La chaise, vue par Brune Poirson et Eléonore Blondeau

La chaise, vue par Brune Poirson et Eléonore Blondeau

Contrairement à d’autres objets, la chaise est souvent utilisée plusieurs années et n’apparaît donc pas emblématique de la société du tout-jetable. Et pourtant…

Il lui arrive ce qu’il se passe pour l’essentiel de ce que nous consommons à titre personnel et professionnel, y compris le mobilier et les meubles : un gaspillage massif. Chaque année en France, plus de 2 millions de tonnes de déchets d’éléments d’ameublement (DEA) sont produits, des fauteuils de bureau aux casiers de vestiaires en passant par les armoires ou les tables de réunion. En 2021, seulement 35% de ces DEA ont été collectés par la filière, et ce, malgré le dispositif « Responsabilité élargie du producteur » qui impose aux fabricants et importateurs de mobilier de prendre en charge la collecte, le tri et la valorisation des articles ; malgré aussi le travail et la bonne volonté des éco-organismes agréés en ce sens par les pouvoirs publics pour récupérer ces mobiliers usagés et leur donner une nouvelle vie par le réemploi et le recyclage.

Sortons donc la chaise de la benne où elle finit souvent, désenfouissons-la et redonnons-lui vie, jusqu’aux ressources naturelles qui lui donnent naissance.

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Chaise d’écolier, de bureau, de réunion, de bar, chaise longue, chaise roulante, etc. Chaise en tissu, en bois, en paille, en cuir, en polycarbonate, chaise design, scandinave, gondole, chaise tulipe, etc. 

La liste est longue des usages et des places que cet objet prend dans notre quotidien, nous accompagnant à tous les âges de notre vie – à l’école, au travail, à la maison, dans une salle d’attente ou des lieux de convivialité. Il y en a pour tous les matériaux, toutes les formes, tous les styles, tous les goûts… et tous les prix. Certaines chaises sont restées célèbres dans l’histoire du design, de la chaise Barcelona de Mies van der Rohe dans les années 1930 à la Chaise Victoria Ghost de Philippe Starck, pour ne citer qu’elles. La chaise a même donné son nom à l’une des pièces de théâtre les plus jouées au monde, Les Chaises d’Eugène Ionesco. Au théâtre, toujours : souvenir fort de Dominique Blanc, assise sur une chaise dos au public au début de La Douleur de Marguerite Duras pour mimer l’attente du personnage pendant la Seconde Guerre mondiale.

Cet objet, la chaise, c’est donc un imaginaire, entre fantaisie et vide, modernité et minimalisme ; parfois un art. Mais c’est avant tout une géographie et un impact en termes de ressources : matières, énergie, eau, etc. Car qu’elle soit en bois ou en plastique, pour ne prendre que ces exemples, la chaise est dans tous les cas liée à une ressource naturelle – en l’occurrence un arbre ou du pétrole.

Et c’est là qu’en tant que consommateurs, industriels, entrepreneurs, nous devons faire un choix. Le choix entre une chaise qui peut être produite en Asie, dans des conditions sociales problématiques, en multi-matériaux, ni réparable ni recyclable, et vendue à l’unité. OU une chaise qui peut être produite en France, par quelqu’un payé à sa juste valeur, en mono-matériaux, réparable et recyclable, et vendue à l’usage.

À l’heure de l’urgence écologique, des solutions concrètes existent pour accélérer le deuxième choix. Plusieurs startups et entreprises françaises, comme Maximum®, L'équipe LOUIS ou Dahuts travaillent sur des chaises innovantes, comme des chaises en bois écoresponsable, des chaises réalisées à partir de plastique recyclé, de déchets et de matériaux réemployés, voire des chaises upcyclées ! Un secteur comme le secteur de l’hôtellerie, par exemple, a son rôle à jouer pour intégrer ce type de nouveaux produits, et plus largement le développement durable, au cœur de sa stratégie design.

Ne soyons pour autant pas dupes d’une réserve qui subsiste pour réussir cette circularité industrielle d’un objet comme la chaise : le problème de la collecte. Promouvoir des chaises recyclées implique tout simplement l’existence de filières de collecte et de retraitement qui puissent permettre ce recyclage. Ce n’est malheureusement pas suffisamment le cas aujourd’hui. La responsabilité des industriels, notamment, en lien avec les pouvoirs publics, est majeure. Et au-delà de la mise en place de systèmes de collecte adaptés, cette responsabilité doit s’accompagner d’un vrai travail pour repenser la chaîne d’approvisionnement sur l’ensemble du cycle de vie du projet qui doit permettre de produire des chaises circulaires, de l’approvisionnement à l’allongement de durée de vie en passant entre autres par l’éco-conception et une véritable écologie territoriale industrielle. Et, comme pour tant de sujets liés au climat, il nous faut bien sûr gagner la bataille de l’opinion, informer le consommateur, le sensibiliser, expliquer.

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Chaise, donc : pas qu’un objet. La preuve que plus que la technologie, c’est l’usage qui compte. Et derrière cette démarche de circularité, on trouve, cachée sous la chaise, une opportunité aussi importante que la création d’emplois au cœur de nos territoires pour perpétuer des savoir-faire et développer la souveraineté industrielle de notre pays en sécurisant nos approvisionnements vers plus de résilience. Finalement, chaise : l’assise de ce que peut être une véritable industrie circulaire.

 

 

 

 

Manon Dessirier-Bourges

Co-fondatrice @Chaise_au_carré

8 mois

Merci pour cet article Brune Poirson Chez Chaise au carre nous sommes fières de chaque Chaise réintroduite dans tous nos lieux de vie pour une économie circulaire et le bien être de notre planète #reemploi Nous serions ravies d'équiper vos futurs lieux 🌎

Marion Debuire

Fondatrice de Jeannina - Location de tenues pour un mariage

8 mois

Merci pour cet article très inspirant sur l’économie circulaire. C’est exactement ce que je souhaite faire et dire avec la location pour un mariage où nous préconisons de passer de la possession à l’usage lorsque c’est que pour une fois !

Véronique Finot

Danse, Art sacré de la Danse langage et communication non Verbale chez Corps Vivant corps en Mouvement

8 mois

Photographie.Café Muller de Pina Bauch. un des première .choregraphie presque autobiographique de cette Tres grande Dame.

Natacha Levachoff

Entrepreneure pour un impact positif sur l'Homme et la Planète

8 mois

Merci Brune Poirson pour ce post inspirant ! Et bravo Eléonore BLONDEAU pour votre combat au quotidien pour une plus grande circularité. Face à une planète en souffrance, nos comportements et nos actes d'achat doivent changer. Fin d'un consumérisme à outrance au profit du choix de la simplicité, de la fonctionnalité. Pour autant, ceci ne doit pas rimer avec morosité, Pierre Rabhi évoquait bien une "sobriété heureuse", Etre plutôt que Avoir. Alors, pour que chacun trouve du sens à diminuer, louer, recycler.., l'approche doit être systémique, chacun a son rôle à jouer que ce soit nos politiques, les territoires, les industriels à innover pour une plus grande recyclabilité, les distributeurs à faire le choix des fournisseurs qui iront dans ce sens, et enfin nous-mêmes en tant que consom'acteur. Il faut donc repenser les modèles à tous les niveaux, et chaque action, qu'elle soit menée par de grandes entreprises, des start-ups, des collectifs, ou par l'individu lui-même, fera sa part, et devra être encouragée et valorisée.

Nativité Rodriguez ✨♾

Directrice Générale | Circularité | Investisseuse | Administratrice

8 mois

Bravo pour votre vision ambitieuse et inspirante Brune Poirson ! Venez nous rencontrer. L'Atelier des Matières propose des solutions de recyclage et de revalorisation en nouvelles matières circulaires.

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