Société Quels sont les secrets des Danois pour être heureux au travail ?

Les Danois sont les plus heureux dans leur travail. Comment ? Grâce à une flexibilité, un bon équilibre entre la vie personnelle et la vie professionnelle, une vision du travail qui a du sens et des managers qui prônent la confiance. L’auteur danois Meik Wiking liste ses conseils dans un livre.

Audrey Vermorel - Hier à 07:45 - Temps de lecture :
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Les Danois sont le peuple considéré comme les plus heureux au travail. Photo d'illustration Pexels

Les Danois sont le peuple considéré comme les plus heureux au travail. Photo d'illustration Pexels

Et vous, continueriez-vous à travailler si vous aviez gagné au loto ? Au Danemark, 58 % des habitants ont déclaré qu’ils ne démissionneraient pas même s’ils gagnaient 10 millions d’euros (d’après une étude menée par YouGov).

Si cela peut vous paraître complètement fou -qui n’a jamais rêvé de claquer la porte de son job et de partir sur une île déserte ?- les Danois, connus pour être « le peuple le plus heureux du monde », affichent un degré de bonheur au travail parmi les plus élevés au monde.

Près de deux Danois sur trois se déclarent très satisfaits dans leur travail, grâce à des méthodes assez différentes des nôtres. Meik Wiking, fondateur et président du premier institut de recherche sur le bonheur au monde à Copenhague, les a recensées dans son livre Objectif : le bonheur au travail, la méthode danoise (*). En voici quelques-unes qui pourraient vous inspirer.

Trouver du sens à son travail

Les personnes se déclarant les plus heureuses au travail avouent « avoir une finalité, un but dans la vie ». Trouver du sens et de l’intérêt dépend de notre métier, bien sûr, mais se rendre compte de nos réalisations, de ce que nous effectuons chaque jour et de son utilité est une façon de trouver du sens, que ce soit un boulanger qui rendra heureux ses clients grâce à son pain, une caissière indispensable au fonctionnement d’un magasin ou un ouvrier essentiel dans une chaîne de fabrication d’un produit.

Trouver du sens peut aussi passer par faire du bénévolat ponctuellement, ce que certaines entreprises acceptent désormais. Enfin, on peut se satisfaire des petites avancées : termine une tâche où constater l’avancée d’un projet. Et ne jamais oublier de regarder tout ce que nous avons déjà accompli.

Le « job crafting » pour trouver du sens

Meik Wiking vante les mérites du « job crafting » (« l’art de sculpter son travail ») pour changer sa manière d’envisager son travail. Cela consiste à se concentrer sur d’autres fonctions ou s’inventer des tâches. Il prend l’exemple d’un agent de nettoyage dans un hôpital qui devait nettoyer le vomi des patients en chimiothérapie et s’était donné comme mission en plus de faire rire les malades. Une façon de voir les côtés positifs de son travail !

Devenir ami avec ses collègues

Ceux qui n’aiment pas mélanger la vie professionnelle et la vie personnelle ne seront pas forcément partants, mais « selon un article de la Harvard Business Review, les personnes ayant un ami au travail sont plus productives et plus satisfaites. Cela bénéficiera aussi bien aux employés qu’à l’entreprise », détaille Meik Wiking. Certes, on ne peut pas s’entendre avec tout le monde, mais pensez à consacrer du temps à mieux discuter avec les collègues que vous ne connaissez pas. Une bonne ambiance au travail rendra une journée plus agréable.

La flexibilité

Le développement du télétravail a été bénéfique pour beaucoup d’employés, mais la flexibilité ne passe pas que par ça. Cela peut être d’autoriser à ses salariés de s’absenter pour un rendez-vous médical ou de travailler selon un planning qui correspond à leurs besoins. « Les employés bénéficiant d’une grande flexibilité ont toujours tendance à éprouver une grande satisfaction au travail. Pensez donc à aborder la question lors d’un entretien d’embauche », conseille-t-il.

Les Danois changent d’emploi relativement souvent, ils passent en moyenne 7,2 ans auprès d’un employeur. « Cela s’explique par la « flexicurité », leur modèle du marché du travail. Un employeur peut embaucher et licencier à sa guise sans coûts de licenciement élevés. La sécurité, c’est que vous bénéficiez d’avantages sociaux très intéressants si vous êtes au chômage. Ce filet de sécurité permet aux Danois de quitter plus facilement un emploi qui ne les rend pas heureux », explique le spécialiste du bonheur.

Avoir un bon équilibre vie personnelle-vie professionnelle

L’une des clés du bonheur au travail est de pouvoir consacrer suffisamment de temps à sa vie personnelle. Pour cela, Meik Wiking suggère aux entreprises de proposer un aménagement flexible du travail, de mettre en place une politique de communication pour, par exemple, interdire l’envoi de SMS ou de mails professionnels le week-end. Et les cadres doivent montrer l’exemple ! S’ils partent tôt ou n’envoient pas de message le week-end, les employés seront plus enclins à suivre le pas.

L’épanouissement personnel passe aussi par le partage des tâches à la maison. C’est pourquoi dans les pays scandinaves, les parents ont tous les deux le droit à un congé parental rémunéré, qu’ils peuvent se partager comme bon leur semble pour s’investir tous les deux dans leur rôle de parent.

Faire confiance à ses employés

Ce conseil s’adresse aux employeurs : faites confiance à vos employés, exprimez-leur votre reconnaissance lorsque le travail est bien fait et ne soyez pas avare en compliments ! Cela boostera la productivité et la qualité.

Les Danois appliquent au travail une mentalité très égalitaire et une gestion horizontale : les salariés sont concertés et leur avis est intégré lorsque des décisions doivent être prises au sujet de leur travail, les managers mangent avec leurs employés. Chacun est au même niveau et les salariés se sentent investis dans l’entreprise. Bref, un cercle vertueux pour tout le monde !

(*) Objectif : le bonheur au travail, la méthode danoise, par Meik Wiking, aux éditions Leduc, 19,90 euros.