« Histoire du Laos » : différence entre les versions

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[[Fichier:LocationLaos.svg|vignette|300px|Le [[Laos]].]]
[[Fichier:LaosCarte.gif|vignette|Laos au présent]]
 
Cet article présente un résumé de l''''histoire du [[Laos]]''', un pays [[Pays sans littoral|enclavé]] d'[[Asie du Sud-Est]], entouré par le ''Myanmar'' ([[Birmanie]]), la [[Thaïlande]], le [[Cambodge]], le [[Viêt Nam]] et la [[Chine|République populaire de Chine]] : {{nb|237955|km|2}} et {{nb|7447396|habitants en 2020}} (Laotiennes et Laotiens, très majoritairement d'[[Lao (peuple)|ethnie Lao]]. La [[diaspora laotienne]] est estimée à {{nb|800000|personnes}}.
 
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Plainofjars 1.jpg|Femmes [[Hmong]] sur une jarre
Bokeo BanHuayHao1 tango7174.jpg|Habitat Khmu
Oudomxay-Ban Keuocheb-02-gje.jpg|Ferme Khmu
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* {{Lien|lang=en|trad=Category:Archaeological sites in Laos|fr=Sites archéologiques au Laos}}, [[Grotte de Tam Pa Ling]], {{Lien|lang=en|trad=Ban Pako|fr=Ban Pako}}, {{Lien|lang=en|trad=Tham An Mah|fr=Tham An Mah}}
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* [[Royaume de Dali]] (937–1095, 1096–1253, Yunnan (Chine))
 
== Le royaumeRoyaume du Lan Xang (1353-1707, puis 1707-1779) ==
 
Le premier royaume ''[[Lao (peuple)|lao]]'' historiquement reconnu date du {{s-|XIV}} est le [[Lan Xang]]. Son roi s'appelle [[Fa Ngum]], il descend d'un ancêtre plus ou moins légendaire, {{Lien |lang = en |fr = Khun Borom |trad = Khun Borom }}. Le royaume, qui s'étend sur un territoire plus grand que le Laos actuel, porte le nom de ''Lan Xang'', ce qui signifie "(royaume du) million d'éléphants" (''et d'une ombrelle'', dans la version complète).
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Dix ans plus tard, les Siamois saccagent Vientiane et emportent le Ph'ra Keo, le [[Bouddha d'émeraude]] que l'on peut encore admirer dans le plus célèbre temple de [[Bangkok]].
 
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Morcelé, pillé, le Pays Lao est entré dans une décadence qui se poursuit tout au long du {{s-|XIX}}. Les premiers récits de voyageurs occidentaux datent du {{s-|XVII}}. C'est alors l'âge d'or du royaume ''lao'', sous le règne du "roi-soleil" ''lao'' [[Surinyavongsa|Souligna Vongsa]] (1638-1694).
Fa Ngum-Vtne1.JPG|[[Fa Ngum]] (1316-1393)
Map-of-southeast-asia 1400 CE.png|Asie du Sud-Est vers 1400
Tempel Pha That Luang mit Statue Setthathirat Vientiane Laos.jpg|[[Setthathirath]] (1534-1571)
Mainland Southeast Asia in 1540 CE (cropped).png|Asie du Sud-Est vers 1540
Laos - Division territòriala vèrs 1750 (vuege).png|Asie du Sud-Est vers 1750, avec la principauté de [[Muang Phuan]]
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* [[Royaume de Luang Prabang]] (1707-1893), [[Royaume de Vientiane]] (1707-1828), [[Royaume de Champassak]] (1713-1904), Principauté de [[Muang Phuan]] (1707-1899)
* [[Royaume de Thonburi]] (1767-1782, Siam), roi [[Taksin]]
* {{Lien|lang=en|trad=Lao–Siamese War (1778–1779)|fr=Guerre Lao-Siam (1778-1779)}}, invasion du Laos par le Siam
 
== Domination thaï sur le Laos (1782-1893) ==
Morcelé, pillé, le Pays Lao entre alors dans une décadence qui se poursuit tout au long du {{s-|XIX}}. Les premiers récits de voyageurs occidentaux datent du {{s-|XVII}}. C'est alors l'âge d'or du royaume ''lao'', sous le règne du "roi-soleil" ''lao'' [[Surinyavongsa|Souligna Vongsa]] (1638-1694).
Le marchand hollandais [[Gerrit van Wuysthoff]] est ébloui par la magnificence de Vientiane. Dans son journal, pour souligner l'importance du [[bouddhisme]], et en même temps son aspect pacifique, il évoque ces moines "plus nombreux que les soldats de l'empereur d'Allemagne".
À cette époque, [[Vientiane]] attire les moines du Cambodge et du [[Siam]] qui viennent y faire leurs études.
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Les puissances européennes se partagent le monde, et au Sud-Est asiatique, notamment, les Français et les Britanniques se livrent à une intense compétition.
Chassés d'[[Inde]] par les Britanniques au {{s-|XVIII}}, les Français reprennent pied au [[Viêt Nam]] en 1858, sous le prétexte de protéger les catholiques.
 
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Fa Ngum-Vtne1.JPG|[[Fa Ngum]] (1316-1393)
Map-of-southeast-asia 1400 CE.png|Asie du Sud-Est vers 1400
Tempel Pha That Luang mit Statue Setthathirat Vientiane Laos.jpg|[[Setthathirath]] (1534-1571)
Mainland Southeast Asia in 1540 CE (cropped).png|Asie du Sud-Est vers 1540
Laos - Division territòriala vèrs 1750 (vuege).png|Asie du Sud-Est vers 1750, avec la principauté de [[Muang Phuan]]
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* [[Royaume de Luang Prabang]] (1707-1893), [[Royaume de Vientiane]] (1707-1828), [[Royaume de Champassak]] (1713-1904), Principauté de [[Muang Phuan]] (1707-1899)
* [[Royaume de Thonburi]] (1767-1782, Siam), roi [[Taksin]]
* {{Lien|lang=en|trad=Lao–Siamese War (1778–1779)|fr=Guerre Lao-Siam (1778-1779)}}, invasion du Laos par le Siam
* [[Royaume de Rattanakosin]] (1782–1932, Siam/Thaïlande, roi [[Rama Ier]]), État-nation moderne et centralisé, avec États vassaux rebelles
* {{Lien|lang=en|trad=Lao rebellion (1826–1828)|fr=Rébellion Lao (1826-1828)}} nationale (''Lan Xang'') contre le roi de Vientiane
* [[Anouvong]] (1767-1829), dernier roi du royaume de Vientiane, figure patriotique controversée
* {{Lien|lang=en|trad=Haw wars|fr=Guerres Haw}} (1865-1890) (Siam/Laos/Tonkin)
* [[Ernest Doudart de Lagrée]] (1823-1868), [[Francis Garnier]] (1839-1873)
* [[Mission d'exploration du Mékong (1866-1868)]]
* [[Auguste Pavie]] (1847-1925)
 
== LaProtectorat colonisation françaisefrançais (1893-1954) ==
Depuis le Tonkin (colonie de [[Cochinchine française]], 1862) et le Cambodge ([[protectorat français du Cambodge]] (1863)), la présence française existe et se manifeste par la [[Mission d'exploration du Mékong (1866-1868)]], menée entre autres par [[Ernest Doudart de Lagrée]] (1823-1868) et [[Francis Garnier]] (1839-1873).
Un des objectifs est d'utiliser la vallée du Mékong, pour rejoindre, par la construction d'une voie ferrée, le Sud de la Chine. [[Auguste Pavie]] (1847-1925) est chargé de veiller aux intérêts de la France (et de contrer les avancées britanniques, particulièrement à partir de Chiangmai.
 
=== Instauration du protectorat français ===
* [[Protectorat français du Laos]]
Finalement, dans la péninsule indochinoise, seul le royaume du Siam réussit à préserver son indépendance, alors que les Britanniques étendent leur domination sur la [[Birmanie]] et les Français sur le [[Viêt Nam]], le [[Cambodge]] et le [[Laos]] qui sont progressivement regroupés au sein de l'[[Indochine française]].
=== L'instauration du protectorat français ===
Finalement, dans la péninsule indochinoise, seul le royaume du Siam réussit à préserver son indépendance, alors que les Britanniques étendent leur domination sur la [[Birmanie]] et les Français sur le [[Viêt Nam]], le [[Cambodge]] et le [[Laos]] qui sont progressivement regroupés au sein de l'[[Indochine française]]. Une épreuve de force a lieu avec les Siamois, du fait des prétentions de ces derniers sur le Laos. Des navires de guerre français bloquent [[Bangkok]] pour contraindre les Siamois à signer, en 1893, un traité par lequel ils reconnaissent le protectorat que les Français ont instauré au Laos.
Jusqu'en [[1946]], contrairement au [[Protectorat français du Cambodge|protectorat cambodgien]], le Laos ne constitue pas un État centralisé, mais un ensemble de territoires, dont le protectorat français constitue l'unité. Une monarchie siège à [[Luang Prabang]], mais ne détient pas la souveraineté sur l'ensemble des pays lao : ''' [[protectorat français du Laos]]'''.
 
À la suite des [[accords de Genève]] de 1954, les Français rendent aux Lao la pleine souveraineté de leur pays. Si l'on ajoute aux soixante ans de protectorat les vingt années qui suivent, et où la présence culturelle de la France demeure très forte, cela constitue environ quatre-vingts ans de liens relativement forts entre la France et le Laos.
 
=== Une présencePrésence française peu contestée ===
Jusqu'en 1940, l'aristocratie Lao accepte volontiers la présence française, qui a empêché l'absorption du pays par le Siam. Les colonisateurs ne remettent jamais en cause la présence du roi dans son palais de [[Luang Prabang]]. Ont lieu en revanche, des mouvements de rébellion de la part de certaines minorités montagnardes. Les Français, en effet, mettent en chantier, à partir du début du {{s-|XX}}, la construction d'un réseau routier desservant l'ensemble de l'Indochine, et entendent mettre à contribution les populations locales. DansLa lesmajorité faits,des cetteLao contributionLoum, sousLao formeTheung deet "corvée", repose souvent sur les ''[[Lao-Theungs]]'', déjàSung ensont situationaccablés de quasi-esclavage vis-à-vispar des féodaux ''Lao'' auprès de qui ils s'endettent. La révolte la plus sérieuse a lieu entreimpôts 1900régressifs et 1910, dans le [[plateau des Bolovens]],exigences aude sudcorvée dupour pays : [[révolteétablir des Bolovens]] (1901avant-1936),postes {{Lien|langue=en|Ong Keo}} (?-1910), {{Lien|langue=en|Ong Kommandam}} (?-1936)coloniaux. La corvéenoblesse esttrouve aboliepréférable parla ledomination [[Frontfrançaise populaireà (France)|Front populaire]]la endomination 1936thaï.
 
Dans les faits, cette contribution, sous forme de "corvée", repose souvent sur les ''[[Lao Theung]]'', déjà en situation de quasi-esclavage vis-à-vis des féodaux ''Lao'' auprès de qui ils s'endettent. La révolte la plus sérieuse a lieu entre 1900 et 1910, dans le [[plateau des Bolovens]], au sud du pays : '''[[révolte des Bolovens]]''' (1901-1936), {{Lien|langue=en|Ong Keo}} (?-1910), {{Lien|langue=en|Ong Kommandam}} (?-1936). La corvée est abolie par le [[Front populaire (France)|Front populaire]] en 1936.
En 1940, le Laos connaît la paix, mais reste très peu développé. 95 % de la population y est analphabète. {{nombre|12000|enfants}} fréquentent des écoles primaires où l'enseignement est donné en français. Ce sont les pagodes qui transmettent l'usage de l'écriture lao. Bien que dans le sud du pays, certains colons français aient obtenu des concessions agricoles, la présence française est surtout administrative. La mise en valeur de l'Indochine est concentrée dans l'actuel [[Viêt Nam]]. Le Laos étant peu peuplé, les Français encouragent les [[Viêt|Vietnamiens]] à s'y installer pour y occuper des emplois de fonctionnaires ou d'ouvriers dans l'exploitation minière. À part [[Luang Prabang]], les villes de quelque importance, comme [[Vientiane]], [[Paksé]], [[Savannakhet]] ou [[Thakkhek]], se peuplent d'une forte colonie vietnamienne.
 
En 1940, le Laos connaît la paix, mais reste très peu développé. 95 % de la population y est analphabète. {{nombre|12000|enfants}} fréquentent des écoles primaires où l'enseignement est donné en français.
Le faible niveau de scolarisation peut expliquer le caractère tardif du réveil nationaliste lao, qui ne s'exprime guère avant 1945<ref>Martin Stuart-Fox, ''A History of Laos'', Cambridge University Press, 1997, {{ISBN|0521592356}}, {{p.|52}}</ref>, alors que dans le Viêt Nam voisin, dès le début du siècle, des lettrés s'organisent pour résister à la colonisation, laissant la place dans les années 1920 à toute une palette de mouvements nationalistes parmi lesquels le [[Parti communiste indochinois]], dirigé par Nguyen Ai Quoc, plus tard connu sous le nom de [[Hô Chi Minh]].
Les pagodes transmettent l'usage de l'écriture lao.
Dans le sud du pays, certains colons français ont obtenu des concessions agricoles, la présence française est surtout administrative.
La mise en valeur de l'Indochine est concentrée dans l'actuel [[Viêt Nam]].
Le Laos étant peu peuplé, les Français encouragent les [[Viêt|Vietnamiens]] à s'y installer pour y occuper des emplois de fonctionnaires ou d'ouvriers dans l'exploitation minière.
À part [[Luang Prabang]], les villes de quelque importance, comme [[Vientiane]], [[Paksé]], [[Savannakhet]] ou [[Thakhek]], se peuplent d'une forte colonie vietnamienne : les Laotiens semblent bien avoir perdu le contrôle de leur propre pays.
 
Le faible niveau de scolarisation peut expliquer le caractère tardif du réveil nationaliste lao, qui ne s'exprime guère avant 1945<ref>Martin Stuart-Fox, ''A History of Laos'', Cambridge University Press, 1997, {{ISBN|0521592356}}, {{p.|52}}</ref>, alors que dans le Viêt Nam voisin, dès le début du siècle, des lettrés s'organisent pour résister à la colonisation, laissant la place dans les années 1920 à toute une palette de mouvements nationalistes parmi lesquels le [[Parti communiste vietnamien]], dirigé par Nguyen Ai Quoc, plus tard connu sous le nom de [[Hô Chi Minh]].
=== La Seconde Guerre mondiale et l'éveil nationaliste ===
 
{{Article détaillé|Guerre franco-thaïlandaise}}
* Colonie de [[Cochinchine française]] (1862-1946)
* [[Protectorat français d'Annam]] (1883-1948)
* [[Protectorat français du Tonkin]] (1883-1948)
* [[Norodom Ier]] roi de 1860 à 1904
* [[Sisavang Vong]], roi du Laos de 1904 à 1959
* [[Ordre du Million d'Éléphants et du Parasol blanc]] (1909)
* {{Lien|lang=en|trad=Tai Lue people|fr=Peuple Tai Lue}} (et ''empire Tai Lue'')
 
=== Seconde Guerre mondiale et éveil nationaliste ===
La Seconde Guerre mondiale ébranle la puissance coloniale : la France est contrainte de céder à la [[Thaïlande]], alliée de l'[[empire du Japon]], les provinces situées sur la rive occidentale du [[Mékong]] ([[province de Sayaboury]] et une partie de la [[province de Champassak]]). Pour compenser les pertes des territoires, [[Jean Decoux]], gouverneur général de l'Indochine, réorganise l'administration laotienne, accorde au gouvernement royal de [[Luang Prabang]] une autonomie légèrement accrue, et étend sa souveraineté à trois nouvelles provinces, celles du Haut-[[Mékong]], de [[Province de Xieng Khouang|Xieng Khouang]] et de [[Vientiane]]. Le prince [[Phetsarath Rattanavongsa]] est intégré au conseil du roi et dirige une sorte de gouvernement<ref>Martin Stuart-Fox, ''A History of Laos'', Cambridge University Press, 1997, pages 54-56</ref>.
 
Une anecdote est révélatrice du développement du nationalisme lao à cette époque : face aux menaces japonaise et thaïlandaises, les autorités coloniales sont conduites à s'appuyer davantage sur les élites ''lao''. Le directeur de l'instruction publique de Vientiane encourage les jeunes ''lao'' cultivés à retrouver les sources de l'identité culturelle ''lao'' : littérature, musique, histoire… En 1944, quand le même fonctionnaire français tente de développer l'usage de l'[[alphabet romainlatin]] pour écrire le ''[[Lao (langue)|lao]]'', il se heurte à une vigoureuse résistance de la part du prince Phetsarath, Premier ministre à la cour de Luang Prabang. Le prince estime que l'écriture est un élément essentiel de la culture lao, au même titre que la langue et le bouddhisme. Par ailleurs, Phetsarath encourage ses jeunes demi-frères à suivre des études d'ingénieurs en France ; [[Souvanna Phouma]] et [[Souphanouvong]], premiers ingénieurs du Laos incarnent jusqu'en 1975 les deux composantes rivales du nationalisme ''lao'', l'une pro-occidentale et l'autre pro-communiste.
 
* [[Phetsarath Rattanavongsa]] (1890-1959), prince, premier ministre, indépendantiste, cofondateur du Lao Issara
== La première et la deuxième guerre d'Indochine ==
* [[Lao Issara]] (1945), mouvement nationaliste et indépendantiste laotien (sur le modèle des Khmers Issarak)
* [[Théâtre d'Asie du Sud-Est de la Seconde Guerre mondiale]]
** [[Expansionnisme du Japon Shōwa]] (1926-1945), [[Invasion japonaise de l'Indochine]] (1940)
** [[Guerre franco-thaïlandaise]] (1940-1941), [[Coup de force japonais de 1945 en Indochine]]
** {{Lien|lang=en|trad=Kingdom of Luang Prabang (Japanese puppet state)|fr=Royaume de Luang Prabang (fantoche, mars-octobre 1945)}}
 
== Guerre d'Indochine : première (1946-1954) et deuxième (1964-1975) ==
[[Fichier:SisavangVong.jpg|vignette|Statue de [[Sisavang Vong]] à [[Luang Prabang]]]]
En mars 1945, les Japonais [[Coup de force japonais de 1945 en Indochine|occupent militairement]] toute l'Indochine française. [[Sisavang Vong]], roi de Luang Prabang, refuse cependant de coopérer avec eux et de décréter comme ils le souhaitent l'indépendance du pays, se trouvant en conflit avec son premier ministre, le prince [[Phetsarath Rattanavongsa]]. Le monarque finit par céder sous la pression, et se considère ensuite comme prisonnier. La population locale tend à soutenir le monarque et les Français, et des groupes de soldats français et lao mènent des actions de résistance au Laos contre les Japonais. Entre la capitulation du Japon en août 1945, et le retour des troupes françaises au printemps 1946, le prince Phetsarath forme un gouvernement réunissant les nationalistes lao de toutes tendances, qui prend le nom de ''[[Lao Issara]]'' (''Laos libre''). En septembre 1945, les troupes [[Alliés de la Seconde Guerre mondiale|Alliées]] de la [[République de Chine (1912-1949)|République de Chine]] commencent à pénétrer au Laos, mais se préoccupent moins de remettre de l'ordre que de piller la récolte d'[[opium]]<ref>[http://countrystudies.us/laos/13.htm Laos - Events in 1945], ''U.S. Library of Congress''</ref>{{,}}<ref>[[Jean Deuve]], ''Guérilla au Laos'', L'Harmattan, 1997 ({{1re|édition}} en 1966, sous le nom de Michel Caply), {{p.|226}},</ref>. En octobre 1945, un coup de force est organisé pour détrôner le roi et décréter l'indépendance du pays, en tant qu'État unifié. Phetsarath est proclamé chef de l'''État lao'' (''[[Pathet Lao]]''). En novembre, le roi est fait prisonnier dans son propre palais. À partir de mars [[1946]], les Français, épaulés par les hommes du prince [[Boun Oum]], reprennent progressivement pied au Laos, et le gouvernement nationaliste doit se réfugier en [[Thaïlande]], tandis que le roi est remis sur le trône de Luang Prabang.
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Entre 1945 et 1980, le Laos connaît une période de guerre pratiquement ininterrompue, mais la vallée du Mékong est davantage épargnée par les combats que les zones montagneuses. Le Laos est par ailleurs réorganisé sous la forme d'un État centralisé. Le 27 août 1946, le [[Royaume du Laos]] accède à l'autonomie interne au sein de la [[Indochine française|Fédération indochinoise]] et de l'[[Union française]]. Le gouvernement central est placé sous l'égide de la monarchie de Luang Prabang, avec [[Sisavang Vong]] comme souverain.
 
=== La premièrePremière guerre d'Indochine (1946-1954) ===
La « première '''[[guerre d'Indochine]]''' », entre [[1946]] et [[1954]], est une guerre de décolonisation menée pour l'essentiel par les communistes vietnamiens, le ''[[Việt Minh]]'' de [[Hô Chi Minh]], contre les Français.
{{Article détaillé|Royaume du Laos|Guerre d'Indochine}}
La « première [[guerre d'Indochine]] », entre [[1946]] et [[1954]] est une guerre de décolonisation menée pour l'essentiel par les communistes vietnamiens, le ''[[Việt Minh]]'' de [[Hô Chi Minh]], contre les Français. Une partie des nationalistes laotiens, alliée du Việt Minh, se radicalise dans la lutte contre les Français et s'intègre durablement dans le mouvement communiste mondial.
En août 1950, [[Souphanouvong]] fonde, avec le soutien du Việt Minh, le gouvernement provisoire du '''[[Pathet Lao]]'''.
Une autre partie du peuple laotien, farouchement anticommuniste, soutient les Français, tels les milliers de partisans rattachés au [[Groupement de commandos mixtes aéroportés|GCMA]] (puis GMI).
En [[1953]], la France accorde au Laos son indépendance, mais la division régulière 312 de l'[[Armée populaire vietnamienne]], force armée du Việt Minh, passe la frontière du Laos avec le soutien de la petite guérilla du [[Pathet Lao]].
Les communistes laotiens gagnent, le contrôle d'une zone étendue, comprenant le [[plateau des Bolovens]] au sud et plusieurs provinces du nord.
 
La victoire du Việt Minh à la [[bataille de Diên Biên Phu]], en 1954, précède une [[Accords de Genève|conférence internationale à Genève]] qui entérine la division en Viêt Nam entre deux États vietnamiens : la [[République démocratique du Viêt Nam]] (''Nord Viêt Nam''), communiste, et l'[[État du Viêt Nam]] (''Sud Viêt Nam''), remplacé l'année suivante par la [[République du Viêt Nam]], où l'influence des [[États-Unis]] se substitue rapidement à celle de la France. Quant
Pour aule Laos, la conférence confirme la monarchie constitutionnelle mise en place par les Français depuis 1947, mais reconnaît officiellement le Pathet Lao, dont les forces militaires sont autorisées à se regrouper dans deux provinces du Nord-Est.
Sans doute trouve-t-on dans les deux camps des patriotes partisans de l'union, pour le plus grand bien du pays.
En particulier, le {{Lien|lang=en|trad=Lao Neutralist Party|fr=parti Neutralisteneutraliste lao}}, conduit par le prince [[Souvanna Phouma]], prône la neutralité entre les camps pro-américains et communistes et veut tenir le Laos à l'écart du conflit vietnamien.
Mais le contexte géopolitique régional et mondial prend le pas sur les enjeux purement laotiens et donne raison aux plus intransigeants.
Le Pathet Lao n'accepte pas le contrôle du gouvernement royal sur ses deux provinces ; pas plus que les militaires de droite n'ont accepté les extensions militaires du Pathet Lao.
Fondé officiellement en [[1955]], le parti communiste laotien, ou '''[[Parti révolutionnaire du peuplepopulaire lao|Parti du peuple lao]]''', forme secrètement le noyau dirigeant du '''[[Pathet Lao]]'''.
Un gouvernement d'union nationale, formé en 1962 entre les trois partis pro-américains, neutralistes et communistes, vole rapidement en éclat.
 
=== La deuxièmeDeuxième guerre d'Indochine (1964-1975) ===
La deuxième guerre d'Indochine, ou '''[[guerre du Viêt Nam]]''', commence quelques années plus tard après un coup d'État pro-américain en 1964 : jusqu'à {{nombre|500000|soldats}} américains sont engagés au Sud-Vietnam pour tenter de contrer les maquis communistes qui reçoivent du Nord une aide massive.
{{Article détaillé|Guerre civile laotienne|Guerre du Viêt Nam}}
La deuxième guerre d'Indochine commence quelques années plus tard après un coup d'État pro-américain en 1964 : jusqu'à {{nombre|500000|soldats}} américains sont engagés au Sud-Vietnam pour tenter de contrer les maquis communistes qui reçoivent du Nord une aide massive. La "[[Piste Hô Chi Minh]]", réseau de routes et de sentiers que les Nord-Vietnamiens empruntent dans les montagnes de la [[Chaîne Annamitique|cordillère annamitique]], pour ravitailler leurs alliés Vietcongs du Sud-Vietnam, est située en territoire laotien.
Pendant des années, les bombardiers américains basés en [[Thaïlande]] s'emploient à bloquer cette artère vitale pour les communistes Vietnamiens.
Entre 1964 et 1974, le Laos devient le pays le plus bombardé de l'histoire, si l'on rapporte les bombardements au nombre d'habitants : pendant {{nobr|10 ans}}, le pays subit une mission de bombardement toutes les sept minutes<ref>Valérie de Graffenried, de retour du Laos, Le Temps, samedi 21 juin 2008</ref>.
Les Américains aident massivement le gouvernement royal, qui autorise en échange la [[Central Intelligence Agency|CIA]] à installer des bases dans les montagnes et à recruter parmi les minorités montagnardes des mercenaires qui mènerontvont mener des actions de commandos contre les Nord-Vietnamiens et leurs alliés [[Pathet Lao]].
De 1954 à 1974, le Pathet Lao parvient néanmoins à étendre sa zone d'influence à la majorité des zones montagneuses, aidé en cela par une intervention directe mais camouflée des troupes régulières nord-vietnamiennes.
 
[[Fichier:Tank-vientiane.jpg|vignette|Char léger chinois [[Type 62]] utilisé par les forces du Pathet Lao en 1971-1973 (Musée de l'armée de Vientiane).]]
 
Dans le Laos entraîné par le destin dans un conflit qui n'est pas vraiment le sien, les minorités ethniques montagnardes sont, d'un côté comme de l'autre, en première ligne.
La CIA américaine enrôlaenrôle massivement les [[Hmong]]s, dirigés par le général [[Vang Pao]], dans ses forces spéciales.
La CIA envoie par avion instructeurs et agents dans les montagnes laotiennes, transportant également l'[[opium]] des Hmong à destination de la capitale, [[Vientiane]], afin de financer cette guerre<ref name=VP>Vang Pao, nécrologie de Bruno Philip dans ''Le Monde'' (papier) du 29 janvier 2011 (voir aussi la nécrologie succincte publiée le 7 janvier: [https://www.lemonde.fr/carnet/article/2011/01/07/vang-pao-general-laotien-et-leader-hmong_1462155_3382.html Vang Pao, général laotien et leader hmong, est mort], ''[[Le Monde]]'')</ref> - ceci au moment où les États-Unis s'engagent officiellement dans la « [[War on Drugs|guerre contre la drogue]] ».
 
Du côté Pathet Lao, on trouve une majorité de [[Lao Theung]], qui forment une grande partie de la population du territoire contrôlé par le Pathet Lao.
Mais on trouve également beaucoup de ''Lao Theung'' dans les rangs des forces spéciales et dans les rangs des FAR, les Forces armées royales.
 
Le conflit fait plusieurs dizaines ou centaines de milliers de morts et beaucoup de réfugiés<ref>{{article|nom1=Obermeyer|prénom1=Ziad|nom2=Murray|prénom2=Christopher J. L.|nom3=Gakidou|prénom3=Emmanuela|année=2008|titre=Fifty years of violent war deaths from Vietnam to Bosnia: analysis of data from the world health survey programme|journal=[[British Medical Journal|BMJ]]|volume=336|numéro=7659|pages=1482–6|doi=10.1136/bmj.a137|pmid=18566045|pmc=2440905}} See Table 3.</ref>{{,}}<ref>''New York Times'', 24 août 1975</ref>.
Du côté Pathet Lao, on trouve une majorité de [[Lao Theung]], qui forment une grande partie de la population du territoire contrôlé par le Pathet Lao. Mais on trouve également beaucoup de ''Lao Theung'' dans les rangs des forces spéciales et dans les rangs des FAR, les Forces armées royales.
 
Pendant cette période (1954-1974), les Français réussissent à maintenir leur influence à travers le rôle considérable qu'ils jouent encore (comme [[Jean Deuve]]) dans l'encadrement de secteurs comme l'éducation, la justice, la santé et même la formation militaire.
Le conflit a fait plusieurs dizaines ou centaines de milliers de morts et beaucoup de réfugiés<ref>{{article|nom1=Obermeyer|prénom1=Ziad|nom2=Murray|prénom2=Christopher J. L.|nom3=Gakidou|prénom3=Emmanuela|année=2008|titre=Fifty years of violent war deaths from Vietnam to Bosnia: analysis of data from the world health survey programme|journal=[[British Medical Journal|BMJ]]|volume=336|numéro=7659|pages=1482–6|doi=10.1136/bmj.a137|pmid=18566045|pmc=2440905}} See Table 3.</ref>{{,}}<ref>''New York Times'', 24 août 1975</ref>.
Le chef de file de la droite neutraliste, le prince [[Souvanna Phouma]], premier ministre presque sans interruption entre 1951 et 1975, francophile par sa formation et son mariage, maintient volontairement l'influence française, qui n'est pas balayée par l'engagement massif des Américains dans le domaine militaire et économique.
Il arrive ainsi à faire monter les enchères de l'aide étrangère.
Le Laos est alors le pays le plus aidé au monde, par habitant ; quelques grandes familles s'enrichissent considérablement, mais l'ensemble de la population en profite également.
Ainsi, malgré la guerre, on peut noter au cours de cette période des progrès considérables dans le domaine de l'éducation et de la santé.
 
* [[Lao Issara]] (1945), mouvement nationaliste indépendantiste lao
Pendant cette période (1954-1974), les Français réussissent à maintenir leur influence à travers le rôle considérable qu'ils jouent encore (comme [[Jean Deuve]]) dans l'encadrement de secteurs comme l'éducation, la justice, la santé et même la formation militaire. Le chef de file de la droite neutraliste, le prince [[Souvanna Phouma]], premier ministre presque sans interruption entre 1951 et 1975, francophile par sa formation et son mariage, maintient volontairement l'influence française, qui n'est pas balayée par l'engagement massif des Américains dans le domaine militaire et économique. Il arrive ainsi à faire monter les enchères de l'aide étrangère. Le Laos est alors le pays le plus aidé au monde, par habitant ; quelques grandes familles s'enrichissent considérablement, mais l'ensemble de la population en profite également. Ainsi, malgré la guerre, on peut noter au cours de cette période des progrès considérables dans le domaine de l'éducation et de la santé.
* [[Royaume du Laos]] (1946-1975)
* {{Lien|lang=en|trad=History of Laos (1945–present)|fr=Histoire du Laos depuis 1945 (en)}}
* [[Guerre civile laotienne]] (1953-1975)
* [[Accords de Genève]] (1954)
* [[Guerre du Viêt Nam]] (1955-1975)
** [[Invasion nord-vietnamienne du Laos]] (1958-1959)
** [[Zone vietnamienne démilitarisée]], [[piste Hô Chi Minh]], [[activités de la CIA au Laos]]
 
== La prisePrise du pouvoir par les communistes (1975) ==
=== La signatureSignature des accords de Paris (1973) : cessez-le-feu ===
En février 1973, suivant d'un mois la signature des [[Accords de paix de Paris|accords de Paris]] qui prévoient un cessez-le-feu précaire au Sud-Vietnam, les [[accords de Vientiane]] instaurent également au Laos un cessez-le-feu, et à partir de 1974, la formation d'un gouvernement d'union nationale. Cet accord est dans l'ensemble bien accueilli par la population qui aspire à une réconciliation nationale.
 
Cependant, au début de l'année 1975, les communistes du Cambodge et du Viêt Nam prennent le pouvoir. À leur suite, les communistes laotiens, sous la conduite de [[Kaysone Phomvihane]], dirigeant du [[Parti révolutionnaire populaire lao|Parti révolutionnaire du peuple lao]] depuis les années 1950, écartent les autres tendances du pouvoir dans le courant de l'année 1975.
 
=== L'instaurationInstauration du communisme (1975) ===
Dès la fin de l'année 1975, il devient clair que la période de réconciliation nationale est terminée. Profitant notamment de la maladie du premier ministre neutraliste [[Souvanna Phouma]], le [[Pathet Lao]] s'arroge la totalité du pouvoir au cours d'un processus parfois désigné sous le nom de {{citation|révolution de soie}}<ref>Jean de La Guérivière, ''Indochine, l'envoûtement'', Seuil, 2006, page 344</ref>. La monarchie est abolie, et le Laos prend le nom officiel de ''[[Laos|République démocratique populaire lao]]''. [[Souphanouvong]] devient président de la République et le secrétaire général du [[Parti révolutionnaire populaire lao]], [[Kaysone Phomvihane]], est nommé premier ministre. Le roi [[Savang Vatthana]], la reine et le prince héritier sont arrêtés et meurent quelques années plus tard dans un camp de rééducation. Plus de {{nombre|40000|Laotiens}} sont envoyés dans des camps. La répression touche une partie très importante de l'administration et de l'armée qui avait collaboré avec les Américains et les Français; elle perdure de nos jours, notamment avec le [[Conflit hmong|génocide des Hmongs]] une ethnie minoritaire du Laos alliée des troupes françaises (GCMA/GMI) puis américaines (CIA), extermination se traduisant par une vraie chasse à l'homme (poursuite dans les jungles, viols, tortures, meurtres...)<ref>[https://www.dailymotion.com/video/xhty9_guerre-secrete-au-laos-envoye-speci Envoyé Spécial: Guerre Secrète au Laos]</ref>. On estime à {{formatnum:30000}} le nombre de ceux qui sont alors envoyés en ''samana'', ces « séminaires » qui sont en fait des camps de rééducation. Pour ceux qui ont la chance d'en revenir, les séjours en ''samana'' se prolongent plusieurs années.
Une des conséquences de cette politique sectaire et répressive est l'exode de près de 10 % de la population, débordant ainsi largement la classe aisée et les couches dotées d'une certaine instruction. Entre {{formatnum:350000}} et {{nombre|400000|personnes}} choisissent l'exil entre [[1975]] et [[1987]]. Le gros de l'émigration a lieu dans les trois premières années; en mai [[1978]], environ 8 % de la population a déjà fui le pays, soit un pourcentage huit fois supérieur à celui observé au [[Viêt Nam]] voisin. À la fin des [[années 1970]], les Laotiens représentent la majorité des réfugiés installés dans des camps à la frontière [[Thaïlande|thaïlandaise]]<ref>Carine Hahn, ''Le Laos'', Karthala, 1999, pages 36, 126, 135</ref>. 75 % des exilés choisissent de s'établir aux [[États-Unis]], au [[Canada]], ou en [[France]]. Certains, n'étant pas autorisés à partir pour l'Occident, transitent jusqu'à quinze ans dans les camps. Un accord entre la Thaïlande et le Laos finit par donner l'autorisation de rentrer au Laos à un quota de {{nobr|300 personnes}} par mois<ref>Marie-Hélène Rigaud, ''Enfants de migrants lao : Transmission et réinterprétation culturelles'', L'Harmattan, 2010, page 301</ref>.
 
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=== L'autonomie villageoise ===
Chose très remarquable, il existait, aussi bien dans l'ancien royaume de [[Lan Xang]] que dans le royaume Lao contemporain, une véritable autonomie villageoise dans laquelle l'État s'ingérait peu : un conseil mixte de village, formé par l'ensemble des chefs de famille et les bonzes, détenait l'autorité politique qu'un chef de village, choisi par élection parmi les chefs de famille, exerçait par délégation pour coordonner les activités économiques et socio-culturelles de la communauté villageoise et servir d'intermédiaire auprès de l'État. C'était lui, par exemple, qui percevait les impôts et désignait les familles corvéables. Mais l'État qui était représenté localement par un ''tiao muong'' (chef de district) ne s'immisçait qu'exceptionnellement dans les affaires du village. Ainsi, presque 90 % de la population laotienne pouvait bénéficier de cette cellule politique privilégiée, démocratique et souveraine, qu'était le village traditionnel. La grande nouveauté, sous le nouveau régime, était le fait que l'État avait forcé les portes des villages…
* [[Front unifié de lutte des races opprimées]] (1964-1992)
 
== Le retourRetour à la paix et au capitalisme sous domination communiste (1986) ==
En 1986, le congrès du Parti introduit "le Nouveau Mécanisme Économique", basé sur la décentralisation, l'initiative privée et la vérité des prix. Quelques années plus tard, la chute du communisme en URSS vide de tout son sens l'appartenance au bloc communiste, mais le Laos reste un régime à [[parti unique]] dont les dirigeants ont vécu ce qu'ils appellent {{citation|la guerre de 30 ans, de 1945 à 1975}}.
 
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En décembre 1987, un [[Conflit frontalier entre le Laos et la Thaïlande|bref conflit frontalier]] éclate avec la [[Thaïlande]].
 
Si l'on peut considérer qu'aujourd'hui le Laos vit en paix, de nombreuses provinces ont connu pour certaines la guerre, et pour d'autres une forte insécurité jusqu'au début des années 1990. Jusqu'à la fin des années 1970, de très violents affrontements ont eu lieu entre les [[HmongsHmong]]s et les forces régulières nord-vietnamiennes et laotiennes. Beaucoup de Hmongs sont tués, d'autres réussissent à gagner la frontière thaïlandaise, d'autres enfin constituent des bandes d'irréguliers qui sévissent encore au début des années 1990.
 
Beaucoup des émigrés ayant traversé le [[Mékong]] ont gagné les pays occidentaux, mais certains essaient de mener des actions de guérilla à partir du territoire thaïlandais. La province de [[Province de Borikhamxay|Paksane]] demeure ainsi longtemps dans l'insécurité. Jusqu'au début des années 1990, des groupes de résistance animés par d'anciens militaires ont fait de cette région un des hauts lieux de la résistance au nouveau régime.
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{{...}}
 
=== Les problèmes économiques et financiers ===
Le passage au capitalisme et l'intégration régionale se sont accélérés au {{s-|XXI}}. Le Laos a accueilli en 2004 le dixième sommet de l'[[Association des nations de l'Asie du Sud-Est]] (ASEAN), dont il est membre depuis 1997. La [[bourse de Vientiane]], ouverte le 10 octobre 2010<ref>{{en}} [http://vietnambusiness.asia/first-lao-securities-exchange-opens/ ''First Lao securities exchange opens'', VIET NAM BUSINESS NEWS, 11 oct. 2010]</ref>, a commencé ses cotations le 11 janvier 2011<ref>[http://www.france24.com/fr/20110109-le-laos-communiste-tourne-a-son-tour-vers-bourse ''Le Laos communiste se tourne à son tour vers la bourse''] article sur le site ''France 24.fr''</ref>.
Le passage au capitalisme et l'intégration régionale s'accélèrent au {{s-|XXI}}.
Le Laos accueille en 2004 le dixième sommet de l'[[Association des nations de l'Asie du Sud-Est]] (ASEAN), dont il est membre depuis 1997.
La [[Lao Securities Exchange]] (''bourse de Vientiane''), ouverte le 10 octobre 2010<ref>{{en}} [http://vietnambusiness.asia/first-lao-securities-exchange-opens/ ''First Lao securities exchange opens'', VIET NAM BUSINESS NEWS, 11 oct. 2010]</ref>, commence ses cotations le 11 janvier 2011<ref>[http://www.france24.com/fr/20110109-le-laos-communiste-tourne-a-son-tour-vers-bourse ''Le Laos communiste se tourne à son tour vers la bourse''] article sur le site ''France 24.fr''</ref>.
 
Le 2 février 2013, le Laos a adhéréadhère à l'[[Organisation mondiale du commerce]]<ref>[http://www.wto.org/french/thewto_f/countries_f/lao_f.htm République démocratique populaire Lao], fiche de membre sur le site de l'OMC.</ref>.
 
Entre les années 1980 et la fin des années 2010, l’État laotien prélevait fort peu d’impôts et fournissait peu de services aux citoyens. Durant le début des années 2020, du fait de l'accroissement de la dette nationale et de la prolongation d'une crise financière, l’État a massivement réduit le nombre de fonctionnaires en vue de faire des économies<ref name=":0">{{Lien web |langue=fr |titre=Le Laos est-il en passe de s’effondrer ? |url=https://www.courrierinternational.com/article/economie-le-laos-est-il-en-passe-de-s-effondrer_217974 |site=Courrier international |date=2024-08-23 |consulté le=2024-08-23}}</ref>. Fin avril 2024, le ministère de l’Énergie et des Mines laotien a admis que près de la moitié des entreprises minières du pays ne répondaient pas conformément aux normes de réglementation ou à leurs obligations contractuelles<ref name=":0" />.
 
=== Les problèmes environnementaux ===
On ne saurait passer sous silence de nombreux problèmes écologiques qui se posent au Laos de 1999.
 
La [[déforestation]], due aussi bien à l'exploitation forestière qu'à la pratique de la [[Agriculture sur brûlis|culture sur brûlis]] ("ray"), a déjà commencé à provoquer l'érosion et la [[Régression et dégradation des sols|dégradation des sols]] tropicaux.
 
Les minorités montagnardes qui pratiquent le "ray" résistent à la sédentarisation.
L'exploitation des minerais provoque une pollution de l'eau des rivières.
 
Les immenses lacs de barrages en engloutissant des milliers d'hectares conduisent à la disparition de certaines espèces animales.
 
=== Les dangers ===
==== MunitionMunitions non exploséeexplosées ====
Environ 30% du territoire laotien est encore pollué par des munitions non explosées, principalement par les bombes à sous-munitions largués par l'armée américaine pendant la guerre qui n'ont pas explosé à l’impact.
 
Selon le gouvernement laotien, au moins {{formatnum:20000}} Laotiens ont été tués ou blessés par des munitions non explosées depuis la fin de la guerre.
Environ 30% du territoire laotien est encore pollué par des munitions non explosées, principalement par les bombes à sous-munitions largués par l'armée américaine pendant la guerre qui n'ont pas explosé à l’impact. Selon le gouvernement laotien, au moins {{formatnum:20000}} Laotiens ont été tués ou blessés par des munitions non explosées depuis la fin de la guerre. Les restes explosifs de guerre (REG) ont fait la plupart des victimes, suivis des mines terrestres, puis des armes à sous-munitions qui ont fait 15 % des victimes<ref>{{lien web|url=http://www.the-monitor.org/en-gb/reports/2016/lao-pdr/casualties-and-victim-assistance.aspx |titre=Lao PDR - Casualties and Victim Assistance|website=Landmine and Clustering Munition Monitor|consulté le=2022-07-26}}</ref>. Actuellement, 50 personnes sont tuées ou mutilées chaque année par des munitions non explosées<ref>{{article|nom=Wright|prénom=Rebecca|url=http://www.cnn.com/2016/09/05/asia/united-states-laos-secret-war/ |titre='My friends were afraid of me': What 80 million unexploded US bombs did to Laos|périodique=CNN|date=6 September 2016|consulté le=26 juillet 2022}}</ref>. Des ONG travaillent avec les autorités du Laos pour déminer le pays mais il faudra encore plusieurs décennies avant d'y parvenir<ref>{{Article|titre=La guerre mine toujours le Laos|périodique=La Croix|date=31/10/2019|lire en ligne=https://www.la-croix.com/Monde/Asie-et-Oceanie/guerre-mine-toujours-Laos-2019-10-31-1201057720}}</ref>{{,}}<ref>{{Article|titre=Le Laos, le pays des bombes|périodique=Ils voyagent|date=6 juin 2020|url=https://ilsvoyagent.fr/2020/06/06/le-laos-le-pays-des-bombes/}}</ref>.
Les restes explosifs de guerre (REG) ont fait la plupart des victimes, suivis des mines terrestres, puis des armes à sous-munitions qui ont fait 15 % des victimes<ref>{{lien web|url=http://www.the-monitor.org/en-gb/reports/2016/lao-pdr/casualties-and-victim-assistance.aspx |titre=Lao PDR - Casualties and Victim Assistance|website=Landmine and Clustering Munition Monitor|consulté le=2022-07-26}}</ref>.
Actuellement, 50 personnes sont tuées ou mutilées chaque année par des munitions non explosées<ref>{{article|nom=Wright|prénom=Rebecca|url=http://www.cnn.com/2016/09/05/asia/united-states-laos-secret-war/ |titre='My friends were afraid of me': What 80 million unexploded US bombs did to Laos|périodique=CNN|date=6 September 2016|consulté le=26 juillet 2022}}</ref>.
Des ONG travaillent avec les autorités du Laos pour déminer le pays mais il faudra encore plusieurs décennies avant d'y parvenir<ref>{{Article|titre=La guerre mine toujours le Laos|périodique=La Croix|date=31/10/2019|lire en ligne=https://www.la-croix.com/Monde/Asie-et-Oceanie/guerre-mine-toujours-Laos-2019-10-31-1201057720}}</ref>{{,}}<ref>{{Article|titre=Le Laos, le pays des bombes|périodique=Ils voyagent|date=6 juin 2020|url=https://ilsvoyagent.fr/2020/06/06/le-laos-le-pays-des-bombes/}}</ref>.
 
==== Patrimoine historique ====
L'ancienne capitale royale, Luang Prabang, a été promue "ville du patrimoine mondial" et bénéficie de ce fait des subsides de l'[[UNESCO]] pour sa restauration.
Ceci ne doit pas masquer les menaces que font peser sur l'héritage culturel et le mode de vie lao et le développement du tourisme et la proximité de la Thaïlande : l'irruption de la télé thaïe est un fait majeur dans l'évolution actuelle du Laos.
 
==== Persécution des Hmongs ====
Comme l'atteste le reportage de [[Grégoire Deniau]] pour ''[[Envoyé Spécialspécial]]''<ref name="génocide">[https://www.dailymotion.com/video/xhty9_guerre-secrete-au-laos-envoye-speci Envoyé Spécial: Guerre secrète au Laos]</ref>, le [[conflit hmong]] se poursuit à l'heure actuelle. Cette population isolée a été bannie par les autorités pour avoir lutté contre le communisme pendant trente ans aux côtés des Occidentaux ; une partie a réussi à émigrer dans les démocraties occidentales<ref>[http://www.ecpad.fr/ECPA/PagesDyn/data/asp/video.asp?ref=sassi Vidéo d'archive de 2000 partisans Hmongs apportant leur aide au colonel Jean Sassi], Ministère de la Défense</ref> mais les peuplades montagnardes restantes sont pourchassées par les armées laotiennes et vietnamiennes qui patrouillent sur l'habitat historique des Hmongs ; les derniers survivants sont confinés dans un espace interdit et continuent de résister pour leur survie.
 
== Références ==
{{Références}}
 
== Annexes ==
{{Autres projets|commons=Category:History of Laos}}
 
=== Bibliographie ===
* [[Auguste Pavie]] (1847-1925, explorateur, diplomate, haut-fonctionnaire), ''Mission Pavie en Indochine 1879-1895'' (1899-1919)<ref>{{lien web |langue=en |titre=Mission Pavie, Indo-Chine, 1879-1895 : Mission Pavie Indo -Chine, Auguste Pavie : Free Download, Borrow, and Streaming : Internet Archive |url=https://archive.org/details/missionpavieind00pavigoog |site=[[Internet Archive]] |consulté le=20-11-2023}}.</ref>
* Paul Le Boulanger, ''Histoire du Laos Français'', {{3e}} éd, Plon, 1930
Ligne 267 ⟶ 329 :
** [[:Catégorie:Groupe ethnique au Laos|Groupes ethniques au Laos]] (48 minorités)
** [[:Catégorie:Religion au Laos|Thèmes religieux au Laos]]
** [[Musique laotienne]], [[danse dramatique du Laos]], [[art lao]], [[littérature laotienne]], [[cinéma laotien]]
** [[Liste du patrimoine mondial au Laos]]
** [[Liste du patrimoine culturel immatériel de l'humanité au Laos]]
** {{Lien|lang=en|trad=List of museums in Laos|fr=Liste de musées au Laos}}, [[Musée national du Laos]]
** [[Littérature francophone de l'Indochine française]]
* {{Lien|lang=en|trad=National Library of Laos|fr=Bibliothèque nationale du Laos}}
 
==== Histoire ====
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===== 1890 =====
* [[Guerre franco-siamoise de 1893]]
* [[Protectorat français du Laos]] (1893-1954), [[Norodom Ier]] roi de 1860 à 1904
* [[Indochine française]] (1899-1954), [[Liste des gouverneurs de l'Indochine française]]
* [[Révolte des Bolovens]] (1901-1936, ''rébellion du saint homme''), [[Lao Theung]] et [[Alak]], {{Lien|lang=en|trad=Ong Keo|fr=Ong Keo}} (?-1910), {{Lien|lang=en|trad=Ong Kommandam|fr=Ong Kommandam}} (?-1936)
 
* [[Théâtre d'Asie du Sud-Est de la Seconde Guerre mondiale]]
===== 1940 =====
* [[Théâtre d'Asie du Sud-Est de la Seconde Guerre mondiale]], [[régime de Vichy]] (1940-1944)
** [[Expansionnisme du Japon Shōwa]] (1926-1945), [[Invasion japonaise de l'Indochine]] (1940)
** [[Guerre franco-thaïlandaise]] (1940-1941), [[Coup de force japonais de 1945 en Indochine]]
** {{Lien|lang=en|trad=Kingdom of Luang Prabang (Japanese puppet state)|fr=Royaume de Luang Prabang (fantoche, mars-octobre 1945)}}
* [[Guerre d'Indochine]] (1946-1954)
* [[Résolution 109 du Conseil de sécurité des Nations unies]] (1955)
* [[Royaume du Laos]] (1946-1975), [[Armée royale du Laos]] (1950-1975)
* [[Guerre civile laotienne]] (1953-1975), [[Pathet Lao]], [[Armée populaire lao]]
* [[Activités de la CIA au Laos]]
* [[Résolution 109 du Conseil de sécurité des Nations unies]] (1955)
* [[Pathet Lao]], [[Guerre civile laotienne]] (1953-1973), [[Armée populaire lao]]
* [[Guerre du Viêt Nam]] (1955-1975)
** [[Zone vietnamienne démilitarisée]], [[piste Hô Chi Minh]], [[activités de la CIA au Laos]]
* [[Front unifié de lutte des races opprimées]] (1964-1992)
* {{Lien|lang=en|trad=1967 Opium War|fr=Guerre de l'opium (1967, Nord-Ouest du Laos)}}
 
===== 1975 =====
* {{Lien|lang=en|trad=Royal Lao Government in Exile|fr=Gouvernement royal lao en exil}} depuis 2003
* {{Lien|lang=en|trad=Third Indochina War|fr=Troisième guerre d'Indochine (en)}} = [[guerre sino-vietnamienne]] (1975-1991)
* [[Conflit hmong]] (1975-présent)
* [[Conflit hmong]] (1975-présent, guerre civile)
* [[Conflit frontalier entre le Laos et la Thaïlande]] (1987-1988)
* {{Lien|lang=en|trad=2007 Laotian coup d'état conspiracy allegation|fr=Allégation de complot du coup d'État laotien de 2007}}
 
==== Société ====
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* {{fr}} [http://www.luangprabang-laos.com/spip.php?rubrique=33 Histoire du Laos] sur Luangprabang-laos.com
* [https://recherche-anom.culture.gouv.fr/ark:/61561/wm279hdix Archives nationales d'outremer (Laos)]
 
== Références ==
{{Références}}
 
{{Palette|Histoire du Laos|Histoire de l'Asie}}
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