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{{ébauche|Équateur}}
{{Infobox Manifestation
| image = Ecuadorian crisis in 2019.png
| légende =
| nom = Manifestations équatoriennes de 2019
| date = {{date|2 octobre- 2019-}} - {{date|13 octobre 2019}}<br /><small>(11 jours)</small>
| localisation = {{Équateur}}
| groupes organisateurs = [[Confédération des nationalités indigènes de l'Équateur]]
| revendications = • Non-suppression des subventions à l'achat de carburant <br />• Retrait des mesures d'austérité économiques décidées par le [[Lenín Moreno|gouvernement équatorien]] sur ordresordre du [[Fonds monétaire international]] <br />• Démission du président, etdu des ministresministre de la Défense et du ministre du Gouvernement<ref group=N>Le Ministreministre du Gouvernement est en Équateur le ministre chargé des relations du gouvernement avec les organes politiques et administratifs, et de l'[[équilibre des pouvoirs]]</ref>
| types de manifestations = [[Manifestation]]s massives, [[grève]]s, [[émeutes]], blocages de routes, [[concerts de casseroles]] nocturnes, séquestration de personnel des forces de l'ordre
| arrestations = 1192Près manifestantsde <br/>2 27 journalistes <br/> 16 policiers000
| blessés = 1340 manifestants <br/> 133 policiers
| morts = 8 à 10 manifestants (selon la source)
}}
 
Des '''manifestations équatoriennes en 2019''' ont eu lieu en réaction à des mesures d'austérité, du 2 au {{date-|13 octobre 2019}}. La mesure a déclenché les plus importantes manifestations de l’histoire contemporaine du pays.
 
== Chronologie ==
Le président [[Lenin Moreno]] a présentéprésente le {{date|1|10|2019}} un accord avec le [[Fonds monétaire international]] (FMI). DesCelui-ci contreparties incluentprévoit la réduction de 20 % lesdes salaires des contractuels dans le secteur public, la suppression de 15 des 30 jours de congés payés annuels des fonctionnaires et l'obligation pour eux de travailler un jour par mois sans rémunération. Les prix du carburant sont augmentés de près de 125 %, alors que les impôts sur la sortie des capitaux du territoire sont diminués, une mesure bénéficiant essentiellement aux plus riches<ref>{{Article |titre=Équateur. Face à la révolte sociale, le président Moreno décrète l’état d’exception |périodique=L'Humanité |date=7 octobre 2019 |lire en ligne=https://www.humanite.fr/equateur-face-la-revolte-sociale-le-president-moreno-decrete-letat-dexception-678189 |pages= }}</ref>{{,}}<ref name=":22">{{Article |titre=Comment expliquer l'embrasement social en Equateur ? |périodique=Les Inrockuptibles |date=9 octobre 2019 |lire en ligne=https://www.lesinrocks.com/2019/10/09/actualite/monde/comment-expliquer-lembrasement-social-en-equateur/ }}</ref>. En réaction aux grèves et manifestations qui s'ensuivent — les plus importantes depuis une vingtaine d'années — le pouvoir décide d'instaurer l'état d'urgence et un couvre-feu pour une durée d'au moins 30 jours<ref>{{Lien web|titre=Le président de l'Equateur décrète l'état d'urgence|url=https://www.lesechos.fr/monde/ameriques/le-president-de-lequateur-decrete-letat-durgence-1137302|site=Les Echos|consulté le=4 octobre 2019}}</ref>.
 
La [[confédérationConfédération des nationalités indigènes de l'Équateur]], ainsi que troisplusieurs autres organisationssyndicats, ont appeléappellent le {{date|2|10|2019}} à la grève. Les manifestants indigènes demandent aussi la fin des concessions minières ou encore la défense de l’[[agriculture]] familiale. « Cette explosion sociale est liée à la déflation des produits agricoles ces deux dernières années. La baisse des prix des aliments affecte les conditions de vie des communautés indigènes, surtout dans la Sierra centrale, qui sont des producteurs pour le marché interne », explique Pablo Iturralde, chercheur au Centre des droits économiques et sociaux (CDES)<ref name=":0">{{Lien web|langue=fr|auteur1=Angèle Savino|titre=Crise en Équateur : le printemps des bourdons|url=https://francais.rt.com/opinions/67151-crise-equateur-printemps-des-bourdons|site=RT|périodique=|date=2019-10-22refsou}}</ref>.
 
Le pays entier a été paralysé. Au vu des incidents dans [[Quito]], lale capitaleprésident aet étéson déplacéegouvernement lese réfugient {{date|8|10|2019}} à [[Guayaquil]], réputée plus conservatrice. La maire de la ville a fait fermer le pont donnant accès à celle-ci pour interdire le passage aux manifestants. Les autorités ont affirmé que le parti de la Révolution citoyenne de [[Rafael Correa]] instrumentalisait les manifestations, allant jusqu’à affirmer que la guérilla colombienne des [[FARC]] était infiltrée parmi les manifestants. « Pas le moindre doute, explique ainsi le président Moreno, le fou [Rafael Correa] pilote tout ceci à partir du Venezuela car il sait bien qu’il est dans le viseur de la justice<ref name=":3">{{Lien web|langue=fr|auteur1=|nom1=|prénom1=|titre=« L’Équateur, un pays détruit en deux ans »|url=https://www.monde-diplomatique.fr/2019/11/CORREA/60918|site=Le Monde diplomatique|périodique=|date=2019-11-01|consulté le=}}</ref>. » La ministre de l’Intérieur a aussi affirmé que la couverture des manifestations par la chaine ''RT en espagnol'' attirait son attention : « Nous allons devoir faire la lumière sur beaucoup de choses », a -t'-elle déclaré<ref name=":0"(la />.chaine Lesera décretfinalement quisuspendue devaità supprimerla lesmi subventionsnovembre{{refnec}}). auxLes carburantsmédias fossilesproposant aune couverture favorable des manifestations ont été retiréfermés le(tels {{date|13|10|2019}},que ce''Pichicha quiUniversal'') amais misla finplupart auont mouvementsoutenu contestatairel'action du gouvernement<ref name=":3" />.
 
Le gouvernement a instauré l’[[État d'urgence|état d’urgence]]<ref>{{Lien web |titre=Le président de l'Equateur décrète l'état d'urgence |url=https://www.lesechos.fr/monde/ameriques/le-president-de-lequateur-decrete-letat-durgence-1137302 |site=Les Echos |consulté le=4 octobre 2019}}</ref>, qui lève diverses garanties constitutionnelles et autorise les forces armées à réprimer les mobilisations. Un couvre-feu a également été imposé à Quito. Le ministre de la Défense, Oswaldo Jarrín, a déclaré : « Les actes criminels ou terroristes seront réprimés par la force. (…) Que nul n’oublie que les forces armées peuvent se prévaloir d’une expérience concrète de la guerre<ref name=":3" />. »
 
La répression contre les manifestants, dans ce pays traditionnellement pacifique, a choqué. Le mouvement indigène a rencontré une solidarité inattendue dans les villes. À Quito, plusieurs universités et un grand nombre d’habitants ont hébergé les milliers de marcheurs venus des campagnes. Cependant, les réseaux sociaux ont été inondés de commentaires racistes, tandis que l’ex-maire de Guayaquil [[Jaime Nebot]], pressenti pour être le candidat à la présidence pour le [[Parti social-chrétien (Équateur)|Parti social-chrétien]] (droite), a affirmé pendant les mobilisations qu’il « recommandait » aux Amérindiens de retourner dans leurs montagnes<ref name=":1">{{Lien web|langue=fr|titre=Equateur : Cayambe, foyer d’indignation indigène|url=https://www.liberation.fr/planete/2019/10/29/equateur-cayambe-foyer-d-indignation-indigene_1760485|site=Libération.fr|date=2019-10-29|consulté le=2019-11-03}}</ref>.
 
== Conséquences ==
Le président a défendu au cours des premiers jours sa réforme, qu'il qualifie de « courageuse », et réaffirmer son intention d'en finir avec des subventions qui constitueraient une « incitation à la flemmardise »''.'' Le décret a finalement été retiré le {{date|13|10|2019}}, ce qui a mis fin au mouvement contestataire<ref name=":3" />.
 
10 morts, plus de 1 300 blessés et près de 2 000 arrestations sont recensés. Les proches de l'ex-président [[Rafael Correa]] sont également visés par la répression : un député, une gouverneure et une ex-maire membres de son mouvement sont arrêtés, accusés de conspiration<ref name=":1" />. Quatre autres députés se sont réfugiés à l’ambassade du [[Mexique]] pour demander l’asile, dont [[Gabriela Rivadeneira]], l'ancienne présidente de l'Assemblée nationale<ref name=":3" />.
 
La [[Confédération des nationalités indigènes de l'Équateur]] (Conaie), fer de lance des manifestations, réunit un « Parlement populaire de peuples et d’organisations sociales » afin de remettre « des propositions économiques pensées pour le pays »<ref name=":1" />.
 
== Contexte ==
=== Équateur ===
En 2019, l’Équateur a déjà connu des [[Manifestations des étudiants en médecine en Équateur de 2019|manifestations d'étudiants en médecine]], du 1er{{date-|1 mai}} au {{date-|7 septembre}}, pour protester contre une réduction de leurs bourses d'études décidée par les ministères de la Santé et du Travail. Le gouvernement a accepté de ne pas réduire leurs bourses le {{date-|4 septembre}}.
 
=== International ===
Les manifestations équatoriennes se produisent dans un contexte plus général d’essors des manifestations d'ampleur à l'échelle internationale depuis la fin de l’année 2018.
 
En [[Amérique latine]], elles ont lieu deux mois après une [[Manifestations féministes de 2019 à Mexico|contestation féministe au Mexique]] et sensiblement en même temps que des manifestations [[Manifestations chiliennes de 2019|au Chili]] (en réaction aux inégalités socio-économiques), [[ÉlectionsCrise généralespost-électorale boliviennesbolivienne de 2019#Crise politique|en Bolivie]] (à la suite de la réélection contestée d’[[Evo Morales]]), [[Manifestations de 2019 au Honduras|au Honduras]], [[Manifestations de 2019 en Colombie|en Colombie]] et qu’un mouvement de moindre ampleur en [[Argentine]] (contre la politique économique et sociale du gouvernement)<ref name=":0">{{Lien web|langue=français|auteur1=Anthony Bellanger|titre="Sois comme l'eau", jeune manifestant du monde|url=https://www.franceinter.fr/emissions/geopolitique/geopolitique-22-octobre-2019|site=franceinter.fr|périodique=|date=22 octobre 2019|consulté le={{safesubst:Aujourd'hui}}}}</ref>. Au-delà du continent américain, des manifestations se déroulent [[manifestations libanaises de 2019|au Liban]], [[manifestations irakiennes de 2019|en Irak]], [[Manifestations de 2019 à Hong Kong|à Hong Kong]], [[Hirak (Algérie)|en Algérie]], en [[Indonésie]], alors qu'une [[révolution soudanaise|révolution]] a fait chuter le régime du [[Soudan]] en {{date-|avril 201910-28}}. Des manifestations relativement modestes mais inattendues ont également eu lieu à Moscou et au Caire<ref name=":0" />. Le [[mouvement des Gilets jaunes]] a [[Mouvement des Gilets jaunes dans le monde|secoué plusieurs pays]] fin 2018 et début 2019, principalement la [[Mouvement des Gilets jaunes|France]]<ref name=":0" />. L'on peut ajouter que des [[Manifestations en Catalogne de 2019|émeutes puis manifestations]] éclateront en [[Catalogne]] le lendemain de la fin des manifestations en Équateur.
 
Le {{date-|24 octobre}}, [[Luis Almagro]], secrétaire général de l'[[Organisation des États américains]], dénonce le rôle supposé de Cuba et du Venezuela dans la vague de « déstabilisations » que connaissent l’Équateur, la Colombie et le Chili : « Les brises du régime bolivarien impulsées par le madurisme et le régime cubain portent de la violence, des saccages, de la destruction, et l’intention politique d’attaquer directement le système démocratique et de forcer l’interruption des mandats constitutionnels. » Cinq jours plus tard, il félicite le président Lenín Moreno pour la façon dont il a affronté le mouvement social<ref>{{Lien web|langue=fr|auteur1=|nom1=|prénom1=|titre=La longue campagne du « Tout sauf Evo »|url=http://www.medelu.org/La-longue-campagne-du-Tout-sauf-Evo|site=Medelu|périodique=|date=2019-11-10|consulté le=}}</ref>.
Bien qu’ayant des revendications variables, ces manifestations ont pour point commun de démarrer sur des épiphénomènes (la hausse du prix de l'essence en Équateur ou en France, ou celle du prix du ticket du [[métro de Santiago]] au Chili), pour aboutir sur des dénonciations plus larges des inégalités socio-économiques<ref name=":0" />.
 
Les dirigeants conservateurs de l’[[Argentine]] ([[Mauricio Macri]]), du [[Brésil]] ([[Jair Bolsonaro]]), de la [[Colombie]] ([[Iván Duque]]), du [[Salvador]] ([[Nayib Bukele]]), du [[Guatemala]] ([[Alejandro Giammattei]]), du [[Pérou]] ([[Martín Vizcarra]]) et du [[Paraguay]] ([[Mario Abdo]]) apportent leur soutien à Lenin Moreno dans une déclaration conjointe, exprimant leur rejet de « toute tentative de déstabilisation des régimes démocratiques légitimement constitués ». Le président autoproclamé du [[Venezuela]], [[Juan Guaidó]], fait de meme, ajoutant : « Nous sommes en train d’essayer de localiser Rafael Correa, au cas où il serait encore au Venezuela<ref>{{Article |titre=Équateur. Le félon, le socialiste, le banquier et.. |périodique=América Latina en Movimiento |date=22/03/2021 |lire en ligne=https://www.alainet.org/fr/articulo/211489 }}</ref>. »
== Chronologie ==
[[Lenin Moreno]] a présenté le {{date|1|10|2019}} un accord avec le [[Fonds monétaire international]]. Des contreparties incluent la réduction de 20 % les salaires des contractuels dans le secteur public, la suppression de 15 des 30 jours de congés payés annuels des fonctionnaires et l'obligation pour eux de travailler un jour par mois sans rémunération. Les prix du carburant sont augmentés de près de 125 %, alors que les impôts sur la sortie des capitaux du territoire sont diminués, une mesure bénéficiant essentiellement aux plus riches<ref>{{Article |titre=Équateur. Face à la révolte sociale, le président Moreno décrète l’état d’exception |périodique=L'Humanité |date=7 octobre 2019 |lire en ligne=https://www.humanite.fr/equateur-face-la-revolte-sociale-le-president-moreno-decrete-letat-dexception-678189 |pages= }}</ref>{{,}}<ref name=":22">{{Article |titre=Comment expliquer l'embrasement social en Equateur ? |périodique=Les Inrockuptibles |date=9 octobre 2019 |lire en ligne=https://www.lesinrocks.com/2019/10/09/actualite/monde/comment-expliquer-lembrasement-social-en-equateur/ }}</ref>. En réaction aux grèves et manifestations qui s'ensuivent — les plus importantes depuis une vingtaine d'années — le pouvoir décide d'instaurer l'état d'urgence et un couvre-feu pour une durée d'au moins 30 jours<ref>{{Lien web|titre=Le président de l'Equateur décrète l'état d'urgence|url=https://www.lesechos.fr/monde/ameriques/le-president-de-lequateur-decrete-letat-durgence-1137302|site=Les Echos|consulté le=4 octobre 2019}}</ref>.
 
La [[confédération des nationalités indigènes de l'Équateur]], ainsi que trois autres organisations, ont appelé le {{date|2|10|2019}} à la grève. Les manifestants indigènes demandent aussi la fin des concessions minières ou encore la défense de l’[[agriculture]] familiale. « Cette explosion sociale est liée à la déflation des produits agricoles ces deux dernières années. La baisse des prix des aliments affecte les conditions de vie des communautés indigènes, surtout dans la Sierra centrale, qui sont des producteurs pour le marché interne », explique Pablo Iturralde, chercheur au Centre des droits économiques et sociaux (CDES)<ref name=":0">{{Lien web|langue=fr|auteur1=Angèle Savino|titre=Crise en Équateur : le printemps des bourdons|url=https://francais.rt.com/opinions/67151-crise-equateur-printemps-des-bourdons|site=RT|périodique=|date=2019-10-22}}</ref>.
 
Le pays entier a été paralysé. Au vu des incidents dans [[Quito]], la capitale a été déplacée le {{date|8|10|2019}} à [[Guayaquil]]. Les autorités ont affirmé que le parti de la Révolution citoyenne de [[Rafael Correa]] instrumentalisait les manifestations, allant jusqu’à affirmer que la guérilla colombienne des [[FARC]] était infiltrée parmi les manifestants. La ministre de l’Intérieur a aussi affirmé que la couverture des manifestations par la chaine RT en espagnol attirait son attention : « Nous allons devoir faire la lumière sur beaucoup de choses », a t'elle déclaré<ref name=":0" />. Le décret qui devait supprimer les subventions aux carburants fossiles a été retiré le {{date|13|10|2019}}, ce qui a mis fin au mouvement contestataire.
 
== Conséquences ==
Il y a eu 8 morts, {{formatnum:1340}} blessés, {{formatnum:1192}} personnes arrêtées, et les pertes financières liées à l'ensemble de l'évènement serait de l'ordre de 1,5 milliard de dollars<ref>[https://www.liberation.fr/depeches/2019/10/15/bilan-de-la-crise-en-equateur-8-morts-1340-blesses_1757641 Bilan de la crise en Equateur: 8 morts, 1.340 blessés ], Libération, 15 octobre 2019</ref>.
 
== Notes et références ==
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=== Références ===
{{references}}
 
== Voir aussi ==
* [[Manifestations de 2022 en Équateur]]
 
{{portail|Équateur|politique|années 2010}}
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[[Catégorie:Politique en Équateur]]
[[Catégorie:2019 en Équateur]]
[[Catégorie:Octobre 2019]]