Pierre Gentillet

avocat et militant politique français

Pierre Gentillet, né le , est un avocat et militant politique d'extrême droite français. Au centre de plusieurs controverses, notamment en raison de ses prises de positions en ligne, il est critiqué pour sa proximité alléguée avec la Russie de Vladimir Poutine, ainsi que pour des propos polémiques.

Pierre Gentillet
une illustration sous licence libre serait bienvenue
Biographie
Naissance
Voir et modifier les données sur Wikidata (33 ans)
Nationalité
Activités
Professions libérales et assimilés (), militant politique, avocatVoir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Membre de

En 2024, il est candidat aux élections législatives pour le Rassemblement national (RN) dans le Cher, mais échoue au second tour.

Biographie

Jeunesse et premiers engagements

Pierre Gentillet naît le [1]. Il serait né dans l'Indre, près de Bélâbre, ou à Lyon[2]. Le Berry républicain écrit qu'il est né à Argenton-sur-Creuse[3]. Pour Le Monde, il est né à Tours, de parents et grands-parents nés dans l'Indre[4].

Pierre Gentillet affirme que « les paysages et figures [du Berry] ont très jeune marqué [son] imaginaire »[2] et qu'il a grandi à Argenton-Sur-Creuse[5], ce que confirme Le Monde, qui écrit qu'il « a en fait grandi jusqu’à ses 8 ans dans le département voisin de l’Indre »[4]. Il fait des études de droit à l'université de la Sorbonne[6], puis passe le concours pour devenir avocat[7]. Il rejoint ensuite le barreau de Paris[2], se spécialise en droit fiscal et devient, selon ses propres dires, « spécialiste de l’accompagnement des acteurs de l’économie sociale et solidaire »[8].

Durant ses études, il est engagé au sein de l'Union pour un mouvement populaire (UMP) de 2011 à 2015 et membre de La Droite populaire, un courant radical au sein de l'UMP[6],[9]. Il milite également pour le syndicat étudiant Union nationale inter-universitaire (UNI). En septembre 2013, alors qu'il distribue des tracts à l'entrée du campus Clignancourt, il convainc Jordan Bardella, jeune membre du Front national qui entame une licence de géographie, de devenir membre de l'UNI[7],[8].

En 2015, il fait partie des membres fondateurs du syndicat étudiant d'extrême droite Cocarde étudiante[10],[11], aux côtés notamment de Pierre-Romain Thionnet. Il se dit agacé du « cordon sanitaire » imposé entre les partis de droite traditionnels et le RN, qui divise le cercle de jeunes militants identitaires dont il fait partie, comprenant des personnalités telles que Jordan Bardella, Sarah Knafo, Stanislas Rigault, Guilhem Carayon, Damien Rieu et Samuel Lafont[12],[7].

Médiatisation

Le , il annonce son départ des Républicains — nouveau nom de l'UMP — qui, selon lui, a choisi une « soumission morale et idéologique de la droite à la gauche ». Il affirme ne vouloir soutenir aucun candidat de son propre parti en vue de l'élection présidentielle de 2017 et dit être prêt à voter pour un candidat du FN[13].

Entre 2016 et 2017, il effectue deux voyages en Syrie organisés par l'association d'extrême droite SOS Chrétiens d'Orient, aux côtés de Thierry Mariani, Julien Rochedy, Charlotte d'Ornellas et Jean Lassalle[14],[15].

Pierre Gentillet reprend la théorie raciste du complot du grand remplacement[16], affirmant qu'il ne s'agit pas d'une théorie mais d'une « analyse de la situation »[5]. Durant la pandémie de Covid-19, il fait partie des opposants aux mesures sanitaires, ce qui le fait connaître du grand public[4]. Il est chroniqueur régulier sur la chaîne CNews[10],[17], ainsi que sur Sud Radio[9] et Radio Courtoisie. Il est régulièrement invité sur TV Libertés, où il participe à des débats présentés par Éric Morillot[18]. Il est également présent sur RT France et Sputnik, chaînes financées par l’État russe[19],[5] et écrit pour le site conspirationniste et identitaire Breizh Info ainsi que pour Valeurs actuelles[8]. Il prend la parole, le , lors de la conférence célébrant les 50 ans du FN/RN, et « discourt sur l’État de droit, dans une tonalité assez identitaire », selon Libération[7].

En 2023, il dirige et coordonne, dans le village de Bélâbre, une association d'opposition à l'implantation d'un Centre d'accueil de demandeurs d'asile (CADA)[4], qu'il nomme Union belâbraise. Il prend notamment la parole lors de l'un de leurs rassemblements. Face au conseil municipal, favorable au projet, il réclame la tenue d'une consultation populaire, alors que s'opposent dans la commune des manifestants favorables et défavorables à cette implantation. Le mouvement d'opposition est alimenté par des militants du Rassemblement national et de Reconquête[17].

Il donne des conférences et participe à des conventions liées au RN. En décembre 2023, il prend la parole au campus Héméra, institut de formation des cadres du parti, aux côtés d'Edwige Diaz et de Jérôme Sainte-Marie. Il est invité par l'Institut Iliade à participer à leur colloque annuel, lors duquel il intervient devant des représentants des formations d'extrême droite radicale comme le GUD ou Academia Christiana[8].

Candidature aux élections législatives de 2024

En 2024, il est candidat aux élections législatives pour le Rassemblement national (RN) dans la troisième circonscription du Cher. Sa candidature est qualifiée de « parachutage » par le député candidat Loïc Kervran, car domicilié à Paris, mais Pierre Gentillet refuse cette qualification puisqu'il a grandi jusqu’à ses 8 ans dans le département voisin de l’Indre, composante de l’ancienne province du Berry[3],[4],[11].

Loïc Kervran s'inquiète de sa potentielle victoire, affirmant que Pierre Gentillet « est tout sauf patriote »[9]. Il craint que le territoire puisse passer aux mains d'un député RN ayant « des accointances [...] très claires avec la Russie » alors qu'il abrite « toute notre industrie de défense et une base aérienne stratégique »[9]. La section départementale de la CFDT alerte ainsi sur la présence d'entreprises comme MBDA ou de la base aérienne 702 Avord et rappelle que le candidat pourrait avoir accès, en étant à la commission de la Défense nationale, à « des informations sensibles » qu'il pourrait « communiquer à des tiers »[4].

Durant sa campagne, il reprend les arguments de son parti en reliant insécurité et immigration et souhaite réduire les charges sur les salaires et les taxes sur l'essence. Sa campagne est aussi très axée sur la ruralité et le monde agricole ; ses positions polémiques la marquent peu[4]. Dans le projet du RN qu'il défend figure également la privatisation de l'audiovisuel public français[3]. Pierre Gentillet soutient que sa popularité s'appuie notamment sur ses passages sur CNews et dont il retrouverait l'audience là où il fait campagne[5].

Durant la campagne du second tour, StreetPress révèle que sa suppléante Julie Apricena, responsable du RN dans le département du Cher[20], a posé quelques années auparavant avec un t-shirt portant un slogan suprémaciste blanc, entourée de skinheads néonazis[21]. Contactée par Mediapart, elle affirme qu'elle « [avait] 16 ans [et] pas connaissance de la portée politique de ce symbole »[22]. Pierre Gentillet la défend, déclarant qu'« on peut tous faire des erreurs, surtout quand on est jeune »[4].

Au terme du second tour, il ne parvient pas à être élu député, recueillant 47,25% des suffrages ; Loïc Kervran est réélu député. Pierre Gentillet se félicite malgré tout de l'augmentation du nombre de députés du RN à l'échelle nationale et déclare viser la victoire « la prochaine fois »[23].

Controverses

En septembre 2013, alors qu'il est président des jeunes du mouvement de la Droite populaire, il provoque une polémique après la publication de tweets jugés antisémites sur les prénoms donnés par Vincent Peillon à ses enfants. Il est accusé par Le Monde de « [jeter] en pâture les prénoms juifs des quatre enfants de l’ancien ministre »[4]. Il est défendu par le député UMP Thierry Mariani, qui assure qu'« il n'est absolument pas raciste »[24], mais cette controverse donne naissance à sa popularité. Moins d'un mois après, il publie un autre post sur les Arabes, lui aussi critiqué[6].

En janvier 2015, Pierre Gentillet, ainsi que d'autres jeunes militants UMP, passe le réveillon avec les jeunes militants du Front national — dont Jordan Bardella avec lequel il est proche depuis ses études à la Sorbonne[5], ce qui crée une polémique au sein de son parti[6],[25]. Le porte-parole Sébastien Huyghe assure cependant qu'il s'agit d'une « maladresse de jeunesse » qui n'invalide pas la règle de non-alliance avec le FN au sein du parti[6]. La présence du vice-président du FN, Florian Philippot, suscite néanmoins des interrogations sur une éventuelle « connotation politique » de l'événement[26], si bien que le président du Parti socialiste Jean-Christophe Cambadélis demande à Nicolas Sarkozy de sanctionner les membres de l'UMP présents à cette fête[7].

En 2022, lors de l'une de ses interventions à la télévision, il explique vouloir « mettre au pas le Conseil constitutionnel » pour réformer la politique française en matière d'immigration[27] et parle de « mettre la politique au-dessus du juridique », en accusant le Conseil constitutionnel de faire de la politique et d'interpréter la Constitution de façon partiale. Ses propos font polémique, notamment sur les réseaux sociaux[28].

En juin 2024, lors de sa candidature aux élections législatives, l'un de ses anciens tweets est republié par un média en ligne LGBT. Dans ce post de 2016, il place au même niveau une action de blasphème des Femen et un « appel à la haine homophobe »[8].

Liens avec la Russie de Vladimir Poutine

Pierre Gentillet est le président-fondateur du cercle Pouchkine, créé en 2015 et aujourd'hui disparu, une antenne de l'organisation d'influence pro-Kremlin Dialogue franco-russe, qui se revendique comme « une plate-forme de discussion, de réflexion (…) autour du rapprochement franco-russe »[4]. Il fait partie de ses « piliers »[28],[29], avec Xavier Moreau, Thierry Mariani, Henri de Grossouvre, et Alexandre Latsa (de son vrai nom Stefanesco)[30]. Il y côtoie notamment Xavier Moreau et Gaëtan Dussausaye, ex-président du Front national de la jeunesse[30], ainsi que des militants antisémites d'extrême droite, du Cercle des volontaires et le chef du renseignement militaire russe en poste à Paris. En 2015, il devient membre du bureau du Dialogue franco-russe[19],[31],[30].

Il réalise trois voyages en Russie, aux côtés de Thierry Mariani, homme politique connu pour sa proximité avec le régime russe. Pierre Gentillet est d'ailleurs son assistant parlementaire pendant une courte période[4]. En 2015, ils se rendent, avec plusieurs autres députés de droite et d'extrême droite, en Crimée occupée, un an seulement après son annexion illégale par la Russie, en février-mars 2014. À son retour, il prend position dans une tribune où il justifie le rattachement de la péninsule ukrainienne à la Russie, affirmant que le territoire est « russe sur le plan ethnique, linguistique, culturel et historique »[9].

Après le début de l'invasion russe de l'Ukraine, le , Pierre Gentillet la dénonce mais conserve des positions qualifiées de « complaisantes avec la Russie », estimant notamment qu'elle est « préventive » et dit « comprendre Vladimir Poutine »[22]. Il appelle notamment à la levée des sanctions contre la Russie, un « élément de langage » commun au sein du Rassemblement national, selon une enquête du Washington Post consacrée aux liens entre ce parti et la Russie[9],[32]. Il remet également en cause la responsabilité des forces armées russes dans le massacre de Boutcha[19],[29], qu'il minimise sur le plateau de CNews[29]. Tout au long du conflit, il relaie « les succès électoraux du chef du Kremlin ou l’avancée des forces russes en Ukraine »[4]. Pierre Gentillet minimise la propagande russe en France, jugeant que les Français sont « bien moins intoxiqués par la propagande russe qu'occidentale »[22]. En 2024, il qualifie la Russie d'« « alliée » face à la menace islamique »[27].

Selon un de ses proches, Gabriel Melaïmi, membre comme lui de la branche souverainiste de l'UMP, Pierre Gentillet « a toujours eu un profil très russophile »[9]. Il est décrit comme « pro-Russe » par L'Express[6]. Selon ses propres dires, il voit la Russie comme « un partenaire pour lutter contre l’État islamique », mais affirme n'avoir « aucun lien direct » avec le pays[9]. Il refuse la qualification de « poutinolâtre » et se défend d'avoir des « liens d'intérêts » avec la Russie, parlant de « convergences » dans ses opinions. Il met en avant une « tradition gaulliste »[5].

Sa proximité avec la Russie de Vladimir Poutine lui vaut d'être surveillé par les services de renseignement[33].

Références

  1. « Explorateur de données data.gouv.fr : élections législatives des 30 juin et 7 juillet 2024 - Liste des candidats du 1er tour », sur explore.data.gouv.fr (consulté le )
  2. a b et c Fabrice Simoes, « Cher : Pierre Gentillet, ce parachuté qui veut « mettre au pas le Conseil constitutionnel » », sur Mag'Centre, (consulté le )
  3. a b et c « Législatives - Troisième circonscription : Pierre Gentillet (RN) fait le lien entre immigration et insécurité », Le Berry républicain, (consulté le )
  4. a b c d e f g h i j k et l Frédéric Potet, « Législatives 2024 : Pierre Gentillet, un russophile dans le Berry », Le Monde,‎ (lire en ligne  , consulté le )
  5. a b c d e et f « Législatives: de CNews aux marchés du Cher, Pierre Gentillet est un candidat RN de la génération Bardella », sur L'Opinion, (consulté le )
  6. a b c d e et f « Réveillon FN-UMP: Pierre Gentillet n'en est pas à son premier dérapage », sur L'Express, (consulté le )
  7. a b c d et e Nicolas Massol, « Jordan Bardella, Sarah Knafo, Pierre Gentillet… du RN à LR, l’ascension des copains de faf » [archive], Libération, (consulté le )
  8. a b c d et e Daphné Deschamps, « Pierre Gentillet, le médiatique candidat RN pro-russe », sur StreetPress (consulté le )
  9. a b c d e f g et h Julie Lescarmontier, « Législatives. Pierre Gentillet, le nouveau russophile du RN », Charlie Hebdo,‎ (lire en ligne)
  10. a et b Guillaume Deleurence, « Union des droites et de l’extrême droite : la jeunesse à l’œuvre », sur Politis, (consulté le )
  11. a et b Benjamin Gardel, « Politique - Élections législatives : le Rassemblement national parachute un avocat parisien dans le Cher », Le Berry républicain, (consulté le )
  12. « Ce livre qui montre que la digue entre la droite et l’extrême droite a (déjà) sauté », sur Le HuffPost, (consulté le )
  13. Delphine Legouté, « Le président des Jeunes de la Droite populaire, Pierre Gentillet, quitte Les Républicains », sur lelab.europe1.fr, (consulté le )
  14. Marylou Magal et Nicolas Massol, L'Extrême Droite, nouvelle génération, Denoël, (ISBN 978-2207180822), chap. 6 (« SOS Chrétiens d'Orient »), p. 79-80
  15. Antoine Izambard, « Législatives 2024 : les profils pro-Poutine de candidats RN inquiètent », sur Challenges, (consulté le )
  16. Pauline Bock, « Sur CNews, l'Angleterre menacée par les étrangers », sur Arrêt sur images, (consulté le )
  17. a et b Guillaume Deleurence, « À Bélâbre, la haine anti-migrants », sur Politis, (consulté le )
  18. Élie Guckert, « De Sud Radio à TV Libertés, Éric Morillot en eaux complotistes », sur Conspiracy Watch | L'Observatoire du conspirationnisme, (consulté le )
  19. a b et c La Rédaction, « 🔴 Conspiracy News #24.2024 », sur Conspiracy Watch | L'Observatoire du conspirationnisme,‎ (consulté le )
  20. Michel Benoît, « Législatives 2024 : le RN dévoile ses candidats dans le Cher - France Bleu », sur ici par France Bleu et France 3, (consulté le )
  21. StreetPress, « Dans le Cher, une suppléante RN porte un t-shirt de suprémaciste blanc et s’affiche avec des skinheads néonazis », sur StreetPress (consulté le )
  22. a b et c « Législatives : la galerie des candidats RN injustement salis selon Bardella »  , sur Mediapart, (consulté le )
  23. Anne-Marie Vincent, « Cher. Pierre Gentillet (Rassemblement national) : "La victoire ? Ce sera la prochaine fois !" »  , sur L'Écho du Berry (consulté le )
  24. « Twitter : le patron des jeunes de la Droite populaire dérape sur la laïcité », sur Le Nouvel Obs, (consulté le )
  25. Thibaut Pézerat, « La petite sauterie entre jeunes du FN et de l’UMP pour passer la nouvelle année »  , sur Marianne, (consulté le )
  26. « Des jeunes UMP sommés de s'expliquer après un réveillon avec le FN », sur Franceinfo, (consulté le )
  27. a et b David Medioni, « Les sbires de Vladimir »  , Franc-Tireur, (consulté le )
  28. a et b Ariane Chemin et Ivanne Trippenbach, « Législatives 2024 : comment les médias de Vincent Bolloré orchestrent l’alliance du RN et de la droite », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  29. a b et c Nelson Getten, « Qui sont les candidats prorusses du RN »  , sur La Tribune Dimanche, (consulté le )
  30. a b et c Nicolas Hénin, La France russe. Enquête sur les réseaux de Poutine, Fayard, , 233 p., p. 72-75, 211
  31. « On a trouvé une brebis galeuse au Rassemblement national, sauf que cette fois-ci c'est un proche de Jordan Bardella : Pierre Gentillet. », sur Loopsider, (consulté le )
  32. (en-US) Catherine Belton, « Russia is working to subvert French support for Ukraine, documents show », Washington Post,‎ (ISSN 0190-8286, lire en ligne, consulté le )
  33. Benjamin Quénelle, Philippe Ricard et Ivanne Trippenbach, « La Russie de Poutine a apporté son soutien au Rassemblement national », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )

Article connexe

Liens externes