« Nirvana (monde indien) » : différence entre les versions

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{{Voir homonymes|Nirvana}}
Le '''Nirvananirvana'''<ref>Le ''[[Rapport de 1990 sur les rectifications orthographiques]]'' (voir [[s:Rapport de 1990 sur les rectifications orthographiquesRapport_de_1990_sur_les_rectifications_orthographiques#IV.7. Emprunts.E2.80.89_Emprunts_: francisation de la graphie_francisation_de_la_graphie|§ IV.7]]) préconise d'écrire simplement '''nirvana'''.</ref> ([[sanskrit]] [[IAST]] : '''Nirvāṇanirvāṇa''' ; [[pali]] : '''Nibbānanibbāna''') est un concept philosophique de l'[[hindouisme]], du [[jaïnisme]] et du [[bouddhisme]] qui signifie<ref name=":0">''[[The Sanskrit Heritage Dictionary]]'' de [[Gérard Huet]]</ref> « extinction » (du feu des [[rāga (hindouisme)|passions]], de l'[[avidya|ignorance]]) ou « [[moksha|libération]] » (du [[saṃsāra]], du cycle des [[réincarnation]]s)<ref name=":0">{{Lien web |auteur=Gérard Huet |lien auteur=Gérard Huet |titre=nirvāṇa |url=https://sanskrit.inria.fr/DICO/36.html#nirvaa.na |site=sanskrit.inria.fr |périodique=Sanskrit Heritage Dictionary |consulté le=2024-01-06}}</ref>.
 
'''Nirvana'''<ref>Le ''[[Rapport de 1990 sur les rectifications orthographiques]]'' (voir [[s:Rapport de 1990 sur les rectifications orthographiques#IV.7. Emprunts.E2.80.89: francisation de la graphie|§ IV.7]]) préconise d'écrire simplement '''nirvana'''.</ref> ([[sanskrit]] [[IAST]] : '''Nirvāṇa''' ; [[pali]] : '''Nibbāna''') est un concept philosophique de l'[[hindouisme]], du [[jaïnisme]] et du [[bouddhisme]] qui signifie<ref name=":0">''[[The Sanskrit Heritage Dictionary]]'' de [[Gérard Huet]]</ref> « extinction » (du feu des [[rāga (hindouisme)|passions]], de l'[[avidya|ignorance]]) ou « [[moksha|libération]] » (du [[saṃsāra]], du cycle des [[réincarnation]]s).
 
== Étymologie ==
Du [[sanskrit]] ([[devanāgarī]] : निर्वाण)<ref name=":0" />, [[calque (linguistique)|calque]] du [[pâli|pali]] ''Nibbāna'' (निब्बान) qui signifie « extinction » d'une flamme ou d'une fièvre, étymologiquement « ex-spiration<ref>De:[http://sanskrit.inria.fr/DICO/36.html#nis Nir-] [http://sanskrit.inria.fr/DICO/58.html#vaaf2 Vā-, Vāta].</ref> »
, et par extension « apaisement » puis « libération ». Ce mot est devenu, en [[langue chinoise|chinois]] 涅槃 ''nièpán'', en vietnamien ''niết-bàn'', en [[japonais]] 涅槃 ''nehan'', en [[coréen]] 열반 ''yolban'', en [[tibétain]] ''myang-ʼdas'' ou ''myan-ngan ʼdas-pa'' (litt. : ''passer au-delà la souffrance''), en [[thaï]] นิพพาน ''nípphaan'' et en [[khmer]] និព្វាន​និព្វាន ''nipean''.
 
== Acception dans le bouddhisme ==
{{article connexe|Parinivana|Satori|Bodhi|Éveil spirituel}}
[[Fichier:Gautama Buddha gains nirvana.jpg|vignette|Peinture murale traditionnelle [[Cambodgiens|khmère]] représentant le Bouddha entré dans le [[Parinirvana|parinirvâna]]. [[Wat Botum|Wat Botum Vathey]], [[Phnom Penh]], [[Cambodge]].]]
Dans son acception [[bouddhisme|bouddhique]], qui est la plus commune aujourd'hui, ce terme désigne la finalité de la pratique bouddhique, l'Éveil (''[[bodhi]]''). Il est au-delà de toute description et ne peut être défini que négativement comme la fin de l'ignorance, facteur essentiel de la [[coproduction conditionnée]], et des [[trsna|trois soifs]] : désir des sens (kāma-taṇhā), désir d'existence ou vouloir-vivre (bhava-taṇhā) et désir d'annihilation (vibhava-taṇhā). Le nirvāṇa est une forme d'achèvement qui peut être comparé, selon les textes, à l'extinction d'une flamme ([[individualité]] ou sens du [[soi]]) : de même qu'on ne peut définir un feu qui ne brûle pas, on ne peut définir une personne qui a « exsufflé » les agrégats d'existence (désirs, volitions, conceptions erronées) qui entraînent une personne non éveillée de renaissance en renaissance.
 
Une définition moins négative est celle d'une paix intérieure totale et permanente, provenant du [[Détachement (philosophie)|détachement]]. L'acquisition de cet « état » (qui est défini comme un « non-état ») est réputée possible pendant la vie, ou, éventuellement, lors de la mort. L'idée assez vulgarisée dans le public du nirvāṇa comme d'un « [[paradis]] » où l'on continuerait à exister après la mort est contradictoire avec la thèse bouddhiste du non-soi et de la [[vacuité]] des phénomènes et de l'Absolu. On ne peut donc ni y « entrer » ni y « rester ». Le nirvāṇa n'est pas non plus la mort, mais plutôt la fin de la croyance en un ego autonome et permanent.
 
Des termes proches sont : éveil, extinction, libération, illumination, délivrance, vacuité absolue, paix suprême, réalité ultime. Selon [[Philippe Cornu]] : {{cita|On ne confondra pas ''nirvâna'' et Éveil, même si ces notions sont intimement liées. Le ''nirvâna'' a un rapport direct avec la libération de la souffrance et des conditionnements, tandis que l'Éveil est un phénomène de nature cognitive qui implique la manifestation pleine et entière de la [[sagesse]], c'est-à-dire de la [[connaissance]] directe et non conceptuelle de la [[Réalité]] telle qu'elle est<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Philippe Cornu]]|titre=Le bouddhisme, une philosophie du bonheur ?|sous-titre=douze questions sur la voie du Bouddha|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions Points]]|date=2018-03-08|pages totales=313|passage=65|isbn=978-2-7578-7060-0|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=XCrCswEACAAJ|consulté le=2020-08-12}}</ref>.}}
Des termes proches sont : éveil, extinction, libération, illumination, délivrance, vacuité absolue, paix suprême, réalité ultime.
 
Selon [[Buddhadasa]] : {{Citation|Nibbana n’a absolument rien à voir avec la mort. Le mot « Nibbana » signifie « fraîcheur ». Autrefois, lorsque ce n’était qu’un mot ordinaire du langage de tous les jours, il voulait déjà dire « fraîcheur ». Quand il est employé dans la langue du Dhamma, dans un contexte religieux, il signifie encore « fraîcheur », mais en référence au refroidissement ou à l’extinction des brûlures provoquées par les ''[[kilesa]]'' (les réactions émotionnelles) alors que, dans le langage usuel, il signifie le refroidissement de la brûlure d’un feu sur le plan physique<ref>{{Lien web | auteur = Buddhadasa Bhikkhu | titre = Nibbana pour tous | jour = | mois = | année = | url = http://www.dhammadelaforet.org/sommaire/bb/nibbana_pour_tous.html | site = www.dhammadelaforet.org | consulté le = 19 août 2016}}</ref>.}}
 
Pour le [[bouddhisme hīnayāna]], le nirvāṇa est « l'autre rive », qui « existe » par opposition au cycle du devenir, le [[saṃsāra]], alors que pour le [[bouddhisme mahāyāna]] nirvāṇa et saṃsāra sont ultimement identiques, de par la [[non-dualité]] de la nature des choses.
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* apratiṣṭhita-nirvāṇa : nirvāṇa « non fixé », celui des [[bodhisattva]]s qui ne demeurent ni dans le [[samsâra]] ni dans le nirvāṇa, pour le bien des êtres sensibles.
 
[[Nāgārjuna]] dans les ''[[Mulamadhyamakakarika|Stances de la Voie du Milieu par Excellence]]'', souligne que « {{cita|le ''nirvana'' n'est rien d'autre que la réalité commune, vue sous un autre angle. »<ref>[[Roger-Pol Pol-Droit]], ''Les Héros de la sagesse'', Flammarion, 2012, p. 65</ref>}} et on lit dans ''La Grande Concentration et Pénétration'' du [[Zhiyi|Grand Maître Tiantai]] : {{citation|Les désirs terrestres sont l’illumination ; les souffrances de la naissance et de la mort sont le nirvana.}}<ref>{{lien web|langue=fr|auteur=Nichiren|titre=Les Écrits de Nichiren|chapitre=126, L’obtention de nouveaux fiefs|passage=957|url=https://www.nichirenlibrary.org/fr/wnd-1/Content/126#para-8|site=nichirenlibrary.org|consulté le=2021-07-20}}</ref> par la pratique du [[Daimoku]].
 
Voir aussi '''[[parinivana]]''', '''[[Satori]]'''.
 
== Acception dans l'hindouisme ==
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== Dans le jaïnisme ==
Comme pour l'hindouisme, le terme '''nirvana''' est utilisé généralement dans le [[jaïnisme]] en synonyme du mot [[moksha]] qui peut se traduire par : illumination, éveil, libération. Ce stade, cet état est atteint lorsque l'individu a détruit tout son [[karma]], tout son attachement au monde terrestre et ses conséquences. La libération dans la théorie jaïne ne peut être gagnée que lorsque la mort du corps physique arrive ; il est à noter que pour le courant [[digambara]], seuls les hommes peuvent y parvenir. Ces théories ne doivent pas faire oublier que le jeûne, la [[méditation]] sont les voies du salut, qu'il faut suivre en respectant les [[Mahavrata]]s : les vœux du jaïnisme, et les [[Trois Joyaux]]<ref>''The A to Z of Jainism'' de Kristi L. Wiley édité par Vision Books, pages 156 et 146, {{ISBN|8170946816}}</ref>.
 
== Citations ==
* « Il y a un sans-naissance, sans-devenir, sans-création, sans-condition. S'il n'y avait pas ce sans-naissance, sans-devenir, sans-création, sans-condition, on ne pourrait échapper au né, devenu, créé, conditionné. Mais puisqu'il y a un sans-naissance, sans-devenir, sans-création, sans-condition, on peut échapper au né, devenu, créé, conditionné. » ''[[Udana (bouddhisme)|Udana]]'', VIII, 3.
* « Comme une flamme soufflée par un vent puissant va en repos et ne peut être définie, ainsi le sage qui est libéré du corps et de l'esprit (''nāmakāyā'') va en repos et ne peut être défini. Pour lui, il n'y a plus de mesure qui permette de le décrire. Quand toute chose (dharma) a disparu, tous les signes de reconnaissance ont aussi disparu. » ''Sutta Nipāta''
* « Là où il n'y a rien, où rien ne peut être saisi, c'est l'Ile ultime. Je l'appelle ''nirvāṇa'' : extinction complète de la vieillesse et de la mort. » (''Sutta Nipāta'', 1093-1094)
* « Le nibbana est la cessation du devenir. » ''(bhava nirodho nibbanam)'' ([[Samyutta Nikāya|Samyutta Nikaya]] 12, 68)
* « Le nibbana est le bonheur suprême. » ''(nibbana paramam sukham)'' ([[Dhammapada]], 204)
* « Le nirvāṇa est la quiétude de l'océan lorsque le petit enfant s'y noie. » (Tetsuo)
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== Sens populaire ==
Dans le langage familier, ''nirvāṇanirvana'' désigne un « bonheur suprême », un plaisir des sens atteint notamment par la [[sexualité]], des objets ou des situations hautement agréables. Il s'agit alors d'un sens dévoyé, à peu près synonyme de plaisir intense, assez éloigné de la notion originelle de paix intérieure''nirvāṇa''.
 
== En psychanalyse ==
{{sources secondaires|date=juin 2020}}
Le [[principe de nirvana]] est un concept psychanalytique de la tendance au néant, ce qui ne correspond pas au terme '''nirvāṇa''' bouddhiste, mais plutôt à [[tṛṣna|vibhavatṛṣna]] qui est la soif de non-existence. Néanmoins l’état de Nirvana des bouddhistes se situe à un niveau très supérieur à l’état de Nirvana décrit par Freud, qui signifie plutôt une absence de tensions grâce à la satisfaction complète et temporaire des pulsions affectives, sexuelles et physiologiques<ref> [[Sigmund Freud]], ''Au-delà du principe de plaisir'' (1920), Paris, Payot, coll. "Petite Bibliothèque Payot", 2010 {{ISBN|2-228-90553-4}}</ref>.
 
== Notes et références ==
* François Chenet (dir.), ''Cahier Nirvana'', Éditions de l'Herne, Cahiers de l'Herne, {{numéro}}63, Paris, 1993, 370 p. {{ISBN| 9782851970749}}
 
{{Références}}
 
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* [[Jainisme]]
* [[Salut (théologie)]]
 
=== Bibliographie ===
* François Chenet (dir.), ''Cahier Nirvana'', Éditions de [[l'Herne]], Cahiers de l'Herne, {{numéro}}63, Paris, 1993, 370 p. {{ISBN| 9782851970749}}
 
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