Georges Painvin

cryptographe français

Georges Jean Painvin (né à Paris le [1] - mort à Paris le ) est un géologue et industriel français, surtout connu comme le cryptanalyste qui a réussi à casser le chiffre ADFGVX utilisé par les Allemands durant la Première Guerre mondiale.

Biographie

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Les débuts

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Ancien élève de l'École polytechnique et de l'École des mines de Paris et ingénieur du corps des mines, il exerce le métier de professeur en géologie et paléontologie pendant plusieurs années jusqu'à ce que sa carrière soit interrompue par la guerre en 1914. Painvin n'a aucune formation en cryptologie, mais se passionne pour ces « chiffres »[réf. souhaitée]. Il se lie d'amitié avec le capitaine Paulier qui lui fait découvrir les télégrammes et les systèmes de communication.

Première cryptanalyse

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Painvin demande qu'on lui remette des textes chiffrés transmis par les Allemands et ne tarde pas à se faire connaître. Le , il propose une méthode, le système ARC, qui permet de retrouver la clé employée pour le chiffrement et ceci avec un seul texte.

Painvin est alors transféré au « Cabinet noir », le service du chiffre qui l'occupera jusqu'à la fin de la guerre. Il se concentre ensuite sur les chiffres de la marine allemande, puis de la marine austro-hongroise jusqu'alors complètement incompréhensibles. Il réussit à les casser, permettant une chasse aux sous-marins allemands plus efficace. Les troupes allemandes utilisent plusieurs systèmes, mais cela ne décourage pas Painvin, au contraire. Accompagné du colonel Olivari, il s'attaque au chiffre ABC. Après deux semaines de travail, les deux cryptanalystes parviennent à reconstituer le système malgré les faux messages volontairement envoyés par les Allemands.

En 1917, les Allemands introduisent le KRU. Plus complexe, avec une clé par armée, il sera néanmoins l'objet d'une analyse méticuleuse de la part de Painvin et du capitaine Guitard.

Le « Radiogramme de la Victoire »

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Durant le printemps 1918, Paris est sans cesse bombardée par les Gothas allemands et l'artillerie lourde. Les Français n'arrivent pas à percer le nouveau chiffre ADFGVX utilisé par les Allemands et ne peuvent pas prédire les attaques. Le , Painvin découvre les deux clés utilisées et comprend le système allemand. Il s'était appuyé pour cela sur des messages datés du 1er avril.

Mais, au plus mauvais moment de la guerre, le système se complexifie dès le par l'ajout de la lettre V à la méthode de chiffrement. Painvin part du principe que cette lettre correspond aux chiffres de 0 à 9 et se remet au travail. Il découvre des particularités entre les messages. Après un travail acharné de 26 heures, il réussit à reconstituer la grille et la permutation utilisée pour le chiffrement, et parvint ainsi à le déchiffrer.

Le , Painvin fournit aux hautes instances de l'armée française un message déchiffré envoyé le en direction des avant-postes allemands dans la région de Remaugies, au nord de Compiègne. Le texte, plus tard appelé « Radiogramme de la Victoire », se présentait sous cette forme chiffrée :

FGAXA XAXFF FAFVA AVDFA GAXFX FAFAG DXGGX AGXFD XGAGX GAXGX AGXVF VXXAG XDDAX GGAAF DGGAF FXGGX XDFAX GXAXV AGXGG DFAGG GXVAX VFXGV FFGGA XDGAX FDVGG A

Une fois déchiffré on lit en allemand le texte suivant :

Munitionierung beschleunigen Punkt Soweit nicht eingesehen auch bei Tag

La traduction française du radiogramme chiffré ci-dessus est :

Hâtez l'approvisionnement en munitions, le faire même de jour tant qu'on n'est pas vu ».

Le message fut transmis au quartier général de Foch, qui fut convaincu de l'imminence de l'attaque sur Compiègne. Les dernières troupes de réserve furent placées autour de la ville et repoussèrent l'attaque. Painvin s'effondre après la remise du message, exténué par tous ces efforts.

Il sera fait Chevalier de la Légion d'honneur à titre militaire le . Il ne pourra toutefois pas en parler, car les activités du service du chiffre étaient sous couvert du secret pendant 50 ans. En , la contribution de Painvin à l'effort de guerre sera décrite par le général Desfemmes. Le , il est élevé au grade de Grand Officier de la Légion d'honneur.

L'inventeur du chiffre, le colonel allemand Nebel, n'apprendra la nouvelle qu'en 1967. Herbert Yardley dans The American Black Chamber dira de Painvin :

« Le capitaine Georges Painvin, le plus grand expert en code qu'ait eu la France, génie analytique de premier ordre, avait une manière de résoudre les messages en code qui tenait de la sorcellerie... »

Après 1918

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Georges Painvin poursuivra ses activités de professeur pendant l'entre-deux-guerres.

Il est président de plusieurs sociétés, et participe en particulier à la forte croissance de la Société d’électrochimie, d'électrométallurgie et des aciéries électriques d'Ugine dans les années 1920, dont il a été nommé directeur général en 1922.

La société mobilise de nouvelles méthodes d'électrochimie pour produire à grande échelle les premiers aciers inoxydables à prix abordables, aidée par René Marie Victor Perrin (1893-1966), qui met au point le procédé Ugine-Perrin, dont les dérivés seront toujours à la pointe de la technologie, 40 ans après lors de l'inauguration du complexe sidérurgie géant de Fos-sur-Mer.

Plusieurs articles ont étudié son activité pendant l'Occupation. En plus d'Ugine, il préside le Crédit commercial de France de 1941 à 1944. Il est président du Comité d'organisation des industries chimiques, ainsi que de la Chambre de Commerce de Paris (à partir de ). Il est considéré comme « un industriel de grande envergure, qui travaille très sincèrement et très honnêtement avec les services allemands »[2]; et, « dans l’esprit de beaucoup de personnes, M. Painvin passait pour favorable au régime »[3].

Sous le coup de deux instructions pour faits de collaboration devant la cour de justice de la Seine et le CNIE (Comité national interprofessionnel d'épuration), il remet sa démission de président et d'administrateur d'Ugine le [3].

En 1948, il s'installe à Casablanca où lui est confiée en 1950 la présidence de l'Omnium Nord-Africain, étant aussi président délégué de la Société chérifienne d’exploitation d’ouvrages maritimes, de la Société chérifienne du plâtre et membre de la chambre de commerce et d’industrie de Casablanca[3].

Il revient en France en 1962 et meurt en 1980 à 93 ans.

Notes et références

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  • Cet article contient tout ou une partie d’un document provenant du site Ars Cryptographica. L’auteur autorise Wikipédia à utiliser les textes présents sur son site si la source originale est mentionnée.
  1. Archives en ligne de Paris, 16e arrondissement, année 1980, acte de décès no 64, cote 16D 258, vue 9/31.
  2. H. Rousso, « Les élites économiques dans les années quarante », Mélanges de l'École française de Rome. Moyen-Age, Temps modernes, vol. 95, no 2,‎ , p. 29-49 (lire en ligne).
  3. a b et c Hervé Joly, « Mobilités patronales dans l'après-guerre et impact de l'épuration », HAL, vol. alshs-00537154,‎ (lire en ligne), Marc Bergère, L’Épuration économique en France et à la Libération, Rennes, Presses universitaires de Rennes,

Liens externes

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