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"Que l’arbitrage ne soit plus une voie de garage" Aurélie Groizeleau évoque son quotidien et l’avenir de l’arbitrage féminin

  • Aurélie Groizeleau lors du stage de préparation des arbitres à Londenvielle.
    Aurélie Groizeleau lors du stage de préparation des arbitres à Londenvielle. - Derewiany patrick
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Aurélie Groizeleau fut la seule femme et l’une des rares internationales du stage des arbitres professionnels. Elle nous explique son quotidien et quel peut être l’avenir de l’arbitrage féminin.

Comment se passe ce stage ?Il est un peu différent car d’habitude on fait ça de façon plus condensée, sur deux jours. Il y a donc moins d’activités de groupe, on n’est vraiment qu’en salle, avec quelque chose d’intense. Et on n’a pas non plus ces échanges avec les clubs. Là, ces quatre jours nous permettent de créer une cohésion entre arbitres, car on est de toute la France et on n’a pas l’occasion de se croiser et d’échanger. Et puis, pouvoir échanger avec les clubs est un plus. Souvent on est dans le cadre de la compétition, donc tout le monde est sous pression, animé par ses objectifs. Ici, on a pu ouvrir la discussion, mettre un cadre pour tout le monde, et échanger sur des sujets qu’on n’a pas le temps d’aborder dans la saison.

Comment concilie-t-on sa vie personnelle, professionnelle, et l’arbitrage ?
J’ai cette chance d’être à plein temps depuis un an. J’ai toujours mon statut d’agricultrice à côté, car on a une vie après le rugby (elle sourit). Mais je me consacre à 100 % à l’arbitrage. Et c’est plus plaisant pour l’organisation. Sinon, c’est vrai qu’il faut jongler entre les organisations de chacun, sur les possibilités avec les employeurs. Personnellement, j’étais ma propre patronne, c’était plus une organisation avec mon entourage. Cette semaine, nous, centraux, sommes payés pour être là. La plupart de mes collègues arbitres assistants et vidéos, qui n’ont pas de contrats comme nous, prennent des congés payés. Ça reste un sacrifice qu’on fait pour notre pratique. On a l’impression que l’arbitre a son sac avec son sifflet et ses cartons et que ça s’arrête là. Mais ça demande beaucoup d’investissement. Le travail de la semaine, avec le physique, la technique, est hyper important. On se prépare au même titre que les équipes.

Vous êtes une des rares "internationales" de ce groupe. La Coupe du monde féminine occupe-t-elle déjà votre esprit ?
Ça me fait vivre des moments assez énormes. J’ai eu la chance de faire le tour du monde, rencontrer tellement de personnes et de cultures… Ça donne encore plus de plaisir dans le métier. Je vis aussi des grandes compétitions avec des stades pleins. Récemment, j’ai arbitré à Twickenham devant 45 000 personnes. En Pro D2, il n’y a pas de stade de cette taille-là (elle rit). Et le rugby féminin a pris une ampleur totalement différente ces dernières années en termes de médiatisation, de visibilité à la TV. Dans un an, il y a la Coupe du monde en Angleterre, donc cette année sera charnière pour obtenir ma sélection. Là, je suis hyper focus sur cette préparation-là.

Comment fait-on pour survivre en tant que seule femme dans un groupe de 160 arbitres et encadrants ? Et comment expliquer une telle disparité ?
(elle sourit) On va dire que je m’y suis habitué. Le développement de l’arbitrage féminin est l’une de mes missions au sein de la fédération. Nous ne sommes que 7 % aujourd’hui en France, ça reste une minorité. L’objectif est d’à la fois augmenter la quantité d’arbitres et aussi élever la qualité de l’arbitrage pour qu’on en ait encore plus avec moi dans les années à venir, dans le secteur professionnel. Ça ne se fera pas en un claquement de doigts. Ça se travaille sur le long terme mais je sais que ça va aboutir.

N’est-ce pas une suite logique à prévoir après l’augmentation actuelle des licenciés ?
Je l’espère, car l’augmentation est très forte depuis quelques années. Ça compense les pertes des garçons. Mais les règles sur les quotas d’arbitres ne sont pas appliquées aux clubs féminins, pour éviter de les mettre en difficulté. Ce sont des choses à rediscuter à l’avenir. De même, le travail qu’on fait ici avec les clubs devra être appliqué avec le monde amateur, et les clubs d’élite féminine aussi. On a des joueurs, des encadrants, des bénévoles, mais il faut aussi des arbitres. Que l’arbitrage ne soit plus une voie de garage, de fin de carrière ou de blessure, et devienne quelque chose de commun.

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