« Affaire des plombiers » : différence entre les versions

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L'L’'''affaire des plombiers''', '''affaire des micros''' ou '''Watergaffe''', est un scandale impliquant la [[Direction de la Surveillance du territoire]] (DST) et le journal ''[[Canard enchaîné|Le Canard enchaîné]]''.
 
== Historique ==
Le soir du {{Date|3|décembre|1973}}, un journaliste et [[André Escaro]], dessinateur et administrateur du journal, passent devant les nouveaux locaux de l'hebdomadaire et y aperçoivent de la lumière. Sur place, ils surprennent deux « plombiers » en pleins travaux... Ceux-ci sont en réalité des agents de la [[Direction de la Surveillance du territoire|DST]] occupés à installer des micros dans les bureaux afin, par exemple, d'identifier les personnes communiquant des informations sensibles au ''[[Canard enchaîné]]''<ref>Laurent Martin, ''Le Canard Enchaîné, Histoire d'un journal satirique 1915-2005'', Nouveau Monde, ISBN, 978-2-84736-112-4, pages 433 à 438 - Description hilarante de la scène (avec dialogues !)</ref>.
 
Le soir du {{Date|3|décembre|1973}}, un journaliste et [[André Escaro]], dessinateur et administrateur du journal, passent devant les nouveaux locaux de l'hebdomadaire et y aperçoivent de la lumière. Sur place, ils surprennent deux « plombiers » en pleins travaux... Ceux-ci sont en réalité des agents de la [[Direction de la Surveillance du territoire|DST]] occupés à installer des micros[[Mouchard électronique|mouchards]] dans les bureaux afin, par exemple, d'identifier les personnes communiquant des informations sensibles au ''[[Canard enchaîné]]''<ref>Laurent Martin, ''Le Canard Enchaîné, Histoire d'un journal satirique 1915-2005'', Nouveau Monde, ISBN, 978-2-84736-112-4, pages 433 à 438 - Description hilarante de la scène (avec dialogues !)</ref>. L'opération aurait dû être menée par le [[Service de documentation extérieure et de contre-espionnage]] (SDECE) mais l'[[affaire Markovic]] ayant échaudé [[Georges Pompidou]] l'avait conduit à faire le ménage au SDECE et Pompidou pensait que des informateurs du ''Canard'' étaient des agents du SDECE<ref>{{ouvrage|auteur=Jean-Pax Méfret|titre=La sale Affaire Markovic|éditeur=Flammarion|date=3.11|passage=153|isbn=|lire en ligne=}}</ref>.
Malgré des preuves irréfutables fournies notamment par le Canard lui-même (les plaques d'immatriculation maladroitement camouflées des véhicules des plombiers prouvent que ceux-ci appartiennent aux services de police), la [[Direction de la Surveillance du territoire|DST]] nie les faits. Un procès est ouvert, qui donnera raison à l'administration française<ref>Dominique Frot, « [http://www.liberation.fr/politiques/01012292278-les-micros-du-canard-enterres Les micros du "Canard" enterrés] », ''[[Libération (journal)|Libération]]'', 3 novembre 1978 [consulté le 4 avril 2011]</ref>. Cette décision sera pourtant très controversée, et l'affaire sera surnommée ''Watergaffe'', en référence au [[scandale du Watergate]] qui avait ébranlé les [[États-Unis]] quelque temps auparavant.
 
Malgré des preuves irréfutables fournies notamment par le Canard lui-même (les plaques d'immatriculation maladroitement camouflées des véhicules des plombiers prouvent que ceux-ci appartiennent aux services de police, témoins reconnaissant les « plombiers », ces agents démasqués menaçant de tout révéler au public s'ils sont poursuivis par la justice<ref>{{ouvrage|auteur=Roger Delpey|titre=Prisonnier de Giscard|éditeur=J. Grancher|date=1982|passage=85|isbn=|lire en ligne=}}</ref>), la [[Direction de la Surveillance du territoire|DST]] nie les faits. Un procès est ouvert, qui donnera raison à l'administration française<ref>Dominique Frot, « [http://www.liberation.fr/politiques/01012292278-les-micros-du-canard-enterres Les micros du "Canard" enterrés] », ''[[Libération (journal)|Libération]]'', 3 novembre 1978 [consulté le 4 avril 2011]</ref>. Le 29 décembre 1976, Hubert Pinsseau, juge d'instruction à Paris, rend une [[ordonnance]] de [[Non-lieu en procédure pénale française|non-lieu]] dont les attendus précisent que le ''Canard'' n'a été victime ni d'une violation de domicile car les locaux étaient inoccupés au moment des faits, ni d'une atteinte à la vie privée puisque {{Citation|des journalistes ne peuvent avoir, dans un local professionnel, que des conversations d'ordre politique, général ou professionnel}}. En juillet 1977, la [[chambre d'accusation]] de Paris confirme le non-lieu. Après un [[pourvoi en cassation]] du journal par l'intermédiaire de son avocat [[Roland Dumas]], la chambre d'accusation d'[[Amiens]] déclare en octobre 1978 l'[[Action publique en droit pénal français|action publique éteinte]], arguant que plus de trois ans se sont écoulés depuis le début de la procédure judiciaire le 12 décembre 1973. Le 7 février 1980, la Cour rejette l'ultime pourvoi en cassation. L'affaire des micros du Canard trouve son épilogue judiciaire avec une décision très controversée, si bien qu'elle est vite surnommée ''Watergaffe'', en référence au [[scandale du Watergate]] qui avait ébranlé les [[États-Unis]] quelque temps auparavant<ref>{{ouvrage|auteur=Laurent Martin|titre=Le Canard enchaîné. Histoire d'un journal satirique 1915-2005|éditeur=Nouveau Monde Editions|date=2005|passage=438|isbn=|lire en ligne=}}</ref>
Depuis cet épisode, l'administration du ''[[Canard enchaîné]]'' a laissé une plaque commémorative dans ses locaux à l'endroit où les agents avaient percé un mur pour y installer leurs équipements.
 
Depuis cet épisode, l'administration du ''[[Canard enchaîné]]'' a laissé par dérision une plaque commémorativeen hommage à [[Raymond Marcellin]] dans ses locaux à l'endroit où les agents avaient percé un mur pour y installer leurs équipements<ref>{{ouvrage|auteur=Philippe Reinhard|titre=Presse et pouvoir. Un divorce impossible|éditeur=First Editions|date=2011|passage=67|isbn=|lire en ligne=}}</ref>.
 
== Conséquences ==
L'affaire des plombiers, par son retentissement, a indirectement conduit le Premier ministre, [[Pierre Messmer]] et le président de la République, [[Georges Pompidou]], deux mois et demi après les faits, à permuter les ministres de l'Intérieur et de l'Agriculture lors de la formation du [[gouvernement Pierre Messmer (3)|troisième gouvernement de Pierre Messmer]], le {{1er mars}} [[1974]] : [[Raymond Marcellin]], jusque-là ministre de l'Intérieur et ayant la tutelle de la DST, a ainsi échangé son poste avec celui de [[Jacques Chirac]], ministre de l'Agriculture et du Développement rural.
 
Le Canard enchaîné salua alors son départ pour le ministère de l'agriculture par la manchette « De la matraque à la charrue »{{Référence souhaitée||date=avril 2014}}.
 
L'arrivée de [[Jacques Chirac]] au ministère de l'Intérieur a eu un effet non négligeable dans la campagne pour l'élection à la présidence de la République du successeur de [[Georges Pompidou]], décédé le {{Date|2|avril|1974}}. L'affaire des plombiers devenant ainsi, parmi d'autres, l'un des éléments qui ont contribué à la victoire de [[Valéry Giscard d'Estaing]] lors de l'[[élection présidentielle française de 1974|élection présidentielle de 1974]].
 
Un autre effet fut l'augmentation du tirage du ''Canard'' qui passa de {{formatnum:450000}} exemplaires à plus d'un million dans la semaine suivant les révélations<ref>{{ouvrage|auteur=Christian Delporte, Michael Palmer, Denis Ruellan|titre=Presse à scandale, scandale de presse|éditeur=Editions L'Harmattan|date=2001|passage=234|isbn=|lire en ligne=}}</ref>.
L'arrivée de [[Jacques Chirac]] au ministère de l'Intérieur a eu un effet non négligeable dans la campagne pour l'élection à la présidence de la République du successeur de [[Georges Pompidou]], décédé le {{Date|2|avril|1974}}. L'affaire des plombiers devenant ainsi, parmi d'autres, l'un des éléments qui ont contribué à la victoire de [[Valéry Giscard d'Estaing]] lors de l'[[élection présidentielle française de 1974|élection présidentielle de 1974]].
 
== Références ==