Gabrielle d'Estrées
Gabrielle d'Estrées, née au château de la Bourdaisière ou au château de Cœuvres probablement vers 1573[1], et morte à Paris dans la nuit du 9 au , devient la maîtresse et favorite d’Henri IV en 1591.
Naissance |
Vers 1573 Château de Cœuvres ou de la Bourdaisière |
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Décès |
Nuit du 9 au Paris |
Pays de résidence | Frankreich |
Ascendants |
Antoine d'Estrées, marquis de Coeuvres et Françoise Babou de La Bourdaisière |
Conjoint |
Concubine d'Henri IV |
Descendants |
Biographie
Elle est la fille d'Antoine d'Estrées, baron de Boulonnois, vicomte de Soissons et Bersy, marquis de Cœuvres, gouverneur de l'Île-de-France (Grand-maître de l'artillerie sur une très courte période) et de Françoise Babou de La Bourdaisière.
Le , le siège de Paris s'étirant en longueur, Roger de Bellegarde, grand écuyer de France, veut présenter sa maîtresse Gabrielle d'Estrées au roi, ils partent tous deux au château de Cœuvres où habite Gabrielle (son père, Antoine d'Estrées, est marquis de Cœuvres[2]).
Henri IV conçoit pour elle une vive passion. Gabrielle lui résiste plus de six mois, mais finit par lui céder le 20 janvier 1591 au siège de Chartres. Il la marie par souci des conventions à Nicolas d'Amerval de Liancourt, baron de Benais, puis demande à ce que le couple divorce pour la rendre libre, l'appelle à la cour, crée pour elle le duché de Beaufort et comble d'honneurs tous ses parents. Elle reçoit de Henri IV les titres de marquise de Montceaux, puis de duchesse de Beaufort. Au château de Montceaux, à Montceaux-lès-Meaux (Seine-et-Marne), elle construit de nouveaux bâtiments, notamment les quatre pavillons d'angle.
Le projet de mariage qu'entretient Gabrielle d'Estrées avec Henri IV, est empêché par le Pape Clément VIII plutôt hostile à la répudiation de Marguerite de Valois, épouse du roi depuis 1572. Cette dernière s'y oppose également, même si elle est séparée du roi de longue date. Sachant que cette décision entraînerait le mariage d'Henri IV avec la belle Gabrielle, au passé sulfureux, et dont la liaison adultère a déjà produit trois enfants, le Saint-Siège s'inquiète des possibles problèmes de succession qui pourraient se présenter entre la descendance adultérine, que le Pape aurait dû légitimer sans trop savoir comment, et celle issue du futur mariage du roi. La morale de l'Église se voit aussi sérieusement mise à mal dans cette affaire, d'autant plus que le 23 février 1599 lors d'une fête au Louvre, il annonce son intention d'épouser Gabrielle en lui offrant l'anneau de son sacre. « La presque reine » est détestée aussi bien par le peuple que par l'aristocratie à cause de ses nombreuses dépenses (robes, bijoux, hôtel de Schomberg en face du Louvre). Elle est l'objet de nombreux pamphlets qui lui valent le surnom de « duchesse d'ordure » et de « putain »[3].
La mort surprenante de la favorite du roi met un terme au problème. Enceinte de quatre mois du quatrième enfant d'Henri IV, elle est prise de terribles convulsions dans la nuit du 9 au , après avoir copieusement dîné chez le financier Sébastien Zamet (il est parfois fait allusion à une citronnade bue par Gabrielle). On soupçonne qu'elle a été empoisonnée. Mais l'hypothèse la plus probable est qu'elle aurait été victime d'apoplexie foudroyante ou d'éclampsie puerpérale[4]. Certains affirment même qu'elle a été étranglée par le Diable[5] tant son agonie est terrible et son apparence physique épouvantable. Les témoins racontent que son visage révulsé noircit au point de la rendre totalement méconnaissable. Son aspect est tel que l'on arrête le roi à Villejuif alors qu'il accourt pour la voir de Fontainebleau, où il séjourne, afin de lui éviter un spectacle si horrible. Ses obsèques sont célébrées dans l'église Saint-Germain-l'Auxerrois avec les honneurs liés à son rang. Elle est enterrée dans le chœur de l'église de l'abbaye de Maubuisson, dirigée par sa sœur Angélique d’Estrées.
Après sa mort, Henri IV rachète le domaine à ses héritiers et l'offre à Marie de Médicis à l'occasion de la naissance du futur Louis XIII.
Portrait
Gabrielle d’Estrées, la « presque reine », « blonde, dorée, d’une taille admirable, d’un teint d’une blancheur éclatante » (Mademoiselle de Guise), « blonde aux yeux bleus, aux sourcils admirablement dessinés, avenante et potelée » (François Bluche), « belle mignonne un peu fade et sans trop d’esprit » (Jean-Pierre Babelon), a, du fait même de son destin tragique dans lequel certains ont voulu voir un empoisonnement voire la main du démon, fasciné tant ses contemporains que la postérité. Ainsi Agrippa d’Aubigné, pourtant généralement avare de compliments, salue en elle celle qui pousse le roi à rédiger et signer l’édit de Nantes : « C’est une merveille, comment cette femme de laquelle l’extrême beauté ne sentait rien de lascif, a pu vivre en reine plutôt qu’en concubine tant d’années et avec si peu d’ennemis. Les nécessités de l’État furent ses seules ennemies ».
Jules Michelet, qui a examiné son portrait au crayon par Daniel Dumonstier au cabinet des Estampes de la Bibliothèque nationale de France, la décrit ainsi : « Elle est étonnamment blanche et délicate, imperceptiblement rosée. L’œil a une indécision, une "vaghezza" qui dut ravir et qui pourtant ne rassure pas[6]. »
Regards des contemporains
Au lendemain de sa mort, Henri IV écrit : « Mon affliction est aussi incomparable que l'était le sujet qui me la donne. Les regrets et les plaintes m'accompagneront jusqu'au tombeau. La racine de mon cœur est morte et ne rejettera plus... »
La belle Gabrielle a droit à des funérailles royales. Le roi porte le deuil en s'habillant tout de noir, ce qui n'était pas permis aux rois de France.
Descendance
Henri IV et Gabrielle d'Estrées auront :
- César ( à Coucy –1665), duc de Vendôme, marié en 1609 à Françoise de Lorraine-Mercœur;
- Catherine Henriette ( à Rouen –1663), dite « Mademoiselle de Vendôme », mariée à Charles II de Lorraine, duc d'Elbeuf et comte d'Harcourt ;
- Alexandre ( à Nantes –1629), dit le « Chevalier de Vendôme ».
Notes et références
- Arlette Jouanna (dir.), Histoire et dictionnaire des guerres de religion, 1559-1598, Robert Laffont, 1998 (coll. « Bouquins »), p. 898.
- Chevalier des ordres du roi en 1578, grand-maitre de l'artillerie en 1596, et chargé du gouvernement de La Fère en Picardie, de Paris et de l'Ile-de-France pour sa belle défense de Noyon contre le duc de Mayenne, en 1593.
- Jean-François Solnon, « Henri IV : le roi de cœur », émission Secrets d'histoire, 14 août 2012.
- Jean-Pierre Babelon, op. cit., p. 665.
- Roland Villeneuve, Dictionnaire du Diable, Pierre Bordas & Fils.
- Jean-Pierre Babelon, Henri IV, Fayard, 1982, p. 628-629.
Voir aussi
Bibliographie
- François Eudes de Mézeray, Abrégé chronologique de l'Histoire de France, 3 volumes, Chez Claude Robustel, Paris, 1717.
- Maximilien de Béthune Sully, Mémoires du duc de Sully, Chez Étienne Ledoux, Paris, 1828.
- Marie-Nicolas Bouillet et Alexis Chassang (dir.), « Gabrielle d'Estrées » dans Dictionnaire universel d’histoire et de géographie, (lire sur Wikisource)
- Wolfram Fleischhauer, Die Purpurlinie, Stuttgart, 1996. (traduction française: La ligne pourpre, Paris, JC Lattès, 2005). Ouvrage semi-académique en forme de roman sur la vie de Gabrielle d'Estrées.
Articles connexes
- Liste des maîtresses des rois de France
- Avenue de la Belle-Gabrielle
- Pour Antoine d'Estrées, père de Gabrièle et pour son château : Cœuvres-et-Valsery
Liens externes
- Sur Gabrielle d’Estrées par Louis-Pierre Anquetil
- La mort de Gabrielle d'Estrées par Jules Loiseleur, dans la Revue historique de janvier 1872, tome 11, sur le site de Gallica (La mort de Gabrielle d'Estrées fut-elle le résultat d'un crime ?)
- À propos des différents portraits peints de Gabrielle d'Estrées, sur la Boîte à Images
- Critique du tableau
- La rose Gabrielle d'Estrées (duchesse de Verneuil)