« Iatrogénèse » : différence entre les versions

LaEn '''iatrogénèse'''France, estle l'ensembleHaut descomité de la santé publique<ref>{{lien web |url=http://www.hcsp.fr/hcspi/explore.cgi/accueil?ae=accueil |titre=Haut comité de la santé publique}}.</ref> considère comme iatrogènes {{cita|les conséquences néfastesindésirables ou négatives sur l'état de santé individuel ou collectif de tout acte ou mesure pratiquépratiqués ou prescritprescrits par un professionnel de santé habilité et qui vise à préserver, améliorer ou rétablir la santé}}<ref>Bertrand Garros, ancien membre du Haut Comité de la santé publique : ''Conférence nationale de santé 1998, rapport du HCSP : {{lien web |url=http://www.hcsp.fr/hcspi/explore.cgi/ad250912.pdf |titre=Contribution du HCSP aux réflexions sur la lutte contre la iatrogénie |format=pdf}}.</ref>.

=== Qu'est-ce que la iatrogénèse (ex iatrogénie) médicamenteuse ? ===

Tout [[médicament]] a des effets bénéfiques, mais aussi des [[Effet indésirable|effets indésirables]]. Ils peuvent provenir :
* du médicament lui-même,
* de son association avec un autre médicament,
* de son incompatibilité avec le malade ou,
* d'une erreur de prise.
C'est ce qu'on appelle la iatrogénèse (auparavant nommée iatrogénie) médicamenteuse.

La réduction du risque iatrogène a été définie comme une priorité par la [[Conférence nationale de santé]] de [[1996]].

Et {{citation|uneUne première étude, menée en France en [[1997]] par le Réseau des Centres Régionaux de pharmacovigilance, chez les malades hospitalisés un jour donné, dans des services de médecine, de chirurgie et de long séjour, a montré que la prévalence des effets indésirables médicamenteux était de 10,3 %. 33 % correspondaient à des effets indésirables graves.}}

CesEn 1998, une étude indique que ces effets indésirables sont la cause de {{formatnum:128000Nombre|128 000|hospitalisations}} hospitalisations chaque année en France<ref>[http://ecoetsante2010.free.fr/article.php3?id_article=127 La iatrogénie (iatrogénèse) médicamenteuse en France]</ref>{{,}}<ref>[http://ecoetsante2010.free.fr/article.php3?id_article=400 Quelques chiffres tirés de "l’estimationl'estimation du risque iatrogène grave dans les établissements de santé en France", Drees, Études et Résultats, {{n°|219}}, février 2003]</ref>.

IlEn y aurait2005, selon Philippele DousteMinistère Blazyde la Santé, il y a {{formatnum:Nombre|8000|décès}} décès annuels du fait des [[interaction médicamenteuse|interactions médicamenteuses]], qui ne représentent qu'une partie de la iatrogénèse médicamenteuse<ref>[http://www.acteurspublics.com/PDF/lme/5/p74-78dmp.pdf 8000 décès annuels du fait des interactions médicamenteuses]</ref>. La même année, lors d'une mission d'information du Sénat sur le médicament<ref>{{Lien web |langue=fr-FR |titre=Missions d'information - [médicaments] |url=https://www.senat.fr/travaux-parlementaires/commissions/commission-des-affaires-sociales/archives-1/missions-dinformation-medicaments-3.html |site=Sénat |consulté le=2024-02-10}}</ref>, il est rappelé que l'[[ONIAM]], ne disposant que de données d'indemnisation, n'est pas en mesure d'établir des statistiques fiables sur ces effets indésirables. L'organisme ne peut donc pas corroborer une mention que {{citation|les chiffres les plus couramment avancés font état de {{formatnum:140000}} hospitalisations provoquées par des accidents médicamenteux et {{formatnum:13000}} décès avérés<ref>[http://www.senat.fr/commission/soc/medicament051212.html Audition au Sénat de MM. Claude Huriet, président, et Dominique Martin, directeur de l'Office national d'indemnisation des accidents médicaux, des affections iatrogènes et des infections nosocomiales (Oniam)].</ref>.}}.

Aux [[États-Unis]], l'iatrogénie médicamenteuse constitue la 5ème {{5e|cause}} de mortalité<ref name=":0">{{lien web |titre=Accidents médicamenteux - Iatrogénie médicamenteuse - Doctissimo |url=http://www.doctissimo.fr/html/medicaments/articles/15767-iatrogenie-effets-indesirables.htm |site=Doctissimo |consulté le=09-10-2020}}.</ref>.

Le Comité de coordination de l'évaluation clinique et de la qualité en Nouvelle-Aquitaine (CCECQA), à Bordeaux, a étudié la iatrogénèse en milieu hospitalier en France. Cette évaluation du risque iatrogénique grave dans les établissements de santé fait apparaître un risque de 15 %, dont 6,2 % seraient évitables<ref name="Ecoetsante2010">[http://ecoetsante2010.free.fr/article.php3?id_article=375 Nosocomial ? iatrogène ? Définitions et différences. Notion d'iatrogénèse systémique]</ref>.

La iatrogénèse totale (en ajoutant causes immédiates et associées) a été estimée par l’INSERMl'INSERM (1997) à {{formatnum:10000}} décès/an, hors infections nosocomiales (qui elles sont estimées causer [[Infection nosocomiale#Cas de la FranceÉpidémiologie|{{formatnum:4200}} décès par an en France]]). Mais {{citation|cette approche sous-estime très probablement la réalité}} selon le document DGS/GTNDO. La seule {{citation|mortalité par cancers liée à l’irradiation médicale à visée diagnostique est estimée à {{formatnum:unité|3000}}-{{formatnum: – 5000 /an}}&nbsp;/an, dont une partie évitable.}}. Et les {{formatnum:13000}} décès avérés (et peut-être jusqu'à {{formatnum:32000}}<ref>[http://ecoetsante2010.free.fr/article.php3?id_article=392 Mortalité, mortalité prématurée, mortalité évitable. Quelques chiffres et ordres de grandeur]</ref>) à la suite d'un accident médicamenteux ne sont qu'une (autre) partie des décès hors infections nosocomiales.

La (seule) ''iatrogénèse médicamenteuse'' a été étudiée en milieu hospitalier, par exemple au {{2e}} Forum AAQTE, 1998 : ''Lutter contre l’erreurl'erreur médicamenteuse''<ref>[http://www.adiph.org/aaqte/forum2.pdf {{2e}} Forum AAQTE, 1998 : "''Lutter contre l'erreur médicamenteuse''"]</ref> et à la {{4e|journée}} de l’AAQTEl'AAQTE, 2002<ref>[http://www.adiph.org/aaqte/programme-aaqte2002.pdf 4èmes journées de l'AAQTE, 2002]</ref>.

Une étude menée en 1999 dans les pays francophones d’d'[[Europe]] a montré une augmentation du risque iatrogène en [[réanimation]]<ref name=":1" />.

Les personnes de plus de {{nobr|65&nbsp; ans}} sont {{nobr|2&nbsp; fois}} plus souvent touchées :

* avec l'âge, le nombre de maladies augmente, et la consommation de médicaments aussi ;

* l'organisme élimine les médicaments moins bien les médicaments<ref name=":0" /> ;

* le risque de se tromper dans les différentes prises est accru ;

Extrait d'une lettre du Directeur de l’l'[[Agence française de sécurité sanitaire|Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé]] (AFSSaPS) aux professionnels de santé, {{date-|29 juin 2005}}<ref>[http://ecoetsante2010.free.fr/article.php3?id_article=268 Prévention de la iatrogénie médicamenteuse chez le sujet âgé]</ref> :

{{début citation|''}}Les personnes âgées sont particulièrement exposées au risque d’[[effet indésirable|effets indésirables]] liés à la prise de médicaments : les événements indésirables médicamenteux sont {{nobr|2&nbsp; fois}} plus fréquents en moyenne après {{nobr|65&nbsp; ans}} et 10 à 20 % d’entre eux conduisent à une hospitalisation. Pourtant près {{nobr|des&nbsp; 2/3}} pourraient être évités.''

''Les effets indésirables qui pourraient être évités sont le plus souvent la conséquence :

* ''d’une erreur thérapeutique (mauvaise indication, non-respect des contre-indications, posologie excessive ou traitement trop prolongé)''

* ''d’une mauvaise observance du traitement''

* ''ou d’une automédication inappropriée chez ces patients âgés et fragiles, traités pour plusieurs pathologies''.{{fin citation}}

Les risques diffèrent selon les médicaments en cause. Il peut s'agir d'[[hémorragie]] (prise d'un anticoagulant), de [[vomissement]]s, de réactions dermatologiques, de [[malaise (premiers secours)|malaise]] ou chute ([[antihypertenseur]]s, [[somnifèreHypnotique|somnifères]]s, {{etc.}}), d'insuffisance rénale, ou de maladies complexes ([[myofasciite à macrophages]] par exemple), de [[syndrome métabolique]] (prise de plusieurs [[Neuroleptique|neuroleptiques]] associés ou non avec des [[Antiépileptique|antiépileptiques]], des [[Benzodiazépine|benzodiazépines]]){{etc.}}

Le pharmacien qui connaît son patient et ses habitudes en matière de médicaments, ou qui constate que des médicaments sur une ou plusieurs ordonnances sont incompatibles entre eux, peut jouer un rôle considérable pour éviter de telles interactions néfastes entre médicaments. Pour lutter contre la iatrogénèse, le Dossier Pharmaceutique du patient sera bientôtest consultable dans toutes les officines françaises. Il permettrapermet la visualisation par le pharmacien de l'ensemble des prescriptionsdélivrances de médicaments dits « classiques » (par opposition aux [[Médicament biologique|médicaments biologiques]]), d'un patient sur les {{nobr|4&nbsp; derniers}} mois, qu'elles aient été délivrées par lui ou par d'autres officines<ref>{{Lien web |titre=Le Dossier Pharmaceutique (DP) {{!}} CNIL |url=https://www.cnil.fr/fr/le-dossier-pharmaceutique-dp |site=www.cnil.fr |consulté le=2022-03-21}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=Fr |titre=Dossier pharmaceutique |url=https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F16033 |site=www.service-public.fr |consulté le=2022-03-21}}</ref>.

D'une manière plus générale, il est nécessaire d'appréhender la question [[Iatrogénèse systémique|sous l'angle systémique]], car on impute, à l'hôpital, plus de 80 % des causes profondes des événements indésirables à l’organisationl'organisation (de l'hôpital, des soins)<ref>Rapport "To Err is Human : Building a Safer Health System", Institute of Medicine 1999 [http://ecoetsante2010.free.fr/article.php3?id_article=375 Nosocomial ? iatrogène ? Définitions et différences. Notion de iatrogénèse systémique]</ref>.

En ce qui concerne la France, {{citation|la iatrogénèse reste en grande partie évitable et la maîtrise du risque s’inscrit à la fois dans le domaine de la qualité des soins et dans celui de la sécurité sanitaire.}}<ref>[http://ecoetsante2010.free.fr/article.php3?id_article=375 Nosocomial ? iatrogène ? Définitions et différences. Notion de iatrogénèse systémique]</ref>.}} {{citation|À partir de 5cinq enquêtes épidémiologiques rétrospectives effectuées en France sur revue de dossier médical, la part d'iatrogénèse globale évitable se situerait entre 30 % et plus de 50 % (très probablement 30 % pour l’infection nosocomiale).}} <ref name=":1">Extrait du [http://www.sante.gouv.fr/htm/dossiers/losp/10_iatrogenie.pdf document DGS/GTNDO]</ref>.}}

Le Ministère de la Santé français s'est donné, pour quelle date ?2008, des objectifs<ref>[http://www.sante.gouv.fr/htm/dossiers/losp/10_iatrogenie.pdf Document "Iatrogénie"]</ref> :

* {{citation|réduire d''Réduire d’11/3 la fréquence des événements iatrogènes graves (EIG) évitables lors des séjours hospitaliers'' ;

* ''Réduireréduire de 20 % l'incidence des infections nosocomiales secondaires à des actes invasifs'' ;

* réduire d''Réduire d’11/3 la prévalence de la iatrogénèse médicamenteuse hospitalière grave et évitable'' ;

* réduire d''Réduire d’11/3 le nombre annuel d’hospitalisationsd'hospitalisations dues à un effet médicamenteux indésirable évitable'' ;

* ''Réduireréduire de 30 % les doses annuelles par habitant secondaires à une irradiation médicale à visée diagnostique'' ;

* ''Réduireréduire de 20 % le nombre de décès ayant la iatrogénèse comme cause principale''}}.

* [[YvanRoger IllichLenglet|Lenglet, R]] et Bernard Topuz, ''NémésisDes médicale.lobbies L'expropriation decontre la santé'', Éditions du Seuil, col.Mutualité Techno-critiquefrançaise/Syros, 19751998.

* [[Evénement indésirable médicamenteux (EIM) - Adverse Drug Event (ADE)]]

* [http://ecoetsante2010.free.fr/article.php3?id_article=391 Extrait du Discours de Bernard Kouchner à la Conférence Nationale de la Santé, lundi 22 juin 1998, Secrétaire d’Étatd'État à la Santé]

* [http://www.adiph.org/sfpc/Dictionnaire_SFPC_EM.pdf Dictionnaire français de l’erreurl'erreur médicamenteuse, 72 pages, SFPC]

* [http://ecoetsante2010.free.fr/article.php3?id_article=399 Extraits de DREES, n°219, février 2003, L’estimationL'estimation du risque iatrogène dans les établissements de santé en France]