« Genre grammatical » : différence entre les versions

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{{Voir homonymes|genre}}
 
En [[linguistique]], le '''genre grammatical''' est une caractéristique intrinsèque des [[Nom (grammaire)|noms]] qui influe sur la forme de certains éléments [[Syntagme#Satellites|satellites]]<ref name="Phi">{{Lien web |langue=fr |titre=Masculin, féminin : et le neutre ? |url=http://www.implications-philosophiques.org/actualite/une/masculin-feminin-et-le-neutre/ |date=29 juin 2015 |site=Implications Philosophiques |consulté le=23 août 2016}}.</ref>. En tant que [[Catégorie (linguistique)|catégorie linguistique]], il manifeste une classification des mots en tant qu’objets structurant la langue elle-même, par opposition à ce à quoi ces mots réfèrent<ref name=":2">{{Article |prénom1=Patrizia |nom1=Violi |titre=Les origines du genre grammatical |périodique=Langages |volume=21 |numéro=85 |date=1987 |doi=10.3406/lgge.1987.1526 |lire en ligne=https://www.persee.fr/doc/lgge_0458-726x_1987_num_21_85_1526 |consulté le=2021-06-30 |pages=15–34 }}</ref>. Elle fournit une distinction supplémentaire à celle du [[nombre grammatical]], et en un sens se présente en rival au sein des [[Langueslangues indo-européennes|langues indo-europénnes]] à la [[classe nominale]]<ref>Arrivé Michel. <nowiki>[https://doi.org/10.3406/crai.1997.15705 Coup d'œil sur les conceptions du genre grammatical]</nowiki>. In: ''Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres'', 141ᵉ année, N. 1, 1997. pp. 81-96.</ref>.
 
En effet, dans ces langues il divise les noms en un ensemble clos de catégories. Sur un plan [[Synchronie et diachronie|synchronique]], les grammaires retiennent généralement un sous-ensemble de valeurs parmi les couples complémentaires commun et neutre, féminin et masculin, animé et inanimé, humain et non- humain, non- personnel et personnel<ref name=":2" />{{,}}<ref name="Gareau">{{Lien web|langue=fr |format=pdf |auteur1=Frédéric Gareau |url=http://www.archipel.uqam.ca/1106/1/M10481.pdf |titre=L'assignation du genre grammatical en français langue seconde |sous-titre=transfert ou terminaison des noms ? |description=Mémoire présenté comme exigence partielle de la maîtrise en linguistique |mois=juin |année=2008 |site=Archipel |éditeur=Université du Québec à Montréal |page=9 |consulté le=23 août 2016 }}.</ref>. Des superpositions se constatent en particulier entre les trois dernières paires, tandis qu’un mixe s’opère souvent entre les deux premières. Ces dyades ne correspondent donc pas nécessairement aux sélections opérées dans les grammaires scolaires, d’autant qu’elles ne procèdent pas d’une analyse diachronique.
 
Selon les langues, le genre grammatical peut se distinguer du genre lexical, appelé aussi [[classe sémantique]]. En tous les cas, lorsque le genre grammatical existe, il s’agit d’un attribut des mots, qui se distingue nettement du [[Genre (biologie)|genre biologique]]sexe des référés désignés par ces mots, y compris lorsqu’ils indiquent un référent vivant sexué.
 
Par exemple en français, si les mots désignant des êtres humains demandent généralement d’adapter le genre au sexe supposé des référés, lorsqu’il désigne d’autres êtres vivants, le genre est en général invariant au sexe du référé, mais dans les deux cas des exceptions existent<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Bernard Cerquiglini|titre=Guide d’aide à la féminisation des nomsde métiers, titres, grades et fonctions|passage=34|lieu=Paris|éditeur=Documentation française|année=1999|format=pdf|isbn=|lire en ligne=https://www.vie-publique.fr/sites/default/files/rapport/pdf/994001174.pdf}}.</ref>. En allemand, ''{{langue|de|das Mädchen}}'': ''la fille'', a un genre grammatical neutre, un genre lexical féminin<ref name="Phi" />, et le sexe des personnes référées par le mot est évidemment indépendant du mot et, selon les contextes d’emploi, coïncide ou non à la correspondance usuelle entre féminin et [[femelle]].
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La ''Téchnē grammatikḗ'', un bref [[Traité (littérature)|traité]] [[didactique]] de [[Grammaire du grec ancien|grammaire grecque]] que la tradition [[manuscrit]]e attribue à [[Denys le Grammairien|Denys le Thrace]] ({{c.}} {{date-|-170|avJC=non}} – {{c.}} {{date-|-90}}), [[disciple]] d'[[Aristarque de Samothrace]] ({{c.}} {{date-|-215|avJC=non}} – {{c.}} {{date-|-143}}), contient l'exposé devenu classique : {{citation bloc|Il y a trois genres : le masculin ({{langue|grc|texte=ἀρσενικόν}}), le féminin ({{langue|grc|texte=θηλυκόν}}) et le neutre ({{langue|grc|texte=οὐδέτερον}}). Certains en ajoutent deux autres : le commun ({{langue|grc|texte=κοινόν}}) et l'épicène ({{langue|grc|texte=ἐπίκοινον}}).}}L’étymologie indique que neutre dérive du latin ''neuter'', lui-même combinant ''ne'' et ''uter'', soit approximativement ''ni l'un ni l'autre'', ''aucune des deux valeurs d’une ambivalence préétablie'', soit pour la grammaire ni le masculin, ni le féminin<ref>{{Lien web |langue=en |titre=neutral {{!}} Origin and meaning of neutral by Online Etymology Dictionary |url=https://www.etymonline.com/word/neutral |site=www.etymonline.com |consulté le=2021-06-30}}</ref>{{,}}<ref name=":2" />. Dès cette époque donc, se trouve dans les analyses grammaticales les plus notables un primat donné au féminin et masculin, auquel s’adjoint le neutre pour former une tryade essentielle. Hors de celles-ci les valeurs distinctes se voient attribuer une exposition sous forme de reliquat.
 
Les études [[Philologie|philologiques]] plus récentes dépeignent pour leur part une chronologie bien plus ancienne, en s’appuyant notamment sur de la [[linguistique comparée]]. ElleElles dressedressent donc par ce biais l’hypothèse d’un [[indo-européen commun]] parlé entre le quatrième et le troisième millénaire avant l’[[ère commune]]. Cette langue hypothétique utiliserait principalement le genre animé et inanimé comme catégorie de genre, complétant par féminin et masculin en sous-catégorie<ref name=":2" />. Par la suite l’animé et l’inanimé se seraient graduellement estompés dans ses descendantes, tandis que le féminin et le masculin se seraient majoritairement imposés, de surcroît avec une disparition du neutre dans la plupart des langues romanes. Globalement, seulsseules les [[langues slaves]] conservent la distinction animé et inanimé au cours de ce processus, et avec en quelques rares cas comme le [[bulgare]] et le [[Macédonien|macédonemacédonien]], le distinguo du non-personnel et personnel<ref name=":2" />.
 
L’appairage du neutre au commun est relativement récent et n’apparaît que postérieurement au seizième siècle avec la fusion du féminin et masculin en un unique genre dans des langues comme le [[danois]] et le [[suédois]].
 
Enfin, dans certaines langues indo-européennes comme l’anglais et une majorité de langues indiennes contemporaines, le genre tend à disparaître complètement de la caractérisation des noms, perdurant seulement dans les pronoms et quelques classes de noms spécifiques. En cela elles tendent à se rapprocher d’une structure que connaissent déjà par exemple les [[langues ouraliennes]] comme le [[hongrois]] et le [[Finnois|finlandaisfinnois]] où le genre n’existe pas, même dans les pronoms<ref name=":2" />. Pour autant, à l’heure actuelle aucune langue indo-européenne ne fait l’économie totale d’un système de genregenres.
 
Sur le plan fonctionnel, la persistance de l’existence du genre et sa polarisation courante vers le couple féminin et masculin partage les linguistes sur le caractère [[Motivation (linguistique)|motivé]] de son emploi et de son évolution. Ainsi tandis qu’[[Edward Sapir]] énonce en 1921 :
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== Genre intrinsèque et genre extrinsèque ==
=== Les variétés de genre des mots ===
Dans la majorité{{Référence nécessaire|date=29  juin  2021}} des langues qui connaissent les oppositions de genres, il n'existe qu'un nombre réduit de [[classe lexicale|classes lexicales]] susceptibles d'exprimer un genre : ce sont généralement le [[Nom (grammaire)|nom]], le [[pronom]], l'[[adjectif]], le [[Déterminant (grammaire)|déterminant]] et le [[participe]], plus rarement{{Référence nécessaire|date=29  juin  2021}} le verbe et la [[Adposition|préposition]]. L’influence du genre est par exemple opérante sur le verbe en [[arabe]] et sur les prépositions dans les [[langues celtiques]]{{Référence nécessaire|date=29  juin  2021}}.
 
Parmi ces classes, une minorité possède un genre fixé par l’usage, et le plus souvent unique, tels le [[Nom (grammaire)|nom]] et le [[pronom]]. Ainsi en [[allemand]], {{langue|de|''Erde''}} (terre) est féminin, {{langue|de|''See''}} (lac) masculin et {{langue|de|''Wasser''}} (eau) neutre. Le genre est cependant aussi utilisé pour distinguer des homonymes, qu’ils soient ou non issues du même [[étymon]]. Ainsi le pendant féminin de {{langue|de|''See''}} signifie ''mer'', dont le sens est également évocable par le neutre {{langue|de|''Meer''}}. À l’inverse, des mots comme ''Bretzel'' sont employés avec un genre variable d’un locuteur à l’autre, sans que cela en altère le sens : en français des usages avérés sont attestés au féminin et masculin, en allemand au féminin et neutre mais pas au masculin. La cohérence de l’emploi du genre participe à l’évaluation sémantique des énoncés, et éventuellement à des jugements sociolinguistiques de l’allocutaire. En revanche dans le cas général le genre n’est déductible ni sur dedes critères sémantiques, ni dedes critères de morphologie lexicale. Il n’informe donc en rien des attributs innés du référé; par exemple le genre féminin peut tout à fait désigner un animal mâle, donc réputé de sexe masculin.
 
Ces mots transmettent leur genre aux mots [[flexion (linguistique)|fléchissables]] qui leur sont liés, ces derniers pouvant être le [[déterminant (grammaire)|déterminant]], l'[[adjectif]] ou le [[participe]]. Ces mots possèdent plusieurs formes mais ne sont pas aptes à constituer un [[syntagme]] complet de manière autonome. Ils adoptent le genre du terme dont ils sont satellites, par [[accord (grammaire)|accord grammatical]].
 
Par convention et commodité, les dictionnaires optent généralement pour un regroupement des descriptions lexicographiques de l’ensemble des formes d’un mot à une unique adresse, dénommé [[lemme (linguistique)|lemme]]. En fonction de la ligne éditoriale, l’entrée correspondante pourra ou non rappeler les différentes formes du mot à l’adresse du lemme, et éventuellement faire des renvoiesrenvois à celle-ci à l’adresse des autres formes. Par exemple en français, les lemmes seront généralement des infinitifs présents et des masculins singuliersinguliers, lorsqu’ils ne correspondent pas à des termes invariables. Ainsi le petit Larousse illustré 2008<ref>{{Ouvrage|titre=Le petit Larousse illustré 2008 : en couleurs : 87 000 articles, 5 000 illustrations, 321 cartes, chronologie universelle.|éditeur=Larousse|date=2007|isbn=978-2-03-582502-5|isbn2=2-03-582502-4|oclc=422053293|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/422053293|consulté le=2021-04-13}}</ref> indique à l’adresse ''beau'' :
<blockquote>
'''1. BEAU''' ou '''BEL''', '''BELLE''' adj. (lat. ''bellus'') '''1.''' Qui éveille une émotion esthétique, qui suscite un plaisir admiratif. ''Un bel homme. Un très beau tableau. Une belle vue.''
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Le même ouvrage fait un renvoi à ''beau'' à l’adresse de ''bel'' après avoir précisé ''adj.m.sing'', tout comme à ''belle'' qui précise préalablement au renvoi ''adj.f.''
 
L'accord se fait entre mots de l'énoncé fortement liés par le sens, et selon l’usage et les standards véhiculés dans les interactions sociales : dans ''ce beau livre, ce bel ouvrage, cette belle encyclopédie'', le premier adjectif s'accorde en genre avec ''livre'' et apparaît donc sous sa forme masculine. Le troisième adjectif est au féminin, en accord avec le genre usuel d’''encyclopédie'', sous la forme ''belle''. Dans ces deux cas l'accord s'opère uniquement sur des considérations de lien à un référé commun : et ''beau'' et ''livre'' réfèrent à un même objet, et ''encyclopédie'' et ''belle'' réfèrent à une même entité. Si l’exemple est interprété comme trois désignations du même sujet extralinguistique, il apparaît que l’adjectif ne réfère qu’indirectement à ce sujet. L’adjectif s’associe à un nom qui simultanément sert d’auxiliaire référentiel et lui impose des contraintes de morphologie lexicale par sa typologie grammaticale de genre. Et de surcroît, pour la seconde forme d’adjectif, ''bel'', s’ajoutes’ajoutent des contraintes syntaxiques liés à des considérations phonétiques. Sur ces points le genre ne diffère pas du [[nombre grammatical|nombre]] dans ses mécanismes de modulation morphologique, et il pourra être noté que ''de beaux ouvrages'' se prononce /də.bo.zu.vʁaʒ/ avec une [[consonne fricative alvéolaire voisée]] (/z/) énoncéénoncée notamment pour des considérations [[euphonie|euphoniques]].
 
Comme pour toutes les pratiques linguistiques, les règles d’accord et leurs modalités d’application varient d’une langue à l’autre et au sein d’une même langue à travers le temps et l’espace.
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Cette approche peut aussi conduire à un énoncé comme « ils sont tous grands », où ''ils'' désigne « des milliards de statues et un autre monument », les quantités respectives en présence n’intervenant aucunement dans l’application de la règle. C’est encore la même pratique qui explique un énoncé comme « ''les [[Sculpture en bronze|bronzes]] et les [[Ronde-bosse|rondes-bosses]] sont beaux'' ».
 
Par contre, dans un énoncé comme « ''les bronzes et les rondes-bosses, tous ces chefs-d’œuvre sont beaux'' », ça n’est plus le cas : c’est uniquement le genre de ''chef-d’œuvre'' qui s’applique à l’adjectif indépendamment des genres des noms précédemment listés. De même «'' les adultes sont grands'' », ne gage en rien du genre grammaticalegrammatical des individus composant le groupe d’adulted’adultes, et encore moins de leur sexe biologique. Cela explique la formation d’énoncés comme «'' chez les éléphants,'' ''les adultes sont grands'' » et «'' chez les girafes,'' ''les adultes sont grands'' ».
 
Une seconde approche utilisée est l’[[Règle de proximité|accord de proximité]]. Cette pratique constitue même l'accord prépondérant en grec ancien, en latin, ainsi que dans le français oral jusqu'au {{s-|XVIII|e}}. Dans cette pratique, le verbe prend la marque, d'abord en cas, genre et nombre, puis seulement en genre, du substantif le plus proche. Ainsi au {{s-|XVII|e}}, un énoncé comme «''Le chat et la souris sont belles'' » est plus courant que «''le chat et la souris sont beaux'' »<ref>{{Ouvrage |langue=fr |auteur1=[[Éliane Viennot]] |titre=Non, le masculin ne l'emporte pas sur le féminin ! |sous-titre=petite histoire des résistances de la langue française |éditeur=[[Éditions iXe]] |lieu=Donnemarie-Dontilly |année=2014 |pages totales=118 |isbn=979-10-90062-20-7}}.</ref>.
 
La prépondérance de la première pratique dans les usages contemporains du français se développe à partir du {{s-|XVII|e}} et s'impose au {{s-|XVIII|e}}. L’analyse littéraire retient notamment comme premier moment clé de cette évolution le postulat de l'[[Dominique Bouhours|abbé Bouhours]] qui affirme dans ses ''Remarques nouvelles sur la langue françoise'' écrites en 1675 que {{Citation étrangère|langue=fr1835|quand les deux genres ſe rencontrent, il faut que le plus noble l’emporte}}<ref>{{Ouvrage |auteur1=[[Dominique Bouhours]] |titre=Remarques nouvelles sur la langue françoise |éditeur= |lieu=Paris |année=1675 |passage=4 |lire en ligne={{Google Livres|KMdFAAAAcAAJ|page=4}}}}.</ref>{{,}}<ref name="Chemin-2012">{{Article|auteur=Anne Chemin|titre=Genre, le désaccord|périodique=[[Le Monde]]|date=2012-01-14|url=https://www.lemonde.fr/societe/article/2012/01/14/genre-le-desaccord_1629145_3224.html}}.</ref>. Puis que le grammairien [[Nicolas Beauzée]] lui emboîte le pas dans sa ''Grammaire générale'' en 1767 en énonçant : &nbsp;{{Traduction|langue=fr|Le genre maſculin eſt réputé plus noble que le féminin, à cauſe de la ſupériorité du mâle ſur la femelle|Le genre masculin est réputé plus noble que le féminin, à cause de la supériorité du mâle sur la femelle}}<ref>{{Ouvrage |auteur1=[[Nicolas Beauzée]] |titre=Grammaire générale ou Exposition raisonnée des éléments nécessaires du langage : pour servir de fondement à l'étude de toutes les langues, livre {{III}} |tome=II |éditeur=Barbou |lieu=Paris |année=1767 |passage=358 |lire en ligne={{Gallica|id=bpt6k84315f/f361.image|url seulement=vrai}} |numéro chapitre=VII |titre chapitre=De la Concordance}}.</ref>{{,}}<ref name="Chemin-2012" />.
 
Pour donner un point de comparaison des différences d’accord dans d’autres langues, il peut par exemple être noté qu’en [[arabe]] le verbe s'accorde en genre à la {{2e}} et à la {{3e}} [[personne (grammaire)|personne]]. Cela contraste nettement avec le français où le verbe ne s'accorde pas avec le genre du sujet, sauf aux [[temps composé]]s avec l'[[auxiliaire (verbe)|auxiliaire]] ''être''. Ceci étant, en [[arabe dialectal]], par opposition à l'[[arabe classique]], la {{2e}} et la {{3e|personne}} du pluriel au féminin ne s'emploient pas ; elles sont remplacées par celles du masculin. De plus, toujours en arabe, les adjectifs et les verbes s'accordant à un nom pluriel représentant un « non doué de raison » se mettent au féminin singulier. Dans le russe moderne de 1924, ce sont quatre genres qui sont déclinés au singulier, animé, féminin, masculin et neutre, quand le pluriel n’en décline que deux : l’animé et l’inanimé<ref>{{Article |prénom1=Nicolas |nom1=Durnovo |titre=La catégorie du genre en russe moderne |périodique=Revue des Études Slaves |volume=4 |numéro=3 |date=1924 |doi=10.3406/slave.1924.7315 |lire en ligne=https://www.persee.fr/doc/slave_0080-2557_1924_num_4_3_7315 |consulté le=2021-06-21 |pages=208–221 }}</ref>.
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== Répartition des genres : arbitraire et biologie ==
{{Section à sourcer|date=mai 2020}}
La répartition des genres est souvent arbitraire et non motivée (ce n'est donc pas une classification purement [[sémantique]]) : si ''[[mort]]'' (arrêt définitif des fonctions vitales) est un mot féminin en [[latin]] ou en [[français]], il est masculin en [[allemand]] ({{langue|de|''der Tod''}}) ou en [[grec ancien]] {{langue|grc|ὁ θάνατος}} ({{langue|grc-Latn|''ho thánatos''}}) et [[Grec moderne|moderne]] {{langue|el|ο θάνατος}} ({{langue|el-Latn|''o thánatos''}}). De même, rien dans la réalité, ne justifie que ''table'' soit féminin et ''tableau'' masculin : le signifié de ces mots n'est en effet aucunement lié avec la masculinité ou la féminité. De même ''livre'' (à lire) est masculin en [[français]], neutre en allemand et féminin dans toutes les [[langues slaves]]. L'apprentissage d'une langue à genres nécessite donc celui du genre des mots, qui n'est forcément pas le même d'une langue à genres à l'autre, voire d'un dialecte à l'autre (par exemple : ''[[wikt:job|job]]'' est féminin en [[français québécois]] et masculin en français de France ; ''[[wikt:boutique|boutique]]'' est féminin en [[français standard]] et masculin en [[picard]]). Le genre d'un mot peut aussi changer avec le temps (par exemple : [[wikt:bouge|bouge]] était féminin jusque vers le {{s-|XV}} lorsqu'il désignait encore une bourse, puis est devenu masculin lorsqu'il a désigné un lieu). Le genre d'un mot peut aussi différer entre une langue mère et ses filles (par exemple : [[wikt:fons|fons]] est masculin en latin, [[wikt:fonte|fonte]] est féminin en italien et en portugais ; [[wikt:pons|pons]] est masculin en latin, [[wikt:ponte|ponte]] est masculin en italien et féminin en portugais).
 
Le genre grammatical peut coïncider avec le sexe biologique par association de l’identification sexuel du référé à celle du mot utilisé pour le désigner. Avec des noms communs comme ''la fille'', ''le garçon'', ''le lion'', ''la lionne'', il est généralement entendu que le sexe des référés est inférable du genre des mots, féminin impliquant femelle et masculin impliquant mâle. Ce cas de figure se limite principalement aux oiseaux domestiques et aux mammifères ; les autres êtres vivants sexués ont généralement un seul nom pour l'espèce et il est arbitrairement décidé s'il est masculin ou féminin. {{refnec|Le terme de ''genre logique'' est parfois employé pour ce dernier usage}}. En dehors de ces cas particulierparticuliers, le genre biologiquesexe n’est pas inférable du genre grammatical du référant et un syntagme comme ''{{citation|regarde, une souris}}'', ne présume en rien du sexe de l’animal désigné.
 
De manière similaire, la plupart des noms propres désignant des vivants sexués sont choisis en fonction du sexe des individus qui les porteront. L’absence d’article adjoint au nom commun diminue la transparence de ce lien, mais les terminaisons demeurent un facteur relativement fiable. Ainsi des prénoms comme ''Albert'', ''Albertine'', ''Alexandra'', ''Alexandre'', ''Zénon'' et ''Zoé'' laissent peu de doute sur la catégorie sexuelle des désignés. À l’inverse, un prénom épicène comme ''Dominique'' ne permet pas à lui seul d’inférer l’assignation sexuelle du référent.
 
Un autre cas est celui des noms de fonction, dignité, métier, ou autre rôle social endossé par une personne dont le sexe se transcrit dans le nom du rôle. Ainsi ''empereur'', ''impératrice'', ''ouvrier'' et ''ouvrière'' sont pleinement expliciteexplicites sur le sexe des référents.
 
En allemand, la correspondance entre genre grammatical et ''genre biologiquesexe'' est assez faible : les trois genres peuvent être aussi bien employés pour les êtres animés que pour les êtres inanimés. De plus, une règle veut que tous les [[diminutif]]s soient neutres. « {{langue|de|''Mädchen''}} » (« [[wikt:fille|fille]] » au sens de ''jeune personne féminine'') et « {{langue|de|''Fräulein''}} » (« [[wikt:mademoiselle|mademoiselle]] » en allemand) sont donc neutres. En conséquence, lorsqu’un énoncé emploie « {{langue|de|''das Mädchen''}} » puis désigne le même référé par un pronom ultérieurement, la règle est d'employer le pronom neutre {{langue|de|''es''}}, mais l’usage accepte d'employer le pronom féminin {{langue|de|''sie''}} (elle).
 
En russe et en polonais, le fait qu'un mot soit masculin, féminin ou neutre est également aléatoire, mais est lié à la terminaison du mot en question. Ainsi, par exemple, les mots se terminant par « o » ou « e » sont neutres.
 
== IndicationMarquage du genre ==
''Note : les transcriptions phonétiques, entre crochets, sont données en [[Alphabet phonétique international|API]]. Les autres sont dans la transcription traditionnelle de la langue.''
 
Pour indiquer le genre des mots, les langues disposent de plusieurs possibilités de distinctions énnonciativesénonciatives.
 
=== Variation lexicale ===
Le genre peut conduire à une variété [[lexique|lexicale]], où pour une même notion donnée, il existe un vocable différent pour chaque genre.
 
Ainsi en français, en tant que référent d’un animal une ''vache'' désigne toujours a priori un individu femelle, et un mâle adulte de la même espèce sera désigné par le terme ''taureau,'' les deux étant des bovins. Cette spécialisation du vocabulaire qui synthétise des traits biologiques dans des vocables distincts n’est cependant que marginalement liéliée au genre. Ainsi cette même espèce ayant joué un rôle majeur dans l’histoire de l’[[élevage]] se voit fournir des termes très spécifiques en fonction du rôle occupé par chaque individu dans cette activité :
{{colonnes|taille=16em|1=
* un bœuf est un taureau castré ;
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Si certains de ces termes se focalisent encore sur une opposition sexuée, comme ''taurillon et vachette'' ou ''veau et velle'', d’autres se focalisent sur un trait lié à la reproduction sexuelle sans nécessairement fournir de terme à opposer pour l’autre sexe, comme dans bœuf et taure. Enfin certains termes ne sont pas spécifiques à cette espèce d’animal, comme génisse et broutard.
 
Tout au moins en français, les substantifs de ce type sont globalement rares, avec moins d’une cinquantaine de noms d’animaux sur près de 8 000, soit moins de 0,63 %<ref name=":0">{{Article |prénom1=Jean |nom1=Dubois |titre=Le genre dans les noms d'animaux |périodique=LINX |volume=21 |numéro=1 |date=1989 |doi=10.3406/linx.1989.1133 |lire en ligne=https://www.persee.fr/doc/linx_0246-8743_1989_num_21_1_1133 |consulté le=2021-06-28 |pages=87–91 }}</ref>. D’autant que si des couples spécifiques pour les adultes enrichissent un brin le vocabulaire synthétique avec des couples comme ''biche et cerf'', ''chevrette et chevreuil, daim et daine'', le vocabulaire pour les enfants réemploiréemploie souvent le même vocable ''faon et faonne''<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=faonne — Wiktionnaire |url=https://fr.wiktionary.org/wiki/faonne |site=fr.wiktionary.org |consulté le=2021-06-28}}</ref> pouvant désigner aussi bien les enfants misemis à bas par la biche, la chevrette, la daine, et le renne femelle<ref>{{Lien web |titre=Comment s'appelle le petit du cerf ? - Quora |url=https://fr.quora.com/Comment-sappelle-le-petit-du-cerf?share=1 |site=fr.quora.com |consulté le=2021-06-28}}</ref> – ce dernier mammifère n’ayant pas de terme distinct pour femelle et mâle''.'' Ou pour reprendre l’exemple précédemment développé ''veau et velle'' s’emploies’emploient également pour les enfants des [[phoque]]s, et des [[Morse (animal)|morses]].
 
Les autres termes portant un tel dimorphisme lexical font partie du groupe restreint des identificateurs de base, qu’ils soient des substantifs comme ''femme et hommeshomme'', ''fille et garçon,'' ''frère et sœur'', ou des pronoms teltels ''celle-là et celui-ci'', ''il et elle'', etc.
 
=== Variation morphologique ===
Sur le plan [[Morphologie (linguistique)|morphologique]], les langues peuvent faire usagesusage d’affixes pour spécifier le genre en les adjoignant aux bases lexicales existantes.
 
==== En français ====
Le lexique français de la dénomination humaine pour sa part est composé de milliers de noms alternantsalternant en genre. Le [[Le Petit Robert|Petit Robert]] 2000 par exemple ne compte pas moins de 5 000 entrées de ce type<ref name=":1">{{Lien web |langue=fr |auteur=Edwige Khaznadar |titre=Sexisme et grammaires scolaires - Langue-fr.net |url=https://www.langue-fr.net/Sexisme-et-grammaires-scolaires |site=www.langue-fr.net |consulté le=2021-06-28}}</ref>.
 
Sur l’ensemble de ces entrées, prêtprès d’un tiers ne connaît aucune distinction lexicale autonome, c’est par exemple le cas des mots terminantsse terminant en -aire, -graphe, -logue, -mane, -phile et -iste comme wikiversitaire, lexicographe, paléontologue, mélomane et wiktionnariste<ref name=":1" />. Une distinction se manifeste alors seulement extérieurement par l'article, comme '''''un''' abandonnataire,'' '''''une''' agiographe, '''la''' psychologue'' et '''''le''' chocomane.'' Les homonymies de ce type sont dites [[forme (linguistique)|formes]] [[épicène]]s. Ces cas sont donc purement genrés par variation syntaxique, comme indiqué dans la [[#Variation syntaxique|section dédiée ci-après]].
 
Dans plus d’un quart des cas, la désinence comporte une alternative qui vaut tant dansà l’écrit qu’à l’oral. Ainsi se transposetransposent par genre les suffixes ''-eur et - euse'', ''-teur et -trice'', ''-if et -ive'' et quelques alternances monosyllabiques faisant figuresfigure d’exceptions. Par exemple ces couples suffixaux opèrent dans wikivoyageur et wikivoyageuse, fondateur et fondatrice, contemplatif et contemplative. En figures plus exceptionnelles se trouvent par exemple ''veuf et veuve'' ainsi que ''serf et serve''.<blockquote>Il convient de bien distinguer la base morphologique sur laquelle s’opères’opèrent de telles alternances de la [[Étymon|racine étymologique]]. En effet, toute personne parlant une langue peut spontanément [[Inférence (logique)|inférer]] une telle base morphologique en se fondant uniquement sur l’analyse de ses propres pratiques. Retracer l’étymologie d’un mot en revanche nécessite nécessairement de confronter des hypothèses lexicologiques à l’épreuve d’une recherche documentaire. Sur le couple ''lumineuse et lumineux'' s’extrait immédiatement la base ''lumin-'' sur des considérations morphologiques manifestes, qui n’engagen’engagent en rien la pertinence de ce découpage sur le plan étymologique. En l’occurrence les deux termes précédents dérivent directement du lexème latin ayant pour formes nominatives féminine, masculine et neutre respectivement ''luminosă'', ''luminosus, luminosum'', qui pour leur part supposeraitsupposeraient plutôt une base luminos-. Et ces formes dérivent elles-mêmes de ''lumen'', lui-même obtenu de ''luceo'' avec suffixe ''-men'', avec ''lūceō'' apparenté à ''lux'', etc. Il est évident que ce type d’informations, quand bien même seraient-elles connues des personnes utilisant l’alternance entre ''lumineuse'' et ''lumineux'', n’intervient généralement pas dans ce processus.</blockquote>Dans un autre quart des cas, sur un plan [[Synchronie et diachronie|synchronique]] la formation de l’alternance équivaut à tronquer la terminaison de la graphie la plus complète. Sur le plan phonétique cela entraine une mutation plus ou moins complète de la voyelle finale. C’est généralement la forme féminine qui sert de modèle complet, le cas masculin s’obtenant via flexion par terminaison caduque. La littérature indique parfois cette absence d’alternative réifiée par le [[Ensemble vide|symbole de l’ensemble vide]] ''∅''<ref>{{Article |prénom1=Christiane |nom1=Marchello-Nizia |titre=Le neutre et l'impersonnel |périodique=LINX |volume=21 |numéro=1 |date=1989 |doi=10.3406/linx.1989.1139 |lire en ligne=https://www.persee.fr/doc/linx_0246-8743_1989_num_21_1_1139 |consulté le=2021-06-28 |pages=173–179 }}</ref>, explicitant un distinguo technique entre la troncature à la base d’alternation et le mot masculin privé de marqueur manifeste.
 
Ainsi par apocope du féminin ''voisine'' [vwa.zin] se détermine la base ''voisin-'' d’où se construit et le masculin ''voisin∅'' [vwa.zɛ̃]. De même du féminin ''petite'' [pətit(ə)] se détermine la base petit- d’où est tiré le masculin ''petit∅'' [pəti]. Ou encore de ''souvrainesouveraine'' [su.vʁɛn], via ''souvrainsouverain-'' se tire ''souvrain∅souverain∅'' [su.vʁɛ̃]. Ce groupe d’alternanced’alternances concerne notamment les mots dont le féminin se termine en ''-ante, -arde, -ette, -ienne, -ière, -ine, -ente, -euse'', ''-otte'' et ''-onne'' et leurs correspondants respectifs se terminant par ''-ant, -ard, -et, -ien, -ier, -ine, -ente, -euse'', ''-ot'' et ''-on''.
[[Fichier:Charon's Boat.jpg|alt=Le Bateau de Charon - ou - les Fantômes de "tous les Talents" effectuant leur dernier voyage, issu de la Galerie du Pape à Rome|vignette|''Des couleurs fort déplaisantes à la vue s’y mêlent les unes aux autres ; une mousse épaisse d’un '''verd''' d’airain tacheté de noir se promene dessus au gré des vents, & les bouillons qui s’y forment ne ressemblent qu’au bitume & au gaudron ; le poisson ne peut vivre dans ce lac, les vapeurs qui s’en exhalent brûlent tous les arbres d’alentour, & les animaux fuyent ses bords.'' Extrait de l’entrée [[Styx|STYX]], dans l’[[Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers|Encyclopédie, ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers]] ([[wikisource:L’Encyclopédie/1re édition/STYX|consulter sur Wikisource]])
 
Sur l’illustration ci-contre figure une représentation du fleuve mythologique de cette couleur.]]
Cette primauté morphologique tacite du féminin en matière de détermination des graphies s’imprime dans l’évolution [[Morphogramme|morphogrammique]]. Par exemple, le dictionnaire de l’académie maintient l’adjectif masculin de couleur sous la graphie ''verd'' jusqu’en 1878, à côté du féminin ''vert''e présent dès 1694. Le français contemporain garde trace de la pertinence morphogramiquemorphogrammique sur des usages translexicaux comme ''verdâtre'', ''verdir'' et ''verdure''. Mais il a résolument acté qu’au sein d’une [[lexie]] donnée, c’est généralement les formes fléchies graphiquement les plus étendues qui motivemotivent la [[Flexion (linguistique)|base flexionnelle]] d’un [[Paradigme (linguistique)|paradigme]]<ref>{{Article |prénom1=Liselotte |nom1=Pasques |titre=Approche linguistique des fondements de l'orthographe du français, du XVIe au XXe siècle |périodique=Pratiques |volume=25 |numéro=1 |date=1979 |doi=10.3406/prati.1979.1129 |lire en ligne=https://www.persee.fr/doc/prati_0338-2389_1979_num_25_1_1129 |consulté le=2021-07-06 |pages=82–93 }}</ref>, donc majoritairement le féminin ou le pluriel. Par exemple, l’ancienne orthographe ''amy'' à évolué vers ''ami'', aussi bien en raison de la forme féminine ''amie'' que du pluriel ''amis''. Cette prégnance des formes étendues n’est évidemment pas opérante lorsque le [[lexème]] réunit des flexions [[Supplétion|supplétives]], comme pour une ''hase'' et un ''lièvre'', ou d’une alternance de suffixes, comme un ''ois'''eau''''' et une ''ois'''elle'''''.
 
L’analyse de l’ensemble des adjectifs et des noms communs de personne du lexique français conforte cette analyse. Pour les adjectifs, près de la moitié se termine par -e comme ''rapide, logique, optimiste'', moins d'un quart sont différenciés par la seule présence ou absence de -e (''vrai/vraie, clair/claire''), le reste alternant par la finale dont la prononciation change selon le genre (''actif et active'', cousin et cousine). Les noms communs de personnes, si un tiers environ qui se termine par -e alterne en genre par l'article (''le/la collègue''), 6 % seulement alternent par présence absence de -e final (''ami/amie, principal/principale''). Dans les autres cas le féminin est marqué morphologiquement par cette même consonne, sonorisée par le -e final, ou par les suffixes ''-euse ou -trice''<ref>[[Edwige Khaznadar]], ''Le féminin à la française'', L'Harmattan, 2002.</ref>{{,}}<ref>[http://www.langue-fr.net/spip.php?rubrique23 Féminisation - Langue-fr.net], 26 novembre 2017</ref>. Pour sa part le masculin est marqué morphologiquement soit par une voyelle finale suivie d'une consonne muette (''écolier, commerçant''), soit par le suffixe ''-(t)eur'' (''vendeur, acteur'').
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==Genre générique==
 
Dans certaines langues, un des genres grammaticaux sert à désigner un groupe de personnes de genre mixte ou une ou des personnes dont le genre n’est pas connu ou n’est pas pertinent. Certains linguistes parlent alors de genre grammatical « non- marqué ». Différentes classes grammaticales (pronoms, noms, verbedéterminants, adjectifs, verbes) peuvent être affectées par ce trait grammatical<ref name="alpher1987">{{article |langue=en |titre=Feminine as the unmarked grammatical gender: Buffalo girls are no fools |journal=Australian Journal of Linguistics |date=1987 |doi=10.1080/07268608708599380 |lire en ligne=https://doi.org/10.1080/07268608708599380 |pages=169-187 |auteurs=Alpher, Barry}}</ref>.
 
===Masculin générique===
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====Distribution====
 
De nombreuses [[langues indo-européennes]], comme par exemple le [[français]], l’[[allemand]], l’[[anglais]], l’[[espagnol]], le [[portugais]], le [[suédois]] ou le [[norvégien]], utilisent le genre grammatical masculin comme genre générique. Dans la langue [[arabe]] et [[Hébreu|hébraïque]], deux [[langues sémitiques]], on retrouve également du masculin générique. Pour donner un exemple du français, le pronom masculin pluriel de la troisième personne (''ils'') peut désigner soit un groupe d’hommes, soit un groupe mixte ou non- spécifique quant au genre. Par ailleurs, les adjectifs en français sont accordés au masculin lorsqu’ils qualifient un groupe de genre mixte. Par effet de miroir, le pronom féminin pluriel de la troisième personne (''elles'') désigne uniquement un groupe de femmes<ref name="alpher1987Aikhenvald2016">{{articlechapitre | langue=en |auteur1=[[Alexandra Aikhenvald]]|titre=FeminineThwarting as'sexist thelanguage'|auteur unmarked grammatical gender: Buffalo girls are no foolsouvrage=Alexandra Aikhenvald|journaltitre ouvrage=AustralianHow JournalGender ofShapes Linguisticsthe World|datelieu=1987 Oxford|doiéditeur=Oxford |pages=169-187University Press|auteursannée=Alpher, Barry2016}}</ref>.
 
====Critiques et stratégies de remédiation====
 
De nombreux linguistes et féministes ont rendu attentifs aux problèmes que représente l’utilisation du masculin générique. Des [[Langage épicène#Arguments psycholinguistiques autour du langage épicène|études psycholinguistiques]] ont, par exemple, montré que le masculin générique, même s’il se réfère autant à des femmes qu’à des hommes en théorie, est davantage interprété comme du masculin<ref name="Gygax2008">{{article |langue=en |auteur=Pascal M. Gygax, Ute Gabriel, Oriane Sarrasin, Jane Oakhill et Alan Garnham |titre=Generically intended, but specifically interpreted: When beauticians, musicians, and mechanics are all men |périodique=Language and cognitive processes |volume=23 |numéro=3 |année=2008 |lire en ligne=https://doi.org/10.1080/01690960701702035|pages=464-485 }}</ref>. Un [[langage épicène]] a donc été élaboré dans de nombreuses langues dans le but de remédier à ce problème. Dans certaines langues, un nouveau pronom personnel a même été créé. C’est, par exemple, le cas du [[suédois]] où le pronom masculin ''han'' ‘il’ sert traditionnellement de générique. Le pronom ''hen'', qui est grammaticalement neutre, y a alors été créé. Dans le norvégien, depuis les années quatre-vingt, les pronoms féminins ''ho'' ou ''hun'' 'elle' sont parfois utilisés en tant que générique, à la place du masculin générique ''han'' pour désigner une personne dont le genre n'est pas connu ou n'est pas pertinent. Il s'agit donc d'utiliser du féminin générique à la place du masculin générique. En [[anglais]], le pronom ''he'' est traditionnellement utilisé pour désigner une personne de manière non- spécifique. Cependant, aujourd’hui le pronom de la troisième personne du pluriel, ''they'', neutre quant au genre, est communément utilisé, à la place du ''he'', comme pronom générique singulier. Dans le cas du norvégien et de l'anglais, il ne s'agit pas d'une création lexicale, mais d'un [[Glissement sémantique|changement sémantique]] quant à la signification des pronoms ''they'', ''ho'' et ''hun''<ref name="Aikhenvald2016"/>.
 
===Féminin générique===
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====Distribution====
 
Dans certaines langues, c’est le genre grammatical féminin qui permet de désigner un groupe de personnes de genre mixte ou des personnes dont le genre n’est pas connu ou n’est pas pertinent. Plusieurs langues parlées sur le continent australien utilisent par exemple du féminin générique. OnParmi yces trouvelangues desfigurent les [[langues pama-nyungansnyungan]], comme par exemple le kala lagaw ya, le wangkumara, le wagaya, mais aussi des langues non pama-nyungans, comme par exemple le murrinh-patha, le gagadju[[gaagudju]], ngandi. De plus, dans la famille des [[langues iroquoiennes]], il y a également des langues avec du féminin générique, comme par exemple dans le [[Seneca (langue)|seneca]]. On constate, par ailleurs, un changement linguistique dans le dialecte arakul de la langue caucasienne [[lak]] vers la fin du 20ième20e siècle. Le féminin y est devenu le genre générique, probablement en raison de changements sociétaux positifs envers les femmes<ref name="alpher1987"/>. On peut également citer la langue jarawara parmi les langues avec un féminin générique<ref name="alpher1987Aikhenvald2016"/>.
 
====Lien entre les structures linguistiques et les structures sociales====
 
Les femmes dans les sociétés iroquoiennes semblent avoir un statut social plutôt élevé. Cela indiquerait que les femmes ont un meilleur statut social dans les sociétés qui parlent une langue avec un féminin générique que dans les sociétés qui parlent une langue avec un masculin générique. Cependant, les sociétés qui parlent une langue avec un féminin générique ne sont pas automatiquement moins patriarcales<ref name="alpher1987"/>. En effet, dans la société [[jarawara]] adont unela langue, avecle un{{Lien|Madí language#Grammar|texte=madí}}, comporte le féminin générique, toutefois les hommes y occupent une position fortement dominante<ref name="Aikhenvald2016"/>.
 
L'utilisation du féminin générique a pu être mise en avant comme un moyen de lutter en faveur de l'égalité des sexes. Par exemple, en 2018, l’Assemblée de l’[[Université de Neuchâtel]] a adopté le féminin générique : tous les postes et fonctions y sont désignées au féminin, depuis les étudiantes jusqu'à la rectrice, indépendamment du genre de la personne occupant ces fonctions. Cette décision, à l'initiative d'un professeur de droit, répond avant tout à un objectif pédagogique, pour faire prendre conscience de l'effet que provoque sur les femmes l'utilisation systématique du masculin dans certains milieux malgré l'obligation pour les administrations suisses d'utiliser un langage épicène<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=12h45 - Toubo: l'Université de Neuchâtel écrit ses nouveaux statuts au féminin - Play RTS |url=https://www.rts.ch/play/tv/12h45/video/toubo-luniversite-de-neuchatel-ecrit-ses-nouveaux-statuts-au-feminin?urn=urn:rts:video:9632310 |date=08/06/2018 |consulté le=2022-05-28}}</ref> ou encore l'utilisation du masculin générique pour désigner des groupes mixtes<ref>{{Lien web |titre=Statuts féminisés |url=https://www.unine.ch/epicene/home/unine/statuts-feminin.html |site=www.unine.ch |consulté le=2022-05-28}}</ref>.
 
== Genre multiple ==
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En français ce sont plutôt des cas exceptionnels, comme ''délice'' qui est généralement strictement féminin au pluriel et strictement masculin au singulier. Cependant après des expressions comme ''un de'', ''un des'', ''le plus grand des'', etc., suivies du complément ''délices'' au pluriel, le masculin est conservé<ref name="QDL" />.
 
D’autres cas sont plus ambivalents encore : ''amour'' est souvent féminin au pluriel, mais parfois masculin ; il est le plus souvent masculin au singulier mais se trouve aussi au féminin. Les variations se constatent dans l'usage populaire qui se reflète dans divers textes (chansons, etc.), soit dans une langue littéraire assez recherchée ({{citation|amour, la vraie, la grande...}} chez [[Jean Anouilh]] ; {{citation|la grande amour}} chez [[Raymond Queneau]] ; {{citation|cette amour curieuse}} chez [[Paul Valéry]] ; {{citation|une amour violente}}, enregistré par l'[[Académie française]])<ref name="QDL">Entrée {{lien web |langue=fr |titre=Amour, délice et orgue |url=http://www.academie-francaise.fr/questions-de-langue#9_strong-em-amour-dlice-et-orgue-em-strong}} de ''Questions de langue'', sur le site de l'[[Académie française]] [consulté le {{nobr|5 février}} 2017].</ref>{{,}}<ref>« L'amour violente », dans http://seriealfa.com/tigre/tigre12/ronsard.htm)</ref>. Le mot ''amour'' est clairement [[Polysémie|polysémique]], c’est c'est-à -dire qu’il fera l’objet de plusieurs définitions dans un dictionnaire, et l’emploi volontaire d’un genre rare pour le nombre peut participer à une mise en emphase d’un sens augmentatif. CeciCela étant, cette ambivalence du genre ne conduit pas pour ce type de cas à une dissociation homonymique : les dictionnaires fournissent généralement tous les sens de ''amour'' dans une unique entrée.
 
C’est également ce qui se produit pour ''orgue'', masculin au singulier, tout comme au pluriel quand il désigne plusieurs instruments: {{citation|les orgues anciens de la région}}. Il passe cependant au féminin lorsque le pluriel désigne de façon emphatique un seul instrument&nbsp;{{citation|les grandes orgues de la cathédrale}}<ref name="QDL" />{{,}}<ref>{{lien web |auteur1=henry Bardies |titre=Homophones orgue |url=http://www.aidenet.eu/homo_orgue.htm |site=aidenet.eu |consulté le=05-10-2023}}.</ref>.
 
Dans le cas du mot ''gens'' seul le pluriel est en usage et le genre n'est pas fixé lexicalement, mais les contraintes syntaxiques ne permettent pas non plus un choix aussi arbitraire que pour un mot comme ''bretzel''. La déclinaison de l'adjectif dépend en effet de sa position par rapport au nom : « les vieilles gens », « les gens vieux ».
 
=== Variation sémantique ===
Certains mots sont féminins ou masculins en fonction du sens : enseigne, espace, manœuvre, mémoire, manche, œuvre, poste{{etc.}} Ainsi, '''''un''' espace'' désigne une étendue dimensionnelle en général, mais '''''une''' espace'' désigne spécifiquement un blanc typographique séparant deux mots. Dans ce cas il ne s’agit plus d’une simple variation libre du genre où l’éventuelle polysémie est toujours lexicalement unitaire : les dictionnaires traitent généralement ces mots dans des entrées séparées. La distinction typologique entre un cas comme ''amour'' et ''espace'' et le traitement différencié qu’en font les lexicographes relève d’un contraste ténu, voir arbitraire, dans un spectre linguistique fluctuant.
 
=== Variation référentielle ===
Certains mots adoptent le genre grammatical associé au sexe biologique ou sociologique du {{Quoi|réféntréférent|date=22 août 2022}}. En français c’est notamment le cas des noms épicènes désignant une personne humaine : ''camarade'', ''collègue'', ''partenaire.'' Cependant certains termes de ce type conservent le genre grammatical quel que soit le référent : ''un individu, sa majesté, une personne.''
 
=== Variation pragmatique ===
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== Langues sans genre ==
De nombreuses langues non indo-européennes, comme le [[basque]], le [[finnois]], l'[[estonien]], le [[turchongrois]] ou, le [[hongroisturc]], le [[Malais (langue)|malais]] ou l'[[indonésien]] ne connaissent pas la catégorie du genre, bien que des oppositions puissent être marquées par les [[pronom]]s. LeCertaines chinoislangues classique n'a pas de genre. Le chinois moderne l'a introduit pour les pronoms personnels des deuxième et troisième personnes du singulier au début du {{sindo-|XX}},européennes par imitation de l'anglais. Le genre n'apparaît qu'à l'écritignorent, lesdans caractèresleur employésétat restant strictement homophones. Ainsiprésent, la deuxième personne du singulier distingue 你 ''nǐ'' (au masculin)notion de genre ''nǐ'' (au féminin). Les textes chrétiens peuvent employer ''nǐ'' 袮 rendant le ''thou'' biblique anglais pour s'adresser à Dieu. La troisième personne du singulier est encore plus complexegrammatical : ''tā''[[arménien]], [[persan]] (masculin)et [[dari]], ''tā''[[tadjik]], kurde (féminin[[sorani]]), rarementmais ''tā''aussi 牠 (pour les animaux) ''tā'' 它 (pour les inanimés)[[bengali]] et ''tā'' 祂 pour Dieu[[afrikaans]].
 
Le chinois classique n'a pas de genre. Le chinois moderne l'a introduit pour les pronoms personnels des deuxième et troisième personnes du singulier au début du {{s-|XX}}, par imitation de l'anglais. Le genre n'apparaît qu'à l'écrit, les caractères employés restant strictement homophones. Ainsi, la deuxième personne du singulier distingue 你 ''nǐ'' (au masculin) de 妳 ''nǐ'' (au féminin). Les textes chrétiens peuvent employer ''nǐ'' 袮 rendant le ''thou'' biblique anglais pour s'adresser à Dieu. La troisième personne du singulier est encore plus complexe : ''tā'' 他 (masculin), ''tā'' 她 (féminin), rarement ''tā'' 牠 (pour les animaux) ''tā'' 它 (pour les inanimés) et ''tā'' 祂 pour Dieu.
Certaines [[Langue construite|langues construites]], comme le [[lojban]], le [[kotava]] ou le [[pandunia]], ne marquent pas non plus le genre{{Référence nécessaire|date=30 mai 2021}}.
 
Certaines [[Langue construite|langues construites]], comme le [[lojban]], le [[kotava]] ou le [[pandunia]], ne marquent pas non plus le genre{{Référence nécessaire|date=30  mai  2021}}.
En [[espéranto]] la situation est plus nuancée. Dans son usage classique trois pronoms personnels singuliers permettent de rendre les genres féminin, masculin et neutre, respectivement ''{{Langue|fr|ŝi}}'', ''{{Langue|fr|li}}'' et ''{{Langue|fr|ĝi}}''. Côté pendant pluriel seul ''{{Langue|fr|ili}}'' est prévu par le ''[[Fundamento de Esperanto]]''. Du côté des substantifs, les mots ne sont pas genrés de manière générale<ref>{{Lien web |titre=PMEG : Seksa signifo de O-vortoj |url=https://bertilow.com/pmeg/gramatiko/o-vortoj/seksa_signifo.html |site=bertilow.com |consulté le=2021-05-30}}</ref>. Ainsi ''homo'' (humain), peut s’employer avec n’importe quel genre : ''ŝi estas homo kaj li estas homo, sed, ĉi tiu roboto, ĝi ne estas homo'' (elle est une humaine, il est un humain, mais, ce robot, il n’est pas humain). Cependant tous les radicaux ne sont pas exempts d’une sémantique genré, et le genre de base doit donc être appris avec le sens du radical. Ainsi ''femalo'' (femelle) et ''masklo'' (mâle) ont une sémantique liée au genre féminin et masculin respectivement. Cela implique donc en cas d’usage d’un pronom référant à l’un où l’autre de ces substantifs, de recourir à celui du genre correspondant. La plupart des radicaux ont une valeur de genre neutre, y compris pour les noms d’animaux. Au besoin, la distinction entre un être vivant femelle et mâle peut se faire en utilisant les affixes prévus à cet effet : suffixe ''-in-'' pour le sexe féminin, préfixe ''vir-'' pour le sexe masculin. Ainsi ''ŝafo'' (mouton, sans précision de sexe), donne respectivement ''ŝafino'' (brebis) et ''virŝafo'' (bélier). Le même mécanisme est employé pour fournir les termes des rejetons d’une espèce sexuée via le suffixe ''-id-'', qui donne donc ŝafido (agneau), et peut se combiner aux autres affixes : ŝafidino (agnelle), virŝafido (agneau, le français amalgamant ici terme générique et terme avec trait mâle). L’espéranto à de plus connus des propositions ultérieures sur le plan du genre, qui comptent notamment l’''[[Histoire de l'espéranto#Réforme des genres – Iĉisme et riisme|iĉisme]]'' et le [[Ri (pronom)|riisme]]. Le premier ajoute le suffixe ''-iĉ-'' comme synonyme du préfixe ''vir-''. Ainsi sous cette proposition ''ŝafiĉo'' et ''virŝafo'' sont strictement synonymes. La seconde introduit ''ri'' comme nouvel préposition désignant une personne sans tenir compte de son sexe, ce qui le distingue donc du neutre ''ĝi'', alors plutôt destiné à des entités non-sexuées. Il convient pour compléter que, bien s’agisse d’une minorité de termes, certains vocables sont critiqués comme introduisant un genrage sexiste du radical, comme le radical ''patr/'' formant ''patro'', ''patrino'' et ''gepatro'', pour respectivemet père, mère et parent ; jugé impropre à la promotion de l’égalité entre les personnes indifféremment de leur sexe<ref>{{Article |prénom1=Hidenori |nom1=Kadoja |titre=La strukturo de Esperanto kiel faktoro por certigi ĝian funkcion rilate al Lingvaj Rajtoj: ĉefe pri la koncepto de lingvolernado kaj pri konscio de lingva normo |périodique=Esperantologio / Esperanto Studies |date=2011 |lire en ligne=https://www.academia.edu/3337324/La_strukturo_de_Esperanto_kiel_faktoro_por_certigi_%C4%9Dian_funkcion_rilate_al_Lingvaj_Rajtoj_%C4%89efe_pri_la_koncepto_de_lingvolernado_kaj_pri_konscio_de_lingva_normo |consulté le=2021-06-28 }}</ref>.
 
En [[espéranto]] la situation est plus nuancée. Dans son usage classique trois pronoms personnels singuliers permettent de rendre les genres féminin, masculin et neutre, respectivement ''{{Langue|fr|ŝi}}'', ''{{Langue|fr|li}}'' et ''{{Langue|fr|ĝi}}''. Côté pendant pluriel cependant, seul ''{{Langue|fr|ili}}'' est prévu par le ''[[Fundamento de Esperanto]]''. Du côté des substantifs, les mots ne sont pas genrés de manière générale<ref>{{Lien web |titre=PMEG : Seksa signifo de O-vortoj |url=https://bertilow.com/pmeg/gramatiko/o-vortoj/seksa_signifo.html |site=bertilow.com |consulté le=2021-05-30}}</ref>. Ainsi ''homo'' (humain), peut s’employer avec n’importe quel genre : ''ŝi estas homo kaj li estas homo, sed, ĉi tiu roboto, ĝi ne estas homo'' (elle est une humaine, il est un humain, mais, ce robot, il n’est pas humain). Cependant tous les radicaux ne sont pas exempts d’une sémantique genrégenrée, et le genre de base doit donc être appris avec le sens du radical. Ainsi ''femalo'' (femelle) et ''masklo'' (mâle) ont une sémantique liée au genre féminin et masculin respectivement. Cela implique donc en cas d’usage d’un pronom référant à l’un ou l’autre de ces substantifs, de recourir à celui du genre correspondant. La plupart des radicaux ont une valeur de genre neutre, y compris pour les noms d’animaux. Au besoin, la distinction entre un être vivant femelle et mâle peut se faire en utilisant les affixes prévus à cet effet : suffixe ''-in-'' pour le sexe féminin, préfixe ''vir-'' pour le sexe masculin. Ainsi ''ŝafo'' (mouton, sans précision de sexe), donne respectivement ''ŝafino'' (brebis) et ''virŝafo'' (bélier). Le même mécanisme est employé pour fournir les termes des rejetons d’une espèce sexuée via le suffixe ''-id-'', qui donne donc ŝafido (agneau), et peut se combiner aux autres affixes : ŝafidino (agnelle), virŝafido (agneau, le français amalgamant ici terme générique et terme avec trait mâle). L’espéranto à de plus connusconnu des propositions ultérieures sur le plan du genre, qui comptent notamment l’''[[Histoire de l'espéranto#Réforme des genres – Iĉisme et riisme|iĉisme]]'' et le [[Ri (pronom)|riisme]]. Le premier ajoute le suffixe ''-iĉ-'' comme synonyme du préfixe ''vir-''. Ainsi sous cette proposition ''ŝafiĉo'' et ''virŝafo'' sont strictement synonymes. La seconde introduit ''ri'' comme nouvelnouvelle préposition désignant une personne sans tenir compte de son sexegenre, ce qui le distingue donc du neutre ''ĝi'', alors plutôt destiné à des entités non- sexuées. Il convient de préciser pour compléter que, bien qu'il s’agisse d’une minorité de termes, certains vocables sont critiqués comme introduisant un genrage sexiste du radical, comme le radical ''patr/'' formant ''patro'', ''patrino'' et ''gepatro'', pour respectivemet père, mère et parent ; jugé impropre à la promotion de l’égalité entre les personnes indifféremment de leur sexe<ref>{{Article |prénom1=Hidenori |nom1=Kadoja |titre=La strukturo de Esperanto kiel faktoro por certigi ĝian funkcion rilate al Lingvaj Rajtoj: ĉefe pri la koncepto de lingvolernado kaj pri konscio de lingva normo |périodique=Esperantologio / Esperanto Studies |date=2011 |lire en ligne=https://www.academia.edu/3337324/La_strukturo_de_Esperanto_kiel_faktoro_por_certigi_%C4%9Dian_funkcion_rilate_al_Lingvaj_Rajtoj_%C4%89efe_pri_la_koncepto_de_lingvolernado_kaj_pri_konscio_de_lingva_normo |consulté le=2021-06-28 }}</ref>.
 
== Nombre de genres ==
[[FileFichier:Gender in European languages.png|thumb|Genres grammaticaux dans les langues européennes :
{{Légende/Début}}
{{Légende|#fd2a2e|masculin/féminin}}
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D'autres, comme le russe, le [[grec moderne]], l'allemand ou le [[slovène]], sont à trois genres : le [[Homme|masculin]], le [[Femme|féminin]] et le neutre.
 
Le [[Proto-roman|protoroman]] avait trois genres{{sfn|Buchi|Greub|2016|loc=par ex. {{§|1}} ''{{langue|la|texte=in fine}}''}}, comme le [[latin]]{{sfn|Jeanmaire|2010|loc={{§|4}}}} ; mais toutes les [[langues romanes]]{{sfn|Violi|1987|p=17}}, sauf le [[roumain]]{{sfn|Graur|1928|loc=en part. {{p.|249}}}}{{,}}{{sfn|Timoc-Bardy|1999|loc=en part. {{§|1}}, {{p.|250}}}} et l'[[Astur-léonais]], n'en ont que deux : elles ont assimilé le neutre avec le masculin, même au pluriel{{sfn|Graur|1928|p=250}}. Certaines langues romanes connaissent quelques [[Nom (grammaire)|substantifs]] qui ont un genre au [[Nombre grammatical|singulier]] et un autre au [[pluriel]]{{sfn|Buchi|Greub|2016|loc={{§|2.2}}}} : le plus souvent, il s'agit desde substantifs masculins au singulier mais féminins au pluriel, comme l'[[italien]] ''{{langue|it|texte=braccio}}'' ({{citation|[[Bras (segment de membre)|bras]]}}) dont le pluriel est ''{{langue|it|texte=braccia}}''{{sfn|Buchi|Greub|2016|loc={{§|2.2}}}}. En roumain, ces substantifs sont relativement nombreux et sont considérés comme d'un troisième genre souvent appelé ''ambigène''{{sfn|Buchi|Greub|2016|loc={{§|2.2}}}}.
 
En [[anglais]], langue à deux genres, le genre tend à disparaître du lexique{{sfn|Violi|1987|p=17}} : le masculin et le féminin ne concernent que le [[pronom personnel]] singulier de la troisième personne et les possessifs.
 
D'anciennes [[langue indo-européenne|langues indo-européennes]] telles que le [[latin]] ou le [[grec ancien]] laissent comprendre qu'en [[indo-européen commun]], l'opposition de genre concernait surtout une opposition du type ''animé'' (ce qui vit) à ''inanimé'' (ce qui ne vit pas) : en effet, dans desde nombreux cas, le masculin et le féminin sont identiques et s'opposent ensemble au neutre<ref>[[Antoine Meillet]], « La catégorie du genre et les conceptions indo-européennes », in ''Linguistique historique et linguistique générale'', Paris, Champion, 1965, {{p.|211-229}}.</ref>. C'est d'ailleurs la seule opposition en [[hittite (langue)|hittite]].
 
Des [[langues africaines]], enfin, comportent un nombre beaucoup plus important de [[classe sémantique|classes sémantiques]] pouvant être considérées comme des sortes de ''genres''. Elles sont le plus souvent indiquées par les [[classificateur|préfixes de classe]].
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L’[[animéité]] opère une dichotomie entre ''animé'' et ''inanimé'', faisant notamment référence au caractère sensible ou vivant du référent. La littérature préfère parfois aussi le distinguo ''personnel'' et ''non-personnel''<ref name=":0" />. Il se retrouve dans des langues modernes comme le [[danois]], le [[suédois]], ou le [[norvégien]]. On parlera alors d'une opposition entre le {{langue|la|''genus commune''}} (masculin/féminin) et le {{langue|la|''genus neutrum''}}.
 
Le français contemporain maintient cette opposition dans certains cas, comme pour les [[pronom]]s ''ceci, cela, ça'', ''en'' et ''y'' qui ne servent qu'aux inanimés, ou le distinguo entre les pronoms relatifs ''qui'' et ''quoi''. Ainsi ''l’encyclopédie me plaît'' donne par substitution pronominale '''''elle''' me plaît'', tandis que ''la lecture de cet article me plaît'' donne '''''ça''' me plaît''. De même ''je parle de [[Sandister Tei]]'' donne ''je parle d’'''elle''''' tandis que « ''je parle de ma passion pour les [[Projets Wikimedia|projets wikimédiens]]'' » donne ''j{{'<nowiki/>}}'''en''' parle''. Ou encore, ''je pense à contribuer au mouvement wikimédien'' qui produit ''j{{'<nowiki/>}}'''y''' pense''. Aussi ''je ne sais '''qui''''' fera clairement référence à un individu animé, tandis que ''je ne sais quoi'' présume un objet inanimé.
 
La substitution du référé à un animé par un référant inanimé peut s’opérer sans offense dans un [[registre de langue|registre]] courant, notamment en cas de [[thématisation]] par dislocation. Ainsi ''j'en parle souvent, de lui'' reste relativement convenable, tout comme ''devine de '''quoi''' parle cet article : d’[[Emna Mizouni]]'' !
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== Genre grammatical, stéréotypes sociaux et inégalités ==
Lorsque le genre grammatical de substantifs désignant des rôles sociaux est calqué sur le sexe, la langue peut connoter des inégalités entre féminin et masculin, renvoyant à une répartition inégalitaire des rôles selon les sexes dans une société. Une des problématiques majeures, quant à cela, est l'utilisation du [[#Genre générique|masculin générique]] dans beaucoup de langues européennes par exemple. En effet, des [[Langage épicène#Arguments psycholinguistiques autour du langage épicène|études psycholinguistiques]] ont montré que les masculins génériques, même s’ils se réfèrent autant à des femmes qu’à des hommes en théorie, sont davantage interprétés comme du masculin<ref name="Gygax2008"/>. Cela peut avoir des conséquences comme l'occultation du rôle joué par les femmes sur la scène publique ou des résistances psychologiques à la candidature à des postes offerts au masculin par exemple.
 
Dans différentes langues, diverses stratégies ont été mises en place dans le but de remédier à cette inégalité. Parmi celles-ci, il y a le [[langage épicène]]. Dans certaines langues, un nouveau pronom personnel a même été créé. C’est le cas du [[suédois]] où le pronom ''hen'', grammaticalement neutre, y a été élaboré pour désigner une personne dont le genre n'est pas connu ou n'est pas pertinent, à la place de l'utilisation du pronom masculin ''han'' ‘il’<ref name="Aikhenvald2016"/>.
 
DansDe plus, dans certains pays anglophones comme l’[[Australie]] et les [[États-Unis]], certains textes emploient le féminin pour désigner une personne dont le genre est indéterminé dans le contexte d’énonciation de façon à contrecarrer les [[stéréotype]]s [[Phallocratie|phallocratiques]]. Ces textes utilisent donc le [[#Genre générique|féminin générique]] à la place du masculin générique :
:{{langue|en|''When you find value assumptions, you know pretty well what '''a writer or speaker'' wants the world to be like – what goals '''she''' thinks are most important ; but you do not know what '''she''' takes for granted (…)''}}<ref>{{citation|Lorsque vous rencontrez des présupposés de valeur, vous savez fort bien à quoi {{souligner|un auteur ou un orateur}} voudrait que le monde ressemble – quels sont les objectifs qu'{{souligner|elle}} considère comme les plus importants ; mais vous ne savez pas ce qu'{{souligner|elle}} tient pour acquis (…)}}. {{M.|Neil Browne}}, Stuart M. Keeley, {{langue|en|''Asking the Right Questions''}}, {{langue|en|''A Guide to Critical Thinking''}}, Pearson / Prentice Hall, 2007.</ref>
:''Have you ever had a client who just wanted to be happy? And that's all '''she''' wanted from therapy?''<ref>{{Ouvrage|prénom1=Russ|nom1=Harris|titre=ACT made simple : an easy-to-read primer on acceptance and commitment therapy|date=2019|isbn=978-1-68403-301-0|isbn2=1-68403-301-2|oclc=1046470148|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/1046470148|consulté le=2021-06-29}}</ref>
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