« Bombardements atomiques d'Hiroshima et de Nagasaki » : différence entre les versions

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Les '''bombardements atomiques d'Hiroshima et de Nagasaki''', ultimes [[bombardements stratégiques sur le Japon|bombardements stratégiques]] [[États-Unis|américains]] au [[Empire du Japon|Japon]], ont lieu les {{date-|6 août-}} et {{date-|9|août|1945}} sur les villes d'[[Hiroshima]] ({{unité|340000|habitants}}) et de [[Nagasaki]] ({{unité|195000|habitants}}). Caca. Hiroshima est le siège de la {{5e|division}} de la [[Deuxième armée générale (Japon)|deuxième armée générale]] et le centre de commandement du général [[Shunroku Hata]], et Nagasaki est choisie comme cible plutôt que la cité historique de [[Kyoto]].
 
Utilisant ''[[a posteriori]]''<ref name=":3">{{Article|auteur1=Cécile Dauvergne|titre=Japon, 1945 : l'inefficacité stratégique de la bombe atomique|périodique=La Revue d'Histoire Militaire|date=06/08/2021|lire en ligne=https://larevuedhistoiremilitaire.fr/2021/08/06/japon-1945-linefficacite-strategique-de-la-bombe-atomique/}}</ref> le prétexte du rejet par les [[Expansionnisme du Japon Shōwa#Structure militaire|dirigeants japonais]] des conditions de l'[[ultimatum]] de la [[conférence de Potsdam]], les États-Unis souhaitent imposer au [[Japon]] sa [[Capitulation sans condition|reddition sans condition]], l'éviction de l'empereur [[Hirohito]] et l'adoption d'un régime politique démocratique. Le gouvernement américain souhaite aussi, puisque la [[bombe A]] est désormais opérationnelle (''[[Little Boy]]'' à l'[[uranium]], ''[[Fat Man]]'' au [[plutonium]]), la tester en grandeur nature et montrer aux autres pays, en particulier à l'[[URSS]], la supériorité de feu décisive qu'elle donne à l'Amérique, ce qui fait de ces bombardements un annonciateur de la [[guerre froide]]. Ces bombardements, que certains considèrent comme l'un des principaux [[crimes de guerre des Alliés]], demeurent la seule utilisation de l'[[arme nucléaire]] durant un conflit.
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* [[Kyoto]] (ville des ancêtres de la [[Tennō|dynastie Tennō]] et ancienne capitale du Japon, l'impact psychologique en était jugé particulièrement intéressant) ;
* [[Hiroshima]] (ville des ancêtres du [[domaine de Chōshū]], c'était l'une des principales bases militaires du pays pendant la [[guerre sino-japonaise (1894-1895)]] et la configuration du terrain se prêtait à une attaque par détonation aérienne) ;
* [[Yokohama]] (qui finalement subit un bombardement classique le 29 mai 1945) ;
* l'arsenal de [[Kokura]] (déjà frappée lors du [[Bombardement de Yahata (juin 1944)|Bombardementbombardement de Yahata]] en juin 1944) ;
* [[Niigata]] ;
 
Parmi ces cibles, les deux premières sont classées "« AA" », les deux suivantes "« A" », la cinquième "« B" ». La possibilité de cibler le [[Palais impérial de Tokyo|palais impérial]] à [[Tokyo]] avait été discutée, mais cette option non recommandée dans la mesure où Tokyo avait déjà été largement bombardée par ailleurs.
 
Selon [[Robert Jungk]], dans son livre ''{{Lien|langue=en|trad=Brighter than a Thousand Suns (book)|fr=Brighter than a Thousand Suns (livre)|texte=Brighter than a Thousand Suns}}''<ref>{{Lien web|langue=en|titre=Brighter than a Thousand Suns: A Personal History of the Atomic Scientists - PDF Free Download|url=https://epdf.tips/brighter-than-a-thousand-suns-a-personal-history-of-the-atomic-scientists.html|site=epdf.tips|consulté le=2019-04-08}}.</ref> :
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Entre le 27 juillet et le 6 août, alors que Hirohito fait l'objet d'intenses pressions de la part de ses frères<ref>[[Yasuhito Chichibu]], [[Nobuhito Takamatsu]], [[Takahito Mikasa]].</ref> et de ses oncles<ref>[[Yasuhiko Asaka]], [[Naruhiko Higashikuni]]; Paul-Yanic Laquerre, ''Shôwa : Chroniques d’un dieu déchu'', Kindle 2008, {{p.|92}}.</ref> qui lui demandent d'abdiquer en faveur de son fils, le gouvernement se réfugie dans le mutisme. Dans l'attente d'une issue aux négociations menées avec les Soviétiques, l'empereur ordonne le 31 juillet au garde du sceau impérial Kôichi Kido de prendre les mesures pour défendre {{Citation|à tout prix}} les [[Trésor impérial du Japon|insignes impériaux]]<ref>Paul-Yanic Laquerre, ''Shôwa : Chroniques d’un dieu déchu'', Kindle, 2008, {{p.|88}} ; Kido Kôchi Nikki, ''Daigaku Shuppankai'', 1966, {{p.}}1120-1121.</ref>.
 
Le 2 août, [[Shigenori Tōgō]], le [[Ministre des Affaires étrangères du Japon|ministre des Affaires étrangères]], transmit à l'ambassadeur nippon à [[Moscou]], [[Naotake Satō]], un message lui indiquant que l'empereur, le Premier ministre et le [[Expansionnisme du Japon Showa#Structure militaire|Quartierquartier général impérial]] {{Citation|plaçaient tous leurs espoirs}} dans l'acceptation, par l'Union soviétique, d'une mission de paix menée par le prince [[Fumimaro Konoe]]<ref>Herbert Bix, ''[[Hirohito and the Making of Modern Japan]]'', 2000, {{p.|507}}.</ref>. L'ambassadeur répliqua en recommandant au gouvernement d'accepter les termes de l'ultimatum de Potsdam<ref name="Herbert Bix 2000">Herbert Bix, ''Hirohito and the Making of Modern Japan'', 2000, {{p.|508}}.</ref>.
 
Pressé par l'empereur, désireux de protéger ses prérogatives, Tōgō refuse toute négociation directe avec les autres alliés même lorsque Kaina, le président du bureau d'espionnage, lui déclare le 4 août : {{citation|Ce n'est pas assez de négocier seulement avec l'Union soviétique. Il n'y a pas d'espoir si nous continuons comme ça. De quelque façon, en coulisse, nous devons négocier avec les États-Unis, la Grande-Bretagne et la Chine.}}<ref name="Herbert Bix 2000"/>
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[[Fichier:Atombombe Little Boy 2.jpg|vignette|La bombe atomique ''Little Boy'' avant son installation dans la soute du [[Boeing B-29 Superfortress|B-29]].]]
 
Deux heures après la réussite de l'essai ''[[Trinity (essai atomique)|Trinity]]'' le 16 juillet 1945, les bombes ''[[Fat Man]]'' et ''[[Little Boy]]'' furent envoyées de [[San Francisco]] à [[Tinian]] à bord du [[croiseur]] {{USS|Indianapolis|CA-35|2}}. Le {{date-|26|juillet|1945}}, elles arrivèrent sur la base américaine. Le 28 juillet et le jour suivant, quatre avions de la « ''[[509th Composite Group|"Green Hornet line"]]'' » s'envolèrent depuis l'[[Australie]] pour apporter les derniers composants nécessaires aux bombes : le cœur en plutonium pour ''Fat Man'' et les cylindres en uranium pour ''Little Boy''.
 
Le capitaine de l{{'}}[[United States Navy|US Navy]] [[William Sterling Parsons|William Parsons]] était chargé de la maintenance et de l'organisation de l'assemblage des bombes sur place. Il mit en place les différents ateliers nécessaires à cette opération, car on ne savait pas encore combien de bombes seraient employées pour faire plier le Japon. Les Américains avaient prévu deux attaques supplémentaires si la première ne se révélait pas suffisante. La bombe d'une seconde attaque était ainsi déjà prête, et pendant ce temps aux États-Unis, la production de matière fissile continuait pour la fabrication d'une troisième bombe.
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Cette fois, le gouvernement japonais ne formula aucune réponse officielle, se concentrant sur une façon d'obtenir de l'Union soviétique la garantie que la ''Kokutai'' et les prérogatives de l'empereur seraient protégées<ref>Bix, ''Hirohito and the Making of Modern Japan'', {{p.|508-510}}.</ref>.
 
Deux jours plus tard, des bombardements incendiaires nocturnes furent conduits par l'US Air Force contre les villes de [[Yawata (Kyoto)|YawataYahata]] et de [[Fukuyama]] ; ces attaques détruisirent 21 % de la zone urbaine de YawataYahata et plus de 73 % de celle de Fukuyama<ref>{{Harvsp|Craven|Cate|1953|p=675}}.</ref>. Les appareils japonais interceptèrent la formation envoyée contre YawataYahata et abattirent un B-29 et cinq P-47 tout en perdant environ {{nobr|12 chasseurs}}<ref>{{Harvsp|Craven|Cate|1953|p=655}}.</ref>.
 
== Messages américains à la population japonaise ==
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=== Les victimes ===
{{Article détaillé|Hibakusha}}
Le [[département de l'Énergie des États-Unis]] (DOE) avance les chiffres de {{unité|70000|personnes}} pour [[Hiroshima]] et de {{unité|40000|personnes}} pour [[Nagasaki]]. Pour sa part, le musée du [[Dôme de Genbaku|mémorial pour la paix d'Hiroshima]] avance le chiffre de {{unité|140000|morts}}, pour la seule ville d'Hiroshima. Selon l'historien [[Howard Zinn]], le nombre de victimes atteint {{formatnum:250000}}<ref>[[Howard Zinn]], ''La bombe. De l'inutilité des bombardements aériens'', Montréal, Lux, coll. « Mémoire des Amériques », 2011.</ref>. Une étude américaine menée entre 1945 et 1981 qui cherchait à étudier les effets physiques, médicaux et sociaux des bombardements atomiques, estime le nombre total de victimes des bombardements atomiques d'Hiroshima et Nagasaki entre 60 000 et 200 000 personnes<ref>{{Lien web |auteur=Barthélémy Courmont |titre=Deux photographies prises à Hiroshima après l’explosion atomique (1945) |url=https://ehne.fr/fr/eduscol/terminale-générale/fragilités-des-démocraties-totalitarismes-et-seconde-guerre-mondiale-1929-1945/la-seconde-guerre-mondiale/deux-photographies-prises-à-hiroshima-après-l’explosion-atomique-1945 |site=Encyclopédie d'histoire numérique de l'Europe - EHNE |date=mis en ligne le 20/04/23 |consulté le=19/04/24}}</ref>. À celles-ci s'ajoutent les morts qu'il est difficile de mesurer, causées ultérieurement par divers types de [[cancer]]s (334 cancers et 231 [[leucémie]]s sur la population suivie, moins de {{formatnum:2000}} au total selon une source américaine)<ref>{{en}} [http://www.pubmedcentral.nih.gov/articlerender.fcgi?artid=33859 « The somatic effects of exposure to atomic radiation: The Japanese experience, 1947–1997 »].</ref> et de pathologies<ref>{{en}} [http://www.cfo.doe.gov/me70/manhattan/hiroshima.htm « The Atomic Bombing Of Hiroshima »].</ref>{{,}}<ref>[http://www.rerf.or.jp/general/qa_e/qa2.html Radiation Effects Research Foundation], Frequently Asked Questions.</ref>.
 
==== À Hiroshima ====
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En règle générale, les constructions traditionnelles en bois furent complètement rasées par le souffle jusqu'à une distance de {{unité|2|km}} de l'hypocentre. Au-delà et jusqu'à {{unité|3|km}} les dommages étaient importants mais réparables<ref>The Effects of Nuclear Weapons, Compiled and edited by Samuel Glasstone and Philip J. Dolan, {{3e|édition}}, publié par United States Department of Defense and the Energy Research and Development Administration, 1977, {{p.|177-178}}, Disponible sur le site http://www.princeton.edu/~globsec/publications/index.shtml.</ref>, à la condition qu'elles aient survécu aux incendies qui suivirent.
 
=== Résistance d'espèces d'arbres et symbole de paix ===
[[Fichier:Japanese White Pine - National Bonsai & Penjing Museum - Washington, D.C. - Stierch.jpg|vignette|gauche|{{lien|langue=ja|trad=ヒロシマ・サバイバー
|fr=Survivant d'Hiroshima}}, un bonsaï japonais de pin blanc situé à l'[[Arboretum national des États-Unis]].]]
Certaines espèces d'arbres, comme le [[Ginkgo biloba]] ont résisté aux radiations et sont devenus des symboles de résilience et de paix<ref>
Florent Guignard, [https://www.rfi.fr/fr/podcasts/c-est-dans-ta-nature/20230805-le-ginkgo-biloba-survivant-d-hiroshima Le ginkgo biloba, survivant d'Hiroshima], [[Radio France internationale|RFI]], 6 août 2023</ref>.
 
A l'initiative de {{lien|Mayors for Peace}}, en collaboration avec les villes d'Hiroshima et de Nagasaki, des graines d'arbres survivants sont distribués comme symboles de paix dans 88 villes hors du Japon à partir de huit espèces d'« arbres bombardés » (''{{lien|hibakujumoku}}'') : le ginkgo ([[Ginkgo biloba]]), le parasol chinois ([[Firmiana simplex]]), le camphrier ([[Camphrier|Camphora officinarum]]), le houx de Kurogane ({{lien|Ilex rotunda}}), le houx japonais ({{lien|Celtis jessoensis}}), l'aphananthe scabre ou arbre muku ({{lien|Aphananthe aspera}}), le plaqueminier ([[Plaqueminier|Diospyros kaki]]) et le jujubier ([[Jujubier commun|Ziziphus jujuba]])<ref>{{en}} [https://www.obga.ox.ac.uk/article/seeds-from-hiroshima-atomic-bomb-survivor-trees-planted-at-oxford-botanic-garden Seeds from Hiroshima atomic bomb ‘survivor trees’ planted at Oxford Botanic Garden], 1 septembre 2023, OBGA </ref>.
 
== Après les bombardements ==
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Le journal reprend aussi une information de l'agence United selon laquelle Tokyo en appelle au [[Droit international public|droit international]], les Japonais estimant que les États-Unis auraient violé l'article 22 de la [[Seconde conférence de La Haye|convention de La Haye]]. Les Japonais ont diffusé en français une émission vers l'Europe pour expliquer qu'Hiroshima ne pouvait être un objectif militaire, et se servent de l'expression française « ville démilitarisée ». United ne manque pas de relever que le Japon n'a pas ratifié la convention de La Haye, et qu'il ne fait aucune mention des bombardements qu'il a lui-même menés contre [[Manille]] et des villes chinoises. United indique enfin que le gouvernement américain a l'intention de procéder à [[Opération Downfall|l'invasion de l'archipel japonais]], mais que le déroulement de cette opération dépendra de l'effet de la bombe sur la combativité des Japonais.
 
Le danger des radiations n'est pas évoqué par la presse : le syndrome d’irradiation aiguë était inconnu de la médecine début août 1945 et donc des autorités et des militaires. Ce sont les médecins japonais qui vont le découvrir quelques semaines plus tard<ref>({{en}} Stuart C. Finch, MD, « Acute Radiation Syndrome », ''JAMA'', {{vol.}}258, {{numéro|5}}, 1987, pp. 664-667. doi:10.1001/jama.1987.03400050106037).</ref>.
 
Dans l'éditorial de [[Combat (journal)|''Combat'']] du 8 août 1945, [[Albert Camus]] présente en ces termes son analyse de la situation<ref>[http://www.matisse.lettres.free.fr/artdeblamer/tcombat.htm Éditorial de Camus dans ''Combat'' du 8 août 1945].</ref> :
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* Paul-Yanic Laquerre, « Supporter l'insupportable, la reddition du Japon », ''Seconde Guerre mondiale'' {{n°|30}}, décembre-janvier 2010.
* {{en}} [[Sean L. Malloy]], « A Very Pleasant Way to Die: Radiation Effects and the Decision to Use the Atomic Bomb against Japan », ''Diplomatic History'', Volume 36, {{numéro|3}}, pages 515–545, June 2012.
* {{Article|nom1=Szasz|prénom1=Ferenc Morton|titre="Pamphlets Away": The Allied Propaganda Campaign Over Japan During the Last Months of World War II|périodique=The Journal of Popular Culture|année=2009|volume=42|numéro=3|doi=10.1111/j.1540-5931.2009.00694.x|pages=530-540|issn=0022-3840}}.
 
== Œuvres inspirées des bombardements ==