Top 14 - Des records offensifs à la pelle : le Top 14 porté vers l'attaque et toujours plus spectaculaire

Le feu d’artifice a été tiré d’entrée, aux quatre coins de la France du rugby. Avec 43 essais, la première journée de la saison 2024-2025 avait été la plus prolifique de tous les levers de rideau de l’histoire du Top 14 ; rebelote le week-end passé avec une nouvelle marque référence à 49 essais pour un deuxième acte.

Offensivement parlant, l’édition actuelle est partie sur des bases records : 6,57 essais ont été inscrits en moyenne sur les quatorze premières rencontres du championnat, soit une réalisation toutes les 12 minutes. Cette appétence pour l’attaque a déjà offert des sommets de spectacle avec, en point d’orgue, un Pau-Bayonne à 80 pions (51-29) et 71 défenseurs battus, samedi dernier. Après avoir vu les pénaltouches devenir plus courantes que les "trois points", on assiste à une démocratisation des combinaisons à cinq mètres, offrant des séquences ô combien intéressantes et marquantes dans la zone de vérité.

Mis à part les inconditionnels du jeu défensif qui ont dû cauchemarder après avoir découvert les 65 % de réussite au plaquage de l’Aviron au Hameau, quel spectateur se plaindra de cette frénésie aux airs d’embellie ? Un phénomène qui se répand à tous les niveaux de la première division, qu’importent les moyens financiers et humains des uns et des autres : pour la troisième fois de suite, Toulousains et Rochelais ont cumulé 62 points sur un affrontement quand, dans le même temps, Vannes s’est permis d’aller cinq fois dans l’en-but à Jean-Bouin, face à ce qui était encore récemment la meilleure défense de l’Hexagone.

Une Premiership à plus de sept essais

Au bout de deux journées, aucune équipe n’a terminé de rencontre sans avoir marqué d’essai. Une première depuis 2013, au moins… Les chiffres d’il y a dix ans paraissent de toute manière appartenir à une époque révolue : en 2023-2024, l’élite tricolore a dépassé, pour la première fois, la barre symbolique des 1000 essais en phase régulière (1007) avec 5,53 essais par match ; soit près du double de l’exercice le moins prolifique de la poule unique (3,07 en 2011-2012). Le rapport essais-pénalités s’est inversé dans les chiffres (6,35 en 2010-2011 contre 3,8 l’an passé).

Réputé pour ses collisions et son attachement traditionnel aux phases statiques – demandez donc à toutes les recrues étrangères venues dans l’Hexagone, le Top 14 est-il en train de changer l’identité ? Un petit coup d’œil sur les statistiques des autres championnats apporte un éclairage précieux et incite à nuancer la réponse : la saison dernière, le United Rugby Championship tournait à 6,27 essais par match tandis que le Premiership (7,05) et le Super Rugby (7,29) se disputaient la palme du championnat majeur le plus prolifique. Disons, pour caricaturer, que le rugby français s’inscrit, à son rythme, dans une évolution plus globale où tout concourt à mettre l’attaque en lumière : la philosophie globale de l’arbitrage, le développement physique et technique des joueurs et l’appétence croissante pour des profils explosifs, du 1 au 15.