Louis Salleron

écrivain français, théoricien catholique de droite

Louis Salleron, né le à Sèvres et mort le à Versailles, est un écrivain français, théoricien catholique de droite. Écrivain, chroniqueur, il a collaboré à de nombreux périodiques de l'entre-deux-guerres à sa mort.

Biographie

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Louis Salleron est l'un des neuf enfants de l'architecte René Salleron[1] et le petit-neveu de Léon Salleron. Il est le frère de Paul Salleron, le benjamin de la famille, journaliste et résistant, plus connu sous le pseudonyme de « Paul Sérant », et le père de douze enfants dont trois prêtres[Note 1].

Du magistère maurrassien à la « jeune droite »

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Son éducation est catholique ; à partir de ses quinze ans, il prend pour conseiller spirituel (et futur ami) un moine bénédictin, Dom Aubourg[2]. Formé au collège privé Stanislas puis à l'Institut catholique, il est licencié ès lettres et docteur en droit. Il a été « pétri d'humanités gréco-latines, nourri de philosophie thomiste »[3].

Il préside en 1924-1925 l’Association des étudiants de l’Institut catholique de Paris. Son premier discours fut combatif, dans le contexte du Cartel des gauches : « Nous serons les témoins du Christ, de la civilisation chrétienne menacée, mais non pas des témoins passifs: nous voulons agir ! Si nous sommes attaqués, nous saurons nous défendre». En , il promet « par une assistance plus fréquente aux messes du premier vendredi du mois, une participation plus grande aux activités de l’AEIC » et souhaite que « nombreux soient les étudiants qui délaisseront les études profanes pour embrasser l’état sacerdotal »[4].

Il fut dans sa jeunesse un jeune maurrassien, sous l'influence notamment de Dom Aubourg qui cependant lui conseille de ne pas rejoindre les Camelots du roi[5]. Il a été conférencier des étudiants d’Action française de Paris en 1924, en présence de Charles Maurras, à propos des idées d’Ernest Seillière, affirmant que « la force avec laquelle il dénonce la folie mystique qui court depuis Jean-Jacques [Rousseau] à nos jours en fait un allié de l’Action française » et concluant ainsi sa conférence: « Qui le lit est bien préparé à recevoir la doctrine maurrassienne. C’est de quoi surtout nous le louons. Il préférerait peut-être un autre genre d’éloge. Pour nous, c’est le plus beau que nous lui puissions faire »[6]. Il devient en 1926 le secrétaire de Jacques Bainville à La Revue universelle, une revue maurrassienne[7]. Pendant ses études universitaires à la « Catho », en tant que président de l’association des étudiants de l’Institut (A.E.I.C.), il cosigna avec le président des étudiants d’Action française de l’Institut (Rémy Rousseau, un ami) une « lettre de fidélité » à Maurras, ce qui provoqua selon ses souvenirs un « beau tumulte » et son renvoi de l'Institut. La lettre est publiée dans L'Action française le 23 janvier 1927[8],[9],[10]. Cette lettre s’inscrit dans le contexte de la condamnation de Maurras et de l’Action française par la papauté en 1926. Il cosigne en mai avec les membres du comité de l’AEIC une autre lettre adressée à l’archevêque de Paris, le cardinal Dubois, à la suite du défilé parisien en l’honneur de Jeanne d’Arc : des étudiants de l’Institut sont venus chercher les « collégiens » de collèges libres (de Sainte-Croix de Neuilly notamment) pour qu’ils défilent ensemble dans le cortège traditionnel mené par l’Action française, et non dans le défilé des mouvements catholiques. Une vingtaine de collégiens ont été exclus de leur établissement car ils ont enfreint « les ordres donnés » en prenant part au cortège de la ligue royaliste. Salleron et ses amis protestèrent : « Si c’est une faute contre la discipline qu’on retient contre nos jeunes camarades, nous pensons que le sentiment qui les animait les rachète entièrement ». Leur lettre fut publiée dans L’Action française, qui en profita pour dénoncer les autorités de l’Église[Note 2].

Il rencontre à partir de 1928 une étudiante en droit, adhérente de l'Action française, Marie-Thérèse Babled, qu'il épouse à Paris le 24 janvier 1929[11].

S'il s'éloigne ensuite du magistère de Maurras, il participe néanmoins au numéro spécial de la Revue universelle consacré au jubilé littéraire de Maurras, en 1937, signant un article intitulé « Maurras, défenseur de la Cité ». Selon lui, « ce ne sont pas seulement les royalistes mais tous les esprits libres qui saluent en Maurras un défenseur de la Civilisation ». Plus tard, dans les années 1950, il déclarera : Maurras était « un des rares types qui aient eu une cervelle politique » tout en soulignant : « Je n’ai jamais été très engagé dans l’Action française, parce que cela ne correspondait pas tout à fait à ce que je désirais : c’était trop restreint comme horizon politique »[12].

De 1935 à 1938, il est rédacteur en chef du Courrier royal (40 000 abonnés en 1935), l'organe du comte de Paris. Sous son impulsion, le mensuel se transforme en hebdomadaire[13]. Il collabore aux revues de la Jeune Droite d'inspiration maurrassienne : La Gazette française (no 1, , bimensuelle puis hebdomadaire en 1925), Combat (1936-1939) de Jean de Fabrègues et Thierry Maulnier, l'hebdomadaire L'Insurgé (du au ), Civilisation, Idées (-), de à (6 articles) et à l'hebdomadaire Demain, fondé par Jean de Fabrègues à Lyon en .

Mais il a aussi écrit dans des journaux et revues d’une droite plus traditionnelle dans les années 1930, le quotidien Le Jour de Léon Bailby - il en est brièvement le rédacteur en chef en 1936[14] -, la revue mensuelle La Belle France, en 1936-37, et La Revue hebdomadaire de François Le Grix.

Il enseigne l'économie politique à l'Institut catholique de Paris à partir de 1937, à la demande du recteur, le cardinal Alfred Baudrillart, un ami de sa famille, qui l'avait exclu en 1927.

Un militant agrarien et corporatiste

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Louis Salleron intègre en 1929 la Société des agriculteurs de France de la rue d'Athènes à Paris. Il est rédacteur en chef de sa revue, ce qui lui procure un revenu stable[15]. Il joue un rôle important, dès les années 1930, dans le mouvement syndical paysan de droite : la « rue des pyramides » et la « rue d'Athènes », c'est-à-dire l'UNSA (Union nationale des syndicats agricoles). Il est secrétaire général de l'association générale du Crédit mutuel agricole et codirecteur du périodique de l'UNSA Syndicats paysans. Son livre Un régime corporatiste pour l'agriculture, issu de sa thèse et publié en 1937, contient les bases de la théorie corporatiste appliquée à l'agriculture.

Toutefois, il était prévu qu'il donne un exposé en 1939 au Centre international pour la rénovation du libéralisme (CIRL), fondé à la suite du colloque Walter Lippmann de 1938[16].

Louis Salleron est l’un de ces Français qui entendent profiter de la défaite de 1940, de l’effondrement de « tout un système », du fait que « l’individualisme libéral, démocratique et parlementaire s’est avéré sans vigueur en face de forces neuves », pour espérer voir triompher enfin les causes qui leur sont chères. En l’occurrence le corporatisme, puisqu’il milite pour le voir triompher depuis plusieurs années et qu’il préconise dès août, dans une série d’articles en « une » de L'Ouest-Éclair : « Un ordre moderne est appelé à remplacer l’ordre ancien et (…) a déjà reçu son véritable nom, il est corporatif ». Mais dès l’automne, il est conscient des deux dangers qui menacent le corporatisme : « l’ardeur des néophytes » qui veulent aller trop vite et les dangers nés des « nécessités du ravitaillement », qui amèneraient à masquer sous l’appellation d’organisation corporative « un système d’ensemble de réglementations des marchés agricoles » qui ne serait qu’un « étatisme intégral », ce qui s’est passé puisque le ministère de l’agriculture a de plus en plus pris le pas sur la Corporation paysanne[17]. Il a contribué à la création de la Corporation paysanne, née en , qu’il voulait fonder dans une optique corporatiste traditionaliste. En 1941, il est nommé par le régime de Vichy délégué général à la Commission d'organisation corporative paysanne, chargé des questions économiques et sociales.

Il entend alors convaincre les agriculteurs de l’importance de la Corporation paysanne, dans ses articles, ses conférences et ses livres, comme La terre et le travail (1941) ou Naissance de l’État corporatif (1942), se réjouissant qu’elle se situe « à l’opposé du libéralisme anarchique et de l’étatisme dévorant ». Son rêve, c’est aussi l’institution d’un État corporatif, qui doit reconnaître « l’existence de communautés naturelles, de « corps » ayant des droits premiers antérieurs à la volonté contractuelle comme à toute volonté législatrice » : la famille, le métier, la région. Cet État doit en priorité et par définition « s’attacher, pour la sauvegarde de la personne humaine, à fortifier la famille et tous les groupes naturels » car la « personne humaine ne peut s’épanouir que si l’existence des groupes naturels est reconnue au même titre que la personne individuelle ». Le « seul point qui le distingue totalement » de tous les autres régimes politiques, ce n’est pas la suppression du Parlement – mais le parlementarisme a abouti « à la guerre, à la défaite et au chaos » écrit-il -, « c’est la répudiation de l’individualisme, celui de la Déclaration des droits de l’homme, qui a mené la France « à la ruine »[18].

Il s’est opposé à certaines décisions du ministère de l'agriculture, comme la nomination d’anciens parlementaires comme délégués régionaux de la Corporation paysanne, en 1942, car pour lui, ils sont les tenants de l’ancien système et de la politique qui a divisé le monde paysan avant 1940, et il pesta auprès de Claude Mauriac contre les dirigeants de la Corporation, « menée à sa perte par des incapables »[19]. Toujours est-il qu’il est resté dans l’organisation corporative, pour s’occuper de problèmes divers, ceux de la formation des cadres et de la presse. Il fit partie du comité de direction de l’organe officiel de la Corporation, Syndicats corporatifs paysans, qui prit la suite de Syndicats paysans. Et il est le directeur de l’École des cadres de la Corporation à partir de , membre en 1943 du comité de gestion de la caisse nationale de crédit agricole et membre à titre consultatif du comité d’action sociale dans les campagnes. Désigné membre en du Comité consultatif de la famille, il œuvra la même année à la création du Centre national de la famille rurale (CFNR), né dans le giron de la Corporation paysanne mais en réaction à la volonté de l’État de contrôler la Corporation.

Il a aussi enseigné à l'Institut d'études corporatives et sociales de Maurice Bouvier-Ajam et a été nommé en 1941 membre du Conseil national par le régime de Vichy.

Il reste en contact avec Claude Mauriac, devenu secrétaire particulier du général de Gaulle fin . Il vint le trouver pour essayer de sauver par son entremise « ce qui peut être sauvé de la Corporation paysanne ». Il le rencontre encore en octobre, notant que le général de Gaulle « a alors pour lui tous les gaullistes…et tous les pétainistes ». Le fils de François Mauriac, qui dit admirer « le brio de cet esprit ruisselant d’idées », le présente ainsi en , au moment du procès du maréchal Pétain : il est « de l’espèce honnête, avec une lucidité déviée par des certitudes anciennes qu’il n’acceptera jamais de réviser » ; et il souligne « son amertume bien naturelle à un non-résistant (au sens officiel du mot) ». Louis Salleron lui affirmant que « ce que le pays pardonne difficilement à de Gaulle, c’est de jouer avec tant d’application et de rigueur la règle d’un jeu auquel chacun sent bien, au fond, qu’il ne croit pas et dont chacun sait aussi que, ne correspondant plus à rien de réel, il risque de perdre la France. Car la démocratie n’est plus qu’un mythe et un mythe dangereux s’il permet le camouflage de ses plus funestes ennemis [les communistes, à n’en pas douter] »[20].

Il échappe à l'épuration de la Libération. La Croix annonce en juin 1945 qu'un arrêté publié au Journal officiel le destitue de ses fonctions auprès de la Corporation paysanne, à l'instar d'autres personnalités (Hervé Budes de Guébriant, Henri Dorgères, Adolphe Pointier, Rémy Goussault)[21].

Un intellectuel catholique de droite dans les débats de l'après guerre

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Professeur, conférencier, animateur du CEPEC et collaborateur de nombreux périodiques

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Il reste professeur d'économie politique à l'Institut catholique de Paris jusqu'en 1957.

Il est au début des années 1950 le secrétaire et l’inspirateur d’un groupe patronal constitué autour du secrétaire général de la Télémécanique, Henri Migeon, le Comité pour l’amélioration des relations humaines dans l’économie (CARHEC), fondé en . Le CARHEC s’est signalé à l’origine par une déclaration d’intention élaborée principalement par Salleron et par une conférence de Migeon, puis en 1952 par une journée d’études organisée à Versailles, avec une communication de Salleron : « Principe et substance des relations humaines ». L’esprit du CARHEC apparaît bien dans cette affirmation de Migeon : « Améliorer la rémunération du personnel, (…) lui faciliter l’exécution de son travail, l’armer professionnellement, c’est bien, c’est même très bien, mais ce n’est encore rien (…) si ces mesures ne sont pas réalisées en vue d’une union profonde d’homme à homme, en vue de la poursuite d’une fin commune, en vue d’une intégration dans un bien commun »[Note 3],[22].

Après avoir quitté en 1957 son poste de professeur à la Faculté de droit et de sciences économiques de l’Institut catholique, Salleron est devenu directeur des études et de la formation au Centre d’études et d’organisation (CEO) de Versailles, où il réside depuis 1936[Note 4]. Le CEO a été fondé et animé par l’ingénieur Marcel G. Mouget (1896-1964) en 1938, jusqu’à son décès le 22 avril 1964 à Aix-en-Provence. Mouget a été l’un des deux vice-présidents du CARHEC au début des années 1950. Lui succède à la tête du CEO son frère, Fernand Mouget (1902-1988)[Note 5].

Après la guerre, il donne des conférences et écrit de nombreux articles dans plusieurs périodiques. Il entre en 1947 au comité de rédaction de la revue Fédération, l'organe de l'association fédéraliste La Fédération. Il est l'un des associés en de la société éditant cette revue et le rédacteur en chef durant trois ans, jusqu'en 1954. Il a côtoyé ses animateurs à l'Institut d'études corporatives durant l'Occupation[23],[24]. Il fait partie en 1950 de l'équipe fondatrice de la petite revue trimestrielle Sources, aux côtés notamment de catholiques « unis par le travail et l'amitié et désireux de faire passer leur foi dans leurs actes » comme Jacques Warnier, président du Centre des jeunes patrons (CJP) et ancien militant du corporatisme chrétien, Henri Migeon, Jean Predseil, secrétaire général du CJP, Jean de Fabrègues, Jean Daujat, Pierre Loyer, autre ancien partisan du corporatisme chrétien, ancien directeur du service de l'artisanat au ministère de la production industrielle au temps du régime de Vichy et ancien militant catholique antimaçon, André Romieu, qui fut le premier directeur de l'Office des comités sociaux, Pierre Pasquet, de la Confédération nationale de la famille rurale, le polytechnicien Yvan Téqui, futur DG de la SCAC[Note 6],[25],[26].

Il collabore à de nombreuses autres revues parmi lesquelles La Revue française de l’élite, aux côtés de membres de l’Institut et d’anciens disciples de Maurras[27], la revue mensuelle gaulliste et anticommuniste de Claude Mauriac, Liberté de l’esprit - signant 5 articles de 1949 à 1952[28],[29] -, Les Études sociales, publiée par la Société d’économie et de sciences sociales, qui regroupe les disciples de Le Play[30], la vénérable Revue des Deux Mondes de Claude-Joseph Gignoux, Itinéraires (revue catholique traditionaliste) de Jean Madiran, dès son lancement en 1956, les Écrits de Paris. Il a participé à un débat de la revue La Table ronde sur « le catholicisme et la politique » avec Stanislas Fumet, Edmond Michelet et Bourbon-Busset en 1966.

Il collabore aussi à des périodiques royalistes : le Courrier français (1948-1950) (mensuel du comte de Paris), La Nation française, hebdomadaire néo-maurrassien de Pierre Boutang, jusqu'en 1965 (il tient cette année-là durant plusieurs mois la chronique « Le laïc dans l'Église »). Ainsi qu'à des hebdomadaires généralistes : l’éphémère hebdomadaire Le Présent (1952-53)[31], France catholique de Jean de Fabrègues, l'hebdomadaire grand public Carrefour - il y publie des articles ainsi qu’un billet anonyme, intitulé « L’homme de la rue », suivi plus tard par un autre, « le laïc dans l’Église ». Il écrit aussi des articles dans le quotidien L’Aurore à la fin des années 1970. Le quotidien Le Monde a parfois publié ses « libres opinions » ou certains de ses courriers adressés au journal, consacrés essentiellement à des questions religieuses, des années 1950 aux années 1980[32].

En 1949, l'épiscopat français l'envoie en mission en Palestine avec trois autres catholiques, Jean Rodhain, secrétaire général du Secours catholique, l'orientaliste Louis Massignon, professeur au Collège de France, et Robert Barrat, rédacteur en chef adjoint de Témoignage chrétien, pour enquêter sur les réfugiés arabes, à la suite de la naissance d'Israël en 1948 et de la guerre israélo-arabe de 1948-1949[33],[34].

Il est l'un des premiers membres français d'une association transnationale conservatrice et catholique, le Centre européen de documentation et d'information (CEDI) dans les années 1950[35],[36].

Depuis 1952 au moins, Salleron se désole que les patrons français sont « congénitalement assurés que, pour vivre heureux, il faut vivre caché » et leur recommande au contraire de se consacrer à des activités civiques qui leur donneraient l’occasion de s’expliquer devant leurs compatriotes[37]. Il s'associe alors aux projets d'un autre intellectuel, René Gillouin, protestant, et de patrons protestants comme Georges Laederich ou catholiques comme Marcel Demonque pour fonder en 1954 le Centre d'études politiques et civiques (CEPEC), dont il est l'un des principaux animateurs jusqu'aux années 1970. D'abord directeur des études du CEPEC jusqu'en octobre 1955, il en est ensuite l'un des vice-présidents[38]. Il publie en 1963 le livre La France est-elle gouvernable ? Propos politiques et civiques, aux éditions de l’Esprit nouveau et diffusé par France-Empire. C’est un recueil de quinze de ses conférences données au comité d'études du CEPEC.

Engagements politiques : autorité, libertés, Algérie française, fédéralisme

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Comme membre de La Fédération, il participe au Congrès de La Haye en 1948 ; il y préconise comme « principe de l’unité de l’Europe » celui « des droits de l’homme et de la Cour suprême ». Il a publié plusieurs articles dans Fédération sur ce sujet entre 1949 et 1953[39]. Pour que les libertés soient respectées par l’État gaullien, Salleron déclare en 1960 :

« Pour ma part, voici une douzaine d’années que je préconise que puisqu’il est question de bâtir l’Europe, on la bâtisse sur la Justice et non pas sur la Souveraineté. La Souveraineté définit l’État. Par conséquent tant qu’il y aura des États, ils seront souverains, même si cette souveraineté est réduite à peu de choses par des conventions internationales et par la pression des faits. C’est une voie sans issue sur laquelle on a essayé de bâtir l’Europe sur le transfert de la souveraineté des États à la souveraineté de la communauté continentale. On n’a abouti à rien. Au contraire, on pourrait aboutir en confiant à une Cour européenne de justice la protection des libertés fondamentales. »

Il note le « pas important » réalisé par la signature à Rome, le , d’une convention européenne des Droits de l’homme et des libertés fondamentales, qui prévoit la constitution d’une Cour européenne des droits de l'homme, qui existe depuis et « commence timidement à fonctionner ». Il faudrait « que les individus et les collectivités puissent saisir directement cette Cour de toute violation des libertés ». Il se prononce donc pour « l’affirmation de principes de justice et leur construction en institutions supranationales conformes à une éthique du Droit des gens ». Le recours direct à la Cour de justice européenne fut d’ailleurs une des rares propositions concrètes parmi celles émises dans ses« Propositions pour un régime nouveau » de 1963. Cela aurait deux avantages. Le « droit européen des personnes effectivement incarné dans une institution qui l’assure » permettrait d’une part de « fonder l’Europe politique sur la prééminence de la justice » et de lui donner « une consistance » « face au péril totalitaire », et d’autre part de distinguer mieux l’Europe de l’Ouest du monde communiste. Salleron souligna que « ni le nombre de nos habitants, ni nos ressources énergétiques, ni notre capacité industrielle ne nous permettent de rivaliser avec des nations de dimension continentale » et que, dès lors, « la seule conclusion à laquelle puisse conduire l’examen des réalités chiffrées, c’est (…) la construction européenne, sur l’architecture de laquelle on peut différer d’avis mais qu’on ne pourrait refuser sans faire preuve d’irréalisme »[40]. C’est en partie son antiétatisme qui explique son adhésion au projet européen. En 1967, il l’oppose à « ce qui nous tue économiquement, (…) l’étatisme, le bureaucratisme (sic), le socialisme planificateur et tatillon » et appelle à ne pas « céder à la tentation de nous replier dans notre jardin national ». L’intégration européenne doit permettre de « manifester nos qualités en nous plongeant dans le bain des contacts, des échanges et des compétitions »[41].

Il s'est cependant opposé à la Communauté européenne de défense (CED), contrairement aux animateurs de la Fédération, signant en 1954 un appel de 14 personnalités, à la demande de Michel Debré[42],[43].

Salleron a rédigé pour le CEPEC en 1956 un projet de réforme de la constitution, préconisant l'élection du président du conseil au suffrage universel et le renforcement des pouvoirs du président de la République[44]. Il accepte l'arrivée au pouvoir du général de Gaulle en 1958. Quelque temps avant le référendum de 1958, alors qu’il ne connaît que l’avant-projet soumis au Comité consultatif constitutionnel, il juge ainsi :

« Les Français sont unanimes pour demander l’autorité et la stabilité gouvernementale. Ils se rendent parfaitement compte que la France ne saurait exister sans cela. (…) Mais les Français veulent en même temps qu’autorité et stabilité ne deviennent pas dictature. Ils tiennent aux libertés fondamentales. »

Il considère que l’avant-projet « répond bien dans son ensemble à l’attente des Français », estimant qu’il « donne lustre et prestige à la présidence de la République, fortifie le Gouvernement et replace le Parlement dans sa fonction principale d’organe législatif » et qu’il « constitue le système le plus démocratique du monde, aussi éloigné que possible de la dictature et de ses menaces ». Jugeant aussi, quatre ans avant la réforme de 1962, que « les partisans de l’élection directe du président du conseil font peser sur la république et la démocratie une menace beaucoup plus grande que le général de Gaulle ». Et donc, il convient « d’admirer la loyauté et le courage du général », d’autant qu’il « n’y a que lui pour rendre « possible » de la manière qu’il fait le « nécessaire d’un Exécutif fort »[45].

Mais assez rapidement, il écrit en 1961 que « le bienfait de l’unité nationale qu’incarne le général de Gaulle nous paralyse depuis de longs mois » et « Plus je vais, plus de Gaulle me fait peur », en raison de son « credo politique » et de son tempérament : « Le Parlement est réduit à rien. Les ministres sont de vagues secrétaires du patron. (…) tel fonctionnaire honnête est révoqué comme un chien ». Il évoque même « l’engrenage dictatorial sous sa pire espèce », celui des liens directs entre « les masses et le chef »[46]. Salleron a appelé à voter « non » au référendum français sur l'élection au suffrage universel du président de la République d', devant cette « opération entachée d’illégalité et d’inconstitutionnalité » : il n’y a « pas d’autre solution que de voter « non » ; (…) le « non » est un « non » à la violation de la Constitution car c’est ainsi et pas autrement que se pose la question »[47].

S'ajoutent à cette évolution les déceptions nées de la politique gaullienne en Algérie. Salleron s’exprime dans les colonnes de La Nation française pour défendre l’Algérie française et critiquer le général de Gaulle[48]. C’est que ses conceptions fédéralistes et européennes sont fondées dès la première moitié des années 1950 sur la conviction qu’il faut « souder l’Afrique à l’Europe dans le groupe occidental » car « l’Afrique, et naturellement l’Afrique du Nord, sera la perte ou le salut de la France et de l’Europe »[49]. Comme un autre animateur du CEPEC, l'essayiste protestant René Gillouin, il signe un manifeste d'intellectuels de droite en en réaction au Manifeste des 121. Il vote « non » au référendum sur l'autodétermination de l'Algérie de [50] et au référendum sur les accords d'Évian d', parce qu'il n'est que « duperie et mensonge » et qu'il est « illégal et anticonstitutionnel »[51],[52]. Salleron témoigne au début de 1963 au procès du lieutenant-colonel Jean Bastien-Thiry, responsable de l’attentat du Petit-Clamart contre de Gaulle en . Bastien-Thiry, abonné à la revue Itinéraires, a tenté de concilier son acte avec sa foi catholique en s’appuyant sur la notion de tyrannicide. Or Salleron a publié un article dans Carrefour sur l’Église et le tyrannicide. C’est à ce titre qu’il figure parmi les témoins à décharge. Lors de son audition, il se défend d’avoir abordé cette question mais il accuse les « grandes autorités religieuses » de n’avoir pas assez « fait entendre leur voix dans une époque où toutes les grandes valeurs qui sont l’honneur d’un pays étaient bafouées ». Il déplore l’absence de paroles « qui éclairent la conscience d’un pays, qui, en soulageant cette conscience, peuvent empêcher des actes qui ensuite apparaissent comme une nécessité biologique d’un pays qui n’a pas entendu les voix salvatrices ou vengeresses, des actes qui peuvent être aberrants au point de vue de la légalité, (…) qui sont considérés comme blâmables ». Autant dire que la tentative d’assassinat du général de Gaulle n’est pas blâmable en soi et qu’il en rejette la responsabilité sur la hiérarchie catholique. Et d’ailleurs l’avocat Jean-Louis Tixier-Vignancour ne s’y trompa pas puisqu’il conclut :

« J’y ajouterai une petite observation pour M. Salleron : Est-ce qu’aujourd’hui les consciences chrétiennes ne sont pas devenues folles parce que la justice bafouée, l’honneur bafoué [comprendre : par l’abandon de l’Algérie] n’ont jamais été vengés par une seule parole de la hiérarchie ? L’Église est-elle une Église de la vérité ou du mensonge, est-elle l’Église de Dieu ou l’Église de César ?[53]. »

Il défend au CEPEC ses thèses fédéralistes, en faveur d'une décentralisation et d'une désétatisation : « Dire décentralisation, c'est dire désétatisation. Il ne s'agit donc pas d'une orientation à modifier, mais d'une révolution à faire » contre « le courant technocratique », car « la France s'étatise de plus en plus, faisant ainsi obstacle à la fois au fédéralisme interne que consacrerait la promotion des régions, et au fédéralisme externe, que consacrerait l'organisation de l'Europe »[54]. Face aux pouvoirs du président de la République, il convient d'instaurer une Cour suprême « dotée de toutes les garanties pour juger de la constitutionnalité des lois et des actes gouvernementaux »[55]. Il s'abstient au Référendum sur la réforme du Sénat et la régionalisation de 1969 : « Insensible aux partis, je m'abstiendrai, comme je me suis abstenu en 1962 [il avait pourtant appelé à voter "non"], et pour la même raison: ma conscience m'interdit d'accomplir un acte contraire à la constitution »[56].

Il prend parti pour la liberté de l'enseignement en 1959 dans Carrefour et La Nation française, lors des débats qui vont mener à la Loi Debré de 1959[57].

On le trouve à un colloque « Pour une riposte au socialisme » en 1982, organisé par les milieux d'Action française[58].

Corporatisme, capitalisme et réforme de la propriété

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Salleron se dit toujours favorable au corporatisme dans les années 1950. La revue Sources à laquelle il collabora a été selon Olivier Dard le dernier bastion d’un corporatisme sur le déclin après la guerre[59]. La revue Itinéraires s’est livrée à une « enquête sur la corporation » en 1958, à l’initiative de Marcel Clément, interrogeant des intellectuels de droite sur le corporatisme. C’est que Madiran s’indigne de ce que le corporatisme est passé sous silence par les catholiques progressistes, alors qu’il fait partie de l’enseignement pontifical. Salleron s’interroge : la question principale est de savoir si « la corporation a encore un sens dans le monde moderne ». Sa réponse est positive : le corporatisme lui parait même « plus valable aujourd’hui qu’hier ». Il s’agit toujours d’espérer un « capitalisme indépendant de la philosophie individualiste et libérale », par refus de donner « une valeur absolue à l’individu et à la liberté ». L’économie doit être « dirigée vers des fins », les « valeurs de la civilisation occidentale – individu, liberté, propriété – ne sauront sauvées que par une philosophie générale de la société – philosophie qui est celle de l’ordre corporatif », c’est-à-dire de « l’ordre chrétien ». Il souhaite donc une « économie qui mélangera le statut corporatif, la liberté concurrentielle et le plan régulateur sous l’inspiration profonde d’une philosophie transcendantale et finaliste »[60].

Dans ses articles publiés dans la revue Idées, durant l’Occupation, il célébrait évidemment le corporatisme de la Révolution nationale, parce qu’il permet d’ajuster les deux principes majeurs auxquels il tient, qui sont les deux principes fondamentaux défendus par le CEPEC, l’autorité et la liberté. Mais sans rejeter pour autant l’économie de marché, car le marché garantit la liberté, et en prônant la propriété privée[61]. Dans son ouvrage paru en 1949, L’Économie libérale, il déplore le déclin du libéralisme :

« Le libéralisme économique, écrit-il, était dur mais sauvait tout de même un grand morceau de liberté réelle. S'il avait su se discipliner, s'il avait su accepter sa subordination aux règles supérieures de la justice, sa situation (et la nôtre) serait aujourd'hui moins tragique. Son péché mortel n'a pas été de croire au profit, au capital, à la liberté, mais de croire que le jeu mécanique du profit, du capital, de la liberté déterminerait spontanément le meilleur ordre social. C'était une profession de foi intégralement matérialiste. »

Ce qu’il rejette et condamne, c’est effectivement le matérialisme, et le libéralisme qui fait de l’individu un absolu. Or il est convaincu que l’individu est une « personne », insérée dans des cercles qui le dépassent, comme la famille et la nation – les fameux corps intermédiaires -, et qu’il a des devoirs. En 1951, dans son ouvrage Les catholiques et le capitalisme, un recueil des principaux textes des libéraux classiques, dans lequel il affirme que les catholiques « n’ont jamais assimilé le capitalisme », il entend « sauver l’intelligibilité du système libéral et en montrer la robustesse d’ensemble, voire l’actualité » alors que l’économie libérale « entre dans la clandestinité » : « Pourquoi M. André Philip, (..) ou le maréchal Staline lui-même nous dégoûteraient-ils de Quesnay, d’Adam Smith et de Ricardo ? On est toujours en bonne campagne avec les classiques ». Il écrivait alors que si le capitalisme aurait dû être « libéré des erreurs qui le vicient – libéralisme, individualisme, exploitation du prolétariat, corruption du pouvoir politique » et que « la propriété privée et la séparation de l’Economique et du Politique (…) sont les supports de la liberté individuelle »[62]. Salleron restera hostile au libéralisme pur et au néolibéralisme à l’américaine, écrivant par exemple dans Permanences en 1978 :

« Quel est le fort et le faible de ce néolibéralisme américain ? Rien d’autre que le fort et le faible du libéralisme traditionnel. Le fort ? Évidemment la critique de l’étatisme et de la bureaucratie. (...) Le faible ? Le faible, c’est (…) l’erreur radicale de la philosophie libérale dans sa conception de l’homme et de la société[63]. »

Depuis la fin de la guerre, il réfléchit sur la signification de la propriété et milite pour une « diffusion de la propriété »[64] dans ses articles[65], ses livres[66], des réunions, notamment au CEPEC, en France[67] et dans l'Espagne franquiste : Salleron déclara à une conférence à Barcelone, où il avait été invité par des industriels catalans :

« En conclusion, je dirai que si l’on croit à la vertu de la propriété privée, si l’on croit à la nécessité de marquer la distinction entre le secteur politique et le secteur économique, si l’on croit enfin aux bienfaits du régime capitaliste considéré dans sa technicité et non pas dans la philosophie libérale qui a présidé à sa naissance, je pense et je prétends que l’ouverture de la propriété capitaliste (…) est la seule voie du progrès – et j’entends d’un progrès qui soit tout à la fois technique, économique, social et politique, c’est-à-dire totalement humain[68]. »

Salleron tient à la « valeur irremplaçable de la propriété comme pivot juridique de toutes les réformes d’ordre économique et social »[69]. En 1967, Georges Laederich, président du CEPEC, souligne que le CEPEC, sous l’impulsion de Salleron, a toujours « marqué son intérêt pour la participation des travailleurs à l’expansion économique et à la large diffusion de la propriété en capital ».

Le catholique traditionaliste et anticommuniste

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Salleron représenta à la Fédération puis au CEPEC « le catholicisme traditionaliste » ; c’est un catholique qui a « toujours été exaspéré par la confusion d’esprit de ceux qui croient pouvoir concilier le catholicisme et le marxisme »[70]. Il a bataillé contre le « modernisme » dans l’Église, la « tendance démocrate-chrétienne » et la « subversion marxiste » : de son article de 1936 dans La Revue hebdomadaire, dans lequel il taxe Jacques Maritain de « marxiste chrétien » à ses articles dans Carrefour et dans Itinéraires. Ils furent critiqués par les démocrate-chrétiens. Dominique Borne, dans Terre humaine et dans le quotidien L'Aube, considéra Salleron, le « théologien de Carrefour », comme l’un de ces « publicistes sans mandat, catholiques et français bien entendu » qui « (crient) au progressisme et au modernisme » contre « tout ce qui dans le catholicisme est recherche, initiative, mouvement », dans le contexte notamment du débat sur les prêtres ouvriers. Témoignage chrétien protesta aussi contre les articles de Salleron[71]. Dans les années 1950, il critique les prises de position sur le marxisme et le communisme, jugées trop complaisantes, du Père jésuite Michel Bigo, directeur de la Revue de l’action populaire et de l’Institut d’études sociales[72].

Il a participé à la semaine des intellectuels catholiques, du Centre catholique des intellectuels français (CCIF), à des conférences consacrées à Simone Weil en 1949 et à un débat en 1951, mais qui s’est mal passé ; son intervention sur les « iniquités de l’ Épuration » a choqué et le comité directeur a décidé de « corriger » son texte dans un sens moins véhément, mais Salleron a exigé que son texte soit retranscrit dans son intégralité. Depuis, il se déchaîne contre le CCIF lorsqu’il invite des conférenciers partisans de la décolonisation, en 1958 notamment dans ses articles de Carrefour et de La Nation française[73]. Lors de « l'affaire Pax » en 1964[74], Salleron écrit dans Carrefour : « Scandale, chaque jour et partout, d'un progressisme triomphant sur les tribunes et dans les publications catholiques. Pax a bien travaillé et le comte Piasecki [son dirigeant, accusé par les catholiques de droite d'être un agent soviétique] peut être félicité par le parti communiste »[75]. La même année, il traduit l'ouvrage de l'évêque anglican John Arthur Thomas Robinson, Honest to God, afin de montrer où mène le progressisme chrétien. Ce que lui reproche La France catholique et ce qui l'amène à polémiquer avec la revue des jésuites Études, pour qui Salleron « ne cache pas ses opinions intégristes extrêmes »[76]

Il s'oppose aux réformes issues du concile Vatican II[Note 7]. Il participe à certaines des initiatives prises par Jean Ousset, Jean Madiran, Michel de Saint Pierre et André Giovanni, du magazine Le Monde et la vie, auquel il collabore. Il assiste avec son épouse et l'un de ses fils, le carme Joseph de Sainte-Marie, aux congrès de l'Office international des œuvres de formations civiques et d'action doctrinale selon le droit naturel et chrétien de Jean Ousset, à Lausanne. Il y rencontre ses proches amis Marcel de Corte, Gustave Thibon, l'amiral Paul Auphan. Il y donne une conférence en 1965 sur l'information[77]. Interrogé par un journaliste suisse sur sa présence, il répond : « J'estime qu'il est aujourd'hui victime d'un ostracisme injuste de la part des milieux catholiques sociologiquement installés »[78]. Il tente de gagner des intellectuels catholiques à leurs initiatives. Au printemps 1966, Itinéraires lance une pétition adressée aux évêques français pour leur demander le rétablissement du « consubstantiel » dans la traduction française du Credo de la messe. Salleron écrit alors à Henri-Irénée Marrou en mai :

« Avec quelques catholiques de la « base », nous organisons une pétition aux évêques (…). Pour appuyer cette pétition, nous voudrions les noms d’une dizaine, au maximum, de personnalités connues des milieux catholiques (…). Le plus difficile n’est pas d’avoir ces signatures mais qu’elles tolèrent leur voisinage mutuel. Stanislas Fumet à qui j’ai téléphoné hier accepterait si vous-même (…) acceptiez de votre côté pour « équilibrer » Massis ou Mauriac qui ont déjà accepté, (…) Thibon, si j’arrive à le joindre, un ou deux professeurs de l’Institut catholique et moi-même[79]. »

En vain. Outre Salleron, la pétition est signée en 1967 par François Mauriac, qui pourtant tenait Salleron pour « un journaliste d'extrême droite »[80], Massis, Thibon, l'économiste Daniel Villey, l'historien Roland Mousnier, Pierre de Font-Réaulx (doyen de la faculté de droit de l'Institut catholique), Stanislas Fumet, Jacques de Bourbon Busset, Maurice Vaussard[81]. Et il prend part à la réunion à la Mutualité du , présidée par l’amiral Auphan, avec comme autres orateurs Madiran, Ousset, Giovanni, Saint-Pierre et Marcel de Corte. Un meeting destiné à démontrer qu’ils ne sont « ni des isolés dans la nation, ni des minoritaires dans l’Église », selon l’expression de Madiran. Auphan souligna l’enjeu : « C’est toute la civilisation qui est menacée dans son esprit et dans ses structures ». Salleron, lui, souligna l’anniversaire de l’encyclique anticommuniste Divini Redemptoris, « un anniversaire d’une pleine et lumineuse actualité »[82]. Il s'oppose au nouveau catéchisme[83]. Et plaide pour la restauration de la liturgie catholique post-tridentine, la « messe de saint Pie V », et critique la nouvelle liturgie, affirmant que les « réformes souhaitées (pour le concile) se sont noyées dans le flot révolutionnaire ». Il publie son premier article contre la nouvelle messe le , dans l'hebdomadaire Carrefour. Il écrit par exemple dans la préface de La nouvelle messe :

« Centrée sur la Nouvelle Messe, la réforme liturgique consiste simplement dans l'abolition de fait du Concile de Trente et dans la conversion du catholicisme au protestantisme, sous les espèces de l'œcuménisme. Telle est du moins la première étape, celle à laquelle on est actuellement parvenu, la suivante devant être l'institution de la Religion nouvelle à quoi conduit la révolution permanente qui est l'esprit de la Réforme liturgique[84]. »

Il participe les 7 et à Versailles, où il réside, au « congrès des silencieux de l’Église » du royaliste Pierre Debray[85],[86], au congrès de l'Office à Lausanne en 1972, présidant une conférence de Marcel De Corte sur « la vertu de force contre la violence révolutionnaire »[87]. Il figure au comité de patronage de l’association Credo, fondée par Michel de Saint Pierre en 1975, avec le colonel Rémy et l’amiral Gabriel Auphan notamment[88],[89]. Il collabore aux périodiques des catholiques traditionalistes : à la revue de Jean Ousset Permanences, à Itinéraires encore[90], au quotidien Présent de Madiran.

Dans les années 1970, il apporte son appui à Mgr Lefebvre dans l’affaire du séminaire d’Écône - où enseigne l'un de ses fils, Georges - qui oppose le prélat au pape Paul VI. Il s'entretient avec lui dans la France catholique ()[91] et signe le une lettre d'intellectuels français catholiques (avec Michel de Saint Pierre, Michel Droit, Jean Dutourd, Henri Sauguet, le colonel Rémy, Michel Ciry, Gustave Thibon) adressée au Pape Paul VI au sujet des sanctions prises contre Mgr Lefebvre et son séminaire d'Écône, dans laquelle ils déclarent que les fidèles « ne reconnaissaient plus leur religion dans certaine liturgie et certaine pastorale nouvelles » ainsi que dans « le catéchisme qu'on enseigne maintenant à leurs enfants, dans le mépris de la morale élémentaire, dans les hérésies professées par des théologiens écoutés, dans la politisation de l'Evangile »[92],[93]. Mais il reste finalement fidèle à Rome et ne rejoint pas dans leur démarche les partisans de Mgr Lefebvre réunis dans la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X.

Inconnu aujourd'hui du grand public, il est cependant cité par les revues ou blogs des cercles catholiques traditionalistes. Une de ses petites-filles, religieuse dominicaine enseignante des Sœurs du Saint Nom de Jésus de Fanjeaux, intégrées à la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X et membres du Tiers-Ordre de Saint Dominique, lui consacre une biographie publiée en 2023.

Publications

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  • Un régime corporatif pour l'agriculture, Dunod, 1937
  • La terre et le travail, Librairie Plon, 1941
  • Naissance de l'état corporatif: dix ans de syndicalisme paysan, Bernard Grasset, 1942 (Lire le début en ligne sur Gallica)
  • Réflexions sur le régime à naître, Desclée de Brouwer, 1944
  • Six études sur la propriété collective, Le Portulan, 1947
  • L'économie libérale, Les Grandes études politiques et sociales, A. Fayard, 1949
  • Un jeune catholique devient communiste, malgré les cordiaux avertissements de Louis Salleron, La Jeune Parque, 1949
  • Les Catholiques et le capitalisme, La Palatine, 1951
  • L'Automation, Que sais-je ?, PUF, 1957
  • Autorité et commandement dans l'entreprise, Volume 5 de "Méthodes et philosophie de l'organisation", Éditions de l'Entreprise Moderne, 1960
  • La France est-elle gouvernable ? Propos politiques et civiques, L'Esprit nouveau, 1963 (recueil de ses conférences au CEPEC)
  • Dieu sans Dieu (Honest to God), NEL, 1964 (traduction et préface de L. Salleron)
  • L'organisation du pouvoir dans l'entreprise: participation, démocratie, Entreprise moderne d'édition, 1966
  • La nouvelle messe, Collection Itinéraires, Paris, Nouvelles éditions latines, 1970, 188 p.
  • Essai sur le principe de population [de] Malthus: analyse critique, Volume 204 de Profil d'une œuvre, Hatier, 1972
  • Libéralisme et socialisme du XVIIIe siècle à nos jours, Club du livre civique, 1977[Note 8]
  • Ce qu'est le mystère à l'intelligence: propos sur la foi, Ed. du Cèdre, 1977 (articles remaniés d'Itinéraires et de La Pensée catholique )
  • Dix dialogues sur la crise de l'Église, D.M. Morin, 1983
  • Le Cancer socialiste, D.M. Morin, 1983[Note 9]

Voir aussi

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Bibliographie

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  • Guillaume Gros, « Le corporatisme de Louis Salleron », dans Olivier Dard (dir.), Le corporatisme dans l'aire francophone au XXe siècle, Berne, Peter Lang, 2011, p. 49-63.
  • Guillaume Gros, Philippe Ariès : un traditionaliste non-conformiste : de l'Action française à l'École des hautes études en sciences sociales, 1914-1984, Presses Univ. Septentrion, 2008
  • Véronique Auzépy-Chavagnac, Jean de Fabrègues et la jeune droite catholique: aux sources de la révolution nationale, Presses Univ. Septentrion, 2002
  • Isabel Boussard, Vichy et la corporation paysanne, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, 1980
  • Michel Bergès, Vichy contre Mounier. Les Non-Conformistes face aux années 1940, Paris, Economica, 1997
  • Florian Michel (dir.) et Yann Raison du Cleuziou (dir.), À la droite du père, Paris, Seuil, 2022, 775 p.
  • Denis Pelletier, La crise catholique: religion, société, politique en France (1965-1978), Payot, 2002
  • Georges Laffly, Mes livres politiques, 1992.
  • Sœur Ambroise-Dominique Salleron (préf. Xavier Martin), Louis Salleron, artisan du bien commun, Via Romana, 2023, 502 p. (ISBN 978-2-37271-228-6).
    L'auteure est une petite-fille de Louis Salleron.

Notes et références

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  1. Ses trois fils prêtres sont Dominique Salleron (1931-1985), carme déchaux sous le nom de RP Joseph de Sainte-Marie, Bruno (1938-2005) et Georges (1942- 2018), entré dans l’ordre des Carmes en 1965 avant de rejoindre en 1970 la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X en 1970, qu'il quitte en 1976, professeur au séminaire d’Ecône de Mgr Lefèbvre au début des années 1970, puis membre à partir de 1989 de la Fraternité sacerdotale Saint-Pierre (fssp.fr/, "RIP abbé Georges Salleron FSSP", 9 janvier 2018). Bruno Salleron a été ordonné prêtre en 1964 ; l’évêque de Versailles lui interdit en 1992 de pratiquer l’exorcisme, mais il continue ses pratiques et est mis en examen en 2001 pour « agressions sexuelles et viols aggravés » sur des jeunes filles. Il est mort en août 2005 avant sa comparution devant la cour d’assises des Yvelines en septembre: cf. Dominique Lormier, "La dérive intégriste", Acropole, 2007, p. 170, Le Parisien, 16-6-2001, 12-8-2005, Le Figaro, 9-1-2004 )
  2. Pour le cardinal Dubois, cela prouve « la regrettable influence sur la formation de la jeunesse » de l’Action française ; il écrivit à l’Institut : « La démarche de ces étudiants me surprend. Rien ne la justifie. À quel titre interviennent-ils dans cette affaire ? (...) Ceux des étudiants de l’Institut catholique qui (…) ont répondu à l’appel des ligueurs d’Action française ont manqué à leur devoir. » Il interdit à l’avenir « tout groupement, toute réunion ayant un caractère politique » à l’Institut. Il n’y eut pas de président de l’Association des étudiants en 1926-27 : Revue de l’Institut catholique de Paris, no 43, juillet-septembre 1992, « Louis Salleron 1905-1992 », Nouvelles de l’Institut catholique de Paris, no 5-6, juin-septembre 1959, « Par la terreur », L'Action française, 11 mai 1927, Le Gaulois, 11-5-1927, Bulletin de l’Institut catholique, 25-5-1927, p. 156-157
  3. Productivité française, 1952, no 4, (citation de Migeon, p. 22) ; L’Âge nouveau, 1952, no 78, La technique moderne, 1953, vol. 45, Fédération, décembre 1953, no 107 : Journées d’études du CARHEC. Vice-présidents du CARHEC : André Lebreton, secrétaire général d’Ugine, et Marcel Mouget. Siège : 205, boulevard Saint-Germain. Autres membres : Jean Predseil, qui dirigera le centre de perfectionnement du CRC, Eugène Pernod, qui a été directeur de la Chambre syndicale des industries métallurgiques du Rhône durant l’Occupation, Maurice Poignon. Henri Migeon, né en 1894, ingénieur, fonde en 1952 avec d’autres patrons le Comité d’action sociale pour la productivité (CASP) et anime aussi la commission productivité et coopération du personnel au Comité national de la productivité (CNP) : cf. Régis Boulat, Jean Fourastié, un expert en productivité : la modernisation de la France (années trente – années cinquante), Presses univ. De Franche-Comté, 2008
  4. Rue Solférino, dans une vaste maison de famille où il tient salon et reçoit ses proches.
  5. Marcel Mouget a travaillé chez Michelin puis est entré aux usines Renault en 1937. Il est plus connu pour sa participation à la Cagoule avant la guerre : venu des Croix de feu, il fut l’un des dirigeants des Enfants d’Auvergne, paravent de la Cagoule à Clermont-Ferrand, et destinataire d’un chèque signé par Lehideux qui s’est retrouvé dans les caisses de la Cagoule. Il fut acquitté en 1948 par la Cour d’assises de la Seine, lors du procès de la Cagoule
  6. C'est une énième revue de la troisième voie, entre communisme et capitalisme. Le premier gérant a été Pierre Pasquet. Warnier, Migeon, Raymond Dreux, DG de la SCAC, futur vice-président du Centre français du patronat chrétien et Jean de Fabrègues en deviennent les gérants à partir de novembre 1951. Leur revue, qui s'achève avec son dernier numéro 9 en 1953, accueille comme collaborateurs Jean Daniélou, futur cardinal, Jean Guitton, Hyacinthe Dubreuil, Bernard Jousset (président du CFPC, futur Entrepreneurs et dirigeants chrétiens ), Jean-Louis Lagor ( alias Jean Madiran), le R.P. Chenu, l'abbé Pierre Leisnay, Henri Pourrat, ainsi qu'un protestant, Jean Carbonnier. Cf. Sources, no 1, juillet 1950, no 5, novembre 1951
  7. Ainsi ce titre d’un de ses articles d’Itinéraires en février 1964 : « Pour la seconde fois le monde va-t-il se révéler arien », à propos de ce qu’il estime être « le scandale de la traduction du « consubstantialem patri » dans le Credo, du fait de « 'l’invasion vernaculaire » et du déclin du latin : « de même nature que le père » au lieu de « consubstantiel au père »
  8. Treize leçons professées durant l’hiver 1975-76 à la Faculté libre de philosophie comparée et publiées en 1977. Il y dénonce encore « l’erreur philosophique » du libéralisme du fait de la « primauté donnée à la liberté et à l’économie dans l’organisation de la société ».
  9. recueil d’articles publiés dans Itinéraires de 1970 à 1983 et dans Écrits de Paris en 1982

Références

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  1. Sœur Ambroise-Dominique Salleron, Louis Salleron, artisan du bien commun, Via Romana, 2023, p. 19
  2. Sœur Ambroise-Dominique Salleron, Louis Salleron, artisan du bien commun, Via Romana, 2023, p. 22-25
  3. Sœur Ambroise-Dominique Salleron, Louis Salleron, artisan du bien commun, Via Romana, 2023, p. 274
  4. Bulletin de l’Institut catholique de Paris", no 10, 25-12-1924, p. 300, Ibid., 25-2-1925, p. 67-68 ). Cf. Revue de l’Institut catholique de Paris, no 43, juillet-septembre 1992, « Louis Salleron 1905-1992 ».
  5. Sœur Ambroise-Dominique Salleron, Louis Salleron, artisan du bien commun, Via Romana, 2023, p. 28, 33, 35
  6. L'Étudiant français, février 1924 (organe des étudiants d'A.F.) : Il est présenté comme « notre ami »
  7. Sœur Ambroise-Dominique Salleron, Louis Salleron, artisan du bien commun, Via Romana, 2023, p. 36
  8. Sœur Ambroise-Dominique Salleron, Louis Salleron, artisan du bien commun, Via Romana, 2023, p. 38-42
  9. « La fidélité française », L'Action française, 23 janvier 1927
  10. Louis Salleron, « Souvenirs de la « catho » 1925-1928 », in Institut catholique de Paris. Le livre du centenaire 1875-1975, Éd. Beauchesne, 1975, p. 208-211
  11. Sœur Ambroise-Dominique Salleron, Louis Salleron, artisan du bien commun, Via Romana, 2023, p. 53-54
  12. « Qu’as-tu fait de ta jeunesse ? Les jeunes maurrassiens », Arts, 18/24-4-1956, cité par Antonin Guyader, La revue Idées, 1941-1944, L'Harmattan, 2006, p. 37
  13. Sœur Ambroise-Dominique Salleron, Louis Salleron, artisan du bien commun, Via Romana, 2023, p. 66, 474
  14. Sœur Ambroise-Dominique Salleron, Louis Salleron, artisan du bien commun, Via Romana, 2023, p. 67
  15. Sœur Ambroise-Dominique Salleron, Louis Salleron, artisan du bien commun, Via Romana, 2023, p. 56
  16. François Denord, « Aux origines du néo-libéralisme en France Louis Rougier et le Colloque Walter Lippmann de 1938 », Le Mouvement social, 2001/2 (no 195)
  17. L’Ouest-Eclair, 7-8-1940, et articles des 9, 12 et 14 août, 9-10-1940. Il assure les lecteurs que la mise en place d’organisations professionnelles et régionales permettra de résoudre la question sociale et d’assurer « la prospérité dans une foi de renaissance », conscient cependant que cela prendra du temps.
  18. L’Ouest-Eclair, 19-6-1941 et 3-7-1941, L. Salleron, « Que sera l’État corporatif ». Salleron a bénéficié de l’appui de ce quotidien car sa direction (notamment Jean des Cognets) dit admirer son action et ses écrits. Cognets présente Salleron comme « un révolutionnaire de l’ordre, un homme qui exige l’ordre avec cette passion farouche dont les anarchistes appellent le désordre » (Ibid., 4-2-1942). Cf. aussi Antonin Guyader, La revue Idées, 1941-1944, L’Harmattan, 2006, en particulier les pages 186-192
  19. L. Salleron, « La Corporation paysanne », Le Combattant des Deux-Sèvres, septembre-octobre 1941; Claude Mauriac, Le Temps immobile, T. VIII, Grasset, 1985 – journée du 4-6-1942 (Il est intervenu aussi en juin auprès de son père pour que l’Académie lui décerne un prix). Claude Mauriac a travaillé à partir de 1942 au siège parisien de la Corporation, où il rencontra Salleron.
  20. Claude Mauriac, Aimer de Gaulle, Grasset, 2010 : Visites des 28 août, 31 octobre 1944 et 2 août 1945.
  21. La Croix, 28 juin 1945
  22. Sœur Ambroise-Dominique Salleron, Louis Salleron, artisan du bien commun, Via Romana, 2023, p. 267-270
  23. Antonin Cohen, « De la Révolution nationale à l’Europe fédérale. Les métamorphoses de la troisième voie aux origines du mouvement fédéraliste français : La Fédération (1943-1948) », Le Mouvement social, 2006/4, no 217
  24. La Loi, 5 mai 1951
  25. Jean-François Colas, « Patronat et réseaux d'influence : l'exemple de Georges-René Laederich, ou les ambiguïtés du néolibéralisme chrétien », dans Collectif, Histoire de l'Europe libérale, Libéraux et libéralisme en Europe, XVIIIe – XXIe siècle, Nouveau monde éditions, 2016, p. 269
  26. Cédric Perrin, « Pierre Loyer, itinéraire d’un technocrate réactionnaire de Vichy », dans la Revue historique, 2017/1, no 681.
  27. cf. le site de l'historien Guillaume Gros consacré à Philippe Ariès
  28. Cf. le site claudemauriac.org
  29. Jeanyves Guérin, «Liberté de l'esprit. Un mensuel gaulliste », dans La Revue des revues, no 77, printemps 2017, p. 83
  30. "Les Études sociales", janvier 1948, Ibid., août 1950
  31. Collection dans Gallica pour l'année 1952.
  32. L. Salleron, « La famille pénalisée », Le Monde, , 20 novembre 1981, Ibid., L. Salleron, « Trop vieux », 16 août 1978, Ibid., L. Salleron, « La tradition restaurée et la nouvelle messe », 22 avril 1977, Ibid., 13 juin 1975, « Mgr Lefebvre et l'esprit conciliaire », Ibid., 25 novembre 1971, « Correspondance » (lettre de L. Salleron), Ibid., 8 septembre 1970, « Une lettre de M. Louis Salleron sur le missel romain », Ibid., 5 janvier 1970, « Une lettre de M. Louis Salleron sur la " nouvelle messe " », Ibid., 8 décembre 1969, L. Salleron, « La nouvelle messe », Ibid., L. Salleron, 3 avril 1969, « Abstention », Ibid., L. Salleron, 6 août 1968, « Le défi de Paul VI », Ibid., L. Salleron, 20 février 1968, « Le nouveau catéchisme », Ibid., 14 octobre 1966, « Honest to God » et « Dieu sans Dieu » (lettre de Salleron), Ibid. L. Salleron, 21 septembre 1965, « L'heure de Maritain ? », Ibid., L. Salleron, 5 avril 1952, « Je voterai non », Ibid., L. Salleron, 27 septembre 1954, « Pour une sécurité collective totale », Ibid., L. Salleron, 21 mai 1954, « La France du silence ». Ainsi que des extraits d'articles de Salleron de La Nation française dans les années 1950 et 1960 : Ibid., 19 avril 1965, « Ce qui compromet l'Église », Ibid., 2 avril 1962, « Non », Ibid., 18 avril 1959, « Une seule solution juste et durable », Ibid., 27 septembre 1958, « 45 % de " non ", c'est le Front populaire ». Ou bien de Carrefour : Ibid., 25 juillet 1959, « _l'immense majorité des Français est pour la liberté de l'enseignement ».
  33. « La France ne peut se désintéresser de la détresse des 800 000 arabes victimes de la guerre de Palestine », L'Aube, 23 septembre 1949 ; Louis Salleron, « Sept cent mille Arabes cherchent un foyer », Carrefour, 15 septembre 1949
  34. Maria Chiara Rioli, A Liminal Church: Refugees, Conversions and the Latin Diocese of Jerusalem, 1946–1956, Brill, 2020, p. 158
  35. Johannes Grossmann, « L’« Internationale des Conservateurs ». Cercles d’élites transnationaux, diplomatie informelle et biographies croisées en Europe occidentale depuis 1945 », dans Histoire, économie et société, 2016/2 (Lire en ligne)
  36. Sœur Ambroise-Dominique Salleron, Louis Salleron, artisan du bien commun, Via Romana, 2023, p. 181
  37. Articles de Salleron dans Fédération, no 89, juin 1952, « Patronat français et patronat américain », et dans Le mois textile (revue mensuelle de l’Union des industries textiles), no 59, novembre 1952, cités par Henry W. Ehrmann, La politique du patronat français 1936-1955, A. Colin, 1959, p. 186
  38. Sœur Ambroise-Dominique Salleron, Louis Salleron, artisan du bien commun, Via Romana, 2023, p. 260
  39. Antonin Cohen, « De la Révolution nationale à l’Europe fédérale. Les métamorphoses de la troisième voie aux origines du mouvement fédéraliste français : La Fédération (1943-1948) », Le Mouvement social, 2006/4, no 217 , Fédération, juin 1948, no 41, article d'André Voisin, , Ibid., article de Max Richard, Cf. ses articles parus dans Fédération, « Vers une cour européenne des droits de l’homme », no 51, avril 1949, « Autorité parlementaire ou judiciaire », no 66, juillet 1950, « Comment peut-on faire l’Europe », no 85-86, février-mars 1952.
  40. L. Salleron, La France est-elle gouvernable ?, op. cit.: conférence du 15-6-1960, p. 305-306, conférence du 2 mai 1963 (« Propositions pour un régime nouveau »), p. 378-380
  41. Monde et la vie, no 171, 10/1967, L. Salleron, « Un an de réalisation du Marché commun »
  42. Le Monde, 27.8.1954, Michel Debré, Trois Républiques pour une France. Mémoires. Tome II - Agir 1946-1958, Albin Michel, 1988, p. 218-219, Nouvelliste valaisan, 27/8/1954, p. 2
  43. Sœur Ambroise-Dominique Salleron, Louis Salleron, artisan du bien commun, Via Romana, 2023, p. 181-182
  44. Cf. son projet dans L. Salleron, La France est-elle gouvernable ?, op. cit., p. 391-406
  45. L. Salleron, « La réforme constitutionnelle », La Revue des deux mondes, p. 7, 1-9-1958
  46. Louis Salleron, « Les masses et le chef », La Nation française, 15-2-1961.
  47. L. Salleron, « Clarté et confusion du référendum », Le Cher républicain, 27-10-1962.
  48. Sœur Ambroise-Dominique Salleron, Louis Salleron, artisan du bien commun, Via Romana, 2023, p. 203-215
  49. La Nation française, no 85, 22-5-1957 : « L. Salleron répond à A. Sauvy : pas d’avenir national si l’Algérie était perdue » ; ibid., 12-6-1957, no 88, Louis Salleron, « Ce que veut dire tenir en Algérie » , Fédération, Louis Salleron, « Charles Maurras et l’Europe », janvier 1953, no 96, cf. aussi Ibid., L. Salleron, « Les chemins de l’Europe », septembre-octobre 1953, no 104-105 : « C’est en Afrique que se fera l’Europe (…) , l’Europe, c’est l’Eurafrique ».
  50. L. Salleron, "Pourquoi je voterai non", La Nation française, 28 décembre 1960
  51. L. Salleron, "Je voterai non", Le Monde, 5/4/1962
  52. Sœur Ambroise-Dominique Salleron, Louis Salleron, artisan du bien commun, Via Romana, 2023, p. 207-211
  53. Le Monde, 28.9.1962, Yves-Frédéric Jaffré, Le procès du Petit Clamart, N.E.L., 1963 : déposition de Salleron, p. 327-328
  54. L. Salleron, La France est-elle gouvernable?, op. cit., conférence « Propositions pour un régime nouveau », 2.5.1963, p. 375
  55. Ibid., p. 387
  56. Le Monde, 3.4.1969
  57. Articles cités par le Monde, 18.4.1959, 25.7.1959
  58. Le Monde, 27.10.1982
  59. Olivier Dard, Le siècle du corporatisme. Le corporatisme dans l’aire francophone au XXe siècle, Berne, Peter Lang, 2011
  60. Itinéraires, janvier 1958. Cf. l’étude d’Olivier Dard sur cette enquête dans Olivier Dard, « La peau de chagrin du corporatisme dans les droite nationalistes françaises des années 1950-1980 », in Olivier Dard (dir.), Le siècle du corporatisme, op. cit., p. 70-81
  61. Ses articles ont été étudiées par Antonin Guyader, La revue Idées, 1941-1944 : des non-conformistes en révolution nationale, L’Harmattan, 2006, p. 187-191.
  62. Louis Salleron, L’économie libérale, Fayard, 1949, p. 16, Les catholiques et le capitalisme, La Palatine, 1951, p. 46
  63. Permanences, n° 1050, 1978, cité par Henri Lepage, Demain le libéralisme, coll. Pluriel, Le livre de poche, 1980, p. 127 (en ligne sur le site de l’Institut Coppet)
  64. Sœur Ambroise-Dominique Salleron, Louis Salleron, artisan du bien commun, Via Romana, 2023
  65. Fédération, en juin 1950 (« L’accession du prolétariat à la propriété ») et de juin à novembre 1951, avec l’enquête « ouvrir la propriété capitaliste aux salariés » ; il interrogea notamment Jean Daujat, Bernard Jousset, Hyacinthe Dubreuil et André Reille. Dans les colonnes des Études sociales en 1950 – on y lit ces formules : « La propriété est l’incarnation économique de la liberté. Être propriétaire, c’est être libre » -, de la France catholique, en 1949-1950, en 1953 et en 1956, - ses derniers articles ont été publiés par les Dossiers du CEPEC, « L’accession des salariés à la propriété du capital » -, de La Vie française, en 1959 et en 1966 lors d’une table ronde sur le thème « Pour intéresser les travailleurs aux bénéfices de l’entreprise », avec Louis Vallon - le père de l'amendement vallon sur la participation -, Pierre Le Brun de la CGT, Marcel Demonque, le directeur de GDF notamment, dans celles de périodiques professionnels ( le Bulletin économique S.E.D. en 1958, Travail et méthodes en 1963 ), d’Itinéraires, du magazine Monde et la vie. Le Monde a fait part en 1965 de son ouvrage Diffuser la propriété et a publié un article de Salleron, présenté comme vice-président du CEPEC, en 1966, en faveur de l’autofinancement et des droits des salariés
  66. Six études sur la propriété collective, en 1947, Les catholiques et le capitalisme en 1951, et Diffuser la propriété, en 1964.
  67. conférences, comme celle donnée à la Mutualité en novembre 1951, aux côtés d’Eugène Schueller, organisée par l’Association française pour l’intéressement des salariés à la productivité: le témoignage de Maurice Cliquet, Sillons, cinquante ans d’action pour la justice sociale, Ed. Témoignage chrétien, 1984, p. 79 : Après son passage à l’Office des comités sociaux durant l’Occupation, ce dernier travaille de 1950 à 1953 pour Schueller, au BESP (Bureau d’études du salaire professionnel) et met sur pied, comme secrétaire général, l’association en question, l’AFISP, qui devient en 1953 l’AFIP (Association pour l’intéressement du personnel)
  68. Pedro Brunso Ayats, In memoriam – Louis Salleron, in Verbo, série XXXI, n° 301-302, janvier-février 1992
  69. L. Salleron, Le fondement du pouvoir dans l’entreprise, 1965, p. 151
  70. La première citation est de son frère cadet, Paul Sérant, in P. Sérant, « Images d’un homme d’exception », in Antoine-Joseph Assaf, op. cit., p. 72. La seconde in Monde et vie, no 756, 17-12-2005, « centenaire de Louis Salleron », p. 12-13, reprenant un article écrit par Sérant et tiré du Dictionnaire des écrivains sous l’Occupation, Grancher, 2002.
  71. La Revue hebdomadaire, 22-8-1936 : Cf. Philippe Chenaux, "Humanisme intégral (1936) de Jacques Maritain", Cerf, 2006 ; Louis Salleron : « Rome contre Moscou : le décret du Vatican dissipe la confusion progressiste », Carrefour, 20 juillet 1949 (Lire en ligne), Étienne Borne, Les armes de l'esprit, L'Aube, 30 juillet 1949 ; Jean-Baptiste Duroselle, (dir.), La politique étrangère et ses fondements, Cahiers de la FNSP, Armand Colin, 1954 ; Louis Salleron, Un jeune catholique devient communiste, malgré les cordiaux avertissements de Louis Salleron, Jeune parque, 1949; Jean-Pierre Gault, Histoire d’une fidélité : Témoignage chrétien, 1944-1956, Ed. Témoignage chrétien, 1961, p. 60-61. Il est à signaler que l’ouvrage de 1946 intitulé Malthus a-t-il menti ?, qu’il dirigea, a vu la collaboration de trois démocrates-chrétiens, Robert Buron, Georges Hourdin, et le propriétaire du Parisien-libéré et de Carrefour Émilien Amaury, ancien secrétaire de Marc Sangnier et proche alors du MRP.
  72. Cf. ses trois articles de la revue Fédération, en décembre 1952, avril 1953 et janvier 1954, et Itinéraires, décembre 1956 : « Lettre à Jean Madiran sur le P. Bigo ». Bigo est docteur en droit ; il a soutenu une thèse sur le marxisme (Marxisme et humanisme. Introduction à l’œuvre économique de Karl Marx, PUF, 1953). Il est alors supérieur-directeur de l’Action populaire (Revue), de 1952 à 1958. Sur Bigo : cf. Étienne Fouilloux, « L’Action populaire au temps de la reconstruction 1946-1958 », in Chrétiens et sociétés XVIe-XXIe siècles, 11/2004 (en ligne), qui montre que Bigo « subit les assauts du courant intégriste » (attaques de Salleron, Madiran, l’abbé Georges de Nantes).
  73. Claire Toupin-Guyot, Modernité et christianisme. Le Centre catholique des intellectuels français (1941-1976). Itinéraire collectif d’un engagement, thèse de doctorat, 2000 (en ligne: Thèse de Claire Toupin-Guyot). L’auteur fait de Salleron « un représentant de la droite maurrassienne la plus stricte » (p. 28), ce qui est contestable.
  74. Sœur Ambroise-Dominique Salleron, Louis Salleron, artisan du bien commun, Via Romana, 2023, p. 290-291
  75. Le Monde, 29/5/1964
  76. "La France catholique", no 908, 24.4.1964, article du R.P. Bouyer. Salleron déclare dans sa lettre au directeur de la revue : « Je ne me veux pas intégriste » (Études, avril 1964, lettre de L. Salleron au directeur de la revue, p. 564-565)
  77. Sœur Ambroise-Dominique Salleron, Louis Salleron, artisan du bien commun, Via Romana, 2023, p. 420-421
  78. Le Nouvelliste du Rhône, 21.4.1965, p. 2, Ibid., 5.4.1966, p. 16, Feuille d'avis du Valais, 7.4.1966, p. 11
  79. Cahiers Marrou n° 1, 2008 (en ligne sur le site henrimarrou.org) : Lettre de Salleron à Marrou, 30-5-1966, et lettre de refus de Marrou, 4-6-1966, qui trouve la pétition « exagérément alarmiste ».
  80. François Mauriac, Le nouveau bloc notes, 1961-1964, Flammarion, 1968, p. 131
  81. L. Salleron, La nouvelle messe, NEL, 2e édition, p. 23-29, Itinéraires, no 108, décembre 1966, « Pourquoi la pétition aux évêques pour le consubstantiel », avril 1967, Revue Item, témoignage de Jean Madiran en 2010, Revue d'histoire de l'Église de France, vol. 92, no 229, p. 470
  82. Itinéraires, juin 1967, no 114, Monde et la vie, no 168, mai 1967
  83. L. Salleron, "Le nouveau catéchisme", Le Monde, 20 février 1968. Cf. aussi son interview du cardinal Ottaviani dans Carrefour (cité dans Le Monde, 7.3.1968 )
  84. Louis Salleron, La nouvelle messe, Nouvelles Éditions Latines, décembre 1970; La nouvelle messe en quoi (suivie de : Solesmes et la messe), Itinéraires/DMM, novembre 1975 ; seconde édition (augmentée) de La nouvelle messe, septembre 1976, L. Salleron, « La nouvelle messe », Le Monde, 8.12.1969
  85. L. Salleron, "Les silencieux dans l'Église vont rompre le silence...pour venger la parole enchaînée"
  86. Sœur Ambroise-Dominique Salleron, Louis Salleron, artisan du bien commun, Via Romana, 2023, p. 448
  87. Verbo, 1972, Actes du congrès de Lausanne, Chiré, 1972
  88. Le Monde, 23.1.1975
  89. Sœur Ambroise-Dominique Salleron, Louis Salleron, artisan du bien commun, Via Romana, 2023, p. 449
  90. Cf. par exemple sa conférence de janvier 1973 à Bordeaux intitulée « Tempête sur l'Église » et reproduite dans Itinéraires: Itinéraires, mars 1973
  91. Abbé Denis Marchal, Mgr Lefebvre: 20 ans de combat pour le sacerdoce et la foi, 1967-1987, 1988, NEL, p. 22
  92. Lettre du 9 août 1976, Denis Pelletier, op. cit., p. 198, Le Monde, 10.8.1976, Nouvelliste et feuille d'avis du Valais, 11.8.1976, p. 22
  93. Sœur Ambroise-Dominique Salleron, Louis Salleron, artisan du bien commun, Via Romana, 2023, p. 449-450

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