Rue de Courcelles

rue de Paris, en France

La rue de Courcelles est une voie des 8e et 17e arrondissements de Paris.

8e, 17e arrts
Rue de Courcelles
Voir la photo.
Rue de Courcelles (côté Paris 8e).
Voir la plaque.
Situation
Arrondissements 8e
17e
Quartiers Europe
Plaine-de-Monceaux
Début Rue La Boétie
Fin Rue Jacques-Ibert, rue d'Alsace et rue du Président-Wilson à Levallois-Perret
Morphologie
Longueur 2 325 m
Largeur 10 à 40 m
Historique
Création Moyen Âge
Dénomination 1769
Ancien nom Chemin de Villiers (avant 1730)
Rue de Chartres-du-Roule (1778-1798)
Rue de Mantoue (1798-1814)
Chemin de la Planchette à Courcelles
Géocodification
Ville de Paris 2377
DGI 2387
Géolocalisation sur la carte : Paris
(Voir situation sur carte : Paris)
Rue de Courcelles
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Situation et accès

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Longue de 2 325 mètres, elle commence rue La Boétie et se termine rue du Président-Wilson à Levallois-Perret.

Origine du nom

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Cette voie doit son nom du fait qu'elle était la route qui conduisait directement au hameau de Courcelles.

Historique

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La voie se compose de la réunion de plusieurs chemins dont certains sont très anciens :

 
Rue de Courcelles au nord du boulevard de Courcelles (partie 17e arr. de la rue).
  • au nord du mur des Fermiers généraux (actuel boulevard de Courcelles) : un ancien chemin, indiqué dès 1672, portait en 1842 le nom de « chemin de la Planchette à Courcelles », en référence à l'ancien château de la Planchette, situé à la hauteur des futures portes de Courcelles et de Clichy de l'enceinte fortifiée, où avait résidé la famille de Créquy[4]. Quelques maisons s'étaient construites, constituant un hameau où habita pendant quelque temps le trésorier des remises de gibier et des chasses de la plaine de Monceau et qui, jusqu'en 1860, sépara les communes de Neuilly et des Batignolles[5]. Ce chemin porta, de 1842 à 1863, le nom de « chemin de Courcelles », avant d'être intégré en 1863 à la rue de Courcelles ;
  • tout au nord, un chemin fut aménagé en 1928 entre l'emplacement des anciens bastions nos 47-48 de l'enceinte de Thiers qui reçut en 1930 le nom de « Courcelles » ;
  • enfin, la section détachée en 1930 de la rue du Président-Wilson de Levallois-Perret reçut en 1931 le nom de « Courcelles ».

Entre la rue de Monceau et le boulevard de Courcelles, la rue de Courcelles longeait originellement le parc Monceau, qui a été sensiblement diminué lors du lotissement de ses alentours par Émile Pereire à partir de 1860. Elle a ensuite été éventrée par le percement du boulevard Haussmann et de l'avenue Hoche (1857), ainsi que des rues de La Baume, du Docteur-Lancereaux, Rembrandt, de Lisbonne, Murillo et de l'avenue Van-Dyck. Ces percements ont entraîné la destruction de nombreuses maisons anciennes.

Une décision ministérielle du 25 messidor an X () a fixé à 10 mètres la largeur minimale de la rue de Courcelles. Entre 1795 et 1859, la rue de Courcelles se situait dans le 1er arrondissement ancien.

Une partie de la voie délimitait la ZAC Beaujon[6].

Bâtiments remarquables et lieux de mémoire

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Portrait de l'empoisonneuse Marie Lafarge, née au no 17 de la rue de Courcelles en 1816.
 
No 20.
  • No 9 : presbytère de l’église Saint-Philippe-du-Roule.
  • No 10 : hôtel de la Princesse Mathilde. Hôtel particulier entre cour et jardin construit en 1812 par Bernard Poyet (classé monument historique en 1975[7]), sur un terrain ayant appartenu au financier Jacques-Louis-Guillaume Bouret de Vézelay (1733-1801), trésorier général de l'artillerie et du génie et grand spéculateur immobilier à la fin de l’Ancien Régime (voir « Rue de Vézelay »). En 1818, l'hôtel appartenait au marquis d'Aversens. En 1842, il était la propriété d'Auguste Taigny qui le loua de 1849 à 1857 à la princesse Mathilde (1820-1904) après son divorce d'avec le comte Anatole Demidoff. Hôtel de Mme Delagarde en 1910[8]. « La demeure avait été choisie par le comte de Nieuwerkerque, à qui la princesse demandait de lui faire oublier la triste aventure de son mariage avec le prince Demidoff. […] C'est là que la princesse Mathilde devait revoir son cousin, qui n'était encore que le Prince-Président, et évoquer avec lui le souvenir de fiançailles enfantines ; c'est dans le jardin de cet hôtel qu'elle fit construire une salle de bal pour recevoir “impérialement” le chef de la IIe République[9]. » L'hôtel devint ensuite la propriété du général Charles Hitchcock Sherrill (1867-1936), qui fut ambassadeur des États-Unis à Constantinople en 1909-1910. « L'ambassadeur et Mme Sherrill habitèrent là jusqu'à leur mort et y donnèrent de brillantes réceptions. Aujourd'hui [1954] que leur fils, qui en reste propriétaire, vit la plupart du temps aux États-Unis, cette demeure, frappée de léthargie, ne renferme plus que le souvenir de fastes évanouis[9]. » Vendu par les héritiers du général Sherrill, l'hôtel a ensuite été la résidence du baron Élie de Rothschild (1917-2007) et de la baronne, née Liliane Fould-Springer (1916-2003) lorsque ceux-ci quittèrent l'hôtel de Masseran dans les années 1970.
  • No 12 : hôtel particulier construit en 1812 par Bernard Poyet, classé monument historique en 1975[10], qui a été la résidence du général-vicomte Arnold de La Villestreux (1856-1949)[8],[11], issu d'une ancienne souche protestante. Il passa ensuite à la famille de Turckheim. Il est actuellement la propriété de Hamad ibn Jaber al-Thani, membre de la famille royale de Qatar et premier ministre de 2007 à 2013.
  • No 13 : à cet emplacement existait encore en 1903 l'une des dernières fontaines marchandes de Paris[9]..
  • No 14 : allée privée, fermée par une grille. « En pénétrant ici par une petite allée particulière, on est agréablement surpris de trouver dans ce coin de Paris des jardins et des villas tranquilles, non loin des tapageuses rues avoisinantes[12]. »
  • No 17 : ici l'architecte décorateur Louis Süe, installa de 1912 à 1914 les locaux de sa société, l'Atelier français. Marie Lafarge, personnalité née en 1816, accusée d'avoir tué son époux et dont le procès fut abondamment commenté à l'époque est née à cette adresse.
  • No 20 (ayant son entrée au 2, rue de La Baume) : emplacement de l'ancien hôtel de La Baume Pluvinel, propriété de M. Despeaux en 1910[8], construit par l’architecte Henry Goury, documenté dans La Construction moderne en 1893. Il ne subsiste aujourd’hui de l'ancien hôtel particulier que l’immeuble à l’angle des deux rues ; la cour d’honneur qui donnait sur la rue de La Baume a disparu[13]. Les décors peints de l’hôtel ont été conservés.
  • No 24-28 : hôtel de Bragance, construit juste avant la Révolution par l’architecte Pierre-Adrien Pâris (1745-1819) pour l’intendant des Postes Arboulin de Richebourg. Cet hôtel devait son nom au séjour qu’y avait fait l’empereur dom Pedro Ier du Brésil. Il appartint ensuite à la reine Marie-Christine de Bourbon, reine douairière d’Espagne. Napoléon III l'acheta en 1857 pour le mettre à la disposition de la princesse Mathilde. Elle y tenait un salon très réputé pour son esprit et sa liberté de ton, y accueillant des personnalités aussi diverses que les frères Goncourt, Sainte-Beuve, Flaubert ou Théophile Gautier. Il fut démoli en 1954.
  • No 32 : Patrick Hernandez et Madonna y ont emménagé ensemble en 1979[14].
  • No 36 : le photographe Tcherniak, grand prix et médaille à l'Exposition universelle de Bruxelles de 1910, avait un atelier à cette adresse[15].
  • No 45 : Marcel Proust et ses parents ont emménagé dans cet immeuble très cossu, construit par Alfred Fasquelle en 1881, le , dans un appartement du 2e étage sur rue (angle avec la rue de Monceau). « L'appartement, au premier étage au-dessus de l'entresol, est pourvu d'un large balcon de pierre et d'une cour intérieur. M. et Mme Proust y font chambre à part ; chaque garçon a sa chambre. Une petite pièce appelée par Mme Proust le « fumoir » est dévolue aux fumigations de Marcel qui fait brûler des poudres. Il y a aussi le cabinet du docteur. Le père a son valet de chambre, Jean Blanc, que Proust conservera jusqu'en 1908. La mère dispose d'une femme de chambre et d'une cuisinière[16]. » Le docteur Adrien Proust meurt dans cet appartement le , puis Mme Proust le . Marcel Proust conserve l'appartement, devenu trop vaste, jusqu'en puis il emménage au 102, boulevard Haussmann. Ce même appartement sert de décor dans le roman Quartier perdu de Patrick Modiano, où le narrateur plonge dans ses souvenirs d'adolescence. Actuelle ambassade de la République dominicaine en France.
 
Pagode rouge située au no 48.
 
Plaque au no 82.
  • No 82 : la Cinémathèque française installa ses bureaux dans cet hôtel particulier en 1958. C'est là qu'eurent lieu en 1968 de mémorables manifestations lorsqu'André Malraux, alors ministre des Affaires culturelles, chercha à révoquer son fondateur, Henri Langlois.
  • No 84 : hôtel particulier qui appartenait en 1916 à la cantatrice Marthe Chenal (1881-1947)[19]. Une plaque de marbre commémore son chant de La Marseillaise le sur les marches du palais Garnier. Elle habitait auparavant au 42, rue de la Bienfaisance. Elle mourut en 1947 dans l'hôtel de la rue de Courcelles. « Marthe Chenal croyait avoir pour seuls héritiers les enfants de son frère, mais ceux-ci n’ayant pas été légitimés, ce fut à de lointains cousins qu’échut la succession. Ils arrivèrent du fond de leur Savoie, s’adressèrent au concierge et, devant la loge confortable de celui-ci, s’écrièrent : “Elle était joliment bien logée !” ne soupçonnant pas que tout l’hôtel était la propriété de “la cousine”. On eut grand’peine à les empêcher d’arracher les dédicaces des partitions, qu’ils croyaient devoir vendre au poids, comme vieux papiers sans valeur[4]. »
 
Le no 132.
  • No 90 : hôtel particulier de Mme A. Rochet (en 1910)[20]
  • No 92 : ambassade d'Arabie saoudite en France.
  • No 93 : l'écrivain Colette (1873-1954) et son mari Henry Gauthier-Villars (1859-1931) s'installèrent à cette adresse en 1901, dans un atelier d'artiste au 6e étage, « torride en été, glacial en hiver »[21]. « Il était à la mode déjà d'habiter un atelier de ce genre, de le meubler avec désinvolture d'un banc de jardin, d'une table de réfectoire, avec des objets rustiques ou médiévaux, disposés un peu partout[22]. » Colette et Willy quitteront cet appartement dès 1902 pour s'installer au 177 bis[23].
  • No 94 : après avoir divorcé en 1877 du baron Henri van de Werve et de Schilde, Jeanne de Béthisy, fille du marquis de Béthisy et de la marquise née Bernardine de L'Espine, se remaria en 1878 avec le comte de Louvencourt et habita cet hôtel avec leur fils Kostia[4],[20].
  • Nos 132-134 : immeuble Art nouveau construit en 1907 par l'architecte Théo Petit. Figures sculptées par Henri Bouchard, sculpture décorative par Léon Binet[24].
  • No 147 : les carrosses prévus en 1873 par le comte Maxence de Damas pour le couronnement du comte de Chambord avaient été remisés à cet endroit où se dresse aujourd’hui un vaste immeuble de bureaux[4].
  • No 181 : les peintres Georges Lorin (1850-1927), Gaston Hochard (1863-1913) et Yves Dieÿ (1892-1984) eurent leur atelier dans cet immeuble[4].
  • Angle du boulevard de Reims (place de Jérusalem) : le Centre européen du judaïsme créé en 2017, inauguré en 2019.
  • No 202 : Raymond Woog (1875-1949), peintre, dessinateur et illustrateur, y résida.
  • No 222 : site Courcelles du Conservatoire municipal Claude Debussy[25].

Bâtiments détruits

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La salle à manger de la Princesse Mathilde, 24, rue de Courcelles, en 1854, par Sébastien Charles Giraud (château de Compiègne).
 
Le salon de la Princesse Mathilde, 24, rue de Courcelles, en 1859, par Sébastien Charles Giraud (château de Compiègne).
  • Vers le début de la rue, côté des numéros impairs : ancienne légation du Danemark. La princesse Lise Troubetzkoy y habita[8].
  • Nos 24-28 : hôtel particulier pour Jean-Baptiste Arboulin de Richebourg, intendant des Postes de France, construit par Pierre-Adrien Pâris[26],[27] Palais Bragance puis hôtel de la Princesse Mathilde : emplacement du « charmant cottage[8] » construit pour M. Delorme, avocat au Parlement de Nancy et spéculateur immobilier, où vécut sous le Premier Empire son gendre, le marquis de Tamisier. La maison fut louée en 1831 (jusqu'à ) à l'ex-empereur Pierre Ier du Brésil (1798-1834)[4]. Elle fut acquise en 1841 par le général Herrera, qui présida jusqu'en 1839 l'éphémère État constitué en 1836 au sud du Pérou dans le cadre de la Confédération péruano-bolivienne à l'instigation d'Andrés de Santa Cruz. Elle appartint ensuite à la reine Marie-Christine d'Espagne (1806-1878) qui y vécut avec son second mari, Agustín Fernando Muñoz y Sánchez, ancien sergent de la garde royale titré duc de Rienzarès. Napoléon III en fit l'acquisition peu avant son accession au trône et la mit en 1857 à la disposition de sa cousine, la Princesse Mathilde, qui y vécut jusqu'en 1871, y abritant ses amours tumultueuses avec le comte Émilien de Nieuwerkerke. « Ferdinand Bac et le comte Primoli m'ont souvent décrit l'installation fastueuse de cet hôtel, ses murs tendus de damas cramoisi, ses lourds rideaux de velours vert, les coussins, les franges, les capitons, les glands, tout ce décor lourd et riche où achevait de s'ensevelir le XIXe siècle[11]. » En 1873, Aristide Subervielle, dit le comte de Subervielle, racheta l'hôtel à la princesse et le revendit en 1878[28],[29], date à laquelle l'ambassade d'Espagne s'y installa[30]. L'hôtel fut démoli vers 1954.
  • Nos 38-40 : hôtel dit de Choiseul, construit vers 1760 par d'Émery[31]. Cette propriété fut ensuite divisée en deux après la Révolution française :
  • No 52 : hôtel particulier décoré par Jules ChéretYvette Guilbert (1865-1944), retirée de la scène, vivait avec son mari, Max Schiller, vers 1902[32].
  • No 59 : hôtel de Sir Edward-Charles Blount (1809-1905), créateur en 1834 de la Banque Edward Blount qui devint Charles Laffitte, Blount & Cie en 1834, puis président de la Société générale de 1886 à 1902 (démoli en 1907)[12].
  • No 61 : hôtel de Mlle Grandjean, morte en 1909 en léguant son hôtel et ses collections de tableaux et objets d'art à l'Union centrale des arts décoratifs, à charge pour celle-ci de créer dans l'hôtel un musée portant son nom[12]. Le legs n'a pas été accepté et l'hôtel a été détruit.
  • No 63 : hôtel Veil-Picard, famille de banquiers juifs originaire d'Alsace et installée à Besançon (en 1910)[12].
  • No 69 : hôtel du prince Alexandre Bibesco (1842-1911), alpiniste et grand bibliophile, et de la princesse, née Hélène Epureanu, passionnée de musique et protectrice de Claude Debussy. La princesse tenait un célèbre salon fréquenté par Charles Gounod, Camille Saint-Saëns, Pierre Bonnard, Édouard Vuillard, Aristide Maillol, Anatole France, Jules Lemaître, Pierre Loti, Ernest Renan, Leconte de Lisle entre autres. Leur fils, Antoine Bibesco (1878-1951), diplomate et écrivain, fut l'ami de Marcel Proust.
  • No 75 : le peintre Kees van Dongen (1877-1968) transféra son atelier à cette adresse en 1935.
  • No 76 : hôtel d'Honoré d'Albert, duc de Luynes (1868-1924) et de la duchesse née Simone de Crussol d'Uzès (1870-1946), fille de la duchesse d'Uzès (en 1910)[12].
  • No 78 : en 1902, la duchesse d'Uzès vendit son hôtel particulier du 76, avenue des Champs-Élysées et fit l'acquisition de quatre hôtels particuliers situés dans le même carré de rues en bordure du parc Monceau[33]. Elle emménagea elle-même au 78, rue de Courcelles[12]. Les Luynes s'installèrent dans l'hôtel contigu et communiquant du no 76. Les Brissac s'installèrent au 26, rue Murillo et les d'Uzès au 4, avenue Van-Dyck[34].
  • No 177 bis : hôtel particulier où l'écrivain Colette (1873-1954) et son mari Henry Gauthier-Villars (1859-1931) s'installèrent en 1902, dans un appartement du second étage[35],[23]. « Colette tente de donner quelque pointe de fantaisie à un cadre mornement bourgeois. Outre la balustrade de bois peinte en blanc, qui divisait le salon en deux parties, elle y installe une table de travail et une lampe à abat-jour vert (pour la qualité de la lumière)[36]. » « Son refuge était niché au sommet d'un escalier rétréci ; un atelier d'artiste meublé non d'un chevalet mais d'anneaux de gymnastique, d'un trapèze et d'une corde à nœuds[22]. » L'hôtel fut ensuite la résidence de l'extravagante baronne Madeleine Vivier-Deslandes (1866-1929), qui se faisait appeler « Ilse », dont André Becq de Fouquières rapporte que : « On la vit un soir, à la Foire de Neuilly, vêtue en prêtresse, entrer dans la cage aux lions où elle déclama un poème de Jean Richepin. On disait que cette exhibition lui avait été soufflée par Boni de Castellane pour qu’elle touchât le cœur du belluaire attaché à la ménagerie, et dont la musculeuse beauté avait frappé l’imagination d’Ilse. Elle poursuivait de longs colloques, moins dangereux, avec les animaux de bronze qui ornaient son salon et s’était placée sous la protection d’une licorne que devait lui acheter plus tard cette non moins folle personne qu’était la marquise Casati. […] Mariée une première fois au comte Fleury, elle obtint l’annulation de son mariage, puis épousa, beaucoup plus tard[37], le jeune et très beau prince Robert de Broglie[38], fils du prince Amédée[39], et qu’elle précédait dans la vie d’au moins deux décennies. Plusieurs fois ruinée, Ilse Deslandes vécut ses derniers jours dans une situation voisine de la gêne. Elle conservait des amies fidèles : Mme Élisabeth de Gramont, Lucie Delarue-Mardrus, et Mme Francesca Nolarbaloto, veuve du comte Grimaud d’Orsay […] On m’a dit que c’est au cours d’une lecture que lui faisait la comtesse d’Orsay que la baronne Deslandes s’assoupit et mourut. Sa séduction certaine retint auprès d’elle artistes et hommes de lettres. Barrès, Henry Bataille, Forain, Oscar Wilde même – se laissèrent fasciner par ce mince corps d’oiseau, par cet esprit perpétuellement en proie aux fièvres et aux inquiétudes. Les noms les plus prestigieux signaient les lettres d’amour qu’elle gardait dans un coffret confié par elle, peu de temps avant sa mort, à l’une de ses amies. » Son portrait a été peint par Edward Burne-Jones.
  • No 202 : immeuble où le peintre, graveur et sculpteur Jean-François Raffaëlli (1850-1924) eut son atelier. « Jean-François Raffaelli, en choisissant de venir habiter, 202, rue de Courcelles, ne s’était pas montré maladroit. Il vivait dans un “beau quartier”, à la fois artiste, bourgeois et élégant, mais à proximité immédiate des “fortifs”, de la “zone”, sujets qu’il affectionnait de peindre dans ses toiles[40]. »

Habitants célèbres

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François de Roubaix dans son studio du 99, rue de Courcelles.

Notes et références

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  1. Rochegude 1910, p. 59.
  2. Selon Jacques-Antoine Dulaure, le nom viendrait de l'ancien français corsal signifiant « alerte », « rapide ». Daniel de Rémy de Courcelles (1626-1698) fut gouverneur de la Nouvelle-France de 1665 à 1672.
  3. Lazare 1844, p. 127.
  4. a b c d e f g h i j k l et m « Rue de Courcelles »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur apophtegme.com (consulté le ).
  5. La commune des Batignolles fut rattachée à Paris en 1860.
  6. Projets urbains et équipements publics
  7. Notice no PA00088839, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  8. a b c d e et f Rochegude 1910, p. 60.
  9. a b et c Becq de Fouquières 1954, p. 86.
  10. Notice no PA00088840, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  11. a et b Becq de Fouquières 1954, p. 87.
  12. a b c d e f et g Rochegude 1910, p. 61.
  13. Dictionnaire des noms d’architectes des constructions élevées à Paris aux XIXe et XXe siècles. Période 1876-1899, 1990 (ISBN 978-2908872002).
  14. Patrick Hernandez, interviewé par Paloma Clément Picos, « Patrick Hernandez : "Je fais passer son premier casting à… Madonna !" », Paris Match, semaine du 25 avril au 2 mai 2019, p. 138.
  15. Selon ses portraits cartes-de-visite[réf. nécessaire].
  16. Henri Raczymow, Le Paris retrouvé de Marcel Proust, Paris, Parigramme, 2005, 199 p. (ISBN 978-2840964162), p. 65.
  17. « Rue de Courcelles » sur le site « Mon village : le faubourg du Roule et ses environs », www.apophtegme.com (consulté le 14 mars 2009) : « Il aimait recevoir ses amis intimes amateurs de parties fines, en compagnie des plus jolies filles de Paris. » La même source indique que cet hôtel a été détruit pour faire « place à de prosaïques bureaux. La Fédération régionale des travaux publics d'Île-de-France en occupe quelques-uns ». Pourtant, cet organisme est installé 7, rue Alfred-de-Vigny.
  18. Mathilde Dion, « Louis Süe », Notices biographiques d'architectes français, Paris, Ifa/Archives d'architecture du XXe siècle, 1991, 2 vol.
  19. Becq de Fouquières 1954, p. 90 situe à tort sa demeure au no 94.
  20. a et b Rochegude 1910, p. 62.
  21. Jean-Jacques Lévêque, Les années folles, 1918-1939: le triomphe de l'art moderne, Paris, www.acr-edition.com, , 725 p. (ISBN 9782867700484, lire en ligne), p. 606
  22. a et b Herbert Lottmann, cité par Lévêque 1991, p. 606.
  23. a et b Société des amis de Colette, « Lieux de vie », sur amisdecolette.fr (consulté le ).
  24. Pérouse de Montclos 1994, p. 179.
  25. « Conservatoire municipal Claude-Debussy », equipement.paris.fr
  26. Patrimoine numérisé de Besançon, memoirevive.besancon.fr.
  27. René de Kérallain, La Jeunesse de Bougainville et la guerre de Sept Ans. Les Français au Canada, BnF collection ebooks.
  28. Benjamin Duprat, L'Intermédiaire des chercheurs et curieux, volume 96, Libraire de l'Institut, 1933.
  29. Le Petit Journal, 27 mars 1873.
  30. Angel Vazquez Diaz de Tuesta, La Embajada de Espana en Paris, Madrid, Ministerio de Asuntos Exteriores, juin 2000, p. 21.
  31. Émery était le propriétaire du terrain (il y eut un passage Émery au 44, rue de Courcelles, nommé d'après lui et mentionné par Lazare 1844, p. 332). « Rue de Courcelles » sur le site « Mon village : le faubourg du Roule et ses environs », www.apophtegme.com (consulté le 14 mars 2009). Selon la même source, l'hôtel « eut pour locataire jusqu'en 1785 la marquise de Choiseul, avant de devenir en 1792 la propriété de son gendre, Jacques de La Trémouille, ex-président de la Cour des monnaies, qui y eut pour locataire le marquis de Gouffier. De ce voisinage résulta par une alliance la branche de Choiseul-Gouffier ». Ce dernier point ne peut être exact puisque cette branche a pour origine le mariage en 1771 du comte Marie-Gabriel de Choiseul-Beaupré (1752-1817) et d'Adélaïde de Gouffier († 1816).
  32. « Yvette Guilbert eut un appartement au 52, avant de prendre possession de son hôtel du boulevard Berthier. » (Becq de Fouquières 1954, p. 87.)
  33. Patrick de Gmeline, La Duchesse d'Uzès, Paris, Perrin, 2002, 434 p. (ISBN 978-2262018580), p. 358.
  34. « Le fief Greffulhe de la rue d'Astorg, avec les demeures communicantes des L'Aigle, des Montmort, des La Guiche et des Arenberg, eut une réplique […] lorsque la duchesse d'Uzès, abandonnant les Champs-Élysées, fit acquérir non seulement les hôtels du côté des numéros pairs de l'avenue Van-Dyck, mais aussi ceux de la rue de Courcelles et de la rue Murillo qui les joignent. Dès lors entre ces demeures s'établirent des communications : il y eut un étage Luynes et un étage Uzès. Au cœur de ce complexe de pierres, tout animé de vie mondaine, subsistait un îlot de quiétude : le couvent des religieuses anglaises. C'est d'ailleurs aujourd'hui [1954] tout ce qui reste de cet heureux temps. » (Becq de Fouquières 1954, p. 188)
  35. Selon Herbert Lottmann (cité par Lévêque 1991, p. 606), leur unique voisin était le prince Alexandre Bibesco, qui occupait le 1er étage. Le domicile d'Alexandre Bibesco était toutefois au no 69.
  36. Lévêque 1991, p. 606.
  37. Le à Londres. Ils divorcèrent dès l'année suivante.
  38. Prince François Marie Constant Amédée Robert de Broglie (1880-1956).
  39. Prince Henri Amédée de Broglie (1849-1917), époux de Marie Say (1857-1943), riche héritière des Sucreries Say, et propriétaires du château de Chaumont-sur-Loire.
  40. « Rue de Courcelles » sur le site « Mon village : le faubourg du Roule et ses environs », www.apophtegme.com (consulté le 14 mars 2009).
  41. Becq de Fouquières 1954, p. 95.
  42. « Comoedia », sur Gallica, (consulté le )
  43. a et b Becq de Fouquières 1954, p. 93.
  44. Becq de Fouquières 1954, p. 94.
  45. Le Petit journal, 21 septembre 1903 sur Gallica
  46. « Visionneuse - Archives de Paris. 1901, Décès, 17, p. 11 », sur archives.paris.fr (consulté le ).
  47. Archives de Paris : État civil - Acte de naissance reconstitué du 1er arrondissement ancien de Paris sous le nom de Cappelle. Cote du document : V3E / N388. Archives de Paris, no 18 boulevard Sérurier 75019 Paris.
  48. Becq de Fouquières 1954, p. 92.
  49. Gilles Loison et Laurent Dubois, François de Roubaix. Charmeur d'émotions, Bruxelles, Éditions Chapitre Douze, 2006, 568 p. (ISBN 978-2915345063).
  50. « Rue de Courcelles » sur le site « Mon village : le faubourg du Roule et ses environs », www.apophtegme.com (consulté le 14 mars 2009). No 35 selon Rochegude 1910, p. 60.
  51. No 35 selon Rochegude 1910, p. 60.
  52. Exposition générale des beaux-arts, catalogue de l'exposition, Bruxelles, 1907.

Sources

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Article connexe

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