« Nāgārjuna » : différence entre les versions

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{{Voir homonymes|Nāgārjuna (homonymie)}}
{{Infobox Biographie2
{{plan|date = juin 2016}}
[[File: |image = Nagarjuna with 84 mahasiddha.jpg|thumb|légende = Nāgārjuna et 84 [[Mahāsiddha|Mahāsiddhas]].
}}
'''Nāgārjuna'''<ref>Steve Carlier, ''Interdépendance & Vacuité'', Éditions Vajra Yogini, Marzens, septembre 2000, p. 84</ref>, est un [[Bhikkhu|moine]], [[Philosophie indienne|philosophe]], écrivain [[bouddhisme|bouddhiste]] [[inde|indien]] ({{s mini|II|e}} - {{IIIe siècle}}), fondateur de l'école [[Madhyamaka]] et originaire de la région correspondant à l'[[Andhra Pradesh]] actuel.
'''Nāgārjuna''', ou '''Nagardjouna'''<ref>Steve Carlier, ''Interdépendance & Vacuité'', Éditions Vajra Yogini, Marzens, septembre 2000, p. 84</ref>, est un [[Bhikkhu|moine]], [[Philosophie indienne|philosophe]], écrivain [[bouddhisme|bouddhiste]] [[inde|indien]] ({{s mini|II|e}} - {{IIIe siècle}}), fondateur de l'école [[Madhyamaka]] et originaire de la région correspondant à l'[[Andhra Pradesh]] actuel. Beaucoup de points sur son existence relèvent de récits mythiques, si bien qu'il est difficile de dissocier les apports ultérieurs des éléments de sa vie originelle.
 
== Éléments biographiques ==
== Biographie ==
 
[[Fichier:AmaravatiFrieze.jpg|thumb|right|[[Bas-relief]] du stūpa d'[[Amaravati]] {{IIe siècle}}, proche de [[Nagarjunakonda]] dans l'[[Andhra Pradesh]] où aurait vécu Nāgārjuna à la même époque, [[British Museum]].]]
 
Compte tenu de la longueur exceptionnelle que l'on prête à sa vie (plus de 600 ans), il est vraisemblable qu'il y eut plusieurs personnes portant ce nom. On peut cependant le situer vers le {{IIe siècle}}{{Référence souhaitée|date=9 janvier 2020}} par son texte ''Lettre à un ami'' (''Suhṛllekha'') qu'il aurait adressé au roi [[Gautamiputra]] de la dynastie [[Shalivahana]]<ref name="Dictionnaire encyclopédique du bouddhisme" />.
Sa vie n'est pratiquement pas connue. La légende le fait naître dans une famille de [[brahmane]]s, ce qui expliquerait qu'il fut le premier penseur important du bouddhisme à avoir utilisé le [[sanskrit]] et non le [[pali]] dans ses écrits. Il serait né dans une région au sud-est de l'[[Inde]] correspondant à l'[[Andhra Pradesh]] actuel, proche de [[Nagarjunakonda]] qui porte son nom aujourd'hui en son honneur. La région était alors dirigée par les [[Satavahana]] qui soutinrent le [[bouddhisme]] comme en témoignent différents temples bouddhistes de cette époque et les extraordinaires bas-reliefs de stūpas retrouvés sur le temple bouddhiste d'[[Amaravati]]<ref>Certains des bas-reliefs sont restés en [[Inde]] mais la plupart sont en Europe: au [[Musée national des arts asiatiques - Guimet]] à [[Paris]] et surtout au [[British Museum]] à [[Londres]].</ref>. Il fut l'un des premiers abbés de [[Nâlandâ]]<ref name="Dictionnaire encyclopédique du bouddhisme">''Dictionnaire encyclopédique du bouddhisme''. Nouvelle édition augmentée, Éditions du Seuil, [[Paris]], 2006. 952 p. {{ISBN|2-02-082273-3}}</ref>. [[Nâlandâ]] n'était alors qu'un monastère de taille modeste. Ce n'est que plus tard qu'elle devint la plus grande université de l'[[Inde]] ancienne. L'université de [[Nâlandâ]] fut toujours extrêmement fière d'avoir eu Nāgārjuna comme l'un de ses abbés.
 
=== Moine précurseur dans l'[[Andhra Pradesh]] ===
Il fut le plus grand théoricien de la doctrine [[madhyamaka]], la ''Voie du Milieu''.
Sa vie n'est pratiquement pas connue. La légende le fait naître dans une famille de [[brahmane]]s, ce qui expliquerait qu'il fut le premier penseur important du bouddhisme à avoir utilisé le [[sanskrit]] et non le [[pali]] dans ses écrits. Il serait né dans une région au sud-est de l'[[Inde]] correspondant à l'[[Andhra Pradesh]] actuel, proche de [[Nagarjunakonda]] (qui porte son nom aujourd'hui en son honneur).
 
La région était alors dirigée par les [[Satavahana]] qui soutinrent le [[bouddhisme]] comme en témoignent différents temples bouddhistes de cette époque et les extraordinaires bas-reliefs de [[Stūpa|stūpas]] retrouvés sur le temple bouddhiste d'[[Amaravati]]<ref>Certains des bas-reliefs sont restés en [[Inde]] mais la plupart sont en Europe: au [[Musée national des arts asiatiques - Guimet]] à [[Paris]] et surtout au [[British Museum]] à [[Londres]].</ref>. Il fut l'un des premiers abbés de [[Nâlandâ]]<ref name="Dictionnaire encyclopédique du bouddhisme">''Dictionnaire encyclopédique du bouddhisme''. Nouvelle édition augmentée, Éditions du Seuil, [[Paris]], 2006. 952 p. {{ISBN|2-02-082273-3}}</ref>. [[Nâlandâ]] n'était alors qu'un monastère de taille modeste. Ce n'est que plus tard qu'elle devint la plus grande université de l'[[Inde]] ancienne. L'université de [[Nâlandâ]] fut toujours extrêmement fière d'avoir eu Nāgārjuna comme l'un de ses abbés.
Compte tenu de la longueur exceptionnelle que l'on prête à sa vie (plus de 600 ans), il est vraisemblable qu'il y eut plusieurs personnes portant ce nom. On peut cependant le situer vers le {{IIe siècle}} par son texte ''Lettre à un ami'' (''Suhṛllekha'') qu'il aurait adressé au roi Gautamiputra de la dynastie [[Shalivahana]]<ref name="Dictionnaire encyclopédique du bouddhisme"/>.
 
=== Voyage pluriséculaire dans le monde des Nāga ===
Une autre tradition rapporte que Nāgārjuna serait allé dans le monde des [[Nâga|Nāga]], des divinités serpentiformes. De là proviendrait son nom : Nāga - arjuna, ''« celui qui subjugue les Nāga »''. Il aurait été amené à demeurer dans ce monde car, alors qu'il prêchait la doctrine bouddhiste, son attention fut attirée par des êtres humains dont émanaient une aura surnaturelle et un parfum suave, et qui étaient en fait des Nāga ayant pris l'apparence humaine pour pouvoir suivre son enseignement. Ayant été démasqués, ceux-ci l'invitèrent à venir dans leur monde où ils conservaient les ''[[prajnaparamita|Prajnāpāramitā]]-s[[Sūtra|ūtra]]''. Mais le temps dans le monde de ces êtres s'écoule plus lentement que le temps dans le royaume des êtres humains. Après y avoir résidé quelque temps, il revint dans le monde des humains, mais près de 600 ans s'étaient écoulés depuis son départ. À son retour, il révéla aux humains tous les ''[[prajnaparamita|Prajnāpāramitā]]-s[[Sūtra|ūtra]]'' qui constituent la majeure partie de la [[Les Trois Roues du Dharma|deuxième roue du ''Dharma'']]. Selon la tradition indo-tibétaine, le Bouddha donna ces enseignements au [[Pic des Vautours]] près de Rajagriha (actuellement [[Rajgir]]). Il ne donna les enseignements de la [[Prajnaparamita]], qui établissent la doctrine de la [[Śūnyatā|Vacuité]], qu'à ses disciples les plus intelligents. Ces enseignements, trop difficiles pour les gens de l’époque, devaient être conservés dans le [[Cosmologie bouddhiste|monde]] des [[Naga (peuple)|Nagas]] et transmis à Nāgārjuna<ref name="Dictionnaire encyclopédique du bouddhisme"/>.
Une autre tradition rapporte que Nāgārjuna serait allé dans le monde des [[Nâga|Nāga]], des divinités serpentiformes. De là proviendrait son nom : Nāga - arjuna, ''« celui qui subjugue les Nāga »''. Il aurait été amené à demeurer dans ce monde car, alors qu'il prêchait la doctrine bouddhiste, son attention fut attirée par des êtres humains dont émanaient une aura surnaturelle et un parfum suave, et qui étaient en fait des Nāga ayant pris l'apparence humaine pour pouvoir suivre son enseignement.
 
Ayant été démasqués, ceux-ci l'invitèrent à venir dans leur monde où ils conservaient les ''[[prajnaparamita|Prajnāpāramitā]]-[[sūtra]]''. Mais le temps dans le monde de ces êtres s'écoule plus lentement que le temps dans le royaume des êtres humains. Après y avoir résidé quelque temps, il revint dans le monde des humains, mais près de 600 ans s'étaient écoulés depuis son départ.
L'essentiel de l'œuvre de Nāgārjuna consista à présenter, expliquer et démontrer l'enseignement de la [[Śūnyatā|Vacuité]] contenu dans les ''[[prajnaparamita|Prajnāpāramitā]]-s[[Sūtra|ūtra]]''. Selon le [[Bouddhisme mahāyāna|Mahāyāna]], le [[Bouddha]] aurait prophétisé la venue de Nāgārjuna comme celui qui devait donner le sens véritable de ses enseignements<ref name="Dictionnaire encyclopédique du bouddhisme"/>.
 
À son retour, il révéla aux humains tous les ''[[prajnaparamita|Prajnāpāramitā]]-[[sūtra]]'' qui constituent la majeure partie de le [[Trois tours de roue du dharma|deuxième tour roue du ''Dharma'']]. Selon la tradition indo-tibétaine, le Bouddha donna ces enseignements au [[Pic des Vautours]] près de Rajagriha (actuellement [[Rajgir]]). Il ne donna les enseignements de la [[Prajnaparamita]], qui établissent la doctrine de la [[Śūnyatā|Vacuité]], qu'à ses disciples les plus intelligents. Ces enseignements, trop difficiles pour les gens de l’époque, devaient être conservés dans le [[Cosmologie bouddhiste|monde]] des Nāga et transmis à Nāgārjuna<ref name="Dictionnaire encyclopédique du bouddhisme" />.
== Œuvre ==
Chr. Lindtner (1982<ref>{{Ouvrage|langue=anglais|auteur1=Christopher Lindtner|champ libre=Réédition Motilal Banarsidas, Delli, 1987; réimpression en 1990|titre=Nagarjuniana — Studies in the Writings and Philosophy of Nāgārjuna|passage=p. 11|lieu=Copenhagen|éditeur=Institute for Indisk filologi|date=1982|année première édition=1982|pages totales=325|isbn=81 208 0288 8|lire en ligne=}}</ref>: p. 11) compte treize œuvres conservées (pas toujours dans l'original sanskrit) d'authenticité, selon lui, certaine:
 
=== Les autres Nāgārjuna ===
# ''Mūlamadhyamakakārikā'' ;
Comme le remarque Joseph Walser<ref>Joseph Walser, ''Nāgārjuna in Context'', Columbia University Press, 2005, p. 69.</ref>, plusieurs auteurs se sont servis du nom ''Nāgārjuna'' comme [[nom de plume]]. On peut ainsi distinguer :
# ''Śūnyatāsaptati'' ;
# ''Vigrahavyāvartani'' ;
# ''Vaidalyapakaraṇa'' ;
# ''Vyavahārasiddhi'' ;
# ''Yuktiṣaṣṭika'' ;
# ''Catuḥstava'' ;
# ''Ratnāvalī'' ;
# ''Pratityasamutpādahṛdayakārikā'' ;
# ''Sūtrasamuccaya'' ;
# ''Bodhicittavivaraṇa'' ;
# ''Suhṛllekha'' ;
# *''Bodhisaṃbhāra''[''ka''] [titre reconstitué, le texte n'est pas conservé en sanskrit].
 
* un Nāgārjuna tantriste, auteur de ''Pañcakrama'' (''Les cinq phases'') et probablement du ''Guhyasamājatantraṭika''<ref name=":0" /> ;
Cette liste, qui exclut nombre d'ouvrages d'authenticité douteuse attribués à Nāgārjuna par la tradition, a tout de même été jugée trop généreuse par une part de la recherche plus récente<ref>{{Article|langue=anglais|auteur1=Tilmann Vetter|titre=On the Authenticity of the Ratnavali|périodique=Asiatische Studien XLVI|date=1992|issn=|lire en ligne=|pages=p. 492-506}}</ref>.
* un Nāgārjuna médecin ;
* un Nāgārjuna alchimiste, auteur de ''Rasaratnâkara'' (Océan de mercure) (Dominik Wujastyk, 1984)<ref>{{en}} [https://www.academia.edu/221269/An_Alchemical_Ghost_The_Rasaratn%C4%81kara_by_N%C4%81g%C4%81rjuna ''An alchemical ghost : The Rasaratnākara'' by Nāgārjuna]</ref>.
 
== InfluenceŒuvres attribuées ==
Selon le [[Bouddhisme mahāyāna|Mahāyāna]], le [[Bouddha]] aurait prophétisé la venue de Nāgārjuna comme celui qui devait donner le sens véritable de ses enseignements<ref name="Dictionnaire encyclopédique du bouddhisme" />.
[[Fichier:MaraAssault.jpg|thumb|right|[[Bas-relief]] du stūpa d'[[Amaravati]] {{IIe siècle}}, proche de [[Nagarjunakonda]] dans l'[[Andhra Pradesh]] où aurait vécu Nāgārjuna à la même époque, [[Musée national des arts asiatiques - Guimet]].]]
 
L'essentiel de l'œuvre de Nāgārjuna consista à présenter, expliquer et démontrer l'enseignement de la [[Śūnyatā|Vacuité]] contenu dans les ''[[prajnaparamita|Prajnāpāramitā]]-[[sūtra]]''. Il fut le plus grand théoricien de la doctrine [[madhyamaka]], la ''Voie du Milieu''.
Nāgārjuna est un des grands philosophes et métaphysiciens du bouddhisme Mahāyāna et le fondateur de l'école [[Madhyamaka]]. Il est également compté parmi les quatre-vingt-quatre [[mahāsiddha]]s, les « grands accomplis » du bouddhisme tantrique tibétain. La tradition du bouddhisme [[Shingon]], quant à elle, voit en lui son troisième patriarche - il aurait reçu directement l'enseignement ésotérique de [[Vajrasattva]] -, celle du [[Zen]] le considère comme son quatorzième patriarche et il serait aussi à l'origine, voire le fondateur, de l'école [[Tiantai]]<ref>Ou T'ient'ai (selon le système de transcription Wade).</ref> en [[Chine]]. Sa pensée eut un impact majeur sur tout le [[Bouddhisme vajrayāna|Vajrayāna]]: toutes les branches du Bouddhisme tibétain se considèrent comme relevant du [[Madhyamaka]]. En particulier, l'œuvre de Nāgārjuna telle qu'elle fut comprise et commentée par le maître indien [[Candrakîrti]] ({{s-|VII|e}}) puis par le maître tibétain [[Tsongkhapa]] ([[1357]]-[[1419]]), fondateur de la branche [[gelugpa]] du [[bouddhisme tibétain]], eut un impact considérable sur la doctrine bouddhiste au [[Tibet]], peut-être plus encore à partir de l'arrivée au pouvoir des [[gelugpa]] au {{XVIIe siècle}}<ref name="Dictionnaire encyclopédique du bouddhisme"/>{{,}}<ref>Pour percevoir l'importance de Nāgārjuna au [[Tibet]], il suffit de remarquer que le [[Tenzin Gyatso|{{14e}} dalaï-lama]] a déclaré à de nombreuses reprises en public qu'il considérait Nāgārjuna comme le plus grand maître bouddhiste après le [[Bouddha]].</ref>. Selon la tradition tibétaine, c'est Nāgārjuna qui transmit le [[Guhyagarbha tantra|''Guhyagarbha tantra'']] à [[Padmasambhava]] (le fondateur du [[bouddhisme tibétain]]) et [[Vimalamitra]], un [[tantrisme|tantra]] fondamental de la première diffusion du [[Bouddhisme]] au [[Tibet]]<ref name="Dictionnaire encyclopédique du bouddhisme"/>{{,}}<ref>Les vies « historiques » de Nāgārjuna et de [[Padmasambhava]] ne correspondent absolument pas. Mais de même que les bouddhistes pensent que Nāgārjuna a vécu 600 ans, les tibétains considèrent que [[Padmasambhava]] serait resté dans le monde des humains plus de 1500 ans… Indépendamment du fait que l'on croit ou pas à ces légendes, il faut comprendre qu'elles ont, de toute façon, un sens symbolique et que les maîtres bouddhistes (surtout dans le [[Bouddhisme vajrayāna|Vajrayāna]]) ont souvent des visions des maîtres du passé où ces derniers leur transmettent de nouveaux enseignements.</ref>.
 
L'ouvrage le plus célèbre de Nāgārjuna est la ''[[Mulamadhyamakakarika|Prajñānāma mūla madhyamaka kārikā]]'', « Les stances-racine de la voie du milieu »<ref>2 traductions de cet ouvrage fondateur de la pensée de Nāgārjuna : ''Traité du milieu'', traduit par Georges Driessens sous la direction de [[Yonten Gyatso (tibétologue)|Yonten Gyatso]], Seuil Points/Sagesses, Paris, 1995 ainsi que ''Stances du milieu par excellence'', traduit par Guy Bugault, Gallimard/Connaissance de l'Orient, Paris.</ref>. Ce livre est aussi connu sous le nom plus simple de ''Madhyamaka shastra'', le « Traité du Milieu ». La tradition lui attribue par ailleurs un grand nombre d'autres textes.
 
Christopher Lindtner<ref name=":0">{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Christopher Lindtner|champ libre=Réédition Motilal Banarsidas, Delli, 1987; réimpression en 1990|titre=Nagarjuniana — Studies in the Writings and Philosophy of Nāgārjuna|lieu=Copenhague|éditeur=Institute for Indisk filologi|année=1982|année première édition=1982|pages totales=325|passage=p. 11|isbn=81-208-0288-8}}</ref> compte treize œuvres conservées (pas toujours dans l'original sanskrit) d'authenticité, selon lui, certaine :
Il faut surtout noter [[Madhyamaka#Utilisation de la logique dans le Madhyamaka|son apport essentiel à la logique]], par l'usage systématique qu'il fit du [[tétralemme]], sa réfutation de la logique indienne, en particulier des thèses du ''Nyâya sûtra'' le conduisit à utiliser trois types de réfutation : l'impossibilité logique (''na yujyate''), l'impossibilité réelle (''nopapadyate''), le constat d'inexistence (''na vidyate'').
 
#''Mūlamadhyamakakārikā'' (« Versets sur la voie du milieu prise à sa racine<ref name="lavis2018">{{Ouvrage |langue=fr |auteur1=Alexis Lavis |titre=La conscience à l’épreuve de l’éveil |sous-titre=Lecture, commentaire et traduction du ''[[Bodhicaryāvatāra]]'' de [[Śāntideva]] |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions du Cerf|Les Éditions du Cerf]] |collection=Sagesses d’Asie |année=2018 |pages totales=546 |passage=111 |isbn=978-2-204-12762-2}}.</ref> ») ;
Sa renommée s'est étendue dans tout le monde bouddhiste où il est vénéré sous différents noms : [[Langues chinoises|chinois]] : ''Long Shu'' 龍樹, ''Long Meng'' 龍猛, ''Long Sheng'' 龍勝 ; [[japonais]] : ''Ryûju, Ryûmyô bosatsu'' ; [[tibétain]] : ''Klu-sgrub'' ; [[mongol]] : ''Naganchuna Bakshi .''
#''Śūnyatāsaptati'' ;
#''Vigrahavyāvartani'' (« l’arrêt des discussions<ref name="lavis2018" /> »);
#''Vaidalyapakaraṇa'' ;
#''Vyavahārasiddhi'' ;
#''Yuktiṣaṣṭika'' (« Soixante versets sur le raisonnement<ref name="lavis2018" /> »);
#''Catuḥstava'' (« les Hymnes<ref name="lavis2018" /> »);
#''Ratnāvalī'' ;
#''Pratityasamutpādahṛdayakārikā'' ;
#''Sūtrasamuccaya'' (« Compendium des Sūtra<ref name="lavis2018" /> »);
#''Bodhicittavivaraṇa'' (« Exposition de l’Appel de l’Éveil<ref name="lavis2018" /> »);
#''Suhṛllekha'' ;
#''Bodhisaṃbhāra''[''ka''] [titre reconstitué, le texte n'est pas conservé en sanskrit].
 
Cette liste, qui exclut nombre d'ouvrages d'authenticité douteuse attribués à Nāgārjuna par la tradition, a tout de même été jugée trop généreuse par une part de la recherche plus récente<ref>{{Article|langue=anglais|auteur1=Tilmann Vetter|titre=On the Authenticity of the Ratnavali|périodique=Asiatische Studien XLVI|date=1992|issn=|lire en ligne=|pages=p. 492-506}}</ref>.
Toute la pensée logique de Nāgārjuna tend à [[Madhyamaka#Formulation logique|prouver]] [[Madhyamaka#La Vacuité de tous les phénomènes|la vacuité d'existence propre]] ([[Śūnyatā|''śūnyatā'']]) des phénomènes à partir de l'enseignement central du [[Bouddha]] de la production codépendante ou [[coproduction conditionnée]] (''pratîtya samutpāda'')<ref> [[Georges B.J. Dreyfus|Georges Dreyfus]], ''Les deux vérités selon les quatre écoles'', , éd. VajraYogini, Marzens, 2000, {{p.|155-210}}; et du même auteur, ''La vacuité selon l'école mâdhyamika'', VajraYogini, Marzens, 1992.</ref>.
 
== Conceptions et pensée ==
En effet, Nāgārjuna déclare :
[[Fichier:MaraAssault.jpg|thumb|right|[[Bas-relief]] du [[stūpa]] d'[[Amaravati]] {{IIe siècle}}, proche de [[Nagarjunakonda]] dans l'[[Andhra Pradesh]] où aurait vécu Nāgārjuna à la même époque, [[Musée national des arts asiatiques - Guimet]].]]
 
=== Réflexions sur la vacuité ===
Toute la pensée logique de Nāgārjuna tend à [[Madhyamaka#Formulation logique|prouver]] [[Madhyamaka#La Vacuité de tous les phénomènes|la vacuité d'existence propre]] (''[[śūnyatā]]'') des phénomènes à partir de l'enseignement central du [[Bouddha]] de la production codépendante ou [[coproduction conditionnée]] (''pratîtya samutpāda'')<ref> [[Georges B.J. Dreyfus|Georges Dreyfus]], ''Les deux vérités selon les quatre écoles'', , éd. VajraYogini, Marzens, 2000, {{p.|155-210}}; et du même auteur, ''La vacuité selon l'école mâdhyamika'', VajraYogini, Marzens, 1992.</ref>.
 
En effet, Nāgārjuna déclare :
 
{{citation bloc|C'est la [[coproduction conditionnée]] que nous entendons sous le nom de vacuité. C'est là une désignation métaphorique, ce n'est rien d'autre que la voie du milieu [le Madhyamaka] (24, 18)<ref name="Bugault233">Nāgārjuna,''Stances du milieu par excellence'', traduit par [[Guy Bugault]], Gallimard/Connaissance de l'Orient, Paris, 2002, p. 233.</ref>.}}
 
La vacuité s'oppose frontalement à la conception née de nos habitudes mentales qui suppose une existence réelle aux choses et qui s'exprime intellectuellement dans un concept clef de la métaphysique traditionnelle de l'Inde : ''[[svabhāva]]'' [être propre, existence propre] et que Nāgārjuna bat en brèche dans ses textes philosophiques.

Nāgārjuna prouve en effet à longueur de ses écrits l'absurdité de ce concept d'existence propre qui se surajoute au réel. L'existence propre des phénomènes comme l'existence propre du « je » est illusoire, un mirage, un songe<ref>Voir notamment le chap. XVIII du ''Madhyamakashastra'' ou ''Prajñānāma mūla madhyamaka kārikā''. ''Traité du milieu'', traduit par Georges Driessens sous la direction de [[Yonten Gyatso (tibétologue)|Yonten Gyatso]], op. cit. et ''Stances du milieu par excellence'', traduit par Guy Bugault, op. cit. </ref>. Si sur le plan de [[Les Deux Vérités|la vérité absolue]], Nāgārjuna professe la vacuité, ''[[Śūnyatā|''śūnyatā]]'']], sur le plan de [[Les Deux Vérités|la vérité relative]], il déclare que tous les phénomènes sont [[Madhyamaka#La réalité relative: l'illusionisme|illusoires]].
 
'''Nāgārjuna''' dit, en effet :
Ligne 60 ⟶ 73 :
{{citation bloc|Passions, actes, agents, fruits ressemblent à une ville de génies célestes, sont pareils à un mirage, à un songe (17,33)<ref name="Bugault233"/>.}}
 
=== Un monde dénué d'existence propre ===
Nāgārjuna va même plus loin : le mouvement et donc le changement sont vides d'une existence propre<ref>Chap. II du "''Traité du Milieu''", op. cit.</ref>; le temps est également vide d'une existence propre<ref>Chap. XIX du "''Traité du Milieu''", op. cit.</ref> ; le nirvâna est vide d'une existence propre<ref>Chap. XXV du "''Traité du Milieu''", op. cit.</ref> ; et même le Bouddha en personne est vide d'une existence propre, une illusion, un songe, un rêve<ref>Chap. XXII du "''Traité du Milieu''", op. cit.</ref>. Il prouve l'impossibilité de saisir rationnellement la causalité elle-même: il nie l'efficience même de la cause dans l'acte causal lui-même ([[Madhyamaka#Démonstration des éclats de diamant|Démonstration des éclats de diamant]]) <ref>Chap. I du "''Traité du Milieu''"; op. cit.</ref>. Il dit, en effet :
Nāgārjuna va plus loin : le mouvement et donc le changement sont vides d'une existence propre<ref>Chap. II du "''Traité du Milieu''", op. cit.</ref>; le temps est également vide d'une existence propre<ref>Chap. XIX du "''Traité du Milieu''", op. cit.</ref> ; le nirvâna est vide d'une existence propre<ref>Chap. XXV du "''Traité du Milieu''", op. cit.</ref> ; et même le Bouddha en personne est vide d'une existence propre, une illusion, un songe, un rêve<ref>Chap. XXII du "''Traité du Milieu''", op. cit.</ref>. Il prouve l'impossibilité de saisir rationnellement la causalité elle-même: il nie l'efficience même de la cause dans l'acte causal lui-même ([[Madhyamaka#Démonstration des éclats de diamant|Démonstration des éclats de diamant]]) <ref>Chap. I du "''Traité du Milieu''"; op. cit.</ref>. Il dit, en effet :
 
{{citation bloc|Jamais, nulle part, rien qui surgisse, ni de soi-même, ni d'autre chose, ni des deux à la fois, ni sans cause (1,1) <ref name="Bugault233"/>.}}
 
Pour autant, tout n'est-il pas qu'un vaste néant aux yeux de Nāgārjuna ? Non, pas du tout !. Les choses sont vides, mais elles apparaissent en dépendance d'autres phénomènes, de la même manière que le rêve n'est bien sûr pas réel, mais pourtant s'est produit, troublant le dormeur de ses charmes et apparences. C'est pourquoi Nāgārjuna prétend se situer au '''milieu''' entre l'extrême de l'existence et l'extrême de la non-existence ou néant.
 
Lorsqu'il dit que les phénomènes sont vides d'existence intrinsèque, '''Nāgārjuna''' dit précisément qu'« ''ils sont libres de permanence et de non-existence''». En effet, il diténonce :
 
{{citation bloc|Dire « il y a » c'est prendre les choses comme éternelles [c'est-à-dire qu'elles durent], dire « il n'y a pas pas » c'est ne voir que leur anéantissement [c'est-à-dire qu'elles n'existent pas]. (15, 10) <ref name="Bugault233"/>.}}
 
 
C'est pourquoi il a appelé son école, l'école du Milieu, le [[Madhyamaka]], référence implicite au tout premier enseignement du Bouddha aux cinq disciples de Bénarès<ref>''[[Dhammacakkappavattana Sutta]]'', ''Soutra de la Mise en mouvement de la Roue du Dharma'', Majjhima Nikaya, I, 414-420. Traductions et commentaires dans : Rewata Dhamma, ''Le premier enseignement du Bouddha'', Claire Lumière, Vernègues, 1998. Mohan Wijayaratna, ''Sermons du Bouddha'', éd. Le Seuil, Points/Sagesse, Paris, 2006, {{p.|91-97}}</ref> où le Bouddha décrit sa doctrine comme Voie du Milieu (ou [[voie moyenne]]).
Ligne 75 ⟶ 88 :
[[Fichier:Prajnaparamita Java Side Detail.JPG|thumb|right|La Prajnaparamita, statue de Java, {{XIIIe siècle}}, [[royaume de Singasari|Singasari]].]]
 
Toute l'œuvre de Nāgārjuna a pour but de déconstruire l'esprit ordinaire, conceptuel, pour qu'apparaisse « [[Madhyamaka#La Prajna|la connaissance principielle »]] ([[Prajna|''Prajñā'']] dans un premier temps puis ''[[Jñāna]]'') », qui seule peut donner accès à la compréhension de la réalité.
 
=== La [[Jñāna|sagesse transcendante]] comme fondement ===
La connaissance directe de la vacuité ([[Prajna]]) à l'aide de cette « sagesse transcendante » ([[Jñāna]]) est omniprésente, en arrière-plan, dans la [[Les Trois Roues du Dharma|deuxième roue du Dharma]] et donc chez Nāgārjuna, puisque la plupart des textes de cette [[Les Trois Roues du Dharma|deuxième roue du Dharma]] qui ont été redécouverts par Nāgārjuna s'appellent justement les ''[[prajnaparamita|Prajnāpāramitā]]-s[[Sūtra|ūtra]]''. La version tibétaine du [[Sūtra du Cœur|''Sūtra du Cœur'']] commence d'ailleurs par un hommage à cette ''prajñā''<ref>Il existe différentes versions du [[Sūtra du Cœur]] avec ou sans un tel hommage.</ref>:
La connaissance directe de la vacuité ([[prajna]]) à l'aide de cette « sagesse transcendante » ([[jñāna]]) est omniprésente, en arrière-plan, dans le [[Trois tours de roue du dharma|deuxième tour de roue du Dharma]] et donc chez Nāgārjuna, puisque la plupart des textes de ce deuxième tour de roue du Dharma qui ont été redécouverts par Nāgārjuna s'appellent justement les ''[[prajnaparamita|Prajnāpāramitā]]-[[sūtra]]''. La version tibétaine du ''[[Sūtra du Cœur]]'' commence d'ailleurs par un hommage à cette ''prajñā''<ref>Il existe différentes versions du [[Sūtra du Cœur]] avec ou sans un tel hommage.</ref>:
 
{{citation bloc|Inconcevable et inexprimable, <br />
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Hommage à la Mère des Bouddhas des trois temps<ref name="Dictionnaire encyclopédique du bouddhisme"/>.}}
 
Dans son œuvre le ''Catuḥstava'', Nāgārjuna rend directement hommage à la Réalitéréalité ultime telle qu'elle ne peut être comprise que par cette sagesse transcendante. Le ''Catuḥstava'' est, en effet, une suite de quatre hymnes en son honneur. Ces hymnes révèlent bien l'objectif ultime de Nāgārjuna et pourquoi il ne fait que très rarement référence directe à cette « Réalitéréalité ultime » car elle est justement au-delà de toute formulation par la logique et le langage :
 
{{citation bloc|1. Comment Te louerais-je, Seigneur, Toi qui sans naissance, sans demeure, surpasses toute connaissance mondaine et dont le domaine échappe aux cheminements de la parole.<br />
Ligne 92 ⟶ 106 :
4. Tu n'es ni être ni non-être, ni permanent ni impermanent, ni éternel. Hommage à Toi, le Sans-dualité<ref name="Aux Sources du Bouddhisme">''Catuhstava'' dans ''Aux sources du Bouddhisme'', textes traduits et présentés par Lilian Silburn, Fayard, 1997.</ref> !}}
 
=== Par-delà le [[nihilisme]] ===
Lilian Silburn conclut :
[[Lilian Silburn]] conclut :
 
{{citation bloc|Nāgārjuna n'est nullement un nihiliste, un sceptique ou un relativiste. Sa dialectique n'a de sens qu'en fonction de l'expérience ineffable de la Réalité absolue. Et cette Réalité, on ne peut la suggérer qu'au moyen de paradoxes ou encore en affirmant hautement ce qu'elle n'est pas ; telle est justement l'œuvre de la dialectique de Nāgārjuna. Selon la belle formule de [[Candrakīrti]] : « La Réalité absolue est le silence des mystiques. Dès lors comment pourrait-on en discourir avec eux ? »<ref name="Aux Sources du Bouddhisme"/>}}
 
D'autre part, il y a un [[Madhyamaka#Le Bodhisattva|lien très profond]] entre la notion de [[Śūnyatā|vacuité]] centrale pour Nāgārjuna et celle de [[Bodhisattvabodhisattva]]. Toute la pensée de Nāgārjuna est totalement [[Madhyamaka#Le Bodhisattva|liée]] à la compassion universelle et au vœu du [[Bodhisattva]]. Le [[Bodhisattva]] est celui qui « renonce à entrer dans l'état de [[nirvāna]] et se destine à devenir un [[Bouddha]] en œuvrant pour le bien d'autrui et qui développe la [[bodhicitta]] <ref>Dictionnaire Encyclopédique du Bouddhisme par [[Philippe Cornu]], Seuil, nouvelle éd. 2006, {{p.|327}}.</ref>.».
Le [[Bodhisattva]] est celui qui « renonce à entrer dans l'état de [[nirvāna]] et se destine à devenir un [[Bouddha]] en œuvrant pour le bien d'autrui et qui développe la [[Bodhicitta]] <ref>Dictionnaire Encyclopédique du Bouddhisme par [[Philippe Cornu]], Seuil, nouvelle éd. 2006, {{p.|327}}.</ref>.».
 
La pensée de Nāgārjuna non seulement n'a rien à voir avec le nihilisme mais, [[Madhyamaka#Le Bodhisattva|réellement comprise]] dans son lien profond avec l'interdépendance, elle mène à la [[Madhyamaka#Le Bodhisattva|responsabilité universelle]] et au respect non seulement de tous les êtres sensibles mais aussi de notre environnement <ref>Le lien entre le [[Madhyamaka]] et la compassion est très détaillé dans ''Mutual causality in Buddhism and General system theory'', [[Joanna Macy]], State university of New York press, Albany, 1991. [[Joanna Macy]] explique toutes les conséquences écologiques et sociales de l'approche bouddhiste.</ref>.
 
== LesInfluences autreset Nāgārjunapostérité ==
[[Fichier:Nagarjuna.JPG|vignette|Statue dorée de Nāgārjuna dans un monastère tibétain près de [[Kullu]] en Inde.]]
Comme le remarque Joseph Walser<ref>Joseph Walser, ''Nāgārjuna in Context'', Columbia University Press, 2005, p. 69.</ref>, plusieurs auteurs se sont servi de "Nāgārjuna" comme "nom de plume". On peut distinguer
[[Fichier:Narajuna Samye ling 09.jpg|vignette|Nāgārjuna au monastère [[Samye Ling]] en Écosse.]]
* un Nāgārjuna tantriste, auteur de ''Pañcakrama'' (''Les cinq phases'') et probablement du ''Guhyasamājatantraṭika'' (Lindtner (1982: p. 11, n. 12) ;
Nāgārjuna est un des grands philosophes et métaphysiciens du bouddhisme Mahāyāna et le fondateur de l'école [[Madhyamaka]].
* un Nāgārjuna médecin …
* un Nāgārjuna alchimiste, auteur de ''Rasaratnâkara'' (Océan de mercure) (Dominik Wujastyk, 1984) [https://www.academia.edu/221269/An_Alchemical_Ghost_The_Rasaratn%C4%81kara_by_N%C4%81g%C4%81rjuna].
 
Il est également compté parmi les quatre-vingt-quatre [[mahāsiddha]]s, les « grands accomplis » du bouddhisme tantrique tibétain. La tradition du bouddhisme [[Shingon]], quant à elle, voit en lui son troisième patriarche — il aurait reçu directement l'enseignement ésotérique de [[Vajrasattva]] —, celle du [[Zen]] le considère comme son quatorzième patriarche et il serait aussi à l'origine, voire le fondateur, de l'école [[Tiantai]]<ref>Ou T'ient'ai (selon le système de transcription Wade).</ref> en [[Chine]].
== Annexes ==
 
=== Un impact majeur sur la tradition tibétaine ===
=== Notes ===
Sa pensée eut un impact majeur sur tout le [[Bouddhisme vajrayāna|Vajrayāna]]: toutes les branches du bouddhisme tibétain se considèrent comme relevant du [[Madhyamaka]]. En particulier, l'œuvre de Nāgārjuna telle qu'elle fut comprise et commentée par le maître indien [[Candrakîrti]] ({{s-|VII|e}}) puis par le maître tibétain [[Tsongkhapa]] ([[1357]]-[[1419]]), fondateur de la branche [[gelugpa]] du [[bouddhisme tibétain]], eut un impact considérable sur la doctrine bouddhiste au [[Tibet]], peut-être plus encore à partir de l'arrivée au pouvoir des [[gelugpa]] au {{XVIIe siècle}}<ref name="Dictionnaire encyclopédique du bouddhisme" />{{,}}<ref>Pour percevoir l'importance de Nāgārjuna au [[Tibet]], il suffit de remarquer que le [[Tenzin Gyatso|{{14e}} dalaï-lama]] a déclaré à de nombreuses reprises en public qu'il considérait Nāgārjuna comme le plus grand maître bouddhiste après le [[Bouddha]].</ref>. Selon la tradition tibétaine, c'est Nāgārjuna qui transmit le ''[[Guhyagarbha tantra]]'' à [[Padmasambhava]] (le fondateur du [[bouddhisme tibétain]]) et [[Vimalamitra]], un [[tantrisme|tantra]] fondamental de la première diffusion du [[Bouddhisme]] au [[Tibet]]<ref name="Dictionnaire encyclopédique du bouddhisme" />{{,}}<ref>Les vies « historiques » de Nāgārjuna et de [[Padmasambhava]] ne correspondent absolument pas. Mais de même que les bouddhistes pensent que Nāgārjuna a vécu 600 ans, les tibétains considèrent que [[Padmasambhava]] serait resté dans le monde des humains plus de 1500 ans… Indépendamment du fait que l'on croit ou pas à ces légendes, il faut comprendre qu'elles ont, de toute façon, un sens symbolique et que les maîtres bouddhistes (surtout dans le [[Bouddhisme vajrayāna|Vajrayāna]]) ont souvent des visions des maîtres du passé où ces derniers leur transmettent de nouveaux enseignements.</ref>.
{{références|colonnes = 2|groupe = N}}
 
Il faut surtout noter [[Madhyamaka#Utilisation de la logique dans le Madhyamaka|son apport essentiel à la logique]], par l'usage systématique qu'il fit du [[tétralemme]], sa réfutation de la logique indienne, en particulier des thèses du ''Nyâya sûtra'' le conduisit à utiliser trois types de réfutation : l'impossibilité logique (''na yujyate''), l'impossibilité réelle (''nopapadyate''), le constat d'inexistence (''na vidyate'').
=== Références ===
 
{{Références|colonnes=2}}
Sa renommée s'est étendue dans tout le monde bouddhiste où il est vénéré sous différents noms : [[Langues chinoises|chinois]] : ''Long Shu'' 龍樹, ''Long Meng'' 龍猛, ''Long Sheng'' 龍勝 ; [[japonais]] : ''Ryûju, Ryûmyô bosatsu'' ; [[tibétain]] : ''Klu-sgrub'' ; [[mongol]] : ''Naganchuna Bakshi.''
<!--Pour le référencement Harvard (qui créé un lien bleu directement vers la Bibliographie), utiliser :<br />
 
<ref>{{harvsp|nom de l'auteur|date|p=xx}}</ref>
=== Dans l'enseignement contemporain ===
-->
{{Section à internationaliser|date=juin 2021}}
{{...}}
Nāgārjuna intègre en 2021 la liste officielle des auteurs au programme du baccalauréat de philosophie de l’Éducation Nationale française<ref name="nouveaux auteurs">{{Lien web |langue=fr |auteur=Pauline Petit |url=https://www.franceculture.fr/philosophie/philosophie-de-nouveaux-auteurs-non-occidentaux-au-baccalaureat |titre=Philosophie : de nouveaux auteurs non occidentaux au baccalauréat |jour=14 |mois=février |année=2021 |site=[[France Culture]] |éditeur= |citation= |en ligne le= |consulté le= }}. </ref>.
 
== Bibliographie ==
<!-- Modèle recommandé :
{{ouvrageOuvrage|lien langue={{en}}|auteur=|titre=|lieu=|éditeur=|année=|isbn=}}
-->
=== Traductions en français ===
 
* ''Traité du milieu'' (''Mâdhyamaka-shâstra'', ou ''Mûlamadhyamaka-kârikâ''), traduit par Georges Driessens, Seuil, coll. "Points/Sagesses", Paris, 1995, 323 p.
*''Traité du milieu'' (''Mâdhyamaka-shâstra'', ou ''Mûlamadhyamaka-kârikâ''), traduit par Georges Driessens sous la direction de [[Yonten Gyatso (tibétologue)|Yonten Gyatso]], Seuil, coll. "Points/Sagesses", Paris, 1995, 323 p.
** ''Mûlamadhyamakakârikâ. Stances du milieu par excellence'', traduit par Guy Bugault, Gallimard, coll. "Connaissance de l'Orient", Paris, 2002.
**''[[Mulamadhyamakakarika|Mûlamadhyamakakârikâ]]. Stances du milieu par excellence'', traduit par Guy Bugault, Gallimard, coll. "[[Connaissance de l'Orient]]", Paris, 2002. Réédition Gallimard, coll. "Tel", 2022, 372 p.
* ''Conseils au roi'' (La Guirlande précieuse de conseils au roi, ''Ratnâvalî''), traduit par Georges Driessens, Seuil, coll. "Points/Sagesses", Paris, 2000, 149 p.
*''Conseils au roi'' (La LettreGuirlande àprécieuse unde ami''conseils au roi, (''SuhṛllekhaRatnâvalî''), traduit par Georges Driessens &sous Michella Zaregradskydirection de [[Yonten Gyatso (tibétologue)|Yonten Gyatso]], édSeuil, Dharmacoll. "Points/Sagesses", 1981Paris, 2000, 149 p.
**''La Lettre à un ami'' (''Suhṛllekha''), traduit par Georges Driessens & Michel Zaregradsky, éd. Dharma, 1981.
**''Lettre à un ami'' (''Suhṛllekha''), traduit par le [[Comité de traduction Padmakara|Comité Padmakara]] et commenté par [[Kangyour Rinpoché]], éd. Padmakara, Saint-Léon-sur-Vézère (France), 2007.
* ''Le Traité de la grande vertu de sagesse'' (''Māhaprajñāparamitopadeśa''), traduit du chinois ([[Kumarajiva]]) par [[Étienne Lamotte]], Bureau du Muséon, Louvain, 1944 ; Peeters, 1981, 620 p. C. Lindtner conteste l'attribution à Nâgârjuna.<ref>C. Lindtner, ''Nagarjuniana: studies in the writings and philosophy of Nāgārjuna'', Copenhague, Akademisk Forlag, 1982.</ref> Peut-être composé par [[Kumarajiva]]<ref>Philippe Cornu, ''Dictionnaire encyclopédique du bouddhisme'', 2001, p. 335.</ref>. Œuvre d'un bouddhiste ''[[sarvāstivādin|]]''sarvāstivādin'']] du début du {{s-|IV° s.<ref>Paul Magnin, ''Bouddhisme, unité et diversité'', Cerf, 2003, p. 369}}.</ref>
* ''Le livre de la chance'' (Anthologie des soutras, ''Sûtrasamuccaya''), traduit par Georges Driessens, éd. [[Éditions du Seuil|Le Seuil]], coll. "Points Sagesses", Paris, 2003, 192 p.
* ''Strophes sur l'essence de la production interdépendante'' (''Pratîtyasamutpâda hrdaya kârikâ''), trad. Christian Magis, Rigpa, 2016 <ref>[http://www.lotsawahouse.org/fr/indian-masters/nagarjuna/heart-dependent-origination ''Strophes sur l'essence de la production interdépendante'']</ref>.
* ''Virmalakîrtinirdesa. L'enseignement de Vimalakîrti'', trad. Etienne Lamotte, Université de Louvain, 1962.
 
=== Études ===
 
* [[Jacques May]], ''Les vers didactiques fondamentaux sur la doctrine de la voie du milieu'' (Mûla-Madhyamaka-kârikâ) ''de Nâgârjuna''; cours édité par [[Jérôme Ducor]] et Henry W. Isler, avant-propos de Tom. J. F. Tillemans; pp. 662 ; Genève, Librairie Droz, 2024. {{ISBN|978-2-600-06502-3}}.
* Georges Dreyfus, ''Les deux vérités selon les quatre écoles'', éd. VajraYogini, Marzens, 2000.
* Georges Dreyfus, ''La vacuité selon l'école mâdhyamika'', éd. VajraYogini, Marzens, 1992.
Ligne 139 ⟶ 158 :
* C. Lindtner, ''Nagarjunaiana. Studies in the Writings and Philosophy of Nâgârjuna'', Delhi, Motilal Banarasidas, 1987.
* K. Inada, ''Nâgârjuna : Mûlamadhyamakakârikâ'', Hokuseido Press, Tôkyô, 1970. Sur la biographie.
* [[André Comte-Sponville]], ''De l'autre côté du désespoir : Introduction à la pensée de Svâmi Prajnânpad'', 1997 ([https://www.abebooks.fr/9782863160657/lautre-c%C3%B4t%C3%A9-d%C3%A9sespoir-Introduction-pens%C3%A9e-2863160656/plp ISBN-10 : 2863160656]).
 
== Notes et références ==
{{Références}}
 
== Voir aussi ==
{{autres projets | commons = Category:Nagarjuna }}
=== Articles connexes ===
* [[Madhyamaka]]
* [[Nagarjunakonda]]
*[[Bouddhisme au Cachemire]]
 
=== Liens externes ===
{{...Liens}}
 
{{Palette|Bouddhisme|Foi Kumano}}
{{Portail|Bouddhisme Zen|philosophie indienne}}
 
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[[Catégorie:Philosophe bouddhiste]]
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[[Catégorie:Philosophe indien du IIe siècle]]
[[Catégorie:Philosophe indien du IIIe siècle]]
[[Catégorie:Moine bouddhique du IIe siècle]]
[[Catégorie:Moine bouddhique du IIIe siècle]]
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