« Fétichisme » : différence entre les versions

▲Le '''fétichisme''' désigne, au sens propre, l'[[adoration]] des fétiches. Le terme provient [[étymologique]]ment<ref name="assoun"/> de ''feitiço'' ({{citation|artificiel}} puis {{citation|sortilège}} par extension), nom donné par les [[Portugais]] aux objets du culte des populations d'Afrique durant leur colonisation d'une partie du continent, terme lui-même dérivé du [[latin]] ''facticius'' ({{citation|destin}}). Dès le {{XVIIIe siècle}}, cette notion est reprise en [[anthropologie]] puis en [[philosophie]] sur la question de la croyance et de l'objet de la religion<ref name="assoun">{{Ouvrage| langue=fr| auteurs=[[Paul-Laurent Assoun]]| titre=Le Fétichisme| éditeur=PUF| collection=Que sais-je ?| lieu=Paris| année=2002| pages totales=127| isbn=2-13-053043-5}}</ref>. Le terme est employé pour la première fois par le [[Charles de Brosses|Président des Brosses]] en [[1760]] : {{citation|le culte de certains objets terrestres et matériels appelés fétiches... et que pour cette raison j'appellerai fétichisme}}<ref>{{Ouvrage |langue=fr |langue originale=en |prénom1=Brenda B. |nom1=Love |titre=Dictionnaire des fantasmes et perversions |titre original=Encyclopedia of Unusual Sex Practices |éditeur=La Musardine |lieu=Paris |année=2014 |année première édition=1992 |pages totales=571 |passage=205 |isbn=978-2-84271-865-7}}.</ref>.

▲Le terme fétiche est un terme introduit dans l'[[ethnologie]] par [[Charles de Brosses]] entre [[1756]]<ref>C. de Brosses, ''Histoire des navigations aux terres australes'', 1756.</ref> et [[1760]]<ref name=DeBrosses>Ch. de Brosses, ''[https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k106440f Du culte des dieux fétiches], ou Parallèle de l'ancienne religion de l’Égypte avec la religion actuelle de [[Nigritie]]'', 1760, 285 pages.</ref>. De Brosses était aussi politique ([[Président à mortier|président]] du [[parlement de Bourgogne]]), philosophe et [[homme d'affaires]], ce que semble refléter sa vision du fétichisme qu'il définit comme ''forme de religion dans laquelle les objets du culte sont des animaux ou des êtres inanimés que l'on divinise, ainsi transformé en choses douées d'une vertu divine''<ref>{{citation|Je demande que l'on me permette de me ſervir habituellement de [l'expression ''fétichisme''] : & quoique dans ſa ſignification propre, elle ſe rapporte en particulier à la croyance des Négres de l'Afrique, j'avertis d'avance que je compte en faire également uſage en parlant de toute autre nation quelconque, chez qui les objets du culte ſont des animaux, ou des êtres inanimés que l'on diviniſe ; même en parlant quelquefois de certains peuples pour qui les objets de cette eſpèce ſont moins des Dieux proprement dits, que des choſes douées d'une vertu divine, des oracles, des amulettes, & des taliſmans préſervatifs.}} Ch. de Brosses, ''Du culte des dieux fétiches'', [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k106440f/f7.image p.10-11.] </ref>. La notion de fétichisme implique un observateur comparant des croyances ou un culte à d'autres, sans nécessairement adhérer lui-même à l'un ou l'autre. Charles de Brosses utilise une démarche comparative et utilise le présent des nations modernes pour tenter d'éclairer le passé des anciens peuples<ref name="assoun"/>. Il différencie nettement le fétichisme de l'[[idolâtrie]] où l'objet a fonction de représentation et récuse toute faculté symbolisante à l'objet dans le cadre du fétichisme<ref name="assoun"/>. Il s'attache à confronter une religion d'objet (le fétichisme) aux [[Religion de l'Égypte antique|cultes de l'Égypte ancienne]] et aux religions de [[révélation]] voire à toutes autres formes de religion primitives. En 1760, il présente le fétichisme comme un {{citation|culte puéril}} limité à la vénération d'un objet, à une religion non intellectuelle résultant d'un {{Citation|procès (''processus'') purement aveugle, impulsif, affectif}}<ref name=DeBrosses/>, avec des {{citation|passions, des besoins, des craintes mais jamais aucun discernement<ref name=DeBrosses/>.}} À l'inverse, [[David Hume]] considère le fétichisme comme partie prenante du [[polythéisme]], et le connote plus ou moins comme un synonyme d'idolâtrie.