« Shantideva » : différence entre les versions

Contenu supprimé Contenu ajouté
Rédacteur Tibet (discuter | contributions)
Dawamne (discuter | contributions)
différentes mef et précisions (+ compléments bibliographie) - supprimé dans RI l'appartenance aux mahasiddhas: 1) pas dans la liste de l'art. WP sur ce sujet 2) pas dans la traduction d'Abhyadatta, éd. Padmakara
Ligne 1 :
{{Infobox Biographie2}}
'''Shantideva''' ([[sanskrit]] शान्तिदेव, [[IAST]] '''Śāntideva''', vers [[685]]-[[763]]) est un [[philosophe]] indien [[madhyamika]], une branche du [[bouddhisme mahāyāna]]. Un des derniers grands maîtres d'expression [[sanskrit]]e, Shantideva jouit d'une considération particulière dans le [[bouddhisme tibétain]]. Il a écrit le ''Śikṣāsamuccaya'' ainsi que le ''[[Bodhicaryāvatāra]]'', une œuvre capitaleessentielle de la tradition bouddhiste indo-tibétaine. Il fait partie des 84 [[Mahāsiddha|mahasiddhas]].
 
== Vie ==
Ligne 7 :
Śantideva fut sans doute un jeune prince de la [[castes en Inde|caste]] de [[kṣatriya]], natif de la région méridionale du Surāṣṭra, dans l'actuel [[Gujarat]], et aurait eu pour père le roi Kalyāṇavraman, appelé aussi Mañjuvarman<ref name="lavis2018">{{Ouvrage |langue=fr |auteur1=Alexis Lavis |titre=La conscience à l’épreuve de l’éveil |sous-titre=Lecture, commentaire et traduction du ''[[Bodhicaryāvatāra]]'' de [[Śāntideva]] |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions du Cerf|Les Éditions du Cerf]] |collection=Sagesses d’Asie |année=2018 |pages totales=546 |passage=30–34 |isbn=978-2-204-12762-2}}.</ref>.
 
D'après certains récits hagiographiques et légendaires, Śāntideva aurait renoncé au trône qu'il devait occuper après une apparition en rêve de [[Mañjuśrī]], le [[bodhisattva]] de la sagesse, la veille de son couronnement, sous la forme de son père récemment défunt, lui expliquant qu’il est son ''[[kalyanamitra|kalyāṇamitra]]''<ref>Amalia Pezzali, ''Śāntideva. Mystique bouddhiste des {{s2-|VII|VIII}}'', Florence, 1968, p. 5.</ref>. Une autre version raconte que sa mère, la veille de son intronisation, lui donna un bain bouillant, lui expliquant que cette douleur n'était rien comparée à celle qui l'attendait en tant que roi<ref>[[Pema Chödrön]], ''Il n'y a plus de temps à perdre'', edÉd. Le Courrier du Livre, 2011, p. 9.</ref>.
 
=== Universitaire ===
[[Fichier:Nalanda University India ruins.jpg|vignette|Le monastère de Nālandā ([[Bihar]], Inde)]]
Il prend alors ses vœux auprès de l’''[[upadhyaya|upādhyāya]]'' Jayadeva et passe douze ans en noviciat intense. Puis ce maitre l’envoie en mission à la cour du roi Madhyadeśa où il devient ''rauta'' (chef militaire) puis ministre durant douze ans<ref name="lavis2018" />. ÀPar la suite, il entre au monastère de [[Nālandā]], le plus important de l'Inde. Śāntideva y est extrêmement discret et il est considéré comme un bon-à-rien, que l'on surnommésurnomm « Bhusuku », littéralement « celui qui ne fait que manger, dormir et faire ses besoins ».
 
La légende de la récitation du ''[[Bodhicaryāvatāra]]'' est la suivante<ref name="dic">Shantideva, ''Vivre en héros pour l'Éveil'', Georges Driessens, Paris, Seuil, coll. "« Points Sagesse", Paris», 1993</ref>{{,}}<ref name="enc">Dictionnaire Encyclopédique du Bouddhisme. [[Philippe Cornu]], ''Dictionnaire encyclopédique du bouddhisme,'' Paris, Seuil, nouvelle éd., 2006, p. 538-539.</ref>.: Ilil était de coutume que les moines récitent devant le roi de la [[Dynastie Pala]] qui régnait sur le [[Bihar]] à l'époque (il s'agirait précisément du roi [[Devapala]]), des [[sutra]]s du [[Bouddha]]. Quand ce fut le tour de « Bhusuku », tout le monde pensait qu'il en serait incapable et qu'il serait chassé du monastère. Shantideva aurait prié la veille toute la nuit [[Manjusri]], le bodhisattva de la sagesse, en récitant son [[mantra]]. Manjusri lui apparut en personne durant la nuit. Le lendemain, le roi lui demanda de réciter un [[sutra]]. Il répondit à la surprise générale : « dois-je exposer un sutra déjà connu ou bien un qui n'ait pas été révélé ? ». Toute l'assemblée s'étant mise à rire, le roi compris, ce dernier lui demanda un nouveau sutra. Shantideva se mit alors à réciter tout le ''Bodhicaryāvatāra''. Quand il en arriva au chapitre IX qui porte sur la philosophie [[Madhyamaka]], au moment précis où il dit : « Quand ni la réalité ni la non-réalité ne se présentent plus à l'esprit... », il s'éleva dans le ciel en présence de [[Manjusri]]. Alors que toute l'université avait réalisé qu'il était le plus grand des maîtres, Shantideva refusa de revenir à [[Nalanda]] mais indiqua où il avait mis la version écrite de l'œuvre. Il reçoit alors le nom de Shantideva, qui signifie « Dieu de la paix ».
 
=== Grand maitre bouddhiste ===
Ligne 19 :
* apaisement et pacification de conflits ;
* offrande de nourriture aux hétérodoxes et leur conversion ;
* offrande de nourriture à 1000mille mendiants ;
* conversion du roi ;
* défaite de Śaṅkaradeva.
 
== Œuvre ==
== ''Bodhicaryāvatāra'', œuvre primordiale ==
À part une ''Anthologie des Sutra'', perdue, on connaît deux œuvres de Shantideva: ''Shîkshâmuccaya'' (Recueil d'enseignements, Accumulation des préceptes) et ''[[Bodhicaryāvatāra]]'' (Entrée dans la carrière de l'Éveil). La tradition lui attribue cependant aussi plusieurs œuvres [[tantrisme|tantriques]].
 
=== ''Bodhicaryāvatāra'', œuvre primordialemaîtresse ===
Le ''[[Bodhicaryāvatāra]]'' (''L'entrée dans la pratique du [[Bodhisattvabodhisattva]]'') est une œuvre majeure du [[bouddhisme mahāyāna]] à plus d'un titre<ref name="dic" />{{,}}<ref name="enc" />. Tout d'abord, la qualité littéraire y est très élevée. D'autre part, le chapitre IX est un condensé majeur de toute la philosophie bouddhiste indienne, Shantideva adoptant le point de vue [[madhyamika#Évolutions au Tibet|madhyamika prasangika]]. Ce chapitre, quasiment incompréhensible sans explications, a fait l'objet d'un nombre considérable de commentaires par les maîtres tibétains. Enfin, le texte est un hymne extraordinaire à la compassion universelle et explique un très grand nombre de pratiques qui servent de base au ''[[lodjong]]''. Le ''lodjong'' est l'entraînement de l'esprit à la compassion dans la tradition bouddhiste tibétaine<ref>Le ''lodgong'' est expliqué en partie, dans ''Le livre tibétain de la vie et de la mort'' de [[Sogyal Rinpoché]] (surtout dans le chapitrechap. XII) , Éditions de. La Table Ronde (19932003, puis 2003 pour la nouvelle édition augmentée), Éditeurreprise LgfLe (2005,Livre nouvellede éditionPoche, augmentée2005), {{ISBN|2253067717}}</ref>{{,}}<ref>[[Chögyam Trungpa Rinpoché]], ''lL'entraînement de l'esprit'', éditionsParis, du seuilSeuil, pointscoll. « Points Sagesses sagesses», 1998.</ref>. Cet entraînement est basé sur un très grand nombre de pratiques où l'on apprend à abandonner l'égoïsme et à considérer les autres comme plus importants que soi même. Une de ces pratiques, tirées à l'origine du ''Bodhicaryāvatāra'', est la pratique de [[tonglen]] où l'on décide de prendre toute la négativité et les souffrances pour soi et de donner tout le bonheur aux autres. Le ''Bodhicaryāvatāra'' est, en fait, le manuel du [[Bodhisattva]] dans la tradition indo-tibétaine.
 
Le chapitre III du ''[[Bodhicaryāvatāra]]'' porte précisément sur le développement de la pensée altruiste, le [[Bodhicittabodhicitta]]. Shantideva y dit par exemple :
 
{{double image|right|Ajanta Padmapani.jpg|155|Indischer Maler des 7. Jahrhunderts 001.jpg|167|Les [[Bodhisattvabodhisattva]] [[Avalokiteśvara]] et [[Vajrapani]]. peinturesPeintures d'[[Ajantâ]] réalisées sous la, dynastie [[Vakataka]],. styleStyle [[Empire Gupta|Gupta]].}}
 
{{citation bloc|Puissé-je être<br>
Ligne 61 ⟶ 63 :
Pour ceux qui désirent traverser les eaux ! (III, 18)<ref name="dic" />.}}
 
L'ouvrage prouve le lien très fort entre la pensée [[Madhyamaka]] qui porteau surcœur de laquelle se trouve la notion de vacuité, ([[Śūnyatā]],) de tous les phénomènes et la pensée altruiste de l'idéal du [[Bodhisattva]].
 
== BibliographieNotes et références ==
{{Références}}
=== Œuvres ===
À part une ''Anthologie des Sutra'', perdue :
* ''Shîkshâmuccaya'' (Recueil d'enseignements, Accumulation des préceptes)
* ''[[Bodhicaryāvatāra]]'' (Descente dans la carrière de l'Éveil),
** {{Ouvrage |langue=fr |auteur1=Alexis Lavis |titre=La conscience à l’épreuve de l’éveil |sous-titre=Lecture, commentaire et traduction du ''[[Bodhicaryāvatāra]]'' de [[Śāntideva]] |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions du Cerf|Les Éditions du Cerf]] |collection=Sagesses d’Asie |année=2018 |pages totales=546 |isbn=978-2-204-12762-2}}
** ''Bodhicaryāvatāra. La Marche vers l'Éveil. Nouvelle traduction'', [[Comité de traduction Padmakara|Comité Padmakara]], Saint-Léon-sur-Vézère (France), 2007 ({{2e|édition}}), 231 p.
** ''Vivre en héros pour l'Éveil'', trad. Georges Driessens, Seuil, coll. "Points Sagesse", Paris, 1993.
** ''La marche à la lumière. Bodhicaryāvatāra, poème sanskrit de çântideva'', trad. Louis Finot, Bossard, 1920 ; rééd. 1987 [https://fr.wikisource.org/wiki/Livre:Finot_-_La_Marche_%C3%A0_la_lumi%C3%A8re,_Bodhicaryavatara,_po%C3%A8me_sanskrit_de_Cantideva.djvu]
** ''Introduction à la pratique des futurs Bouddhas, poème de Cântideva'', trad. Louis de La Vallée Poussin, Paris, Bloud et C°, 1907, 144 p. [https://archive.org/details/bodhicaryvatrain00vbsn]
*Sur le « chapitre de la sagesse » (chp. IX) du ''[[Bodhicaryāvatāra]]'' en particulier et ses commentaires tibétains :
**Douglas S. Duckworth (intr. and transl. by), Künzang Sönam, ''The Profound Reality of Interdependence'' – ''An Overview of the Wisdom Chapter of the'' Way of the Bodhisattva, Oxford University Press, 2019. [Étrangement, le traducteur ne paraît pas vraiment conscient du fait qu'il n'est pas le premier à traduire un commentaire tibétain de ce chapitre…]
**Stéphane Arguillère (trad.), Mipham, ''L'Opalescent Joyau – Nor-bu ke-ta-ka'', Fayard, « Trésors du Bouddhisme », 2004.
**Comité de traduction Padmakara (trad.), Khenchen Kunzang Palden / Minyak Kunzang Seunam, ''Comprendre la vacuité'', Éditions Padmakara, 1993.
 
== Voir aussi ==
La tradition lui attribue également plusieurs œuvres [[tantrisme|tantriques]].
 
=== Bibliographie ===
 
==== Traductions ====
** ''Bodhicaryāvatāra. La Marche vers l'Éveil. Nouvelle traduction'', Saint-Léon-sur-Vézère, [[Comité de traduction Padmakara|Comité Padmakara]], Saint-Léon-sur-Vézère (France), 2007 ({{2e|édition}}), 231 p.
** ''Vivre en héros pour l'Éveil'', trad. Georges Driessens, Paris, Seuil, coll. "« Points Sagesse", Paris», 1993.
* ''La marche à la lumière. Bodhicaryāvatāra, poème sanskrit de çântideva'', trad. [[Louis Finot (orientaliste)|Louis Finot]], Bossard, 1920 ; rééd. Deux Océans, 1987 {{Lire en ligne|lien=https://fr.wikisource.org/wiki/La_Marche_%C3%A0_la_lumi%C3%A8re,_Bodhicaryavatara|consulté le=23 août 2024|texte=Lire sur fr.wikisource.org}} / {{Lire en ligne|lien=https://fr.wikisource.org/wiki/La_Marche_%C3%A0_la_lumi%C3%A8re,_Bodhicaryavatara|consulté le=20 août 2024|texte=Voir l'édition de 1920 avec les ill. d'Henriette Tirman}}
** ''Introduction à la pratique des futurs Bouddhas, poème de Cântideva'', trad. [[Louis de La Vallée-Poussin|Louis de La Vallée Poussin]], Paris, Bloud et C°, 1907, 144 p. [{{Lire en ligne|lien=https://archive.org/details/bodhicaryvatrain00vbsn]/page/n1/mode/2up|consulté le=23 août 2024}}
* {{Ouvrage|langue=en|traducteur=Cecil Bendall & W. H. D. Rouse|titre=Siksha-samuccaya. A Compendium of Buddhist Doctrine|lieu=Londres|éditeur=John Murray|année=1923|année première édition=1903|pages totales=328|lire en ligne=https://archive.org/details/sikshasamuccayac00sant/page/n5/mode/2up}}
 
==== Études sur Shantideva ====
 
=== Études sur Shantideva ===
* Abhayadatta, ''Mahāsiddhas. La Vie de 84 sages de l'Inde'', traduit par le [[Comité de traduction Padmakara|Comité Padmakara]]. Éditions Padmakara, 2003. 239 p. {{ISBN|2-906949-27-2}}
* Abhayadatta, ''La vie merveilleuse de 84 grands sages de l'Inde ancienne'', trad. du tibétain par Djamyang Khandro Ahni, éd. du Seuil, Paris, 2005.
* {{Lien web |langue=en |auteur=Charles Goodman |titre=Śāntideva |url=https://plato.stanford.edu/entries/shantideva/ |site=plato.stanford.edu |périodique=Stanford Encyclopedia of Philosophy |date=2016 |consulté le=23 août 2024}}
* Khentchen Kunzang Palden et Minyak Kunzang Seunam, ''Comprendre la vacuité. Deux commentaires du chapitre IX de 'La Marche vers l'Éveil' de Shântideva'', Comité de traduction Padmakara, Padmakara, 1993, 252 p. Khentchen Kunzang Palden (1897-1940) est l'auteur de commentaires et d'ouvrages historiques.
* {{Lien web |langue=en |auteur=Amod Lele |titre=Śāntideva (fl. 8th c.) |url=https://iep.utm.edu/santideva/ |site=iep.utm.edu |périodique=Internet Encyclopedia of Philosophy |date=2007 |consulté le=23 août 2024}}
* Khentchen Kunzang Palden et Minyak Kunzang Seunam, ''Comprendre la vacuité. Deux commentaires du chapitre IX de '' La Marche vers l'Éveil' ''de Shântideva'', Comité de traduction Padmakara, Padmakara, 1993, 252 p. {{Commentaire biblio|Khentchen Kunzang Palden (1897-1940) est l'auteur de commentaires et d'ouvrages historiques.}}
** {{Ouvrage |langue=fr |auteur1=Alexis Lavis |titre=La conscience à l’épreuve de l’éveil |sous-titre=Lecture, commentaire et traduction du ''[[Bodhicaryāvatāra]]'' de [[Śāntideva]] |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions du Cerf|Les Éditions du Cerf]] |collection=Sagesses d’Asie |année=2018 |pages totales=546 |isbn=978-2-204-12762-2}}
* Amalia Pezzali, ''Shântideva, mystique bouddhiste des {{s2-|VII|VIII}}'', Florence, Vallecchi Editore, 1968, XVIII-161 p.
 
*==== Sur le « chapitre de la sagesse » (chpchap. IX) du ''[[Bodhicaryāvatāra]]'' en particulier et ses commentaires tibétains : ====
== Références ==
 
{{Références}}
**{{En}} Douglas S. Duckworth (intr. and transl. by), Künzang Sönam, ''The Profound Reality of Interdependence'' – ''An Overview of the Wisdom Chapter of the'' Way of the Bodhisattva, Oxford University Press, 2019. [{{Commentaire biblio|Étrangement, le traducteur ne paraît pas vraiment conscient du fait qu'il n'est pas le premier à traduire un commentaire tibétain de ce chapitre…]}}
**Stéphane[[Jamgon ArguillèreJu Mipham Gyatso|Mipham]] (trad. et présenté par [[Stéphane Arguillère]]), Mipham, ''L'Opalescent Joyau (Nor-bu ke-ta-ka)'', Fayard, « Trésors du Bouddhisme », 2004.
**Comité de traduction Padmakara (trad.), Khenchen Kunzang Palden / Minyak Kunzang Seunam, ''Comprendre la vacuité'', Éditions Padmakara, 1993.
 
=== Liens externes ===
{{Autres projets | wikisource = Auteur:Shantideva | wikisource titre = Shantideva | commons = Category:Shantideva |commons titre=Shantideva | q= Shantideva }}
 
Ce document provient de « https://fr.wikipedia.org/wiki/Shantideva ».