« Désir » : différence entre les versions

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{{Voir homonymes|Désir (homonymie)}}
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Le '''désir''' désigne la sensation d'attraction et d'attente à l'égard d'une personne, d'un objet, d'une situation ou d'un futur particulier. Le désir et son contentement engendrent une tension chez l'individu qui le ressent et qui cherche à résoudre celle-ci pour combler le manque induit. La satisfaction du désir ou l'obtention de l'objet désiré mène - à différentes échelles de durées (courte, moyenne, longue) - à la jouissance, la joie, ou au bonheur. De nombreux philosophes ont analysé le désir sous ses différentes implications. [[Platon]] dans ''[[Le Banquet (Platon)|Le Banquet]]'', évoquait l'idée que le désir se fixe sur ce dont on manque<ref>{{Lien web |langue=fr|auteur=Romain Treffel |titre=Le désir selon Platon |url=https://1000-idees-de-culture-generale.fr/desir-platon/ |site=1000 idées de culture générale |date=2020 |consulté le=26 janvier 2020}}</ref>. L'invention (ou découverte) par soi d'un objet de satisfaction potentielle est à l'origine du besoin de réaliser la possession de cet objet. Pour d'autres, comme [[Thomas Hobbes]], le désir est par essence à l'origine de la motivation de toutes les actions humaines.
 
Le désir est tantôt considéré positivement puisque l'on considère l'objet désiré comme source de plaisir ou de contentement, voire de bonheur et tantôt considéré négativement comme une source de [[souffrance]], une forme d'[[insatisfaction]], en fonction de la proportion que le désir et que son contentement peut prendre dans l'architecture des actions d'un individu ou d'une communauté d'individus.
 
D'un point de vue psychologique, le désir est une tendance, une inclination, devenue consciente d'elle-même, qui s'accompagne de la représentation du but à atteindre et souvent d'une [[Intentionnalité|volonté]] de mettre en œuvre des moyens d'atteindre ce but. Le désir est en cela similaire au [[besoin]], car les deux se manifestent àa priori pour combler un manque. Le [[besoin]] faisant quant à lui partie de la [[pyramide des besoins]], il relève d'une forme de nécessité vitale.
 
== En philosophie ==
{{Section à sourcer|date=mai 2019}}
Les philosophes, depuis les origines de la philosophie, se sont demandé quelle place faire aux désirs. Les réponses sont très variées. Dans le ''[[Phédon (Platon)|Phédon]]'', [[Platon]] expose l'idée d'une vie [[Ascèse|ascétique]] où l'homme doit lutter contre les turbulences de son corps<ref>{{Lien web|titre=Platon, Phédon : désirs, corps et âme- Commentaire corrigé|url=https://www.20aubac.fr/philo/commentaire-368-platon-phedon-desirs-corps-ame-r368.html|site=20aubac.fr|consulté le=2019-10-25}}</ref> ; les [[cyrénaïsme|Cyrénaïques]], au contraire, font de la [[satisfaction]] de tous les désirs le bien suprême. Toutes ces réflexions ont conduit à de nombreuses distinctions, comme on le voit par exemple chez [[Épicure]].
 
=== La classification des désirs ===
La [[morale]] [[épicure|épicurienne]] est une morale qui fait du plaisir le seul [[Bien (philosophie)|bien]], et de la douleur le seul [[mal]]. Pour atteindre le bonheur (l'[[ataraxie]]), l'épicurien suit les règles du quadruple remède, appelé le [[Tetrapharmakos]] :
* les dieux ne sont pas à craindre ;
* la mort n'est pas à craindre ;
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C'est en vue de ce dernier qu'il faut plus particulièrement penser le désir. Épicure classe ainsi les désirs :
{| class="wikitable centre"
 
{| border="1" cellpadding="5" cellspacing="0" align="center"
|+Classification des désirs selon [[Épicure]]
 
! colspan="4" style="background:#efefef;" align="center" |Désirs naturels
! colspan="2" style="background:#efefef;" align="center" |Désirs vains
|-
!| colspan="3" align="center" | Nécessaires
|Simplement naturels
|Artificiels
|Irréalisables
|-
!| align="center"|Pour le bonheur ([[ataraxie]])
!| align="center"|Pour la tranquillité du corps (protection)
!| align="center"|Pour la vie ([[nourriture]], [[sommeil]])
!| align="center"|Variation des [[plaisir]]s, recherche de l'agréable
!| align="center"|{{Ex}} richesse, gloire
!| align="center"|{{Ex}} désir d'[[immortalité]]
|-
|}
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Cette classification n'est pas séparable d'un art de vivre, où les désirs sont l'objet d'un ''calcul'' en vue d'atteindre le [[bonheur]].
 
Selon [[Épicure]], « ''Parmi les désirs naturels, les uns sont nécessaires pour le bonheur les autres pour le fait de vivre »<ref>Epicure, ''Lettre »à Ménécée'', 127-128, trad. J.-F. Balaudé</ref> (''Lettre à Ménécée'').
 
Il existe également six grands désirs qui animent les hommes et correspondent en même temps à six des [[Péché capital|sept péchés capitaux]] répertoriés par la religion chrétienne :
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=== Le calcul des plaisirs ===
Pour [[Épicure]], le calcul (ou « [[arithmétique]] ») des désirs se distingue à la fois de l'[[Ascèse|ascétisme]], où l'on se donne pour règle de ne rechercher qu'une vie frugale pour respecter une loi « morale », et de la débauche, qui entraîne des souffrances du [[corps humain|corps]] et des troubles de l'[[âme]].
 
Pour [[Épicure]], le calcul (ou « [[arithmétique]] ») des désirs se distingue à la fois de l'[[Ascèse|ascétisme]], où l'on se donne pour règle de ne rechercher qu'une vie frugale pour respecter une loi « morale », et de la débauche, qui entraîne des souffrances du [[corps humain|corps]] et des troubles de l'[[âme]].
 
En général, le plaisir est nécessaire au [[bonheur]], et on le recherche tout en fuyant la [[douleur]]. Dans certains cas toutefois, nous traitons le bien comme un mal, car il faut fuir un [[plaisir]] léger qui aurait pour conséquence une douleur. Par exemple, pour le corps, boire de l'alcool est agréable, mais excessivement rechercher ce désir peut entraîner un plaisir qui mène à la déchéance physique ; et pour l'[[âme]], l'[[amour]] est certes la suppression d'un manque, mais il peut entraîner la [[douleur]] du fait qu'une union parfaite est impossible (voir le mythe des androgynes raconté par [[Aristophane]] dans ''[[Le Banquet (Platon)|Le Banquet]]'', {{Rom-maj|IV|4}}, de [[Platon]] et ci-dessous « Métaphysique platonicienne du Désir »).
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Dans d'autres cas, nous acceptons la douleur si elle est passagère, et si elle est la condition d'un plaisir plus haut. Par exemple, l'exercice physique du corps est douloureux, mais la [[santé]] qui en résulte est un plaisir. Le désir est lié à la volonté, mais il ne faut cependant pas confondre désir et volonté, car ce sont bel et bien des notions différentes.
 
Si on se livre à un calcul véridique des plaisirs, le bonheur sera peut-être facile à atteindre. Un hypothétique résultat serait l'[[autarcie]], état où l'on se suffirait à soi-même en limitant ses désirs : on ne dépendrait pas des autres, et on ne passerait pas sa vie à la poursuite d'objets extérieurs. Si limiter sa quête insatiable d'objet extérieur est possible dans une certaine mesure, être indépendant des autres est un [[Fantasme (psychologie)|fantasme]] qui n'est pas réalisable et qui n'est pas toujours souhaitable. Nous sommes par nature en [[harmonie]] avec le reste du monde.
 
En se contentant de satisfaire des désirs naturels, on a réduit le désir aux besoins naturels. Mais cette limitation des désirs pose la question de savoir si l'on peut réduire le désir au [[besoin]] ; et si l'on peut raisonnablement distinguer des besoins naturels et des besoins artificiels.
 
=== Problème moral du désir ===
Le désir suppose la conscience d'un manque qui traduirait selon certains notre « imperfection ». Aussi, les moralistes mettent-ils souvent l'accent sur le caractère douloureux du désir, et sur son aspect illimité quand il se reporte sans cesse sur de nouveaux objets. Le [[bonheur]] résiderait de ce fait dans la non satisfaction des désirs.
 
Cette conception négative du désir implique certaines questions :
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=== Le désir de vérité ===
Cet exposé de la doctrine épicurienne fait voir qu'il n'est pas facile de distinguer la réalité des désirs. L'épicurisme suppose qu'une insatisfaction fondamentale fonde l'homme en esprit. Quel est alors le véritable désir de l'homme et comment l'assouvir ?
 
Pour [[Platon]], ce désir est le désir de [[vérité]] et il faut pour l'assouvir se libérer de « cette chose mauvaise » qu'est le corps. Il fait de ce désir le désir suprême puisque contrairement aux faux désirs, son but est uniquement spirituel et ne tend pas à la satisfaction d'un « besoin » charnel. Les faux désirs sont ceux du corps qui troublent l'âme, l'empêchent d'atteindre la vérité et sont sources d'illusions.
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=== Distinction entre besoin et désir ===
 
Dans la distinction du « désir » et du « besoin », on peut voir le désir comme une caractéristique de l'individu dans ce qu'il a d'unique. Ainsi le désir est particulier et donc propre à chacun.
 
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=== Métaphysique platonicienne du Désir ===
Pour Platon, le Désir est une demi-connaissance. L'insatisfaction radicale, l'impossibilité de trouver l'objet du Désir doit nous faire comprendre qu'il existe un autre monde, et que ce que nous désirons vise cet autre monde. On retrouve la distinction platonicienne entre monde sensible (celui des apparences, fugaces et changeantes) et monde intelligible (celui de la vérité absolue, auquel on accède par la réflexion philosophique et métaphysique).
 
Pour Platon, le Désir est une demi-connaissance. L'insatisfaction radicale, l'impossibilité de trouver l'objet du Désir doit nous faire comprendre qu'il existe un autre monde, et que ce que nous désirons vise cet autre monde. On retrouve la distinction platonicienne entre monde sensible (celui des apparences, fugaces et changeantes) et monde intelligible (celui de la vérité absolue, auquel on accède par la réflexion philosophique et métaphysique).
 
L'impression d'incomplétude que nous laisse en permanence le Désir est expliquée par le mythe des Androgynes. Avant toute chose, il convient de n'être pas immédiatement féroce avec les mythes ; ils peuvent tout autant traduire une déficience de connaissances (mythes infrarationnels, superstition) que des concepts que la raison ne sait exprimer (c'est précisément ce que prétend être le mythe des Androgynes, en expliquant de manière métaphorique ce sentiment persistant d'incomplétude).
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=== Désir et être ===
 
Le désir est souvent considéré comme le « ce » de ce que le sujet perçoit et ressent. Ainsi, le désir est synonyme, est fonction d'être. En effet, l'un ne peut exister sans l'autre. Une vraie harmonie, symbiose s'installe entre ces deux termes, qui à la base, sont plus que très éloignés l'un vers l'autre. Enfin, l'être, être ou ne peut-être est facile d'insertion dans le domaine de définition du concept : désir.
 
== En psychanalyse ==
Dans l'histoire de la [[ psychanalyse en France]], la notion de « désir », due en partie à la traduction française par [[Ignace Meyerson]] du mot allemand ''{{Lang|de| Wunsch}}'' («  souhait  », «  vœu ») dans ''[[L'Interprétation du rêve]]'' de [[Sigmund Freud]], est devenue un concept lacanien majeur de [[Jacques Lacan]].
 
=== Le «  désir  » chez Freud ===
Il y a plusieurs termes en [[allemand]] que [[Sigmund Freud]] emploie pour rendre compte de ce que le français traduit par le seul mot «  désir  » : ''{{Lang|de|der Wunsch}}'', «  le souhait  » qui correspond bien à l'anglais ''{{Lang|en|wish}}'', alors que «  désir  » en français {{citation|n'a pas la même valeur d'emploi}}{{sfn|id=L&P|texte=Laplanche et Pontalis, 1984|p=120-122}} ; ''{{Lang|de|die Begierde}}'' (avec les mots apparentés ''{{Lang|de|das Begehren}}'', ''{{Lang|de|die Begehrung}}'') qui signifierait chez Freud {{citation|le désir, comme convoitise, désir violent visant à s'approprier voire à consommer l'objet}}{{sfn|id=Laplanche|texte=Laplanche, ''Traduire Freud'', 1989|p=95-97}} ; ''{{Lang|de|die Lust}}'' qui contrairement à ''Begierde'' serait un désir {{citation|dénué de concupiscence […], il pourrait parfois être rendu par « "envie de »"}}{{sfn|id=Laplanche|texte=Laplanche, ''Traduire Freud'', 1989|p=95-97}}. Les ''[[Oeuvres Complètes de Freud / Psychanalyse — OCF.P|OCF.P]]'' traduisent ''{{Lang|de|[[Sehnsucht|die Sehnsucht]]}}'' par «  désirance  » ; [[Jean Laplanche]] précise en effet dans ''Traduire Freud'', que ce mot est pratiquement «  intraduisible  » en français, en particulier parce que ''Sehnsucht'' en allemand {{citation|n'implique nullement la visée du ''passé'', comme le voudrait le terme «  nostalgie  » (''Heimweh''), mais celle de l' ''absence'' de l'[[Objet (psychanalyse)|objet]]}}{{sfn|id=Laplanche|texte=Laplanche, ''Traduire Freud'', 1989|p=95-97}}.
 
Dans le ''[[Vocabulaire de la psychanalyse]]'', Laplanche et [[Jean-Bertrand Pontalis|Pontalis]] définissaient en 1967 le concept traduit en français par «  désir  » (''Wunsch'', parfois ''Begierde'' ou ''Lust'') comme étant {{citation|dans la conception dynamique freudienne, un des pôles du conflit défensif: le désir [[Inconscient (psychanalyse)|inconscient]] tend à s'accomplir en rétablissant, selon les lois du [[processus primaire]], les signes liés aux premières expériences de satisfaction}}{{sfn|id=L&P|texte=Laplanche et Pontalis, 1984|p=120-122}}. [[FileFichier:Die Traumdeutung (Congress scan).jpg|thumb|upright=0.7|''[[L'Interprétation du rêve]]'': Le rêve est « l'accomplissement d'un désir ».]] Le modèle du [[rêve]] montre {{citation|comment le désir se retrouve dans les [[Symptôme|symptômes]] sous la forme de compromis}}{{sfn|id=L&P|texte=Laplanche et Pontalis, 1984|p=120-122}}.
 
{{cita| ''Wunsch'' [souhait] est le grand mot de la ''Traumdeutung''}} de Sigmund Freud en 1900, souligne François Robert dans sa préface au volume IV de la traduction française de ''[[Œuvres complètes de Freud / Psychanalyse]]'' , ''[[L'Interprétation du rêve]]''<ref>F. Robert, Préface à ''L'interprétation du rêve'', traduit par [[Janine Altounian]], Pierre Cotet, René Laîné, Alain Rauzy et François Robert, ''[[Œuvres complètes de Freud / Psychanalyse|OCF.P]]'', Tome IV, Paris, Quadrige / [[Presses universitaires de France|P.U.F.]], 2010, {{p.|V}}.</ref>:. Selon l'intitulé du chapitre III de ''L'Interprétation du rêve'', le rêve est pour Freud une ''Wunscherfüllung'', soit un « accomplissement de souhait » (traduction des ''OCF.P'', 2003); dans l'ancienne traduction française de ''L'interprétation des rêves'' par Ignace Meyerson (''La science des rêves'', 1926), il est « l'accomplissement d'un désir ». Au chapitre II précédent où il explique sa méthode de l'[[Interprétation (psychanalyse)|interprétation]] des rêves à partir du rêve exemplaire de ''[[L'injection faite à Irma]]'', Freud a écrit en effet, comme le rapporte Delphine Schilton : {{citation|Le rêve expose les faits tels que j'aurais souhaité qu'ils se fussent passés; son contenu est accomplissement d'un désir, son motif un désir après complète interprétation, tout rêve se révèle comme l'accomplissement d'un désir}}{{sfn|id=Schilton|texte= Schilton, 2005|p=457-458}}.
 
=== Le «  désir  » chez Lacan ===
Dans le ''[[Dictionnaire international de la psychanalyse]]'', Patrick Delaroche commence l'article intitulé «  désir du [[Sujet (psychanalyse)|sujet]]  » par ces mots: {{citation|À l'origine mauvaise traduction par [[Ignace Meyerson]] du ''{{Lang|de|Wunsch}}'' (vœu) [[freudien]], le désir est devenu un concept [[lacanien]] majeur}}{{sfn|id=Delaroche|texte=Delaroche, 2005|p=461-462}}.
 
{{Référence nécessaire|Ce qui est visé dans le désir c’est donc la [[jouissance]], i.e. une présence immédiate, une complétude que [[Jacques Lacan|Lacan]], après Freud, nomme La Chose (''das Ding''), autrement dit cela qui ne peut être nommé. L’homme étant parlant, son désir ne peut se faire que sur le mode [[Symbolique#Le symbolique en psychanalyse lacanienne|symbolique]] du [[langage]], par conséquent, il ne peut jamais atteindre l’objet de sa jouissance ; autrement dit, parce que sa jouissance se porte sur des objets phénoménaux qui ne sont pas à proprement parler l’objet du désir ([[objet a]]), il ne peut qu’être confronté à l’insatisfaction. Mais cette insatisfaction permet alors de relancer le désir en l’homme, c'est-à-dire que si La Chose était quelque chose dont on pouvait jouir, il n’y aurait plus de désir. La jouissance est donc bien visée dans le désir, mais elle demeure inatteignable, mieux, interdite.
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De quoi manque-t-on ? Quel est cet objet perdu et absolument irrécupérable ? Pourquoi, comme le dit Lacan, « nous courons de signifiant en signifiant » sans jamais trouver une réponse à la question « pour quel signifié » ? La psychologie donne trois réponses qui se recoupent plus ou moins :
* L'objet perdu, c'est l'intensité de notre première source de satisfaction.
 
* L'objet perdu, c'est l'intensitéle contexte de notrecette première source de satisfaction.
* L'objet perdu, c'est lela vie intra-utérine ; Rank parle de « contextetraumatisme de cettela premièrenaissance source».
* L'objet perdu, c'est la vie intra-utérine ; Rank parle de « traumatisme de la naissance ».
 
En tous les cas, on ne peut passer sous silence la connivence structurelle entretenue entre Désir et interdit. On pense notamment à ''La Barbe Bleue'', de Perrault : pourquoi la femme de Barbe-bleue prend-elle le risque mortel d'ouvrir la chambre interdite, sinon parce qu'elle est interdite ? Pour les psychanalystes, l'interdit sert à tromper l'inconscient, en lui faisant croire que ''quelque chose'' a de la valeur. Mieux : il permet de refouler l'intuition selon laquelle justement, le Désir n'a pas d'objet. Cette mise à distance forcée, provoquée par l'interdit, préserve de la déception par la simple dissuasion. On reste dans un rapport de fantasme vis-à-vis de l'objet.
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== Le désir mimétique selon René Girard ==
{{section sources secondaires|date=maijuillet 20192020}}
{{Loupe|René Girard # Le désir mimétique}}
L'exemple familier à tous, donné par [[René Girard (philosophe)|René Girard]], d'enfants qui se disputent des jouets semblables en quantité suffisante, conduit à reconnaître que le fondement du désir n'est ni dans l'objet, ni dans le sujet, mais qu'il est toujours imitation d'un autre désir. Le désir est mimétique. C'est la convergence des désirs qui définit l'objet et qui enclenche une dynamique mimétique que Girard décrit : apparition d'une rivalité, transformation du modèle du désir en obstacle, voire recherche de l'obstacle en ce qu'il est le signe le plus sûr et la mesure de la valeur de notre désir, etc. Pour René Girard, le désir a un caractère métaphysique. C'est l'« être » du modèle qui est recherché : « ''Tout désir est désir d’être'' »<ref>René Girard, ''Quand ces choses commenceront'', Arlea 1994, {{p.|28}}.</ref>.
 
La Rochefoucauld avait prévenu : « Il y a des gens qui n'auraient jamais été amoureux s'ils n'avaient jamais entendu parler de l'amour. » (''Réflexions ou sentences et maximes morales'' {{numéro|136}}). Il est évident (même si l'on se doit de rester vigilant quant à une quelconque réduction) que nous vivons nos sentiments de façon mimétique. Pour Rousseau, le Désir naît avec l'État Civil, l'état de société : à l'état de nature, l'homme n'a que des besoins. C'est la proximité avec autrui, qui fait naître en moi l'amour-propre, l'amour d'une certaine image de moi : autrui est constitutif de cette image.
 
Le Désir est aussi, il ne faut pas le négliger, désir de l'autre. Mais qu'aime-t-on dans l'amour ? Le sentiment amoureux lui-même ? L'autre ? Nous-mêmes ? Le désir d'autrui se compose à la fois du désir de l'autre en tant que personne, et du désir que l'autre me désire. Sartre définit la séduction comme la volonté de capter, de déterminer la liberté de l'autre. Or nous voyons immédiatement que c'est une impossibilité dans les termes. Je ne puis vouloir qu'un automate m'aime librement… C'est tout le débat philosophique entre les partisans de la sincérité et ceux de la fidélité. Mais une réflexion plus poussée peut nous amener à l'idée que les deux concepts peuvent être redéfinis pour n'être plus contradictoires.
 
== Divers ==
 
=== Société de consommation et marketing ===
{{section à sourcer|date=mai 2019}}
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La nature du désir est sujette à débats : émotions pour les uns, manifestation d'une perturbation dans la physiologie pour d'autres, son origine physique et cognitive semble être duale. Intensément étudié comme le principal facteur de consommation, le désir fait l'objet de recherches particulièrement poussées dans le cadre des études de marché, du [[marketing]] et de la publicité. La connaissance des biais culturels et cognitifs permettant de susciter le désir chez une catégorie de consommateurs étant un des moyens de créer les conditions de la consommation d'un bien ou d'un produit spécifique. Les stratégies de marketing reposant sur le désir tendant à utiliser deux stratégies distinctes : d'une part, la suggestion d'un manque et de nécessité ; d'autre part, l'association du produit ou du service avec une forme de désirabilité induite a posteriori pour le consommateur, qui influe ainsi sur son image sociale.
 
== CitationsNotes et références ==
* « Il faut voir comment tout désir délicat et créateur, émettant ses subtiles vibrations à la recherche du véritable pôle magnétique de repos en un ou plusieurs autres êtres humains, est contrarié et mis à l'écart par tout un ensemble d'idées, d'idéaux et de conventions incohérents, jusqu'à ce que toutes les formes possibles de perversion et de désir de mort s'installent ! Comment pouvons-nous ''échapper'' aux [[névrose]]s ? » ([[D. H. Lawrence]], ''Psychanalyse et inconscient'', 1921)
* « Être fort et se suffire, c'est en cela que consiste le bonheur. Mais aussi longtemps qu'un désir reste au cœur, nulle félicité n'est complète. Car désirer, c'est être inachevé; c'est porter la livrée d'une servitude, l'insigne du mauvais sort et, pour briser les pires fers qui se puissent forger, il faut se libérer du désir. » ([[James Stephens (écrivain)|James Stephens]], ''Deirdre'', 1923)
* « il est utopique de désirer aimer sans que s'instaure un rapport de forces sournois […] tout est piégé partout et […] les ferments déposés par notre histoire dans notre désir lui interdisent de contenir quelque chose de religieux… » (« Les culs énergumènes » dans [[Félix Guattari]] [éd.], ''Trois Milliards de Pervers'', 1973)
* « Le désir est torve, il ne se conforme pas à nos idéaux, et voilà pourquoi nous avons tellement besoin d'eux. Le désir se moque de tous les efforts humains et leur donne un sens. Le désir est l'anarchiste originel, le premier agent secret – pas étonnant que les gens veulent l'éradiquer. Et au moment précis où nous pensons tenir fermement la bride au désir, il nous laisse tomber ou il nous remplit d'un espoir nouveau. Le désir me fait rire parce qu'il se moque de nous tous, autant que nous sommes. Mais autant se laisser rouler dans la farine par lui que devenir fasciste. » ([[Hanif Kureishi]], ''Intimité'', 1998)
* « La seule vraie tristesse est l'absence de désir. » ([[Charles-Ferdinand Ramuz]])
* « Malheur à celui qui n'a plus rien à désirer » ([[Jean-Jacques Rousseau|Rousseau]], Julie ou la Nouvelle Héloïse. 1761, {{VIe}} partie, lettre VIII)
 
== Références ==
 
{{Références}}
 
== Voir aussi ==
{{Autres projets
| wikiquote = désir
| wikiversitywiktionary = Le désir
| wikiversity = Le désir
}}
 
=== Bibliographie ===
 
==== Philosophie ====
{{...}}
* {{ouvrage|langue=frOuvrage |prénom1=André |nom1=Lalande| |lien auteur1=André Lalande (philosophe) |titre= Vocabulaire technique et critique de la philosophie|titre chapitre=désir|éditeurtome=PUF|lien1 |éditeur=[[P.U.F.|PUF]] |collection=Quadrige |lieu=Paris |année=1993|collection=Quadrige |année première édition=1926|isbn=2130445128|tome=1 |passage=218-219 |isbn=2-13-044512-8 |titre chapitre=Désir |id=Lalande}}.
 
==== Psychanalyse ====
* {{Chapitre |langue=fr |auteur1=[[Gérard Bonnet (psychanalyste)|Gérard Bonnet]] |titre chapitre=désir (ou souhait)|auteurs ouvrage=[[Alain de Mijolla]] (dir.)|titre ouvrage=[[Dictionnaire international de la psychanalyse]] |lieu=Paris |éditeur=Hachette |année=2005 |isbn=201279145X|passage=456-457|id=Bonnet}}.
* {{Chapitre |langue=fr |auteur1=Pierre-Christophe Cathelineau|titre chapitre=désir|auteurs ouvrage=Roland Chemama (dir.)|titre ouvrage=Dictionnaire de la psychanalyse|lieu=Paris |éditeur=Larousse|année=1993|isbn=2037202229|passage=59-63|id=Cathelineau}}.
* {{Chapitre |langue=fr |auteur1=Patrick Delaroche |titre chapitre=désir du sujet|auteurs ouvrage=A. de Mijolla (dir.)|titre ouvrage=Dictionnaire international de la psychanalyse|lieu=Paris |éditeur=Hachette |année=2005 |isbn=201279145X|passage=461-462|id=Delaroche}}. {{plume}}
* {{Chapitre |langue=fr |auteur1=Jean Laplanche|auteur2= [[J.-B. Pontalis]]|titre chapitre=désir |titre ouvrage=''[[Vocabulaire de la psychanalyse]]'' |lieu=Paris |éditeur=PUF |année=1984||année première édition=1967|id=Laplanche et Pontalis}}. {{plume}}
* [[Jean Laplanche]], « Terminologie raisonnée », entrées: « Désir », «  Désirance  » dans: {{ouvrageOuvrage|langue=fr|auteur1=[[André Bourguignon]]|auteur2=Pierre Cotet|auteur3=Jean Laplanche|auteur4=François Robert|titre=Traduire Freud|lieu=Paris|éditeur=Puf|collection=[[Œuvres complètes de Freud / Psychanalyse|Œuvres complètes de Freud]]|lieu=Paris|année=1989|pages totales=379|passage=95-97|isbn=2-13-042342-6||passage=95-97}}. {{plume}}
* {{Chapitre |langue=fr |auteur1=Roger Perron |titre chapitre= désir (Satisfaction hallucinatoire du -)|auteurs ouvrage=A. de Mijolla (dir.)|titre ouvrage=Dictionnaire international de la psychanalyse|lieu=Paris |éditeur=Hachette |année=2005 |isbn=201279145X|passage=458-460|id=Perron}}.
* {{ouvrageOuvrage|langue=fr|prénom1=Elisabeth|nom1=Roudinesco|prénom2=Michel|nom2=Plon|lien auteur1=Élisabeth Roudinesco|prénom2=Michel|nom2=Plon|titre= Dictionnaire de la psychanalyse|titre chapitre=désir|éditeur=Fayard|lien éditeur=[[Fayard (maison d'édition)|lieu=Paris|année=2011Fayard]]|collection=[[La Pochothèque]]|lieu=Paris|année=2011|année première édition=1997|pages totales=1789|passage=317-321|isbn=978-2-253-08854-7|passagetitre chapitre=317-321Désir|id=RoudiPlon}}.
* {{Chapitre |langue=fr |auteur1=Delphine Schilton|titre chapitre=désir (accomplissement du -)|auteurs ouvrage=A. de Mijolla (dir.)|titre ouvrage=Dictionnaire international de la psychanalyse|lieu=Paris |éditeur=Hachette |année=2005 |isbn=201279145X|passage=457-458|id=Schilton}}. {{plume}}
 
=== Articles connexes ===
{{Autres projets
| wikiquote = désir
| wikiversity = Le désir
}}
* [[Bonheur]] | [[Séduction]]
* [[Besoin]] | [[Satisfaction]]
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* [[Concupiscence]] | [[Désir sexuel|Libido]] (désir sexuel)
* [[Volonté (philosophie)|Volonté]] | [[Passion (philosophie)|Passion]] | [[Morale]]
* [[(14500) Kibo]], astéroïde nommé désir en japonais
 
=== Liens externes ===
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[[Catégorie:Psychologie clinique|Desir]]
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[[Catégorie:Éponyme d'un objet céleste]]
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