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Top 14 - Exclusif. Charles Ollivon (troisième ligne du RCT et du XV de France) : "Toulon peut compter sur moi"

Par Mathias Merlo
  • Avant la reprise du Top 14, Charles Ollivon s'est longuement entretenu en exclusivité sur ses futurs défis à relever, en club comme en équipe de France.
    Avant la reprise du Top 14, Charles Ollivon s'est longuement entretenu en exclusivité sur ses futurs défis à relever, en club comme en équipe de France. Icon Sport - Johnny Fidelin
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Tout sourire, le troisième ligne a accepté, pour Midi Olympique, d’évoquer en exclusivité sa régénération mentale et physique grâce à cinq semaines loin des terrains.

Vous venez de profiter de longues vacances et d’une présaison complète sans blessure, ni matchs internationaux. Savez-vous depuis quand cela ne vous était pas arrivé ?

Tout le monde sait que le Top 14 est long, encore plus quand on a le statut d’international. Du coup… Le souvenir de ma dernière présaison au club, c’est celle durant la période du Covid-19. Et encore, on s’entraînait par groupes de quatre, avec une distanciation…

On ne peut pas appeler cela une préparation classique…

J’avoue alors que je n’ai pas trop d’idées (sourire).

Il faut remonter à l’exercice 2018-2019. Vous sentez-vous différent à l’abord de cette prochaine saison ?

Pour être honnête, je me sens différemment des années précédentes. Je me sens bien mentalement comme physiquement. J’ai apprécié pouvoir m’organiser en amont pour mes vacances, puisqu’on m’avait informé que je n’allais pas être pris pour aller en Argentine. J’ai coupé, je me suis organisé et j’en ai profité. C’est dingue de le dire, mais ça m’a fait un bien fou.

Ollivon sur ses vacances : "Je suis allé à Tomorrowland (...), j’ai passé plus de temps au Pays basque, j’ai également fait un tour en Corse. Je me suis permis de faire des choses que je repoussais depuis des années".
Ollivon sur ses vacances : "Je suis allé à Tomorrowland (...), j’ai passé plus de temps au Pays basque, j’ai également fait un tour en Corse. Je me suis permis de faire des choses que je repoussais depuis des années". Icon Sport - Johnny Fidelin

Presque comme un salarié classique, en France…

C’est ça ! (rires) J’ai pris le temps de voir les gens que j’avais envie de voir, sans faire de choix. J’ai coupé… Enfin ! Je suis revenu le 23 juillet en pleine forme, avec une banane et un petit manque du rugby. Je n’avais pas connu cette sensation depuis très longtemps, puisque j’avais la tête baissée en train de faire le tour du cadran. Je n’avais pas le temps de calculer. Cette fois, je ne me suis pas retrouvé dans l’urgence. C’était très agréable, et ça change beaucoup de choses. Je me suis laissé porter, et j’ai pris le temps de faire des activités que je voulais faire depuis des années.

Lesquelles ?

Déjà, je suis allé à Tomorrowland (célèbre festival de musique en Belgique, N.D.L.R.). Depuis longtemps, je m’étais promis de le faire avec des proches. J’ai passé plus de temps au Pays basque, j’ai également fait un tour en Corse. Je me suis permis de faire des choses que je repoussais depuis des années avec l’enchaînement des matchs. Aujourd’hui, je peux vous dire que je me sens bien, vraiment bien.

Vous avez parlé d’un manque de rugby. Comment se matérialise-t-il ?

La veille de reprendre, j’avais une excitation dans le corps. J’avais envie de performer au bronco, dans un test d’endurance toujours "épais", dur. Je reste un compétiteur, je ne voulais pas arriver à la ramasse. J’avais ce stress de bien faire lors de ce lundi de reprise. C’est là où je me suis dit que le rugby m’avait manqué. Je voulais être prêt. Pour être honnête, je ne me suis pas beaucoup entraîné. Je n’ai pas fait dans la quantité, mais j’ai fait des bonnes séances. J’ai trouvé un juste équilibre pour bien me régénérer. Vous pouvez demander, j’étais plutôt dans un bon état à la reprise !

Cette coupure fait-elle du bien physiquement ou…

(Il coupe) Mentalement ! Pierre (Mignoni, N.D.L.R.) m’avait déjà redonné de la fraîcheur et de l’allant en me plaçant en numéro 8 lors de la fin de la saison. Ça m’a fait bizarre, mais ça m’a rappelé mes années à Bayonne. Ça m’a plu de réfléchir différemment. Ça m’a permis de me régénérer mentalement mais aussi de faire appel à l’esprit de compétition. Ma routine a été cassée. Ça m’a fait du bien. J’ai pris un plaisir fou, je me suis régalé. J’étais bien, l’équipe était très performante, on jouait ensemble. Maintenant, pour revenir à ces semaines de vacances… J’ai posé le cerveau à côté de mon corps (rires) ! Cela faisait des années que je n’avais pas posé mon cerveau, sans anticiper un objectif ou une préparation. Je n’ai pensé à rien pendant des semaines. Puis, au fur et à mesure, j’ai senti disparaître des douleurs. J’ai alors pensé aux anciens qui me parlaient de ça. Au réveil, le matin, je me levais en étant bien. C’est quelque chose de rare et de très agréable. Je vous donne ma vision et ma réalité du moment.

Charles Ollivon sur sa présaison : "C’est peut-être bête à dire, mais je suis revenu avec une seule idée : prouver".
Charles Ollivon sur sa présaison : "C’est peut-être bête à dire, mais je suis revenu avec une seule idée : prouver". Icon Sport - FEP

Dans quelle optique avez-vous entamé la présaison ?

C’est peut-être bête à dire, mais je suis revenu avec une seule idée : prouver. Dans ces présaisons, il y a beaucoup de tests physiques. Quand tu arrives en décalé, tu fais une partie des exercices mais tu es exempté d’autres phases. Comme je n’avais pas connu de présaisons depuis longtemps, je voulais montrer que j’étais toujours là. C’est aussi l’esprit du compétiteur qui parle. Il y a des concurrents, des jeunes qui tapent à la porte. Quand tu n’es pas là, les mecs bossent et performent à ces tests. Ils ont des résultats et cela donne une base pour la saison. Quand tu n’es pas là, tu n’as pas cette base pour bien performer durant l’année. On peut expliquer ce que l’on veut, mais quand on n’est pas là (il fait une grimace). J’ai eu l’occasion de montrer mes capacités. Je ne voulais pas de statut : j’étais avec eux, je voulais travailler comme les autres, souffrir et être présent avec eux sur les tests physiques. Je voulais que le club comprenne qu’il puisse compter sur moi. Puis surtout, j’ai appris à connaître les gens.

C’est-à-dire ?

Je n’avais jamais fait une présaison avec Pierre et son staff, alors qu’ils commencent leur troisième saison au club. J’apprécie beaucoup la manière dont Seb (Sébastien Bourdin, directeur de la performance, N.D.L.R.) et les gens travaillent. On a souvent discuté du fait que je ne pouvais pas travailler auprès d’eux, pour Toulon. C’est la faute de personne, mais c’est une réalité. J’avais envie de montrer au staff que j’étais là, que j’étais comme un autre joueur de l’effectif. Je n’avais pas ce statut d’international. Rien. J’ai beaucoup partagé avec les autres. J’ai réalisé des réunions avec Pierre et les membres du staff. Là aussi, on a pris le temps de faire des choses qu’on n’avait pas pu faire. Ça… Ça compte ! Oui, ça compte beaucoup pour l’équipe, pour ma relation avec les autres. J’étais là au départ, je n’ai pas pris le train en cours de route. Je fais partie du "truc". Quand tu rentres fin août ou fin novembre, comme cela a pu m’arriver, tu es là sans être là. Tu vis, surtout sur le terrain, en décalé du groupe.

Merci aux gens de nous avoir permis de couper avec le rugby, merci de nous avoir permis de nous régénérer, merci de nous avoir permis de retrouver une envie de jouer et un goût différent à l’abord d’une nouvelle saison.

Est-ce que cette situation a pu vous peser ?

Ce n’est pas compliqué à gérer (il souffle)… Mais c’est différent ! Tu n’es pas dans le même "mood" (état d’esprit, N.D.L.R.) que quand tu es là depuis le début. J’ai l’impression d’avoir acquis une certaine légitimité auprès des gens qui travaillent ici. C’est important de le dire. Je n’ai pas été là pendant de nombreux mois ces dernières années, c’est important d’avoir (il tape du doigt sur la table, N.D.L.R.)… cette légitimité ! C’est important d’avoir ça de tes 18 ans à tes 40 ans.

Vous êtes-vous senti moins légitime à Toulon ?

C’est peut-être un peu fort, mal approprié comme terme. Je vais vous dire : on m’a donné l’occasion de l’être, donc j’ai saisi ce bon moment. Je voulais être légitime comme les autres. On a tous une responsabilité quand on joue ici, que l’on soit jeune ou plus expérimenté. Je le répète : Toulon peut compter sur moi. Aujourd’hui, j’ai l’impression d’être sur la même page que les autres. C’est très important !

C’est la première année post-Coupe du monde. Fabien Galthié a mis en place une liste de premiums dont vous faites partie. Elle est identifiée pour aller en Australie. Pour cela, vous n’allez plus jouer l’été avec les Bleus. Quel est votre premier bilan de cette expérimentation ?

On n’a pas assez de recul pour vraiment juger. Je parle en mon nom et je vais vous dire que, sur cette première année, cela a été une avancée intelligente. Surtout, je pense que cela a été une juste avancée. Ce n’est pas quelque chose qui a été pensé au hasard. Si Fabien a vu avec Pierre de ne pas m’envoyer en Argentine… Ce sont des personnes qui réfléchissent au bien-être et à la performance. Au-delà de faire le tour du cadran, c’est un débat qui concerne le temps de jeu durant une saison. Je pense que c’est une avancée réalisée en bonne intelligence. C’est le mot juste : la bonne intelligence. Les saisons sont longues, particulièrement en année de Coupe du monde où le calendrier est encore plus épais. Aujourd’hui, vous me demandez mon avis, je vais vous le dire clairement : merci aux gens de nous avoir permis de couper avec le rugby, merci de nous avoir permis de nous régénérer, merci de nous avoir permis de retrouver une envie de jouer et un goût différent à l’abord d’une nouvelle saison. J’ai terriblement envie de retoucher ce ballon.

En ce sens, avec une préparation aussi longue, avez-vous travaillé différemment ?

Bien évidemment. Je suis monté crescendo au fil des semaines. Déjà, j’ai réalisé beaucoup plus de musculation. Je suis allé chercher des performances que je ne peux pas aller chercher quand il y a un enchaînement de matchs. J’ai repoussé mes limites comme je ne l’ai pas fait depuis un moment. Pour faire simple, je n’ai pas été en gestion. J’ai développé, alors que d’habitude je réalise de l’entretien. Cela n’a rien à voir au niveau du travail et des sensations. Il n’y a pas de secret : j’ai respecté un certain ordre, et je suis allé chercher de la performance, de la progression. Je ne râle pas, mais je trouve cela juste bien de pouvoir le faire.

Ollivon : "Je ne peux pas espérer aller en équipe de France sans être bon avec Toulon".
Ollivon : "Je ne peux pas espérer aller en équipe de France sans être bon avec Toulon". Icon Sport - Hugo Pfeiffer

Pour revenir aux Bleus, vous venez de manquer une tournée en Argentine. Votre réflexion sera-t-elle la même au moment de rater une tournée en Nouvelle-Zélande ou en Afrique du Sud ?

Je comprends où vous voulez en venir. J’ai envie de vous dire qu’on joue déjà ces adversaires en novembre. Certes, ce n’est pas chez eux. Aujourd’hui, j’ai envie de me concentrer sur le court terme et mon club. Pour être honnête, je sais qu’il y aura une tournée en Nouvelle-Zélande, mais je ne sais même pas quand elle est prévue…

Ce sera lors du prochain été…

C’est difficile de se projeter. Des joueurs le font, moi je n’ai pas l’envie pour commencer, et je n’ai plus cet état d’esprit. J’ai longtemps anticipé, mais avec les blessures, j’ai pris les choses différemment. Je vis au jour le jour. Ma seule projection a été la coupe du Monde en France. C’était l’événement d’une carrière. On ne reviendra pas dessus. Maintenant, c’est au jour le jour.

Donc aucune pensée vers la Coupe du monde 2027 ? Fabien Galthié a déclaré qu’il voulait amener un même noyau…

Une Coupe du monde, c’est toujours particulier (sourire). Les choix seront à faire beaucoup plus tard. Maintenant, je ne peux pas espérer aller en équipe de France sans être bon avec Toulon. C’est à cela que je pense. Vous avez parlé de la liste des premiums, mais je pense que d’autres choses vont être modifiées d’ici l’Australie. Je trouve ça très bien, car cela va, dans mon esprit, dans le bon sens. D’ici là, il faut rester avant tout en bonne santé. Je sais à quel point cela est important.

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Les commentaires (4)
GOGI17 Il y a 18 jours Le 02/09/2024 à 00:01

Très intéressant, et très inquiétant notamment lorsqu'il dit "j'ai pu développer". Ça veut dire que nos français n'ont, en temps normal, pas l'occasion de le faire. Ça veut donc dire sauf exception, que nos meilleurs éléments ne progressent plus une fois découverts. C'est sûrement un sujet à prendre au sérieux vis-à-vis des autres nations...

ZubLeLarade Il y a 18 jours Le 01/09/2024 à 23:03

Un Monsieur du Rugby.

JiaimeP Il y a 18 jours Le 01/09/2024 à 22:35

Ce gars là je le veux quoi qu'il arrive. C'est un brave parmi les braves.