INVITÉE RTL - "La pornographie, c'est le McDo du sexe", réagit la sexologue Thérèse Hargot

Plusieurs millions de Français consomment du porno chaque jour. Le profil ? Il n'y en a plus. C'est le constat donné par Thérèse Hargot, la thérapeute de couple et sexologue. Son nouvel ouvrage, Tout le monde regarde ou presque, dénonce les conséquences d'un phénomène qui ne doit pas être banalisé et donne des pistes pour résister à l'addiction.

"J'ai vu en consultation des petites filles de 11-12 ans qui consommaient du porno depuis plusieurs années. J'ai vu aussi des familles 'bien comme il faut', qui consommaient du porno. J'ai vu des femmes, des hommes, tout type de profils. Avec l'arrivée d'Internet, la pornographie est devenue ultra-accessible à n'importe qui, à n'importe quel âge et dans n'importe quel milieu social. On est dans la consommation de la pulsion sexuelle. C'est le McDo du sexe finalement, ça crée des vrais troubles", souligne la sexologue. 

Des images violentes qui impactent à vie la mémoire des plus jeunes : "Je suis assez bouleversée parce que quand je demande à ces enfants 'si j'étais une bonne fée, qu'est-ce que tu voudrais que je fasse pour toi ?' Et à chaque fois, j'ai la même réponse : 'Enlevez-moi toutes ces images de ma tête'. C'est ça qui est troublant avec la pornographie, ça vient abîmer notre imaginaire. Les images qui nous choquent, restent dans notre esprit", ajoute Thérèse Hargot. 

Quelles sont les solutions ?

Avant d'essayer de se faire défaire de la pornographie, il faut comprendre comment l'humain est attiré par ces images. "La première fois qu'on voit ces images, il se passe un phénomène très étrange avec sa tête. Émotionnellement, on ressent du dégoût, de la gêne, de la honte, mais avec le corps, on a une sensation très agréable", explique-t-elle avant d'ajouter que "c'est important de comprendre que la pornographie est un support à la masturbation. Ça veut dire que 'si je ressens quelque chose dans mon corps, ce n'est pas moi qui suis étrange, c'est simplement que c'est fait pour ça'. Le fait de comprendre le mécanisme enlève le sentiment de culpabilité."

Au micro de Mohamed Bouhafsi, Thérèse Hargot évoque quelques pistes pour lutter contre ce fléau : "Il faut absolument parler de ce sujet-là, aux enfants, aux adolescents, car les informations circulent entre eux à l'école. Il faut ensuite protéger les mineurs et mettre en place des filtres. Le gouvernement doit bloquer ces sites internet qui diffusent gratuitement des images pornographiques. Plusieurs associations de lutte contre les violences faites aux enfants proposent de mettre en place des systèmes de carte bleue qui pourraient bloquer l'accès aux enfants", conclut Thérèse Hargot.