Grève de février 1941

grève générale à Amsterdam pour protester contre les rafles de Juifs

La grève de février 1941 (en néerlandais : Februaristaking, soit « grève de février ») est une grève générale de la population à Amsterdam qui dure deux jours, les 25 et 26 février, pour protester contre les rafles de Juifs par l'occupant nazi.

Rafle de Juifs à Amsterdam.

Elle amène à la paralysie de la ville le second jour, avec des mouvements similaires dans les autres villes de la région, notamment Zaandam, Haarlem, Velsen, Hilversum, Bussum, Weesp, Muiden et Utrecht. Organisée par le Parti communiste des Pays-Bas, elle est soutenue par une grande majorité des habitants de la capitale néerlandaise. Trois organisateurs sont exécutés par les nazis au Waalsdorpervlakte, un lieu-dit près de La Haye, où durant l'occupation, plus de 250 résistants néerlandais trouveront la mort, fusillés par les nazis.

Description de l'événement

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Le tract annonçant la grève.

Au début de la Seconde Guerre mondiale, la population juive aux Pays-Bas compte plus de 140 000 personnes recensées. Plus de trois quarts des Juifs seront déportés. Amsterdam, plus grande agglomération du pays, avait notamment une importante communauté juive qui réside dans des quartiers tel le Plantage et autour de la Waterlooplein.

En février débutent les premières rafles à Amsterdam, organisées par le gouverneur autrichien des Pays-Bas, Arthur Seyss-Inquart, à la suite d'affrontements de rues dans le quartier juif de la Waterlooplein provoqués par le parti nazi néerlandais, le NSB et son bras armé, les WA (Weerbaarheidsafdelingen) à partir du .

Le Reichskommissar Seyss-Inquart est très peu accepté de la population amstellodamoise : rares sont ceux qui adhèrent au NSB. Le début des arrestations de Juifs provoque ainsi un mouvement contestataire de la population amstellodamoise le  : une réunion en plein air est organisée sur le Noordermarkt, afin d'organiser une résistance pacifique contre la ségrégation des Juifs. Les communistes, pourchassés par les Allemands, impriment des tracts pour appeler à la grève générale dès le lendemain matin. Les premiers grévistes sont les conducteurs du tramway d'Amsterdam, rejoints par les fonctionnaires des autres services municipaux dont le personnel enseignant. Le grand magasin De Bijenkorf se met également en grève. Le , 300 000 personnes défilent ainsi, bloquant la vie de la ville et prenant les occupants nazis par surprise.

Bien que le suivant, la police allemande mène des opérations de répression pour empêcher toute nouvelle manifestation, cet acte est le premier de grande ampleur de Résistance contre les nazis aux Pays-Bas. Les Allemands démettent de leurs fonctions les officiels municipaux dont le bourgmestre Willem de Vlught, les remplaçant par des sympathisants.

Reconnaissance

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La ville d'Amsterdam est collectivement remerciée et honorée par Israël comme Justes parmi les nations dans le mémorial de Yad Vashem, un arbre et une plaque en gardent la mémoire[N 1].

Notes et références

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  1. Au total, en 2021, 5 collectifs ont été honorés par Yad Vashem : la grève de 1941 à Amsterdam, l'organisation Zegota en Pologne, le village néerlandais de Nieuwlande, celui de Le Chambon-sur-Lignon, et la résistance danoise.

Références

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Bibliographie

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  • Bernard Frederick, « Grèves aux Pays-Bas de février 1941 : ce peuple qui se dressa contre la persécution des juifs », L'Humanité,‎ (lire en ligne  ).
  • (en) David B. Green, « This Day in Jewish History », Haaretz,‎ (lire en ligne).
  • Guus Meershoek, « La résistance à Amsterdam pendant l'occupation allemande », Bulletin de l'Institut d'Histoire du Temps Présent, no 8 « La Résistance et les Français : Villes, centres et logiques de décision »,‎ , p. 19-31 (lire en ligne  ).
  • (en) Peter Romijn, « The Experience of the Jews in the Netherlands During the Nazi Occupation », dans Dutch Jewry: Its History and Secular Culture, 1500-2000, Leyde, Brill, , p. 260-261.
  • (nl) Benjamin Aaron Sijes, De februari-staking, 25–26 februari 1941, La Haye, Nijhoff, .
  • (de) Nanda van der Zee (trad. Bram Opstelten), „Um Schlimmeres zu verhindern…“. Die Ermordung der niederländischen Juden. Kollaboration und Widerstand, Munich, Hanser, .

Voir aussi

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Articles connexes

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Liens externes

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