« Époque de Nara » : différence entre les versions

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L'[[ère Tenpyō]] (ou Tempyō) (729-749), seconde période de Nara après l'[[Période Hakuhō|ère Hakuhō]] selon certains historiens d'art<ref name="Shimizu p63-69">{{harvsp|Christine Shimizu, 1998|p=63-69}}</ref>, sert, parfois, à évoquer toute la période dans le domaine artistique, car la culture a été particulièrement brillante à ce moment-là. Le Japon constitue alors un foyer culturel de première importance à côté de [[Silla (Corée)|Silla, en Corée]], et de la [[Chine]], se présentant comme un petit empire « civilisé » (selon des critères posés par l'empire chinois et auxquels le Japon adhère).
 
== Histoire et organisation politiques ==
 
=== Généralités ===
==== Centralisme : capitale et codes ====
Auparavant, au cours de la période d'Asuka, commence un processus de centralisation du pouvoir fondé sur le modèle chinois, avec la [[réforme de Taika]] (645). En effet, la Chine s'est enfin réunifiée sous les dynasties [[Dynastie Sui|Sui]] (581-618) puis [[Dynastie Tang|Tang]] (618-907) et redevient un modèle pour ses voisins. Par ailleurs, la diffusion du bouddhisme incite à la circulation des étudiants et des moines, qui passent ainsi sur le continent et reviennent avec des informations sur les modèles prestigieux de la Chine. Ainsi le premier grand code japonais, à la manière des codes chinois, est promulgué par l'[[Jitô|impératrice Jitô]] (reg. 686-697) ; elle tente aussi de fonder la première capitale durable, qui passe d'[[Asuka (Nara)|Asuka]] à [[Fujiwara-kyō]]. Ce processus va cumuler avec le code administratif de l'ère Taihō ([[code de Taihō]]) en 701<ref>{{harvsp|Francine Hérail (dir.), 2009|p=67 et suivantes}}</ref>, et donner naissance au {{japonais|régime des codes|律令|ritsu-ryō}}, ou ''[[ritsuryō]]''<ref>{{Chapitre|langue=fr|titre= Ritsuryō-seido|titre ouvrage=Dictionnaire historique du Japon|sous-titre= |volume=17|titre volume= Lettres R (2) et S (1)|éditeur=Librairie Kinokuniya : Maison franco-japonaise |lieu=Tokyo|année=1991|passage=21-22 |lire en ligne=https://www.persee.fr/doc/dhjap_0000-0000_1991_dic_17_1_938_t1_0021_0000_5}}</ref>, le système politique du Japon jusqu'à la fin de l'[[époque de Heian]] (1185). Ce code, composé de dispositions pénales (''ritsu'') et d'institutions administratives (''ryô''), mêle des traditions locales à des éléments chinois, en particulier le code des Tang<ref>{{harvsp|Danielle Elisseeff, 2001|p=49}}</ref>. Mais les structures mises en place à cette époque (bureaucratie centrale, système de répartition des rizières…) connaissent des difficultés dès l'époque de Nara.
 
En 710, cette époque de Nara débute avec l'installation de la capitale par l'impératrice [[Genmei]] à {{japonais|Heijō-kyō|平城京||''kyō'' voulant dire « capitale »}} aujourd'hui connu sous le nom de [[Nara]], la première capitale fixe de l'archipel. Elle prend fin, lorsque l'empereur [[Kammu (empereur)|Kammu]] (reg. 782-806) déplace la capitale à [[Nagaoka-kyō]] (en 784) pour échapper à l'influence des {{japonais|[[Bouddhisme au Japon#Époque de Nara|six écoles de la capitale du sud]]|南都六宗|Nanto roku shū}}. Ce site est rapidement quitté au profit de {{japonais|[[Heian-kyō]]|平安京}}, future [[Kyōto]], car le lieu semblait néfaste<ref>{{harvsp|Danielle Elisseeff, 2001|p=56-57}}</ref>.
 
==== Capitales ====
Nara / Heijō-kyō : La ville est placée à proximité de routes, et donc en un lieu plus pertinent que Fujiwara-kyô. Elle est bien plus étendue aussi, plus de trois fois. Elle couvre {{unité|4.2|km}} sur {{unité|4.7|km}}. Construite en un damier de mailles carrées, sur le modèle chinois de la ville de [[Chang'an]] (capitale des [[Dynastie Tang|Tang]])<ref>{{harvsp|Souyri, 2010 |p=138-139}}</ref>, la ville abrite le palais impérial, les résidences des fonctionnaires, les habitations des gens du peuple, deux marchés permanents<ref>{{harvsp|Francine Hérail (dir.), 2009|p=112 et suivantes}}</ref> et, rapidement, plusieurs monastères bouddhiques, soit près de {{unité|200000|habitants}} dont {{unité|10000}} fonctionnaires gouvernementaux<ref>{{article|langue=en|auteur=[[Ronald Toby]]|titre=Why Leave Nara?: Kammu and the Transfer of the Capital|périodique=[[Monumenta Nipponica]]|date=automne 1985|url=https://www.jstor.org/stable/2384764?seq=1#metadata_info_tab_contents}}.</ref>. L'influence étouffante de puissants monastères bouddhistes poussera l'empereur [[Kammu (empereur)|Kammu]] à déplacer la capitale à Nagaoka en 784, puis à Heian ([[Kyōto]]), qui restera le lieu de résidence de l'empereur, ensuite, pendant plus de mille ans (jusqu'à la [[restauration de Meiji]], en 1868). Dans la ville nouvelle de Nara les résidences des notables doivent posséder un toit de tuiles, vert foncé ou gris bleuté, des piliers peints en rouge et des murs en blanc afin de valoriser l'image de la capitale. Mais cet espace urbain contient aussi des jardins, des champs, des rizières et même des bois.
 
Ces capitales japonaises ne possèdent pas de murailles : absence de menace extérieure, et s'il y a coup d'État ou guerre civile les combats peuvent se dérouler en ville mais jamais pour la ville<ref>{{harvsp|Souyri, 2010 |p=139-140}}</ref>. Par ailleurs, des fouilles ont mis au jour des résidences privées, dont celle d'un prince. Des jardins avec étangs y peuvent accueillir des jeux, des danses et des concours poétiques, lesquels sont connus par des sources écrites. Enfin, les tablettes (ici {{formatnum:35000}} ''mokkan'') qu'on y a découvertes révèlent comment la vie de ce palais est organisée. Celle-ci repose largement sur la perception d'un tribut en produits frais. Ces tributs en produits frais étaient, bien sûr, payés par le peuple, en très grande majorité, des paysans.
 
==== Femmes au pouvoir ====
Ce qui caractérise le mieux la dynastie impériale est, alors, la prédominance des femmes sur le trône. En effet, le [[clan Fujiwara#Époque de Nara|clan Fujiwara à l'époque de Nara]], descendant de Kamatari, établit des liens de parenté avec la famille impériale en mariant ses filles aux princes et en les faisant accéder au pouvoir<ref name="Shimizu p77">{{harvsp|Christine Shimizu, 1988|p=77}}</ref>.
 
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Cette époque voit aussi l'accession au trône de la dernière impératrice japonaise pour presque mille ans. En raison de l'influence néfaste - selon ceux qui ont écrit l'histoire ensuite - exercée par le moine Dōkyō sur l'impératrice [[Kōken|Shōtoku]] (718-770), il fut en effet décidé que plus aucune femme ne serait autorisée à monter sur le trône.
 
==== PaysansComment on écrit l'Histoire ====
En 712 et 720 sont compilés deux premières chroniques impériales, respectivement le ''[[Kojiki]]'' (histoire largement mythique qui s'adresse à la Cour) <ref>{{Lien vidéo |people=François Macé (INALCO)|date=08-06-2016 |titre=Le Kojiki est-il un texte fondamental?|émission=|chaine=[[Collège de France]] |durée=45|url=https://www.college-de-france.fr/site/jean-noel-robert/symposium-2016-06-08-10h00.htm |lieu=|consulté le=29-07-2021 |id=François Macé, 2016}} </ref>, (écrit en sino-japonais) et le ''[[Nihon shoki |Nihon Shoki]]'', écrit en chinois pouvant être lu par des [[Chinois (nation)|chinois]] et retrace la dynastie du Yamato, précisément, jusqu'à la fin du {{s-|VII}}<ref>{{harvsp|Souyri, 2010 |p=135}}</ref>.
 
=== Empereurs ===
*[[Mommu]] ([[697]]-[[707]])
*[[Gemmei]] ([[707]]-[[716]])
*[[Genshō]] ([[715]]-[[724]])
*[[Shōmu]] ([[724]]-[[749]])
*[[Kōken]] ([[749]]-[[758]])
*[[Junnin]] ([[758]]-[[764]])
*[[Kōken|Shōtoku]] ([[764]]-[[770]])
*[[Kōnin]] ([[770]]-[[781]])
*[[Kanmu|Kammu]] ([[781]]-[[806]])
 
== Aspects sociaux ==
 
[[Fichier:Sickle made in Nara period, from The Gallery of Horyuji Treasures at Tokyo National Museum.jpg|thumb|Faucille. Époque de Nara . [[Musée national de Tokyo]]]]
La diffusion des instruments aratoires en fer et une politique d'encouragement à l'agriculture permettent l'augmentation de la production, au {{s-|VIII}}<ref>{{harvsp|Souyri, 2010 |p=154}}</ref>. Bien loin de l'élite, la très grande majorité des habitants du Japon se consacre à cette époque à l'agriculture et vit, misérablement, dans des villages ou des hameaux plus ou moins dispersés. La maison semi-enterrée se trouve remplacée, progressivement, d'Ouest vers l'Est, par une maison construite sur le sol et surélevée sur des poteaux, prototype de ce qui deviendra la « maison japonaise traditionnelle »<ref>Voir la documentation (photographiée et dessinée) prise par l'architecte Bruno Taut et qui témoigne de la diversité de ces maisons traditionnelles : {{Ouvrage |langue=fr |langue originale=de |auteur1=[[Bruno Taut]] |traducteur=Daniel Wieczorek |titre=La maison japonaise et ses habitants |titre original=Das Japanische Haus und sein Leben |lieu=Paris |éditeur=Éditions du Linteau |année=2014 |année première édition=1937 |pages totales=349 |format livre=26 cm |isbn=978-2-910342-62-3 |id=Bruno Taut, 1937}} ; voir aussi les maisons traditionnelles de type ''[[Minka (Japon)|minka]]''.</ref>.
Paysans et notables. Par rapport à ces habitations de paysans, aux toits de chaume, les toits des notables se doivent d'être couverts de tuiles. Parmi ces notables, des « nouveaux riches », prêteurs, usuriers ou commerçants, gèrent rizières et terres récemment mises en culture. Car la riziculture continue de s'implanter sur le territoire. Mais, en raison des taxes (la fiscalité de l'État des Codes), de nombreux paysans, employés à la capitale, fuient et retournent chez eux, se déplacent d'une province à l'autre, se mettent sous la protection d'aristocrates ou de monastères.
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Les paysans tentent ainsi d'échapper aux corvées par tous les moyens, il s'ensuit que les belles routes droites qui avaient servi d'axes de communication, entre autres, aux gouverneurs et fonctionnaires, ne sont plus entretenues dès la fin du {{s-|VIII}} et elles ont pour la plupart disparu au {{s-|IX}}<ref>{{harvsp|Souyri, 2010 |p=160}}</ref>.
 
==== ShintôReligions ====
 
=== Shintô ===
La plupart des villageois pratiquent ce qui sera appelé plus tard, au {{s|XIII|e}}, le [[shintō]], basé sur le culte des ''[[Kami (divinité)|kami]]'', c'est-à-dire les forces de la nature et les esprits des ancêtres .
 
==== Échanges avec la ChineBouddhisme, Sillaarchitecture et Balhaeart bouddhique ====
Ces échanges se multiplient avec les étudiants et les moines, et touchent tous les domaines : religieux, philosophique, administratif, urbanistique, littéraire et artisanal<ref>{{harvsp|Christine Shimizu, 1998|p=77}}</ref>.
 
C'est une quinzaine d'ambassades qui sont envoyées en Chine, du {{sp-|VII|au début du|IX}}. Les plus importantes embarquant jusqu'à {{nombre|600|personnes}}<ref>{{harvsp|Souyri, 2010 |p=140}}</ref> : hauts fonctionnaires, étudiants, moines, marchands et marins. Leur séjour est très long, parfois une vie entière. Les livres chinois arrivent avec des informations sur la vie dans la Chine des Tang, et la ville de Chang an, où l'on peut rencontrer des Indiens, des [[Sarrasins]] et peut-être même des chrétiens de [[Byzance]], plus surement des habitants des oasis de la route de la soie par le [[Désert du Taklamakan|Taklamakan]], comme [[Kucha]], [[Hotan|Khotan]] et [[Art gréco-bouddhique#Tumshuq|Tumshuq]] ainsi que des [[Sogdien]]s, convoyeurs de caravanes.
 
Comparées à ces échanges intenses, le Japon n'entretient que des relations plutôt lointaines avec [[Silla (Corée)|Silla]]. Cependant, la montée en puissance de [[Balhae]] (actuelle [[Mandchourie]]), ancien territoire allié au Japon contre Silla, précisément au Nord de Silla, a déstabilisé les relations entre le Japon et Silla. Balhae ([[Histoire de la Corée#Parhae|Parhae]]) a envoyé sa première mission en 728 à Nara, qui l'a accueillie en tant qu'État successeur de [[Koguryo ]] (Goguryeo) , avec lequel le Japon s'était allié jusqu'à ce que Silla ait unifié les [[Trois Royaumes de Corée]]. De ces liens avec Balhae, le Japon retire des fourrures, des plantes médicinales, du miel, du ''[[kombu]]'', ainsi que des livres chinois et des informations. Lors des ambassades de Silla, de nombreux échanges de produits de luxe coréens ont été importés par l'élite japonaise<ref>{{harvsp|Souyri, 2010|p=141-142}}</ref>.
 
Parmi les nombreuses traditions importées du continent à cette époque, citons: le thé (dont l'usage se développera plus tard), la consommation de haricots fermentés, à l'état pâteux (''[[tofu ]]'') ou semi-liquide (''[[miso]]''), les [[clepsydre]]s, installées au palais, et qui manifestaient le contrôle du souverain sur le temps, et enfin, le jeu de ''[[Go (jeu)|go]]'' et le ''[[sugoroku]]'' ainsi que la plupart des instruments de musique - flûtes, cythare ''[[jetygen]]''<ref>Cythare ''[[jetygen]]'' au principe, comme le ''[[guzheng]]'', du ''[[koto]]'' au Japon.</ref> et luths (d'Asie centrale), cithare (''[[guzheng]]'' chinois), orgues à bouche (''[[sheng]]'' chinois, ''saenghwang'' coréen) - qui furent importés de Corée, de Chine, mais aussi d'Asie-centrale ou d'Asie du Sud-Est<ref>{{harvsp|Francine Hérail (dir.), 2009|p=114-115}}</ref>.
 
==== Bouddhisme, architecture et art bouddhique ====
<gallery>
Fichier:Toshodai-ji, kondouGolden Hall 01.jpg|''[[Bâtiment principal (Bouddhisme japonais)|kondo]]'' du [[Toshodai-ji]] (v. 770-780). Nara<ref>{{harvsp|Gilles Béguin, 2009|p=354}}, fig. 18, 19, 20.</ref>.
Fichier:Toshodaiji Nara Nara pref37s3s4140.jpg|Jeu de [[Console (architecture)|consoles]] sur la travée de la façade. Toshodai-ji
Fichier:Toshodaiji Nara Nara pref17n4592.jpg|Vue des [[entrait]]s et des ''kaerumata''<ref>Un ''kaerumata'', également "cuisse de grenouille" ou "entrejambe de grenouille", est un élément de l'architecture japonaise traditionnelle. Sa fonction semble correspondre à notre console, afin de soulager la charge à l'extrémité de l'entrait d'une ferme.</ref>, travée de la façade. Toshodai-ji<ref>{{harvsp|Christine Shimizu, 1998|p=84}}</ref>.
Fichier:Statues of Avalokiteshvara, Shakyamuni and Gautama Buddhas in one of Tōdai-ji temple complex halls. Nara, Nara Prefecture, Kansai Region, Japan.jpg|[[Vairocana|Birushana Butsu]], centre, et [[Avalokiteśvara|Senju Kannon]], à g. Intérieur du ''kondo'', Toshodaiji. [[laque#Sculptures japonaises en bois laqué et laque sec|Laques sèches]], v. 750-800<ref>{{harvsp|Christine Shimizu, 1998|p=96}}. Senju Kannon: [[Avalokiteśvara]] à onze têtes. </ref>
Fichier:Jianzhen (Tōshōdai-ji, 3).jpg|Portrait du moine Ganjin. Laque sèche, H. {{unité|80.5|cm}} ; v. 763. [[Tōshōdai-ji]]
Fichier:Todaiji Monaster Fukuken-saku Kannon of Hokke-do. Todai-ji.jpg|alt=Statue de Fuku-kensaku Kannon, au centre, sur un haut piédestal, entouré de rayons dorés. Deux statues blanches sereines de par et d’autre, de taille deux fois moindre: les devas. |Fukūken-saku Kannon, laque sèche, or, H {{unité|3.64|m}}, et deux [[deva (divinité)|deva]]s, argile crue. Fin {{8e|s}}. [[Hokke-dō]], [[Tōdai-ji]]<ref>Le Bodhisattva Fukuken-saku (ou -jaku), une forme d'[[Avalokiteśvara]] vénérée depuis le {{s-|6|e}} au Japon, correspond à l'Indien [[Amoghapasha Lokeshvara|Amoghapāśa]]. Décrit dans un texte de 709, il se présente sous diverses formes, la plus commune à quatre bras. Avec son attribut caractéristique, le nœud coulant, il met en œuvre son vœu de sauver tous les êtres. À ses côtés, Bon-ten ([[Brahman]]) et Taishaku-ten (l'empereur du ciel), deux des douze devas. Ref. :[https://www.kyohaku.go.jp/eng/syuzou/meihin/butsuga/item05_09.html].</ref>
</gallery>
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</gallery>
 
== Échanges avec la Chine, Silla et Balhae ==
==== Comment on écrit l'Histoire ====
Ces échanges se multiplient avec les étudiants et les moines, et touchent tous les domaines : religieux, philosophique, administratif, urbanistique, littéraire et artisanal<ref>{{harvsp|Christine Shimizu, 1998|p=77}}</ref>.
En 712 et 720 sont compilés deux premières chroniques impériales, respectivement le ''[[Kojiki]]'' (histoire largement mythique qui s'adresse à la Cour) <ref>{{Lien vidéo |people=François Macé (INALCO)|date=08-06-2016 |titre=Le Kojiki est-il un texte fondamental?|émission=|chaine=[[Collège de France]] |durée=45|url=https://www.college-de-france.fr/site/jean-noel-robert/symposium-2016-06-08-10h00.htm |lieu=|consulté le=29-07-2021 |id=François Macé, 2016}} </ref>, (écrit en sino-japonais) et le ''[[Nihon shoki |Nihon Shoki]]'', écrit en chinois pouvant être lu par des [[Chinois (nation)|chinois]] et retrace la dynastie du Yamato, précisément, jusqu'à la fin du {{s-|VII}}<ref>{{harvsp|Souyri, 2010 |p=135}}</ref>.
 
C'est une quinzaine d'ambassades qui sont envoyées en Chine, du {{sp-|VII|au début du|IX}}. Les plus importantes embarquant jusqu'à {{nombre|600|personnes}}<ref>{{harvsp|Souyri, 2010 |p=140}}</ref> : hauts fonctionnaires, étudiants, moines, marchands et marins. Leur séjour est très long, parfois une vie entière. Les livres chinois arrivent avec des informations sur la vie dans la Chine des Tang, et la ville de Chang an, où l'on peut rencontrer des Indiens, des [[Sarrasins]] et peut-être même des chrétiens de [[Byzance]], plus surement des habitants des oasis de la route de la soie par le [[Désert du Taklamakan|Taklamakan]], comme [[Kucha]], [[Hotan|Khotan]] et [[Art gréco-bouddhique#Tumshuq|Tumshuq]] ainsi que des [[Sogdien]]s, convoyeurs de caravanes.
=== Empereurs ===
 
*[[Mommu]] ([[697]]-[[707]])
Comparées à ces échanges intenses, le Japon n'entretient que des relations plutôt lointaines avec [[Silla (Corée)|Silla]]. Cependant, la montée en puissance de [[Balhae]] (actuelle [[Mandchourie]]), ancien territoire allié au Japon contre Silla, précisément au Nord de Silla, a déstabilisé les relations entre le Japon et Silla. Balhae ([[Histoire de la Corée#Parhae|Parhae]]) a envoyé sa première mission en 728 à Nara, qui l'a accueillie en tant qu'État successeur de [[Koguryo ]] (Goguryeo) , avec lequel le Japon s'était allié jusqu'à ce que Silla ait unifié les [[Trois Royaumes de Corée]]. De ces liens avec Balhae, le Japon retire des fourrures, des plantes médicinales, du miel, du ''[[kombu]]'', ainsi que des livres chinois et des informations. Lors des ambassades de Silla, de nombreux échanges de produits de luxe coréens ont été importés par l'élite japonaise<ref>{{harvsp|Souyri, 2010|p=141-142}}</ref>.
*[[Gemmei]] ([[707]]-[[716]])
 
*[[Genshō]] ([[715]]-[[724]])
Parmi les nombreuses traditions importées du continent à cette époque, citons: le thé (dont l'usage se développera plus tard), la consommation de haricots fermentés, à l'état pâteux (''[[tofu ]]'') ou semi-liquide (''[[miso]]''), les [[clepsydre]]s, installées au palais, et qui manifestaient le contrôle du souverain sur le temps, et enfin, le jeu de ''[[Go (jeu)|go]]'' et le ''[[sugoroku]]'' ainsi que la plupart des instruments de musique - flûtes, cythare ''[[jetygen]]''<ref>Cythare ''[[jetygen]]'' au principe, comme le ''[[guzheng]]'', du ''[[koto]]'' au Japon.</ref> et luths (d'Asie centrale), cithare (''[[guzheng]]'' chinois), orgues à bouche (''[[sheng]]'' chinois, ''saenghwang'' coréen) - qui furent importés de Corée, de Chine, mais aussi d'Asie-centrale ou d'Asie du Sud-Est<ref>{{harvsp|Francine Hérail (dir.), 2009|p=114-115}}</ref>.
*[[Shōmu]] ([[724]]-[[749]])
*[[Kōken]] ([[749]]-[[758]])
*[[Junnin]] ([[758]]-[[764]])
*[[Kōken|Shōtoku]] ([[764]]-[[770]])
*[[Kōnin]] ([[770]]-[[781]])
*[[Kanmu|Kammu]] ([[781]]-[[806]])
 
== Art ==
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Fichier:Epoca nara, maschere per gigaku, shishiko, VIII sec.JPG|Masque de [[gigaku]], Shishiko. {{s-|VIII}}. Bois de [[paulownia]], laque, couleurs ; H. {{unité|27.5|cm}}. [[Musée national des arts asiatiques-Guimet|Musée Guimet]]
</gallery>
La technique de laque sèche est,a dansété laemployée partie consacrée à l'art bouddhique, illustrée parpour la statue d'Asura, un des protecteurs du Bouddha, commandé par l'[[impératrice Kōmyō]] pour le temple du Kofukuji. Une armature en bois est réalisée afin d'être habillée d'argile modelée, pour donner la forme globale de la statue<ref>{{harvsp|Christine Shimizu, 1988 |p=57}}</ref>. On va recouvrir l'ensemble sur toute sa hauteur de couches de chanvre imbibées de laque liquide, avec un temps de séchage intermédiaire entre chaque couche. Ceci formera une coque rigide et solide de la même forme que l'argile modelée.
 
Une fois toutes ces opérations réalisées, une ouverture sera pratiquée à l'arrière de la statue pour retirer l'argile, ne conservant que la coque et l'armature en bois. Le chanvre ayant séché, la structure reste stable. L'ouverture est ensuite recousue de fils de chanvre, et l'ensemble de la statue est recouvert d'une dernière couche de laque et d'argile, ce qui va permettre de retravailler le modelé final de la statue. Les détails, comme les doigts sont constitués d'une armature de fil de fer enveloppée de cordelettes et de tissus de chanvre et mis en forme à l'aide d'un mélange de sciure de bois et de laque, le ''kosuko''. Une fois l'ensemble durci, ce mélange peut servir de couche d'apprêt pour les couleurs et la dorure. Cette technique permet des statues très légères et unune grandgrande souplesse de modelé.
 
=== Architecture et urbanisme ===
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* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Christine|nom1=Shimizu|titre=''Urushi'' : Les laques du Japon|lieu=Fribourg|éditeur=[[Groupe Flammarion|Flammarion]]|année=1988|pages totales=297|format livre=34 cm.|passage=50-77|isbn=2-08-012088-3|id=Christine Shimizu, 1988}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Gilles|nom1=Béguin|titre=L'art bouddhique|lieu=Paris|éditeur=[[CNRS Éditions|CNRS éditions]]|année=2009|pages totales=415|isbn=978-2-271-06812-5|id=Gilles Béguin, 2009}}{{Commentaire biblio|Le Japon de l'époque de Nara fait l'objet d'une partie, p. 354-359}}.
* {{Ouvragechapitre| langue=en|prénom1=KarlRoss F.|nom1=FridayBender |directeur1 titre=oui Emperor, Aristocracy, and the ''Ritsuryō'' State: Court Politics in Nara|titre auteurs ouvrage=Japan EmergingKarl F. Friday (dir.) |sous-titre ouvrage=Japan Emerging: Premodern History to 1850|éditeur=Routledge|lieu=New York et Londres|éditeur=[[Routledge]]|année=2012|pages totalespassage=478|isbn=978 111-0-8133-4483-6|id=EME121}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Laurent|nom1= Nespoulous|prénom2= Pierre-François|nom2= Souyri |titre= Le Japon |sous-titre= Des chasseurs-cueilleurs à Heian, -36 000 à l'an mille |éditeur=Belin|collection=Mondes anciens|lieu=Paris|année= 2023}}
 
=== Articles connexes ===
* [[Chronologie du Japon]]
* [[Histoire du Japon]]
* [[Histoire de la cuisine japonaise#Époque de Nara (710–794710-794) |Histoire de la cuisine japonaise à l'époque de Nara]]
 
{{Palette|Empereurs du Japon|Histoire du Japon}}
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[[Catégorie:Japon au VIIIe siècle]]
[[Catégorie:Histoire du bouddhisme]]
[[Catégorie:Nara]]
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