« Charles Robert Cockerell » : différence entre les versions

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{{Voir homonymes|Cockerell}}
{{Infobox Biographie2
[[Fichier:Charles Robert Cockerell.jpg|thumb|Charles Robert Cockerell<br />Portrait par [[Dominique Ingres]] (1817).]]
|image=Charles Robert Cockerell.jpg
[[Fichier:Charles Robert Cockerell.jpg|thumb|légende=Charles Robert Cockerell<br />Portrait par [[Dominique Ingres]] (1817).]]
}}
 
'''Charles Robert Cockerell''', né le {{date|27|avril|1788}} à [[Londres]], mort en [[1863]], est un [[architecte]] [[Royaume-Uni|britannique]].
 
Fils d'un riche architecte, il entra très tôt en apprentissage chez son père puis chez [[Robert Smirke (architecte)|Robert Smirke]]. Il effectua un long « [[Grand Tour]] » de plus de sept ans qui le mena en [[Grèce]]. Il participa à la découverte des sculptures du [[temple d'Aphaïa]] sur l'île d'[[Égine]] ainsi qu'à celle de la frise du [[temple d'Apollon à Bassae]]. Il découvrit l'[[entasis]] des colonnes (rattrapage architectural de l'illusion d'optique faisant qu'elles semblent bombées) ainsi que la polychromie sur ce même temple et confirma sa découverte sur le [[Parthénon]] et l'[[Érechthéion]]. Il établit ainsi sa réputation d'architecte dans un Royaume-Uni alors porté au ''[[Greek Revival]]''.
 
Outre divers bâtiments privés, il réalisa le {{Lien|National [[Monument, Edinburgh|texte=Scottishnational National Monument}}d'Écosse]] à Edimbourg[[Édimbourg]] ainsi que l'[[Ashmolean Museum]] à [[Oxford]] et le [[Fitzwilliam Museum]] à [[Cambridge]]. Il ne sut cependant pas s'adapter à la nouvelle mode du [[Style néogothique|Gothic Revival]], ce qui lui fit perdre de nombreux concours.
 
== Biographie ==
=== Enfance et formation ===
Charles Robert Cockerell était le troisième des onze enfants de [[Samuel Pepys Cockerell]] (1753–1827) et de son épouse Anne Whetham. Son père, architecte, était le concepteur de [[Sezincote House]], qui servit de modèle au [[Royal Pavilion]] de [[Brighton]]. Il avait fait fortune en acceptant toutes les commissions<ref name="DNB">{{harvsp|Watkin|2007}}</ref>{{,}}<ref name="Watkin3">{{harvsp|Watkin|1974|p=3-5}}</ref>. Par son père, Charles Robert Cockerell était l'arrière-arrière-petit-neveu de [[Samuel Pepys]]<ref>Pepys, n'ayant pas eu de postérité, a légué l'ensemble de ses biens à l'un de ses neveux, John Jackson (mort en 1724). Celui-ci est le fils d'une sœur de Pepys, Paulina (1640-1689), et de son mari, John Jackson (mort en 1680) Cf. [http://www.pepysdiary.com/encyclopedia/7390/ Généalogie des Pepys-Cockerell]. Le neveu et héritier de Pepys, John Jackson, et son épouse Anne ont eu plusieurs enfants, dont une fille, Frances (1722-1769), qui a épousé John Cockerell (1714-1767). De ce mariage sont issus les trois frères Cockerell : John, Charles et Samuel Pepys Cockerell.</ref>.
 
Il commença ses études dans une école privée de [[Islington (district londonien)|Finsbury]] avant d'aller à la [[Westminster School]] (1802-1804). Il n'y resta que deux ans et entra en apprentissage chez son père à seize ans. Il y resta quatre ou cinq ans avant de passer chez [[Robert Smirke (architecte)|Robert Smirke]], le grand architecte du ''[[Greek Revival]]''. Il participa à l'élaboration du deuxième bâtiment du [[Royal Opera House]] (aujourd'hui disparu), premier portique en dorique [[Greek Revival]] de Londres<ref name="DNB" />{{,}}<ref name="Watkin3" />.
 
=== Grand Tour et découvertes archéologiques ===
Afin de lui permettre de se perfectionner, son père finança un voyage culturel à travers l'ouest de l'[[Angleterre]] et le [[Pays de Galles]] en [[1808]]. Il lui offrit aussi deux ans plus tard un « [[Grand Tour]] » à travers l'Europe dans le même but. L'idée était de lui faire acquérir une connaissance de première main de l'architecture ancienne pour en faire le chef de file du mouvement architectural ''Greek revival''. C. R. Cockerell voulait aller vérifier sur place les principes architecturaux grecs transmis par [[Vitruve]], dans tous les aspects de la construction et de l'ornementation. Le voyage devait durer trois ans, il se prolongea quatre ans de plus. Il partit après l'achèvement du ''Royal Opera House''<ref name="DNB" />{{,}}<ref name="Watkin3" />{{,}}<ref>{{harvsp|Watkin|1974|p=5 et 8}}</ref>.
 
Ne pouvant se rendre en Europe occidentale à cause des [[guerres napoléoniennes]], il se rendit directement dans l'[[Empire ottoman]]. Il séjourna surtout en [[Grèce]] (1810-1815). Là, il fondarejoint la société des ''[[Xénéion]]'' avec l'Anglais [[John Foster]] (un architecte de [[Liverpool]]), lesdes Allemands [[Karl Haller von Hallerstein]] (architecte du roi de [[Bavière]]) et [[Jacob Linckh]] (du [[Wurtemberg]]) et ledu peintre et baron livonien (ou aussi estonien) [[Otto Magnus von Stackelberg]]. Se joignirent à eux ensuite l'archéologue danois [[Peter Olaf Brönsted]] et [[Georg Christian Gropius]]<ref name="DNB" />{{,}}<ref>Roland et Françoise Étienne, p. 75.</ref>.
 
En avril [[1811]], Cockerell, Hallerstein, Linckh et Foster passèrent vingt jours sur l'île d'[[Égine]] pour étudier ce qui était alors appelé le temple de Jupiter Panhellenios (le [[temple d'Aphaïa]]). Dès le deuxième jour, ils firent la découverte de seize statues en marbre, datant d'une période de l'art grec jusque -là inconnue : la transition entre la période archaïque et la période classique. Il négocia avec les Éginètes et acheta les marbres £40 (soit 800 piastres). Il amena la collection en secret à Athènes. Il proposa aux Allemands de racheter leurs parts pour £{{formatnum:2000}}. Les statues furent vendues aux enchères à [[Zante]] (Gropius y était consul pour l'[[Empire d'Autriche|Autriche]]) le premier novembre 1812. La [[Bavière]] les acheta {{formatnum:130000}} piastres (£{{formatnum:6500}})<ref name="DNB" />{{,}}<ref>{{harvsp|Watkin|1974|p=9}}</ref>.
 
En août 1811, C. R. Cockerell se rendit avec les Xénéion au [[Temple d'Apollon Epicourios de Bassae|temple d'Apollon à Bassae]]. Là, il en découvrit la frise. Il organisa avec ses compagnons une campagne de fouilles sur le site qui se déroula en 1812, alors qu'il se trouvait en Sicile<ref>Frederick A. Cooper, ''The Temple of Apollo Bassitas I: The Architecture'', pp 12-15</ref>. La frise fut revendue aux enchères une fortune au gouvernement britannique ({{formatnum:60000}} $) et se trouve maintenant au [[British Museum]]<ref name="DNB" />.
 
On lui doit aussi la découverte de l'[[entasis]] des colonnes (rattrapage architectural de l'illusion d'optique faisant qu'elles semblent bombéesconcaves). Il observa le phénomène sur le [[Parthénon]], l'[[Érechthéion]] et surtout sur le [[temple d'Athéna Aphaia]] à [[Égine]]. On lui doit aussi la découverte de la polychromie des temples qu'il observa à Égine et confirma par l'étude des temples athéniens<ref>{{harvsp|Watkin|1974|p=17}}</ref>. Cependant, ses importantes découvertes furent mal publiées, et trop tard. ''The Temples of Jupiter Panhellenius at Aegina, and of Apollo Epicurios at Bassae.'' ne fut publié qu'en 1860, soit trop tard pour retenir l'attention du public. En 1819, il exposa à la Royal Academy ''Idea of a Restoration of the Capitol and Forum of Rome.'', en 1820 ''Restoration of the east Front and Pediment of the Parthenon.'', en 1858 ''Study for the Mausoleum of Halicarnassus.'' Il compléta les travaux de [[James Stuart (archéologue)|Stuart]] et [[Nicholas Revett|Revett]] en collaboration avec Wilkins.
 
En 1811-1812, il navigua autour de la [[Méditerranée]] : [[Asie mineure]] et [[Sicile]]. Là, il mesura pendant trois mois le [[Vallée des Temples#Temple de Zeus Olympien (Temple B)|Temple de Zeus Olympien]]. Victime d'une fièvre, il rentra à [[Athènes]]. Rétabli, il visita l'[[Albanie]], le [[Péloponnèse]] et les îles de l'[[Mer Égée|Égée]]. La chute de Napoléon en 1814 lui permit de se rendre en [[Italie]]. Il visita [[Naples]] et [[Pompéi]], passa l'hiver 1815-1816 à [[Rome]] (pendant ce séjour, [[Ingres]] dessina son portrait) avant de passer l'été à [[Florence]] puis [[Milan]]. Il dessina alors son premier projet : un palais en l'honneur de [[Arthur Wellesley de Wellington|Wellington]]<ref name="DNB" />.
 
=== Début de carrière ===
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Le 4 juin 1828, il épousa Anna Rennie (1803-1872), fille de l'ingénieur [[John Rennie]] (qui réalisa le [[Waterloo Bridge]]). Ils eurent 10 enfants<ref name="DNB" />.
 
Il fut Président du Royal Institute of British Architects. Il perdit cependant de nombreux concours pour des bâtiments car il ne sut pas s'adapter au [[Style néogothique|Gothic Revival]], surtout pour les églises. Il perdit par exemple pour les Maisons du Parlement ou pour la [[National Gallery (Londres)|National Gallery]]. De plus, il passa sa vie à critiquer les constructions Greek Revival en Grande-Bretagne (ou en [[France]], comme les [[hôtel des Invalides|Invalides]], [[Église Saint-Sulpice (Paris)|Saint-Sulpice]] ou le [[Panthéon]]), parce qu'il connaissait, lui, l'architecture grecque classique originelle. Il ne se considéra jamais non plus vraiment comme un architecte. Il se considérait comme un artiste. Il avait projeté de rédiger avec Haller une [[histoire de l'art]] antique, mais Haller mourut en 1818 et le projet avorta<ref name="DNB" />.
 
Il obtint en 1845 un Honorary degree of DCL à Oxford. En 1860-1861, il reçut Her Majesty's Gold Medal en tant que Président du Royal Institute of British Architects. Il était aussi Chevalier de la Légion d'Honneur, un des huit associés étrangers de l'[[Académie des beaux-arts (France)|Académie des beaux-arts]] à Paris, membre de l'Académie Saint Luc de Rome, des Académies Royales de Bavière, [[Belgique]], [[Danemark]], des Académies de [[Genève]] et [[Gênes]], de l'American Institute of Architecture<ref name="DNB" />.
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== Réalisations ==
[[Fichier:Fitzwilliam museum cambridge bs.jpg|thumb|Le [[Fitzwilliam Museum|musée Fitzwilliam]] à Cambridge]]
Parmi ses bâtiments publics se trouvent : la Hanover Chapel, en style Greek Revival, sur [[Regent Street]] (1823-1825) (elle fut démolie en 1896) ; la Literary and Philosophical Institution à Bristol, dans laquelle il utilisa ses découvertes architecturales en Grèce ; le [[ScottishMonument Nationalnational Monumentd'Écosse]], copie du [[Parthénon]], au sommet de Carlton[[Calton Hill]] à Édimbourg, dont le but était similaire au Valhalla de Bavière : un mémorial pour les Écossais morts au cours des [[guerres napoléoniennes]] et pour les grands hommes d'Écosse ensuite (début des travaux en 1822, abandonné en 1829, après la construction de seulement 14 colonnes et une [[architrave]]). Il y a surtout l'[[Ashmolean Museum]] et le [[Taylorian Institute]] à Oxford. On lui doit aussi de nombreuses banques et immeubles de compagnies commerciales. Il fut l'architecte du commerce. Il fut enfin l'architecte de l'église anglicane St Andrew à Athènes (1840-1843), cruciforme selon la tradition grecque, mais en granit d'Aberdeen, et dans un austère style primitif anglais<ref name="DNB" />.
 
Il fut chargé de la restructuration du bâtiment du [[Travellers' Club]] (escalier décoré avec des copies des frises du [[Parthénon]] et de Bassae, et un dôme Greek Revival équivalent à celui de Hanover Chapel). Cela lui valut les contrats de restructuration de trois maisons de campagne appartenant à la famille du Hon. Robert Clive, rencontré au Travellers' Club : une fois le dorique délien (colonnes non cannelées, sauf deux petites bandes au sommet et à la base, comme pour le temple hellénistique d'Apollon à Délos), les deux autres fois en s'inspirant de Bassae. Dans le jardin du père de Clive, il construisit une copie de la [[Tour des Vents]]. Il travailla sur deux autres bâtiments privés : Grange Park où il restructura la salle à manger, et où il installa un portique ionique à l'entrée de la serre ; ainsi que son chef-œuvre Greek Revival : Lough Park en Irlande, avec un portique en ionique athénien<ref name="DNB" />.
 
==''Le rêve du professeur''==
[[Fichier:The Professor's Dream (1848).jpeg|vignette|''Le Rêve du professeur'' (1848)]]
Parmi les travaux de Cockerell, une place à part doit être réservée à un grand dessin d'architecture (141 x 199 cm) intitulé ''Le rêve du professeur'' (''The Professor's Dream''), réalisé à la plume, au crayon et au lavis et conservé à la [[Royal Academy of Arts]]<ref>''Les dessins d'architecture du XIXe siècle'', p. 42, d'Annie Jacques, Éditeur Bibliothèque de l'image, 1992.</ref>. Lors de sa première exposition à la Royal Academy en 1849, le dessin fut décrit comme « une juxtaposition des monuments les plus importants des temps anciens et modernes »<ref>''La peinture fantastique'', commentaire de l'œuvre reproduite p. 42, S.A.C.E.L.P., 1986, Paris {{ISBN|2-903857-17-2}}.</ref>. Inspiré de ses voyages en Italie, en Grèce et au Proche Orient, cette fiction architecturale réunieréunit sur la même image, la [[Basilique Saint-Pierre de Rome]], la [[Basilique San Lorenzo de Florence]], la [[Cathédrale Saint-Paul de Londres]], des cathédrales gothiques, des monuments égyptiens (pyramides) et des temples grecs et romains. La réunion et l'accumulation de toutes ces constructions d'époques, de lieux et de styles différents, lui confère une impression d'étrangeté confinant au fantastique.
 
== Annexes ==
=== Bibliographie ===
* {{fr}} Roland et Françoise Étienne, ''La Grèce antique, archéologie d'une découverte.'', Gallimard, Paris, coll. « [[Découvertes Gallimard,]] / Archéologie » ([[Liste des volumes de « Découvertes Gallimard, Paris» (1re partie)|{{n°|84}}]]), 1990.
{{Autorité | type = personne | VIAF = 88781533 | BNF = 11976807c | SUDOC = 027804844 | WORLDCATID = lccn-n-89-604800}}
* {{fr}} Roland et Françoise Étienne, ''La Grèce antique, archéologie d'une découverte.'', Découvertes Gallimard, Gallimard, Paris, 1990.
* {{Ouvrage|langue=en|prénom1=David|nom1=Watkin|titre=Life and Work of C.R Cockerell |sous-titre=|numéro d'édition=|éditeur=A. Zwemmer Ltd|lieu=Londres|année=1974|volume=|tome=|pages totales=|passage=|isbn=|lire en ligne=|consulté le=}}
* {{Article| langue =en | prénom1 =David | nom1 =Watkin| titre = Cockerell, Charles Robert (1788–1863)| périodique = Oxford Dictionary of National Biography| lien périodique =Dictionary of National Biography |mois=octobre| année = 2007 | url texte =http://www.oxforddnb.com/view/article//5781 | consulté le =23 août 2011}}
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{{Références}}
 
=== Liens externes ===
{{Liens}}
{{Palette|Associés étrangers de l'Académie des beaux-arts}}
{{Portail|architecture et urbanisme|Royaume-Uni|archéologie}}
 
{{DEFAULTSORT:Cockerell, Charles}}
 
[[Catégorie:Architecte anglais]]
[[Catégorie:Archéologue britannique du XIXe siècle]]
[[Catégorie:Voyageur du XIXe siècle]]
[[Catégorie:Naissance en avril 1788]]
[[Catégorie:Naissance à Londres au XVIIIe siècle]]
[[Catégorie:Décès en septembre 1863]]
[[Catégorie:Décès à 75 ans]]