Mao Zedong : mégalomane, paranoïaque, sadique... Qui était vraiment le dictateur chinois ?

Ce tyran coche toutes les cases du parfait dictateur : mégalomane, paranoïaque, sadique. Mao Zedong a fait régner la terreur et éliminé ses opposants. Par des choix politiques désastreux, il est à l'origine de la famine la plus meurtrière de l'histoire de l'humanité. Avec la révolution culturelle chinoise sanglante, il a causé la mort de plusieurs dizaines de millions de ses compatriotes. 

Mao aurait pu être renversé, mais la stratégie de diviser pour mieux régner lui a permis de rester au pouvoir pendant plus de 25 ans. Aussi étrange que cela puisse paraître pour un homme de la trempe de Mao Zedong, il faut savoir qu'à une certaine époque, dans les années 60 et 70 en particulier, en France et dans de nombreux pays du monde, il a existé une véritable "Mao-mania".

Le dictateur fut l'idole d'intellectuels, d'étudiants, d'artistes dans le monde entier. Pour eux, Mao fut une rockstar et son Petit livre rouge devint rapidement un best-seller. Pourtant, Mao Zedong était aussi l'homme qui est à l'origine de la mort d'au moins 70 millions de Chinois. 

L'un des premiers à adhérer au parti communiste chinois

Mao Zedong est avant tout un enfant de la campagne. Il voit le jour en 1893 dans un village du sud de la Chine et il grandit dans un milieu assez aisé. Son père est un propriétaire terrien et il est prévu que le petit Mao reprenne l'affaire familiale quand il sera grand. Mais Mao choisit la voie des études et c'est à 18 ans que la politique entre dans sa vie. 

La Chine bascule pour la première fois de son histoire et devient une république. Et Mao s'engage dans l'armée du nouveau régime. Mais il déchante rapidement car la république est placée sous la coupe de chef militaire autoritaire. Or, au même moment, chez le voisin russe, Lénine et les bolcheviques prennent le pouvoir. Mao, aide bibliothécaire à l'université de Pékin, puis directeur d'école et patron d'une librairie, s'intéresse à ce qui se passe chez le voisin russe. 

Il adhère d'ailleurs au marxisme et il est l'un des premiers à entrer au parti communiste chinois, qui au tout début ne compte qu'une cinquantaine d'adhérents dans l'ensemble de ce pays gigantesque. 

Une guerre civile qui va déchirer la jeune république chinoise

À cette époque, difficile de penser que Mao Zedong deviendra un jour le maître de la Chine. Alors que ses camarades sont charismatiques, bien vêtus et qu'ils parlent un anglais presque parfait, lui, Mao, est discret. Il est blanc comme un linge, il ressemble à un prêtre avec sa longue robe, un peu comme celle que l'on porte dans les campagnes, et il baragouine le patois de sa région d'origine. 

Mais dans les années 30, c'est une véritable guerre civile qui va déchirer la jeune république chinoise. Elle oppose les communistes, dont font partie Mao, aux nationalistes du Kuomintang. Mao, lui, va mener une guerre sans pitié dans les campagnes, une véritable guérilla contre l'ennemi nationaliste. 

35 millions de personnes meurent à cause du "grand bon en avant"

Dans les années qui suivent la proclamation de la République populaire de Chine en 1949, la Chine se développe économiquement grâce en partie au grand frère qu'est l'URSS de Staline. Quand les critiques fusent contre lui et le Parti communiste, Mao Zedong déclenche une vague de répression à grande échelle. 500.000 Chinois sont fichés comme ennemis du peuple, des étudiants, des profs, des intellectuels, des cadres du Parti communiste. Ils sont arrêtés, jetés en prison à perpétuité, déportés dans des camps de travail ou même exécutés. 

Sur le plan économique, Mao lance un projet ambitieux, "le grand bond en avant". Le but est de développer en même temps l'agriculture, l'industrie et de lancer de grands travaux. Concrètement, dans les campagnes, finis les lopins de terre privés, tous les paysans travaillent désormais dans des coopératives qui appartiennent à l'État.

Mais Mao prend des décisions encore plus déraisonnables. Pour protéger les récoltes, il lance une campagne d'éradication des moineaux. Les nids sont détruits, les œufs broyés et les oisillons tués, si bien qu'il n'y a plus d'oiseaux dans le ciel chinois. Or, plus de moineaux et donc prolifération de criquets, donc les récoltes de riz de la Chine, sont sérieusement entamées. Et c'est une catastrophe ! Mao ordonne en urgence la fin de l'éradication des moineaux et en importe 250.000 venus d'Union soviétique. 

La révolution culturelle

Le cannibalisme explose, des millions de Chinois meurent de faim, ils sont si nombreux qu'on ne peut pas les enterrer et leurs cadavres sont jetés les uns sur les autres dans des fosses communes. En tout, 35 millions de personnes ont perdu la vie dans le fameux "grand bon en avant". Mao, lui, refuse de constater ce désastre. Il vit reclus dans ses résidences, où il se délecte de son plat préféré, de la poitrine de porc rôtie dans du sucre et caramélisée.


En 1966, il décide de lancer une nouvelle campagne. Il appelle la jeunesse à prendre le pouvoir contre les ennemis du peuple. C'est la fameuse révolution culturelle. Des lycéens et des étudiants qui vouent un culte à Mao forment une milice, les gardes rouges. Leur mission ? Détruire tout ce qui est contre-révolutionnaire, tout ce qui représente la Chine impériale et promouvoir à la place l'homme nouveau. Cette étrange opération qui s'accompagnera des meutes, des bastonnades, des meurtres, de destruction de livres et d'objets d'art.

Mao veut faire table rase grâce à la jeunesse, seule gardienne de la pureté idéologique. C'est un véritable massacre qui se met en place. À Pékin et ses environs, 10.000 personnes sont assassinées en deux mois, dont des nourrissons, des enfants, des vieillards. 

Le "Petit livre rouge", livre le plus vendu au monde après la Bible

Malgré ce règne de la terreur dans l'Empire du Milieu, Mao est très populaire dans une grande partie du monde. Son Petit livre rouge est tiré à des millions d'exemplaires et il est traduit dans des dizaines de langues. C'est le livre le plus vendu dans le monde, après la Bible. L'artiste américain Andy Warhol utilise même l'effigie de Mao pour une série de portraits comme il l'a fait avec Marilyn Monroe. En France, autour du philosophe Jean-Paul Sartre, apparaît un nouveau mouvement, le maoïsme, qui séduit le monde étudiant, notamment en mai 68. Ses membres adoptent comme signe distinctif les chemises sans col, les cols Mao. Et même aux États-Unis, on adore le dictateur. En 1972, Nixon est le premier président américain à venir en Chine. Il serre la main de Mao Zedong. 

Pendant ce temps, la Chine est en plein chaos. La révolution culturelle est devenue une véritable guerre civile. Alors Mao fait appel à l'armée pour amener l'ordre et se débarrasser de ses gardes rouges. Des millions de jeunes sont déportés au fin fond des campagnes, puis rééduqués.

Les années passent et Mao a désormais presque 80 ans. Il est très malade. Gros fumeur, il a aussi des problèmes cardiaques. Il tremble, il est à moitié paralysé et il souffre de la maladie de Charcot qui attaque sa moelle épinière. Mao Zedong meurt le 9 septembre 1976 à l'âge de 82 ans. Il repose dans un cercueil de verre placé dans un mausolée sur la place Tiananmen, au cœur de Pékin. Assez rapidement, les successeurs de Mao vont reconnaître le bilan dramatique de leur guide, sans trop l'égratigner non plus. Près de 50 ans après sa mort, Mao a toujours son portrait géant sur la porte de la paix céleste à Pékin. 

>> Les Salauds de l'Histoire. À travers un récit long format, Éric Brunet retrace, toutes les semaines, la vie et les crimes d'un salaud de l'Histoire. Une collection spéciale de notre émission phare Entrez dans l'Histoire.