« Arme biologique » : différence entre les versions

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Lors de la [[guerre de Corée]], dans une note datée du 21 décembre 1951, le secrétaire d'État américain à la Défense, Robert Lovett, demanda aux [[Joint Chiefs of Staff|chefs d'état-major interarmes (''Joint Chiefs of Staff'')]] de fournir des directives « pour l'emploi d'[[arme chimique|armes chimiques]] et bactériologiques<ref name="ENDI-HAGE">Stephen Endicott et Edward Hagerman, ''[http://www.monde-diplomatique.fr/1999/07/ENDICOTT/3116|Les armes biologiques de la guerre de Corée]'', dans : ''Manière de voir 70'', août-septembre 2003, éditions du ''[[Le Monde diplomatique|Monde diplomatique]]'', {{pp.|10-13}}</ref>». Selon la [[République populaire de Chine|Chine]] et la [[Corée du Nord]], ces armes auraient été utilisées par les Américains sur une grande échelle dès le début de l'année 1952<ref>[http://www.interet-general.info/spip.php?article53 L’unité 731 japonaise de guerre biologique] - Frank Brunner, interet-general.info</ref>. L'utilisation de l'arme biologique fut mise en cause, à tort, le {{Date|22|février|1952}} lorsque le ministre des Affaires étrangères nord-coréen, [[Pak Hon-yong]], accusa officiellement les Américains d’avoir répandu en Corée du Nord des « insectes-vecteurs » diffusant la [[peste]], le [[choléra]] et « d’autres maladies ». Deux jours plus tard, [[Zhou Enlai]] porta la même accusation et, le 8 mars, il affirma qu’entre le 29 février et le 5 mars des avions américains avaient répandu à soixante-huit reprises des insectes porteurs de [[germe]]s pathogènes sur la [[Mandchourie]].
 
Le 12 mars 1952, le secrétaire d’État américain Dean Acheson sollicita officiellement le [[Comité international de la Croix-Rouge]] (CICR) de mener une enquête dans les régions signalées par les [[Corée du Nord|Nord-Coréens]] et les [[Chinois (nation)|Chinois]]. Le CICR présenta sa requête le même jour à la Corée du Nord et à la Chine, puis de nouveau le 28 mars, le 31 mars et le 10 avril. Ses démarches ne reçurent jamais de réponse de la part des autorités chinoises et nord-coréennes<ref>''Le Comité international de la Croix-Rouge et le conflit de Corée, Recueil de Documents, '' vol. II, {{pp.|84-109}}</ref>. Les États-Unis soumirent alors au [[Conseil de sécurité des Nations unies]] un projet de résolution en vertu de laquelle le [[Comité international de la Croix-Rouge|CICR]] serait invité à mener des investigations en Chine et en Corée du Nord. Malgré dix voix sur onze en faveur de la motion américaine, le projet de résolution ne put être adopté, l'URSS y mettant son [[veto]]. Après une nouvelle initiative américaine à l’ONU, en avril 1953, elle se déclara prête à retirer ses accusations, à condition que les États-Unis, de leur côté, renoncent à demander une investigation. Dès lors, il paraissait clair que les allégations de la Corée du Nord reposaient sur des preuves forgées de toutes pièces. Ce fut effectivement le cas. En effet, des documents soviétiques publiés en 1998 évoquent une mise en scène macabre organisée par les Nord-Coréens et leurs conseillers soviétiques. Ainsi, le 18 avril 1953, le [[Lieutenant-général#Russie|lieutenant-général]] V. N. Razuvaev, ambassadeur soviétique en Corée du Nord, informa [[Lavrenti Beria|Beria]], membre du [[Politburo du Parti communiste de l'Union soviétique|Politburo]] et chef de la Sécurité d'État, le futur [[KGB]], qu’en février/mars 1952, « en collaboration avec des conseillers soviétiques, un plan d’action avait été imaginé par le ministère de la Santé nord-coréen) » et que, par la suite, les mesures suivantes furent prises : mise en quarantaine de régions qu’on prétendait infectées de la peste ; enfouissement de cadavres dans des fosses communes, puis révélation de ces charniers à la presse internationale ; envoi à Pékin de « matériel » en vue de son exhibition, avant l’arrivée prévue des deux commissions internationales<ref>une délégation de juristes membres de la ''International Association of Democratic Lawyers'' et une ''International Scientific Commission for the Investigation of the Facts concerning Bacterial Warfare in Korea and China''</ref> autorisées à l'examiner<ref>{{Lien web|langue=en |url=http://digitalarchive.wilsoncenter.org/document/112026.pdf?v=fba93ab25492b95911e46148adcfb193 |titre= April 18, 1953 Explanatory Note from Lt. Gen. V.N. Razuvaev to L.P. Beria|site=Wilson Center |auteur= |année= |consulté le=31/12/2014 |format=PDF}}.</ref>{{,}}<ref>Cold War International History Project, Virtual Archive : ''Explanatory note from Lt. Gen. V. N. Razuvaev to L. P. Beria''</ref>.
 
Le 2 mai 1953, le [[Kremlin de Moscou|Kremlin]] chargea l’ambassadeur soviétique à [[Pékin]], V. N. Kuznetsov, de transmettre le message suivant à [[Mao Zedong|Mao]] : {{citation|Le gouvernement soviétique et le Comité central du PCUS furent induits en erreur. La diffusion par la presse d’informations concernant l’utilisation par les Américains d’armes bactériologiques en Corée était basée sur des informations fallacieuses. Les accusations contre les Américains étaient fausses<ref name="CWIHP_2">Cold War International History Project, Virtual Archive : ''Resolution of the Presidium of the USSR Council of Ministers. Date : 05/02/1953''</ref>.}} Et, à l’intention du chargé d’affaires soviétique en Corée du Nord : {{citation|Nous recommandons que la question d’une guerre bactériologique […] ne soit plus abordée au sein d’organisations internationales et d’organes de l’ONU. […] Les ouvriers soviétiques impliqués dans la fabrication de la prétendue preuve d’un emploi d’armes bactériologiques seront sévèrement punis<ref name="CWIHP_2"/>.}}
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