Philosophe, Autrice, Conférencière, Consultante & Co-Fondatrice des crèche et des écoles internationales Montessori Esclaibes / Podcast "Philosophy is sexy".
Ceci n’est pas un emballage plastique. A chaque fois qu’on me propose de donner une conférence, j’ai ce léger frisson qui me parcourt : est-ce que je vais être à la hauteur ? Est-ce que je vais savoir répondre à la demande ? Est-ce que les gens m’ont choisi pour ce que je suis capable de faire ou par projection ? Ce n’est pas une posture, un petit sketch que j’invente pour que l’autre réponde : « Oh mais enfin Marie, tu es formidable ». Non, c’est ce que je ressens profondément. Je n’ai pas le trac, je n’éprouve pas de problème à monter sur scène, ni à entrer dans une salle de classe, et en outre, j’adore transmettre, et je crois que je travaille dur pour cela, cependant, je ne fais pas partie de ces individus convaincus qu’ils sont les plus pertinents, les plus performants, les plus brillants. J’ai la certitude que mille autres que moi pourraient être à ma place, qu’ils seraient tout aussi légitimes, et je pense souvent, qu’ils seraient sans doute encore plus percutants. Alors pour éviter de me liquéfier, pour éviter de laisser le sol s’ouvrir sous mes pieds, je pense tout le temps à une chose : quelles sont les aspérités qui me rendent intéressante ? Quelles sont les failles que je suis prête à assumer ? Quelles singularités vont donner de la matière à mon propos ? Ça ne répond pas à la problématique d’être à la hauteur ou non, mais cela évite de se comparer inutilement et de croire qu’on juge un exercice, un projet, un discours, un dossier, sur une illusoire perfection de l’exécution. Ce qu’on transmet, c’est une capacité à être aussi juste et aussi précis qu’on peut l’être à cet instant. Ce qu’on transmet, c’est une forme d’émotion qui permet à l’autre d’aller regarder là où il ne regardait pas. Et il me semble que c’est en acceptant d’être autre chose qu’un bon exécutant ou qu’un bon élève, qu’on le devient. N’est-ce pas pareil dans nos relations intimes ? Ce n’est pas l’étendue culturelle, ni la beauté de nos amis que l’on retient, c’est, par exemple, leur façon curieuse de prononcer certains mots ou de ranger les plats, car ainsi, leur poésie fait effraction dans notre monde et l’éclaire. Je vous souhaite d’être à hauteur de poésie. #Bonjour