Massacre de Port-Arthur

Le massacre de Port-Arthur se déroule durant la Première guerre sino-japonaise du au 23 ou dans la ville portuaire de Lüshunkou (appelée Port-Arthur par les Anglais) en Chine. Des unités d'avant-garde de la 1re division de la 2e armée japonaise, commandée par le général Yamaji Motoharu, assassinent entre 1 000 et 20 000 soldats et civils chinois, ne laissant que 36 survivants pour enterrer les corps[1]. Les plus hautes estimations du nombre de victimes sont suspectes puisqu'une étude contemporaine estime la population de Port-Arthur à 6 000 habitants en 1894, à laquelle il faut ajouter 13 000 soldats de garnison[2]. D'autres études estiment que 18 000 personnes des deux camps furent impliquées dans l'incident et qu'il y eut 1 500 morts chinois[3].

Massacre de Port-Arthur
Image illustrative de l’article Massacre de Port-Arthur
Représentation de soldats japonais mutilant des corps dans un journal occidental.

Date -
Lieu Lüshunkou
Victimes Civils et prisonniers de guerre chinois
Morts 1 000 à 20 000
Auteurs Armée impériale japonaise
Guerre Première guerre sino-japonaise
Coordonnées 38° 48′ 00″ nord, 121° 14′ 00″ est
Géolocalisation sur la carte : Chine
(Voir situation sur carte : Chine)
Massacre de Port-Arthur
Géolocalisation sur la carte : Liaoning
(Voir situation sur carte : Liaoning)
Massacre de Port-Arthur
Géolocalisation sur la carte : Asie
(Voir situation sur carte : Asie)
Massacre de Port-Arthur

Contexte

modifier
 
Localisation de la péninsule de Liaodong

Dans le cadre de sa stratégie maritime durant la Première Guerre sino-japonaise, le Japon avance des troupes de l'Armée impériale japonaise par la Corée, engage les forces de la Chine impériale à Asan près de Séoul puis à Pyongyang en , et remporte des victoires décisives dans ces deux rencontres. Après la bataille de Pyongyang, la 2e armée japonaise du général Ōyama Iwao fait route vers le nord et la Mandchourie dans l'objectif de prendre Port-Arthur, base de la flotte de Beiyang, une ville fortement fortifiée qui domine le passage maritime entre la Corée et le Nord-Est de la Chine. En septembre, la Marine impériale japonaise porte un coup critique à la flotte de Beiyang lors de la bataille du fleuve Yalou, bien que les Chinois réussissent à débarquer leurs troupes non loin de la frontière sino-coréenne. Après l'élimination de la flotte de Beiyang, la marine japonaise commence le siège de Port-Arthur tandis que la 2e armée avance vers la ville en passant par la Mandchourie et que la 1re armée traverse le fleuve Yalou. Après une série de batailles dans la péninsule du Liaodong, la 1re division de la 2de armée du général Yamaji encercle Port-Arthur vers la fin novembre, puis abandonnent ses positions. Le , les Japonais stoppent brusquement leur avancée en découvrant que les troupes qu'ils avaient abandonnées à l'arrière ont été horriblement mutilées par les Chinois qui leur ont coupé les mains et les pieds[3]. Certains Japonais ont même été brûlés vivants[2]. Les habitants de Port-Arthur fuient vers l'est par terre ou par mer et les Chinois mutilent de nouveau plusieurs corps japonais qu'ils exposent à l'entrée de la ville, provoquant la colère des Japonais. Après une résistance symbolique, la ville tombe le matin du . Les habitants restants sont alors massacrés par les troupes japonaises[4] bien que l'échelle et la nature de la tuerie continue encore aujourd'hui à être discutées[5].

Mention dans la presse occidentale

modifier

La série de victoires japonaises à Pyongyang et à la bataille du Yalou amène l'Occident à s'intéresser davantage au conflit. Au moment de l'assaut sur Port-Arthur, plusieurs journalistes occidentaux accompagnent la 2e armée japonaise. Leurs récits du massacre sont controversés. La plupart des correspondants, comme l'Américain James Creelman (en) du New York World et le Britannique Frederic Villiers du London Black and White, décrivent un massacre à grande échelle et de sang froid. Tandis que le Français Amédée Baillot de Guerville (en) du New York Herald écrit qu'aucun massacre n'a eu lieu[6] mais il admettra plus tard le contraire[7].

Notes et références

modifier
  1. Frederic Villiers, The Truth About Port Arthur, p. 330 lire en ligne.
  2. a et b Henry Davenport Northrop, Flowery Kingdom and The Land of Mikado or China, Japan and Corea: Graphic Account of the War between China and Japan-Its Causes, Land and Naval Battles, 1894.
  3. a et b Marshall Everett, Exciting Experiences in the Japanese-Russian War, 1904.
  4. R. Barry, Port Arthur : A Monster Heroism, p. 209.
  5. Voir le chapitre 7 de Stewart Lone, Japan's First Modern War, London, St. Martin's Press, 1994.
  6. New York Times, 30 décembre 1894.
  7. Amédée Baillot de Guerville, Au Japon, Paris, Alphonse Lemerre, 1904, p. 269-280.

Voir aussi

modifier

Articles connexes

modifier

Bibliographie

modifier
  • James Allan, Under the Dragon Flag, London, William Heinemann, 1898.
  • James Creelman, On the Great Highway, the Wanderings and Adventures of a Special Correspondent, Boston, Lothrop Publishing, 1901.
  • A.B. de Guerville, Au Japon, Paris Alphonse Lemerre, 1904.
  • A.B. de Guerville, « In Defense of Japan. The Alleged Atrocities at Port Arthur Denied », Leslie’s Weekly, 1895.
  • Jeffrey M. Dorwart, « James Creelman, the New York World and the Port Arthur Massacre », Journalism Quarterly, vol. 50, no 4, 1973, p. 697-701.
  • Thomas L. Hardin, « American Press and Public Opinion in the First Sino-Japanese War », Journalism Quarterly, vol. 50, no 1, 1973, p. 53-59.
  • Daniel C. Kane, « Each of Us in His Own Way: Factors Behind Conflicting Accounts of the Massacre at Port Arthur », Journalism History, vol. 31, no 1, 2005, p. 23-33.
  • Stewart Lone, Japan’s First Modern War, New York, St. Martin’s Press, 1994.
  • S.C.M. Paine, The Sino-Japanese War of 1894-1895: Perception, Power, and Primacy, Cambridge, Cambridge University Press, 2003.
  • Frederic Villiers, « The Truth about Port Arthur » The North American Review, vol. 160, no 460, 1895, p. 325-331.