Robert Arnauld d'Andilly: Difference between revisions

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Robert Arnauld d’Andilly (28 May 1589 – 27 September 1674, abbaye de Port-Royal-des-Champs)^[1] was a French conseiller d’État, specialising in financial questions, in the court of Marie de' Medici. By the elegance of his language, he was among the major poets, writers and translators of 17th century French classicism. A fervent Catholic, he played an important role in the history of Jansenism and was one of the Solitaires of Port-Royal-des-Champs. He was also renowned for his part in the development of the pruning of fruit trees, to which he was devoted.

Youth (1589–1613)

Robert Arnauld was born in Paris, the eldest of the twenty children of lawyer Antoine Arnauld, procurator-general of Catherine de Médicis,^[2] and his wife Catherine Marion. He was a member of a notable family, whose members included Jacqueline (the future Mother Angélique), Henri, who would be bishop of Angers, and the Sorbonne academic Antoine, called "le grand Arnauld".

The "Journée du Guichet"

Entry into the conseil d'Etat

Courtier and administrator (1613–1626)

First retirement and return (1626–1644)

Return to public life (1634)

The "Mémoire pour un souverain"(1643)

Solitaire (1644–1653)

Translator

The Frondeur

Specialist in fruit trees

The last battles (1653–1673)

Condemnation of Jansenism

Simon Arnauld de Pomponne (1618–1699), son of Robert Arnauld d'Andilly. portrait by Nicolas de Larmessin (between 1672 and 1679).

Return to Pomponne

Works

In French

Stances pour Jésus-Christ, Paris, E. Martin, 1628.
Poème sur la vie de Jésus-Christ, Paris, Jean Camusat, 1634
Stances sur diverses vérités chrétiennes, Paris, Veuve Jean Camusat, 1642.
Traduction d'un discours de la réformation de l'homme intérieur. Ou sont establis les veritables fondemens des vertus chrestiennes... prononcé par Cornelius Janssenius,... [traduction du Latin par Arnauld d'Andilly], Paris, Vve J. Camusat, 1642, 99-vi p., in-12° (en ligne sur Gallica).
Oeuvres chrétiennes, Paris, Veuve Jean Camusat et Pierre Le Petit, 1644.
Les Confessions de St Augustin, traduites en français par M. Arnauld d'Andilly, Paris, Vve J. Camusat & P. Le Petit, 1649, in-8° (lire en ligne l'édition de Bruxelles, 1773).
Advis d'Estat à la Reyne, sur le gouvernement de sa regence, [signé à la fin : Le Solitaire. Du Desert, le 1. fevrier 1649], s.l.s.n., 1649, 30 p. in-4°.
La manière de cultiver les arbres fruitiers. Par le Sieur Le Gendre, curé d'Hénonville. Où il est traité des pepinieres, des espaliers, des contr'espaliers, des arbres en buisson, & à haute tige, Paris, Nicolas Le Gras, 1652, xxviii-282-ii p. in-12° (réédition : Réunion des musées nationaux, 1993).
Les vies des Saints Pères des déserts et de quelques Saintes, escrites par des Pères de l'Eglise et autres anciens auteurs ecclésiastiques Grecs et Latins, traduites en François par M. Arnauld d'Andilly, Paris, Pierre le Petit & Antoine Vitré, 1653, 2 vol. in-4°.
L'Echelle sainte , ou les degrés pour monter au Ciel, composés par S. Jean Climaque, et traduit du grec en Français par Arnauld d'Andilly, Paris, Pierre le Petit, 1654, in-12°.
Les sept méditations de S. Therèse sur le Pater. Dix-sept autres méditations qu'elle a écrites après ses communions. Avec ses avis, ou sentences chrétiennes... Traduites de nouveau en françois (par Arnauld d'Andilly). Et imprimez en suite en espagnol, Paris, Le Petit, 1660, 1 vol., in-16°.
Vies de plusieurs Saints illustres de divers siècles, choisies et trad. par Arnaud d'Andilly, Paris, P. le Petit, 1665, 2 vol. in-8°.
Histoire des Juifs, écrite par Flavius Joseph sous le titre d'Antiquités judaïques, traduite par Arnauld d'Andilly, Paris, Pierre Le Petit, 1667, xvi-772 p.
Histoire de la Guerre des Juifs contre les Romains, Response a Appion, Martyre des Machabées par Flavius Ioseph et sa Vie écrite par luy-même avec ce que Philon a escrit de son Ambassade vers l'Empereur Caius Caligula. Traduite du grec par Monsieur Arnauld d’Andilly. Paris: Pierre Le Petit, 1668.
Thérèse d'Avila, Vie. Fondations faites par sainte Thérèse de plusieurs monastères / de la traduction de M. Arnauld d'Andilly..., Paris, P. Le Petit, 1670, (en ligne sur Gallica).
Traité du chemin de perfection écrit par sainte Terèse, et quelques petits traitez de la mesme Sainte, savoir : Méditations sur le Pater noster, Méditations après la communion, Advis à ses religieuses. Traduit par M. Arnauld d'Andilly, Paris, P. Le Petit, 1670 (en ligne sur Gallica).
Saint Eucher, S. Eucher du mépris du monde. De la traduction de M. Arnauld d'Andilly, Paris, P. Le Petit, 1672, 83 p., in-12° (en ligne sur Gallica).
Instructions chrétiennes tirées des lettres de l'abbé de St Cyran, Paris, s.n., 1672, in-8°.
Les Œuvres du bienheureux Jean d'Avila docteur et prédicateur espagnol surnommé l'Apostre de l'Andalousie. trad. de M. Arnaud d'Andilly, Paris, Pierre Le Petit, 1673, 2 vol. in-f°, 510–761 pp.
Oeuvres diverses, Paris, Pierre Le Petit, 1675, 3 vol.
Histoire de l'ancien Testament tirée de l'écriture sainte, Paris, Le Petit, 1675.
Lettres de monsieur Arnauld d’Andilly, Paris, Charles Osmont, 1680.
Mémoires de Messire Robert Arnauld d'Andilly, écrits par lui-même, édités par Claude-Pierre Goujet, Hambourg, A. Vandenhoeck, 1734. Voir également : Mémoires (1610–1656), Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France : depuis l'avènement de Henri IV jusqu'à la paix de Paris, vol. 33, Paris, Foucault, 1824, 417 p., in-8° (Tome I et Tome II en ligne sur Gallica).

In Latin

Historia et concordia evangelica. Opera & studio theologi parisiensis, Paris, Charles Savreux, 1653, xxvi, 445 p., In-12°. Frontispice d'Eustache Le Sueur gravé par Robert Nanteuil.
Arnauld d'Andilly, poematia varia gallica, latinis versibus reddita, a Petro Bastidaeo Tausiano. Cujus et alia quoque opera singulari studio collegit et adjunxit J. T. de Lupée du Garrané, [Toulouse], veuve Arnaud Colomiez, 1667, 335 p., 12°.

Correspondence

Philippe-Emmanuel de Monmerqué, Mémoires de M. de Coulanges, suivis de lettres inédites de madame de Sévigné, de son fils, de l'abbé de Coulanges, d'Arnauld d'Andilly, d'Arnauld de Pomponne, de Jean de la Fontaine et d'autres personnages du même siècle, Paris, J.-J. Blaise, 1820, 512 p. (lire en ligne).

Sources

References

^ Jean Lesaulnier et Anthony McKenna dir., Dictionnaire de Port-Royal, Paris, Honoré Champion, 2004, notice "Robert Arnauld d’Andilly", p. 108.
^ Achille-Edmond Halphen, Journal inédit d’Arnauld d’Andilly (1614–1620), Techener, Paris, 1857, p. xvii (lire en ligne).

External links

Works by or about Robert Arnauld d'Andilly at the Internet Archive
Herbermann, Charles, ed. (1913). "Arnauld" . Catholic Encyclopedia. New York: Robert Appleton Company.

[DPR108-1] Jean Lesaulnier et Anthony McKenna dir., Dictionnaire de Port-Royal, Paris, Honoré Champion, 2004, notice "Robert Arnauld d’Andilly", p. 108.

[2] Achille-Edmond Halphen, Journal inédit d’Arnauld d’Andilly (1614–1620), Techener, Paris, 1857, p. xvii (lire en ligne).

[1]

[2]

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+{{Short description|French conseiller d'État and writer (1589–1674)}}
-[[File:Robert Arnauld d'Andilly Champaigne.jpg|thumb|250px|Robert Arnauld d’Andilly, by [[Philippe de Champaigne]] ([[Louvre]]).]]
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+{{Use dmy dates|date=May 2020}}
-'''Robert Arnauld d’Andilly''' (28 May 1589 – 27 September 1674, abbaye de [[Port-Royal-des-Champs]])<ref name=DPR108>Jean Lesaulnier et Anthony McKenna dir., ''Dictionnaire de Port-Royal'', Paris, Honoré Champion, 2004, notice « Robert Arnauld d’Andilly », p. 108.</ref> was a French  [[Conseiller d'État (France)|conseiller d’État]], specialising in financial questions, in the court of [[Marie de' Medici]]. By the elegance of his language, he was among the major poets, writers and translators of 17th century French [[classicism]]. A fervent Catholic, he played an important role in the history of [[Jansenism]] and was one of the [[Solitaires of Port-Royal|Solitaires]] of [[Port-Royal-des-Champs]]. He was also renowned for his part in the development of the [[pruning]] of [[fruit tree]]s, to which he was devoted.
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+'''Robert Arnauld d’Andilly''' (28 May 1589 – 27 September 1674, abbaye de [[Port-Royal-des-Champs]])<ref name=DPR108>Jean Lesaulnier et Anthony McKenna dir., ''Dictionnaire de Port-Royal'', Paris, Honoré Champion, 2004, notice "Robert Arnauld d’Andilly", p. 108.</ref> was a [[French people|French]] [[Conseiller d'État (France)|conseiller d’État]], specialising in financial questions, in the court of [[Marie de' Medici]]. By the elegance of his language, he was among the major poets, writers and translators of 17th century French [[classicism]]. A fervent Catholic, he played an important role in the history of [[Jansenism]] and was one of the [[Solitaires of Port-Royal|Solitaires]] of [[Port-Royal-des-Champs]]. He was also renowned for his part in the development of the [[pruning]] of [[fruit tree]]s, to which he was devoted.
 ==Youth (1589–1613)==
-Robert Arnauld was born in Paris, the eldest of the twenty children of lawyer [[Antoine Arnauld (1560-1619)|Antoine Arnauld]], procurator-general of [[Catherine de Médicis]],<ref>Achille-Edmond Halphen, ''Journal inédit d’Arnauld d’Andilly (1614–1620)'', Techener, Paris, 1857, p. xvii ([http://books.google.fr/books?id=PakaAAAAMAAJ lire en ligne]).</ref> and his wife Catherine Marion. He was a member of a notable family, whose members included [[Angélique Arnauld|Jacqueline]] (the future Mother Angélique), [[Henri Arnauld|Henri]], who would be bishop of [[Angers]], and the [[Sorbonne]] academic [[Antoine Arnauld (1612-1694)|Antoine]], called "le grand Arnauld".
+Robert Arnauld was born in Paris, the eldest of the twenty children of lawyer [[Antoine Arnauld (1560-1619)|Antoine Arnauld]], procurator-general of [[Catherine de Médicis]],<ref>Achille-Edmond Halphen, ''Journal inédit d’Arnauld d’Andilly (1614–1620)'', Techener, Paris, 1857, p. xvii ([https://books.google.com/books?id=PakaAAAAMAAJ lire en ligne]).</ref> and his wife Catherine Marion. He was a member of a notable family, whose members included [[Angélique Arnauld|Jacqueline]] (the future Mother Angélique), [[Henri Arnauld|Henri]], who would be bishop of [[Angers]], and the [[University of Paris|Sorbonne]] academic [[Antoine Arnauld (1612-1694)|Antoine]], called "le grand Arnauld".
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 {{loupe|Famille Arnauld}}
-Les [[famille Arnauld|Arnauld]] sont une importante [[Noblesse de robe|famille de robe]] originaire de [[Basse-Auvergne]] arrivée à Paris au milieu du {{XVIe siècle}} et anoblie en 1567.<ref>Alexander Sedgwick, ''The Travail of conscience. The Arnauld Family and the Ancien Régime'', Harvard Historical Studies, 1998.</ref> Un moment [[Protestantisme|protestante]], opposée à la [[Ligue]], la famille est concernée par le questionnement religieux qui marque le début du siècle. Au {{s-|XVIII|e}}, l'[[Encyclopédie méthodique]] écrivait {{Guil|la famille des Arnauld fut contre les [[jésuite]]s, ce que la famille de Barca, [[Hamilcar Barca|Amilcar]], [[Hannibal Barca|Annibal]] & [[Hasdrubal le Beau|Asdrubal]] fut contre les Romains}}.<ref>''Encyclopédie méthodique : Histoire'', t. I, Paris, Panckoucke & Liège, Plomteux, 1784, p. 410 ([http://books.google.fr/books?id=S2DjrjVWNi8C&pg=RA1-PA410 lire en ligne]).</ref>
+Les [[famille Arnauld|Arnauld]] sont une importante [[Noblesse de robe|famille de robe]] originaire de [[Basse-Auvergne]] arrivée à Paris au milieu du {{XVIe siècle}} et anoblie en 1567.<ref>Alexander Sedgwick, ''The Travail of conscience. The Arnauld Family and the Ancien Régime'', Harvard Historical Studies, 1998.</ref> Un moment [[Protestantisme|protestante]], opposée à la [[Ligue]], la famille est concernée par le questionnement religieux qui marque le début du siècle. Au {{s-|XVIII|e}}, l'[[Encyclopédie méthodique]] écrivait {{Guil|la famille des Arnauld fut contre les [[jésuite]]s, ce que la famille de Barca, [[Hamilcar Barca|Amilcar]], [[Hannibal Barca|Annibal]] & [[Hasdrubal le Beau|Asdrubal]] fut contre les Romains}}.<ref>''Encyclopédie méthodique : Histoire'', t. I, Paris, Panckoucke & Liège, Plomteux, 1784, p. 410 ([https://books.google.com/books?id=S2DjrjVWNi8C&pg=RA1-PA410 lire en ligne]).</ref>
 Pourvu d’une solide éducation [[Humanisme au XVIe siècle|humaniste]], il a pour précepteur le fils de [[Denis Lambin]], grand érudit de la [[Renaissance (période historique)|Renaissance]], avant d’être formé par son oncle Claude Arnauld, trésorier général de France. Promis à une brillante carrière politique, Robert entre à seize ans au service d’un autre oncle paternel, l’[[intendant des finances]] [[Isaac Arnauld]].<ref name=DPR108/>
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 [[File:Angélique Arnauld Port Royal.jpg|right|thumb|La mère Angélique Arnauld. Portrait of [[Philippe de Champaigne]]|225px]]
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 [[Port-Royal-des-Champs]] had long been a major preoccupation of the Arnauld family - they had spent much on rebuilding the abbey, ruined in the [[French Wars of Religion]]. Thanks to dispensations from [[pope Alexander VII]], Robert's father Antoine in 1599 succeeded in having one of his daughters, [[Angélique Arnauld|Jacqueline]] (then aged only 7), named as [[coadjutor]] to the abbess – a practice current in the 17th century Catholic church. Nine years later, against her parents' advice, Jacqueline took on the task of reforming the monastery and restore the [[Benedictine]] rule in all its rigour. In a few years, she imposed
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 pratique courante dans l’[[Église catholique romaine|Église]] du {{s-|XVII|e}}. Neuf ans plus tard, contre l’avis de ses parents, celle-ci - devenue en religion [[Angélique Arnauld|mère Angélique]] - entreprit de réformer son monastère et de restaurer la [[règle de saint Benoît]] dans toute sa rigueur ; en quelques années, elle imposa à sa maison la séparation du monde, la communauté des biens, le silence, l’abstinence de viande, l’habit pauvre, le travail manuel ou encore la veille de nuit. Le monastère, longtemps tolérant aux mœurs dissolues, devint un fer de lance de la [[Contre-Réforme|Réforme catholique]] en France, et fit l’admiration de [[Pierre de Bérulle|Bérulle]] comme de [[François de Sales|saint François de Sales]].
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 ===Entry into the conseil d'Etat===
-[[File:Anthonis van Dyck 028.jpg|Nuncio [[Guido Bentivoglio]], later Cardinal, by [[Van Dyck]]. Oil on canvas, now in the [[Palazzo Pitti]]|thumb|225px|right]]
+[[File:Anthony van Dyck - Portrait of Cardinal Guido Bentivoglio, 1623 - Galleria Palatina, Florence.jpg|Nuncio [[Guido Bentivoglio]], later Cardinal, by [[Van Dyck]]. Oil on canvas, now in the [[Palazzo Pitti]]|thumb|225px|right]]
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 À partir de 1611, grâce à la protection de la reine-mère [[Marie de Médicis]], Robert Arnauld d'Andilly assiste au [[Conseil du roi de France|Conseil d'Etat]], aux côtés de Nicolas de Neuville de Villeroy, [[Nicolas Brûlart de Sillery]], [[Pierre Jeannin]], [[Concino Concini]] et son épouse [[Léonora Dori]], le [[Père Coton]], Louis Dolé et l'ambassadeur d'Espagne<ref name=DPR109/> et le [[nonce]] [[Guido Bentivoglio]]. C'est ce dernier qui, en 1621, emmènera [[Henri Arnauld|Henry]], le frère de Robert, lors de son retour à Rome, lui ouvrant la voie à la carrière épiscopale. Pendant ce voyage, Robert Arnauld défend les intérêts du Nonce en France.<ref>Claude Cochin, ''Henry Arnauld, évêque d'Angers (1597–1692)'', Paris, Auguste Picard1921, pp. 3–11.</ref>
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 ==Courtier and administrator (1613–1626)==
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 La mort de [[Henri IV de France|Henri {{IV}}]] accélère son ascension, dans l’ombre de son protecteur et grâce à la faveur de [[Marie de Médicis]]. D'août 1615 à mai 1616, alors que cette dernière traverse le royaume avec le jeune roi [[Louis XIII]] et sa sœur [[Élisabeth de France (1602-1644)|Élisabeth]] pour leur double mariage avec les héritiers du trône d'[[Espagne]], la régente confie la gestion des affaires de Paris à [[Isaac Arnauld]]. En tant que son premier commis, c'est Robert Arnauld d'Andilly qui rédige les actes officiels. Cela lui vaudra, au retour, de recevoir une pension royale.<ref name=DPR109/> S’il ne prend pas la succession de son oncle à la mort de ce dernier, en 1617 – peut-être en raison de l'hostilité du [[Charles d'Albert|Duc de Luynes]], favori de Louis XIII,<ref name=DPR110>Jean Lesaulnier et Anthony McKenna dir., ''Dictionnaire de Port-Royal'', p. 110.</ref> il devient néanmoins [[Conseiller d'État (France)|conseiller d’État]] le {{Date|9|mars|1618}}, avec {{formatnum:2000}} [[Livre (monnaie)|livres]] de gages.<ref name=DPR110/>
 [[File:Gaston de France 1634.jpg|[[Gaston de France|Gaston d’Orléans]], par [[Antoine Van Dyck]]. Huile sur toile.|thumb|225px|left]]
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 Accompagnant le roi dans son expédition guerrière contre le soulèvement des [[Huguenots]] du Midi, en 1620, il est présent lors des négociations entre le roi et la reine mère qui suivirent la [[Bataille des Ponts-de-Cé]]. A cette occasion, il rencontre l'abbé de [[La Cochère]], Sébastien Le Bouthillier – dont Robert connaît bien le frère, [[Claude Bouthillier|Claude]]. Il lui présente l'un de ses amis, [[Jean Duvergier de Hauranne|l’abbé de Saint-Cyran]], un proche de [[Cornelius Jansen|Jansenius]].<ref name=pj13>Paule Jansen, ''Arnauld d'Andilly, défenseur de Port-Royal (1654–1659). Sa correspondance inédite avec la Cour conservée dans les Archives du Ministère des affaires étrangères'', Paris, J. Vrin, 1973, p. 12.</ref> Cette rencontre aura un caractère décisif pour Robert Arnauld. Elle scelle également, sans le vouloir, le destin de l'abbaye de [[Port-Royal-des-Champs]] : en 1623, il provoque la rencontre décisive entre sa sœur et [[Jean Duvergier de Hauranne|l’abbé de Saint-Cyran]], qui ne tarde pas à prendre un irrésistible ascendant sur la [[Angélique Arnauld|Mère Angélique]] et sur les religieuses, et sera choisi, en 1633, pour être confesseur de l’abbaye.<ref name=pj13/>
 En janvier 1622, Robert Arnauld profite d'un voyage à [[Lyon]] pour faire une autre rencontre, celle de [[François de Sales]], quelques jours avant sa mort.<ref name=DPR110/> A son retour, le roi lui propose la survivance de la charge de secrétaire d'état de Monsieur de Sceaux, en échange de {{formatnum:100000}} livres de rente à verser aux héritiers. Dans ses ''Mémoires'', il écrira plus tard qu'il n'en avait aucun regret, étant opposé au principe même de la vénalité des charges<ref name=DPR110/> – thème qu'il développe effectivement dans ses écrits politiques.
-En 1623, il obtient la charge enviée d’[[intendant général]] de la maison de [[Gaston de France|Gaston d’Orléans]],<ref name=DPR111/> frère du roi et grand conspirateur. Robert Arnauld intrigue pour remplacer [[Jean-Baptiste d'Ornano]], le favori de Monsieur et il est lui-même inquiété lorsque celui-ci, compromis dans la [[Henri de Talleyrand-Périgord, comte de Chalais|Conspiration de Chalais]] – est [[Bastille|embastillé]] en 1626, Robert Arnauld semble avoir été impliqué dans ce complot visant à empêcher le mariage de Gaston d'Orléans avec [[Marie de Bourbon, duchesse de Montpensier|Mademoiselle de Montpensier]] : la [[Marie de Médicis|reine mère]] prenait au sérieux le risque que le couple ait un enfant avant celui de [[Louis XIII]], au moment même où la santé de ce dernier se révélait fragile. Le rôle exact de Robert est discuté, et ce dès son vivant : il semble bien que [[Saint-Cyran]] et lui aient contribué à la chute de [[Jean-Baptiste d'Ornano|d'Ornano]], en dénonçant à la reine mère les contacts discrets qu'il avait pris avec l'[[Angleterre]] et la [[Savoie]].<ref name=DPR110/> Dès lors, Gaston, le tenant pour un traître, veut l’éloigner, et [[Armand Jean du Plessis de Richelieu|Richelieu]], qui avait pourtant songé à le faire secrétaire d'État aux Affaires étrangères,<ref name=hc3>Hubert Carrier, « Port-Royal et la Fronde : deux mazarinades inconnues d’Arnaud d’Andilly », ''Revue d’histoire littéraire de la France'', n° 1, 1975, p. 3.</ref> accède à sa demande.<ref name=DPR111>Jean Lesaulnier et Anthony McKenna dir., ''Dictionnaire de Port-Royal'', p. 111.</ref> Pendant sa défaveur, l’aîné des Arnauld se retire dans ses terres d’[[Andilly (Val-d'Oise)|Andilly]] et de Pomponne, où il s’adonne à l’écriture de ''Recueils d’État'' et surtout à l’[[arboriculture]] et au [[jardinage]], une passion qu'il conservera jusqu'à la fin de ses jours.<ref name=DPR108/>
+En 1623, il obtient la charge enviée d’[[intendant général]] de la maison de [[Gaston de France|Gaston d’Orléans]],<ref name=DPR111/> frère du roi et grand conspirateur. Robert Arnauld intrigue pour remplacer [[Jean-Baptiste d'Ornano]], le favori de Monsieur et il est lui-même inquiété lorsque celui-ci, compromis dans la [[Henri de Talleyrand-Périgord, comte de Chalais|Conspiration de Chalais]] – est [[Bastille|embastillé]] en 1626, Robert Arnauld semble avoir été impliqué dans ce complot visant à empêcher le mariage de Gaston d'Orléans avec [[Marie de Bourbon, duchesse de Montpensier|Mademoiselle de Montpensier]] : la [[Marie de Médicis|reine mère]] prenait au sérieux le risque que le couple ait un enfant avant celui de [[Louis XIII]], au moment même où la santé de ce dernier se révélait fragile. Le rôle exact de Robert est discuté, et ce dès son vivant : il semble bien que [[Saint-Cyran]] et lui aient contribué à la chute de [[Jean-Baptiste d'Ornano|d'Ornano]], en dénonçant à la reine mère les contacts discrets qu'il avait pris avec l'[[Angleterre]] et la [[Savoie]].<ref name=DPR110/> Dès lors, Gaston, le tenant pour un traître, veut l’éloigner, et [[Armand Jean du Plessis de Richelieu|Richelieu]], qui avait pourtant songé à le faire secrétaire d'État aux Affaires étrangères,<ref name=hc3>Hubert Carrier, "Port-Royal et la Fronde : deux mazarinades inconnues d’Arnaud d’Andilly", ''Revue d’histoire littéraire de la France'', n° 1, 1975, p. 3.</ref> accède à sa demande.<ref name=DPR111>Jean Lesaulnier et Anthony McKenna dir., ''Dictionnaire de Port-Royal'', p. 111.</ref> Pendant sa défaveur, l’aîné des Arnauld se retire dans ses terres d’[[Andilly (Val-d'Oise)|Andilly]] et de Pomponne, où il s’adonne à l’écriture de ''Recueils d’État'' et surtout à l’[[arboriculture]] et au [[jardinage]], une passion qu'il conservera jusqu'à la fin de ses jours.<ref name=DPR108/>
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 C’est au temps de sa disgrâce que, mettant à profit l’''[[Paresse#Contexte|otium]]'' auquel le contraignait son congé forcé des affaires de l’État, il se découvre un talent pour la poésie religieuse : il fait paraître en 1628 cinquante-huit ''Stances pour [[Jésus de Nazareth|Jésus-Christ]]''<ref>''Stances pour Jésus-Christ'', Paris, E. Martin, 1628.</ref> dans lesquelles il relate la vie de Jésus jusqu’à sa [[Passion du Christ|Passion]] sur la croix. Six ans plus tard, et alors que d’Andilly est au plus fort de sa {{Guil|période mondaine}}, l’expiration du privilège est l’occasion d’une refonte totale de ce livre : revues et augmentées, les ''Stances'' deviennent le ''Poème sur la Vie de Jésus-Christ'',<ref>''Poème sur la Vie de Jésus-Christ'', Paris, Camusat, 1634. Pour lire un extrait : [http://www.biblisem.net/meditat/arnapoem.htm Chants L et LI].</ref> dans lequel l’auteur s’emploie à raconter l’existence du Sauveur, en une fresque de cent neuf [[dizain]]s d’[[alexandrin]]s qui embrassent les mystères de la [[Chute (Bible)|Chute]], de l’[[Incarnation (christianisme)|Incarnation]] et de la [[Rédemption]]. La versification est extrêmement subtile, et bien souvent il ne reste des ''stances'' originales que quelques mots ; l'influence de la [[poétique]] de [[François de Malherbe|Malherbe]], que Robert Arnauld cherche à dépasser, et de son ami [[Marin Le Roy de Gomberville|Gomberville]], sont sensibles dans ce travail de réécriture.<ref>Tony Gheeraert, ''Le chant de la grâce. Port-Royal et la poésie d'Arnauld d'Andilly à Racine'', Paris, Honoré Champion, 2003, pp. 469–479.</ref>
-L’aîné de {{Guil|l’éloquente famille}}, ainsi qu’on qualifiait les [[famille Arnauld|Arnauld]], s’il est tour à tour ministre et jardinier, consacre aussi beaucoup de temps aux travaux de l’esprit : son œuvre de [[poète]] et de [[Traduction|traducteur]] fait l’admiration de ses contemporains. Il est l’ami des plus belles plumes de son temps, qui le regardent comme un égal et comme un maître : Jean Lesaulnier note ainsi que {{Citation |''[[Jean-Louis Guez de Balzac|Balzac]] et [[Jean Chapelain|Chapelain]] échangent […], pendant des années, des informations sur les vers d’Arnauld d’Andilly''}};<ref>Jean Lesaulnier, « Antoine Arnauld et la société littéraire des années 1630 », dans Jean-Robert Armogathe, Jean Lesaulnier, Denis Moreau, ''Antoine Arnauld. Trois études'', Paris, Rumeur des âges, 1995, p. 9.</ref> l’auteur de la ''[[Œuvres inspirées par Jeanne d'Arc|Pucelle]]'' tient ce dernier en si haute estime qu’il sollicite son conseil au moment de publier son [[épopée]]. Il n’eût tenu qu’à lui d’entrer à l’[[Académie française]] naissante, mais il décline par deux fois, en 1635 et 1638,<ref name=DPR111/> les offres que lui fait [[Académie française|Richelieu]] – sans doute lui tient-il toujours rancune de son exil.<ref>[[Paul Pellisson]], ''Histoire de l'Académie française'' (édition de Paris, Didier, 1858, p. 7 : [http://books.google.fr/books?id=9xU3OQd6RhkC&pg=PA30 lire en ligne]).</ref>
+L’aîné de {{Guil|l’éloquente famille}}, ainsi qu’on qualifiait les [[famille Arnauld|Arnauld]], s’il est tour à tour ministre et jardinier, consacre aussi beaucoup de temps aux travaux de l’esprit : son œuvre de [[poète]] et de [[Traduction|traducteur]] fait l’admiration de ses contemporains. Il est l’ami des plus belles plumes de son temps, qui le regardent comme un égal et comme un maître : Jean Lesaulnier note ainsi que {{Citation |''[[Jean-Louis Guez de Balzac|Balzac]] et [[Jean Chapelain|Chapelain]] échangent […], pendant des années, des informations sur les vers d’Arnauld d’Andilly''}};<ref>Jean Lesaulnier, "Antoine Arnauld et la société littéraire des années 1630", dans Jean-Robert Armogathe, Jean Lesaulnier, Denis Moreau, ''Antoine Arnauld. Trois études'', Paris, Rumeur des âges, 1995, p. 9.</ref> l’auteur de la ''[[Œuvres inspirées par Jeanne d'Arc|Pucelle]]'' tient ce dernier en si haute estime qu’il sollicite son conseil au moment de publier son [[épopée]]. Il n’eût tenu qu’à lui d’entrer à l’[[Académie française]] naissante, mais il décline par deux fois, en 1635 et 1638,<ref name=DPR111/> les offres que lui fait [[Académie française|Richelieu]] – sans doute lui tient-il toujours rancune de son exil.<ref>[[Paul Pellisson]], ''Histoire de l'Académie française'' (édition de Paris, Didier, 1858, p. 7 : [https://books.google.com/books?id=9xU3OQd6RhkC&pg=PA30 lire en ligne]).</ref>
-D’Andilly manifeste à plusieurs reprises, à l’occasion de pièces de circonstance, sa virtuosité à versifier. Habitué de l’hôtel de [[Catherine de Rambouillet|Mme de Rambouillet]], il participe à la ''[[Guirlande de Julie]]'' (1631), pour laquelle il compose un [[madrigal]], {{Guil|Les lys}}.<ref>Jean Lesaulnier, « Les Arnauld à l’hôtel de Rambouillet », dans ''Images de Port-Royal'', Paris, Nolin, 2002, pp. 45–62. A. van Bever, ''La Guirlande de Julie, augmentée de pièces nouvelles'', Paris, Sansot, 1907.</ref> Ses manuscrits révèlent de nombreuses pièces restées inédites, qu'il n'a cessé d'écrire tout au long de sa vie : vers latins et français, pièces amoureuses et mythologiques dont une « ''Plainte de la déesse de Philipsbourg et Harangue du Dieu du Rhin pour la consoler'' », sonnets et madrigaux, satires et autres traductions latines. Conservées à la [[bibliothèque de l'Arsenal]], ces pièces n'ont pas encore trouvé d'éditeur.<ref>Tony Gheeraert, ''Le chant de la grâce''..., pp. 34–35.</ref>
+D’Andilly manifeste à plusieurs reprises, à l’occasion de pièces de circonstance, sa virtuosité à versifier. Habitué de l’hôtel de [[Catherine de Rambouillet|Mme de Rambouillet]], il participe à la ''[[Guirlande de Julie]]'' (1631), pour laquelle il compose un [[madrigal]], {{Guil|Les lys}}.<ref>Jean Lesaulnier, "Les Arnauld à l’hôtel de Rambouillet", dans ''Images de Port-Royal'', Paris, Nolin, 2002, pp. 45–62. A. van Bever, ''La Guirlande de Julie, augmentée de pièces nouvelles'', Paris, Sansot, 1907.</ref> Ses manuscrits révèlent de nombreuses pièces restées inédites, qu'il n'a cessé d'écrire tout au long de sa vie : vers latins et français, pièces amoureuses et mythologiques dont une "''Plainte de la déesse de Philipsbourg et Harangue du Dieu du Rhin pour la consoler''", sonnets et madrigaux, satires et autres traductions latines. Conservées à la [[bibliothèque de l'Arsenal]], ces pièces n'ont pas encore trouvé d'éditeur.<ref>Tony Gheeraert, ''Le chant de la grâce''..., pp. 34–35.</ref>
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 Cette première retraite, si elle peut lui faire prendre conscience des vicissitudes des fortunes humaines, n’est pas définitive : Robert retrouve les allées du pouvoir en 1634, lorsque [[Richelieu]] lui offre l’intendance de l’armée du Rhin, commandée par les maréchaux de [[Urbain de Maillé-Brézé|Brézé]] et [[Armand Nompar de Caumont|La Force]]. Il se démet néanmoins de cette charge l'année suivante, pour une raison qui reste inconnue.<ref name=pj14>Paule Jansen, ''Arnauld d'Andilly''..., p. 14</ref> Ce retour en grâces marque l’apogée de son existence mondaine : habitué des [[Salon littéraire|salons]], en particulier celui de la duchesse de Liancourt, fille de [[Henri de Schomberg|M. de Schomberg]],<ref name=DPR111/> lié avec toute la haute société, il a l’oreille de la reine [[Anne d'Autriche (1601-1666)|Anne d’Autriche]].
 Accusé de comploter contre sa patrie au profit des Espagnols et soupçonné d’hérésie, son ami [[Jean Duvergier de Hauranne|Saint-Cyran]] s’attire les foudres de [[Richelieu]] qui le fait emprisonner en 1638. Robert Arnauld le visite chaque jour dans sa prison, grâce à l'intercession de Marie-Madeleine de Vignerot du Plessis, [[Liste des ducs d'Aiguillon|duchesse d'Aiguillon]] auprès de son oncle le cardinal ; il ne sera libéré qu’au printemps 1643, après la mort du cardinal, pour mourir quelques mois plus tard, léguant son cœur à Robert Arnauld.<ref name=DPR111/>
 En 1642, Robert Arnauld d'Andilly obtient de [[Louis XIII de France|Louis XIII]] que son fils [[Simon Arnauld de Pomponne]] soit nommé intendant de la [[place forte]] de [[Casale Monferrato|Casal]], dans les collines du [[Montferrat (Italie)|Montferrat]].<ref>Rémi Mathis, ''Simon Arnauld de Pomponne (1618–1699), secrétaire d'État des Affaires étrangères de Louis&nbsp;XIV'', thèse pour le diplôme d'[[archiviste paléographe]], 2 vol. dactyl., 2007, résumé dans ''Positions des thèses...'', 2007, p.&nbsp;133–142, disponible [http://theses.enc.sorbonne.fr/document1088.html ici].</ref> Le Montferrat est alors un enjeu important pour le contrôle de l'[[Italie]] du nord.
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-=== The "Mémoire pour un souverain" (1643) ===
+=== The "Mémoire pour un souverain"(1643) ===
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-En 1643, [[Anne d'Autriche (1601-1666)|Anne d’Autriche]] songe à lui confier l’éducation du jeune [[Louis XIV de France|Dauphin]]. C'est sans doute à cette occasion qu'il écrit son ''Mémoire pour un souverain'', dont deux copies manuscrites sont conservées à la [[Bibliothèque de l'Arsenal]]. On y trouve un véritable programme politique : interdiction des duels, bannissement du luxe, abolition de la vénalité des charges, attribution des bénéfices ecclésiastiques à des « hommes de sçavoir et de piété » exclusivement, meilleure répartition de la fiscalité. La surintendance de la maison du roi ne lui fut pas attribuée : elle échut à [[Mazarin]].<ref name=hc5>Hubert Carrier, « Port-Royal et la Fronde... », p. 5.</ref> Sur la question des [[Duel (combat)|duels]], il put mettre son programme en application, puisqu'il fut chargé en 1643 de la rédaction d'un décret les interdisant.<ref>Achille-Edmond Halphen, ''Journal inédit d’Arnauld d’Andilly (1614–1620)'', Techener, Paris, 1857, p. vii ([http://books.google.fr/books?id=PakaAAAAMAAJ lire en ligne]).</ref> Ce texte n'eut pas plus d'effet que les précédentes.
+En 1643, [[Anne d'Autriche (1601-1666)|Anne d’Autriche]] songe à lui confier l’éducation du jeune [[Louis XIV de France|Dauphin]]. C'est sans doute à cette occasion qu'il écrit son ''Mémoire pour un souverain'', dont deux copies manuscrites sont conservées à la [[Bibliothèque de l'Arsenal]]. On y trouve un véritable programme politique : interdiction des duels, bannissement du luxe, abolition de la vénalité des charges, attribution des bénéfices ecclésiastiques à des" hommes de sçavoir et de piété "exclusivement, meilleure répartition de la fiscalité. La surintendance de la maison du roi ne lui fut pas attribuée : elle échut à [[Mazarin]].<ref name=hc5>Hubert Carrier," Port-Royal et la Fronde... ", p. 5.</ref> Sur la question des [[Duel (combat)|duels]], il put mettre son programme en application, puisqu'il fut chargé en 1643 de la rédaction d'un décret les interdisant.<ref>Achille-Edmond Halphen, ''Journal inédit d’Arnauld d’Andilly (1614–1620)'', Techener, Paris, 1857, p. vii ([https://books.google.com/books?id=PakaAAAAMAAJ lire en ligne]).</ref> Ce texte n'eut pas plus d'effet que les précédentes.
 Courtisan élégant, {{Guil|généreux}} et ardent comme on savait l’être sous [[Louis XIII de France|Louis {{XIII}}]], ami universel, il est l’un des hommes les plus en vue du règne. Toutefois, au milieu des [[années 1640]], alors que son étoile brillait au firmament de la vie politique et sociale, et sans être, comme il l’avait été par le passé, victime d’aucune [[cabale]], il se lasse peu à peu des fastes de la cour et décide de tout quitter pour se retirer au {{Guil|désert}} : en décembre 1644, il fait ses adieux à la reine et part vivre en {{Guil|hermite}} dans les parages d’un monastère situé en [[vallée de Chevreuse]], l’abbaye de [[Port-Royal-des-Champs|Port-Royal]], depuis longtemps chère à son cœur.<ref name=DPR111/>
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 [[File:Mazarin-mignard.jpg|Portrait du [[Jules Mazarin|cardinal Mazarin]], par [[Pierre Mignard]]. Huile sur toile, [[Musée Condé]], [[Chantilly]]|thumb|225px|right]]
-Durant l'été 1649, Robert Arnauld publie anonymement une [[mazarinade]],<ref name=hc6>Hubert Carrier, « Port-Royal et la Fronde... », p. 6.</ref> c’est-à-dire un pamphlet contre le cardinal [[Mazarin]], intitulée ''Advis d'Estat à la Reyne''.<ref>Le Solitaire, ''Advis d'Estat à la Reyne, sur le gouvernement de la Régence'', « au Désert », 1649, 30 p., in-4°.</ref> Il s'y montre partisan d'une monarchie libérale, défend les parlements, appelle à la réforme de la fiscalité et de son système de recouvrement, dans des termes qui rappellent son ''Mémoire pour un souverain'' de 1643. Son expérience des finances du royaume est mise à profit dans ce pamphlet.<ref name=hc1115>Hubert Carrier, « Port-Royal et la Fronde... », pp. 11–15.</ref>
+Durant l'été 1649, Robert Arnauld publie anonymement une [[mazarinade]],<ref name=hc6>Hubert Carrier, "Port-Royal et la Fronde...", p. 6.</ref> c’est-à-dire un pamphlet contre le cardinal [[Mazarin]], intitulée ''Advis d'Estat à la Reyne''.<ref>Le Solitaire, ''Advis d'Estat à la Reyne, sur le gouvernement de la Régence'', "au Désert", 1649, 30 p., in-4°.</ref> Il s'y montre partisan d'une monarchie libérale, défend les parlements, appelle à la réforme de la fiscalité et de son système de recouvrement, dans des termes qui rappellent son ''Mémoire pour un souverain'' de 1643. Son expérience des finances du royaume est mise à profit dans ce pamphlet.<ref name=hc1115>Hubert Carrier, "Port-Royal et la Fronde...", pp. 11–15.</ref>
 En juin 1652 parait une nouvelle [[mazarinade]], d'une grande qualité littéraire, intitulée ''La vérité toute nue, ou Advis sincère et désintéressé sur les véritables causes de l’Estat et les moyens d’y apporter le remède''.<ref>Christian Jouhaud, ''Mazarinades : La Fronde des mots'', Aubier, 1985, p. 174.</ref> Elle est anonyme, mais l’auteur se désigne d’un ''je'' d’autant plus insistant qu’en une vingtaine de pages, il ne cite aucune autorité, aucun auteur, aucune locution latine.
-Elle circule d’abord sous une forme manuscrite, puis imprimée dès le mois d’août, sans doute par l’éditeur Jean Rousse. Quoiqu'elle ait longtemps été attribuée au père Faure, confesseur de la Reine,<ref name=hc7>Hubert Carrier, « Port-Royal et la Fronde... », p. 7.</ref> son véritable auteur semble bien être Robert Arnauld d’Andilly.<ref name=hc6/> Tout en s’attaquant violemment, l’un après l’autre, à l’ensemble des acteurs de la [[Fronde (histoire)|Fronde]], [[Jules Mazarin|Mazarin]], [[Louis II de Bourbon-Condé|Condé]], [[Jean-François Paul de Gondi|Retz]], [[Louis-Joseph de Vendôme|Beaufort]], [[Gaston de France|Orléans]], la [[Anne d'Autriche (1601-1666)|Reine-Mère]], le [[Parlement de Paris]], [[Pierre Broussel|Broussel]], l’auteur se prononce finalement pour le retour de la reine à Paris, fusse aux côtés de Mazarin. Contrairement à ce qu'il écrivait dans ''Advis d'Estat à la Reyne'', il attaque sévèrement la lâcheté du [[Parlement de Paris|Parlement]].<ref name=hc19>Hubert Carrier, « Port-Royal et la Fronde... », p. 19.</ref>
+Elle circule d’abord sous une forme manuscrite, puis imprimée dès le mois d’août, sans doute par l’éditeur Jean Rousse. Quoiqu'elle ait longtemps été attribuée au père Faure, confesseur de la Reine,<ref name=hc7>Hubert Carrier, "Port-Royal et la Fronde...", p. 7.</ref> son véritable auteur semble bien être Robert Arnauld d’Andilly.<ref name=hc6/> Tout en s’attaquant violemment, l’un après l’autre, à l’ensemble des acteurs de la [[Fronde (histoire)|Fronde]], [[Jules Mazarin|Mazarin]], [[Louis II de Bourbon-Condé|Condé]], [[Jean-François Paul de Gondi|Retz]], [[Louis-Joseph de Vendôme|Beaufort]], [[Gaston de France|Orléans]], la [[Anne d'Autriche (1601-1666)|Reine-Mère]], le [[Parlement de Paris]], [[Pierre Broussel|Broussel]], l’auteur se prononce finalement pour le retour de la reine à Paris, fusse aux côtés de Mazarin. Contrairement à ce qu'il écrivait dans ''Advis d'Estat à la Reyne'', il attaque sévèrement la lâcheté du [[Parlement de Paris|Parlement]].<ref name=hc19>Hubert Carrier, "Port-Royal et la Fronde...", p. 19.</ref>
-Arnauld d'Andilly dénonce, avec une solide connaissance des acteurs du conflit, leurs collusions d’intérêt et leurs jeux cyniques. Mais plus encore, il s’attaque aux milieux financiers, intendants et surintendants, parlementaires et contrôleurs, qui ont dissipé les finances publiques, et ne se prive pas d’en citer les noms.<ref>Christian Jouhaud, ''Mazarinades''…, p. 175-177.</ref> Il y développe l'idée que la [[guerre civile]] que connait le [[royaume de France|royaume]] est un châtiment divin, qu'il avait déjà ébauchée en 1642 dans ses ''Stances sur diverses vérités chrétiennes''.<ref name=hc11>Hubert Carrier, « Port-Royal et la Fronde... », p. 11.</ref>
+Arnauld d'Andilly dénonce, avec une solide connaissance des acteurs du conflit, leurs collusions d’intérêt et leurs jeux cyniques. Mais plus encore, il s’attaque aux milieux financiers, intendants et surintendants, parlementaires et contrôleurs, qui ont dissipé les finances publiques, et ne se prive pas d’en citer les noms.<ref>Christian Jouhaud, ''Mazarinades''…, p. 175-177.</ref> Il y développe l'idée que la [[guerre civile]] que connait le [[royaume de France|royaume]] est un châtiment divin, qu'il avait déjà ébauchée en 1642 dans ses ''Stances sur diverses vérités chrétiennes''.<ref name=hc11>Hubert Carrier, "Port-Royal et la Fronde...", p. 11.</ref>
-L’historien Christian Jouhaud, qui a étudié le texte, y voit une rupture dans le discours des mazarinades, non dans le ton ou dans la radicalité politique, mais dans l’extériorité du point de vue : {{citation|sortie est le geste instaurateur de la liberté. Cette liberté est hors institutions, hors de la constellation des rapports sociaux, des liens de dépendance et de fidélité, hors du collectif}}.<ref>Christian Jouhaud, ''Mazarinades''…, p. 182.</ref> On peut mesure l'impact de ''La vérité toute nue'' aux trois réfutations qui lui sont immédiatement consacrées, ainsi qu'aux allusions qu'y font d'autres [[mazarinades]].<ref name=hc6/> Plusieurs manuscrits démontrent que quelques personnes connaissaient l'identité de son auteur, dont une réponse intitulée ''Avis charitable au sieur Arnaut Dandilly sur une de ses pieces intitulée la verité tout nue'', qui ne semble pas avoir connu de version imprimée.<ref name=hc9>Hubert Carrier, « Port-Royal et la Fronde...», p. 9.</ref>
+L’historien Christian Jouhaud, qui a étudié le texte, y voit une rupture dans le discours des mazarinades, non dans le ton ou dans la radicalité politique, mais dans l’extériorité du point de vue : {{citation|sortie est le geste instaurateur de la liberté. Cette liberté est hors institutions, hors de la constellation des rapports sociaux, des liens de dépendance et de fidélité, hors du collectif}}.<ref>Christian Jouhaud, ''Mazarinades''…, p. 182.</ref> On peut mesure l'impact de ''La vérité toute nue'' aux trois réfutations qui lui sont immédiatement consacrées, ainsi qu'aux allusions qu'y font d'autres [[mazarinades]].<ref name=hc6/> Plusieurs manuscrits démontrent que quelques personnes connaissaient l'identité de son auteur, dont une réponse intitulée ''Avis charitable au sieur Arnaut Dandilly sur une de ses pieces intitulée la verité tout nue'', qui ne semble pas avoir connu de version imprimée.<ref name=hc9>Hubert Carrier, " Port-Royal et la Fronde...", p. 9.</ref>
 Robert Arnauld d’Andilly n’est pas le seul janséniste investi dans la [[Fronde (histoire)|Fronde]], quoique la question des liens précis entre les deux mouvements fait l’objet de discussions historiques. Leurs adversaires [[jésuites]] ont mis à profit l’idée d’une alliance entre jansénistes et ennemis du roi, en assurant qu’ils s’étaient alliés à [[Oliver Cromwell]], le révolutionnaire puritain anglais.<ref>Dale K. Van Kley, ''Les origines religieuses de la Révolution française, 1560–1791'', Le Seuil, 2002, pp. 110–111.</ref>
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 [[File:Espalier fruit tree at Standen, West Sussex, England May 2006.JPG|Exemple de taille d'arbre fruitier en [[espalier]], dont Robert Arnaud d'Andilly était un spécialiste.|thumb|225px|right]]
 En 1652 paraît un livre intitulé ''La manière de cultiver les arbres fruitiers'',<ref>''La manière de cultiver les arbres fruitiers. Par le Sieur [[Antoine Legendre|Le Gendre]], curé d'[[Hénonville]]. Où il est traité des pepinieres, des espaliers, des contr'espaliers, des arbres en buisson, & à haute tige'', Paris, Nicolas Le Gras, 1652, xxviii-282-ii p. in-12° (réédition : [[Réunion des musées nationaux]], 1993).</ref> publié sous le nom d’[[Antoine Legendre]], curé d’[[Hérouville]]. Bien que ce personnage existe réellement, l’ouvrage a été attribué à plusieurs écrivains (l’abbé de Pont-Château, [[Guillaume de Lamoignon]], [[Olivier Le Fèvre d'Ormesson]]). Très rapidement, le nom de Robert Arnauld d’Andilly a circulé, et il est probable qu’il en soit l’auteur véritable ; cette identification a été proposée pour la première fois en 1716.<ref>Florent Quellier, ''Des fruits et des hommes. L’arboriculture fruitière en Ile-de-France (vers 1600-vers 1800)'', Presses universitaires de Rennes, 2003, pp. 41–42.</ref>
-Le goût de Robert Arnauld d’Andilly pour les [[arbres fruitiers]] était notoire : [[Tallemant des Réaux]] se moquait des trois cent sortes de [[poire]]s, pour la plupart immangeables, qu’il cultivait sur sa terre d’Andilly.<ref>Florent Quellier, ''Des fruits et des hommes...'', p. 44. Gédéon Tallemant des Réaux, ''Historiettes'', éd. A. Adam, Gallimard, coll. de la Pléiade, 1960, vol. 1, p. 513</ref> Il se faisait surnommer le ''surintendant des jardins de Port-Royal''.<ref>Sylvain Hilaire, « Paysages culturels du Grand siècle classique. Entre Port-Royal et Versailles, 'les deux versants d'un seul jardin français' », ''Polia'' n°6, oct. 2006, p. 37.</ref> Au demeurant, il avait coutume d’envoyer des paniers de fruits de grande rareté et de grandes qualités à ses correspondantes.<ref>Florent Quellier, ''Des fruits et des hommes...'', p. 58.</ref>
+Le goût de Robert Arnauld d’Andilly pour les [[arbres fruitiers]] était notoire : [[Tallemant des Réaux]] se moquait des trois cent sortes de [[poire]]s, pour la plupart immangeables, qu’il cultivait sur sa terre d’Andilly.<ref>Florent Quellier, ''Des fruits et des hommes...'', p. 44. Gédéon Tallemant des Réaux, ''Historiettes'', éd. A. Adam, Gallimard, coll. de la Pléiade, 1960, vol. 1, p. 513</ref> Il se faisait surnommer le ''surintendant des jardins de Port-Royal''.<ref>Sylvain Hilaire, "Paysages culturels du Grand siècle classique. Entre Port-Royal et Versailles, 'les deux versants d'un seul jardin français'", ''Polia'' n°6, oct. 2006, p. 37.</ref> Au demeurant, il avait coutume d’envoyer des paniers de fruits de grande rareté et de grandes qualités à ses correspondantes.<ref>Florent Quellier, ''Des fruits et des hommes...'', p. 58.</ref>
 [[File:Port-Royal-des-Champs Vergers.JPG|thumb|225px|left|Le verger et les [[Petites écoles de Port-Royal]], bâtiments du {{s-|XVII|e}}]]
 ''La manière de cultiver les arbres fruitiers'' est, avec le ''Jardinier françois'' de [[Nicolas de Bonnefons]], sorti des presses l’année précédente,<ref>''Le Jardinier François, qui enseigné à cultiver les Arbres, & Herbes Potageres; Avec la maniere de conserver les Fruits, & faire toutes sortes de Confitures, Conserves, & Massepans'', Paris, 1651.</ref> le premier livre de sylviculture publié au {{s-|XVII|e}}. Il inaugure une longue série d’ouvrages sur le sujet, dans lesquelles il sera fréquemment cité en référence, au moins jusqu’à la publication posthume de l’''Instruction pour les jardins fruitiers et potagers'' de [[Jean-Baptiste de La Quintinie|La Quintinie]], en 1690. Le succès de ''La manière de cultiver les arbres fruitiers'' se mesure aux deux rééditions qu’elle connaît, en 1671 et 1684.<ref>Florent Quellier, ''Des fruits et des hommes...'', pp. 30–31.</ref>
-La pratique de la sylviculture est généralement considérée comme une activité monastique, en raison des liens [[théologie|théologiques]] qui font du jardin terrestre une métaphore du [[Éden|jardin d'Éden]]. Robert Arnauld d'Andilly aurait dit lui-même, à propos de [[Port-Royal-des-Champs]] : {{citation|S'il y avait un paradis en terre, il serait hors de mon pouvoir d'imaginer qu'il fut ailleurs}}.<ref>Cité par Sylvain Hilaire, « Paysages culturels du Grand siècle classique... », p. 37.</ref> Elle s’inscrit également, dans l’entourage de [[Port-Royal-des-Champs]], dans le contexte d’activité sylvicole en l’[[Île-de-France]]. Mais dans La manière de cultiver les arbres fruitiers, elle apparaît comme une activité noble, licite pour un gentilhomme, en raison de ses liens avec la généalogie. Non seulement la métaphore de l’[[Généalogie|arbre généalogique]], mais aussi le choix savant des [[Scion (botanique)|greffons]], la conduite et l’éducation des jeunes arbres, font écho aux valeurs [[noblesse|nobiliaires]] du {{s-|XVII|e}}. Les liens sont nombreux, jusque dans le vocabulaire employé, avec l’élevage des chevaux, activité noble par excellence. Enfin, la recherche de produits de qualité pour la table contribue à faire des fruits des éléments d’un savoir-vivre aristocratique.<ref>Florent Quellier, ''Des fruits et des hommes...'', pp. 53–59.</ref>
+La pratique de la sylviculture est généralement considérée comme une activité monastique, en raison des liens [[théologie|théologiques]] qui font du jardin terrestre une métaphore du [[Éden|jardin d'Éden]]. Robert Arnauld d'Andilly aurait dit lui-même, à propos de [[Port-Royal-des-Champs]] : {{citation|S'il y avait un paradis en terre, il serait hors de mon pouvoir d'imaginer qu'il fut ailleurs}}.<ref>Cité par Sylvain Hilaire, "Paysages culturels du Grand siècle classique...", p. 37.</ref> Elle s’inscrit également, dans l’entourage de [[Port-Royal-des-Champs]], dans le contexte d’activité sylvicole en l’[[Île-de-France]]. Mais dans La manière de cultiver les arbres fruitiers, elle apparaît comme une activité noble, licite pour un gentilhomme, en raison de ses liens avec la généalogie. Non seulement la métaphore de l’[[Généalogie|arbre généalogique]], mais aussi le choix savant des [[Scion (botanique)|greffons]], la conduite et l’éducation des jeunes arbres, font écho aux valeurs [[noblesse|nobiliaires]] du {{s-|XVII|e}}. Les liens sont nombreux, jusque dans le vocabulaire employé, avec l’élevage des chevaux, activité noble par excellence. Enfin, la recherche de produits de qualité pour la table contribue à faire des fruits des éléments d’un savoir-vivre aristocratique.<ref>Florent Quellier, ''Des fruits et des hommes...'', pp. 53–59.</ref>
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 [[File:pomponne.jpg|[[Simon Arnauld de Pomponne]] (1618–1699), son of Robert Arnauld d'Andilly. portrait by Nicolas de Larmessin (between 1672 and 1679).|thumb|225px|left]]
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 L’Église, à travers la bulle ''[[Cum occasione]]'' (1653), prend clairement position contre le [[jansénisme]] et exige de tous les membres du clergé la signature d’un [[Formulaire d'Alexandre VII|formulaire]] portant condamnation de cinq propositions attribuées à [[Cornelius Jansen|Jansénius]].
 L'[[Amable de Bourzeis|abbé de Bouzeis]], un janséniste proche de [[Mazarin]], échoue à persuader le Cardinal que [[Port-Royal-des-Champs|Port-Royal]] ne représente pas un danger. Il prévient alors les [[Solitaires (Port-Royal)|Messieurs]], qui songent d'abord à déléguer [[Antoine Singlin]] auprès du ministre, avant de se décider pour Robert Arnauld. Via la [[Marie de Rohan|Duchesse de Chevreuse]], il entame alors une longue correspondance secrète avec [[Mazarin]].<ref name=pj18>Paule Jansen, ''Arnauld d'Andilly'', p. 18</ref> Ce dernier a fait recevoir, dès le mois de juillet 1653, la bulle papale condamnant les cinq propositions attribuées à Jansenius ; il espère, par ce geste, se concilier le Saint-Père, qui favorise ses adversaires espagnols, et en France même, les anciens chefs de la Fronde, le [[Jean-François Paul de Gondi|cardinal de Retz]] et le [[Louis II de Bourbon-Condé|prince de Condé]]. Mais, déçu de l'attitude de Rome, il décide d'en savoir plus sur ce qui se trame chez les Jansénistes. Claude Auvry, [[Liste des évêques de Coutances|évêque de Coutances]], lui sert d'intermédiaire auprès de Robert Arnauld ; leur correspondance, toujours secrète, se poursuivra jusqu'en 1659.<ref name=pj19>Paule Jansen, ''Arnauld d'Andilly'', p. 19.</ref>
 C'est ainsi que Robert Arnauld intervient auprès de Mazarin pour défendre le [[Roger du Plessis, duc de Liancourt|duc de Liancourt]], à qui l'abbé Picoté, prêtre de [[Église Saint-Sulpice (Paris)|Saint-Sulpice]], refuse l'absolution en raison de ses sympathies jansénistes.<ref>Son unique petite-fille est pensionnaire à Port-Royal, voir [[Augustin Gazier]], ''Histoire générale du mouvement janséniste...'', tome 1, p. 99.</ref> Pour protéger son frère [[Antoine Arnauld (1612-1694)|Antoine]], il endosse la publication de sa ''Lettre à une personne de condition'',<ref>''Lettre d'un docteur en théologie à une personne de condition et de piété, sur le sujet de l'apostasie du sieur Jean de Labadie'', s.l.s.n., 1651, 105 p., in-4° ([http://gallica.bnf.fr/document?O=N064800 lire en ligne]).</ref> qui traite de cette question théologique. Mazarin lui fait savoir, par l'intermédiaire de Claude Auvry , que les Messieurs de Port-Royal n'ont rien à craindre, et l'incite discrètement à exposer son point de vue sur ce sujet. Ce sera l'objet de la ''Seconde lettre à un duc et pair de France''<ref>''Seconde lettre à un duc et pair, ou l'on examine la doctrine de l'instruction pastorale de M. l'archevêque de Paris sur l'amour de dieu'', S. l. n. n. n. d., in-12°.</ref> – celle-là même qui vaudra à Antoine d'être condamné en [[Sorbonne]] et être déchu de son titre de docteur (1656) ; des billets griffonnés à la hâte montrent que l'aîné a assisté personnellement aux débats.<ref>Paule Jansen, ''Arnauld d'Andilly'', pp. 20–21.</ref> Malgré des échanges presque quotidiens avec le Cardinal-ministre, Robert Arnauld voit avec douleur les [[Solitaires (Port-Royal)|Messieurs]] dispersés (1656), et lui-même doit se retirer sur sa terre de Pomponne. Trois ans plus tard, alors que la rumeur publique propage le bruit que les jansénistes complotent pour empêcher la paix entre la France et l'Espagne, la reine s'oppose à ce que [[Simon Arnauld de Pomponne|Simon Arnauld]] reçoive la charge de chancelier du [[Philippe de France (1640-1701)|duc d'Anjou]], signe de disgrâce pour son père.<ref>Paule Jansen, ''Arnauld d'Andilly'', p. 23.</ref> La [[Anne d'Autriche (1601-1666)|reine]] elle-même écrit à Robert Arnauld d'Andilly qu'il reviendrait en grâce si lui et ses amis signaient le ''Formulaire''.<ref>Augustin Gazier, ''Histoire générale du mouvement Janséniste'', t. I, p. 123.</ref> Enfin, en 1660, ce sont les [[Petites écoles de Port-Royal|petites Écoles]] qui sont fermées.
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 {{loupe|Simon Arnauld de Pomponne}}
 [[File:Port-Royal-des-Champs - Maison des Solitaires 2.JPG|La maison des [[Solitaires (Port-Royal)|Solitaires]] à [[Port-Royal-des-Champs]].|right|225px|thumb]]
 À la suite de cet épisode, il reçoit l’ordre de se retirer à Pomponne ; il doit se soumettre et quitter une nouvelle fois Port-Royal des Champs, cette fois pour plusieurs années. La relégation est douce, dans ce domaine qu’il aime et où il vit entouré de ses petits-enfants.
 À la demande de [[Simon Arnauld de Pomponne|son fils]], il rédige entre 1666 et 1667 ses ''Mémoires''<ref>Robert Arnauld d'Andilly, ''Mémoires'', éd. R. Pouzet, H. Champion, 2008. La première édition est datée d'Hambourg, 1734.</ref> destinés à faire connaître sa vie et celle de ses ancêtres à ses petits-enfants. Les vies exemplaires de ses oncles, de ses neveux solitaires, de son fils même, se répondent afin de former une galerie de portraits exemplaires et une voie à suivre. Au-delà de leur visée pédagogique, ces mémoires permettent surtout à d'Andilly de recomposer l'histoire familiale afin de donner à voir la vertu des Arnauld et de s'opposer aux calomnies pouvant circuler sur leur compte.<ref>Robert Arnauld d'Andilly, ''Mémoires'', éd. R. Pouzet, H. Champion, 2008, p. 51-60.</ref>
-La [[paix de l'Église]], en 1669, illumine ses dernières années : il fait une apparition remarquée à [[Château de Versailles|Versailles]] en septembre 1671;<ref>Augustin Gazier, ''Histoire générale du mouvement Janséniste'', t. I, p. 192. Récit détaillé de sa conversation avec [[Louis XIV de France|Louis XIV]] la lettre de [[Madame de Sévigné]] à Madame du Grignan en date du 23 septembre 1671 ([http://books.google.fr/books?id=Oy0JAAAAQAAJ&pg=PA369 lire en ligne)].</ref> il a la joie de voir son fils [[Simon Arnauld de Pomponne]] accéder au rang de ministre et de secrétaire d’État (1672), et retrouve [[Port-Royal-des-Champs|Port-Royal des Champs]] en 1673, quelques mois avant d’y mourir le {{Date|27|septembre|1674}}, âgé de quatre-vingt cinq ans.<ref name=DPR108/>
+La [[paix de l'Église]], en 1669, illumine ses dernières années : il fait une apparition remarquée à [[Château de Versailles|Versailles]] en septembre 1671;<ref>Augustin Gazier, ''Histoire générale du mouvement Janséniste'', t. I, p. 192. Récit détaillé de sa conversation avec [[Louis XIV de France|Louis XIV]] la lettre de [[Madame de Sévigné]] à Madame du Grignan en date du 23 septembre 1671 ([https://books.google.com/books?id=Oy0JAAAAQAAJ&pg=PA369 lire en ligne)].</ref> il a la joie de voir son fils [[Simon Arnauld de Pomponne]] accéder au rang de ministre et de secrétaire d’État (1672), et retrouve [[Port-Royal-des-Champs|Port-Royal des Champs]] en 1673, quelques mois avant d’y mourir le {{Date|27|septembre|1674}}, âgé de quatre-vingt cinq ans.<ref name=DPR108/>
 Il est des individus dont l’existence est paradoxale : Arnauld d’Andilly est de ceux-là. Mondain et solitaire, ami de [[François de Sales]] et de [[Jean Duvergier de Hauranne|Saint-Cyran]] aussi bien que de [[Catherine de Rambouillet|Mme de Rambouillet]], il fut, selon la formule piquante de Cécile Gazier, un {{Guil|courtisan anachorète}}.<ref>Cécile Gazier, ''Ces messieurs de Port-Royal'', Paris, Perrin, 1932, pp. 89–125.</ref>
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 *''Traduction d'un discours de la réformation de l'homme intérieur. Ou sont establis les veritables fondemens des vertus chrestiennes... prononcé par [[Cornelius Jansen|Cornelius Janssenius]]'',... [traduction du Latin par Arnauld d'Andilly], Paris, Vve J. Camusat, 1642, 99-vi p., in-12° ([http://gallica.bnf.fr/document?O=N095626 en ligne sur Gallica]).
 *''Oeuvres chrétiennes'', Paris, Veuve Jean Camusat et [[Pierre Le Petit]], 1644.
-*''Les Confessions de St Augustin, traduites en français par M. Arnauld d'Andilly'', Paris, Vve J. Camusat & P. Le Petit, 1649, in-8° ([http://books.google.fr/books?id=1F0GAAAAQAAJ lire en ligne] l'édition de Bruxelles, 1773).
+*''Les Confessions de St Augustin, traduites en français par M. Arnauld d'Andilly'', Paris, Vve J. Camusat & P. Le Petit, 1649, in-8° ([https://books.google.com/books?id=1F0GAAAAQAAJ lire en ligne] l'édition de Bruxelles, 1773).
 *''Advis d'Estat à la Reyne, sur le gouvernement de sa regence'', [signé à la fin : Le Solitaire. Du Desert, le 1. fevrier 1649], s.l.s.n., 1649, 30 p. in-4°.
 *''La manière de cultiver les arbres fruitiers. Par le Sieur Le Gendre, curé d'Hénonville. Où il est traité des pepinieres, des espaliers, des contr'espaliers, des arbres en buisson, & à haute tige'', Paris, Nicolas Le Gras, 1652, xxviii-282-ii p. in-12° (réédition : [[Réunion des musées nationaux]], 1993).
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 *'' Vies de plusieurs Saints illustres de divers siècles, choisies et trad. par Arnaud d'Andilly'', Paris, P. le Petit, 1665, 2 vol. in-8°.
 *''Histoire des Juifs, écrite par [[Flavius Josèphe|Flavius Joseph]] sous le titre d'Antiquités judaïques, traduite par Arnauld d'Andilly'', Paris, Pierre Le Petit, 1667, xvi-772 p.
+*''Histoire de la Guerre des Juifs contre les Romains,'' ''Response a Appion,'' ''Martyre des Machabées par Flavius Ioseph  et sa Vie écrite par luy-même'' a''vec ce que Philon a escrit de son Ambassade vers l'Empereur Caius Caligula''. Traduite du grec par Monsieur Arnauld d’Andilly. Paris: Pierre Le Petit, 1668.
 *[[Thérèse d'Avila]], Vie. {{Not a typo|Fondations}} faites par sainte Thérèse de plusieurs monastères / de la traduction de M. Arnauld d'Andilly..., Paris, P. Le Petit, 1670, ([http://gallica.bnf.fr/document?O=N087343 en ligne sur Gallica]).
 *''Traité du chemin de perfection écrit par [[Thérèse d'Avila|sainte Terèse]], et quelques petits traitez de la mesme Sainte, savoir : Méditations sur le Pater noster, Méditations après la communion, Advis à ses religieuses. Traduit par M. Arnauld d'Andilly'', Paris, P. Le Petit, 1670 ([http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k87344r en ligne sur Gallica]).
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 ===Correspondence===
-*Philippe-Emmanuel de Monmerqué, ''Mémoires de M. de Coulanges, suivis de lettres inédites de madame de Sévigné, de son fils, de l'abbé de Coulanges, d'Arnauld d'Andilly, d'Arnauld de Pomponne, de Jean de la Fontaine et d'autres personnages du même siècle'', Paris, J.-J. Blaise, 1820, 512 p. ([http://books.google.fr/books?id=qH4tAAAAMAAJ lire en ligne]).
+*Philippe-Emmanuel de Monmerqué, ''Mémoires de M. de Coulanges, suivis de lettres inédites de madame de Sévigné, de son fils, de l'abbé de Coulanges, d'Arnauld d'Andilly, d'Arnauld de Pomponne, de Jean de la Fontaine et d'autres personnages du même siècle'', Paris, J.-J. Blaise, 1820, 512 p. ([https://books.google.com/books?id=qH4tAAAAMAAJ lire en ligne]).
 ==See also==
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 ==References==
-{{reflist|colwidth=30em}}
+{{Reflist|colwidth=30em}}
+==External links==
+* {{Internet Archive author |sname=Robert Arnauld d’Andilly |sopt=t}}
+* {{CathEncy|wstitle=Arnauld}}
 {{Commons category|Robert Arnauld d'Andilly}}
+{{Authority control}}
-{{Use dmy dates|date=April 2012}}
-{{Authority control|VIAF=6645}}
-{{Persondata <!-- Metadata: see [[Wikipedia:Persondata]]. -->
-| NAME              = Arnauld d'Andilly, Robert
-| ALTERNATIVE NAMES =
-| SHORT DESCRIPTION = French writer
-| DATE OF BIRTH     = 28 May 1589
-| PLACE OF BIRTH    =
-| DATE OF DEATH     = 27 September 1674
-| PLACE OF DEATH    =
-}}
 {{DEFAULTSORT:Arnauld Dandilly, Robert}}
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