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« Alimentation en Grèce antique » : différence entre les versions

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[[Image:Kylix euerdiges.jpg|thumb|300px|[[Kylix (vase)|Kylix]], type de vase à boire le plus fréquent en Grèce antique, v. [[-500|500 av. J.-C.]], [[British Museum]]]]
[[Fichier:Dancing woman krotala BM 1920,0613.1.jpg|thumb|300px|[[Kylix (vase)|Kylix]], type de vase à boire le plus fréquent en Grèce antique, v. [[Années 500 av. J.-C.|500 {{av JC}}]], [[British Museum]].|alt=]]


Le '''régime alimentaire des [[Grèce antique|Grecs antiques]]''' se caractérise par sa frugalité, reflet de conditions difficiles pour l'[[agriculture en Grèce antique|agriculture grecque]]. Il se fonde sur la « triade méditerranéenne<ref>Expression introduite par Sir Colin Renfrew dans ''The Emergence of Civilisation: The Cyclades and the Aegean in The Third Millennium BC'', 1972.</ref> » : [[blé]], [[huile d'olive]] et [[vin]].
Le '''régime alimentaire des [[Grèce antique|Grecs anciens]]''' se caractérise par sa frugalité, reflet de conditions difficiles pour l'[[agriculture en Grèce antique|agriculture grecque]]. Il se fonde sur la « triade méditerranéenne »<ref group="Note">Expression introduite par Sr Colin Renfrew dans ''The Emergence of Civilisation: The Cyclades and the Aegean in The Third Millennium BC'', 1972.</ref> : [[blé]], [[huile d'olive]] et [[vin]].


Les [[céréale]]s constituent la base de l'alimentation grecque. Il s'agit principalement de [[blé dur]], d'[[épeautre]] et d’[[Orge commune|orge]]. Le blé est réduit en [[Gruau (alimentation)|gruau]] et employé en bouillie ou moulu en farine pour fabriquer du [[pain]] ou des galettes. L'orge sert le plus souvent à fabriquer la ''[[Bouillie|maza]]'', le plat de base grec. Les paysans ne cuisent au four que les pâtes de [[Blé tendre|froment]] servant à la confection de galettes de consommation courante, galettes mises dans des moules et séchées. Les céréales sont souvent servies avec des légumes ([[chou (plante)|choux]], [[épinard]], [[oignon]]s, [[laitue]], [[radis]], [[lentille cultivée|lentilles]], [[fève]]s ou encore [[pois chiche]]s). La consommation de [[poisson]], de [[viande]] et de [[miel]] varie suivant la fortune de la maisonnée : seuls les riches en disposent régulièrement, mais pas en abondance. En revanche, les Grecs consomment beaucoup de produits laitiers, et surtout du [[fromage]]. L’expression « ne manger que de l'orge » est ainsi l’équivalent du français « être au pain sec et à l’eau »{{Source secondaire nécessaire|date=5 février 2022}}. Le [[beurre]] est connu, mais on lui préfère l'huile d'olive. La nourriture s'accompagne de [[Viticulture en Grèce|vin]] (rouge, blanc ou rosé) étendu d'eau et parfois aromatisé.
== Alimentation quotidienne ==


L’alimentation des Grecs antiques est connue par des sources à la fois littéraires et artistiques : les [[comédie grecque antique|comédies]] d'[[Aristophane]] et les extraits d'œuvres préservées par le grammairien [[Athénée de Naucratis|Athénée]] d'une part, les [[céramique grecque antique|vases peints]] et les [[figurines en terre cuite grecques|figurines en terre cuite]] d'autre part.
[[Image:Salt cellar Athens Louvre ED524.jpg|thumb|left|250px|Salière en céramique à vernis noir, {{Ve siècle av. J.-C.}}, [[musée du Louvre]]]]


== Repas ==
Les Grecs font trois repas par jour :
=== En famille ===
[[Fichier:Crockery display Louvre MNE1334.jpg|thumb|left|Enfant devant un présentoir à vaisselle de banquet, {{-sp-|III|e|-|I|er}}, [[musée du Louvre]].]]


Les Grecs font trois repas par jour :
* un petit-déjeuner ({{grec ancien|ἀκρατισμός}} / ''akratismós'') composé de pain d'orge trempé dans du [[vin]] pur ({{grec ancien|ἄκρατος}} / ''ákratos''), éventuellement agrémenté de [[figue]]s ou d'[[olive]]s ;
* Le [[déjeuner|premier]], froid, ({{grec ancien|ἀκρατισμός}} / {{Lang|grc-Latn|''akratismós''}}) est composé de pain d'[[Orge commune|orge]] trempé dans du [[vin]] pur ({{grec ancien|ἄκρατος}} / {{Lang|grc-Latn|''ákratos''}}), éventuellement agrémenté de [[figue]]s entre autres fruits ; fromage et [[olive]]s<ref>{{harvsp|id=FLA|Flacelière|1988|p=205}}.</ref>.
* un déjeuner ({{grec ancien|ἄριστον}} / ''ariston'')<ref>Chez [[Homère]] et les premiers [[tragédie grecque|tragiques]], le terme désigne d'abord le premier repas du jour, qui n'est pas nécessairement aussi frugal : au chant XXIV, v.&nbsp;124 de ''[[l'Iliade]]'', les compagnons d'[[Achille]] abattent un mouton pour préparer le petit-déjeuner.</ref> sommaire, pris vers midi ou au début de l'après-midi ;
* Le second ({{grec ancien|ἄριστον}} / {{Lang|grc-Latn|''áriston''}})<ref>Chez [[Homère]] et les premiers [[tragédie grecque|poètes tragiques]], le terme désigne d'abord le premier repas du jour, qui n'est pas nécessairement aussi frugal : au chant XXIV de l’''[[Iliade]]'', les compagnons d'[[Achille]] abattent un mouton pour préparer le petit-déjeuner.</ref>, sommaire, est pris vers midi ou au début de l'après-midi<ref name="Fl206">{{harvsp|id=FLA|Flacelière|1988|p=206}}.</ref>.
* un dîner ({{grec ancien|δεῖπνον}} / ''deĩpnon''), le plus important repas de la journée, qui a généralement lieu la nuit tombée.
* Le troisième ({{grec ancien|δεῖπνον}} / {{Lang|grc-Latn|''deĩpnon''}}), le plus important de la journée, a généralement lieu à la nuit tombée.


Il peut s'y ajouter un goûter ({{grec ancien|ἑσπέρισμα}} / ''hespérisma'') en début de soirée.
Il peut s'y ajouter un goûter ({{grec ancien|ἑσπέρισμα}} / {{Lang|grc-Latn|hespérisma}}) en début de soirée ; l'{{grec ancien|ἀριστόδειπνον}} / ''aristódeipnon'', littéralement un déjeuner dînatoire, peut être servi tard dans l'après-midi à la place du dîner<ref group="P">[[Alexis le Comique]], {{fr.}}214 Kock = Athénée, {{47e}}.</ref>.{{Source secondaire nécessaire|date=5 février 2022}}


Lors des repas et des banquets, les femmes sont rares et se tiennent dans la plus grande réserve et le silence. Il est d'usage qu'elles sortent lorsque les convives masculins, ayant fini de manger, se livrent à la conversation libre. Il semble que, dans la plupart des cas, les femmes prennent leurs repas à part dans une autre pièce<ref>{{harvsp|id=DAL|Dalby|1996|p=5}}.</ref>. Si la taille de la maison ne le permet pas, les hommes mangent les premiers, les femmes passant à table une fois que ces derniers ont terminé leur repas<ref>{{harvsp|id=DAL|Dalby|1996|p=15}}.</ref>. Les [[esclavage en Grèce antique|esclaves]] assurent le service ; eux aussi mangent à part, et souvent les restes. Dans les familles les plus pauvres, ce sont les femmes et les enfants, s'il faut en croire [[Aristote]], qui pallient le manque d'esclaves<ref group="P">{{AriPol}}, 1323a4.</ref>{{Source secondaire nécessaire|date=5 février 2022}}.
Les Grecs mangent assis, l'usage de banquettes étant réservé aux banquets ou aux aristocrates<ref>Dalby [1996], p. 13-14.</ref>. Les tables, hautes pour les repas ordinaires et basses pour les banquets, sont d'abord de forme rectangulaire. Au {{IVe siècle av. J.-C.}}, la table habituelle prend une forme ronde, souvent à pieds zoomorphes (par exemple en forme de pattes de lion). L'usage de déposer dans des tombes de petits [[figurines en terre cuite grecques|modèles en terre cuite]] représentant des pièces du mobilier nous permet aujourd'hui d'avoir une bonne idée de ces meubles grecs.


L'usage de déposer dans des tombes de petits [[figurines en terre cuite grecques|modèles en terre cuite]] représentant des pièces du mobilier permet aujourd'hui d'avoir une bonne idée des meubles grecs. Les Grecs ordinaires mangent assis sur des tabourets à des tables, hautes pour les repas ordinaires, basses pour les banquets, et d'abord de forme rectangulaire. Les banquettes sur lesquelles on s'étend sont réservées aux banquets ou aux aristocrates<ref>{{harvsp|id=DAL|Dalby|1996|p=13-14}}.</ref>. Au {{-s|IV}}, la table habituelle prend une forme ronde, souvent à pieds zoomorphes (par exemple en forme de pattes de lion){{Référence souhaitée|date=5 février 2022}}.
Les galettes de pain peuvent servir d'assiette, mais les écuelles en [[terre cuite]] ou en [[métal]] sont plus courantes. La vaisselle se raffine au fil du temps et l'on trouve des [[assiette (vaisselle)|assiette]]s en matériaux précieux ou en [[verre]] pendant l'époque romaine. L'usage de la [[fourchette]] étant inconnu, on mange avec les doigts. On s'aide d'un [[couteau]] pour la viande et d'une [[cuillère]] semblable aux cuillères occidentales contemporaines pour manger soupes et bouillies.


Les galettes de pain peuvent servir d'assiette, mais les écuelles en [[terre cuite]] ou en [[métal]] sont plus courantes<ref name="Fl209">{{harvsp|id=FLA|Flacelière|1988|p=209}}.</ref>. La vaisselle se raffine au fil du temps et l'on trouve des [[assiette (vaisselle)|assiettes]] en matériaux précieux ou en [[verre]] pendant l'époque romaine. Les couverts sont peu utilisés à table : l'usage de la [[fourchette]] étant inconnu, on mange avec les doigts<ref name="Sp132">{{harvsp|id=SPA|Sparkes|1962|p=132}}.</ref> en s'aidant d'un [[couteau]] pour la viande et d'une [[cuillère]] semblable aux cuillères occidentales contemporaines, pour les soupes et bouillies<ref name="Fl209"/>. Des morceaux de pain ({{grec ancien|ἀπομαγδαλία}} / ''apomagdalía'') peuvent être utilisés pour se saisir de la nourriture<ref name="Sp132"/> ou, en guise de serviettes, pour s'essuyer les doigts<ref group="P">[[Aristophane]], ''Cavaliers'' 413–16 ; Pollux, VI, 93.</ref>{{,}}{{sfn|Nadeau|2010|p=202}}{{Source secondaire nécessaire|date=5 février 2022}}.
Il semble que dans la plupart des cas, les femmes mangent séparément des hommes. Quand la taille de la maison ne le permet pas, les hommes mangent en premier, les femmes passant à table une fois que ces derniers ont terminé leur repas<ref>Dalby [1996], p. 15.</ref>. Les [[esclavage en Grèce antique|esclave]]s assurent le service. Dans les familles les plus pauvres, ce sont les femmes et les enfants, s'il faut en croire [[Aristote]]<ref>''[[La Politique (Aristote)|Politique]]'', 1323a4.</ref>, qui pallient le manque d'esclaves.


=== Pain ===
=== En société ===
==== Banquets ====
Le {{grec ancien|συμπόσιον}} / {{Lang|grc-Latn|sympósion}} — traditionnellement traduit par « banquet », plus littéralement « réunion de buveurs » — est l’un des « loisirs » préférés des Grecs<ref name="Fl212">{{harvsp|Flacelière|1988|p=212|id=FLA}}.</ref>.[[Fichier:Symposium scene Nicias Painter MAN.jpg|thumb|300px|Banqueteurs jouant au [[cottabe]] pendant qu'une musicienne joue de l'[[aulos (instrument)|aulos]], [[cratère (vase)|cratère]] en cloche du Peintre de [[Nicias (peintre)|Nicias]] (Musée national archéologique de Madrid).]]
L'histoire des banquets publics (repas et ''symposion'') montre de grandes différences entre, par exemple, le banquet aristocratique archaïque (du {{sp-|VIII|e|au|VI|e}}) et le banquet public organisé par la cité ou les [[Évergétisme|évergète]]s dans les cités hellénistiques<ref>{{harvsp|Pauline Schmidt Pantel, 2011|p=2}}</ref>. Dans tous les cas, cependant, comme le dit J.-P. Vernant {{citation|il y a des formes et des degrés divers de sacré, plutôt qu'une polarité sacré-profane}}<ref>J.-P. Vernant « Religion grecque, religions antiques » dans « Religions, histoires, raisons », Paris 1979, {{p.|11}}.</ref> et le religieux est présent autant dans le repas que dans le ''symposion''<ref>{{harvsp|Pauline Schmidt Pantel, 2011|p=7}}</ref>. Enfin, le fait de manger et boire ensemble fonde la communauté civique<ref>{{harvsp|Pauline Schmidt Pantel, 2011|p=331}}</ref>.


Le lieu le plus fréquent est le sanctuaire du dieu en l'honneur duquel se font les sacrifices, dans le ''[[Hiéron (sanctuaire)|hieron]]'' ou le ''[[Téménos (religion)|temenos]]''<ref name="r97APFA">{{harvsp|Pauline Schmidt Pantel, 2011|p=320}}</ref>. La plupart des sanctuaires attiques, recevaient des banquets publics<ref>{{harvsp|Pauline Schmidt Pantel, 2011|p=333}}</ref>. Le lieu du ''symposion'' était aussi, souvent, situé au cœur de la cité : à [[Thasos (île)|Thasos]] sur un côté de l'agora archaïque, à Athènes le [[prytanée]] ne sert, au début du {{s-|V|e}}, qu'au banquet des [[prytane]]s, et la [[stoa]] sud comportait des salles de banquet pour 500 lits de table. Sur l'Acropole, la [[Pinacothèque]] pouvait être aménagée pour recevoir 17 lits (entre 440 et 430), tout ceci pour les « officiels »{{Référence nécessaire|date=5 février 2022}}. Dans le quartier du [[Céramique]], le [[Pompeion]], de la fin du {{s-|V|e}}, et ses abords pouvaient recevoir les masses lors des banquets publics. Cependant d'autres espaces pouvaient convenir en certaines occasions. {{citation|Ainsi un bienfaiteur à Metropolis a fait lors des jours bachiques une ''hestiasis'' pour le dèmos « dans la montagne », ce qui n'est guère surprenant dans une fête en l'honneur de Dionysos}}<ref name="r97APFA" />.
[[Image:NAMA Figurine pétrissante 1.jpg|thumb|right|180px|Femme pétrissant de la pâte à [[pain]], v.&nbsp;[[-500|500]]-[[-475|475 av. J.-C.]], [[Musée national archéologique d'Athènes]]]]

Le ''symposion'' comprend deux parties : la première est consacrée à la nourriture, généralement assez simple, et la seconde à la boisson<ref name="Fl212" />. En réalité, on consomme également du [[vin]] avec le repas, et les boissons sont accompagnées des {{grec ancien|τραγήματα}} / {{Lang|grc-Latn|tragếmata}} ou friandises à grignoter : [[châtaigne]]s, fèves, grains de blé grillés ou encore gâteaux au miel, chargés d'absorber l'alcool et de prolonger la beuverie<ref name="Fl213">{{harvsp|Flacelière|1988|p=213|id=FLA}}.</ref>. Certains banquets font d'ailleurs partie de rituels qui en manifestent la dimension « sacrée »{{Référence nécessaire|date=5 février 2022}}.

La seconde partie est inaugurée par une ou plusieurs [[libation]]s, un [[péan]] ou une simple prière, généralement en l’honneur de [[Dionysos]]<ref name="Fl215">{{harvsp|id=FLA|Flacelière|1988|p=215.}}</ref>. Puis l’on discute ou l’on joue à divers jeux de table, comme le [[cottabe]] — en effet, les convives sont allongés sur des banquettes. Des danseuses, des acrobates et des musiciens de location peuvent agrémenter la soirée. Le philosophe [[péripatéticien]] [[Théophraste]] montre dans ses ''[[Les Caractères (Théophraste)|Caractères]]''<ref group="P">Théophraste, Caractère XX, ''Le Raseur'' (10).</ref> le propriétaire d’un esclave qui a loué des filles, musiciennes et danseuses qui peuvent assurer tous les plaisirs des convives{{Source secondaire nécessaire|date=5 février 2022}}.

Un {{Citation|roi du banquet}}, tiré au sort, est chargé d'indiquer aux esclaves la proportion à observer entre le vin et l'eau dans la préparation de la boisson<ref name="Fl215"/>. Le chant ou la prière sont assez libres de composition ; la libation est composée d'une partie offerte à [[Zeus]] et aux dieux olympiens, une deuxième offerte au bon démon, et la troisième à [[Hermès]]. Une coupe est remplie, qui passe de main en main chez les participants qui formulent une prière. Les libations obéissent à certaines règles : le nombre de libations par personne n'est pas limité, mais l'invocation ne va pas sans la libation. Après le repas et avant la beuverie, on couvre la tête des participants de bandelettes ou de couronnes de rubans. [[Théophraste]] montre dans ses ''[[Les Caractères (Théophraste)|Caractères]]''<ref group="P">Théophraste, Caractère X, ''L’Avare'' (3 ; 13).</ref> un avare qui fait une petite libation, et de surcroît compte le nombre de coupes vidées, puis se plaint du prix des bandelettes et autres rubans (les objets rituels nécessaires s'échangeaient){{Source secondaire nécessaire|date=5 février 2022}}.

Ces banquets sont strictement réservé aux hommes — à l'exception des danseuses et des [[prostitution en Grèce antique|courtisanes]], les femmes se devaient de rester entre elles{{Référence nécessaire|date=5 février 2022}} : dans ''[[Le Banquet (Platon)|Le Banquet]]'' de [[Platon]], Éryximaque prie la joueuse d'[[Aulos (instrument)|aulos]] de rejoindre les femmes de la maison dans la pièce qui leur est réservée<ref group="P">[[Platon]], [[Le Banquet (Platon)|''Le Banquet'']], 176 e-177 a.</ref> {{Source secondaire nécessaire|date=5 février 2022}}; celle qui se mêle aux hommes est vue comme une esclave, comme tout sauf de condition libre, passible d'attaque en justice — le banquet est un élément essentiel de la sociabilité grecque. Il peut être organisé à l'instigation d'un particulier conviant ses amis ou sa famille. Il peut également rassembler, de manière régulière, les membres d'une association religieuse ou d'une [[hétairie]] (sorte de club aristocratique). Les grands banquets sont l'apanage des plus riches, mais dans la plupart des foyers grecs, les fêtes religieuses ou les événements familiaux sont l'occasion de banquets plus modestes{{Référence nécessaire|date=5 février 2022}}.

Le philosophe [[péripatéticien]] Hippoloque de [[Royaume de Macédoine|Macédoine]], ami et condisciple de [[Lyncée de Samos|Lyncée]] de [[Samos]], lui a écrit une lettre au sujet d'un banquet de mariage auquel il a été convié<ref group="P">La lettre est mentionnée par l'historien [[Athénée de Naucratis|Athénée]] : {{AthDei|compact}}, IV, 1.</ref> :{{Source secondaire nécessaire|date=5 février 2022}} on sert du vin, puis un pain d'égale largeur, des poules, des canards, du pigeon (ramier), etc. Chacun ayant pris ce qu'on lui présente, le donne avec le plat aux [[Esclavage en Grèce antique|esclaves]] ; on présente aussi à la ronde nombre d'autres différents mets. Ce service est suivi d'un autre, incluant un grand pain, des [[oie]]s, des [[lièvre]]s, des [[Chèvre|chevreau]]x, des [[tourtereau]]x, des [[perdrix]]. Les mêmes mets sont aussi donnés aux esclaves. Après avoir pris assez de nourriture, les invités se lavent les mains, et des joueuses de flûtes, des musiciens et des [[harpe|harpiste]]s [[Rhodes|rhodiennes]] couvertes d'un voile entrent. Elles se retirent après un court début : aussitôt il en paraît d'autres, portant chacune deux pots de parfum. On sert ensuite à chacun, pour souper, un plat contenant un très gros cochon rôti. Hippoloque mentionne des [[grive]]s rôties, des [[becfigue]]s où l'on avait versé des jaunes d'œufs, des [[huître]]s, des [[pétoncle]]s. {{Citation|Le cochon fut suivi d'un autre chevreau bouillant dans la sauce sur un autre plat. Dès que nous fûmes débarrassés de ce monde, nous nous mîmes à boire.}}{{Source secondaire nécessaire|date=5 février 2022}}

La dernière partie du banquet, celle consacrée à la beuverie, est également prétexte à la danse ; inviter une danseuse sans être au moins éméché est très mal vu en société ; l'ivresse doit servir de prétexte<ref>''[[Le Banquet (Xénophon)|Le Banquet]]'' de [[Xénophon]] (Chapitre II (22-25).</ref> {{Source secondaire nécessaire|date=5 février 2022}}.

Le banquet a servi de cadre à une littérature de genre : ''[[Le Banquet (Platon)|Le Banquet]]'' de [[Platon]], ''[[Le Banquet (Xénophon)|Le Banquet]]'' de [[Xénophon]], les ''Propos de table'' de [[Plutarque]] ou encore le ''[[Banquet des Deipnosophistes]]'' d’[[Athénée de Naucratis|Athénée]].{{Source secondaire nécessaire|date=5 février 2022}}

==== Syssities ====
{{Article détaillé|Syssitie}}

Les ''syssities'' ({{grec ancien|τὰ συσσίτια}} / {{Lang|grc-Latn|''tà syssítia''}}) sont des repas obligatoires pris en commun dans le cadre de groupes sociaux ou religieux rassemblant hommes et jeunes gens. Ils concernent principalement la [[Crète]] et [[Sparte]] et prennent le nom d’''hetairia'', ''pheiditia'', ou ''andreia''. Ils fonctionnent comme des [[hétairie|clubs aristocratiques]] et comme un [[Mess (militaire)|mess militaire]]. Comme les banquets, les syssities sont le domaine exclusif des hommes ; quelques références{{Lesquelles|date=5 février 2022}} décrivent également des syssities exclusivement féminines. Au contraire des banquets, cependant, les repas se caractérisent par la simplicité et la tempérance.{{Référence nécessaire|date=5 février 2022}}

=== Pain ===
[[Fichier:NAMA Figurine pétrissante 1.jpg|thumb|180px|Femme pétrissant de la pâte à [[pain]], v.&nbsp;[[Années 500 av. J.-C.|500]]-[[475 av. J.-C.]], [[Musée national archéologique d'Athènes]].|alt=]]


Les [[céréale]]s ({{grec ancien|σῖτος}} / ''sĩtos'') constituent la base de l'alimentation grecque. Il s'agit principalement de [[blé dur]] ({{grec ancien|πύρος}} / ''pýros''), d'[[épeautre]] ({{grec ancien|ζειά}} / ''zeiá'') et d'[[orge]] ({{grec ancien|κριθαί}} / ''krithaí''). Mondé par trempage, le blé peut être transformé de deux manières principales : réduit en gruau, il sera employé en bouillie ; moulu en farine ({{grec ancien|ἀλείατα}} / ''aleíata'') et pétri, il sert à fabriquer du [[pain]] ({{grec ancien|ἄρτος}} / ''ártos'') ou des galettes, simples ou mélangées à du [[fromage]] ou du [[miel]]. Le [[levain]] est connu mais le four en pierre n'apparaît qu'à l'époque romaine. D'après une prescription de [[Solon]], législateur [[Athènes antique|athénien]] semi-mythique du {{-s|VI|e}}, le pain de froment doit être réservé aux jours de fête. Cependant, dès l'[[époque classique]], il est vendu quotidiennement en boulangerie. Il reste néanmoins cher.
Les [[céréale]]s ({{grec ancien|σῖτος}} / {{Lang|grc-Latn|''sĩtos''}}) constituent la base de l'alimentation grecque. Il s'agit principalement de [[blé dur]] ({{grec ancien|πύρος}} / {{Lang|grc-Latn|''pýros''}}), d'[[épeautre]] ({{grec ancien|ζειά}} / {{Lang|grc-Latn|''zeiá''}}) et d'[[Orge commune|orge]] ({{grec ancien|κριθαί}} / {{Lang|grc-Latn|''krithaí''}})<ref>{{harvsp|id=DAL|Dalby|1996|p=90-91}}.</ref>. Mondé par trempage, le blé peut être transformé de deux manières principales : réduit en gruau, il sera employé en bouillie ; moulu en farine ({{grec ancien|ἀλείατα}} / {{Lang|grc-Latn|''aleíata''}}) et pétri, il sert à fabriquer du [[pain]] ({{grec ancien|ἄρτος}} / {{Lang|grc-Latn|''ártos''}}) ou des galettes, simples ou mélangées à du [[fromage]] ou du [[miel]]<ref name="Mi62">{{harvsp|id=MIG|Migeotte|2002|p=62}}.</ref>. Le [[levain]] est connu ; à partir de l'époque romaine, les Grecs utilisent un {{lh|Soude|composé alcalin}} ou de la levure de vin comme agent levant<ref name="DAL91">{{harvsp|id=DAL|Dalby|1996|p=91}}.</ref>. Les pâtons sont cuits à la maison dans un four en argile (ἰπνός / ''ipnos'') surélevé par des pieds<ref>{{harvsp|id=SPA|Sparkes|1962|p=127}}.</ref>. Une technique de cuisson plus rustique consiste à déposer des charbons ardents sur le sol en terre et de recouvrir le tas d'un couvercle en cloche ({{grec ancien|πνιγεὐς}} / ''pnigeus'') ; quand le sol est suffisamment chaud, on pousse les charbons sur le côté, on dépose les pâtons et le couvercle est remis en place, sous les charbons<ref>{{harvsp|id=SPA|Sparkes|1962|p=128}}.</ref>. Le four en pierre n'apparaît qu'à l'époque romaine. D'après une prescription de [[Solon]], législateur [[Athènes antique|athénien]] du {{-s|VI}}, le pain de [[Blé tendre|froment]] doit être réservé aux jours de fête<ref>{{harvsp|id=FLA|Flacelière|1988|p=207}}.</ref>. Cependant, dès l'[[époque classique]] et pour peu qu'on en ait les moyens, on le trouve tous les jours chez la boulangère, profession qui apparaît à Athènes au {{s-|V}}{{Référence nécessaire|date=5 février 2022}}.


L'orge est plus facile à produire mais peu panifiable. Elle donne des pains nourrissants mais très lourds. De ce fait, elle est plutôt grillée puis moulue pour donner une farine ({{grec ancien|ἄλφιτα}} / ''álphita''), laquelle sert à fabriquer la {{grec ancien|μᾶζα}} / ''mãza'', le plat de base grec. Dans ''[[la Paix]]'', [[Aristophane]] emploie l'expression {{grec ancien|ἔσθειν κριθὰς μόνας}}, littéralement « ne manger que de l'orge », équivalent du français « être au pain sec et à l'eau » (v.&nbsp;449). Nous connaissons plusieurs recettes de la maza : elle peut être servie cuite ou crue, sous forme de bouillie, de boulettes ou de galettes. Là encore, la maza peut-être agrémentée de fromage ou de miel.
L'orge est plus facile à produire mais peu panifiable. Elle donne des pains nourrissants mais très lourds<ref name="DAL91"/>. De ce fait, elle est plutôt grillée puis moulue pour donner une farine ({{grec ancien|ἄλφιτα}} / {{Lang|grc-Latn|''álphita''}}), laquelle sert à fabriquer (le plus souvent sans cuisson puisque les grains ont déjà été grillés) la {{grec ancien|μᾶζα}} / {{Lang|grc-Latn|''mãza''}}, le plat de base grec, comme le souligne le surnom de « mangeurs d'orge » dont les Romains affublaient les Grecs. Dans ''[[la Paix]]'', [[Aristophane]] emploie l'expression {{grec ancien|ἔσθειν κριθὰς μόνας}}, littéralement « ne manger que de l'orge », équivalent du français « être au pain sec et à l'eau »<ref group="P">Aristophane, ''La Paix, 449.''</ref>{{Source secondaire nécessaire|date=5 février 2022}}. Nous connaissons plusieurs recettes de la maza : elle peut être servie cuite ou crue, sous forme de bouillie, de boulettes ou de galettes<ref name="Mi62"/>. Là encore, la maza peut être agrémentée de fromage ou de miel.


=== Fruits et légumes ===
=== Fruits et légumes ===
==== Légumes ====
Les céréales sont souvent servies avec un accompagnement appelé génériquement {{grec ancien|ὄψον}} / {{Lang|grc-Latn|ópson}}<ref>{{harvsp|id=DAL|Dalby|1996|p=22}}.</ref>. Le mot désigne d'abord tout ce qui se prépare sur le feu, et par extension tout ce qui accompagne le pain<ref group="P">[[Scholie]] du vers 630 du chant XI de l’''[[Iliade]]''</ref>{{Source secondaire nécessaire|date=5 février 2022}}. À partir de l'époque classique, il s'agit de poisson et de [[légume]]s : [[chou (plante)|choux]], [[oignon]]s, [[lentille cultivée|lentilles]], [[fève]]s, différentes espèce de [[Lathyrus|gesses]], [[vesce]]s ou encore [[pois chiche]]s<ref>Cfr. Kimberly-Hatch</ref>{{Référence insuffisante}}. Ils sont servis en soupe, bouillis ou en purée ({{grec ancien|ἔτνος}} / {{Lang|grc-Latn|étnos}}), assaisonnés d'[[huile d'olive]], de [[vinaigre]], de [[garum]] ({{grec ancien|γάρον}} / {{Lang|grc-Latn|gáron}}) — sauce de poisson proche du [[nuoc mam]] [[Viêt Nam|vietnamien]] — et d'[[herbes aromatiques|herbes]]. S'il faut en croire Aristophane<ref group="P">Aristophane, {{AriGre|compact}}, v.&nbsp;62-63.</ref>{{Source secondaire nécessaire|date=5 février 2022}}, la purée est l'un des plats favoris d'[[Héraclès]], toujours représenté comme un goinfre dans la [[comédie grecque antique|comédie]]. Les plus pauvres consomment couramment des [[gland (fruit)|glands]] de chêne ({{grec ancien|βάλανοι}} / {{Lang|grc-Latn|bálanoi}})<ref>{{harvsp|id=DAL|Dalby|1996|p=89}}.</ref>. Les [[olive]]s sont une garniture fréquente, qu'elles soient crues ou confites<ref>{{harvsp|id=DAL|Dalby|1996|p=23}}</ref>.


En ville, les légumes frais sont chers et peu consommés : les citadins peu fortunés se rabattent sur les [[légume sec|légumes secs]]. La soupe de lentilles ({{grec ancien|φακῆ}} / {{Lang|grc-Latn|''phakễ''}}) est le plat typique de l'ouvrier<ref>{{harvsp|id=DAL|Dalby|1996|p=90}}.</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|id=FLI|Flint-Hamilton|1999|p=75}}.</ref>. Les rations militaires typiques contiennent de l'ail, des oignons et du fromage<ref>{{harvsp|id=FLA|Flacelière|1988|p=208}}.</ref>. Aristophane évoque ainsi le « rot de mangeur d'oignon » typique du soldat<ref group="P">Aristophane, ''[[La Paix]]'' (529)</ref>{{Source secondaire nécessaire|date=5 février 2022}} ; ailleurs, le [[chœur (théâtre)|chœur]] chante la paix et sa « joie d'être délivré du casque / du fromage et des oignons »<ref group="P">Aristophane, ''La Paix'', 1127-1129.</ref>{{Source secondaire nécessaire|date=5 février 2022}}.
Les céréales sont souvent servies avec un accompagnement appelé génériquement {{grec ancien|ὄψον}} / ''ópson''. Le mot désigne d'abord tout ce qui se prépare sur le feu, et par extension tout ce qui accompagne le pain. Dans ''[[l'Iliade]]'', le terme désigne donc la [[viande]], puis dans ''[[l'Odyssée]]'', également le [[poisson]]. À partir de l'époque classique, il s'agit plutôt de [[légume]]s : [[chou (plante)|chou]]x, [[oignon]]s, [[lentille cultivée|lentilles]], [[fève]]s, différentes variétés de [[gesse (plante)|gesse]]s, [[vesce]]s ou encore [[pois chiche]]s. Ils sont servis en soupe, bouillis ou en purée ({{grec ancien|ἔτνος}} / ''étnos''), assaisonnés d'[[huile d'olive]], de [[vinaigre]], de {{grec ancien|γάρον}} / ''gáron'' — sauce de poisson ressemblant au [[nuoc mam]] [[Viêt Nam|vietnamien]] — et d'[[Herbe aromatique|herbes]]. S'il faut en croire Aristophane<ref>{{AriGre|compact}}, v.&nbsp;62-63.</ref>, la purée est l'un des plats favoris d'[[Héraclès]], toujours représenté comme un goinfre dans la [[comédie grecque antique|comédie]]. Les plus pauvres consomment couramment des [[gland (fruit)|gland]]s de chêne ({{grec ancien|βάλανοι}} / ''bálanoi'')<ref>Dalby [1996], p. 89.</ref>. Les [[olive]]s sont une garniture fréquente, qu'elles soient crues ou confites.


==== Fruits ====
En ville, les légumes frais sont chers et peu consommés : les citadins peu fortunés se rabattent sur les [[légume sec|légumes secs]]. La soupe de lentilles ({{grec ancien|φακῆ}} / ''phakễ'') est le plat typique de l'ouvrier<ref>Dalby [1996], p. 90.</ref>. Les [[oignon]]s, quant à eux, sont l'un des symboles de la vie militaire : Aristophane évoque dans ''la Paix'' le « rot de mangeur d'oignon » typique du soldat (v.&nbsp;529). Un peu plus loin, le [[chœur (théâtre)|chœur]] chante la paix et sa « joie d'être délivré du casque / du fromage et des oignons » (v.&nbsp;1127-1129).
Les [[fruit (alimentation humaine)|fruit]]s, frais ou secs, sont mangés en dessert. Ce sont principalement les [[figue]]s, les [[grenade (fruit)|grenades]], les [[noix]] et [[noisette]]s. Les figues sèches sont également consommées en apéritif, en buvant du vin. Dans ce cas, elles sont souvent accompagnées de graines de [[lupin]], de [[châtaigne]]s, de [[pois chiche]]s ou de [[faine]]s grillées. La présence de [[figue]]s carbonisées, près des restes de [[raisin]], laisse supposer qu'elles ont servi d'[[chaptalisation|adjuvant sucré]] pour camoufler l'amertume du jus des [[vigne sauvage|vignes sauvages]].{{Référence nécessaire|date=5 février 2022}}


=== Viande ===
Les [[fruit]]s, frais ou secs, sont mangés en dessert. Ce sont principalement les figues, les [[grenade (fruit)|grenade]]s, les [[noix]] et [[noisette]]s. Les figues sèches sont également consommées en apéritif, en buvant du vin. Dans ce cas, elles sont souvent accompagnées de graines de [[lupin]], de [[châtaigne]]s, de [[pois chiche]]s ou de [[faîne]]s grillés.
[[Fichier:Sacrifice pig Tarporley Painter MAN.jpg|thumb|left|Un jeune homme prépare une tête de cochon après le sacrifice - on voit les colonnes du temple à droite - [[cratère (vase)|cratère]] en cloche du Peintre de [[Tarporley]], v. [[360 av. J.-C.|360]]-[[340 av. J.-C.]], Musée archéologique national de Madrid.|alt=]]


Manger de la viande est chose rare, sauf aux fêtes ou autres banquets. La consommation de poisson et de viande varie suivant la fortune de la maisonnée mais aussi son implantation : à la campagne, la [[chasse]] (principalement le piégeage pour les plus pauvres) permet de consommer du [[lièvre]] et des [[oiseau]]x. Les paysans possèdent également des basses-cours les fournissant en [[poulet]]s et en [[oie]]s ; les propriétaires un peu aisés ou riches pratiquent un élevage d'appoint de [[chèvre]]s, [[porc]]s et [[mouton]]s, et les chasseurs s'offrent le produit de leurs prises : sangliers, cerfs. À la ville, les viandes sont chères, à l'exception de la viande de porc : à l'époque d'[[Aristophane]], un [[cochon de lait]] coûte trois [[Drachme antique grecque|drachmes]]<ref group="P">''[[La Paix]]'' (374)</ref>{{Source secondaire nécessaire|date=5 février 2022}}, soit trois jours de travail d'un ouvrier de chantier public{{Ref nec|date=5 février 2022}}. Les riches comme les pauvres consomment des [[saucisse]]s<ref>{{harvsp|id=SPA|Sparkes|1962|p=123}}</ref>. Des [[Boudin (cuisine)|boudin]]s faits d'estomac de chèvre bourrés de graisse et de sang sont déjà mentionnés dans l'''[[Odyssée]]''<ref group="P">{{HomOdy}} : Chant XVIII (118-119)</ref>{{Source secondaire nécessaire|date=5 février 2022}}.
=== Viande et poisson ===


La [[civilisation mycénienne]] pratiquait l'élevage de [[Élevage bovin|bovins]] pour leur viande. Au {{-s|VIII}} encore, [[Hésiode]] décrit son idéal de festin campagnard :
[[Image:Goat sacrifice Louvre K238.jpg|thumb|250px|left|Le sacrifice, principale source de viande pour le citoyen urbain — ici une [[chèvre]], [[cratère (Antiquité)|cratère]] de Python, v.&nbsp;[[-360|360]]-[[-350|350 av. J.-C.]], [[musée du Louvre]]]]


{{citation|puissé-je avoir l'ombre d'une roche, du vin de Byblos, une galette bien gonflée et du lait de chèvres qui ne nourrissent plus, avec la chair d'une génisse qui a pris sa pâture au bois et n'a pas encore [[Vêlage (mise bas)|vêlé]] ou d'agneaux d'une première portée}}<ref group="P">{{HésTra}} (588-593)</ref>{{Source secondaire nécessaire|date=5 février 2022}}.
La consommation de poisson et de viande varie suivant la fortune de la maisonnée mais aussi son implantation : à la campagne, la [[chasse]] (principalement le piégeage pour les petites gens) permet de consommer [[oiseau]]x et [[lièvre]]s. Les paysans possèdent également des basses-cours les fournissant en [[poulet]]s et en [[oie]]s ; les propriétaires un peu aisés pratiquent un élevage d'appoint de [[chèvre]]s, de [[porc]]s et de [[mouton]]s. À la ville, ces viandes sont chères, à l'exception du porc : à l'époque d'Aristophane, un cochon de lait coûte trois [[drachme]]s<ref>''[[La Paix]]'', v.&nbsp;374.</ref>, soit trois jours de travail d'un ouvrier de chantier public.


La viande est beaucoup moins mentionnée dans les textes de l'époque classique que dans la poésie archaïque ; il est possible que cette évolution ne reflète pas une évolution des habitudes de consommation, mais seulement les codes de chaque genre littéraire{{Référence nécessaire|date=5 février 2022}}.
La [[civilisation mycénienne]] pratiquait l'élevage de [[bovins]] pour leur viande. Au {{VIIIe siècle av. J.-C.}} encore, [[Hésiode]] décrit son idéal de festin campagnard :
<blockquote>
« puissé-je avoir l'ombre d'une roche, du vin de Byblos, une galette bien gonflée et du lait de chèvres qui ne nourrissent plus, avec la chair d'une génisse qui a pris sa pâture au bois et n'a pas encore vêlé ou d'agneaux d'une première portée. »<br />
(''[[Les Travaux et les Jours]]'', v.&nbsp;588-593.)
</blockquote>
Dès la fin de l'âge archaïque pourtant, l'élevage décline et cette consommation devient marginale, cantonnée aux sacrifices religieux qui donnent lieu à des festins civiques : la part des dieux (graisse et os) est brûlée alors que la part des hommes (viande) est grillée et distribuée aux participants.


La consommation de viande a principalement lieu à l'occasion des sacrifices religieux qui donnent lieu à des festins civiques : la part des dieux (graisse, fémurs et viscères) est brûlée alors que la part des hommes (viande) est grillée et distribuée aux participants. Il existe parallèlement un commerce florissant de viandes cuites ou salées, qui semblent elles aussi être issues de sacrifices<ref name="Dav15">{{harvsp|id=DAV|Davidson|1997|p=115}}.</ref>. La technique bouchère grecque a ceci de particulier que l'animal n'est pas découpé suivant le type de morceau, mais en portions de poids égal : chacune d'entre elles peut donc être composée presque entièrement de graisse et d'os ou au contraire seulement de viande, et mêler morceaux à braiser, rôtir, bouillir ou griller. Un passage de comédie illustre les problèmes que la pratique suscite :
Pour leur part, les [[Sparte|Spartiates]] mangent principalement un ragoût de porc, le fameux [[brouet]] noir ({{grec ancien|μέλας ζωμός}} / ''mélas zômós''). Dicéarque préservé par [[Athénée]] nous renseigne sur sa composition : porc, sel, vinaigre et sang. Le plat est complété de figues et de fromage. [[Élien]]<ref>{{ÉliHis}} XIV, 7.</ref>, auteur du {{IIe s}}-{{IIIe siècle}}, prétend que [[Sparte]] défend à ses cuisiniers de savoir préparer autre chose que de la viande.


{{citation|Chairéphon achetait un jour de la viande ; le boucher, dit-on, lui en coupa ''par hasard'' un morceau très osseux. Il lui dit : « Boucher, ne compte pas l'os », ce à quoi celui-ci répondit : « Mais la viande est tendre : on dit qu'elle l'est quand elle est près de l'os. » Et Chairéphon de dire : « Soit, cher ami, mais son poids supplémentaire me chagrine, où qu'il se trouve.}}<ref group="P">Machon fr. 4 = Athénée, 243f.</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|id=BER|Berthiaume|1982|p=64}}.</ref>
Dans les îles grecques ou sur le littoral, le poisson frais et les [[fruit de mer|fruits de mer]] ([[coquillage]]s, [[calmar]]s et [[Sepiida|seiches]]) sont des ressources courantes. Ils sont consommés sur place mais surtout vendus à l'intérieur des terres. Les [[sardine]]s et les [[anchois]] constituent ainsi l'ordinaire des citoyens athéniens. Ils sont vendus frais mais surtout [[Sel alimentaire|salés]]. Une stèle de la fin du {{IIIe siècle av. J.-C.}} provenant de la petite cité [[béotie]]nne d'[[Akraiphia]], sur le [[lac Copaïs]], fournit une liste de poissons et de leurs prix respectifs : le moins cher est le ''skaren'' (sans doute du [[Poisson perroquet|perroquet de mer]]), tandis que la ventrèche de [[Thunnus thynnus|thon rouge]] coûte trois fois plus cher<ref>Dalby [1996], p. 67.</ref>. Parmi les autres poissons de mer courants, on peut citer le [[Thunnus alalunga|thon blanc]], le [[rouget]], la [[raie]], l'[[espadon]] ou encore l'[[esturgeon]], mets de choix consommé salé. Le lac Copaïs est lui-même fameux pour fournir des [[anguille]]s, renommées dans toute la Grèce et chantées par le héros des ''[[Les Acharniens|Acharniens]]''. Parmi les autres poissons d'eau douce, on peut citer le [[brochet]], la [[Carpe (poisson)|carpe]] ou le peu apprécié [[Silure|poisson-chat]].

En [[Crète]], les meilleures parts sont allouées aux citoyens particulièrement sages ou bons guerriers ; dans d'autres cités, comme [[Chéronée]], les portions sont tirées au sort, ce qui donne à chacun une chance égale d'obtenir un bon ou un mauvais morceau<ref group="P">[[Plutarque]], ''Propos de table'' 2, 10 = ''[[Œuvres morales|Moralia]]'', 642 ef.</ref>{{Source secondaire nécessaire|date=5 février 2022}}. Par conséquent, un Grec achetant sa viande au marché ne peut guère choisir qu'entre les abats et la viande à proprement parler : aucune source n'en montre commandant une côtelette ou un [[gigot]]<ref>{{harvsp|id=BER|Berthiaume|1982|p=63}}.</ref>.

Les [[Sparte|Spartiates]] se nourrissent principalement d'un ragoût de porc, le [[brouet]] noir ({{grec ancien|μέλας ζωμός}} / {{Lang|grc-Latn|''mélas zômós''}}). Plutarque indique que « parmi les plats, celui qu'ils apprécient le plus est le brouet noir ; c'est au point que les vieillards ne demandent même pas de viande ; ils la laissent aux jeunes et font leur dîner du brouet qu'on leur verse<ref group="P">Plutarque, ''Vie de Lycurgue'' (XII, 12) (Extrait de la traduction d'Anne-Marie Ozanam)</ref>. »{{Source secondaire nécessaire|date=5 février 2022}} C'est pour les Grecs un véritable sujet de curiosité. « Bien sûr que les Spartiates sont les plus courageux de tous les hommes », plaisante un [[Sybaris|Sybarite]], « n'importe quel homme de bon sens préférerait mourir mille morts plutôt que de mener une si pauvre vie<ref group="P">Athénée, 138d ; rapporté sous une forme différente par Plutarque, ''Vie de Pélopidas'', I, 5.</ref>. »{{Source secondaire nécessaire|date=5 février 2022}} Le plat est composé de viandes rôties de chèvre et porc, de sel, de vinaigre et de sang<ref name="Fl209" />. Il est complémenté de ''maza'', de figues et de fromage et parfois gibier ou de poisson<ref group="P">[[Dicéarque]], {{fr.}}12 Wehrli = ''Vie de Lycurgue'' (XII, 3).</ref>{{Source secondaire nécessaire|date=5 février 2022}}. [[Claude Élien|Élien]], auteur du {{IIe s}}-{{s|III}}, prétend que [[Sparte]] défend à ses cuisiniers de savoir préparer autre chose que de la viande<ref group="P">{{ÉliHis}}, XIV, 7.</ref>{{Source secondaire nécessaire|date=5 février 2022}}.

=== Poisson ===
[[Fichier:Fish plate Louvre K588.jpg|thumb|Le poisson frais, l'un des plats préférés des Grecs, plat à figures rouges, v.&nbsp;[[350 av. J.-C.|350]]-{{date|-325}}, [[musée du Louvre]].|alt=]]

L'attitude des Grecs face au poisson varie suivant l'époque. Comme le remarquent les Grecs eux-mêmes<ref group="P">Eubule, 118 K-A.</ref>, on ne mange pas de poisson dans l’''[[Iliade]]'', mais des viandes rôties<ref>{{harvsp|id=DAV|Davidson|1997|p=12-13}}.</ref>, ce que [[Platon]] explique par l'austérité des mœurs de l'époque<ref group="P">{{PlaRép}}, 404b-405a.</ref>{{Source secondaire nécessaire|date=5 février 2022}}. Il semble qu'au contraire, le poisson ait alors été perçu comme la nourriture des pauvres. L’''[[Odyssée]]'' évoque bien que les compagnons d'Ulysse mangent du poisson, mais uniquement parce qu'ils sont affamés après être passés par [[Charybde et Scylla]] et parce qu'ils doivent se nourrir de ce qui leur tombe sous la main<ref group="P">{{HomOdy}}, XII, 329-332.</ref>{{Source secondaire nécessaire|date=5 février 2022}}.

Au contraire, à l'[[époque classique]], le poisson devient un mets de luxe, recherché par les plus fins gourmets et suscitant, à l'[[époque hellénistique]], des traités spécialisés, comme celui de [[Lyncée de Samos]] sur ''L'Art d'acheter du poisson pour pas cher''<ref>Corvisier, {{p.}}232.</ref>{{Référence incomplète}}. Tous les poissons ne se valent pas : une stèle de la fin du {{-s|III}} provenant de la petite cité [[béotie]]nne d'[[Akraiphia]], sur le [[lac Copaïs]], fournit une liste de poissons et de leurs prix respectifs, probablement pour protéger les consommateurs d'augmentations excessives<ref>Corvisier, {{p.}}231</ref>{{Référence incomplète}} : le moins cher est le ''skaren'' (sans doute du [[Poisson perroquet|perroquet de mer]]), tandis que la [[thon gras|ventrèche]] de [[Thunnus thynnus|thon]] coûte trois fois plus cher<ref>{{harvsp|id=DAL|Dalby|1996|p=67}}</ref>. Le poète Ériphos, dans sa pièce ''Mélibée'', range les [[seiche (animal)|seiche]]s avec la ventrèche de thon, la tête de [[loup (poisson)|loup]] et le [[Conger|congre]] au rang des mets dignes des dieux, et que les pauvres ne peuvent pas s'offrir<ref group="P">{{AthDei}} Livre VII (14)</ref>{{Source secondaire nécessaire|date=5 février 2022}}.

Les convives du banquet mis en scène par [[Athénée de Naucratis|Athénée]] aux {{sp-|II|-|III}} consacrent une grande partie de leur conversation à des considérations œnophiles et gastronomiques. Ils discutent des mérites comparés de tels vins, légumes ou viandes ; évoquent des plats renommés (seiches farcies, ventrèche de [[thon]], [[écrevisse]]s de mer, [[laitue]]s arrosées de vin au miel) et grands cuisiniers comme Sotéridès, cuisinier du roi [[Nicomède Ier|Nicomède {{Ier}}]] de [[Bithynie]] ({{-s|III}}). Alors que son maître, en pleines terres, se languit d'[[Engraulidae|anchois]], il lui en sert des imitations : des [[rave (plante)|raves]] femelles soigneusement découpées en forme d'anchois, huilées, salées et saupoudrées de graines de [[pavot]] noires. Cet exploit de cuisinier, la ''[[Souda]]'', encyclopédie [[Empire byzantin|byzantine]], l'attribue par erreur au gourmet romain [[Marcus Gavius Apicius|M. Gavius Apicius]] ({{-s|I|er}}){{Référence nécessaire|date=5 février 2022}}.

Au plus bas de l'échelle, les [[sardine]]s, les [[anchois]] et autre menu fretin constituent l'ordinaire des citoyens athéniens. Parmi les autres poissons de mer courants, on peut citer le [[Thunnus alalunga|thon blanc]], le [[rouget]], la [[raie]], l'[[espadon]] ou encore l'[[Acipenseridae|esturgeon]], mets de choix consommé salé. Le lac Copaïs est lui-même célèbres par les [[anguille]]s que l'on y trouve, renommées dans toute la Grèce et chantées par le héros des ''[[Les Acharniens|Acharniens]]''{{Référence nécessaire|date=5 février 2022}}. Parmi les autres poissons d'eau douce, on peut citer le [[Brochet (poisson)|brochet]], la [[Carpe (poisson)|carpe]] ou le peu apprécié [[Silure|poisson-chat]]. Les Grecs apprécient également les œufs de poisson et [[Fruit de mer|fruits de mer]] : [[Fruit de mer#Coquillages, mollusques à coquille, bivalves|coquillage]]s, [[Sepiida|seiches]] ({{grec ancien|σηπία}}), [[Pieuvre|poulpes]]<ref group="Note">{{grec ancien|πολύπους}}</ref> et [[calmar]]s<ref group="Note">{{grec ancien|τευθίς}}</ref> sont frits ou grillés et servis comme amuse-gueule, comme accompagnements ou dans les banquets quand ils sont de petite taille ; des oursins ; les spécimens de grande taille relèvent du répertoire de la grande cuisine<ref name="D73">{{harvsp|id=DAL|Dalby|1996|p=73}}.</ref>. Seiches et poulpes sont des cadeaux traditionnels lors de la fête des [[Amphidromie]]s, lorsque les parents nomment leur enfant<ref group="P">Éphippos, poète comique, ''Géryon'' (Athénée 370d) - également attribué à Eubule (frag. 150 Kock) = Athénée 65 c-d.</ref>{{Source secondaire nécessaire|date=5 février 2022}}. S'agissant des coquillages, on peut probablement reconnaître dans ceux que citent les sources le [[Buccinidae|bulot]], la [[Mytiloida|moule]], la [[grande nacre]], l'[[Haliotis|ormeau]], la [[palourde]], la [[Patella (genre)|patelle]], le [[pétoncle]] ou [[praire]] ou encore le [[troque]]<ref name="D73" />. [[Claude Galien|Galien]] est le premier à mentionner la consommation de l'[[huître]]<ref group="Note">{{grec ancien|ὄστρεον}}</ref> crue<ref group="P">Galien, ''Sur les propriétés des aliments'', III, 32, 2.</ref>{{,}}<ref name="D73" /> ; le [[crabe]]<ref group="Note">{{grec ancien|καρκίνος}}</ref>, le [[homard]]<ref group="Note">{{grec ancien|ἀστακός}}</ref>, la [[langoustine]]<ref group="Note">{{grec ancien|κάραϐος}}</ref>, la [[Scyllaridae|cigale de mer]]<ref group="Note">{{grec ancien|ἄρκτος}}</ref> sont appréciés<ref name="D74">{{harvsp|id=DAL|Dalby|1996|p=74}}.</ref>. L'[[Echinoidea|oursin]]<ref group="Note">{{grec ancien|ἐχῖνος}}</ref> est davantage connu le long des côtes<ref name="D74" />.

Le poisson est issu d'une [[Pêche (halieutique)|pêche]] le plus souvent individuelle, très près des côtes et très artisanale, voire à la main<ref>Corvisier, {{p.}}197.</ref>{{Référence incomplète}}. Si l'on peut supposer l'existence de criées, la plus grande partie de la pêche semble être vendue sur les marchés des cités, sur des étals spécialisés<ref>Corvisier, {{p.}}226.</ref>{{Référence incomplète}}. Le poisson se présente souvent sous forme [[Sel alimentaire|salée]]. Le procédé est surtout courant pour les petits poissons : l'expression « moins cher que le poisson saur » désigne un bien extrêmement commun et très bon marché<ref group="P">[[Aristophane]], ''[[Les Guêpes]]'', 491.</ref>{{Source secondaire nécessaire|date=5 février 2022}}. Il est également appliqué aux poissons gras — [[bonite]], [[thon]], [[maquereau]], [[Squatina squatina|ange de mer]], esturgeon — et même aux crabes et aux oursins<ref>Corvisier, {{p.}}220.</ref>{{Référence incomplète}}.


=== Œufs et fromage ===
=== Œufs et fromage ===
Les Grecs élèvent des canards, des oies, des [[caille]]s et des [[poule]]s en partie pour leurs [[Œuf (cuisine)|œufs]]. Certains auteurs<ref group="P">Épainétos et Héraclidès de Syracuse dans l’''Art culinaire'' = Athénée 58b.</ref> louent également les œufs de [[faisan]] et d'[[oie]]{{Source secondaire nécessaire|date=5 février 2022}}. Les oiseaux dans le commerce, chez un boucher, sont vivants et tués à la demande<ref group="P">''[[Philogélos]]'', 59.</ref>{{Source secondaire nécessaire|date=5 février 2022}}, mais on peut supposer qu'ils étaient assez rares{{Ref nec|date=5 février 2022}}. Les œufs sont consommés durs ou [[Œuf à la coque|à la coque]] en tant que hors-d'œuvre ou inversement, comme desserts, ou encore gobés<ref group="P">Nicomaque, {{fr.}}3 Kock = Athénée, 58a.</ref>{{Source secondaire nécessaire|date=5 février 2022}}. Ils sont également employés, sous forme de [[Blanc d'œuf|blancs]], de [[Jaune d'œuf|jaunes]] ou entiers, dans la fabrication de certains plats<ref>{{harvsp|id=DAL|Dalby|1996|p=65}}.</ref>.


Le [[lait]] ({{grec ancien|γάλα}} / {{Lang|grc-Latn|''gála''}}) est bu par les paysans mais n'est quasiment pas employé en cuisine. Le [[beurre]] ({{grec ancien|βούτυρον}} / {{Lang|grc-Latn|''boútyron''}}) est connu mais lui aussi peu employé : les Grecs considèrent son usage comme une caractéristique des [[Thrace]]s<ref group="Note">Peuple du nord de l'[[Mer Égée|Égée]].</ref>, qu'ils considèrent volontiers comme des rustres incultes ; le poète comique [[Anaxandridès]] les surnomme les {{Citation|mangeurs de beurre}}<ref group="P">Athénée, 151b.</ref>{{Source secondaire nécessaire|date=5 février 2022}}. En revanche, les Grecs apprécient les [[Produit laitier|produits laitiers]]. On sert comme friandise ce qui devait ressembler à du [[yaourt]], le {{grec ancien|πυριατή}} / {{Lang|grc-Latn|pyriatế}}<ref group="P">Galien, ''Sur les propriétés des aliments'', III, 15.</ref>{{Source secondaire nécessaire|date=5 février 2022}}. Surtout, le fromage ({{grec ancien|τυρός}} / {{Lang|grc-Latn|''tyrós''}}), de chèvre ou de brebis, est un aliment de base. On le vend dans des boutiques distinctes suivant qu'il est frais ou non, le premier coûtant environ les deux tiers du prix du second<ref>{{harvsp|id=DAL|Dalby|1996|p=66}}.</ref>. On le mange seul ou en mélange avec du miel ou des légumes. Il entre également, comme ingrédient, dans la préparation de bon nombre de plats, y compris de poisson. L'unique recette préservée du cuisinier [[Sicile|sicilien]] [[Mithécos]] ({{-s|V}}) indique ainsi : {{Citation|[[Cepolidae (poissons)|cépole]] : videz, enlevez la tête, rincez et levez les filets ; ajoutez de l'huile et du fromage}}<ref group="P">Athénée, 325f.</ref>{{Source secondaire nécessaire|date=5 février 2022}}. Cependant, cette utilisation du fromage est controversée : [[Archestrate]] avertit ses lecteurs que les cuisiniers siciliens gâchent le bon poisson en y ajoutant du fromage{{Référence nécessaire|date=5 février 2022}}.
Les Grecs élèvent des [[caille]]s et des [[poule]]s en partie pour leurs [[Œuf (cuisine)|œufs]]. Certains auteurs <ref>''Épitomé'' d'Athénée, 58b</ref> louent également les œufs de [[Faisan|poule faisane]] et les œufs d'[[oie|oie d'Égypte]], mais on peut supposer qu'ils étaient assez rares. Les œufs sont consommés durs ou à la coque en tant que hors-d'œuvres ou inversement, comme desserts. Ils sont également employés, sous forme de [[Blanc d'œuf|blancs]], de [[Jaune d'œuf|jaunes]] ou entiers, dans la fabrication de certains plats<ref>Dalby [1996], p. 65.</ref>.


=== Le miel ===
Le [[lait]] ({{grec ancien|γάλα}} / ''gála'') est bu par les paysans mais n'est quasiment pas employé en cuisine. Le [[beurre]] ({{grec ancien|βοὐτυρον}} / ''boúturon'') est connu mais lui aussi peu employé : les Grecs considèrent son usage comme une caractéristique des [[Thraces]] du nord de l'[[mer Égée|Égée]], que le poète comique Anaxandride surnomme les « mangeurs de beurre »<ref>[[Athénée]], 151b.</ref>. En revanche, ils apprécient les [[Produit laitier|produits laitiers]]. On sert comme friandise ce qui devait ressembler à du [[yaourt]], le {{grec ancien|πυριατή}} / ''puriatế''<ref>[[Galien]], ''Des propriétés des aliments'', 3, 15.</ref>. Surtout, le fromage ({{grec ancien|τυρός}} / ''túros''), de chèvre ou de brebis, est un aliment de base. On le vend dans des boutiques distinctes suivant qu'il est frais ou non, le premier coûtant environ les deux tiers du prix du second<ref>Dalby [1996], p. 66.</ref>. On le mange seul ou en mélange avec du miel ou des légumes. Il entre également, comme ingrédient, dans la préparation de bon nombre de plats, y compris de poisson. L'unique recette préservée du cuisinier sicilien [[Mithaikos]] ({{-s|V|e}}) indique ainsi : « [[Cepolidae|cépole]] : videz, enlevez la tête, rincez et levez les filets ; ajoutez de l'huile et du fromage »<ref>Athénée, 325f.</ref>.
{{Section à sourcer|date=mai 2024}}
Dans la Grèce antique, une ancienne coutume était d’offrir du miel aux dieux et aux esprits de la mort, le miel servait à honorer les dieux mais aussi les héros, les vainqueurs, ainsi que les athlètes qui ne pénétraient jamais un state ou une arène sans avoir consommé du miel.


Selon la mythologie, les abeilles avaient secrètement enlevé [[Zeus]] lorsqu’il était enfant de la grotte du mont Ida où il avait été confié aux [[Curètes (mythologie)|curètes]] et aux nymphes pour le protéger de son père, [[Cronos]], qui avait la fâcheuse tendance de dévorer ses enfants dans le but de contrer la prophétie de Gaïa qu'un jour, l'un d'entre eux le détrônerait.
== Boissons ==


[[Dionysos]] et [[Apollon]] sont des dieux qui, eux, avaient été nourris avec le miel offert par les [[Muses]], les déesses et les abeilles, c'est pourquoi la déesse [[Héra]], qui représente la jeunesse, offre du miel aux dieux afin qu’ils évitent de vieillir. C’est également la raison pour laquelle, au cours de cérémonies funéraires, le mort emportait avec lui des gâteaux aux miel pour les offrir à [[Hadès]], le Dieu des Enfers, afin que celui-ci lui procure la santé et le bien être dans l’au-delà.
[[Image:NAMA Rhyton Anavyssos.jpg|thumb|250px|[[Rhyton]] [[attique]], v.&nbsp;[[-460|460]]-[[-450|450 av. J.-C.]], [[Musée national archéologique d'Athènes]]]]


L’importance du miel pour les Grecs est largement rapportée dans de nombreux textes classiques grecs comme dans l’''[[Iliade]]'' et l’''[[Odyssée]]'' d’Homère, [[Les Deipnosophistes|''Le Banquet des sophistes'']] d’[[Athénée de Naucratis|Athénée]], ou encore dans les écrits philosophiques d’[[Aristote]] et de [[Démocrite]].
La boisson la plus répandue est évidemment l'eau. Aller chercher de l'eau est la corvée quotidienne des femmes. Si le puits est inévitable, on préfère naturellement l'eau « d'une source toujours coulante et jaillissante, qui n'est pas trouble »<ref>{{HésTra|compact}}, v.&nbsp;595.</ref>. L'eau est reconnue comme nourrissante — elle fait grandir les arbres et les plantes — mais aussi comme désirable. [[Pindare]] juge ainsi « agréable comme le miel<ref>[[Pindare]], fr. 198 B4.</ref> » l'eau d'une fontaine. Les Grecs peuvent qualifier une eau de lourde, sèche, acide, douce ou dure, vineuse, etc. Un personnage du poète comique [[Antiphane]]<ref>[[Antiphane]], fr.&nbsp;179 Kock.</ref> jure qu'il reconnaîtrait entre toutes l'eau de l'[[Attique]] par son bon goût. Enfin, [[Athénée]] cite<ref>Athénée, II, 44.</ref> un certain nombre de [[philosophe]]s réputés pour ne boire que de l'eau, habitude conjugée à une [[végétarisme|alimentation végétarienne]] (cf.&nbsp;[[#Le végétarisme|ci-dessous]]). On boit aussi couramment du lait de chèvre et de l'[[hydromel]].


[[Hippocrate]] qui est considéré comme le « père de la médecine » et a largement contribué à l’accroissement de l’utilisation du miel dans la médecine mais aussi l’alimentation il connaissait bien ses grandes valeurs nutritives, son goût doux et agréable ainsi que son fort pouvoir sucrant, il propage aussi l’idée que le miel possède des vertus bénéfiques pour la diététique et la thérapeutique.
L'ustensile habituel pour boire est le [[skyphos]], en bois, en terre cuite ou en métal. [[Critias]] préservé par [[Plutarque]]<ref>{{PluVie}}, ''Lycurgue'', IX, 7-8.</ref> mentionne ainsi le kôthon, gobelet spartiate qui présente l'avantage, à l'armée, de cacher à la vue la couleur de l'eau et de retenir dans ses bords la boue qui peut s'y trouver. On utilise également la coupe à boire appelée [[Kylix (vase)|kylix]] (à pied et large vasque), et dans les banquets, le [[canthare (vase)|canthare]] (coupe profonde à pieds) ou encore le [[rhyton]] (corne à boire souvent plastique, c'est-à-dire à la panse moulée en forme de tête d'homme ou d'animal).


Le miel a une grande importance sur le plan gastronomique, les Grecs ont élaboré de nombreuses recettes de plats sucrés et salés à base de miel, comme des gâteaux au miel par exemple qu’ils accompagnaient de vin également sucré au miel, mais le miel accompagnait également le maza : il s’agit d’une galette à base de farine d’orge qui constituait le plat de base dans la Grèce classique, ou encore utilisé comme ingrédient dans la recette des beignets aux sésames décrite par le médecin et physicien grec Galinos (129-{{date-|-99}}) . Ils ont aussi inventé des recettes de gâteaux faits de fromages mélangés au miel qui ont été décrits à la fin du {{s-|V}} par Euripide qui était un auteur grec classique, un des trois grands tragiques de l’Athènes classique qui considéré ses gâteaux aux fromages et au miel comme étant l’une des meilleurs choses que l’on ait fait.
=== Le vin ===


Le miel était le premier édulcorant traditionnel utilisé par les grecs et ce depuis l’Antiquité, les Grecs l'appelaient « extrait d’ambroisie » qui dans la mythologie correspondait à la nourriture des dieux de l’Olympe et considéré comme une source d’immortalité et avec le temps le miel s’est imposé comme un ingrédient clé de l’identité nationale de la Grèce.
[[Image:Banquet Louvre G133.jpg|thumb|left|300px|Banqueteur puisant dans un [[Cratère (Antiquité)|cratère]] grâce à une [[œnochoé]] pour remplir son [[kylix (vase)|kylix]] de vin, v.&nbsp;[[-490|490]]-[[-480|480 av. J.-C.]], [[musée du Louvre]]]]


L’histoire de l’apiculture et la consommation de miel remonte à des milliers d’année et depuis l’Antiquité les Grecs lui accordent une grande valeur que ce soit d’un point de vue nutritionnelles mais ils lui attribuent aussi des propriétés divines. Des fouilles archéologiques le confirment ainsi que de nombreuses références mythologiques, on peut donc faire référence à la divinité Eros le Dieu de l’amour qui trempait ses flèches dans le miel avant de viser les hommes ou bien Hippocrate qui recommandait le miel aux malades.
Le vin est vinifié aussi bien en [[vin rouge|rouge]] qu'en [[vin rosé|rosé]] et en [[vin blanc|blanc]]. Comme à l'heure actuelle, on trouve toutes sortes de productions, des grands crus en provenance de [[Thasos (île)|Thasos]], de [[Lesbos]], [[Chios]] ou encore [[Rhodes]] au vin de table, et même une piquette légère, rinçage à l'eau du [[marc de raisin]] (résidu formé des peaux de raisin) mêlé de [[lie (œnologie)|lie]], réservée à la consommation personnelle du producteur. Les Grecs n'hésitent pas à aromatiser le vin, avec du miel, de la [[cannelle (écorce)|cannelle]] ou encore du [[thym]]. Contrairement aux Grecs modernes, ils ne produisent pas de ''[[retsina]]'', vin additionné de [[résine (végétale)|résine]] de [[Pin (plante)|pin]]. [[Élien]] mentionne toutefois un vin mélangé de parfum<ref>''Histoire variée'', XII, 31.</ref>. On connaît également le vin cuit<ref>Athénée, I, 31d.</ref> et, à Thasos, le [[vin doux naturel]].


Beaucoup plus tôt que l’huile d’olive, bien avant le vin, les Grecs sont tombés sous le charme du miel. Dans la Grèce antique, les abeilles ainsi que tous les produits dérivés avaient trouvé une place importante dans la culture gastronomique, médicinale et religieuse de la Grèce antique.
Le vin est généralement consommé coupé d'eau, le vin pur n'étant pas recommandé pour un usage courant : il semble en effet que son [[Degré d'alcool|degré alcoolique]] ait été plus élevé que le vin actuel. En effet, la fermentation naturelle d'un jus à forte teneur en sucre obtenu avec un bon ensoleillement peut atteindre les 12° à 16° (18° au maximum). On le mélange dans un cratère auquel les [[esclavage en Grèce antique|esclaves]] puisent avec des [[œnochoé]]s (cruches) pour servir les coupes (kylix) des buveurs. Le vin pur peut être en revanche employé comme médicament et de manière générale, on prête au vin des vertus médicales étonnantes. Élien mentionne ainsi que le vin d'Héraia d'[[Arcadie]] rend fous les hommes mais les femmes fertiles ; inversement, un vin achéen aide les femmes désirant avorter<ref>Élien, ''Histoire variée'', XIII, 6.</ref>. Hors de ces applications thérapeutiques, la société grecque réprouve la consommation de vin par les femmes. S'il faut en croire Élien, une loi de [[Massalia]] l'interdit même et prescrit aux femmes de ne boire que de l'eau<ref>''Histoire variée'' II, 38.</ref>. Sparte est la seule cité où les femmes boivent couramment du vin.


En Grèce, depuis l’Antiquité, les peuples des cités connaissaient parfaitement la valeur nutritionnelle du miel et de ses nombreux dérivés, ses bienfaits pour la santé toute en lui associant de nombreuses propriétés religieuses.
Les vins réservés à un usage local sont stockés dans des outres de peau. Ceux destinés à la vente sont versés dans des {{grec ancien|πίθοι}} / ''píthoi'', grandes jarres en terre cuite. On les transvase ensuite dans des [[amphore]]s enduites de poix, pour les vendre au détail. Les grands crus comportent des estampilles du producteur et/ou des magistrats de la cité afin de garantir leur origine. Il s'agit là d'une des premières associations entre origine géographique et qualité objective d'un produit, indication de provenance qui sera bien plus tard à la base des [[appellation d'origine contrôlée|appellations d'origine contrôlées]].


Dans les écrits d’Homère ainsi que dans l’Odyssée il fait mention d'un mélange de miel et de lait qui était considéré comme une boisson dynamisante (melikraton), il écrit que les orphelins de Pindare étaient nourris avec du fromage du miel et du vin par Aphrodite.
=== Le cycéon ===


Dans les écritures antiques, Hésiode décrit des ruches sans trop de précisions. En revanche dans ses ouvrages, Aristote (322 av JC) apporte un véritable témoignage considéré comme important sur l’activité apicole dans la Grèce antique.
Les Grecs connaissent enfin le cycéon ({{grec ancien|κυκεών}} / ''kykeốn'', de {{grec ancien|κυκάω}} / ''kykáô'', « remuer, mélanger »), intermédiaire entre la boisson et la nourriture. Il s'agit d'un gruau d'orge allongé d'eau et additionné d'herbes. Dans ''l'Iliade'' (XV, 638-641), la boisson comporte en sus du [[Fromages au lait de chèvre|fromage de chèvre]] râpé. Dans ''l’Odyssée'' (X, 234), [[Circé]] y ajoute du miel et un philtre magique. Dans l’''[[Hymne homérique à Déméter]]'' (v.&nbsp;208), la déesse refuse du vin rouge mais accepte un cycéon composé d'eau, de farine et de [[menthe pouliot]]. Utilisé comme boisson sacrée dans les [[mystères d'Éleusis]], le cycéon est aussi un breuvage populaire, surtout à la campagne : [[Théophraste]] dans ses ''Caractères'' (IV, 2-3), montre un paysan ayant bu force cycéon et incommodant ses voisins par son haleine à l'Assemblée. La boisson est réputée pour ses vertus digestives. Ainsi, dans ''la Paix'', [[Hermès]] la recommande au héros qui a abusé de fruits secs (v.&nbsp;712).


== Les banquets ==
== Boissons ==
[[Fichier:Soldiers drinking MNA Inv11039.jpg|thumb|Soldats buvant de l'eau à un puits, Peintre de Naples, 450-430 {{av JC}}, musée national archéologique de Madrid.|alt=]]
La boisson la plus répandue est évidemment l'[[eau]]. Aller chercher de l'eau est la corvée quotidienne des femmes. Elle est généralement recueillie dans un puits, même si on préfère l'eau « d'une source toujours coulante et jaillissante, qui n'est pas trouble »<ref>''Les Travaux et les Jours'', 595.</ref>. L'eau est reconnue comme nourrissante — elle fait grandir les arbres et les plantes — mais aussi comme désirable. [[Pindare]] juge ainsi « agréable comme le miel<ref group="P">[[Pindare]], fr. 198 B4.</ref> » l'eau d'une fontaine{{Source secondaire nécessaire|date=5 février 2022}}. Les Grecs peuvent qualifier une eau de lourde, sèche, acide, douce ou dure, vineuse, etc. Un personnage du poète comique [[Antiphane]]<ref group="P">[[Antiphane]], fr.179 Kock.</ref>{{Source secondaire nécessaire|date=5 février 2022}} jure qu'il reconnaîtrait entre toutes l'eau de l'[[Attique]] par son bon goût. Enfin, [[Athénée de Naucratis|Athénée]] cite<ref group="P">{{AthDei}}, II, 44.</ref>{{Source secondaire nécessaire|date=5 février 2022}} un certain nombre de [[philosophe]]s réputés pour ne boire que de l'eau, habitude conjuguée à une [[végétarisme|alimentation végétarienne]] (cfr. [[#Le végétarisme|ci-dessous]]). On boit aussi couramment du lait de chèvre et de l'[[hydromel]]{{Référence nécessaire|date=5 février 2022}}.


L'ustensile habituel pour boire est le ''[[skyphos]]'', ustensile en bois, en terre cuite ou en métal. Le philosophe [[Critias]] préservé par [[Plutarque]]<ref group="P">{{PluVie}}, ''Lycurgue'' (IX, 7-8)</ref>{{Source secondaire nécessaire|date=5 février 2022}} mentionne ainsi le [[cothon (ustensile)|cothon]], gobelet spartiate qui présente l'avantage, à l'armée, de cacher à la vue la couleur de l'eau et de retenir dans ses bords la boue qui peut s'y trouver. On utilise également la coupe à boire appelée [[Kylix (vase)|kylix]] (à pied et large vasque), et dans les banquets, le [[canthare (vase)|canthare]] (coupe profonde à pieds) ou encore le [[rhyton]] (cornet à boire souvent plastique, c'est-à-dire à la panse moulée en forme de tête d'homme ou d'animal).
[[Image:Banquet scene Louvre G135 full.jpg|thumb|right|300px|Banqueteur et musicienne, coupe du peintre de Colmar, {{-s|V|e}}, [[musée du Louvre]]]]


=== Vin ===
Le {{grec ancien|συμπόσιον}} / ''sympósion'' — traditionnellement traduit par « banquet », plus littéralement « réunion de buveurs » — est l'un des loisirs préférés des Grecs. Il comprend deux parties : la première est consacrée à la nourriture, généralement assez simple, et la seconde à la boisson. En réalité, on consomme également du vin avec son repas et les boissons sont accompagnées des {{grec ancien|τραγήματα}} / ''tragếmata'' ou friandises à grignoter : châtaignes, fèves, grains de blés grillés ou encore gâteaux au miel, chargés d'absorber l'alcool et de prolonger la beuverie.
[[Fichier:Banquet Louvre Kylix G133 by Cage Painter.jpg|thumb|left|Banqueteur puisant dans un [[Cratère (vase)|cratère]] grâce à une [[œnochoé]] pour remplir son [[kylix (vase)|cylix]] de vin, v.&nbsp;[[-490]]-[[-480]], [[musée du Louvre]].|alt=]]


La Grèce découvre probablement la [[viticulture]] au cours des {{-mp|IV|e|et|III|e|s}}<ref>{{harvsp|id=AUB|Auberger|2010|p=48}}.</ref> Elle est bien attestée par des tablettes écrites en [[linéaire A]] et en [[linéaire B]], qui évoquent des vignobles, des vignes associées avec des arbres ou des céréales, et des vins doux, [[Passerillage|passerillés]] ou miellés<ref>{{harvsp|id=AUB|Auberger|2010|p=49}}.</ref>. Homère et [[Hésiode]] décrivent les travaux de la vigne comme des pratiques traditionnelles. ''[[Les Travaux et les Jours]]'' montrent ainsi le viticulteur vendangeant des grappes bien mûres, qu'il laisse sécher au soleil pendant dix jours pour concentrer les sucres<ref group="P">Hésiode, ''Les Travaux et les Jours'', 609-614.</ref> ; la technique est utilisée jusqu'à l'époque d'[[Hippocrate]]<ref group="P">Hippocrate, ''Du régime des maladies aiguës'' XXXVII, 2.</ref> et de [[Dioscoride]]<ref group="P">[[Dioscoride]], ''Materia Medica'', V, 7.</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|id=AUB|Auberger|2010|p=51}}.</ref>. Les grappes sont ensuite foulées dans des foulons portatifs puis pressées. Le moût est placé dans des [[Pithos|pithoi]], sorte de jarres rendues étanches à la [[poix (matière)|poix]], à demi-enterrées pour assurer une température stable, et laissées à fermenter pendant 10 à 30 jours<ref name="AUB52">{{harvsp|id=AUB|Auberger|2010|p=52}}.</ref>. Les jarres sont ensuite bouchées jusqu'à la fin de l'hiver, ce qui correspond en Attique à la fête des [[Anthestéries]].
La seconde partie est inaugurée par une [[libation]], la plupart du temps en l'honneur de [[Dionysos]]. Puis l'on discute ou l'on joue à divers jeux de table, comme le [[cottabe]] — en effet, les convives sont allongés sur des banquettes ({{grec ancien|κλίναι}} / ''klínai''), des tables basses servant au dépôt de la nourriture ou de plateau de jeu. Des danseuses, des acrobates et des musiciens peuvent agrémenter la soirée. Un « roi du banquet », tiré au sort, est chargé d'indiquer aux esclaves la proportion à observer entre le vin et l'eau dans la préparation de la boisson.


[[Théophraste]], auteur d’un ''Traité de l'ivresse'', montre au {{-s|III}} dans ''[[Histoire des Plantes]]'' que le {{citation|thériclée}} utilisé pour consommer le [[vin]] est un calice, lorsqu'il parle du [[térébinthe]], expliquant que l'on ne peut distinguer ceux de térébinthe de ceux de terre. Selon [[Théophraste]], c’est le potier de terre [[Corinthe|corinthien]] Thériclès, contemporain d'[[Aristophane]], qui imagina cette sorte de récipient<ref group="P">Théophraste, ''Histoire des Plantes'', V, 3, 2.</ref>{{Source secondaire nécessaire|date=5 février 2022}}. À une époque reculée, antérieure à son époque, on ne versait pas l'eau sur le vin, mais le vin sur l’eau, afin d’user d’une boisson bien détrempée, de sorte qu’après en avoir bu, on fût moins avide de ce qui pouvait rester, et l'on en employait la plus grande partie au jeu du [[cottabe]].
Strictement réservé aux hommes — à l'exception des danseuses et des [[prostitution en Grèce antique|courtisanes]] —, le banquet est un élément essentiel de la sociabilité grecque. Il peut être organisé à l'instigation d'un particulier conviant ses amis ou sa famille, à l'instar des modernes invitations à dîner. Il peut également rassembler, de manière régulière, les membres d'une association religieuse ou d'une hétairie (sorte de club aristocratique). Les grands banquets sont évidemment l'apanage des plus riches, mais dans la plupart des foyers grecs, les fêtes religieuses ou les événements familiaux sont l'occasion de banquets plus modestes.


Le vin est vinifié aussi bien en [[vin rouge|rouge]] qu'en [[vin rosé|rosé]] et en [[vin blanc|blanc]]<ref>André Labaste, « Les vins grecs », ''Annales de géographie'' 48 (juillet 1939), {{p.}}404-405.</ref>. Les cépages employés sont très nombreux : Pramnos, Maronée, Phanaios de Chios, biblin de Phénicie, psithia, mersitis, etc<ref name="AUB50">{{harvsp|id=AUB|Auberger|2010|p=50-51}}.</ref> On trouve toutes sortes de productions, des grands crus en provenance de [[Thasos (île)|Thasos]], de [[Lesbos]], [[Chios]] ou encore [[Rhodes]] au vin de table, et même une piquette légère, rinçage à l'eau du [[marc de raisin]] mêlé de [[lie (œnologie)|lie]], réservée à la consommation personnelle du producteur. [[Phanias]], ami et condisciple de Théophraste, a décrit une préparation du vin dans laquelle il faut verser une partie d'eau de mer sur environ cinquante de vin doux ; il devient « anthosmias »<ref group="Note">en [[grec ancien]], le mot {{grec ancien|ἀνθοσμίας}} signifie « Qui a une odeur de fleurs »</ref>. Il ajoute que l'anthosmias est beaucoup plus fort avec du vin de jeune plant, mais on faisait aussi de l'anthosmias en écrasant du [[raisin]] qui commençait à peine à tourner<ref group="P">Athénée, I, 32a.</ref>{{Source secondaire nécessaire|date=5 février 2022}}.
Le banquet sert de cadre à une véritable littérature de genre : ''[[Le Banquet (Platon)|le Banquet]]'' de [[Platon]], celui de [[Xénophon]], les ''Propos de table'' de [[Plutarque]] ou encore le ''Banquet des sophistes'' d'[[Athénée]].


Le vin doit être vendu pur. Vendre du vin coupé est une fraude contre laquelle les ''[[Geoponica|Géoponiques]]'' donnent des astuces : il suffit de jeter dans le vin un objet léger comme un morceau de pomme ou de poire, ou une cigale : si le vin est pur, l'objet flotte<ref>{{harvsp|id=AUB|Auberger|2010|p=55}}.</ref>. Le vin est généralement consommé coupé d'eau ; pur, il n'est pas recommandé pour un usage courant : il semble en effet que son [[Degré d'alcool|degré alcoolique]] ait été plus élevé que le vin actuel. Ceux de Santorin, de Crète, de Messénie, d'Arcadie et d'Attique varient entre 13° et 15°, voire atteignent 17° pour les plus forts<ref name="AUB50" />. Le vin est mélangé dans un [[Cratère (vase)|cratère]] et puisé par les [[esclavage en Grèce antique|esclaves]] à l'aide d'[[œnochoé]]s (cruches) pour être servi dans les [[Kylix (vase)|kylix]] (coupes) des buveurs. Le vin peut également être aromatisé au miel, à la [[cannelle (écorce)|cannelle]] ou au [[thym]]. [[Claude Élien|Élien]] mentionne également un vin mélangé de parfum<ref name="EL-12-31" group="P">Élien, XII, 31.</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|id=DAL|Dalby|1996|p=150}}.</ref>. On connaît également le [[vin cuit (France)|vin cuit]]<ref group="P">Elien, Athénée, I, 31d.</ref>{{Source secondaire nécessaire|date=5 février 2022}} et, à Thasos, un vin qualifié de « doux »<ref name="EL-12-31" group="P" />. Certains vins sont salés, comme à Lesbos, en ajoutant de l'eau de mer ou en faisant tremper les grappes séchées au soleil dans de l'eau de mer ; si le goût semble avoir été apprécié, il peut également s'agir d'un moyen pour empêcher le vin de tourner<ref name="AUB52" />. On connaît également, à l'époque romaine, un ancêtre du [[retsina]] (vin additionné de [[résine (végétale)|résine]] de [[Pin (plante)|pin]])<ref group="P">[[Dioscoride]], ''Materia Medica'', V, 34.</ref> et du [[vermouth]]<ref group="P">[[Dioscoride]], ''Materia Medica'' (V, 39)</ref>{{Source secondaire nécessaire|date=5 février 2022}}.
== Goinfres, gourmets et cuisiniers ==


Le vin pur peut être en revanche employé comme médicament ; de manière générale, on prête au vin des vertus médicales étonnantes. Élien mentionne ainsi que le vin d'Héraia en [[Arcadie]] rend fous les hommes et les femmes fertiles ; inversement, un vin achéen aide les femmes désirant avorter<ref group="P">Élien, XIII, 6.</ref>{{Source secondaire nécessaire|date=5 février 2022}}. Hors de ces applications thérapeutiques, la société grecque réprouve la consommation de vin par les femmes. S'il faut en croire Élien, une loi de [[Marseille antique|Massalia]] l'interdit même et prescrit aux femmes de ne boire que de l'eau<ref group="P">Elien, ''Histoire variée'' II, 38.</ref>. Sparte est la seule cité où les femmes boivent couramment du vin{{Référence nécessaire|date=5 février 2022}}.
[[Image:Fish plate Louvre K588.jpg|thumb|left|300px|Le poisson frais, l'un des plats préférés des Grecs, plat à figures rouges, v.&nbsp;[[-350|350]]-[[-325|325 av. J.-C.]], [[musée du Louvre]]]]


Les vins réservés à un usage local sont stockés dans des [[Outre|outres]] de peau. Ceux destinés à la vente sont versés dans des [[Pithos|pithoi]] ({{grec ancien|πίθοι}} / {{Lang|grc-Latn|''píthoi''}}), grandes jarres en terre cuite. On les transvase ensuite dans des [[amphore]]s enduites de poix, pour les vendre au détail. Les grands crus comportent des estampilles du producteur et/ou des magistrats de la cité afin de garantir leur origine (principe des [[Appellation d'origine protégée|appellations d'origine]] contemporaines){{Référence nécessaire|date=5 février 2022}}.
À l'[[époque archaïque]] et classique, la frugalité, imposée par les conditions physiques et climatiques grecques, est érigée en vertu. Les Grecs n'ignorent pas le plaisir que l'on peut prendre à se nourrir, mais celui-ci doit rester simple. Le campagnard Hésiode, cité plus haut, considère comme un festin de la viande grillée, du lait et des galettes, le tout à l'ombre par une belle journée. Encore le meilleur repas est-il celui qui est gratuit : « bombance sans écot n'est pas à laisser perdre », remarque le philosophe [[Chrysippe de Soli|Chrysippe]]<ref>Athénée, I, 8c.</ref>.


=== Cycéon et ptisane ===
La recherche [[cuisine|culinaire]] et [[gastronomie|gastronomique]] est en revanche rejetée comme un signe de mollesse toute orientale : les [[Perses]] sont considérés comme décadents en raison de leur goût du luxe, qui se manifeste dans leur gastronomie<ref>Sur la gastronomie perse vue par les Grecs, cf. P. Briant, ''Histoire de l'Empire perse de Cyrus à Alexandre'', Fayard, 1996, p.&nbsp;297-306.</ref>. Les auteurs grecs se complaisent à décrire la table du Grand Roi [[Achéménides|achéménide]] et de sa cour : [[Hérodote]]<ref>{{HérEnq|compact}}, I, 133</ref>, [[Cléarque de Soles]]<ref>Athénée, XII, 539b.</ref>, [[Strabon]]<ref>{{StrGéo|compact}}, XV, 3, 22.</ref> et plus encore [[Ctésias]]<ref>Athénée, II, 67a.</ref> sont unanimes dans leurs descriptions.
Les Grecs boivent le [[cycéon]], intermédiaire entre la boisson et la nourriture, gruau d'orge allongé d'eau et additionné selon les cas d'herbes, d'aromates, de laitage et de vin. Son nom vient de la nécessité de remuer (du verbe grec ''κυκάω'') le mélange avant de l’absorber pour éviter la formation d’un dépôt de matières solides<ref> A.Delatte, ''Le Cycéon, breuvage rituel des mystères d’Eleusis'', Les belles lettres, 1955, {{p.|23}}</ref>. [[Héraclite]] en fait le symbole de l'union des contraires rendue possible par le mouvement<ref>''Même le cycéon se désagrège, s’il n’est pas agité'', fragment 125, rapporté par [[Théophraste]], commenté par Fabien Crépet dans la revue philosophique ''Klésis'', numéro 1.2, 2006.</ref>. [[Hippocrate]] en donne plusieurs recettes selon le régime désiré<ref group="P">Du régime, livre II, 41: ''Le cycéon avec le gruau d'orge, rafraîchit et nourrit préparé à l'eau seule ; préparé au vin, échauffe, nourrit et resserre ; préparé au miel, échauffe et nourrit moins, mais donne plus de selles, si le miel est coupé ; s'il ne l'est pas, loin de donner des selles, il resserre. Avec le lait, tous les cycéons sont nourrissants; seulement le lait de brebis resserre, le lait de chèvre relâche, le lait de vache moins, le lait de cavale et celui d'ânesse davantage'' (traduction d'Emile Littré, 1849)</ref>{{Source secondaire nécessaire|date=5 février 2022}}. Dans l’''Iliade'', la boisson préparée pour [[Machaon (mythologie)|Machaon]] par une servante est un ''cycéon'' comportant du [[Fromage au lait de chèvre|fromage de chèvre]] râpé en plus de l'[[oignon]]<ref group="P">{{HomIli}}, XV (638-641) et ''[[Ion (Platon)|Ion]]'' (538c)</ref>{{Source secondaire nécessaire|date=5 février 2022}}. Dans ''l’Odyssée''<ref group="P">{{HomOdy}} : X (234)</ref>, [[Circé]] y ajoute du miel et un philtre magique{{Source secondaire nécessaire|date=5 février 2022}}. Dans l’''[[Hymne homérique à Déméter]]''<ref group="P">{{Hymnes homériques}} ''à Déméter'' (V, 208)</ref>, la déesse refuse du [[vin]] rouge mais accepte un cycéon composé d'eau, de farine et de [[menthe pouliot]]{{Source secondaire nécessaire|date=5 février 2022}}. Utilisé comme boisson sacrée dans les [[mystères d'Éleusis]], le ''cycéon'' est aussi un breuvage populaire, surtout à la campagne : [[Théophraste]] montre dans ses ''[[Les Caractères (Théophraste)|Caractères]]''<ref group="P">Caractère IV, ''Le Rustre'', 2-3.</ref>{{Source secondaire nécessaire|date=5 février 2022}} un rustre ayant bu force ''cycéon'' et incommodant ses voisins par son haleine à l'[[Assemblée (Grèce antique)|Assemblée]]. La boisson est réputée pour ses vertus digestives : dans la comédie ''La Paix'', le dieu [[Hermès]] la recommande au héros qui a abusé de fruits secs<ref group="P">[[Aristophane]], ''[[La Paix]]'' (712)</ref>{{Source secondaire nécessaire|date=5 février 2022}}. [[Jean Claude Ameisen|Jean-Claude Ameisen]] en fait l'objet d'un numéro de son émission radiophonique ''Sur les épaules de Darwin''<ref>''Sur les épaules de Darwin'', émission du 15 septembre 2018.</ref>.


La thèse de Wasson, Ruck et Hofmann<ref>{{Ouvrage|prénom1=Robert Gordon|nom1=Wasson|prénom2=Albert|nom2=Hofmann|prénom3=Carl Anton Paul|nom3=Ruck|prénom4=Robert|nom4=Forte|titre=The road to Eleusis: unveiling the secret of the mysteries|éditeur=North Atlantic Books|date=2008|isbn=978-1-55643-752-6}}</ref> est celle d'une composante psychédélique importante dans ce breuvage. Son pouvoir psychédélique est indiquée par la simultanéité des visions expérimentées par les participants lors de son usage au cours des Mystères d'Eleusis. Cette hypothèse est d'autant plus crédible que le breuvage est constitué d'orge qui, infecté, contient de l'ergot duquel est tiré un mélange d'alcaloïdes. C'est précisément à partir de ces molécules qu'Albert Hofmann a synthétisé le LSD.
Au contraire, les Grecs se complaisent à souligner l'austérité de leur régime alimentaire. Plutarque<ref>''Vie de Lycurgue'', XII, 13.</ref> raconte ainsi qu'un roi du [[royaume du Pont|Pont]], curieux de goûter le fameux « brouet noir » spartiate, achète un cuisinier [[laconie]]n. Il goûte le plat et le trouve très mauvais ; le cuisinier répond « Ô roi, pour goûter ce brouet, il faut s'être d'abord baigné dans l'[[Eurotas (fleuve)|Eurotas]]. » Selon [[Polyen]]<ref>''Stratagèmes'', IV, 3, 32.</ref>, [[Alexandre le Grand]], en découvrant la salle à manger du palais royal perse, se moque de leur goût pour la nourriture et y voit la cause de leur défaite. [[Pausanias (général)|Pausanias de Sparte]], en découvrant les habitudes alimentaires du Perse [[Mardonios]], aurait pareillement ridiculisé les Perses qui « ayant le moyen de vivre [ainsi], est venu attaquer [les Grecs] pour [leur] ravir ce dont [ils] viv[ent] ainsi misérablement<ref>[[Polyen]], ''Stratagèmes'', IX, 82.</ref> ».


La ptisane<!-- ({{grec ancien|πτισάνη}} / {{Lang|grc-Latn|''ptisánê''}}, qui a donné le français [[tisane]])--> est une [[décoction]] d'orge mondée, filtrée ou non, qui sert de nourriture habituelle aux malades<ref>[[Jacques Jouanna]], ''Hippocrate'', Fayard, 1992, {{p.}}236.</ref>. [[Hippocrate]] la recommande plus particulièrement dans l'alimentation des patients atteints de maladies aiguës<ref group="P">Hippocrate, ''Sur le régime dans les maladies aiguës'', 4.</ref>{{Source secondaire nécessaire|date=5 février 2022}}.
Conséquence de ce culte affiché de la frugalité, la cuisine reste longtemps le domaine des femmes, qu'elles soient libres ou esclaves. Malgré tout, dès la période classique, la réalité semble ne pas correspondre totalement au tableau peint par les Grecs : on voit déjà mentionner des spécialistes de l'art culinaire. Élien (XII, 24) et Athénée mentionnent les mille cuisiniers accompagnant, à l'époque de [[Clisthène l'Athénien|Clisthène]], Smindyridès de Sybaris dans son voyage à [[Athènes antique|Athènes]] — même si c'est pour stigmatiser sa « mollesse ». [[Platon]] mentionne ainsi « Théarion le cuisinier, Mithaikos, l'auteur d'un traité sur la cuisine sicilienne, et Sarambos, le marchand de vins, trois éminents connaisseurs en gâteaux, en cuisine et en vins<ref>{{PlaGor|compact}}, 518b.</ref>. » Certains cuisiniers écrivent des traités de cuisine.


== Goinfres, gourmets et cuisiniers ==
Au fil du temps, de plus en plus de Grecs se présentent comme gourmets. Élien explique ainsi (I, 28) : « à Rhodes, celui qui fait grand cas des poissons et les apprécie et qui dépasse tout le monde en gourmandise est, dit-on, loué par ses concitoyens comme un noble esprit. » À la [[Époque hellénistique|période hellénistique]] puis romaine, malgré les revendications de frugalité, les Grecs — du moins les riches — ne se montrent guère plus austères qu'ailleurs. Les convives cultivés du banquet mis en scène par Athénée au {{IIe s}}-[[IIIe siècle|{{IIIe}} siècle ap. J.-C.]] consacrent une grande partie de leur conversation à des considérations œnophiles et gastronomiques. Ils discutent des mérites comparés de tels vins, légumes ou viandes ; évoquent des plats renommés (seiches farcies, ventrèche de [[thon]], [[écrevisse]]s de mer, [[laitue]]s arrosées de vin au miel) et grands cuisiniers — ainsi de Sotéridès, cuisinier du roi [[Nicomède Ier|Nicomède I{{er}}]] de [[Bithynie]] (règne de [[-279|279]] à [[-250|250 av. J.-C.]]). Alors que son maître, en pleines terres, se languit d'[[Engraulidae|anchois]], il lui en sert des imitations : des [[rave (plante)|raves]] femelles soigneusement découpées en forme d'anchois, huilées, salées et saupoudrées de graines de [[pavot]] noires. Cet exploit de cuisinier, la ''[[Souda]]'', encyclopédie d'époque [[Empire byzantin|byzantine]], l'attribue par erreur au célèbre gourmet romain [[Marcus Gavius Apicius|M. Gavius Apicius]] ({{-s|I|er}}) — preuve qu'alors les Grecs n'ont plus rien à envier aux Romains.
À l'[[époque archaïque]] et classique, la frugalité, imposée par les conditions physiques et climatiques grecques, est érigée en vertu. Les Grecs n'ignorent pas le plaisir que l'on peut prendre à se nourrir, mais celui-ci doit rester simple. Le campagnard [[Hésiode]], cité plus haut{{Référence incomplète}}, considère comme un festin de la viande grillée, du lait et des galettes, le tout à l'ombre par une belle journée. Encore le meilleur repas est-il celui qui est gratuit : {{Citation|bombance sans écot n'est pas à laisser perdre}}, remarque le philosophe [[Chrysippe de Soles|Chrysippe]]<ref group="P">Athénée, 5I, 8c.</ref>{{Source secondaire nécessaire|date=5 février 2022}}.


La recherche [[cuisine|culinaire]] et [[gastronomie|gastronomique]] est en revanche rejetée comme un signe de mollesse toute orientale : les [[Perses]] sont considérés comme décadents en raison de leur goût du luxe, qui se manifeste dans leur gastronomie<ref>Sur la gastronomie perse vue par les Grecs, cfr. P. Briant, ''Histoire de l'Empire perse de Cyrus à Alexandre'', [[Fayard (maison d'édition)|Fayard]], 1996, {{p.}}297-306.</ref>. Les auteurs grecs se complaisent à décrire la table du Grand Roi [[Achéménides|achéménide]] et de sa cour : [[Hérodote]]<ref group="P">{{HérEnq|compact}} (I, 133)</ref>, [[Cléarque de Soles]]<ref group="P">Athénée, XII, 539b.</ref>, [[Strabon]]<ref group="P">{{StrGéo|compact}}, XV, 3, 22.</ref> et plus encore [[Ctésias]]<ref group="P">Athénée, II, 67a.</ref> sont unanimes dans leurs descriptions{{Source secondaire nécessaire|date=5 février 2022}}. Au contraire, les Grecs se complaisent à souligner l'austérité de leur régime alimentaire. Plutarque<ref group="P">Plutarque, ''Vie de Lycurgue'', XII, 13.</ref>{{Source secondaire nécessaire|date=5 février 2022}} raconte ainsi qu'un roi du [[royaume du Pont|Pont]], curieux de goûter le fameux « brouet noir » spartiate, achète un cuisinier [[laconie]]n. Il goûte le plat et le trouve très mauvais ; le cuisinier répond « Ô roi, pour goûter ce brouet, il faut s'être d'abord baigné dans l'[[Eurotas (fleuve)|Eurotas]]. » Selon [[Polyen]]<ref group="P">Polyen, ''Stratagèmes'' (IV, 3, 32)</ref>{{Source secondaire nécessaire|date=5 février 2022}}, [[Alexandre le Grand]], en découvrant la salle à manger du palais royal perse, se moque de leur goût pour la nourriture et y voit la cause de leur défaite. [[Pausanias (général)|Pausanias de Sparte]], en découvrant les habitudes alimentaires du Perse [[Mardonios]], aurait pareillement ridiculisé les Perses qui « ayant le moyen de vivre [ainsi], est venu attaquer [les Grecs] pour [leur] ravir ce dont [ils] viv[ent] ainsi misérablement<ref group="P">[[Polyen]], ''Stratagèmes'' (IX, 82)</ref> »{{Source secondaire nécessaire|date=5 février 2022}}.
== Régimes alimentaires particuliers ==


Conséquence de ce culte affiché de la frugalité, la cuisine reste longtemps le domaine des femmes, qu'elles soient libres ou esclaves{{Référence nécessaire|date=5 février 2022}}.<!-- Quel est le rapport ? Pourquoi une telle conséquence ? À détailler. --> Malgré tout, dès la période classique, la réalité semble ne pas correspondre totalement au tableau peint par les Grecs : on voit déjà mentionner des spécialistes de l'art culinaire{{Source secondaire nécessaire|date=5 février 2022}}. Élien<ref group="P">Élien, XII, 24.</ref> et Athénée mentionnent les mille cuisiniers accompagnant, à l'époque de [[Clisthène (Athènes)|Clisthène]], Smindyridès de [[Sybaris]] dans son voyage à [[Athènes antique|Athènes]] — même si c'est pour stigmatiser sa « mollesse ». [[Platon]] mentionne ainsi « Théarion le cuisinier, [[Mithécos]], l'auteur d'un traité sur la cuisine sicilienne, et Sarambos, le marchand de vins, trois éminents connaisseurs en gâteaux, en cuisine et en vins<ref group="P">{{PlaGor|compact}} (518b)</ref>. » Certains cuisiniers écrivent des traités de cuisine.

Au fil du temps, de plus en plus de Grecs se présentent comme gourmets. Élien explique ainsi<ref group="P">Élien, I, 28.</ref> : « à Rhodes, celui qui fait grand cas des poissons et les apprécie et qui dépasse tout le monde en gourmandise est, dit-on, loué par ses concitoyens comme un noble esprit. » À la [[Époque hellénistique|période hellénistique]] puis romaine, malgré les revendications de frugalité, les Grecs — du moins les riches — ne se montrent guère plus austères qu'ailleurs{{Référence nécessaire|date=5 février 2022}}.

== Régimes alimentaires particuliers ==
=== Le végétarisme ===
=== Le végétarisme ===
[[Fichier:NAMA Triade éleusinienne.jpg|thumb|[[Triptolème]] recevant des épis de blé de [[Déméter]] est béni par [[Perséphone|Coré]], relief du {{-s|V}}, [[Musée national archéologique d'Athènes]].|alt=]]
L'[[orphisme]] et le [[pythagorisme]], deux [[religion grecque antique|courants religieux et philosophiques grecs]], ont proposé un mode de vie différent, fondé sur l'idée de pureté et donc de purification ({{grec ancien|κάθαρσις|kátharsis}}) — c'est au sens propre une ascèse : {{grec ancien|ἄσκησις|áskêsis}} signifie d'abord un exercice, puis un mode de vie particulier. Dans ce cadre, le [[végétarisme]] est un élément central de l'orphisme et d'un certain nombre de variantes du pythagorisme{{Référence nécessaire|date=5 février 2022}}.

L'enseignement de [[Pythagore]] ({{-s|VI}}) est plus difficile à cerner. Les auteurs de la [[comédie grecque antique|Comédie moyenne]], comme [[Alexis le Comique|Alexis]] ou [[Aristophon]], décrivent des pythagoriciens strictement végétariens, certains subsistant même au pain et à l'eau{{Référence nécessaire|date=5 février 2022}}. Cependant, d'autres traditions se contentent d'interdire la consommation de certains légumes, comme la fève<ref>{{harvsp|id=SPA|Sparkes|1962|p=379-380}}.</ref>, d'animaux sacrés comme le [[coq]] blanc, ou même seulement certaines parties d'animaux. En outre, même des pythagoriciens mangent de la viande de temps à autre dans le cadre des banquets sacrificiels, afin d'obéir à leurs devoirs religieux<ref>{{harvsp|id=DAV|Davidson|1997|p=17}}.</ref> : {{citation|c'est uniquement dans les animaux qu'il est permis de sacrifier que l'âme de l'homme ne peut pas pénétrer ; c'est pourquoi il faut manger les animaux du sacrifice, si nécessaire, et jamais les autres}}<ref group="P">[[Jamblique]], ''Vie de Pythagore'' (85)</ref>.


[[Empédocle]] condamne la consommation de viande et adopte une position proche du végétarisme moderne. On la justifie souvent par la croyance en la transmigration des âmes et la justice que l'on doit aux créatures : {{citation|Jeûnez de la méchanceté !}}<ref group="P">Fr. 144 [[Hermann Diels|Diels]]-[[Walther Kranz|Kranz]]. http://philoctetes.free.fr/empedocle.html</ref>{{Source secondaire nécessaire|date=5 février 2022}}. L'âme de chacune des créatures, humaines, animales ou végétales, passe d'un corps à un autre, de la mort à la naissance et de la naissance à la mort, pour se purifier. On a fait observer qu'Empédocle aurait dû également refuser de manger des végétaux, puisqu'il croit que son âme s'est déjà incarnée en buisson<ref>[[Eric Robertson Dodds|Dodds]], {{p.}}158-159.</ref> : [[Eric Robertson Dodds]] voit dans le végétarisme une conséquence de l'« antique horreur du sang versé » : [[Orphée]] enseigne de ne pas verser le sang<ref>[[Aristophane]], ''[[Les Grenouilles]]'' (1032)</ref>. D'autres contestent l'attribution à Empédocle de la doctrine de la [[métempsycose]], et lient son végétarisme à la doctrine suivant laquelle tous les êtres vivants sont parents : il faut donc ne manger que les fruits des plantes à maturité<ref>Jean-François Balaudé, « Parenté du vivant et végétarisme radical », Barbara Cassin et Jean-Louis Labarrière Éditeurs. ''L'Animal dans l'Antiquité'', [[Vrin (édition)|Vrin]], 1997.</ref>. Le sacrifice aux dieux devient symbolique : {{citation|Empédocle, qui était pythagoricien, et ainsi ne mangeait de rien qui eût une vie, fit, avec de la [[myrrhe]], de l'[[encens (fumigation)|encens]] et d'autres aromates précieux, un [[Bœuf (animal)|bœuf]] qu'il distribua à toute l'assemblée des [[jeux olympiques antiques|jeux Olympiques]]}}<ref group="P">Empédocle, {{fr.}}14 Diels = Athénée, I, {{3e}}.</ref>{{Source secondaire nécessaire|date=5 février 2022}}.
[[Image:NAMA Triade éleusinienne.jpg|thumb|250px|right|[[Triptolème]] recevant des épis de blé de [[Déméter]] est béni par [[Perséphone|Coré]], relief du {{-s|V|e}}, [[Musée national archéologique d'Athènes]]]]


{{refnec|Par la suite, le végétarisme et l'idée de pureté restent étroitement associés, et souvent accompagnés par une [[abstinence sexuelle]]}}
L'[[orphisme (religion)|orphisme]] et le [[pythagorisme]], deux [[religion grecque antique|courants religieux grecs]], ont proposé un mode de vie différent, fondé sur l'idée de pureté et donc de purification ({{grec ancien|κάθαρσις}} / ''kátharsis'') — c'est au sens propre une ascèse : {{grec ancien|ἄσκησις}} / ''áskêsis'' signifie d'abord un exercice, puis un mode de vie particulier. Dans ce cadre, le [[végétarisme]] est un élément central de l'orphisme et d'un certain nombre de variantes du pythagorisme.


Dans son ''Manger la chair'', [[Plutarque]] ({{Ier s}}-{{s|II}}s {{ap JC}}) reprend la thématique de la barbarie du sang versé et, renversant le débat habituel, somme l'homme zoophage de justifier son choix<ref group="P">[[Plutarque]], ''Moralia'' (XII, 68)</ref>{{Source secondaire nécessaire|date=5 février 2022}}. Le [[Néoplatonisme|néoplatonicien]] [[Porphyre de Tyr]] ({{s|III}}), dans son ''De l'abstinence'', rattache le végétarisme aux [[culte à Mystères|Mystères]] [[Crète|crétois]] et recense les végétariens du passé en commençant par [[Épiménide]], selon qui c'est [[Triptolème]], à qui [[Déméter]] a confié le blé pour apprendre l'agriculture à l'humanité, qui est à l'origine du végétarisme : ses trois commandements sont « honore tes parents », « honore les dieux par des fruits » et « épargne les animaux »<ref group="P">Porphyre de Tyr, ''De l'abstinence'', IV, 22.</ref>{{Source secondaire nécessaire|date=5 février 2022}}.
[[Empédocle d'Agrigente|Empédocle]] ({{-s|V|e}}) justifie le végétarisme par la croyance en la transmigration des âmes : qui peut garantir que l'animal prêt à être tué n'abrite pas l'âme d'un être humain ? Le philologue E.&nbsp;R.&nbsp;Dodds<ref>E.&nbsp;R.&nbsp;Dodds, « Les Chamans grecs », in ''Les Grecs et l'irrationnel'', Flammarion, coll. « Champs », 1977 (1{{re}} édition 1959), p.&nbsp;158-159.</ref> fait cependant observer qu'Empédocle, s'il était logique avec lui-même, devrait également refuser de manger des végétaux, puisqu'il croit qu'un buisson a déjà accueilli son âme. Dodds voit donc plutôt dans le végétarisme une conséquence de l'« antique horreur du sang versé ». Comme le rappelle Aristophane dans ''les Grenouilles'' (v.&nbsp;1032), [[Orphée]] enseigne de ne pas verser le sang.


=== La diète des malades ===
L'enseignement de [[Pythagore]] ({{-s|IV|e}}) est plus difficile à cerner. Les auteurs de la [[comédie grecque antique|Comédie moyenne]], comme [[Alexis le Comique|Alexis]] ou [[Aristophon]], décrivent des pythagoriciens strictement végétariens, certains subsistant même au pain et à l'eau. Cependant, d'autres traditions se contentent d'interdire la consommation de certains animaux sacrés, comme le [[coq]] blanc, ou même seulement certaines parties d'animaux.
Les [[médecine en Grèce antique|médecins]] grecs s'accordent sur la nécessité d'une diète particulière pour les malades, mais le consensus s'arrête là. Dans son ''Régime des maladies aiguës'', [[Hippocrate]] rapporte que la ptisane est souvent utilisée, parce qu'elle est facile à absorber et qu'elle est réputée calmer la fièvre. Cependant, certains l'administrent épaisse, avec ses grains d'orge, tandis que d'autres la prescrivent filtrée des grains d'orge. D'autres encore n'autorisent que les boissons jusqu'au septième jour, puis passent à la ptisane et enfin, certains interdisent toute forme de nourriture solide tout au long de la maladie<ref group="P">Hippocrate, ''Commentaire au régime des maladies aigües'', I 12 H.</ref>{{Source secondaire nécessaire|date=5 février 2022}}.


Les prescriptions d'Hippocrate sont elles-mêmes évaluées de manière diverse : certains médecins accusent le grand médecin de faire jeûner les malades ; au contraire, d'autres lui reprochent de trop les nourrir. À l'époque hellénistique, l'alexandrin [[Érasistrate]] fait grief aux disciples d'Hippocrate de contraindre les malades à ne boire qu'un peu d'eau, sans prendre de nourriture : c'est en fait la doctrine des méthodistes, qui ordonnent une diète stricte pendant les 48 premières heures de la maladie. Inversement, un certain Pétronas recommande de manger du porc rôti et de boire du vin pur<ref>Antoine Pietrobelli, « Démonstrations géométriques de Galien », ''BAGB'' 2 (2009), {{p.}}117.</ref>.
Par la suite, le végétarisme et l'idée de pureté restent étroitement associés, et souvent accompagnés par une [[abstinence sexuelle]]. Dans son ''Manger la chair'', [[Plutarque]] ({{Ier s}}-{{IIe siècle}}s ap. J.-C.) reprend la thématique de la barbarie du sang versé et, renversant le débat habituel, somme l'homme carnivore de justifier son choix. Le [[Néoplatonisme|néoplatonicien]] [[Porphyre de Tyr]] ({{IIIe siècle}}), dans son ''De l'abstinence'', rattache le végétarisme aux [[culte à mystères|mystères]] [[Crète|crétois]] et recense les végétariens du passé en commençant par le semi-mythique [[Épiménide de Crète|Épiménide]]. Pour lui, c'est le héros [[Triptolème]], à qui [[Déméter]] a confié le blé pour apprendre l'agriculture à l'humanité, qui est à l'origine du végétarisme : ses trois commandements sont « honore tes parents », « honore les dieux par des fruits » et « épargne les animaux » (IV, 22).


=== Les régimes des athlètes ===
=== Les régimes des athlètes ===
S'il faut en croire [[Claude Élien|Élien]], le premier athlète à s'être soumis à un régime alimentaire particulier est Iccos de [[Tarente]], un athlète du {{-s|V}}<ref group="P">Élien, XI, 3.</ref>{{Source secondaire nécessaire|date=5 février 2022}}. [[Platon]] confirme qu'il suit un régime très strict, l'expression « repas d'Iccos » devenant proverbiale<ref group="P">Platon, {{PlaLoi|compact}}, VIII, 839e-840a.</ref>{{Source secondaire nécessaire|date=5 février 2022}}. Pourtant, [[Milon de Crotone]], champion olympique de lutte, est déjà réputé avaler {{unité|7.5|litres}} de vin, 9 kilos de pain et autant de viande par jour<ref group="P">Théodore d'Hiérapolis, ''Combats gymniques'' ; rapporté par Athénée (X, {{412e}}).</ref>{{Source secondaire nécessaire|date=5 février 2022}}. Avant lui, les athlètes de l'époque classique observent un régime à base d'aliments secs ({{grec ancien|ξηροφαγία}} / {{Lang|grc-Latn|xêrophagía}}) composé de figues sèches, de fromage frais<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Philippe De|nom1=Carbonnières|titre=Olympie|sous-titre=La victoire pour les dieux|éditeur=CNRS Éditions via OpenEdition|date=2013-09-30|pages totales=128|isbn=978-2-271-07838-4|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=8PIJCwAAQBAJ&pg=PT86&dq=koliphia|consulté le=2017-06-20}}</ref>{{,}}<ref name=":0">{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Charles|nom1=Rollin|titre=Œuvres complètes de Ch. Rollin|éditeur=Ledoux et Tenré|année=1817|passage=180|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=hqMTAAAAQAAJ&pg=PA180&dq=pain+fromage+figue+athl%C3%A8te|consulté le=2017-06-20}}</ref>, de noix, et de pain<ref>{{Ouvrage|langue=fr|titre=Essais Sur L'Histoire Des Belles Lettres, Des Sciences Et Des Arts|éditeur=Duplain|année=1749|passage=218|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=fN9BAAAAcAAJ&pg=PA218&dq=pain+fromage+figue+athl%C3%A8te|consulté le=2017-06-20}}</ref>. Le vin leur était interdit<ref name=":0" />. [[Pythagore]] (soit le philosophe, soit un maître de gymnastique) est le premier à proscrire aux athlètes de manger de la viande<ref group="P">{{DioVie}}, VIII, 12.</ref>{{Source secondaire nécessaire|date=5 février 2022}}.


Par la suite, les entraîneurs appliquent une sorte de régime standard : pour prétendre au titre olympique, « on doit suivre une diète particulière, ne pas prendre de desserts (…) ; on ne peut pas boire d'eau glacée ni prendre un verre de vin quand on veut<ref group="P">[[Épictète]], ''[[Entretiens d'Épictète|Entretiens]]'', XV, 2, 5.</ref>{{Source secondaire nécessaire|date=5 février 2022}}. » Ce régime semble reposer sur une consommation importante de viande{{Source secondaire nécessaire|date=5 février 2022}} : [[Pausanias le Périégète|Pausanias]] évoque un « régime carné<ref group="P">{{PauDes}} (VI, 7-10)</ref>. » Le [[médecine en Grèce antique|médecin]] [[Galien]] reproche aux sportifs de son temps de « toujours se gaver de viandes saignantes<ref group="P">Galien, ''Exhortation à l'étude de la médecine'', 9.</ref>{{Source secondaire nécessaire|date=5 février 2022}}. » Pour lui, ce régime alimentaire conduit à un épaississement de la chair et donc l'extinction de la chaleur innée du corps, à terme à la mort de l'athlète<ref group="P">Galien, ''Protreptique'', XI, 1-8 et XII, 1.</ref>. Au contraire, il estime que le régime diététique doit être adapté à chaque sportif et prescrit par un médecin hygiéniste<ref group="P">Galien, ''Hygiène'', VI, 164-166.</ref>{{,}}<ref>E. Felsenheld, « Galien et la gymnastique : science sans conscience n'est que ruine du corps », ''BAGB'' 2 (2009), {{p.}}137.</ref>.
S'il faut en croire Élien (XI, 3), le premier athlète à s'être soumis à un régime alimentaire particulier est Iccos de [[Tarente]], un athlète du {{Ve}} siècle av. J.-C. [[Platon]] confirme<ref>{{PlaLoi|compact}}, VIII, 839e-840a.</ref> qu'il suit un régime très strict, l'expression « repas d'Iccos » devenant proverbiale. Par la suite, Athénée appelle {{grec ancien|ξηροφαγία}} / ''xêrophagía'' un régime à base d'aliments secs, qu'il indique avoir été observé par les athlètes de l'époque classique<ref>Athénée, XI, 205.</ref>. [[Diogène Laërce]] confirme l'information : selon lui, un dénommé Pythagore (soit le philosophe, soit un maître de gymnastique) a été le premier à prescrire aux athlètes de manger de la viande, ceux-ci ne se nourrissant auparavant que de figues sèches, de fromage et de pain. Le choix des viandes se fait selon un principe de similitude : on mange de la chèvre pour bondir comme une chèvre, du bœuf pour être fort comme un bœuf, etc.


== Notes ==
== Notes et références ==
=== Notes ===
{{Références|colonnes = 2}}
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=== Sources primaires antiques ===
<references group="P" />

=== Sources contemporaines ===
{{Références|colonnes=3}}

== Sources ==

=== Sources secondaires et tertiaires ===
* Paul Goukowsky, « L'alimentation en Grèce et à Rome en temps de crise ». In: ''Pratiques et discours alimentaires en Méditerranée de l'Antiquité à la Renaissance. Actes du {{18e}} colloque de la Villa Kérylos à Beaulieu-sur-Mer les 4, 5 et 6 octobre 2007''. Paris : Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 2008. {{p.|123-146}}. (« Cahiers de la Villa Kérylos », 19)
* Guy Berthiaume, ''Les Rôles du mágeiros. Étude Sur La boucherie, la cuisine et le sacrifice dans la Grèce ancienne'', Brill, Leyde, 1982 ({{ISBN|9004065547}})
* Pierre Briant, ''Histoire de l'Empire perse de Cyrus à Alexandre''. Fayard, Paris, 1996 ({{ISBN|2-213-59667-0}})
* Jean-Nicolas Corvisier, ''Les Grecs et la mer'', Belles Lettres, coll. « Realia », Paris, 2008 ({{ISBN|978-2-251-33828-6}})
* {{En}} Andrew Dalby, ''Siren Feasts: A History of Food and Gastronomy in Greece'', Routledge, Londres, 1996 ({{ISBN|0-415-15657-2}})
* {{En}} James Davidson, ''Courtesans and Fishcakes. The Consuming Passions of Classical Athens'', Fontana Press, Londres, 1997 ({{ISBN|978-0-00-686343-4}})
* Eric Robertson Dodds, « Les Chamans grecs », dans ''Les Grecs et l'irrationnel'', Flammarion, coll. « Champs », 1977 ({{1re}} édition 1959).
* Robert Flacelière, ''La Vie quotidienne en Grèce au temps de Périclès'', Hachette, 1988 ({{1re}} éd. 1959) ({{ISBN|2-01-005966-2}}).
* {{En}} K.B. Flint-Hamilton, « Legumes in Ancient Greece and Rome: Food, Medicine, or Poison? », ''Hesperia'', vol.68, n<sup>o</sup>3 (juillet-septembre 1999), {{p.|371-385}}.
* Léopold Migeotte, ''L'Économie des cités grecques'', Ellipses, coll. « Antiquité : une histoire », 2002 ({{ISBN|2-7298-0849-3}}), {{p.|62-63}}.
* Sparkes, B.A. « The Greek Kitchen », ''The Journal of Hellenic Studies'', vol. 82, 1962 (1962), {{p.|121-137}}.
* {{En}} J. Wilkins, D. Harvey et M. Dobson, ''Food in Antiquity''. University of Exeter Press, Exeter, 1995 ({{ISBN|0-85989-418-5}})
* [[Jean-Pierre Vernant]], « À la table des hommes », dans ''La Cuisine du sacrifice en pays grec'', M. Detienne et J.-P. Vernant dir., Paris, 1979, {{p.|43-47}} et 58.
* [[Marcel Detienne]], « Pratiques culinaires et esprit de sacrifice », dans ''La Cuisine du sacrifice en pays grec'', ''op. cit.'', {{p.|13-16}}
* {{En}} M. Dietler et B. Hayden, « Digesting the Feast », dans ''Feasts'', M. Dietler et B. Hayden dir., Washington-Londres, 2001, {{p.|1-2}} ;
* {{En}} M. Johnsson, ''Food and Culture among Bolivian Aymara'', Uppsala, 1986, {{p.|13}}.
* Plutarque, ''Propos de table'', VII, 1, 697c [J. Sirinelli trad., 1996].
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Robin|nom1=Nadeau|titre=Les manières de table dans le monde gréco-romain|éditeur=Presses Universitaires François Rabelais / Presses Universitaires de Rennes|année=2010|pages totales=490|isbn=9782753511286}}

=== Sources antiques ===
* [[Athénée de Naucratis|Athénée]], ''[[Les Deipnosophistes|Deipnosophistes]]'' [<nowiki/>[[Référence:Les Deipnosophistes (Athénée)|détail des éditions]]] (lire en ligne).
* [[Claude Élien|Élien]], ''Histoires variées'' [lire en ligne]
* Archestrate, ''Gastronomia''
* Caton l'Ancien (-234av JC/ -149 ap JC) dans son traité d'agronomie ''De Re Rustica''
* Varron ({{date-|-116}}/{{date-|-27}}), dans son traité d'agriculture ''De Re Rustica libri III en 3 volumes''
* Columelle ({{sap-|I}}), auteur d'un traité d'agronomie ''De re rustica en 12 volumes''
* Palladius ({{-s-|IV}}), auteur d'un traité d'agronomie ''De re rustica en 14 volumes''
* Glaucus de Locri
* Denys
* Epaenetus, cuisinier ayant écrit deux ouvrages disparus : ''Sur les Poissons'' et ''L'Art culinaire''
* Hégésippe de Tarente
* Erasistrate, (304 à {{date-|-250}}) médecin royal de Seleucos {{Ier}}
* Dioclès de Carystus, célèbre médecin grec d'Eubée du {{-s-|IV}}
* Thimachidas de Rhodes était un grec de Rhodes qui vécu vers A00 av JC. Philologue, il a écrit l'ouvrage disparu ''Deipna'' ou "diners"
* Philistion de Locri, médecin grec du {{-s-|IV}}, né à Locres en Italie
* Euthydème d'Athènes
* Chrysippe de Tyane, auteur de l'ouvrage de boulangerie ''L'Art de faire du pain''
* Paxamus
* ''Poètes élégiaques de la Grèce archaïque, Solon - Tyrtée - Théognis - Xénophane et les autres'', Traduits et présentés par Yves Gerhard, Ed. de l'Aire, Vevey, 2022 {{ISBN|978-2-88956-248-0}}.
== Voir aussi ==
== Voir aussi ==


=== Bibliographie ===
* {{Ouvrage |langue=fr |auteur1=[[Marie-Claire Amouretti]] |titre=Le Pain et l'huile dans la Grèce antique. De l'araire au moulin |lieu=Paris |éditeur=[[Les Belles Lettres]] |collection=ISTA |année=1986 |lire en ligne=https://www.persee.fr/doc/ista_0000-0000_1986_mon_328_1 |consulté le=21 mai 2024 | DOI=10.3406/ista.1986.1792}}
* {{Ouvrage|langue=fr|titre=Les Dieux d'Orphée|lieu=Paris|éditeur=[[Gallimard]]|collection=Folio Histoire|année=2007|année première édition=1989|pages totales=240|passage=174|isbn=978-2-07-034182-5|id=Detienne|plume=oui}}
* {{Ouvrage
| langue = fr
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| titre = Manger en Grèce classique
| sous-titre = la nourriture, ses plaisirs et ses contraintes
| lieu = Québec
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}}
* {{Ouvrage
| langue = fr
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| nom1 = Berthiaume
| titre = Les Rôles du mágeiros. Étude sur la boucherie, la cuisine et le sacrifice dans la Grèce ancienne
| lieu = Leyde
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* [[Pierre Briant]], ''Histoire de l'Empire perse de Cyrus à Alexandre''. Fayard, Paris, 1996 {{ISBN|2-213-59667-0}}.
* {{Ouvrage
| langue = fr
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* {{Ouvrage
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| éditeur = [[Routledge]]
| année = 1996
| pages totales = 319
| isbn = 0-415-15657-2
| id = DAL
}}.
* Laure de Chantal, ''À la table des anciens'' (anthologie de textes antiques), Belles Lettres, coll. « Signets », Paris, 2008 {{ISBN|978-2-251-03002-9}}
* {{Ouvrage
| langue = en
| prénom1 = James
| nom1 = Davidson
| titre = Courtesans and Fishcakes. The Consuming Passions of Classical Athens
| lieu = Londres
| éditeur = Fontana Press
| année = 1997
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| id = DAV
}}.
* [[Marcel Detienne]] et [[Jean-Pierre Vernant]], ''La Cuisine du sacrifice en pays grec'', Gallimard, coll. « Bibliothèque des histoires », Paris, 1979.
* Armand Delatte, ''Le Cycéon, breuvage rituel des mystères d'Éleusis'', Belles Lettres, Paris, 1955.
* {{Chapitre
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| titre ouvrage = Les Grecs et l'irrationnel
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* {{Ouvrage
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* {{Article
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| pages = 371-385
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| id = FLI
}}.
* Jean-Pierre Brun, ''Le vin et l’huile dans la Méditerranée antique. Viticulture, oléiculture et procédés de fabrication'', Errance, Paris, 2003.
* {{Ouvrage
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| nom1 = Migeotte
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| titre = L'Économie des cités grecques
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* {{Ouvrage |langue=fr |auteur1=Pauline Schmitt-Pantel |titre=La cité au banquet |sous-titre=histoire des repas publics dans les cités grecques |lieu=Paris |éditeur=Publications de la Sorbonne |année=2011 |pages totales=585 p. et [XXIV] p. de planches |isbn=978-2-859-44657-4 |id=Pauline Schmidt Pantel, 2011|lire en ligne=https://www.persee.fr/doc/efr_0000-0000_1992_ths_157_1|année première édition=1992}}
* {{Article
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| prénom1 = B. A.
| nom1 = Sparkes
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| pages = 121-137
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* {{Ouvrage
| langue = en
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}}
=== Articles connexes ===
=== Articles connexes ===
{{Article audio

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|date=24 juin 2007
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}}
* [[Histoire de l'art culinaire]]
* [[Histoire de l'art culinaire]]
* [[Cuisine de la Rome antique]]
* [[Cuisine de la Rome antique]]
* [[Agriculture en Grèce antique]]

=== Bibliographie ===

====Ouvrages généralistes====
* Marie-Claire Amouretti, ''Le Pain et l'huile dans la Grèce antique. De l'araire au moulin'', Belles Lettres, Paris, 1989.
* {{en}} Andrew Dalby, ''Siren Feasts: A History of Food and Gastronomy in Greece'', Routledge, 1996 {{ISBN|0-415-15657-2}}.
* Armand Delatte, ''Le Cycéon, breuvage rituel des mystères d'Éleusis'', Belles Lettres, Paris, 1955.
* Marcel Détienne et Jean-Louis Vernant, ''La Cuisine du sacrifice en pays grec'', Gallimard, coll. « Bibliothèque des histoires », Paris, 1979.
* Robert Flacelière, ''La Vie quotidienne en Grèce au temps de Périclès'', Hachette, 1988 (1{{re}} éd. 1959) {{ISBN|2-01-005966-2}}.
* Léopold Migeotte, ''L'Économie des cités grecques'', Ellipses, coll. « Antiquité : une histoire », 2002 {{ISBN|2-7298-0849-3}}, p.&nbsp;62-63.

====Articles spécialisés en ligne====
*Paul Bras,
**[http://www.persee.fr/showPage.do?urn=dha_0755-7256_1999_num_25_2_2590 « Réflexions sur les fondements de la diététique dans le monde grec ancien (à propos de l'interdit de la fève) »], présentation de recherches dans la revue ''Dialogues d'histoire ancienne'', Numéro 25-2 (1999), pp. 221-246
**[http://www.persee.fr/showPage.do?urn=dha_0755-7256_2003_num_29_2_1568 « L'interdit alimentaire et la linguistique »], dans ''Dialogues d'histoire ancienne'', Numéro 29-2 (2003), pp. 149-164.
*Jacques Annequin, [http://www.persee.fr/showPage.do?urn=dha_0755-7256_2003_num_29_2_1566 « Aliments et pratiques alimentaires dans l'Onirocriticon d'Artémidore »], dans ''Dialogues d'histoire ancienne'', Numéro 29-2 (2003), pp. 109-123


=== Liens externes ===
=== Liens externes ===
* [http://www.actu-histoireantique.com/pages/Recettes_de_lantiquite_grecque-4126159.html / Recettes grecques antiques]
* {{en}} [http://www.umich.edu/~kelseydb/Exhibits/Food/text/Food.html ''A Taste of the Ancient World''], exposition en ligne organisée par les étudiants de l'[[université du Michigan]]
* [http://www.canal-u.tv/video/les_amphis_de_france_5/boire_avec_dionysos.273 Boire avec Dionysos], François LISSARRAGUE (vidéo en ligne)
* Paul Bras :
** [http://www.persee.fr/showPage.do?urn=dha_0755-7256_1999_num_25_2_2590 « Réflexions sur les fondements de la diététique dans le monde grec ancien (à propos de l'interdit de la fève) »], présentation de recherches dans la revue ''Dialogues d'histoire ancienne'' {{numéro}}25-2 (1999), {{p.}}221-246 ;
** [http://www.persee.fr/showPage.do?urn=dha_0755-7256_2003_num_29_2_1568 « L'interdit alimentaire et la linguistique »], dans ''Dialogues d'histoire ancienne'' {{numéro}}29-2 (2003), {{p.}}149-164.
* Jacques Annequin, [http://www.persee.fr/showPage.do?urn=dha_0755-7256_2003_num_29_2_1566 « Aliments et pratiques alimentaires dans l'''Onirocriticon'' d'Artémidore »], dans ''Dialogues d'histoire ancienne'' {{numéro}}29-2 (2003), {{p.}}109-123


{{Palette|Histoire de l'alimentation}}
* [http://www.vegetarisme.fr/Articles/index.php?p=AuCommencement.html « Végétarisme, au commencement... »], article de Tristan Grellet, ''Alliance Végétarienne'' n°&nbsp;76 et 77 (juin et septembre 2004)
{{Portail|Grèce antique|gastronomie|vin}}
* {{en}} [http://www.umich.edu/~kelseydb/Exhibits/Food/text/Food.html ''A Taste of the Ancient World''], exposition en ligne organisée par les étudiants de l'Université du Michigan

{{Multi bandeau|Portail gastronomie|Portail Hellenopedia}}
{{Article de qualité|oldid=5444264|date=10 février 2006}}

[[Catégorie:Histoire de la cuisine|Grece antique]]
[[Catégorie:Grèce antique]]


[[Catégorie:Histoire de la cuisine à l'Antiquité|Grèce antique]]
[[en:Cuisine of Ancient Greece]]
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[[es:Alimentación en la Grecia Antigua]]
[[Catégorie:Histoire de l'alimentation]]
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[[no:Matstellet i antikkens Hellas]]{{Lien BA|no}}

Dernière version du 9 juillet 2024 à 09:16

Kylix, type de vase à boire le plus fréquent en Grèce antique, v. 500 av. J.-C., British Museum.

Le régime alimentaire des Grecs anciens se caractérise par sa frugalité, reflet de conditions difficiles pour l'agriculture grecque. Il se fonde sur la « triade méditerranéenne »[Note 1] : blé, huile d'olive et vin.

Les céréales constituent la base de l'alimentation grecque. Il s'agit principalement de blé dur, d'épeautre et d’orge. Le blé est réduit en gruau et employé en bouillie ou moulu en farine pour fabriquer du pain ou des galettes. L'orge sert le plus souvent à fabriquer la maza, le plat de base grec. Les paysans ne cuisent au four que les pâtes de froment servant à la confection de galettes de consommation courante, galettes mises dans des moules et séchées. Les céréales sont souvent servies avec des légumes (choux, épinard, oignons, laitue, radis, lentilles, fèves ou encore pois chiches). La consommation de poisson, de viande et de miel varie suivant la fortune de la maisonnée : seuls les riches en disposent régulièrement, mais pas en abondance. En revanche, les Grecs consomment beaucoup de produits laitiers, et surtout du fromage. L’expression « ne manger que de l'orge » est ainsi l’équivalent du français « être au pain sec et à l’eau »[source secondaire nécessaire]. Le beurre est connu, mais on lui préfère l'huile d'olive. La nourriture s'accompagne de vin (rouge, blanc ou rosé) étendu d'eau et parfois aromatisé.

L’alimentation des Grecs antiques est connue par des sources à la fois littéraires et artistiques : les comédies d'Aristophane et les extraits d'œuvres préservées par le grammairien Athénée d'une part, les vases peints et les figurines en terre cuite d'autre part.

Enfant devant un présentoir à vaisselle de banquet, IIIe – Ier siècle av. J.-C., musée du Louvre.

Les Grecs font trois repas par jour :

  • Le premier, froid, (ἀκρατισμός / akratismós) est composé de pain d'orge trempé dans du vin pur (ἄκρατος / ákratos), éventuellement agrémenté de figues entre autres fruits ; fromage et olives[1].
  • Le second (ἄριστον / áriston)[2], sommaire, est pris vers midi ou au début de l'après-midi[3].
  • Le troisième (δεῖπνον / deĩpnon), le plus important de la journée, a généralement lieu à la nuit tombée.

Il peut s'y ajouter un goûter (ἑσπέρισμα / hespérisma) en début de soirée ; l'ἀριστόδειπνον / aristódeipnon, littéralement un déjeuner dînatoire, peut être servi tard dans l'après-midi à la place du dîner[P 1].[source secondaire nécessaire]

Lors des repas et des banquets, les femmes sont rares et se tiennent dans la plus grande réserve et le silence. Il est d'usage qu'elles sortent lorsque les convives masculins, ayant fini de manger, se livrent à la conversation libre. Il semble que, dans la plupart des cas, les femmes prennent leurs repas à part dans une autre pièce[4]. Si la taille de la maison ne le permet pas, les hommes mangent les premiers, les femmes passant à table une fois que ces derniers ont terminé leur repas[5]. Les esclaves assurent le service ; eux aussi mangent à part, et souvent les restes. Dans les familles les plus pauvres, ce sont les femmes et les enfants, s'il faut en croire Aristote, qui pallient le manque d'esclaves[P 2][source secondaire nécessaire].

L'usage de déposer dans des tombes de petits modèles en terre cuite représentant des pièces du mobilier permet aujourd'hui d'avoir une bonne idée des meubles grecs. Les Grecs ordinaires mangent assis sur des tabourets à des tables, hautes pour les repas ordinaires, basses pour les banquets, et d'abord de forme rectangulaire. Les banquettes sur lesquelles on s'étend sont réservées aux banquets ou aux aristocrates[6]. Au IVe siècle av. J.-C., la table habituelle prend une forme ronde, souvent à pieds zoomorphes (par exemple en forme de pattes de lion)[réf. souhaitée].

Les galettes de pain peuvent servir d'assiette, mais les écuelles en terre cuite ou en métal sont plus courantes[7]. La vaisselle se raffine au fil du temps et l'on trouve des assiettes en matériaux précieux ou en verre pendant l'époque romaine. Les couverts sont peu utilisés à table : l'usage de la fourchette étant inconnu, on mange avec les doigts[8] en s'aidant d'un couteau pour la viande et d'une cuillère semblable aux cuillères occidentales contemporaines, pour les soupes et bouillies[7]. Des morceaux de pain (ἀπομαγδαλία / apomagdalía) peuvent être utilisés pour se saisir de la nourriture[8] ou, en guise de serviettes, pour s'essuyer les doigts[P 3],[9][source secondaire nécessaire].

En société

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Le συμπόσιον / sympósion — traditionnellement traduit par « banquet », plus littéralement « réunion de buveurs » — est l’un des « loisirs » préférés des Grecs[10].

Banqueteurs jouant au cottabe pendant qu'une musicienne joue de l'aulos, cratère en cloche du Peintre de Nicias (Musée national archéologique de Madrid).

L'histoire des banquets publics (repas et symposion) montre de grandes différences entre, par exemple, le banquet aristocratique archaïque (du VIIIe au VIe siècle) et le banquet public organisé par la cité ou les évergètes dans les cités hellénistiques[11]. Dans tous les cas, cependant, comme le dit J.-P. Vernant « il y a des formes et des degrés divers de sacré, plutôt qu'une polarité sacré-profane »[12] et le religieux est présent autant dans le repas que dans le symposion[13]. Enfin, le fait de manger et boire ensemble fonde la communauté civique[14].

Le lieu le plus fréquent est le sanctuaire du dieu en l'honneur duquel se font les sacrifices, dans le hieron ou le temenos[15]. La plupart des sanctuaires attiques, recevaient des banquets publics[16]. Le lieu du symposion était aussi, souvent, situé au cœur de la cité : à Thasos sur un côté de l'agora archaïque, à Athènes le prytanée ne sert, au début du Ve siècle, qu'au banquet des prytanes, et la stoa sud comportait des salles de banquet pour 500 lits de table. Sur l'Acropole, la Pinacothèque pouvait être aménagée pour recevoir 17 lits (entre 440 et 430), tout ceci pour les « officiels »[réf. nécessaire]. Dans le quartier du Céramique, le Pompeion, de la fin du Ve siècle, et ses abords pouvaient recevoir les masses lors des banquets publics. Cependant d'autres espaces pouvaient convenir en certaines occasions. « Ainsi un bienfaiteur à Metropolis a fait lors des jours bachiques une hestiasis pour le dèmos « dans la montagne », ce qui n'est guère surprenant dans une fête en l'honneur de Dionysos »[15].

Le symposion comprend deux parties : la première est consacrée à la nourriture, généralement assez simple, et la seconde à la boisson[10]. En réalité, on consomme également du vin avec le repas, et les boissons sont accompagnées des τραγήματα / tragếmata ou friandises à grignoter : châtaignes, fèves, grains de blé grillés ou encore gâteaux au miel, chargés d'absorber l'alcool et de prolonger la beuverie[17]. Certains banquets font d'ailleurs partie de rituels qui en manifestent la dimension « sacrée »[réf. nécessaire].

La seconde partie est inaugurée par une ou plusieurs libations, un péan ou une simple prière, généralement en l’honneur de Dionysos[18]. Puis l’on discute ou l’on joue à divers jeux de table, comme le cottabe — en effet, les convives sont allongés sur des banquettes. Des danseuses, des acrobates et des musiciens de location peuvent agrémenter la soirée. Le philosophe péripatéticien Théophraste montre dans ses Caractères[P 4] le propriétaire d’un esclave qui a loué des filles, musiciennes et danseuses qui peuvent assurer tous les plaisirs des convives[source secondaire nécessaire].

Un « roi du banquet », tiré au sort, est chargé d'indiquer aux esclaves la proportion à observer entre le vin et l'eau dans la préparation de la boisson[18]. Le chant ou la prière sont assez libres de composition ; la libation est composée d'une partie offerte à Zeus et aux dieux olympiens, une deuxième offerte au bon démon, et la troisième à Hermès. Une coupe est remplie, qui passe de main en main chez les participants qui formulent une prière. Les libations obéissent à certaines règles : le nombre de libations par personne n'est pas limité, mais l'invocation ne va pas sans la libation. Après le repas et avant la beuverie, on couvre la tête des participants de bandelettes ou de couronnes de rubans. Théophraste montre dans ses Caractères[P 5] un avare qui fait une petite libation, et de surcroît compte le nombre de coupes vidées, puis se plaint du prix des bandelettes et autres rubans (les objets rituels nécessaires s'échangeaient)[source secondaire nécessaire].

Ces banquets sont strictement réservé aux hommes — à l'exception des danseuses et des courtisanes, les femmes se devaient de rester entre elles[réf. nécessaire] : dans Le Banquet de Platon, Éryximaque prie la joueuse d'aulos de rejoindre les femmes de la maison dans la pièce qui leur est réservée[P 6] [source secondaire nécessaire]; celle qui se mêle aux hommes est vue comme une esclave, comme tout sauf de condition libre, passible d'attaque en justice — le banquet est un élément essentiel de la sociabilité grecque. Il peut être organisé à l'instigation d'un particulier conviant ses amis ou sa famille. Il peut également rassembler, de manière régulière, les membres d'une association religieuse ou d'une hétairie (sorte de club aristocratique). Les grands banquets sont l'apanage des plus riches, mais dans la plupart des foyers grecs, les fêtes religieuses ou les événements familiaux sont l'occasion de banquets plus modestes[réf. nécessaire].

Le philosophe péripatéticien Hippoloque de Macédoine, ami et condisciple de Lyncée de Samos, lui a écrit une lettre au sujet d'un banquet de mariage auquel il a été convié[P 7] :[source secondaire nécessaire] on sert du vin, puis un pain d'égale largeur, des poules, des canards, du pigeon (ramier), etc. Chacun ayant pris ce qu'on lui présente, le donne avec le plat aux esclaves ; on présente aussi à la ronde nombre d'autres différents mets. Ce service est suivi d'un autre, incluant un grand pain, des oies, des lièvres, des chevreaux, des tourtereaux, des perdrix. Les mêmes mets sont aussi donnés aux esclaves. Après avoir pris assez de nourriture, les invités se lavent les mains, et des joueuses de flûtes, des musiciens et des harpistes rhodiennes couvertes d'un voile entrent. Elles se retirent après un court début : aussitôt il en paraît d'autres, portant chacune deux pots de parfum. On sert ensuite à chacun, pour souper, un plat contenant un très gros cochon rôti. Hippoloque mentionne des grives rôties, des becfigues où l'on avait versé des jaunes d'œufs, des huîtres, des pétoncles. « Le cochon fut suivi d'un autre chevreau bouillant dans la sauce sur un autre plat. Dès que nous fûmes débarrassés de ce monde, nous nous mîmes à boire. »[source secondaire nécessaire]

La dernière partie du banquet, celle consacrée à la beuverie, est également prétexte à la danse ; inviter une danseuse sans être au moins éméché est très mal vu en société ; l'ivresse doit servir de prétexte[19] [source secondaire nécessaire].

Le banquet a servi de cadre à une littérature de genre : Le Banquet de Platon, Le Banquet de Xénophon, les Propos de table de Plutarque ou encore le Banquet des Deipnosophistes d’Athénée.[source secondaire nécessaire]

Les syssities (τὰ συσσίτια / tà syssítia) sont des repas obligatoires pris en commun dans le cadre de groupes sociaux ou religieux rassemblant hommes et jeunes gens. Ils concernent principalement la Crète et Sparte et prennent le nom d’hetairia, pheiditia, ou andreia. Ils fonctionnent comme des clubs aristocratiques et comme un mess militaire. Comme les banquets, les syssities sont le domaine exclusif des hommes ; quelques références[Lesquelles ?] décrivent également des syssities exclusivement féminines. Au contraire des banquets, cependant, les repas se caractérisent par la simplicité et la tempérance.[réf. nécessaire]

Femme pétrissant de la pâte à pain, v. 500-475 av. J.-C., Musée national archéologique d'Athènes.

Les céréales (σῖτος / sĩtos) constituent la base de l'alimentation grecque. Il s'agit principalement de blé dur (πύρος / pýros), d'épeautre (ζειά / zeiá) et d'orge (κριθαί / krithaí)[20]. Mondé par trempage, le blé peut être transformé de deux manières principales : réduit en gruau, il sera employé en bouillie ; moulu en farine (ἀλείατα / aleíata) et pétri, il sert à fabriquer du pain (ἄρτος / ártos) ou des galettes, simples ou mélangées à du fromage ou du miel[21]. Le levain est connu ; à partir de l'époque romaine, les Grecs utilisent un composé alcalin Page d'aide sur l'homonymie ou de la levure de vin comme agent levant[22]. Les pâtons sont cuits à la maison dans un four en argile (ἰπνός / ipnos) surélevé par des pieds[23]. Une technique de cuisson plus rustique consiste à déposer des charbons ardents sur le sol en terre et de recouvrir le tas d'un couvercle en cloche (πνιγεὐς / pnigeus) ; quand le sol est suffisamment chaud, on pousse les charbons sur le côté, on dépose les pâtons et le couvercle est remis en place, sous les charbons[24]. Le four en pierre n'apparaît qu'à l'époque romaine. D'après une prescription de Solon, législateur athénien du VIe siècle av. J.-C., le pain de froment doit être réservé aux jours de fête[25]. Cependant, dès l'époque classique et pour peu qu'on en ait les moyens, on le trouve tous les jours chez la boulangère, profession qui apparaît à Athènes au Ve siècle[réf. nécessaire].

L'orge est plus facile à produire mais peu panifiable. Elle donne des pains nourrissants mais très lourds[22]. De ce fait, elle est plutôt grillée puis moulue pour donner une farine (ἄλφιτα / álphita), laquelle sert à fabriquer (le plus souvent sans cuisson puisque les grains ont déjà été grillés) la μᾶζα / mãza, le plat de base grec, comme le souligne le surnom de « mangeurs d'orge » dont les Romains affublaient les Grecs. Dans la Paix, Aristophane emploie l'expression ἔσθειν κριθὰς μόνας, littéralement « ne manger que de l'orge », équivalent du français « être au pain sec et à l'eau »[P 8][source secondaire nécessaire]. Nous connaissons plusieurs recettes de la maza : elle peut être servie cuite ou crue, sous forme de bouillie, de boulettes ou de galettes[21]. Là encore, la maza peut être agrémentée de fromage ou de miel.

Fruits et légumes

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Les céréales sont souvent servies avec un accompagnement appelé génériquement ὄψον / ópson[26]. Le mot désigne d'abord tout ce qui se prépare sur le feu, et par extension tout ce qui accompagne le pain[P 9][source secondaire nécessaire]. À partir de l'époque classique, il s'agit de poisson et de légumes : choux, oignons, lentilles, fèves, différentes espèce de gesses, vesces ou encore pois chiches[27][source insuffisante]. Ils sont servis en soupe, bouillis ou en purée (ἔτνος / étnos), assaisonnés d'huile d'olive, de vinaigre, de garum (γάρον / gáron) — sauce de poisson proche du nuoc mam vietnamien — et d'herbes. S'il faut en croire Aristophane[P 10][source secondaire nécessaire], la purée est l'un des plats favoris d'Héraclès, toujours représenté comme un goinfre dans la comédie. Les plus pauvres consomment couramment des glands de chêne (βάλανοι / bálanoi)[28]. Les olives sont une garniture fréquente, qu'elles soient crues ou confites[29].

En ville, les légumes frais sont chers et peu consommés : les citadins peu fortunés se rabattent sur les légumes secs. La soupe de lentilles (φακῆ / phakễ) est le plat typique de l'ouvrier[30],[31]. Les rations militaires typiques contiennent de l'ail, des oignons et du fromage[32]. Aristophane évoque ainsi le « rot de mangeur d'oignon » typique du soldat[P 11][source secondaire nécessaire] ; ailleurs, le chœur chante la paix et sa « joie d'être délivré du casque / du fromage et des oignons »[P 12][source secondaire nécessaire].

Les fruits, frais ou secs, sont mangés en dessert. Ce sont principalement les figues, les grenades, les noix et noisettes. Les figues sèches sont également consommées en apéritif, en buvant du vin. Dans ce cas, elles sont souvent accompagnées de graines de lupin, de châtaignes, de pois chiches ou de faines grillées. La présence de figues carbonisées, près des restes de raisin, laisse supposer qu'elles ont servi d'adjuvant sucré pour camoufler l'amertume du jus des vignes sauvages.[réf. nécessaire]

Un jeune homme prépare une tête de cochon après le sacrifice - on voit les colonnes du temple à droite - cratère en cloche du Peintre de Tarporley, v. 360-340 av. J.-C., Musée archéologique national de Madrid.

Manger de la viande est chose rare, sauf aux fêtes ou autres banquets. La consommation de poisson et de viande varie suivant la fortune de la maisonnée mais aussi son implantation : à la campagne, la chasse (principalement le piégeage pour les plus pauvres) permet de consommer du lièvre et des oiseaux. Les paysans possèdent également des basses-cours les fournissant en poulets et en oies ; les propriétaires un peu aisés ou riches pratiquent un élevage d'appoint de chèvres, porcs et moutons, et les chasseurs s'offrent le produit de leurs prises : sangliers, cerfs. À la ville, les viandes sont chères, à l'exception de la viande de porc : à l'époque d'Aristophane, un cochon de lait coûte trois drachmes[P 13][source secondaire nécessaire], soit trois jours de travail d'un ouvrier de chantier public[réf. nécessaire]. Les riches comme les pauvres consomment des saucisses[33]. Des boudins faits d'estomac de chèvre bourrés de graisse et de sang sont déjà mentionnés dans l'Odyssée[P 14][source secondaire nécessaire].

La civilisation mycénienne pratiquait l'élevage de bovins pour leur viande. Au VIIIe siècle av. J.-C. encore, Hésiode décrit son idéal de festin campagnard :

« puissé-je avoir l'ombre d'une roche, du vin de Byblos, une galette bien gonflée et du lait de chèvres qui ne nourrissent plus, avec la chair d'une génisse qui a pris sa pâture au bois et n'a pas encore vêlé ou d'agneaux d'une première portée »[P 15][source secondaire nécessaire].

La viande est beaucoup moins mentionnée dans les textes de l'époque classique que dans la poésie archaïque ; il est possible que cette évolution ne reflète pas une évolution des habitudes de consommation, mais seulement les codes de chaque genre littéraire[réf. nécessaire].

La consommation de viande a principalement lieu à l'occasion des sacrifices religieux qui donnent lieu à des festins civiques : la part des dieux (graisse, fémurs et viscères) est brûlée alors que la part des hommes (viande) est grillée et distribuée aux participants. Il existe parallèlement un commerce florissant de viandes cuites ou salées, qui semblent elles aussi être issues de sacrifices[34]. La technique bouchère grecque a ceci de particulier que l'animal n'est pas découpé suivant le type de morceau, mais en portions de poids égal : chacune d'entre elles peut donc être composée presque entièrement de graisse et d'os ou au contraire seulement de viande, et mêler morceaux à braiser, rôtir, bouillir ou griller. Un passage de comédie illustre les problèmes que la pratique suscite :

« Chairéphon achetait un jour de la viande ; le boucher, dit-on, lui en coupa par hasard un morceau très osseux. Il lui dit : « Boucher, ne compte pas l'os », ce à quoi celui-ci répondit : « Mais la viande est tendre : on dit qu'elle l'est quand elle est près de l'os. » Et Chairéphon de dire : « Soit, cher ami, mais son poids supplémentaire me chagrine, où qu'il se trouve. »[P 16],[35]

En Crète, les meilleures parts sont allouées aux citoyens particulièrement sages ou bons guerriers ; dans d'autres cités, comme Chéronée, les portions sont tirées au sort, ce qui donne à chacun une chance égale d'obtenir un bon ou un mauvais morceau[P 17][source secondaire nécessaire]. Par conséquent, un Grec achetant sa viande au marché ne peut guère choisir qu'entre les abats et la viande à proprement parler : aucune source n'en montre commandant une côtelette ou un gigot[36].

Les Spartiates se nourrissent principalement d'un ragoût de porc, le brouet noir (μέλας ζωμός / mélas zômós). Plutarque indique que « parmi les plats, celui qu'ils apprécient le plus est le brouet noir ; c'est au point que les vieillards ne demandent même pas de viande ; ils la laissent aux jeunes et font leur dîner du brouet qu'on leur verse[P 18]. »[source secondaire nécessaire] C'est pour les Grecs un véritable sujet de curiosité. « Bien sûr que les Spartiates sont les plus courageux de tous les hommes », plaisante un Sybarite, « n'importe quel homme de bon sens préférerait mourir mille morts plutôt que de mener une si pauvre vie[P 19]. »[source secondaire nécessaire] Le plat est composé de viandes rôties de chèvre et porc, de sel, de vinaigre et de sang[7]. Il est complémenté de maza, de figues et de fromage et parfois gibier ou de poisson[P 20][source secondaire nécessaire]. Élien, auteur du IIe-IIIe siècle, prétend que Sparte défend à ses cuisiniers de savoir préparer autre chose que de la viande[P 21][source secondaire nécessaire].

Le poisson frais, l'un des plats préférés des Grecs, plat à figures rouges, v. 350-, musée du Louvre.

L'attitude des Grecs face au poisson varie suivant l'époque. Comme le remarquent les Grecs eux-mêmes[P 22], on ne mange pas de poisson dans l’Iliade, mais des viandes rôties[37], ce que Platon explique par l'austérité des mœurs de l'époque[P 23][source secondaire nécessaire]. Il semble qu'au contraire, le poisson ait alors été perçu comme la nourriture des pauvres. L’Odyssée évoque bien que les compagnons d'Ulysse mangent du poisson, mais uniquement parce qu'ils sont affamés après être passés par Charybde et Scylla et parce qu'ils doivent se nourrir de ce qui leur tombe sous la main[P 24][source secondaire nécessaire].

Au contraire, à l'époque classique, le poisson devient un mets de luxe, recherché par les plus fins gourmets et suscitant, à l'époque hellénistique, des traités spécialisés, comme celui de Lyncée de Samos sur L'Art d'acheter du poisson pour pas cher[38][réf. incomplète]. Tous les poissons ne se valent pas : une stèle de la fin du IIIe siècle av. J.-C. provenant de la petite cité béotienne d'Akraiphia, sur le lac Copaïs, fournit une liste de poissons et de leurs prix respectifs, probablement pour protéger les consommateurs d'augmentations excessives[39][réf. incomplète] : le moins cher est le skaren (sans doute du perroquet de mer), tandis que la ventrèche de thon coûte trois fois plus cher[40]. Le poète Ériphos, dans sa pièce Mélibée, range les seiches avec la ventrèche de thon, la tête de loup et le congre au rang des mets dignes des dieux, et que les pauvres ne peuvent pas s'offrir[P 25][source secondaire nécessaire].

Les convives du banquet mis en scène par Athénée aux IIe – IIIe siècle consacrent une grande partie de leur conversation à des considérations œnophiles et gastronomiques. Ils discutent des mérites comparés de tels vins, légumes ou viandes ; évoquent des plats renommés (seiches farcies, ventrèche de thon, écrevisses de mer, laitues arrosées de vin au miel) et grands cuisiniers comme Sotéridès, cuisinier du roi Nicomède Ier de Bithynie (IIIe siècle av. J.-C.). Alors que son maître, en pleines terres, se languit d'anchois, il lui en sert des imitations : des raves femelles soigneusement découpées en forme d'anchois, huilées, salées et saupoudrées de graines de pavot noires. Cet exploit de cuisinier, la Souda, encyclopédie byzantine, l'attribue par erreur au gourmet romain M. Gavius Apicius (Ier siècle av. J.-C.)[réf. nécessaire].

Au plus bas de l'échelle, les sardines, les anchois et autre menu fretin constituent l'ordinaire des citoyens athéniens. Parmi les autres poissons de mer courants, on peut citer le thon blanc, le rouget, la raie, l'espadon ou encore l'esturgeon, mets de choix consommé salé. Le lac Copaïs est lui-même célèbres par les anguilles que l'on y trouve, renommées dans toute la Grèce et chantées par le héros des Acharniens[réf. nécessaire]. Parmi les autres poissons d'eau douce, on peut citer le brochet, la carpe ou le peu apprécié poisson-chat. Les Grecs apprécient également les œufs de poisson et fruits de mer : coquillages, seiches (σηπία), poulpes[Note 2] et calmars[Note 3] sont frits ou grillés et servis comme amuse-gueule, comme accompagnements ou dans les banquets quand ils sont de petite taille ; des oursins ; les spécimens de grande taille relèvent du répertoire de la grande cuisine[41]. Seiches et poulpes sont des cadeaux traditionnels lors de la fête des Amphidromies, lorsque les parents nomment leur enfant[P 26][source secondaire nécessaire]. S'agissant des coquillages, on peut probablement reconnaître dans ceux que citent les sources le bulot, la moule, la grande nacre, l'ormeau, la palourde, la patelle, le pétoncle ou praire ou encore le troque[41]. Galien est le premier à mentionner la consommation de l'huître[Note 4] crue[P 27],[41] ; le crabe[Note 5], le homard[Note 6], la langoustine[Note 7], la cigale de mer[Note 8] sont appréciés[42]. L'oursin[Note 9] est davantage connu le long des côtes[42].

Le poisson est issu d'une pêche le plus souvent individuelle, très près des côtes et très artisanale, voire à la main[43][réf. incomplète]. Si l'on peut supposer l'existence de criées, la plus grande partie de la pêche semble être vendue sur les marchés des cités, sur des étals spécialisés[44][réf. incomplète]. Le poisson se présente souvent sous forme salée. Le procédé est surtout courant pour les petits poissons : l'expression « moins cher que le poisson saur » désigne un bien extrêmement commun et très bon marché[P 28][source secondaire nécessaire]. Il est également appliqué aux poissons gras — bonite, thon, maquereau, ange de mer, esturgeon — et même aux crabes et aux oursins[45][réf. incomplète].

Œufs et fromage

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Les Grecs élèvent des canards, des oies, des cailles et des poules en partie pour leurs œufs. Certains auteurs[P 29] louent également les œufs de faisan et d'oie[source secondaire nécessaire]. Les oiseaux dans le commerce, chez un boucher, sont vivants et tués à la demande[P 30][source secondaire nécessaire], mais on peut supposer qu'ils étaient assez rares[réf. nécessaire]. Les œufs sont consommés durs ou à la coque en tant que hors-d'œuvre ou inversement, comme desserts, ou encore gobés[P 31][source secondaire nécessaire]. Ils sont également employés, sous forme de blancs, de jaunes ou entiers, dans la fabrication de certains plats[46].

Le lait (γάλα / gála) est bu par les paysans mais n'est quasiment pas employé en cuisine. Le beurre (βούτυρον / boútyron) est connu mais lui aussi peu employé : les Grecs considèrent son usage comme une caractéristique des Thraces[Note 10], qu'ils considèrent volontiers comme des rustres incultes ; le poète comique Anaxandridès les surnomme les « mangeurs de beurre »[P 32][source secondaire nécessaire]. En revanche, les Grecs apprécient les produits laitiers. On sert comme friandise ce qui devait ressembler à du yaourt, le πυριατή / pyriatế[P 33][source secondaire nécessaire]. Surtout, le fromage (τυρός / tyrós), de chèvre ou de brebis, est un aliment de base. On le vend dans des boutiques distinctes suivant qu'il est frais ou non, le premier coûtant environ les deux tiers du prix du second[47]. On le mange seul ou en mélange avec du miel ou des légumes. Il entre également, comme ingrédient, dans la préparation de bon nombre de plats, y compris de poisson. L'unique recette préservée du cuisinier sicilien Mithécos (Ve siècle av. J.-C.) indique ainsi : « cépole : videz, enlevez la tête, rincez et levez les filets ; ajoutez de l'huile et du fromage »[P 34][source secondaire nécessaire]. Cependant, cette utilisation du fromage est controversée : Archestrate avertit ses lecteurs que les cuisiniers siciliens gâchent le bon poisson en y ajoutant du fromage[réf. nécessaire].

Dans la Grèce antique, une ancienne coutume était d’offrir du miel aux dieux et aux esprits de la mort, le miel servait à honorer les dieux mais aussi les héros, les vainqueurs, ainsi que les athlètes qui ne pénétraient jamais un state ou une arène sans avoir consommé du miel.

Selon la mythologie, les abeilles avaient secrètement enlevé Zeus lorsqu’il était enfant de la grotte du mont Ida où il avait été confié aux curètes et aux nymphes pour le protéger de son père, Cronos, qui avait la fâcheuse tendance de dévorer ses enfants dans le but de contrer la prophétie de Gaïa qu'un jour, l'un d'entre eux le détrônerait.

Dionysos et Apollon sont des dieux qui, eux, avaient été nourris avec le miel offert par les Muses, les déesses et les abeilles, c'est pourquoi la déesse Héra, qui représente la jeunesse, offre du miel aux dieux afin qu’ils évitent de vieillir. C’est également la raison pour laquelle, au cours de cérémonies funéraires, le mort emportait avec lui des gâteaux aux miel pour les offrir à Hadès, le Dieu des Enfers, afin que celui-ci lui procure la santé et le bien être dans l’au-delà.

L’importance du miel pour les Grecs est largement rapportée dans de nombreux textes classiques grecs comme dans l’Iliade et l’Odyssée d’Homère, Le Banquet des sophistes d’Athénée, ou encore dans les écrits philosophiques d’Aristote et de Démocrite.

Hippocrate qui est considéré comme le « père de la médecine » et a largement contribué à l’accroissement de l’utilisation du miel dans la médecine mais aussi l’alimentation il connaissait bien ses grandes valeurs nutritives, son goût doux et agréable ainsi que son fort pouvoir sucrant, il propage aussi l’idée que le miel possède des vertus bénéfiques pour la diététique et la thérapeutique.

Le miel a une grande importance sur le plan gastronomique, les Grecs ont élaboré de nombreuses recettes de plats sucrés et salés à base de miel, comme des gâteaux au miel par exemple qu’ils accompagnaient de vin également sucré au miel, mais le miel accompagnait également le maza : il s’agit d’une galette à base de farine d’orge qui constituait le plat de base dans la Grèce classique, ou encore utilisé comme ingrédient dans la recette des beignets aux sésames décrite par le médecin et physicien grec Galinos (129-) . Ils ont aussi inventé des recettes de gâteaux faits de fromages mélangés au miel qui ont été décrits à la fin du Ve siècle par Euripide qui était un auteur grec classique, un des trois grands tragiques de l’Athènes classique qui considéré ses gâteaux aux fromages et au miel comme étant l’une des meilleurs choses que l’on ait fait.

Le miel était le premier édulcorant traditionnel utilisé par les grecs et ce depuis l’Antiquité, les Grecs l'appelaient « extrait d’ambroisie » qui dans la mythologie correspondait à la nourriture des dieux de l’Olympe et considéré comme une source d’immortalité et avec le temps le miel s’est imposé comme un ingrédient clé de l’identité nationale de la Grèce.

L’histoire de l’apiculture et la consommation de miel remonte à des milliers d’année et depuis l’Antiquité les Grecs lui accordent une grande valeur que ce soit d’un point de vue nutritionnelles mais ils lui attribuent aussi des propriétés divines. Des fouilles archéologiques le confirment ainsi que de nombreuses références mythologiques, on peut donc faire référence à la divinité Eros le Dieu de l’amour qui trempait ses flèches dans le miel avant de viser les hommes ou bien Hippocrate qui recommandait le miel aux malades.

Beaucoup plus tôt que l’huile d’olive, bien avant le vin, les Grecs sont tombés sous le charme du miel. Dans la Grèce antique, les abeilles ainsi que tous les produits dérivés avaient trouvé une place importante dans la culture gastronomique, médicinale et religieuse de la Grèce antique.

En Grèce, depuis l’Antiquité, les peuples des cités connaissaient parfaitement la valeur nutritionnelle du miel et de ses nombreux dérivés, ses bienfaits pour la santé toute en lui associant de nombreuses propriétés religieuses.

Dans les écrits d’Homère ainsi que dans l’Odyssée il fait mention d'un mélange de miel et de lait qui était considéré comme une boisson dynamisante (melikraton), il écrit que les orphelins de Pindare étaient nourris avec du fromage du miel et du vin par Aphrodite.

Dans les écritures antiques, Hésiode décrit des ruches sans trop de précisions. En revanche dans ses ouvrages, Aristote (322 av JC) apporte un véritable témoignage considéré comme important sur l’activité apicole dans la Grèce antique.

Soldats buvant de l'eau à un puits, Peintre de Naples, 450-430 av. J.-C., musée national archéologique de Madrid.

La boisson la plus répandue est évidemment l'eau. Aller chercher de l'eau est la corvée quotidienne des femmes. Elle est généralement recueillie dans un puits, même si on préfère l'eau « d'une source toujours coulante et jaillissante, qui n'est pas trouble »[48]. L'eau est reconnue comme nourrissante — elle fait grandir les arbres et les plantes — mais aussi comme désirable. Pindare juge ainsi « agréable comme le miel[P 35] » l'eau d'une fontaine[source secondaire nécessaire]. Les Grecs peuvent qualifier une eau de lourde, sèche, acide, douce ou dure, vineuse, etc. Un personnage du poète comique Antiphane[P 36][source secondaire nécessaire] jure qu'il reconnaîtrait entre toutes l'eau de l'Attique par son bon goût. Enfin, Athénée cite[P 37][source secondaire nécessaire] un certain nombre de philosophes réputés pour ne boire que de l'eau, habitude conjuguée à une alimentation végétarienne (cfr. ci-dessous). On boit aussi couramment du lait de chèvre et de l'hydromel[réf. nécessaire].

L'ustensile habituel pour boire est le skyphos, ustensile en bois, en terre cuite ou en métal. Le philosophe Critias préservé par Plutarque[P 38][source secondaire nécessaire] mentionne ainsi le cothon, gobelet spartiate qui présente l'avantage, à l'armée, de cacher à la vue la couleur de l'eau et de retenir dans ses bords la boue qui peut s'y trouver. On utilise également la coupe à boire appelée kylix (à pied et large vasque), et dans les banquets, le canthare (coupe profonde à pieds) ou encore le rhyton (cornet à boire souvent plastique, c'est-à-dire à la panse moulée en forme de tête d'homme ou d'animal).

Banqueteur puisant dans un cratère grâce à une œnochoé pour remplir son cylix de vin, v. -490--480, musée du Louvre.

La Grèce découvre probablement la viticulture au cours des IVe et IIIe millénaires av. J.-C.[49] Elle est bien attestée par des tablettes écrites en linéaire A et en linéaire B, qui évoquent des vignobles, des vignes associées avec des arbres ou des céréales, et des vins doux, passerillés ou miellés[50]. Homère et Hésiode décrivent les travaux de la vigne comme des pratiques traditionnelles. Les Travaux et les Jours montrent ainsi le viticulteur vendangeant des grappes bien mûres, qu'il laisse sécher au soleil pendant dix jours pour concentrer les sucres[P 39] ; la technique est utilisée jusqu'à l'époque d'Hippocrate[P 40] et de Dioscoride[P 41],[51]. Les grappes sont ensuite foulées dans des foulons portatifs puis pressées. Le moût est placé dans des pithoi, sorte de jarres rendues étanches à la poix, à demi-enterrées pour assurer une température stable, et laissées à fermenter pendant 10 à 30 jours[52]. Les jarres sont ensuite bouchées jusqu'à la fin de l'hiver, ce qui correspond en Attique à la fête des Anthestéries.

Théophraste, auteur d’un Traité de l'ivresse, montre au IIIe siècle av. J.-C. dans Histoire des Plantes que le « thériclée » utilisé pour consommer le vin est un calice, lorsqu'il parle du térébinthe, expliquant que l'on ne peut distinguer ceux de térébinthe de ceux de terre. Selon Théophraste, c’est le potier de terre corinthien Thériclès, contemporain d'Aristophane, qui imagina cette sorte de récipient[P 42][source secondaire nécessaire]. À une époque reculée, antérieure à son époque, on ne versait pas l'eau sur le vin, mais le vin sur l’eau, afin d’user d’une boisson bien détrempée, de sorte qu’après en avoir bu, on fût moins avide de ce qui pouvait rester, et l'on en employait la plus grande partie au jeu du cottabe.

Le vin est vinifié aussi bien en rouge qu'en rosé et en blanc[53]. Les cépages employés sont très nombreux : Pramnos, Maronée, Phanaios de Chios, biblin de Phénicie, psithia, mersitis, etc[54] On trouve toutes sortes de productions, des grands crus en provenance de Thasos, de Lesbos, Chios ou encore Rhodes au vin de table, et même une piquette légère, rinçage à l'eau du marc de raisin mêlé de lie, réservée à la consommation personnelle du producteur. Phanias, ami et condisciple de Théophraste, a décrit une préparation du vin dans laquelle il faut verser une partie d'eau de mer sur environ cinquante de vin doux ; il devient « anthosmias »[Note 11]. Il ajoute que l'anthosmias est beaucoup plus fort avec du vin de jeune plant, mais on faisait aussi de l'anthosmias en écrasant du raisin qui commençait à peine à tourner[P 43][source secondaire nécessaire].

Le vin doit être vendu pur. Vendre du vin coupé est une fraude contre laquelle les Géoponiques donnent des astuces : il suffit de jeter dans le vin un objet léger comme un morceau de pomme ou de poire, ou une cigale : si le vin est pur, l'objet flotte[55]. Le vin est généralement consommé coupé d'eau ; pur, il n'est pas recommandé pour un usage courant : il semble en effet que son degré alcoolique ait été plus élevé que le vin actuel. Ceux de Santorin, de Crète, de Messénie, d'Arcadie et d'Attique varient entre 13° et 15°, voire atteignent 17° pour les plus forts[54]. Le vin est mélangé dans un cratère et puisé par les esclaves à l'aide d'œnochoés (cruches) pour être servi dans les kylix (coupes) des buveurs. Le vin peut également être aromatisé au miel, à la cannelle ou au thym. Élien mentionne également un vin mélangé de parfum[P 44],[56]. On connaît également le vin cuit[P 45][source secondaire nécessaire] et, à Thasos, un vin qualifié de « doux »[P 44]. Certains vins sont salés, comme à Lesbos, en ajoutant de l'eau de mer ou en faisant tremper les grappes séchées au soleil dans de l'eau de mer ; si le goût semble avoir été apprécié, il peut également s'agir d'un moyen pour empêcher le vin de tourner[52]. On connaît également, à l'époque romaine, un ancêtre du retsina (vin additionné de résine de pin)[P 46] et du vermouth[P 47][source secondaire nécessaire].

Le vin pur peut être en revanche employé comme médicament ; de manière générale, on prête au vin des vertus médicales étonnantes. Élien mentionne ainsi que le vin d'Héraia en Arcadie rend fous les hommes et les femmes fertiles ; inversement, un vin achéen aide les femmes désirant avorter[P 48][source secondaire nécessaire]. Hors de ces applications thérapeutiques, la société grecque réprouve la consommation de vin par les femmes. S'il faut en croire Élien, une loi de Massalia l'interdit même et prescrit aux femmes de ne boire que de l'eau[P 49]. Sparte est la seule cité où les femmes boivent couramment du vin[réf. nécessaire].

Les vins réservés à un usage local sont stockés dans des outres de peau. Ceux destinés à la vente sont versés dans des pithoi (πίθοι / píthoi), grandes jarres en terre cuite. On les transvase ensuite dans des amphores enduites de poix, pour les vendre au détail. Les grands crus comportent des estampilles du producteur et/ou des magistrats de la cité afin de garantir leur origine (principe des appellations d'origine contemporaines)[réf. nécessaire].

Cycéon et ptisane

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Les Grecs boivent le cycéon, intermédiaire entre la boisson et la nourriture, gruau d'orge allongé d'eau et additionné selon les cas d'herbes, d'aromates, de laitage et de vin. Son nom vient de la nécessité de remuer (du verbe grec κυκάω) le mélange avant de l’absorber pour éviter la formation d’un dépôt de matières solides[57]. Héraclite en fait le symbole de l'union des contraires rendue possible par le mouvement[58]. Hippocrate en donne plusieurs recettes selon le régime désiré[P 50][source secondaire nécessaire]. Dans l’Iliade, la boisson préparée pour Machaon par une servante est un cycéon comportant du fromage de chèvre râpé en plus de l'oignon[P 51][source secondaire nécessaire]. Dans l’Odyssée[P 52], Circé y ajoute du miel et un philtre magique[source secondaire nécessaire]. Dans l’Hymne homérique à Déméter[P 53], la déesse refuse du vin rouge mais accepte un cycéon composé d'eau, de farine et de menthe pouliot[source secondaire nécessaire]. Utilisé comme boisson sacrée dans les mystères d'Éleusis, le cycéon est aussi un breuvage populaire, surtout à la campagne : Théophraste montre dans ses Caractères[P 54][source secondaire nécessaire] un rustre ayant bu force cycéon et incommodant ses voisins par son haleine à l'Assemblée. La boisson est réputée pour ses vertus digestives : dans la comédie La Paix, le dieu Hermès la recommande au héros qui a abusé de fruits secs[P 55][source secondaire nécessaire]. Jean-Claude Ameisen en fait l'objet d'un numéro de son émission radiophonique Sur les épaules de Darwin[59].

La thèse de Wasson, Ruck et Hofmann[60] est celle d'une composante psychédélique importante dans ce breuvage. Son pouvoir psychédélique est indiquée par la simultanéité des visions expérimentées par les participants lors de son usage au cours des Mystères d'Eleusis. Cette hypothèse est d'autant plus crédible que le breuvage est constitué d'orge qui, infecté, contient de l'ergot duquel est tiré un mélange d'alcaloïdes. C'est précisément à partir de ces molécules qu'Albert Hofmann a synthétisé le LSD.

La ptisane est une décoction d'orge mondée, filtrée ou non, qui sert de nourriture habituelle aux malades[61]. Hippocrate la recommande plus particulièrement dans l'alimentation des patients atteints de maladies aiguës[P 56][source secondaire nécessaire].

Goinfres, gourmets et cuisiniers

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À l'époque archaïque et classique, la frugalité, imposée par les conditions physiques et climatiques grecques, est érigée en vertu. Les Grecs n'ignorent pas le plaisir que l'on peut prendre à se nourrir, mais celui-ci doit rester simple. Le campagnard Hésiode, cité plus haut[réf. incomplète], considère comme un festin de la viande grillée, du lait et des galettes, le tout à l'ombre par une belle journée. Encore le meilleur repas est-il celui qui est gratuit : « bombance sans écot n'est pas à laisser perdre », remarque le philosophe Chrysippe[P 57][source secondaire nécessaire].

La recherche culinaire et gastronomique est en revanche rejetée comme un signe de mollesse toute orientale : les Perses sont considérés comme décadents en raison de leur goût du luxe, qui se manifeste dans leur gastronomie[62]. Les auteurs grecs se complaisent à décrire la table du Grand Roi achéménide et de sa cour : Hérodote[P 58], Cléarque de Soles[P 59], Strabon[P 60] et plus encore Ctésias[P 61] sont unanimes dans leurs descriptions[source secondaire nécessaire]. Au contraire, les Grecs se complaisent à souligner l'austérité de leur régime alimentaire. Plutarque[P 62][source secondaire nécessaire] raconte ainsi qu'un roi du Pont, curieux de goûter le fameux « brouet noir » spartiate, achète un cuisinier laconien. Il goûte le plat et le trouve très mauvais ; le cuisinier répond « Ô roi, pour goûter ce brouet, il faut s'être d'abord baigné dans l'Eurotas. » Selon Polyen[P 63][source secondaire nécessaire], Alexandre le Grand, en découvrant la salle à manger du palais royal perse, se moque de leur goût pour la nourriture et y voit la cause de leur défaite. Pausanias de Sparte, en découvrant les habitudes alimentaires du Perse Mardonios, aurait pareillement ridiculisé les Perses qui « ayant le moyen de vivre [ainsi], est venu attaquer [les Grecs] pour [leur] ravir ce dont [ils] viv[ent] ainsi misérablement[P 64] »[source secondaire nécessaire].

Conséquence de ce culte affiché de la frugalité, la cuisine reste longtemps le domaine des femmes, qu'elles soient libres ou esclaves[réf. nécessaire]. Malgré tout, dès la période classique, la réalité semble ne pas correspondre totalement au tableau peint par les Grecs : on voit déjà mentionner des spécialistes de l'art culinaire[source secondaire nécessaire]. Élien[P 65] et Athénée mentionnent les mille cuisiniers accompagnant, à l'époque de Clisthène, Smindyridès de Sybaris dans son voyage à Athènes — même si c'est pour stigmatiser sa « mollesse ». Platon mentionne ainsi « Théarion le cuisinier, Mithécos, l'auteur d'un traité sur la cuisine sicilienne, et Sarambos, le marchand de vins, trois éminents connaisseurs en gâteaux, en cuisine et en vins[P 66]. » Certains cuisiniers écrivent des traités de cuisine.

Au fil du temps, de plus en plus de Grecs se présentent comme gourmets. Élien explique ainsi[P 67] : « à Rhodes, celui qui fait grand cas des poissons et les apprécie et qui dépasse tout le monde en gourmandise est, dit-on, loué par ses concitoyens comme un noble esprit. » À la période hellénistique puis romaine, malgré les revendications de frugalité, les Grecs — du moins les riches — ne se montrent guère plus austères qu'ailleurs[réf. nécessaire].

Régimes alimentaires particuliers

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Le végétarisme

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Triptolème recevant des épis de blé de Déméter est béni par Coré, relief du Ve siècle av. J.-C., Musée national archéologique d'Athènes.

L'orphisme et le pythagorisme, deux courants religieux et philosophiques grecs, ont proposé un mode de vie différent, fondé sur l'idée de pureté et donc de purification (κάθαρσις / kátharsis) — c'est au sens propre une ascèse : ἄσκησις / áskêsis signifie d'abord un exercice, puis un mode de vie particulier. Dans ce cadre, le végétarisme est un élément central de l'orphisme et d'un certain nombre de variantes du pythagorisme[réf. nécessaire].

L'enseignement de Pythagore (VIe siècle av. J.-C.) est plus difficile à cerner. Les auteurs de la Comédie moyenne, comme Alexis ou Aristophon, décrivent des pythagoriciens strictement végétariens, certains subsistant même au pain et à l'eau[réf. nécessaire]. Cependant, d'autres traditions se contentent d'interdire la consommation de certains légumes, comme la fève[63], d'animaux sacrés comme le coq blanc, ou même seulement certaines parties d'animaux. En outre, même des pythagoriciens mangent de la viande de temps à autre dans le cadre des banquets sacrificiels, afin d'obéir à leurs devoirs religieux[64] : « c'est uniquement dans les animaux qu'il est permis de sacrifier que l'âme de l'homme ne peut pas pénétrer ; c'est pourquoi il faut manger les animaux du sacrifice, si nécessaire, et jamais les autres »[P 68].

Empédocle condamne la consommation de viande et adopte une position proche du végétarisme moderne. On la justifie souvent par la croyance en la transmigration des âmes et la justice que l'on doit aux créatures : « Jeûnez de la méchanceté ! »[P 69][source secondaire nécessaire]. L'âme de chacune des créatures, humaines, animales ou végétales, passe d'un corps à un autre, de la mort à la naissance et de la naissance à la mort, pour se purifier. On a fait observer qu'Empédocle aurait dû également refuser de manger des végétaux, puisqu'il croit que son âme s'est déjà incarnée en buisson[65] : Eric Robertson Dodds voit dans le végétarisme une conséquence de l'« antique horreur du sang versé » : Orphée enseigne de ne pas verser le sang[66]. D'autres contestent l'attribution à Empédocle de la doctrine de la métempsycose, et lient son végétarisme à la doctrine suivant laquelle tous les êtres vivants sont parents : il faut donc ne manger que les fruits des plantes à maturité[67]. Le sacrifice aux dieux devient symbolique : « Empédocle, qui était pythagoricien, et ainsi ne mangeait de rien qui eût une vie, fit, avec de la myrrhe, de l'encens et d'autres aromates précieux, un bœuf qu'il distribua à toute l'assemblée des jeux Olympiques »[P 70][source secondaire nécessaire].

Par la suite, le végétarisme et l'idée de pureté restent étroitement associés, et souvent accompagnés par une abstinence sexuelle[réf. nécessaire]

Dans son Manger la chair, Plutarque (Ier-IIe siècles apr. J.-C.) reprend la thématique de la barbarie du sang versé et, renversant le débat habituel, somme l'homme zoophage de justifier son choix[P 71][source secondaire nécessaire]. Le néoplatonicien Porphyre de Tyr (IIIe siècle), dans son De l'abstinence, rattache le végétarisme aux Mystères crétois et recense les végétariens du passé en commençant par Épiménide, selon qui c'est Triptolème, à qui Déméter a confié le blé pour apprendre l'agriculture à l'humanité, qui est à l'origine du végétarisme : ses trois commandements sont « honore tes parents », « honore les dieux par des fruits » et « épargne les animaux »[P 72][source secondaire nécessaire].

La diète des malades

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Les médecins grecs s'accordent sur la nécessité d'une diète particulière pour les malades, mais le consensus s'arrête là. Dans son Régime des maladies aiguës, Hippocrate rapporte que la ptisane est souvent utilisée, parce qu'elle est facile à absorber et qu'elle est réputée calmer la fièvre. Cependant, certains l'administrent épaisse, avec ses grains d'orge, tandis que d'autres la prescrivent filtrée des grains d'orge. D'autres encore n'autorisent que les boissons jusqu'au septième jour, puis passent à la ptisane et enfin, certains interdisent toute forme de nourriture solide tout au long de la maladie[P 73][source secondaire nécessaire].

Les prescriptions d'Hippocrate sont elles-mêmes évaluées de manière diverse : certains médecins accusent le grand médecin de faire jeûner les malades ; au contraire, d'autres lui reprochent de trop les nourrir. À l'époque hellénistique, l'alexandrin Érasistrate fait grief aux disciples d'Hippocrate de contraindre les malades à ne boire qu'un peu d'eau, sans prendre de nourriture : c'est en fait la doctrine des méthodistes, qui ordonnent une diète stricte pendant les 48 premières heures de la maladie. Inversement, un certain Pétronas recommande de manger du porc rôti et de boire du vin pur[68].

Les régimes des athlètes

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S'il faut en croire Élien, le premier athlète à s'être soumis à un régime alimentaire particulier est Iccos de Tarente, un athlète du Ve siècle av. J.-C.[P 74][source secondaire nécessaire]. Platon confirme qu'il suit un régime très strict, l'expression « repas d'Iccos » devenant proverbiale[P 75][source secondaire nécessaire]. Pourtant, Milon de Crotone, champion olympique de lutte, est déjà réputé avaler 7,5 litres de vin, 9 kilos de pain et autant de viande par jour[P 76][source secondaire nécessaire]. Avant lui, les athlètes de l'époque classique observent un régime à base d'aliments secs (ξηροφαγία / xêrophagía) composé de figues sèches, de fromage frais[69],[70], de noix, et de pain[71]. Le vin leur était interdit[70]. Pythagore (soit le philosophe, soit un maître de gymnastique) est le premier à proscrire aux athlètes de manger de la viande[P 77][source secondaire nécessaire].

Par la suite, les entraîneurs appliquent une sorte de régime standard : pour prétendre au titre olympique, « on doit suivre une diète particulière, ne pas prendre de desserts (…) ; on ne peut pas boire d'eau glacée ni prendre un verre de vin quand on veut[P 78][source secondaire nécessaire]. » Ce régime semble reposer sur une consommation importante de viande[source secondaire nécessaire] : Pausanias évoque un « régime carné[P 79]. » Le médecin Galien reproche aux sportifs de son temps de « toujours se gaver de viandes saignantes[P 80][source secondaire nécessaire]. » Pour lui, ce régime alimentaire conduit à un épaississement de la chair et donc l'extinction de la chaleur innée du corps, à terme à la mort de l'athlète[P 81]. Au contraire, il estime que le régime diététique doit être adapté à chaque sportif et prescrit par un médecin hygiéniste[P 82],[72].

Notes et références

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  1. Expression introduite par Sr Colin Renfrew dans The Emergence of Civilisation: The Cyclades and the Aegean in The Third Millennium BC, 1972.
  2. πολύπους
  3. τευθίς
  4. ὄστρεον
  5. καρκίνος
  6. ἀστακός
  7. κάραϐος
  8. ἄρκτος
  9. ἐχῖνος
  10. Peuple du nord de l'Égée.
  11. en grec ancien, le mot ἀνθοσμίας signifie « Qui a une odeur de fleurs »

Sources primaires antiques

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  1. Alexis le Comique, fr. 214 Kock = Athénée, 47e.
  2. Aristote, Politique (lire en ligne), 1323a4.
  3. Aristophane, Cavaliers 413–16 ; Pollux, VI, 93.
  4. Théophraste, Caractère XX, Le Raseur (10).
  5. Théophraste, Caractère X, L’Avare (3 ; 13).
  6. Platon, Le Banquet, 176 e-177 a.
  7. La lettre est mentionnée par l'historien Athénée : Deipnosophistes [détail des éditions] (lire en ligne), IV, 1.
  8. Aristophane, La Paix, 449.
  9. Scholie du vers 630 du chant XI de l’Iliade
  10. Aristophane, Les Grenouilles [détail des éditions] [lire en ligne], v. 62-63.
  11. Aristophane, La Paix (529)
  12. Aristophane, La Paix, 1127-1129.
  13. La Paix (374)
  14. Homère, Odyssée [détail des éditions] [lire en ligne] : Chant XVIII (118-119)
  15. Hésiode, Les Travaux et les Jours [détail des éditions] [lire en ligne] (588-593)
  16. Machon fr. 4 = Athénée, 243f.
  17. Plutarque, Propos de table 2, 10 = Moralia, 642 ef.
  18. Plutarque, Vie de Lycurgue (XII, 12) (Extrait de la traduction d'Anne-Marie Ozanam)
  19. Athénée, 138d ; rapporté sous une forme différente par Plutarque, Vie de Pélopidas, I, 5.
  20. Dicéarque, fr. 12 Wehrli = Vie de Lycurgue (XII, 3).
  21. Élien, Histoires variées [lire en ligne], XIV, 7.
  22. Eubule, 118 K-A.
  23. Platon, La République [détail des éditions] [lire en ligne], 404b-405a.
  24. Homère, Odyssée [détail des éditions] [lire en ligne], XII, 329-332.
  25. Athénée, Deipnosophistes [détail des éditions] (lire en ligne) Livre VII (14)
  26. Éphippos, poète comique, Géryon (Athénée 370d) - également attribué à Eubule (frag. 150 Kock) = Athénée 65 c-d.
  27. Galien, Sur les propriétés des aliments, III, 32, 2.
  28. Aristophane, Les Guêpes, 491.
  29. Épainétos et Héraclidès de Syracuse dans l’Art culinaire = Athénée 58b.
  30. Philogélos, 59.
  31. Nicomaque, fr. 3 Kock = Athénée, 58a.
  32. Athénée, 151b.
  33. Galien, Sur les propriétés des aliments, III, 15.
  34. Athénée, 325f.
  35. Pindare, fr. 198 B4.
  36. Antiphane, fr.179 Kock.
  37. Athénée, Deipnosophistes [détail des éditions] (lire en ligne), II, 44.
  38. Plutarque, Vies parallèles [détail des éditions] [lire en ligne], Lycurgue (IX, 7-8)
  39. Hésiode, Les Travaux et les Jours, 609-614.
  40. Hippocrate, Du régime des maladies aiguës XXXVII, 2.
  41. Dioscoride, Materia Medica, V, 7.
  42. Théophraste, Histoire des Plantes, V, 3, 2.
  43. Athénée, I, 32a.
  44. a et b Élien, XII, 31.
  45. Elien, Athénée, I, 31d.
  46. Dioscoride, Materia Medica, V, 34.
  47. Dioscoride, Materia Medica (V, 39)
  48. Élien, XIII, 6.
  49. Elien, Histoire variée II, 38.
  50. Du régime, livre II, 41: Le cycéon avec le gruau d'orge, rafraîchit et nourrit préparé à l'eau seule ; préparé au vin, échauffe, nourrit et resserre ; préparé au miel, échauffe et nourrit moins, mais donne plus de selles, si le miel est coupé ; s'il ne l'est pas, loin de donner des selles, il resserre. Avec le lait, tous les cycéons sont nourrissants; seulement le lait de brebis resserre, le lait de chèvre relâche, le lait de vache moins, le lait de cavale et celui d'ânesse davantage (traduction d'Emile Littré, 1849)
  51. Homère, Iliade [détail des éditions] [lire en ligne], XV (638-641) et Ion (538c)
  52. Homère, Odyssée [détail des éditions] [lire en ligne] : X (234)
  53. Hymnes homériques [détail des éditions] [lire en ligne] à Déméter (V, 208)
  54. Caractère IV, Le Rustre, 2-3.
  55. Aristophane, La Paix (712)
  56. Hippocrate, Sur le régime dans les maladies aiguës, 4.
  57. Athénée, 5I, 8c.
  58. Histoires [détail des éditions] [lire en ligne] (I, 133)
  59. Athénée, XII, 539b.
  60. Géographie [détail des éditions] [lire en ligne], XV, 3, 22.
  61. Athénée, II, 67a.
  62. Plutarque, Vie de Lycurgue, XII, 13.
  63. Polyen, Stratagèmes (IV, 3, 32)
  64. Polyen, Stratagèmes (IX, 82)
  65. Élien, XII, 24.
  66. Gorgias [détail des éditions] [lire en ligne] (518b)
  67. Élien, I, 28.
  68. Jamblique, Vie de Pythagore (85)
  69. Fr. 144 Diels-Kranz. http://philoctetes.free.fr/empedocle.html
  70. Empédocle, fr. 14 Diels = Athénée, I, 3e.
  71. Plutarque, Moralia (XII, 68)
  72. Porphyre de Tyr, De l'abstinence, IV, 22.
  73. Hippocrate, Commentaire au régime des maladies aigües, I 12 H.
  74. Élien, XI, 3.
  75. Platon, Les Lois [détail des éditions] [lire en ligne], VIII, 839e-840a.
  76. Théodore d'Hiérapolis, Combats gymniques ; rapporté par Athénée (X, 412e).
  77. Diogène Laërce, Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres [détail des éditions] (lire en ligne), VIII, 12.
  78. Épictète, Entretiens, XV, 2, 5.
  79. Pausanias, Description de la Grèce [détail des éditions] [lire en ligne] (VI, 7-10)
  80. Galien, Exhortation à l'étude de la médecine, 9.
  81. Galien, Protreptique, XI, 1-8 et XII, 1.
  82. Galien, Hygiène, VI, 164-166.

Sources contemporaines

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  1. Flacelière 1988, p. 205.
  2. Chez Homère et les premiers poètes tragiques, le terme désigne d'abord le premier repas du jour, qui n'est pas nécessairement aussi frugal : au chant XXIV de l’Iliade, les compagnons d'Achille abattent un mouton pour préparer le petit-déjeuner.
  3. Flacelière 1988, p. 206.
  4. Dalby 1996, p. 5.
  5. Dalby 1996, p. 15.
  6. Dalby 1996, p. 13-14.
  7. a b et c Flacelière 1988, p. 209.
  8. a et b Sparkes 1962, p. 132.
  9. Nadeau 2010, p. 202.
  10. a et b Flacelière 1988, p. 212.
  11. Pauline Schmidt Pantel, 2011, p. 2
  12. J.-P. Vernant « Religion grecque, religions antiques » dans « Religions, histoires, raisons », Paris 1979, p. 11.
  13. Pauline Schmidt Pantel, 2011, p. 7
  14. Pauline Schmidt Pantel, 2011, p. 331
  15. a et b Pauline Schmidt Pantel, 2011, p. 320
  16. Pauline Schmidt Pantel, 2011, p. 333
  17. Flacelière 1988, p. 213.
  18. a et b Flacelière 1988, p. 215.
  19. Le Banquet de Xénophon (Chapitre II (22-25).
  20. Dalby 1996, p. 90-91.
  21. a et b Migeotte 2002, p. 62.
  22. a et b Dalby 1996, p. 91.
  23. Sparkes 1962, p. 127.
  24. Sparkes 1962, p. 128.
  25. Flacelière 1988, p. 207.
  26. Dalby 1996, p. 22.
  27. Cfr. Kimberly-Hatch
  28. Dalby 1996, p. 89.
  29. Dalby 1996, p. 23
  30. Dalby 1996, p. 90.
  31. Flint-Hamilton 1999, p. 75.
  32. Flacelière 1988, p. 208.
  33. Sparkes 1962, p. 123
  34. Davidson 1997, p. 115.
  35. Berthiaume 1982, p. 64.
  36. Berthiaume 1982, p. 63.
  37. Davidson 1997, p. 12-13.
  38. Corvisier, p. 232.
  39. Corvisier, p. 231
  40. Dalby 1996, p. 67
  41. a b et c Dalby 1996, p. 73.
  42. a et b Dalby 1996, p. 74.
  43. Corvisier, p. 197.
  44. Corvisier, p. 226.
  45. Corvisier, p. 220.
  46. Dalby 1996, p. 65.
  47. Dalby 1996, p. 66.
  48. Les Travaux et les Jours, 595.
  49. Auberger 2010, p. 48.
  50. Auberger 2010, p. 49.
  51. Auberger 2010, p. 51.
  52. a et b Auberger 2010, p. 52.
  53. André Labaste, « Les vins grecs », Annales de géographie 48 (juillet 1939), p. 404-405.
  54. a et b Auberger 2010, p. 50-51.
  55. Auberger 2010, p. 55.
  56. Dalby 1996, p. 150.
  57. A.Delatte, Le Cycéon, breuvage rituel des mystères d’Eleusis, Les belles lettres, 1955, p. 23
  58. Même le cycéon se désagrège, s’il n’est pas agité, fragment 125, rapporté par Théophraste, commenté par Fabien Crépet dans la revue philosophique Klésis, numéro 1.2, 2006.
  59. Sur les épaules de Darwin, émission du 15 septembre 2018.
  60. Robert Gordon Wasson, Albert Hofmann, Carl Anton Paul Ruck et Robert Forte, The road to Eleusis: unveiling the secret of the mysteries, North Atlantic Books, (ISBN 978-1-55643-752-6)
  61. Jacques Jouanna, Hippocrate, Fayard, 1992, p. 236.
  62. Sur la gastronomie perse vue par les Grecs, cfr. P. Briant, Histoire de l'Empire perse de Cyrus à Alexandre, Fayard, 1996, p. 297-306.
  63. Sparkes 1962, p. 379-380.
  64. Davidson 1997, p. 17.
  65. Dodds, p. 158-159.
  66. Aristophane, Les Grenouilles (1032)
  67. Jean-François Balaudé, « Parenté du vivant et végétarisme radical », Barbara Cassin et Jean-Louis Labarrière Éditeurs. L'Animal dans l'Antiquité, Vrin, 1997.
  68. Antoine Pietrobelli, « Démonstrations géométriques de Galien », BAGB 2 (2009), p. 117.
  69. Philippe De Carbonnières, Olympie : La victoire pour les dieux, CNRS Éditions via OpenEdition, , 128 p. (ISBN 978-2-271-07838-4, lire en ligne)
  70. a et b Charles Rollin, Œuvres complètes de Ch. Rollin, Ledoux et Tenré, (lire en ligne), p. 180
  71. Essais Sur L'Histoire Des Belles Lettres, Des Sciences Et Des Arts, Duplain, (lire en ligne), p. 218
  72. E. Felsenheld, « Galien et la gymnastique : science sans conscience n'est que ruine du corps », BAGB 2 (2009), p. 137.

Sources secondaires et tertiaires

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  • Paul Goukowsky, « L'alimentation en Grèce et à Rome en temps de crise ». In: Pratiques et discours alimentaires en Méditerranée de l'Antiquité à la Renaissance. Actes du 18e colloque de la Villa Kérylos à Beaulieu-sur-Mer les 4, 5 et 6 octobre 2007. Paris : Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 2008. p. 123-146. (« Cahiers de la Villa Kérylos », 19)
  • Guy Berthiaume, Les Rôles du mágeiros. Étude Sur La boucherie, la cuisine et le sacrifice dans la Grèce ancienne, Brill, Leyde, 1982 ( (ISBN 9004065547))
  • Pierre Briant, Histoire de l'Empire perse de Cyrus à Alexandre. Fayard, Paris, 1996 ( (ISBN 2-213-59667-0))
  • Jean-Nicolas Corvisier, Les Grecs et la mer, Belles Lettres, coll. « Realia », Paris, 2008 ( (ISBN 978-2-251-33828-6))
  • (en) Andrew Dalby, Siren Feasts: A History of Food and Gastronomy in Greece, Routledge, Londres, 1996 ( (ISBN 0-415-15657-2))
  • (en) James Davidson, Courtesans and Fishcakes. The Consuming Passions of Classical Athens, Fontana Press, Londres, 1997 ( (ISBN 978-0-00-686343-4))
  • Eric Robertson Dodds, « Les Chamans grecs », dans Les Grecs et l'irrationnel, Flammarion, coll. « Champs », 1977 (1re édition 1959).
  • Robert Flacelière, La Vie quotidienne en Grèce au temps de Périclès, Hachette, 1988 (1re éd. 1959) ( (ISBN 2-01-005966-2)).
  • (en) K.B. Flint-Hamilton, « Legumes in Ancient Greece and Rome: Food, Medicine, or Poison? », Hesperia, vol.68, no3 (juillet-septembre 1999), p. 371-385.
  • Léopold Migeotte, L'Économie des cités grecques, Ellipses, coll. « Antiquité : une histoire », 2002 ( (ISBN 2-7298-0849-3)), p. 62-63.
  • Sparkes, B.A. « The Greek Kitchen », The Journal of Hellenic Studies, vol. 82, 1962 (1962), p. 121-137.
  • (en) J. Wilkins, D. Harvey et M. Dobson, Food in Antiquity. University of Exeter Press, Exeter, 1995 ( (ISBN 0-85989-418-5))
  • Jean-Pierre Vernant, « À la table des hommes », dans La Cuisine du sacrifice en pays grec, M. Detienne et J.-P. Vernant dir., Paris, 1979, p. 43-47 et 58.
  • Marcel Detienne, « Pratiques culinaires et esprit de sacrifice », dans La Cuisine du sacrifice en pays grec, op. cit., p. 13-16
  • (en) M. Dietler et B. Hayden, « Digesting the Feast », dans Feasts, M. Dietler et B. Hayden dir., Washington-Londres, 2001, p. 1-2 ;
  • (en) M. Johnsson, Food and Culture among Bolivian Aymara, Uppsala, 1986, p. 13.
  • Plutarque, Propos de table, VII, 1, 697c [J. Sirinelli trad., 1996].
  • Robin Nadeau, Les manières de table dans le monde gréco-romain, Presses Universitaires François Rabelais / Presses Universitaires de Rennes, , 490 p. (ISBN 9782753511286)

Sources antiques

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  • Athénée, Deipnosophistes [détail des éditions] (lire en ligne).
  • Élien, Histoires variées [lire en ligne]
  • Archestrate, Gastronomia
  • Caton l'Ancien (-234av JC/ -149 ap JC) dans son traité d'agronomie De Re Rustica
  • Varron (/), dans son traité d'agriculture De Re Rustica libri III en 3 volumes
  • Columelle (Ier siècle apr. J.-C.), auteur d'un traité d'agronomie De re rustica en 12 volumes
  • Palladius (IVe siècle av. J.-C.), auteur d'un traité d'agronomie De re rustica en 14 volumes
  • Glaucus de Locri
  • Denys
  • Epaenetus, cuisinier ayant écrit deux ouvrages disparus : Sur les Poissons et L'Art culinaire
  • Hégésippe de Tarente
  • Erasistrate, (304 à ) médecin royal de Seleucos Ier
  • Dioclès de Carystus, célèbre médecin grec d'Eubée du IVe siècle av. J.-C.
  • Thimachidas de Rhodes était un grec de Rhodes qui vécu vers A00 av JC. Philologue, il a écrit l'ouvrage disparu Deipna ou "diners"
  • Philistion de Locri, médecin grec du IVe siècle av. J.-C., né à Locres en Italie
  • Euthydème d'Athènes
  • Chrysippe de Tyane, auteur de l'ouvrage de boulangerie L'Art de faire du pain
  • Paxamus
  • Poètes élégiaques de la Grèce archaïque, Solon - Tyrtée - Théognis - Xénophane et les autres, Traduits et présentés par Yves Gerhard, Ed. de l'Aire, Vevey, 2022 (ISBN 978-2-88956-248-0).

Bibliographie

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  • Marie-Claire Amouretti, Le Pain et l'huile dans la Grèce antique. De l'araire au moulin, Paris, Les Belles Lettres, coll. « ISTA », (DOI 10.3406/ista.1986.1792, lire en ligne)
  • Les Dieux d'Orphée, Paris, Gallimard, coll. « Folio Histoire », (1re éd. 1989), 240 p. (ISBN 978-2-07-034182-5), p. 174. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Janick Auberger, Manger en Grèce classique : la nourriture, ses plaisirs et ses contraintes, Québec, Presses de l'Université Laval, , 242 p. (ISBN 978-2-7637-8684-1)
  • Guy Berthiaume, Les Rôles du mágeiros. Étude sur la boucherie, la cuisine et le sacrifice dans la Grèce ancienne, Leyde, Brill, , 141 p. (ISBN 90-04-06554-7, lire en ligne)
  • Pierre Briant, Histoire de l'Empire perse de Cyrus à Alexandre. Fayard, Paris, 1996 (ISBN 2-213-59667-0).
  • Jean-Nicolas Corvisier, Les Grecs et la mer, Paris, Belles Lettres, coll. « Realia », , 427 p. (ISBN 978-2-251-33828-6).
  • (en) Andrew Dalby, Siren feasts : a history of food and gastronomy in Greece, Londres, Routledge, , 319 p. (ISBN 0-415-15657-2).
  • Laure de Chantal, À la table des anciens (anthologie de textes antiques), Belles Lettres, coll. « Signets », Paris, 2008 (ISBN 978-2-251-03002-9)
  • (en) James Davidson, Courtesans and Fishcakes. The Consuming Passions of Classical Athens, Londres, Fontana Press, (ISBN 978-0-00-686343-4).
  • Marcel Detienne et Jean-Pierre Vernant, La Cuisine du sacrifice en pays grec, Gallimard, coll. « Bibliothèque des histoires », Paris, 1979.
  • Armand Delatte, Le Cycéon, breuvage rituel des mystères d'Éleusis, Belles Lettres, Paris, 1955.
  • E. R. Dodds, « Les Chamans grecs », dans Les Grecs et l'irrationnel, Paris, Flammarion, coll. « Champs », 1977 (1re édition 1959).
  • Robert Flacelière, La Vie quotidienne en Grèce au temps de Périclès, Paris, Hachette, coll. « Antiquité : une histoire », 1988 (1re édition 1959) (ISBN 978-2-01-005966-7 et 2-01-005966-2).
  • (en) K. B. Flint-Hamilton, « Legumes in Ancient Greece and Rome: Food, Medicine, or Poison? », Hesperia, vol. 68, no 3,‎ , p. 371-385 (ISSN 0018-098X).
  • Jean-Pierre Brun, Le vin et l’huile dans la Méditerranée antique. Viticulture, oléiculture et procédés de fabrication, Errance, Paris, 2003.
  • (en) Léopold Migeotte, L'Économie des cités grecques, Paris, Ellipses, coll. « Antiquité : une histoire », , 151 p. (ISBN 2-7298-0849-3), p. 62-63.
  • Pauline Schmitt-Pantel, La cité au banquet : histoire des repas publics dans les cités grecques, Paris, Publications de la Sorbonne, (1re éd. 1992), 585 p. et [XXIV] p. de planches (ISBN 978-2-859-44657-4, lire en ligne)
  • (en) B. A. Sparkes, « The Greek Kitchen », The Journal of Hellenic Studies, vol. 82,‎ , p. 121-137 (ISSN 0075-4269).
  • (en) J. Wilkins, D. Harvey et M. Dobson, Food in Antiquity, Exeter, University of Exeter Press, , 459 p. (ISBN 0-85989-418-5)

Articles connexes

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Liens externes

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