« Occupation du Japon » : différence entre les versions

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| année début=1945
| année fin=1952
| drapeau=Merchant flagFlag of JapanAllied (1870)Occupied Japan.svg
| drapeau lien=[[Drapeau du Japon|Drapeau]]
| blason= Imperial Seal of Japan.svg
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Le ''commandant en chef des forces alliées dans le Pacifique'', le général [[Douglas MacArthur]], devient gouverneur militaire du [[Japon]] après la signature des [[actes de capitulation du Japon]] le {{date|2|septembre|1945}}, mettant un terme à la [[Seconde Guerre mondiale]]. Il doit assurer la direction d'un pays exsangue, qui doit rapatrier, au lendemain de la [[Seconde Guerre mondiale|guerre]], six millions de combattants sur l’archipel. De plus, le pays doit céder les trois quarts des terres de l'[[Empire du Japon|empire]] qu'il s’était constitué dans le cadre de sa [[Expansionnisme du Japon Shōwa|politique expansionniste]] en [[Asie]] (entre [[1929]] et 1945).
 
Bien que la structure administrative impériale soit préservée, les forces d'occupation américaines dirigent de facto le pays avec les AnglaisBritanniques jusqu'à la tenue d'élections libres. Mais la situation du Japon est catastrophique, avec des villes en ruine et de faibles récoltes laissant présager une famine imminente. Les autorités d'occupation ont bien du mal à faire face aux problèmes de misère sociale : chômage, prostitution à travers l'« [[Association pour les loisirs et l'amusement]] », [[marché noir]], orphelins, sous-alimentation, maladies, [[Évacuations des civils au Japon pendant la Seconde Guerre mondiale|personnes déplacées par millions]]…
 
De leur côté, les États-Unis font l'expérience d'un processus d'''[[édification de la nation]]'' afin de mettre fin dans la mentalité des vaincus à un [[militarisme]] dont la nature radicale avait stupéfié tous les belligérants.
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L’arrêt des importations du fait du [[blocus]] maritime allié privait le Japon de 31 % de son [[riz]], 92 % de son [[sucre]] et de 45 % de son [[Sel (chimie)|sel]] d’avant-guerre avant sa capitulation. De plus, la récolte de 1945 atteint seulement 60 % du niveau d’avant-guerre probablement par manque d’engrais et de main d'œuvre. La [[ration alimentaire]] à l’automne 1945 au Japon était réduite à 700 [[calorie]]s/jour (niveau normal : {{formatnum:2200}} cal/jour) et {{unité|100000|personnes}} seraient mortes de [[sous-alimentation]] dans les années 1945-[[1948|48]], malgré l'aide américaine<ref>{{Ouvrage|langue=en|prénom1=Robert|nom1=Harvey|titre=American Shogun|sous-titre=General MacArthur, Emperor Hirohito and the Drama of Modern Japan|éditeur=Overlook TP|année=2007|mois=avril|jour=24|pages totales=448|passage=331.|isbn=978-1-58567-891-4}}</ref>.
 
Le [[ministre japonais des Finances]] a annoncé en {{date-|octobre 1945}} que dix millions de personnes [[famine|mourraient de faim]] pendant l’hiver si les vainqueurs ne venaient pas en aide au Japon. {{qui|Certains}}John disentW. Dower considère toutefois qu’il s’agit d’une prévision pessimiste<ref name="JohnW">{{Ouvrage|langue=en|prénom1=John W.|nom1=Dower|lien auteur1=John W. Dower|titre=[[Embracing Defeat]]|sous-titre=Japan in the Wake of World War II|lieu=New York|éditeur=[[W. W. Norton & Company]]|année=1999|mois=mars|jour=1|pages totales=676|passage=93.|isbn=978-0-393-32027-5}}</ref>.
 
En 1945-[[1946|46]], l’administration d'occupation américaine fait importer 3,5 millions de tonnes de stocks alimentaires par les États-Unis pour les 74 millions d’habitants de l'archipel du Japon soit 47 kilos par habitant (principalement de la farine, du sucre et du ''[[corned-beef]]'')<ref name="JohnW"/>.
 
==== Critique sur l'impunité de la famille impériale ====
Plusieurs historiens critiquent la décision d'exonérer l'Empereur et la famille impériale de poursuites criminelles ([[John W. Dower]], ''[[Embracing Defeat]]'', 1999, Herbert Bix, ''[[Hirohito and the Making of Modern Japan]]'', 2000). Selon l'historien [[John W. Dower]], ''{{Citation|La campagne menée à bien pour absoudre l'Empereur de sa responsabilité à l'égard de la guerre ne connut pas de limite. [[Hirohito]] ne fut pas seulement présenté comme innocent de tout action formelle qui aurait pu motiver son inculpation du chef de criminel de guerre, il fut transformé en une sorte d'icône sainte ne portant même aucune [[responsabilité morale]] pour la guerre.}}'' (Dower, ibid., {{p.|326}}). Selon Herbert Bix, ''{{Citation|Les mesures réellement extraordinaires entreprises par [[Douglas MacArthur|MacArthur]] pour sauver [[Hirohito]] d'un jugement comme criminel de guerre troublèrent longtemps et profondément les Japonais dans leur perception de la défaite.}}'' (Bix, ibid., {{p.|545}}).
 
==== Occultation des conséquences des bombes atomiques ====
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=== Suite et fin de l'occupation ([[1950]]-[[1952]]) ===
Le {{date|8 septembre 1951}}, le Japon signait le [[Traité de San Francisco (1951)|traité de San Francisco]] et un traité de sécurité avec les États-Unis. Le traité de paix fut passé avec 48 États – plusieurs pays ne le signèrent pas, comme la [[République populaire de Chine]] ou l'[[Union des républiques socialistes soviétiques|URSS]] – et entra en vigueur le {{date|28|avril|1952}} qui marque la fin de l'occupation américaine. Néanmoins, certaines îles, comme [[Okinawa (île)|Okinawa]], restèrent sous occupation américaine pendant plusieurs années. D'autre part, les États-Unis gardèrent quelques dizaines de milliers de soldats dans leurs bases japonaises, comme le traité de sécurité le permettait, le [[traité de coopération mutuelle et de sécurité entre les États-Unis et le Japon]] signé en [[1960]] renouvelant cette alliance.
 
Néanmoins, il fut établi une [[Gouvernement militaire américain de l'archipel Ryūkyū|administration militaire américaine des îles Ryūkyū]] jusqu'en [[1972]]. Dans les années 1950, l’arméecette administration militaire américaine teste à une douzaine de reprises ses [[Arme biologique|armes biologiques]] sur l'[[Okinawa (île)|ile d'Okinawa]]<ref>{{Article|langue=fr|auteur1=Lina Sankari|titre=Japon. Akahata, la paix pour drapeau|périodique=L'Humanité|date=2018-02-21|issn=|lire en ligne=https://humanite.fr/japon-akahata-la-paix-pour-drapeau-650866|consulté le=2018-02-23|pages=}}</ref>. D'autre part, les États-Unis gardèrent plusieurs dizaines de milliers de soldats dans leurs bases japonaises, comme le traité de sécurité le permettait, le [[traité de coopération mutuelle et de sécurité entre les États-Unis et le Japon]] signé en [[1960]] renouvelant cette alliance.
 
Le {{date|27|avril|1952}}, le Japon signa un traité de paix avec la [[Chine nationaliste]].
 
Une administration civile américaine demeura en place aux [[îles Ryūkyū]] jusqu'en [[1972]].
 
== Postérité ==
{{Section TI|date=décembre 2015}}La [[civilisation occidentale|culture occidentale]] telle qu'importée par les [[G.I.]] durant cette période marqua un profond choc culturel. La dissemblance physique nécessitait d'être compensée, la mode féminine du débridage des yeux fut observable jusqu'aux [[années 1970]].
 
Ruinés, les Japonais ont retenu dans leur conscience la mémoire de [[retombées radioactives]] des deux [[Bombe A|bombes A]] plus que les centres urbains dévastés par les bombardements stratégiques (lire ''[[Pluie noire (roman)|Pluie noire]] 黒い雨 (小説)'').
 
La culture des [[manga]]s et le cinéma de [[Hayao Miyazaki]] reprennent cette perception d'êtres survivants d'une terre à jamais souillée ; les mythes fondateurs nouveaux de la modernisation effrénée du pays allaient introduire un goût pour la [[science-fiction]] résolument tourné vers l'avenir, quoiqu'aux accents tragiquement liés à la catastrophe atomique (monstre [[Godzilla]] et [[Akira (manga)|Akira]], l'enfant mutant des expérimentations gouvernementales).
 
Est également sorti [[Souvenirs goutte à goutte]] de 1991 et [[La Colline aux coquelicots (film)]] de 2011 de ce même réalisateur racontant cette époque.
 
[[Akira Kurosawa]] prend, de son côté, le parti de revenir à la source d'un [[Japon féodal]] désormais bien terminé, pour susciter l'imaginaire collectif des spectateurs. Cette tendance s'affirme, à partir de ''[[Rashōmon (film)|Rashōmon]]'' (1950). On retrouve, néanmoins, dans ''[[L'Ange ivre]]'' (1948), ''[[Chien enragé]]'' (1949) ou encore ''[[Vivre (film, 1952)|Vivre]]'' (1952) une approche de la période d'après-guerre, proche de celle des [[Néoréalisme (cinéma)|néoréalistes]] italiens. Les difficultés sociales inhérentes à cette période suscitent, par ailleurs, des films extrêmement proches de la réalité vécue par le [[Japonais (peuple)|peuple japonais]]. {{citation|Le décor bombardé de ''L'Ange ivre'' de Kurosawa, réutilisé pour des raisons économiques dans ''L'Époque des nouveaux idiots'' (1947) de [[Kajirō Yamamoto]], ressemblait précisément à beaucoup de secteurs dévastés de Tokyo ; les sombres rues d'[[Osaka]] en ruine dans ''[[Femmes de la nuit]]'' (1948) de [[Kenji Mizoguchi]] étaient identiques à celles entourant les cinémas où le film fut projeté ; les baraquements de fortune et les chambres sordides dans ''[[Récit d'un propriétaire]]'' (1947) de [[Yasujiro Ozu]] étaient la réplique exacte des logements de la plupart des spectateurs}} ([[Donald Richie]], ''Le Cinéma japonais'', Éditions du Rocher). [[Mikio Naruse]] évoque, pour sa part, dans ''[[Le Repas (film, 1951)|Le Repas]]'' (1951) et, plus encore, dans ''[[Nuages flottants]]'' (1955), tous deux adaptés de romans de [[Fumiko Hayashi]], les privations qu'eurent à endurer les Japonais. Des films comme ''[[La Tragédie du Japon]]'' (1953) de [[Keisuke Kinoshita]] ou ''[[Nous sommes vivants]]'' (1951) de [[Tadashi Imai]], considéré comme un ''[[Le Voleur de bicyclette|Voleur de bicyclette]]'' nippon, abordent encore plus frontalement les problèmes de cette époque.
 
Côté américain, la période se transforme pour les membres de l'[[élite]] en un goût exotique pour voyager vers le pays reconstruit, lié à l'essor de l'interface pacifique développée depuis la [[Californie]] (centre de gravité américain se déplaçant graduellement vers l'ouest).
 
Cette époque de l'après guerre est aussi celle de la naissance de la Nouvelle Vague japonaise (1950-1970).
 
D'un point de vue économique, le Japon, une fois intégré au dispositif américain de défense visant au ''containment'' antisoviétique, va bénéficier pour le boom de son [[économie du Japon|économie]] d'une absence de dépenses sur le budget des crédits militaires pendant quarante ans. Les gouvernants prirent soin de nommer leur armée sous la désignation euphémistique de « [[Forces d'autodéfense japonaises|Forces d'autodéfense]] », pour en finir avec l'idée qu'elles seraient employées à des fins de conquête. La leçon était bien apprise puisque la Diète n'a autorisé un déploiement de troupes hors de son sol qu'en [[1992]] dans un contingent de [[Force de maintien de la paix des Nations unies|Casques bleus]] au [[Cambodge]] puis à l'occasion de l'[[invasion de l'Irak]], ce contingent ne réalisant en outre que des actions de reconstruction et de police sur le terrain.
 
La présence américaine ne fut pas exempte de corruption, par exemple lors de l'[[affaire Lockheed]] révélée en [[1976]].
 
== Voir aussi ==
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[[Catégorie:État du Japon]]
[[Catégorie:PolitiqueRelations étrangèreentre desles États-Unis et le Japon]]
[[Catégorie:Histoire du Japon au XXe siècle]]
[[Catégorie:Histoire des États-Unis au XXe siècle]]
[[Catégorie:Occupation militaire despar les États-Unis]]
[[Catégorie:Après-guerre]]
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