« Histoire de l'URSS sous Staline » : différence entre les versions
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[[Fichier:Isaak Brodsky stalin01.jpg|thumb|Portrait de [[Joseph Staline]] par [[Isaak Brodsky]] ; ce portrait est issu d’une [[commons:File:Soviet censorship with Stalin2.jpg|photographie]] régulièrement [[Censure des images en Union soviétique|retouchée]] par la censure pour en faire disparaître les
L’'''URSS sous Staline''' est un [[État]] souvent présenté comme l'un des principaux exemples de régime [[totalitarisme|totalitaire]], modelé par un dirigeant qui disposait de la totalité des pouvoirs. Entre [[1927]] et [[1929]] [[Joseph Staline]], secrétaire général (ou ''Guensek'') du [[Parti communiste de l'Union soviétique|Parti communiste pan-soviétique des bolcheviks]] depuis 1922, achève de devenir le maître absolu du pays. Cela marque le début d’une transformation brutale et radicale de la société soviétique. En quelques années, le visage de l’[[Union des républiques socialistes soviétiques|URSS]] est profondément changé par la [[Collectivisation en Union soviétique|collectivisation intégrale des terres agricoles]] et par l’[[industrialisation]] « à toute vapeur » agencée par les très ambitieux [[Plan quinquennal|plans quinquennaux]], tandis que Staline devient l'objet d'un [[culte de la personnalité]] omniprésent.
La modernisation économique du pays fut cependant payée par d'énormes exigences de travail le plus souvent imposées (les « normes de productivité ») ou consenties. Des enthousiasmes authentiques coexistèrent avec les pressions, les contraintes ou les résistances au moins passives. Certaines catégories sociales telles que les ''[[apparatchik]]s'', la police politique ([[NKVD]]), les gradés de l'[[Armée rouge|armée]] ou les directeurs d'usines, de [[sovkhoze]]s ou de [[kolkhozes]] regroupés sous le nom de ''[[nomenklatura]]'', ou encore, pour un temps limité, les [[stakhanovisme|stakhanovistes]], bénéficièrent des progrès obtenus. Mais la grande majorité de la population vit dans un climat de privations et d'inégalités qui s'aggravent : dans {{Vague |certaines régions| date = juin 2023}}, les [[Famines soviétiques de 1931-1933|famines]] déciment plusieurs millions de paysans. Dans ces conditions, le rêve de construction de la société {{Citation |juste et sans classes sociales}} ne convainc plus personne à l'intérieur du pays, même s'il séduit encore à l'étranger, dans les pays capitalistes
L'économie soviétique [[Stalinisme|stalinienne]] est marquée par des périodes d'étatisation brutale de l'économie et par des périodes de « détente » vis-à-vis du marché national. Après avoir soutenu au [[Troïka (politique)|pouvoir]] la NEP dans les années 1920, Staline décide d'un « Grand Tournant » à la fin de la décennie et au début des années 1930 à travers la nationalisation forcée des terres, la planification intégrale et la [[dékoulakisation]]. Une timide libéralisation a lieu en 1932 avec l'autorisation pour les kolkhoziens de vendre le surplus de leur production<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Stephen G. WHeatcroft et Robert W. Davies|titre=Crisis and Progress in the Soviet Economy|lieu=Palgrave|éditeur=|année=1994|passage=p. 201-228|
La société civile fut quadrillée, émiettée et laminée selon quatre axes
* la position [[constitution]]nelle ''[[de jure]]'' du [[Parti communiste de l'Union soviétique]] comme « [[parti unique]] et organe dirigeant de l’État soviétique », interdisant ''[[de facto]]'' la constitution d’associations, syndicats ou autres structures sociales indépendantes du pouvoir, et imposant un courant de l’autorité et de légitimité » ([[souveraineté]]), allant du sommet (le [[Présidium du Soviet suprême]]) vers la base (l'appareil du Parti, les institutions, les entreprises, [[soviet]]s locaux, les citoyens)…<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=[[Milovan Djilas]]|titre=The New class|sous-titre=an analysis of the communist system|éditeur=HBJ Book|année=1985|année première édition=1957|passage=37-69|isbn=}}.</ref> ;
* une [[logistique]] policière massive de [[surveillance]] et [[Répression politique|répression]] de la [[société (sciences sociales)|société civile]], articulée autour de la [[police politique]] ([[Tchéka]], [[Guépéou]], [[Ministère de l'Intérieur (Russie)|MVD]], [[NKVD]], [[NKGB]], [[GUGB]], [[KGB]] selon ses diverses dénominations), active par la [[censure]], l’[[Écoute (surveillance)|écoute aléatoire et sans aucun contrôle juridique des conversations téléphoniques]], l’ouverture du courrier, le quadrillage territorial, institutionnel et professionnel systématique du pays, la pratique courante d’arrestations arbitraires, de [[torture]]s en cours d’interrogatoire et d’internement psychiatrique et de [[déportation]] des citoyens arrêtés, avec ou sans « jugement », dans les réseaux de camps de [[Travaux forcés|travail forcé]] comme le [[Goulag]] ou le [[Laogai]]…<ref>N.G. Okhotine, A.B. Roginski, ''Sistema ispravitelno-troudovykh laguerei v SSR, 1923-1960 : spravotchnik'', Moscou, 1995
* une stricte [[planification]] d’État sur le plan [[Économie (activité humaine)|économique]], ne touchant pas seulement les orientations macro-économiques et le commerce international, mais aussi tous les aspects de la production, de la distribution et de la consommation, au mépris des ressources disponibles, des possibilités techniques, de l’environnement et des besoins de la population, interdisant toute forme d’[[autogestion]] et induisant des inégalités entre la [[nomenklatura|haute bureaucratie du parti, de l'État, de l'armée et de la police politique]] qui disposait d’un niveau de vie satisfaisant, et le reste de la population
* un strict contrôle des activités culturelles, des médias et des droits des [[citoyen]]s à l’opinion, à l’expression et au déplacement (nécessitant des autorisations et divers visas préalables pour changer d’emploi, de domicile, de résidence à l’intérieur du pays, et encore plus pour voyager hors du pays, et surtout dans les pays non-communistes).
La [[terreur rouge (Russie)|« terreur rouge »]] et la répression de masse, inaugurées par une « chasse aux paysans » classés comme récalcitrants et qualifiés de « [[koulak]]s » (mais qui cherchaient simplement à {{page h'|Famines soviétiques|éviter la famine}}) s'étend bien sûr aux opposants politiques (mais n'importe qui peut être classé comme tel, y compris les révolutionnaires de la première heure) et graduellement à la totalité du corps social. Minorités nationales, cadres du parti ou simples particuliers étaient tous également exposés, chaque citoyen pouvant brusquement se retrouver rangé au rang des prétendus {{Citation|[[ennemi du peuple|ennemis du peuple]]}}, {{citation|[[Ennemi de classe|ennemis de classe]]}},
Après la rupture, le {{date-|22 juin 1941}}, du [[Pacte germano-soviétique|pacte Hitler-Staline]] signé deux ans plus tôt, l'URSS surprise et agressée subit des pertes humaines, matérielles et territoriales considérables, avant que l'[[Armée rouge]] ne stoppe l'[[Front de l'Est (Seconde Guerre mondiale)|avancée allemande]] puis ne repousse l'envahisseur jusqu’à [[Bataille de Berlin|Berlin]]. La dureté et l’acharnement des combats, ainsi que la [[Crimes de guerre nazis en Union soviétique|guerre d’extermination]] menée par les [[Nazisme|nazis]] contre les populations civiles, servirent, à l’issue de la guerre, de justification ''a posteriori'' des [[Crimes de guerre de l'Armée rouge pendant la Seconde Guerre mondiale|crimes du régime soviétique]]. L’URSS victorieuse [[Pertes humaines de l'Union soviétique pendant la Seconde Guerre mondiale|a perdu près de 26 millions de citoyens]] et compte autant de sans-abris, sur un territoire dévasté, mais parmi ces victimes, plus de trois millions sont les prisonniers de guerre, travailleurs forcés et civils soviétiques considérés comme « traîtres à la patrie soviétique » et déportés au [[Goulag]] pour s’être laissé capturer vivants et/ou exploiter par les nazis<ref>
Les acquis du développement industriel, le contrôle étroit de la société par l'appareil politique et policier, et les sacrifices imposés aux citoyens soviétiques, auxquels s'ajoute l'[[Prêt-bail|aide alliée]], ont ainsi permis à l'URSS
== Histoire générale de la période stalinienne ==
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Parmi les divergences entre l’opposition et le « centre » (la faction de Staline) se trouve la question du développement industriel de l'Union soviétique. [[Léon Trotski]] et la « gauche » sont favorables à son industrialisation rapide car ils la jugent menacée de « restauration capitaliste », du fait de son isolement sur la scène internationale et du développement en son sein de « forces bourgeoises » c'est-à-dire la paysannerie aisée et les entrepreneurs et commerçants privés dits ''nepmen''<ref>En 1923 « les paysans aisés, 3 % à 4 % seulement des exploitants, détiennent la moitié des terres cultivées, 60 % des machines [et] emploient les quelque 5 millions de travailleurs agricoles — dont 1,5 million de journaliers, payés presque moitié moins qu'avant la révolution. » [[Pierre Broué]], ''Trotski'', Fayard, {{p.}} 459</ref>. [[Nikolaï Boukharine]] et la « droite » s’y opposent, s'inquiétant des conséquences qu'aurait sur les paysans, qui forment toujours l’écrasante majorité de la population, une industrialisation trop rapide du pays. Ils préfèrent la poursuite de la [[Nouvelle politique économique]] (NEP) et un développement lent et progressif, d’autant plus que le recul de la vague révolutionnaire en [[Europe]] les condamne à réaliser, selon eux, le « [[socialisme dans un seul pays]] », loin des ambitions de révolution mondiale prônées par Trotski et ses proches.
L’[[opposition de gauche]] menée par Trotski dénonce depuis plusieurs années, la bureaucratisation croissante du régime dont Staline serait le représentant direct, et la responsabilité de celui-ci et de ses alliés dans l’échec des révolutions [[Octobre allemand|allemande d'octobre 1923]] et [[Massacre de Shanghai|chinoise de 1927]], ainsi que dans l’échec de la [[Grève générale de 1926 au Royaume-Uni|grève générale en Angleterre]] (1925-1926). En effet, sur le demi million d'adhérents que compte le parti bolchevique en 1923, moins de {{formatnum:10000}} ont participé aux débats antérieurs à {{date-|octobre 1917}}
Une lutte brutale s'engage alors au sein du [[Parti communiste de l'Union soviétique]] (PCUS), ponctuée de violences et de manœuvres d'intimidations. Staline appuie d’abord la « droite » et réprime sévèrement la gauche, tout en utilisant ses pouvoirs de [[Secrétaire général du Parti communiste de l'Union soviétique|secrétaire général]] pour nommer ses alliés à des postes importants{{sfn|Montefiore, la cour du tsar rouge, t. I}}. Trotski est progressivement écarté du pouvoir : il est chassé du gouvernement dès 1925, exclu du Parti au {{XVe}} Congrès (1927), relégué en Asie centrale puis exilé d’URSS en {{date-|janvier 1929}}. Ses partisans sont emprisonnés et déportés par milliers dans toute l’URSS, certains se rallient et font leur « autocritique ».
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{{article détaillé|Dékoulakisation|Collectivisation en Union soviétique|Famines soviétiques de 1931-1933|Holodomor}}
Aussi Staline décrète-t-il en [[1929]] la « [[collectivisation]] » des campagnes (dans les faits, une [[nationalisation]]) et la {{citation|liquidation des [[koulak]]s en tant que classe}}. La propriété privée est abolie, les terres et les moyens de production des paysans sont confisqués, et regroupés dans les [[kolkhoze]]s ou les [[sovkhoze]]s ; les paysans réagirent alors en refusant de faire les semailles{{sfn|Montefiore, la cour du tsar rouge, t. I|p=85}}.
N’ayant aucune confiance en des autorités qui les avaient déjà affamés [[Famine soviétique de 1921-1922|huit ans auparavant]], les paysans refusent la collectivisation au péril de leurs vies : plutôt que d’abandonner leurs biens à l’État, ils incendient les récoltes et abattent leurs troupeaux (1930-1932). {{Vague |Certaines régions| date = juin 2023}} sont en proie à de véritables soulèvements armés et l’autorité du Parti-État y est sérieusement ébranlée pendant quelque temps. Certains militants et responsables bolcheviks locaux prennent même parfois parti pour leurs concitoyens, eux aussi au péril de leurs vies; d’autres, pourtant fermes dans leur action, répondent vertement à Staline lorsqu’il les critique pour leurs difficultés, forçant ce dernier à tempérer{{sfn|Montefiore, la cour du tsar rouge, t. I|p=88}}. Les résistances sont brisées par la violence. Rien qu’en 1929, {{formatnum:1300}} révoltes paysannes sont écrasées. Le {{date|2|mars|1930}}, pressé de toutes parts y compris par les autres dirigeants comme [[Mikhaïl Kalinine|Kalinine]] et [[Grigory Ordjonikidze|Ordjonikidze]], Staline consent de mauvaise grâce{{sfn|Montefiore, la cour du tsar rouge, t. I|p=97}} un recul : son article {{citation|Le vertige du succès<ref>{{Lien web|langue= fr|url=https://materialisme-dialectique.com/staline-le-vertige-du-succes/ |titre=Le vertige du succès. Questions du mouvement de collectivisation agricole|auteur=[[Joseph Staline]] |année=1930|consulté le= 01/03/2020}}</ref>}}, paru dans la ''[[Pravda]]'', réaffirme le {{citation|principe de libre adhésion au mouvement kolkhozien}}, autorisant en creux les sorties de kolkhozes. Ceux-ci se vident aussitôt. Mais à peine la récolte de l’année assurée, des bataillons de volontaires recrutés dans les villes repartent violemment à l’assaut des paysans. L’imprécision de la notion de « [[koulak]] » autorise tous les arbitraires : est considéré comme « koulak » tout adversaire réel ou supposé de la collectivisation<ref name="ref_auto_1">Allessandro Mongili, ''Staline et le stalinisme'', Casterman, 1995
En peu d’années, {{unité |{{formatnum:400000}} familles}} de « [[koulak]]s » sont déportés à la hâte en [[Sibérie]] dans des conditions inhumaines, et abandonnées à leur sort sur place. L’opération se conclut par une forte mortalité parmi les « dékoulakisés » déportés : on assiste même à des scènes de [[cannibalisme]]<ref>[[Nicolas Werth]], ''L’Île des cannibales'', 2005.</ref>. D’autres s’enfuient de leurs lieux d’exil et se retrouvent à errer à travers le pays dans des conditions misérables ; la plupart seront systématiquement arrêtés comme « parasites » et liquidés au cours des [[Grandes Purges]]
En 1932, Staline refuse d’écouter les nombreux avertissements, dont ceux de l’écrivain [[Mikhaïl Cholokhov]], qui prédisent que la poursuite des collectes forcées de semences et de céréales mènera à de nouvelles famines<ref>Correspondance Staline-Cholokhov publiée par
Des bandes d’orphelins errants (les ''bespryzorniki'') vont sillonner pendant des années les routes de l’URSS. En quelques années, également, 25 millions de paysans fuient les campagnes où sévissent la violence et la faim, et se réfugient dans des villes condamnées de ce fait à une explosion démographique anarchique.
Constituant la dernière guerre paysanne<ref>[[Sheila Fitzpatrick]], ''Stalin's Peasants: Resistance and Survival in the Russian Village after Collectivization''.</ref> et l'avant-dernière grave famine qu’ait connue l’Europe (avant [[Famine soviétique de 1946-1947|celle de 1946-47]]), la collectivisation intégrale est achevée en [[1934]], mais les dégâts sont énormes et les paysans enrôlés dans les [[sovkhoze]]s et les [[kolkhoze]]s continuent à opposer une résistance passive, sous la forme d'une sous-productivité endémique. En [[1935]], pour parer à cette résistance, Staline accorde à chaque paysan un lopin de terre (''prioussadebnyï outchastok'') qu’il peut utiliser librement et dont il peut vendre les produits sur un marché kolkhozien libre. En [[1939]], ces lopins qui ne représentent que 3 % des terres produisent 25 % des récoltes, plus de la moitié des fruits et des légumes, et 72 % du lait et de la viande
Les résultats d’ensemble restent donc décevants. En éliminant les « koulaks », l’agriculture s’est privée de ses éléments les plus dynamiques. La production s’effondre. L’ancienne Russie, premier exportateur de céréales au monde sous les [[Empire russe|tsars]], devient définitivement un pays importateur. Le rationnement urbain rétabli en [[1927]] ne peut être levé qu’en [[1935]], et on assiste à nouveau à des scènes de famine dans {{Vague |certaines régions|
Grâce à l’[[exode rural]] de masse provoqué par la nationalisation des terres, l’industrie du pays bénéficie d’une main-d’œuvre abondante. L’achat à vil prix des récoltes par l’État lui permet aussi de financer l’industrialisation.
L'économie stalinienne avait pour objectif principal le développement, coûte que coûte, de l'industrie lourde<ref name=":0">{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Jean-Marie Albertini|titre=Capitalismes et socialismes à l'épreuve
==== Le système des passeports ====
{{voir aussi|Système des passeports dans l'Union des républiques socialistes soviétiques}}
Face à l'afflux de paysans appauvris dans les villes, le Parti introduit en 1932 les passeports obligatoires pour les citadins et certains ruraux. Les kolkhoziens, qui n'ont pas le droit à un passeport, se voient ''de facto'' privés de liberté de circulation et attachés à leurs lieux de résidence et de travail un peu comme les serfs d'autrefois<ref>{{Article|langue=ru|auteur=В. Попов|titre=Паспортная система советского крепостничества|périodique=Новый мир|numéro=6|année=1996|lire en ligne=https://magazines.gorky.media/novyi_mi/1996/6/pasportnaya-sistema-sovetskogo-krepostnichestva.html|consulté le=01.07.2021}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|langue=ru|auteur=Евгений Жирнов|titre="Не имеют права на паспорт 37 процентов граждан"|url=https://www.kommersant.ru/doc/1147485|date=13.04.2009|site=kommersant.ru|consulté le=01.07.2021}}.</ref>{{,}}<ref name=demoscope>{{Lien web|langue=ru|titre=70-летие советского паспорта|url=http://www.demoscope.ru/weekly/2002/093/arxiv01.php|date=31.12.2002|site=Демоскоп Weekly|consulté le=01.07.2021}}.</ref>. Cela passe par un changement de regard sur la passeportisation : décrit encore en 1931 dans la [[Petite Encyclopédie soviétique]] comme un instrument propre à « un État policier », {{citation|particulièrement pénible pour les masses des travailleurs}} et {{citation|inconnu au droit soviétique}}<ref>{{Ouvrage|langue=ru|auteur1=Н. Л. Мещеряков|directeur1=oui|titre=Малая советская энциклопедия|volume=6|titre volume=Огневки – пряжа|lieu=
==== Planification et industrialisation ====
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Mais cette industrialisation à marche forcée a un prix extrêmement coûteux : le Plan doit être financé par l’[[inflation]] (la masse monétaire quadruple en quelques années), par les prêts forcés des travailleurs et des particuliers, ou encore par la remise obligatoire à l’État de tous leurs objets en métaux précieux, [[gemme]]s ou [[Pierre fine|pierres fines]] dont la détention est interdite. L’État développe aussi l’extraction des ressources naturelles, qu’il jette sur le marché international en recourant au besoin au [[dumping]] (pétrole de Sibérie, or de la [[Kolyma]] extrait par les [[Zek|détenus]] du Goulag).
Le gaspillage de ressources et d’énergies est considérable, et beaucoup de travaux sont bâclés ou inachevés. Certains se révèlent inutiles, comme le [[canal de la mer Blanche]] (1930-1933), coûteux en vies de [[Zek|détenus]], et qui n’a presque jamais vu circuler de navire faute d’être assez profond. L’efficacité est souvent sacrifiée au grandiose, à la précipitation et à la propagande. Les décisions politiques priment sur la compétence : les spécialistes, ingénieurs et techniciens, qui sont rarement membres du Parti, sont en effet tenus en suspicion par [[Joseph Staline|Staline]] et ses fidèles, pour qui compte avant tout l’obéissance inconditionnelle aux prescriptions politiques d’en haut<ref>Sur cette méfiance viscérale du stalinisme envers les techniciens et les spécialistes, voir en particulier
Socialement parlant, l’industrialisation s’est faite au détriment des industries de biens de consommation et de l’agriculture. Ceci a engendré de grandes souffrances pour les populations, mais a aussi permis d'entamer le développement d'une industrie lourde qui permettra de sauver le pays lors de la [[Seconde Guerre mondiale]]. La pression exercée sur la classe ouvrière est telle que le niveau de vie populaire baisse de 40 % au cours du {{Ier}} Plan. Les salaires ouvriers ne retrouvent leur niveau de 1928 qu’en 1940. À partir de 1935, le mouvement [[stakhanovisme|stakhanoviste]] patronné par le pouvoir permet l’apparition d’une nouvelle « aristocratie ouvrière », la réintroduction du salaire aux pièces jadis honni, et une nouvelle hausse des normes de production aux dépens des conditions de travail et des salaires. Dès [[1931]], un livret de travail empêche tout changement d’emploi non autorisé. En [[1938]]-[[1940]], une série de décrets draconiens punissent de déportation au Goulag tout retard répété de plus de 20 minutes<ref
=== De l’apaisement relatif à la Grande Terreur (1934-1940) ===
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Le pays traverse donc une intense période de terreur, de délation et de suspicion généralisée qui brise les solidarités amicales, familiales et professionnelles. Après le premier [[procès de Moscou]], en {{date-|août 1936}}, c’est l’année [[1937]] qui marque le vrai lancement de la « Grande Terreur ».
À court terme, Staline veut fournir à la population des boucs émissaires aux difficultés du quotidien, en rejetant tout le mal sur une pléthore de « saboteurs ». Au-delà, il renforce son pouvoir en liquidant la vieille garde bolchevique, qui sait son faible rôle dans la révolution, et en brisant les réseaux clientélistes et les fiefs personnels que se sont taillés les ministres, les membres du [[Politburo du Parti communiste de l'Union soviétique|Politburo]], ou bien, à tous les échelons, les responsables locaux du Parti et les directeurs de Goulag. Les cadres compétents et les techniciens, qui osent souvent contredire ses objectifs politiques irréalistes, sont aussi particulièrement visés
Enfin, Staline entend éliminer radicalement tous les éléments socialement suspects et tous les mécontents suscités par sa politique. Alors que les tensions diplomatiques s’accumulent en Europe depuis l’avènement d'[[Adolf Hitler]] et que le déclenchement de la [[guerre d'Espagne]] en {{date-|juillet 1936}} fait craindre un conflit général, il s’agit d’éliminer tout ce qui pourrait constituer une « cinquième colonne » de l’ennemi en cas d'invasion.
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La Terreur n’épargne en effet aucun organisme : des coupes claires frappent ministères, [[Gosplan]], [[Internationale communiste|Komintern]], [[Armée rouge]] et même les gardes et les chefs du [[Goulag]]<ref>Par exemple, [[Edouard Berzine]].</ref>, ainsi que les policiers du [[NKVD]]. Les purgés sont remplacés par une nouvelle génération de cadres qui voue à Staline un culte sans réserves : alors que les anciens dirigeants pouvaient se permettre de le moquer ou d’exprimer leur désaccord avec lui{{sfn|Montefiore, la cour du tsar rouge, t. I|p=89}}, les jeunes promus de la « génération de 1937 » ([[Nikita Khrouchtchev|Khrouchtchev]], [[Lavrenti Beria|Beria]], [[Gueorgui Malenkov|Malenkov]], [[Andreï Jdanov|Jdanov]], [[Léonid Brejnev|Brejnev]], etc.) n’ont connu que lui et le vénèrent, car ils lui doivent tout.
Ne se limitant nullement aux dirigeants, la terreur s’abat sur toute la société. Le {{date|2|juillet|1937}}, des quotas fixant le nombre de suspects à fusiller (catégorie 1) ou à déporter (catégorie 2) sont envoyés par le centre à toutes les régions. Les responsables locaux, eux-mêmes menacés, rivalisent de zèle pour dépasser ces chiffres et pour demander au Kremlin la « permission » de frapper encore plus de gens : d’où une surenchère sanglante, et une inflation rapide des condamnations. Des {{formatnum:260000}} initialement prévues, on passe vite ainsi à plus de {{formatnum:400000}} arrestations. Staline signe en personne 383 listes de condamnés à mort représentant {{formatnum:44000}} exécutions. Ses fidèles comme [[Lazare Kaganovitch]], [[Andreï Jdanov|Jdanov]], [[Anastase Mikoyan]] ou [[Nikita Khrouchtchev|Khrouchtchev]] sont aussi dépêchés dans les diverses Républiques pour radicaliser la purge dans le Parti et la population
Parallèlement, une série d’opérations du [[NKVD]] frappe par centaines de milliers certains éléments particulièrement suspectés :
* Le décret {{n°|00447}}, signé le {{date|30|juillet|1937}} par [[Nikolaï Iejov|Iejov]], frappe par centaines de milliers de [[koulak|dékoulakisés]] appauvris par la [[collectivisation]], les innombrables vagabonds et marginaux engendrés par cette dernière, les anciens membres des classes dirigeantes et leurs enfants, les « gens du passé » déclassés par la révolution ou par le Grand Tournant
* Tous les individus entretenant ou ayant entretenu des relations avec l’étranger sont sur la sellette. Le corps diplomatique est décimé, de nombreux ambassadeurs rappelés et liquidés, tout comme bon nombre d’agents du [[Internationale communiste|Komintern]], et certains anciens combattants d’Espagne. La terreur s’étend jusqu’aux [[espérantophone]]s, aux [[philatélie|philatélistes]] et aux [[astronome]]s
* Les minorités nationales frontalières, déjà traitées en suspect par les derniers [[tsar]]s, puis par les bolchéviques, sont particulièrement exposées. Le {{date|11|août|1937}}, [[Nikolaï Iejov|Iejov]] signe le [[Opération polonaise du NKVD#Ordre opérationnel
* Le principe de la [[responsabilité collective]] fait retomber la « faute » d’un individu à son conjoint, à ses enfants, à sa famille entière, à tout son réseau d’amis, de subordonnés, de collègues et de relations. Par exemple, le {{date|5|juillet|1937}}, le [[Politburo du Parti communiste de l'Union soviétique|Politburo]] ordonne au [[NKVD]] d’interner toutes les épouses de « traîtres » en camp pour 5 à 8 ans, et de placer leurs enfants de moins de 15 ans « sous protection de l’État ». Ordre qui conduit à arrêter {{unité|18000|épouses}} et {{unité|25000|enfants}}, et à placer près d'un million d’enfants de moins de 3 ans dans des orphelinats{{sfn|Montefiore, la cour du tsar rouge, t. I}}.
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Staline a d'abord laissé se produire l’avènement de [[Adolf Hitler|Hitler]] en [[Troisième Reich|Allemagne]] ([[1933]]) en maintenant la ligne « classe contre classe », qui interdisait aux [[Parti communiste d'Allemagne|communistes allemands]] toute action antinazie commune avec les [[social-démocratie|sociaux-démocrates]], considérés aussi tard que jusqu'en juin [[1934]] par le [[Internationale communiste|Komintern]] comme la menace prioritaire. Pendant les premiers mois du régime nazi, l'URSS cherche même à maintenir avec lui la coopération militaire et commerciale développée sous la [[République de Weimar]].
Lorsque le pouvoir hitlérien se consolide et se révèle bien plus durable qu'attendu, Staline s’inquiète pour la sécurité de l’URSS. Il s'emploie à désarmer l'hostilité du ''Führer'' par divers contacts secrets à Berlin ou en faisant modérer discrètement les attaques de la presse soviétique à son encontre
Cette politique d'alliance échoue face aux réticences de la France et du Royaume-Uni, où le [[pacifisme]] et l'[[anticommunisme]] restent très puissants, ainsi qu'en raison des purges qui meurtrissent l'Armée rouge et les font douter de la puissance de cette dernière. Les exigences de Staline (notamment le passage des troupes soviétiques à travers la Pologne et la Roumanie) contribuent aussi à faire obstacle à la conclusion d'un accord, notamment à cause de l'opposition de la Pologne du colonel [[Józef Beck|Beck]]. Le {{date-|30 septembre 1938}}, les démocraties abandonnent la [[Tchécoslovaquie]] à Hitler lors de la [[accords de Munich|conférence de Munich]], à laquelle l'URSS n'a même pas été invitée. La Pologne profite de l'occasion pour annexer aussi une partie de la Tchécoslovaquie (région de [[Cieszyn|Teschen]]).
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Malgré ses graves revers des premiers mois, l’[[Armée rouge]] résiste, au prix de [[Pertes humaines de l'Union soviétique pendant la Seconde Guerre mondiale|millions de soldats tués]]. À la surprise de l’ennemi, elle ne s’effondre pas, et ne cesse dès le premier jour de multiplier les contre-offensives. Les Allemands découvrent que sa qualité combative est infiniment supérieure à ce qu’ils préjugeaient, de même que l’abondance et la qualité de son matériel. Ils découvrent le char moyen [[T-34]], l'un des meilleurs de la [[Seconde Guerre mondiale]], dont ils ne soupçonnaient même pas l’existence. Les Soviétiques engagent aussi contre eux plusieurs réussites techniques comme les ''katioucha'' ou « [[katioucha|orgues de Staline]] ». Une [[Politique de la terre brûlée|politique de terre brûlée]] radicale fait le vide devant l’envahisseur.
Dès l’invasion, les usines sont démontées et déplacées à l’Est en même temps que 10 millions de personnes. Remontées en Sibérie et dans l’Oural, elles produisent dès 1942 plus d’armes que l’Allemagne nazie, au prix d’énormes efforts consentis par les travailleurs civils. L’URSS bénéficie aussi d’une indispensable [[Prêt-bail|aide matérielle des Alliés anglo-américains]], abondante et de qualité.
Le patriotisme et le contexte de [[guerre totale]] expliquent en bonne part l’endurance des soldats et des civils. Ainsi la cité de [[Saint-Pétersbourg|Leningrad]], soumise délibérément par Hitler à un blocus meurtrier responsable de près d'un million de morts, résiste à un [[siège de Léningrad|siège de près de mille jours]]. En restant spectaculairement dans Moscou directement menacée, Staline contribue en personne à galvaniser les énergies et à enrayer un début de panique populaire, avant que l’Armée rouge ne brise aux portes de la ville l’avance d’Allemands à bout de forces ({{date-|6 décembre 1941}}). Dans les territoires occupés, de fortes bandes de [[Partisans soviétiques|partisan]]s agissent dès 1941 ; le Kremlin entreprend dès 1942 de les ravitailler et de les replacer sous un contrôle étroit. En [[juin 1944]], la [[Biélorussie]] comptera un million de partisans, la plus forte concentration de guérilla de l’[[Résistance dans l'Europe occupée par les nazis|Europe occupée]].
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Cependant, la terreur et la nature totalitaire du régime jouent aussi un rôle considérable. Dès 1941 et encore à [[Volgograd|Stalingrad]], des équipes du [[NKVD]] se chargent ainsi de mitrailler les soldats qui refluent vers l’arrière<ref>[[Antony Beevor]], ''Stalingrad'', Éd. de Fallois, 1999, {{p.|166}}. Voir aussi le film ''[[Stalingrad (film, 2001)|Stalingrad]]'' de [[Jean-Jacques Annaud]], fidèle là-dessus à la vérité historique.</ref>. Des officiers et des généraux sont fusillés dès les premiers jours, boucs émissaires des erreurs du Kremlin. Les commissaires politiques surveillent de près les chefs militaires, exposés en permanence à une disgrâce de [[Joseph Staline|Staline]]. Les prisonniers de guerre sont considérés comme des traîtres et officiellement reniés, leurs familles laissées sans aides et passibles de poursuites. Toute défaillance au front vaut l'arrestation. En 1941-1942, ce ne sont pas moins de {{unité|994000|soldats}} qui sont officiellement condamnés, dont {{unité|157000|exécutés}}{{sfn|Montefiore, la cour du tsar rouge, t. II}}. Encore en 1945, toute critique peut valoir l’envoi au Goulag : [[Alexandre Soljenitsyne]] est ainsi arrêté sur le front de Pologne pour avoir mis en doute le génie militaire de Staline.
En 1941, aucun plan d’évacuation des civils n’a été prévu ni esquissé. Les Juifs quant à eux avaient été laissés dans l’ignorance des atrocités antisémites allemandes, et n’ont souvent pas cherché à fuir avant l’arrivée des nazis. Seuls les détenus du régime ont été emmenés dans des marches forcées dramatiques, sauf à être souvent fusillés sur place avant l’arrivée des Allemands
L’avancée soviétique en [[Europe de l'Est]] s’accompagne aussi d’une [[Crimes de guerre de l'Armée rouge pendant la Seconde Guerre mondiale|vague de pillages, viols, rafles et disparitions]] ; en Allemagne orientale, les troupes sont encouragées à perpétrer des [[Viols durant l'occupation de l'Allemagne|viols massifs]] « en représailles aux exactions nazies en territoire soviétique », tandis qu’à titre de réparations, une grosse part du potentiel industriel de la future [[République démocratique allemande|RDA]] est démonté et expédié en URSS.
Victorieuse devant Moscou, l’Armée rouge sort triomphante de la dramatique [[bataille de Stalingrad]] en [[Seconde Guerre mondiale : février 1943|février 1943]], tournant décisif de la guerre. À la [[bataille de Koursk]],
Cette position militaire ne peut qu’être ratifiée par les alliés anglo-américains. La [[conférence de Yalta]] (4-{{date-|11 février 1945}}), tenue en territoire soviétique, confirme Staline comme principal vainqueur de la guerre en Europe. Jusqu’à l’ouverture tardive du second front en Normandie en [[juin 1944]], les forces soviétiques ont porté presque seules le poids de la guerre, affrontant les troupes allemandes les plus aguerries et les mieux équipées. Au moins 85 % des Allemands mis hors de combat l’ont été sur le front de l’Est.
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Après la souplesse et la relative libéralisation des années de guerre, [[Joseph Staline|Staline]] déçoit tous les espoirs de changement dans la population. Il décide de revenir sans varier au système économique et politique des [[années 1930]], et de l’étendre au tout nouveau « camp socialiste ». Rapidement, des partis uniques forgés sur le modèle stalinien prennent le pouvoir dans les pays de l’Est, tandis que l’Armée populaire de libération de [[Mao Zedong]] est victorieuse en Chine ([[1949]]).
Surtout à partir de [[1947]] et de l’avènement de la [[Guerre froide]]<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Dimitri|nom1=Filimonov|titre=Raconter la France aux Soviétiques
À une série de procès truqués contre les représentants de l’ancien régime (le cardinal [[József Mindszenty|Mindszenty]] en [[Hongrie]] par exemple) ou contre les adversaires politiques, en succèdent d’autres contre les communistes locaux soupçonnés de « nationalisme » ou, après la rupture soviéto-yougoslave de 1948, de « [[Josip Broz Tito|titisme]] ».
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Remodelant radicalement une société étroitement embrigadée, il affirme ses ambitions de contrôler aussi les esprits et de créer ainsi un « Homme nouveau ».
Système reposant sur la terreur, il tourne sa violence de masse avant tout contre sa propre population<ref>La « guerre à la société » selon l’historien [[Martin Malia]], ''La Tragédie soviétique'', Seuil, 1993 ;
=== Le culte de Staline ===
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Imposé tardivement et artificiellement au Parti comme au pays, le culte de Staline est dépourvu de justification théorique au regard du [[marxisme-léninisme]], comme de son maigre rôle dans la [[révolution d'Octobre]] et de son faible [[Charisme (psychologie)|charisme]] personnel. Staline est d’ailleurs obligé d’appuyer son propre culte sur une déification de [[mausolée de Lénine|Lénine]], dont il prétend n’être que le meilleur ami et disciple. Devant ses visiteurs, il se plaît à jouer la modestie et à se présenter comme un homme de bon sens, simple et proche des gens. La fonction de son culte est justement d’asseoir sa légitimité historiquement discutable, et de justifier son pouvoir personnel absolu, conquis peu à peu sur ses adversaires et sur ses propres collègues.
C’est aussi une stratégie « [[Populisme (politique)|populiste]] » de sa part : tandis que les privilégiés du Parti et de la police sont haïs, Staline apparaît aux simples gens comme un recours contre les abus, et sa figure reste épargnée des critiques<ref>Le « populisme » de Staline pendant les [[Grandes Purges]] est étudié par
Il s’agit enfin, au pays des [[tsar]]s, de satisfaire une population habituée à vénérer des figures tutélaires. Le « Grand Guide », estimant que le {{citation|peuple russe était tsariste}}{{sfn|Montefiore, la cour du tsar rouge, t. I|p=295}}, se plaît d’ailleurs à se comparer aux despotes modernisateurs [[Ivan IV de Russie|Ivan le Terrible]] et [[Pierre Ier de Russie|Pierre le Grand]]<ref>Sur les mécanismes et les paradoxes du culte de Staline, et sur ses différences sensibles avec celui de [[Adolf Hitler|Hitler]], voire notamment Moshe Lewin, « Staline dans le miroir de l’autre », in [[Marc Ferro]], ''Nazisme et communisme. Deux régimes dans le siècle'', Hachette, Pluriel, 1998.</ref>, considérant notamment Ivan le Terrible comme son {{citation|maître}}, comme il se plaisait à le répéter devant ses camarades{{sfn|Montefiore, la cour du tsar rouge, t. I|p=295}}.
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Les paysans des [[kolkhoze]]s et des [[sovkhoze]]s sont surveillés au travers des MTS (stations de machines et de tracteurs) qui ont le monopole de l’outillage moderne dans les campagnes et qui, avec leurs sections politiques, sont les yeux et les oreilles du pouvoir. Jusqu’à la mort de Staline, ils sont soumis à des impôts en nature et à des prélèvements obligatoires souvent exorbitants, fixés en dépit de la réalité.
La ''[[Loi des épis|Loi des Cinq Épis]]'', promulguée le {{date|7|8|1932}} en plein [[Holodomor]], punit de [[Goulag]] tout « vol de la propriété socialiste ». Une mère ayant dérobé de quoi empêcher ses enfants de mourir de faim sera donc déportée. Cette loi terrifiante est responsable de centaines de milliers d’arrestations et de déportations. En [[1946]], une loi similaire a des conséquences comparables, quoique de moindre ampleur
Dès [[1931]], les ouvriers doivent avoir un [[livret d'ouvrier|livret de travail]] et ne peuvent changer d’emploi sans autorisation. Or, au nom de l’industrialisation, la classe ouvrière doit subir des conditions de travail extrêmement dures : salaire aux pièces, longues journées, multiplication des accidents, suspicion généralisée contre les « saboteurs » réels ou supposés. Aucune protection ne s’offre à elle : la [[grève]] est impossible, les [[syndicat]]s ne sont que des relais du pouvoir, le commissariat au Travail est dissous en {{date-|juin 1933}}. Après les soulèvements ouvriers de {{date-|juin 1932}} à Ivanovo, toute résistance physique disparaît pour une trentaine d’années. Entre [[1938]] et [[1940]], une série de décrets draconiens punissent d’envoi au Goulag tout retard répété de plus de 20 minutes : ces décrets sont responsables de deux millions de condamnations en un an, et de onze millions jusqu’à leur abolition en 1957
Dès l'époque de Lénine, nombre de Soviétiques sont discriminés en raison de leurs origines sociales. Ces « gens du passé » (''byvchie ljudi'') et autres « éléments socialement dangereux » (catégories vagues qui englobent des droits communs ou des marginaux autant que d'ex-petits commerçants, des hommes d'Église ou des rejetons de l'ex-aristocratie) sont des cibles prioritaires de la surveillance et de la répression. Dès [[1929]], on compte ainsi 4 millions de Soviétiques privés de tous leurs droits civiques (''lichensty''), et discriminés avec leurs enfants dans l'accès au logement, au travail, à l'éducation supérieure, etc
Dès les [[années 1920]], ces catégories font l'objet de rafles régulières dans les villes, et déportées par milliers. Pendant les [[années 1930]], leur nombre s'accroît des centaines de milliers de dékoulakisés échappés des campagnes ou évadés de leur lieu d'exil, ainsi que d'une masse de nombreux ex-artisans dépossédés, ex-''nepmen'', petits trafiquants, délinquants juvéniles... tous victimes des transformations brutales de la société soviétique. Elles seront victimes prioritaires des [[Grandes Purges]], en particulier du décret 00447 de [[Nikolaï Iejov|Iejov]] signé le {{date|30 juillet 1937}}.
À partir du {{date|28 décembre 1932}}, aucun citoyen ne peut plus se déplacer, se loger ou travailler sans son [[passeport]] intérieur (''[[propiska]]''). L'oublier chez soi suffit à être déporté en cas de contrôle. À la {{5e|ligne}} figure l'indication de la nationalité, ce qui facilite les discriminations ou les déportations ultérieures. Dans l'immédiat, les campagnes d'enregistrement permettent de « débusquer » en masse les « [[koulak]]s » réfugiés qui se cachent en ville, les [[Roms|Tziganes]], les membres des classes déchues, et autres « éléments socialement dangereux ». Ils sont alors [[Déportation des peuples en URSS|déportés]]. Les centaines de milliers d'habitants qui se voient refuser leur bulletin d'identité domicilié là où ils vivent perdent tout accès légal aux moyens d'existence (travail, logement)<ref>{{référence non conforme}} Nicolas Werth, « La répression des catégories "socialement nuisibles" en URSS », ''Une si longue nuit'', ''op. cit.''</ref>.
=== La main de fer de Staline sur le pays : le NKVD ===
Rarement égalée dans l'histoire humaine, la toute-puissance de l'État policier stalinien a durablement meurtri et marqué l'ensemble des peuples soviétiques, mais aussi indirectement et de manière très contrastée et polémique, l'imaginaire occidental, avec des représentations quasi religieuses décrivant la société soviétique comme un « paradis des travailleurs » se purgeant de ses parasites, ou bien, au contraire, comme un enfer absolu.
Quoi qu'il en soit, des millions de personnes généralement innocentes ont disparu du jour au lendemain, arrêtées la nuit à domicile, interpellées en pleine rue, ou bien raflées et déportées par trains entiers, ce qui laissait aussi le reste de la population dans l'angoisse que son tour survienne et dans une attitude d'attentisme et de soumission. Prenant en masse le chemin des prisons et du [[Goulag]], ces « esclaves du {{XXe siècle}} » ont peuplé le plus vaste réseau de camps de travail jamais organisé
==== Le Service de la sécurité de l’État, ou GUGB ====
L'État policier stalinien est l'héritier direct de la [[Tchéka]], première police politique soviétique, fondée le {{Date|20|décembre|1917}} par [[Félix Dzerjinski]], et remplacée en [[1922]] par la [[Guépéou]]. Selon les mots de [[Alexandre Soljenitsyne|Soljenitsyne]], c'est le « seul organe répressif dans l’histoire de l’humanité à avoir concentré entre ses mains : la filature, l’arrestation, l’instruction, la représentation du ministère public [i. e. l’accusation], le jugement et l’exécution de la sentence. »<ref>A. Soljenitsyne, ''L'Archipel du Goulag (1918-1956)'', {{p.|28}}.</ref>.
Allié étroitement dès les [[années 1920]] à l'appareil policier, Staline confère à la police politique un rôle central dans son système, et n'hésite pas à étendre la terreur policière aux membres du Parti et aux dirigeants eux-mêmes. En [[1934]], l'[[Guépéou|Oguépéou]] ou [[Guépéou]] est incorporée au tout nouveau ''Commissariat du Peuple aux Affaires Intérieures'', en abrégé [[NKVD]], en tant que GUGB (prononcez ''guéouguébé''), ou ''Direction générale de la sécurité de l'État''. Le NKVD, qui n'était à la base qu'un ministère de l'Intérieur, devient par cette adjonction un outil très puissant au service de Staline, qui le contrôle par ses fidèles [[Guenrikh Iagoda|Iagoda]] (1934-1936, exécuté en 1938), [[Nikolaï Iejov|Iejov]] (1936-1938, exécuté en 1940) et enfin [[Lavrenti Beria|Beria]] (exécuté en 1953). En 1937, il compte {{formatnum:370000}} fonctionnaires
Le [[NKVD]] est responsable de la police, des prisons, des lieux d'exil pour « colons spéciaux », et des camps de détention. Il est chargé des grandes « purges » planifiées par Staline et des déportations de masse au Goulag. Son rôle est de surveiller, d'arrêter, d'interroger, parfois de torturer ceux qui sont arrêtés pour des motifs souvent dérisoires, parfois inexistants. D'une redoutable efficacité, il est l'instrument par lequel Staline met tout le pays au pas, châtiant toute erreur supposée, écrasant toute opposition, toute déviance, même insignifiantes ; et, plus encore, c'est l'instrument qui plonge toute l'URSS dans une terreur permanente.
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Les personnes mises en état d'arrestation ne revoient souvent plus leurs proches ; elles sont interrogées, jugées lors d'une parodie de procès par les ''troïkas'' ou l{{'}}''Osso'' du NKVD, puis exécutées ou déportées.
Bien que Staline ait hypocritement proclamé que « le fils n'est pas responsable des fautes du père », l'URSS pratique depuis ses origines la
Même les gens ayant purgé leur peine ne sont pas hors d'affaire : ainsi en 1948-1949, on arrête en masse les victimes des purges de l'année 1937 qui ont achevé leurs 10 ans de camp, ainsi que leurs enfants. Bien des détenus libérés n'ont pas le droit de rentrer chez eux, restent encore longuement assignés à leur lieu d'exil, ou bien la [[Cent unième kilomètre|règle des « {{unité|101|kilomètres}} »]] leur interdit d'approcher les grandes villes à moins de cette distance.
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* En 1930, le procès du « Parti industriel ».
* En 1933, le procès des ingénieurs britanniques de la société Vickers.
* En 1936-1938, les trois célèbres [[procès de Moscou]], où sévit le sinistre procureur général [[Andreï Vychinski|Vychinski]], contre la «
* En 1945, [[procès des seize|procès de 16 envoyés du gouvernement polonais de Londres]], arrêtés à leur arrivée en URSS.
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L'« archipel du Goulag » constitue en URSS stalinienne un véritable monde à part, avec sa population, ses mœurs, sa géographie, ses institutions et son économie propres.
Véritable État dans l'État (la « petite zone » en jargon détenu, le reste du pays étant la « grande zone »), le Goulag a la haute main sur des régions entières : le ''Dalstroï'' gère avec la [[Kolyma]] un territoire grand comme la France, et nombre de camps ont l'étendue de plusieurs départements… Il aurait compté 476 ensembles concentrationnaires entre [[1929]] et [[1953]], recouvrant une variété infinie de bagnes spéciaux, d'isolateurs, de camps mobiles ou fixes
Le tsarisme utilisait de longue date [[katorga|ses bagnes]] pour réprimer les éléments hostiles, tout en peuplant et en russifiant du même coup la Sibérie et autres régions lointaines. Pendant la [[guerre civile russe]], la [[Tchéka]] a déjà recours à l'internement des suspects et des ennemis dans des camps. Ceux-ci n'ont pas de fonction productive, ne sont qu'un moyen répressif parmi d'autres, et n'abritent qu'une population relativement limitée. Cependant, ils créent un précédent, et ne disparaissent pas avec la défaite des Blancs. Le {{date|1|juin|1923}} est inauguré le bagne des [[îles Solovki]] : il est généralement considéré comme le laboratoire des pratiques-clés du Goulag stalinien. Pour la première fois, les détenus politiques y sont mélangés aux criminels de [[ius commune|droit commun]] (les ''ourkis'', dont les violences terrorisent les autres prisonniers), et la ration y est proportionnelle au travail fourni : le détenu qui n'accomplit pas sa « norme » mange moins, sans qu'importent ses besoins réels.
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Avec le Grand Tournant de [[1929]]-[[1930]], la population carcérale et concentrationnaire explose d'un coup. L'afflux massif de paysans [[koulak|dékoulakisés]] et la [[déportation]] en camp de travail pour faute professionnelle ou politique (or tout peut constituer une faute) fournissent soudain une main-d’œuvre inépuisable pour la construction de grands aménagements, ou l'extraction des richesses naturelles. En peu d'années, les camps prolifèrent, leur réseau couvre tout le pays. Le ''[[zek]]'' ou détenu devient une véritable catégorie sociale à part entière, et le Goulag se voit attribuer un rôle économique très important.
En [[1931]]-[[1933]], le creusement meurtrier du [[Canal de la mer Blanche|Belomorkanal]] (canal de la mer Blanche) par {{nombre|100000|détenus}} équipés de pics et de brouettes rudimentaires, est le premier des grands travaux (inutilisable) du Goulag. Il est suivi du canal Moscou-Volga-Don, de routes et de lignes de chemin de fer en Asie centrale et en Sibérie ([[Magistrale Baïkal-Amour|BAM]], [[Siblag]]). Des « camps volants » coupent le bois dans la [[taïga]]. Des détenus aident à l'industrialisation de l'[[Oural]], au remodelage des grandes villes, à la construction de la nouvelle [[Moscou]] et de son [[métro de Moscou|métro]]. Le Goulag permet aussi d'extraire l'or et l'uranium de la [[Kolyma]], le nickel de [[Norilsk]], le pétrole de [[Petchora (ville)|Petchora]], le charbon de la [[Vorkouta]]. Après-guerre vient la construction de barrages hydro-électriques sur la [[Volga]] et les fleuves sibériens. Les dernières années de [[Joseph Staline|Staline]] sont marqués par certains projets mégalomanes que même les administrateurs du Goulag jugent en silence irréalisables : le [[Détournement des cours d'eau de Sibérie|plan Davydov]] prévoit ainsi de fertiliser les déserts et la Sibérie, et la construction de la « Voie morte », une ligne ferroviaire en pleine [[toundra]] marécageuse sur le [[cercle polaire]], sera abandonnée à la mort du dictateur sans avoir jamais pu faire circuler un train<
Tout s'accomplit dans des conditions climatiques souvent extrêmes, avec peu d'outils, de nourriture et de protection, et sans souci de la vie et de la santé des détenus. Le Goulag est dépourvu de machines et d'outillage moderne, et il freine même la [[mécanisation]] et à la [[modernité|modernisation]] de l'URSS, puisque l'on sait pouvoir se reposer sur l'exploitation de cette masse corvéable à merci. Beaucoup d'énergies sont gaspillées, la qualification de nombreux détenus reste inutilisée - sauf dans les [[charachka]], développées après guerre par [[Lavrenti Beria|Beria]], où des savants et des techniciens prisonniers travaillent dans une stricte discipline, mais avec de meilleures conditions de vie.
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Les plans et les normes irréalistes, la déportation chaotique et pêle-mêle de n'importe qui, les mauvaises conditions de vie et de travail ont contribué à désorganiser le Goulag, sans compter les fusillades des [[Grandes Purges|Purges]] ou la famine au cours de la [[Seconde Guerre mondiale|guerre]]. Le Goulag n'a jamais eu non plus les moyens de ses ambitions : trop éloignés, livrés comme toute l'URSS à l'incurie, à la corruption, au vol et au système D, la plupart des camps ne reçoivent et ne distribuent qu'un ravitaillement insuffisant. Sa [[bureaucratie]] pléthorique (1 fonctionnaire pour 12 détenus) coûte cher sans bénéfice aucun aux [[zek]]s. Enfin, les détenus se protègent en pratiquant en masse la « truffe » (''trouffa''), c'est-à-dire le travail bâclé ou simulé.
La fonction répressive du Goulag semble donc bien l'avoir emporté sur les tâches de production. Il n'a jamais représenté guère plus d'un pour cent de la production industrielle soviétique
==== La population concentrationnaire : les ''zeks'' ====
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Il faut leur ajouter les deux à trois millions de « colons spéciaux » (paysans [[koulak|dékoulakisés]] et minorités nationales, déportés par familles entières) : ceux-ci ne vivent pas en camp, mais n'en sont pas moins des exilés astreints à résidence, et des citoyens de seconde zone surveillés et discriminés, ainsi qu'une main-d'œuvre docile et bon marché.
La composition des détenus évolue sans cesse. Dans l'ensemble, les détenus « politiques » (''kontriki'') n'ont jamais représenté plus de 10 % du total. Les intellectuels, auteurs de la plupart des témoignages, sont moins de 1 % des captifs. Le Goulag a d'abord frappé les catégories populaires : 92 % des détenus en [[1935]] n'ont pas ou peu d'instruction. Les ''femmes'' d'abord très minoritaires passent avec la guerre de 7 à 26 % des détenus. Les ''paysans dékoulakisés'' et les victimes des Purges et des lois répressives forment le gros des déportés d'avant-guerre
Dékoulakisés et purgés deviennent après [[1945]] moins nombreux que les prisonniers de guerre de l'[[Axe Rome-Berlin-Tokyo|Axe]], les collaborateurs de l'[[armée Vlassov]], les nombreux soldats arrêtés au front à la moindre peccadille, les rescapés soviétiques des camps nazis, ou encore les nombreux [[Partisan (guérilla)|partisan]]s à la fois antisoviétiques et antiallemands déportés en masse d'[[Ukraine]], des [[pays baltes]] ou de [[Pologne]] avec les civils sympathisants. Ces catégories ont en commun de s'être battues armes à la main, d'être soudées et organisées, et de savoir pourquoi elles sont là. Elles ne se laisseront donc pas faire : c'est pourquoi l'après-guerre voit au Goulag une forte expansion du nombre de grèves, d'éliminations violentes des mouchards et des truands à la solde des gardiens, de révoltes
[[Fichier:Evolution nombre de prisonniers du Goulag.png|thumb|350px|Évolution du nombre de prisonniers du Goulag stalinien (1930-1953)
Les condamnations au Goulag sont toujours prononcées à terme (la perpétuité n'existe d'ailleurs pas en URSS). Des libérations de détenus méritants ou « rééduqués » existent, des amnisties partielles aussi. Il est donc très fréquent de sortir du Goulag (et non moins fréquent d'y revenir). Les recherches récentes démontrent l'ampleur de la rotation permanente des détenus : en [[1940]], 57 % des prisonniers du Goulag sont des condamnés à moins de cinq ans de prison
C'est ce qui explique que la mortalité, certes lourde, reste très limitée au contraire des [[camp de concentration|camps de concentration]] [[nazisme|nazis]], le Goulag n'ayant pas de finalité homicide. Sur 18 millions de détenus passés au Goulag, seuls un à deux millions y sont décédés. Dans la majorité des camps et la plupart des années, le taux de décès (4 % par an en moyenne) est même à peine supérieur à ce qu'il est dans le reste de l'URSS. Les camps les plus durs comme le Belomorkanal, la [[Kolyma]] ou [[Vorkouta]] ne dépassent pas les 5 à 10 % de mortalité annuelle, un taux terrifiant mais largement inférieur à ceux des camps nazis<ref
Par ailleurs, s'il ne manque pas de gardes ou de commandants indifférents, brutaux ou sadiques, les relations entre l'encadrement et les détenus sont loin d'être toujours inhumaines, au contraire des traitements radicalement déshumanisants des [[kapo]]s et des [[Schutzstaffel|SS]] dans les camps nazis. Beaucoup de gardes sont d'ailleurs d'anciens détenus librement engagés après leur peine, ou en cas de purges, se retrouvent avec leurs anciens prisonniers derrière les barbelés. Enfin, un certain nombre de détenus sont restés sur place après leur libération du camp : ils ont souvent continué à servir comme travailleurs libres dans les mêmes entreprises qu'avant
À la mort de Staline, une vague de révoltes accélère la décomposition d'un Goulag déjà en faillite. En mars [[1953]], [[Lavrenti Beria|Beria]] amnistie un million de détenus de droit commun (rien n'ayant été préparé pour les accueillir et les réinsérer, cette masse déferle sur le pays en commettant une vague de vols, de viols et de meurtres traumatisante). À partir du [[déstalinisation|rapport Khrouchtchev]] de février [[1956]], la masse des « politiques » est libérée à son tour. Beaucoup de camps ferment. En [[1960]], l'administration du Goulag est officiellement dissoute, et la [[Loubianka (immeuble)|Loubianka]] cesse d'être une prison : l'ère du système concentrationnaire de masse est définitivement révolue.
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Dans les campagnes, l'effort considérable de [[mécanisation]] et d'[[électricité|électrification]] n'existe pas que dans la propagande. Malgré les dysfonctionnements nés de l'inexpérience, des incuries ou des hâtes, la modernisation du monde rural progresse après le choc de la [[koulak|dékoulakisation]]<ref>Voir ''La Faucille et le rouble''.</ref>.
Prolongeant les efforts des [[années 1920]], le régime fait reculer massivement l’[[analphabétisme]], passé de 43 % à 19 % entre [[1926]] et [[1939]]. Il consent un effort immense pour l’enseignement primaire, l’Université et la formation professionnelle. Les enfants scolarisés dans le primaire passent dans les [[années 1930]] de 11 à 30 millions, les élèves du secondaire de 3 à 18 millions. Partout les écoles de formation pour adultes se multiplient. Le nombre d'ingénieurs croît de façon exponentielle, et la frénésie d'études des Soviétiques comme leur amour de la lecture sont notés par tous les observateurs
Cependant, l'éducation renoue avec le conservatisme et l'académisme : les innovations pédagogiques de l'ère léninienne sont désavouées dès 1932, tous les manuels scolaires révisés (décret du {{date-|16 mai 1934}}).
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[[Image:Chelyabinsk tractor factory 1930s.jpg|redresse=1.2|gauche|thumb|Usine de tracteurs de [[Tcheliabinsk]] dans les années 1930, reconvertie en fabrique de [[Char d'assaut|chars d'assaut]] pendant la Seconde Guerre mondiale.]]
La [[classe ouvrière]] passe de 11 à 38 millions de membres entre [[1928]] et [[1933]]. L'[[urbanisation]] progresse considérablement : à la fin du {{Ier}} Plan, les villes sont passées de 18 % à 32 % de la population. Mais cette explosion anarchique s'explique avant tout par l'afflux incontrôlé de 25 millions de paysans chassés des campagnes. Moscou passe ainsi de 2 à 3,6 millions d'habitants en quelques années. À titre d'exemple encore, [[Iekaterinbourg|Sverdlovsk]], dans l'Oural industriel bondit de {{formatnum:150000}} à {{formatnum:3600000}} habitants, et des villes nouvelles entières surgissent du désert : ainsi [[Magnitogorsk]], ou encore, grâce au [[Goulag]], [[Karaganda]] et [[Magadan]]
=== … et pénuries ===
Au début des années 1930, la [[koulak|dékoulakisation]] a entraîné la fuite anarchique et imprévue de 25 millions de ruraux. Les villes soviétiques explosent et se peuplent de marginaux, de vagabonds et de sans-abris. Dans les villes nouvelles industrielles, bien des ouvriers vivent dans des baraquements insalubres et surpeuplés. Beaucoup de villes souffrent du manque d'hygiène, de sécurité, d'infrastructures, de transports en commun<ref>
La population citadine doit s'entasser dans les ''kommounalka'', ces appartements collectifs apparus après 1917, et qui hébergent plus de 80 % des citadins, souvent à une famille par pièce. Dans bien des logements, la promiscuité forcée nuit à la vie privée, favorise les tensions quotidiennes et facilite souvent la délation.
Autre conséquence de la collectivisation et des famines, l'URSS s'installe dans les pénuries alimentaires chroniques. Le beurre, la viande, le lait, les œufs deviennent introuvables, le pain et tous les produits courants sont rationnés. La queue devant les boutiques (''otchered'') devient durablement un spectacle quotidien en URSS, et une véritable institution, avec ses codes et ses coutumes (par exemple, la possibilité de s'éloigner sans perdre sa place). Néanmoins, il n'en est pas moins vrai que certaines couches sociales ne sont pas soumises à ces restrictions alimentaires quotidiennes : les membres du Parti (qui sont au nombre de 4 millions de personnes en 1928) s'approvisionnent dans des endroits réservés aux [[élites]]<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Jean-Marie Albertini]]|titre=Capitalismes et socialismes à l'épreuve
En réaction au manque de nourriture, les cantines d'usine se multiplient<ref>Presque inexistantes en 1928, elles sont près de {{unité|30000}} au terme du {{Ier}} Plan.
L’''[[homo sovieticus]]'' ne peut espérer s'en sortir que s'il bénéficie de protections, d'un réseau de relations bien placées, du ''blat'' (« piston ») indispensable. Un proverbe populaire dit alors : {{citation|mieux vaut avoir 100 amis que {{unité|100|roubles}}}}. De véritables réseaux clientélaires se nouent à tous les échelons de la société soviétique<ref>
=== Arts, sciences et culture sous le stalinisme ===
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Les bibliothèques sont épurées. Des secteurs spéciaux sont même ouverts pour entasser les livres interdits (''spetskhran''), dont la liste s'allonge sans fin. De nombreux ouvrages sont [[censure|censurés]], expurgés ou réécrits. Dès 1932, Staline met sous tutelle l'Institut Marx-Engels de Moscou en faisant arrêter et déporter l'érudit bolchevik [[David Riazanov]]. L'[[histoire]] est réécrite en permanence, et de nombreux documents constamment retouchés et truqués, afin de présenter de Staline comme le plus proche ami de Lénine et le coauteur de la révolution d'Octobre, pour gommer le rôle voire l'existence de ses opposants et victimes, ou pour justifier chaque nouveau changement de ligne politique. Il s'agit aussi de falsifier le passé pour attribuer à des Russes la paternité de toutes les grandes inventions.
Enjeu important, la [[statistique]] est objet de toutes les pressions et les truquages. En 1932, l'opposant Rioutine écrit dans un texte clandestin : {{citation|Seul un homme désespérément idiot peut croire à la statistique stalinienne}}
[[Fichier:1937CensusPropaganda.jpg|200px|right|thumb|Appel au recensement, 1937. Les résultats ayant dévoilé un déficit de 17 millions de personnes par rapport aux prévisions, ils seront censurés.]]
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Les [[sport]]ifs sont embrigadés au service du régime et de sa propagande. Les exploits des pilotes soviétiques, très populaires, sont exaltés et récupérés par le régime. Jusqu’en 1952, par ailleurs, l’URSS se tient en dehors du mouvement olympique international, avant de faire sa rentrée sur la scène mondiale aux [[Jeux olympiques d'été de 1952|JO d’Helsinki]].
Le [[Échecs|jeu d'échecs]] fait l'objet d'une instrumentalisation comparable et est institué jeu national en 1932 lors du Congrès des joueurs soviétiques qui proclame {{citation|Nous devons une fois pour toutes condamner la formule, les « échecs pour les échecs » comme « l'art pour l'art ». Nous devons organiser des brigades de choc de joueurs d'échecs et nous mettre à la réalisation d'un plan quinquennal des échecs}}
=== La vie religieuse sous Staline ===
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Loin de l'austérité des années de révolution et de guerre civile, le régime encourage les nouvelles couches dirigeantes (ainsi que les bénéficiaires du stakhanovisme et de l'industrialisation) à consommer et à se distraire. [[Joseph Staline|Staline]] donne le ton en personne quand il proclame que « la vie est devenue meilleure, la vie est devenue plus gaie » (1935).
À partir de 1933-1934, se développe une culture des [[loisir]]s. Ceux qui le peuvent se livrent avec frénésie à la découverte du [[jazz]], du [[Charleston (danse)|charleston]] et autres musiques [[États-Unis|américaines]]. Ils jouissent de la multiplication des cinémas ou des parcs de loisirs.
Après avoir liquidé physiquement une bonne part de la vieille garde bolchévique pendant les [[Grandes Purges]], Staline s'entoure d'une nouvelle génération de dirigeants qui n'a pas fait elle-même la révolution, et qui n'a guère de scrupules à s'écarter de l'internationalisme ou de l'égalitarisme des fondateurs. La [[nomenklatura]] et ses protégés jouissent sans états d'âmes de privilèges multiples : [[datcha]], villégiatures au bord de la [[mer Noire]] ou en [[sanatorium]], domesticité<ref>Selon
Les symboles mêmes du régime portent témoignage d'un renoncement croissant à l'héritage léninien et d'un retour au traditionalisme, accéléré par la guerre. La « patrie socialiste » est l'objet d'un culte inédit, sensible dès [[1934]] avec la notion pénale de « trahison de la patrie socialiste » et la création du titre de [[Héros de l'Union soviétique]]. Le titre de [[Maréchal (armée)|maréchal]] est restauré dès [[1935]], suivi après [[1943]] par les uniformes et les grades de l'ancienne armée impériale. Hautement symbolique à elle toute seule en tant qu'emblème du militarisme et des privilèges de l'Ancien Régime, l'épaulette est remise à l'honneur. ''[[L'Internationale]]'' cesse en [[1944]] d'être l'[[hymne de l'Union soviétique|hymne soviétique]] pour être remplacée par un chant patriotique qui mentionne le nom de Staline. Les « décrets » redeviennent dès 1936 des [[ukase|oukazes]] comme aux temps tsaristes, et en 1943, les camps spéciaux les plus durs du Goulag, les ''[[katorga]]'', empruntent leur nom au bagne impérial. En 1946, les « commissariats du peuple » ne sont plus que de classiques ministères, et l'[[Armée rouge]] prend le nom officiel d'Armée soviétique. Il n'est jusqu'au nom du Parti qui ne change : au {{XIXe}} Congrès du PCUS(b) ({{date-|novembre 1952}}), peu avant sa mort, Staline fait abolir la référence au [[bolchevik|bolchevisme]] conservée jusque-là dans le nom du Parti.
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L'[[nationalisation|étatisation]] intégrale de l'économie lors du Grand Tournant (1929-1934) entraîne inévitablement une nouvelle prolifération de bureaucrates : toute une masse de « promus » (''vydvijentsy''), souvent d'humble extraction et pas toujours compétents, prend la responsabilité des [[kolkhoze]]s et des [[sovkhoze]]s, des entreprises d'État qui se multiplient, ou des camps du [[Goulag]] en expansion.
Mais ce sont aussi les ouvriers [[stakhanovisme|stakhanovistes]], les « travailleurs de choc » (''oudarniki''), les [[kolkhoze|kolkhoziens]] d'élite qui forment le soutien du [[stalinisme]], ou encore certains écrivains et artistes officiels couverts de prébendes. Le régime leur garantit honneurs, récompenses matérielles et avantages pour eux et leurs enfants. De même, l'industrialisation profite à des centaines de milliers d'ouvriers promus sur le tas à des tâches de direction, et aux millions de nouveaux ingénieurs et techniciens d'origine populaire qui sortent des nouvelles écoles. À partir des [[Grandes Purges]] de l'année [[1937]], ce sont eux qui comblent les vides laissés par la liquidation des anciens « spécialistes bourgeois ». Ces derniers, sous-représentés au Parti, étaient l'objet de la méfiance viscérale de Staline, prompt à les soupçonner de « sabotage », et pour qui l'allégeance partisane et personnelle doit primer sur la compétence technique{{sfn|Khlevniouk|1998|p=|loc=|id=}}{{,}}<ref>
En revanche, le Parti reste sous-représenté parmi les paysans, les minorités nationales, les femmes, les « spécialistes bourgeois » et… les ouvriers (3 % en 1933).
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[[Image:NKVD Mandelstam.jpg|200px|right|thumb|Le poète [[Ossip Mandelstam]], déporté et mort au [[Goulag]] en [[1937]] pour une pièce de vers antistalinienne.]]
La propagande officielle est souvent tournée en dérision : dans un pays où l'humour est un moyen de survie traditionnel, les « blagues » innombrables qui circulent sur les dirigeants et sur la réalité du pays prouvent que l'esprit critique n'a pas perdu tous ses droits. Plus subversif, il ne manque pas de Soviétiques pour se réjouir du meurtre de [[Sergueï Kirov|Kirov]], et espérer ouvertement que Staline soit le prochain sur la liste : {{citation|On a tué le chien Kirov, reste encore le chien Staline}}<ref>Paroles de travailleurs du port de Gouriev, [[République socialiste soviétique kazakhe|Kazakhstan]]. Cité par
Pendant l'occupation allemande, un certain nombre de Soviétiques se retrouvent de gré ou de force membres de l'[[armée Vlassov]], mise sur pied par les nazis. Des guérillas nationalistes à la fois antiallemandes et antisoviétiques subsistent en [[Ukraine]] et aux [[pays baltes]] jusqu'à la fin des [[années 1940]], bénéficiant d'un soutien tacite d'une partie de la population.
Après la guerre, pour la première fois, le [[NKVD]] doit démanteler plusieurs petits groupes clandestins qui se constituent à travers le pays autour d'aspirations vagues, mais qui se recoupent dans la volonté de changements démocratiques et la critique de la bureaucratie : L'Opposition ouvrière, L'Œuvre véritable de Lénine, l'Union des jeunes socialistes de Tcheliabinsk, etc
== Notes et références ==
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=== Bibliographie ===
{{légende plume}}
* {{Ouvrage |auteur1=[[Anne Applebaum]]
* [[Vassili Axionov]], ''[[Une saga moscovite]]'', Paris, Gallimard, coll. « Folio », 1997.
* [[Nicolas Belina-Podgaetsky]], ''L'Ouragan Rouge'', Paris-Bruxelles, coll. Durendal, 1937.
Ligne 515 ⟶ 516 :
*Hélène Carrère d'Encausse, ''L'URSS de la Révolution à la mort de Staline, 1917-1953'', Seuil, 1993
* [[Delgado E. Castro]], ''J'ai perdu la foi à Moscou'', Paris, 1950.
* [[Ante Ciliga]], ''Dix ans au pays du mensonge déconcertant'', [[Champ libre|Champ Libre]], 1977 (réédition)
* {{Ouvrage |auteur1=[[Robert Conquest]]
* [[Milovan Đilas]], ''Conversations avec Staline'', Paris, 1971. {{plume}}
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Andrea Graziosi]]|titre=Histoire de l'URSS|lieu=Paris|éditeur=[[Presses universitaires de France]]|collection=Nouvelle Clio|année=2010|isbn=}}
* {{en}} [[Mark Edele]], ''Stalinist Society: 1928-1953'', OUP Oxford, 384p, 2011 {{ISBN |978-0199236411}}
* {{Ouvrage |auteur1=[[Sheila Fitzpatrick]]
* {{Ouvrage |auteur1=[[Oleg Khlevniouk]]
* [[David King]], ''Le commissaire disparaît : La falsification des photographies et des œuvres d'art dans la Russie de Staline''<!-- , Broché -->, [[Calmann-Lévy]], 2005, 191 p.
* {{Ouvrage |auteur1=Thomas Kizny |titre=Goulag |éditeur=Acropole Balland |année=2004 |isbn=}}.
* [[Viktor Kravchenko (transfuge)|Victor Kravtchenko]], ''J'ai choisi la liberté'', Paris, 1947.
* Général Walter G. Krivitsky, ''J'étais un agent de Staline'', éditions [[Champ libre|Champ Libre]], 1979.
Ligne 528 ⟶ 530 :
* [[Moshe Lewin]], ''Le siècle soviétique'', Paris Fayard, le Monde Diplomatique, 2003.
* [[Domenico Losurdo]], ''Staline, histoire et critique d'une légende noire'', Clamecy, Éditions Aden, 2011.
* {{Ouvrage |auteur1=[[Jean-Jacques Marie]]
* {{Ouvrage |auteur1=[[Jean-Jacques Marie
* [[Roy Medvedev]], ''Le Stalinisme - origine, histoire, conséquences'', Paris, 1972.
* {{Ouvrage |auteur1=[[Alessandro Mongili]]
* [[François-Xavier Nérard]] ''Cinq pour cent de vérité : Dénonciations'', Tallandier (Contemporain), 500p., 2004.
* [[Bruno Rizzi]], ''L'U.R.S.S. : Collectivisme bureaucratique'', la bureaucratisation du monde, {{1re|partie}}, éditions [[Champ libre|Champ Libre]], 1977.
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* Boris Souvarine, ''Sur Lénine, Trotski et Staline'' (1978-79), éditions Allia, 1990.
* [[Brigitte Studer]], [[Berthold Unfried]], [[Irène Hermann]], ''Parler de soi sous Staline : La construction identitaire dans le communisme des années trente'', Maison des Sciences de l'Homme, 210p., 2002
*
* [[Gilbert Pradet|Guy Vinatrel]], ''L'URSS concentrationnaire'', [[éditions Spartacus]], 1949.
* [[Nicolas Werth]],"Goulag. les vrais chiffres", dans '' [[L'Histoire]]'', {{date-|septembre 1993}}, {{p.|38-51}}.
* {{Chapitre |langue= fr |auteur1= [[Nicolas Werth]]
* {{Chapitre |langue= fr |auteur1=Nicolas Werth
* {{Ouvrage |auteur1=[[Nicolas Werth
* Nicolas Werth, ''La Terreur et le désarroi : Staline et son système'', Perrin, collection « tempus », Paris, 2007
* Nicolas Werth, ''L'Ivrogne et la marchande de fleurs : autopsie d'un meurtre de masse, 1937-1938'', Tallandier, Paris, 2009.
* [[Alexandre Zinoviev]], ''Les Confessions d'un homme en trop'', folioactuel, 1991, 704p.
* [[Alexandre Zinoviev]], ''Le Héros de notre jeunesse'' - ''Essai littéraire et sociologique sur le stalinisme'', Julliard/L'Âge d'Homme, 1984, 206p.
* {{Ouvrage |auteur1=Alexandre Zinoviev |titre=Le Communisme comme réalité |éditeur=[[Éditions Julliard|Julliard]] |année=1981 |isbn= |plume=oui}}.
=== Articles connexes ===
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=== Liens externes ===
* [http://www.histoire-pour-tous.fr/dossiers/87-seconde-guerre-mondiale/64-le-stalinisme-de-guerre.html « Le stalinisme de guerre ou la grande guerre patriotique »], {{date-|29 juillet 2009}}
* [[David Hulme]],
{{Palette|Joseph Staline|Communisme|Guerre froide|Histoire de la Russie}}
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