Jérémy Rimbaud : récit de la nuit du cannibale

Jeudi 14 novembre 2013, les gendarmes sont appelés en urgence à Nouilhan, commune rurale à une vingtaine de kilomètres de Tarbes. Le corps d'un habitant vient d'être retrouvé à demi calciné, chez lui. La victime, Léopold Pédèbidau, est âgé de 90 ans. À 22h00, alors qu'ils sont toujours dans la maison, les gendarmes sont alertés du vol d'un fusil de chasse chez un villageois, et de l'agression à coups de barre de fer d'un agriculteur, Jean Camy, 42 ans. 

Les gendarmes repèrent un homme en bordure du chemin départemental 935. Il tient un fusil et se laisse interpeller en douceur. L'individu décline son identité, Jérémy Rimbaud, 26 ans. Ce qu’il raconte est incohérent. Il dit avoir entendu des voix qui lui dictaient de tuer deux hommes. Lui est inconnu de la justice. Il a quitté l'armée il y a un an.

Juste après son interpellation, Jérémy Rimbaud déclare spontanément qu'il "a buté le vieux". Mais les gendarmes sont stupéfaits quand il ajoute qu'il a mangé le cœur et la langue de la victime en les préparant avec des haricots. Les vérifications des légistes confirment les propos du caporal. Il y a bien eu ablation de ces organes. Les analyses du repas découvert à proximité du corps sont formelles : il s'agit de restes humains.

J'ai pris la victime pour un taliban

Jérémy Rimbaud

Vendredi 20 décembre 2013, Jérémy Rimbaud déclare devant la juge d'instruction : "Il y avait une force à l'intérieur de moi qui me poussait à faire ce que j'ai fait". Le suspect indique qu'il n'avait pas pris de drogue ou d'alcool. "Devant les gendarmes, il est très cynique. Il fait des jeux de mots : il dit qu'il est Hannibal Lecter, qu'il a allumé le feu comme Johnny, il ricane... Devant la juge d'instruction, déjà, il a pris des médicaments, son état est beaucoup plus stable. Il dit qu'il veut totalement oublier ce qu'il a commis et notamment le fait d'avoir mangé les organes de Léopold. Pour lui, c'est affreux", relate Jade Serrano, journaliste d’investigation, spécialisée police/justice et auteure du livre Quand les hommes mangent leurs semblables, publié le 18 septembre aux éditions du Rocher.

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Pourquoi s'en être pris à ce vieil homme particulièrement ? "Il n'y a vraiment aucune explication tangible si ce n'est le hasard. Sa voix indique : 'Il faut que tu manges le vieux'. Il arrive et il fait ce qu'il a à faire", indique Jade Serrano, invitée de L'Heure du crime. Jeudi 5 novembre 2015, trois experts psychiatres rendent leurs conclusions définitives : ils détectent chez le patient une schizophrénie paranoïde. Aux experts, l'homme s'est étendu sur son expérience en Afghanistan : "J'ai vu beaucoup de morts". Au moment où il a tué le vieil homme, à Nouilhan, il se décrit en transe. "J'ai pris la victime pour un taliban."

Jeudi 21 avril 2016, la juge fait savoir aux parties civiles que Jérémy Rimbaud, irresponsable pénalement, ne sera pas jugé. Alain Pédèbidau, fils de la victime, espérait une issue judiciaire. "L'irresponsabilité pour un simple accident de voiture, je la comprendrais, mais pas pour ce qu'il a fait..." Aujourd'hui encore, Jérémy Rimbaud est interné à l'unité pour malade difficile d'Albi.

Les invités de "L'Heure du crime"

- Jade Serrano, journaliste d’investigation, spécialisée police/justice et auteure du livre Quand les hommes mangent leurs semblables, publié aux éditions du Rocher.
- Dr Roland Coutanceau, expert psychiatre auprès des tribunaux, il a expertisé Jérémy Rimbaud.

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