traitements de plus longue durée, restent disponibles. Objectif : limiter au maximum «le risque d’utilisation prolongée, et donc d’abus et de dépendance». Et également éviter que des cachets non utilisés qui traîneraient dans un placard soient pris accidentellement, en particulier par un enfant.

Cette nouvelle mesure s’inscrit dans une vigilance renforcée de l’Agence du médicament depuis plusieurs années : elle avait déjà, en 2020, réduit la durée maximale de prescription de cet antalgique à trois mois - contre un an auparavant. Car le tramadol, commercialisé en France depuis 1997 notamment sous le nom de Topalgic, est hautement addictif. Il est un opioïde, au même titre que la morphine, la codéine ou le fentanyl. Et comporte donc les mêmes risques : leur usage «non médical régulier, prolongé, abusif ou sans supervision médicale de ces médicaments peut mener à la dépendance et à d’autres problèmes de santé», prévient l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). «[Ils] peuvent provoquer des difficultés respiratoires, et une surdose peut entraîner la mort.»

7 morts par overdose en 2022

Si les ravages du tramadol ne sont pas comparables aux Etats-Unis, avec des dizaines de milliers de morts, la France n’est pas épargnée. Il y est l’opioïde le plus prescrit et consommé. Aussi l’antalgique opioïde le plus impliqué dans les surdoses involontaires et, avec la morphine, dans des surdoses mortelles. En 2022, l’ANSM a recensé sept morts par overdose, 16 cas de convulsion et 116 patients gravement atteints. Mais, dans le même temps, le tramadol est une alternative majeure pour réduire la douleur quand les autres médicaments, paracétamol ou ibuprofène notamment, ne sont pas suffisants. Il est indiqué «uniquement dans le traitement des douleurs modérées à intenses», précise l’Agence du médicament, insistant auprès des professionnels pour ne pas le prescrire contre les maux de tête - y compris la migraine. Elle les enjoint également à faire des prescriptions les plus courtes possibles, «entre 3 et 14 jours en cas de douleur aiguë», ou à les réévaluer «tous les 3 à 6 mois» s’il s’agit de douleurs chroniques.

Aux patients, elle recommande de respecter scrupuleusement la prescription de leur médecin, tant dans les doses que le nombre de prises ou la durée du traitement. Tout en leur déconseillant un arrêt brutal, qui pourrait entraîner des effets liés au sevrage (anxiété, nervosité, tremblements, insomnie, etc.) : il doit être progressif et accompagné par un soignant.

Au vu de ses risques, l’Agence insiste surtout sur le fait de ne pas proposer ce traitement à un proche, enfant comme adulte. Si une personne ingère un cachet de tramadol qui ne lui était pas destiné, elle enjoint à contacter immédiatement un centre anti-poison ou un service d’urgence : le 15 (SAMU), le 18 (pompiers) ou le 112 (toutes urgences).

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