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« Baleine à bosse » : différence entre les versions

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La '''baleine à bosse''' ('''''Megaptera novaeangliae'''''), '''mégaptère''' ou '''jubarte''' est une [[espèce]] de [[baleine]]s à fanons (ou [[mysticète]]s). C’est un [[mammifère]] [[cétacé]] de grande taille : les adultes atteignent habituellement 13 à {{unité|14|mètres}} de long et pèsent en moyenne {{unité|25|tonnes}}. La baleine à bosse effectue des sauts spectaculaires hors de l’eau, possède de longues nageoires pectorales et son [[Chant des baleines|chant]] est très élaboré. Elle vit dans les océans et les mers du monde entier. Elle est un sujet privilégié pour le tourisme d’[[observation des baleines]].
La '''baleine à bosse''', '''mégaptère''', '''jubarte''' ou, au [[Canadiens francophones|Canada francophone]], '''rorqual à bosse'''<ref name=":0">{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Annalisa Berta|titre=Baleines et dauphins|passage=102|éditeur=Ulmer|date=2016|pages totales=288|isbn=978-2-84138-851-6|lire en ligne=https://www.editions-ulmer.fr/editions-ulmer/baleines-et-dauphins-histoire-naturelle-et-guide-des-especes-541-cl.htm|consulté le=07/11/2021}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |titre=Megaptera novaeangliae {{!}} DORIS |url=https://doris.ffessm.fr/Especes/Megaptera-novaeangliae-Baleine-a-bosse-1447 |site=doris.ffessm.fr |consulté le=2021-11-07}}.</ref> ('''''Megaptera novaeangliae''''') est une [[espèce]] de [[Mysticeti|cétacés à fanons]]. Elle mesure habituellement environ {{unité|14|mètres}} de long et pèse en moyenne {{unité|30|tonnes}}. La baleine à bosse peut effectuer des sauts spectaculaires hors de l’eau. Ses [[nageoire pectorale|nageoires pectorales]] sont de grande taille contrairement à celles des autres [[Cetacea|cétacés]] et son [[Chant des baleines|chant]] très élaboré est aussi une de ses caractéristiques. Elle vit dans les océans et les mers du monde entier. Elle est un sujet privilégié pour le tourisme d’[[observation des baleines]].


== Description générale ==
== Description ==
=== Mensurations et longévité ===
Les baleines à bosse sont facilement reconnaissables à de nombreux critères. Leur corps est massif. Le dessus de l’animal est entièrement noir, le dessous est plutôt blanchâtre. La tête et la [[mâchoire]] inférieure sont couvertes de petites protubérances appelées tubercules, qui sont en fait des [[poil|follicules pileux]] et sont caractéristiques de l’espèce.
[[Fichier:Humpback whale size.svg|thumb|left|Comparaison de la taille d'une baleine à bosse adulte avec celle d'un humain]]
Les baleines à bosse adultes atteignent en général une longueur comprise entre 13 et {{unité|15|mètres}}, parfois jusqu'à {{unité|17|mètres}} et pèsent en moyenne {{unité|30|tonnes}}<ref>{{ouvrage |langue=fr |prénom1=Guillaume |nom1=Cottarel |prénom2=Violaine |nom2=Dulau |prénom3=Laurent |nom3=Mouysset |prénom4=Julie |nom4=Martin |prénom5=Jean-Sébastien |nom5=Philippe |titre=Plan directeur de conservation en faveur des Baleines à bosse (Megaptera novaeangliae) fréquentant La Réunion (2018-2023) |éditeur=[[Ministère de la Transition écologique et solidaire]] (Direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement de La Réunion), [[Globice]], [[Biotope (bureau d'études)|Biotope]] |année=2018 |pages totales=136 |format=pdf |passage=17 |lire en ligne=https://www.conservation-cetaces.re/wp-content/uploads/2020/03/PDC-Baleines-974-HD.pdf |consulté le=03/11/2020}}.</ref>. Les [[femelle]]s sont plus grosses que les [[mâle]]s<ref name=ADW>{{ADW|Megaptera_novaeangliae|''Megaptera novaeangliae''}}.</ref>. Les femelles portent un lobe (qui fait défaut chez les mâles) d’environ {{unité|15|centimètres}} de diamètre dans leur région [[Système reproducteur|génitale]]. Cela permet de distinguer les mâles des femelles si l’on peut voir le dessous de la baleine, car le [[pénis]] du mâle reste en revanche presque toujours caché dans la fente génitale. Les baleines mettent généralement bas tous les deux ou trois ans. La [[gestation]] dure onze mois environ<ref name=ADW/>. Il arrive parfois que certaines femelles [[reproduction (biologie)|se reproduisent]] deux années de suite.

Le baleineau mesure dès la [[naissance]] 4 à {{unité|4.5|mètres}} et pèse environ {{unité|700|kilogrammes}}. Il est exclusivement allaité par sa mère pendant les six premiers mois, puis il continue à être allaité tout en commençant à se nourrir par lui-même pendant les six mois suivants. Les baleineaux quittent leur mère au début de leur seconde année, quand ils mesurent classiquement {{unité|9|mètres}} de longueur.

Les juvéniles peuvent atteindre la [[maturité sexuelle]] vers l’âge de cinq ans<ref name=ADW/>, allant jusqu'à 10 ans<ref>{{Chapitre|prénom1=Phillip J.|nom1=Clapham|titre chapitre=Humpback Whale|titre ouvrage=Encyclopedia of Marine Mammals|éditeur=Elsevier|date=2009|isbn=9780123735539|lire en ligne=http://dx.doi.org/10.1016/b978-0-12-373553-9.00135-8|consulté le=2019-03-15|passage=582–585}}.</ref>. La taille adulte définitive est atteinte entre 8 et 12 ans<ref>{{Article|prénom1=Phillip J.|nom1=Clapham|prénom2=James G.|nom2=Mead|titre=Megaptera novaeangliae|périodique=Mammalian Species|numéro=604|date=1999-05-05|issn=0076-3519|doi=10.2307/3504352|lire en ligne=http://dx.doi.org/10.2307/3504352|consulté le=2019-03-15|pages=1}}.</ref>, après la maturité sexuelle. Celle-ci est communément de 15 à {{unité|16|mètres}} pour les mâles et de 16 à {{unité|17|mètres}} pour les femelles, pour un poids de {{unité|40|tonnes}}. Le plus grand spécimen découvert mesurait {{unité|19|mètres}} et ses nageoires pectorales {{unité|6|mètres}}<ref name=Clapham>{{Ouvrage|auteur1=Clapham P|titre=Encyclopedia of Marine Mammals|éditeur=|année=2002|pages totales=1414|pages=589–592|isbn=978-0-12-551340-1|isbn2=0-12-551340-2|présentation en ligne=https://books.google.com/books?id=TwFUimDtz7sC&printsec=frontcover|titre chapitre=Humpback Whale}}.</ref>. Certaines sources parlent même d'un spécimen de 27 mètres pour 90 tonnes tué aux caraïbes, bien que ce record demeure invérifiable<ref>{{lien web |auteur1=Anna Stephenson |titre=Creature feature : Humpback whales can travel thousands of miles each year from the Arctic to Hawaii and back |url=https://kealakai.byuh.edu/creature-feature-humpback-whales |site=byuh.edu |périodique=BYUH Ke Alaka'i |date=26-04-2022 |consulté le=28-05-2023}}.</ref>. Les baleines à bosse peuvent vivre de 40 à 60 ans<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=John Dawes|auteur2=Andrew Campbell|titre=Exploring the World of Aquatic Life|passage=291|éditeur=Infobase Publishing|année=2008|isbn=}}.</ref>.

<br />


=== Morphologie générale ===
[[Fichier:Buckelwal Nahaufnahme.jpg|left|thumb|Les tubercules de la tête caractérisent la baleine à bosse]]
[[Fichier:Buckelwal Nahaufnahme.jpg|left|thumb|Les tubercules de la tête caractérisent la baleine à bosse]]
La baleine à bosse est facilement reconnaissable à de nombreux critères. Son corps est massif. Le dessus de l’animal est entièrement noir avec parfois quelques traces blanches ou grises qui sont souvent des cicatrices. Le ventre est plutôt blanchâtre. La tête et la [[mâchoire]] inférieure sont couvertes de petites protubérances appelées tubercules, qui sont en fait des [[Follicule pileux|follicules pileux]] et sont caractéristiques de l’espèce.


La grande [[nageoire]] caudale, noire et blanche, sort largement hors de l’eau quand la baleine plonge. Le bord postérieur de cette nageoire est ondulé<ref name="plan">{{Lien web |url= http://www.nmfs.noaa.gov/pr/pdfs/recovery/whale_humpback.pdf |titre= Final Recovery Plan for the Humpback Whale ''Megaptera novaeangliae'' |date=1991 |éditeur= U.S. Department of Commerce |accessdaymonth=[[10 April]]|accessyear=[[2007]]}}</ref>. Les dessins de cette nageoire sont propres à chaque baleine et peuvent servir à son identification individuelle<ref>{{Article|lang=en|auteur=Katona S.K. and Whitehead, H.P.|date=1981|titre=Identifying humpback whales using their mural markings|journal=Polar Record|vol= 20|pages=439–444}}</ref>{{,}}<ref>{{Article|lang=en|auteur=Kaufman G., Smultea M.A. and Forestell P.|date=1987|titre=Use of lateral body pigmentation patterns for photo ID of east Australian (Area V) humpback whales|journal=Cetus|vol=7|numéro=1|pages=5–13}}</ref>.
La grande [[nageoire caudale]], noire et blanche, sort largement hors de l’eau quand la baleine plonge en profondeur. Le bord postérieur de cette nageoire est ondulé<ref name="plan">{{lien web|url=http://www.nmfs.noaa.gov/pr/pdfs/recovery/whale_humpback.pdf|titre=Final Recovery Plan for the Humpback Whale ''Megaptera novaeangliae''|date=1991|éditeur=U.S. Department of Commerce|consulté le=[[2007]]|brisé le = 2023-10-27}}.</ref>. Les motifs sur la face ventrale de cette nageoire sont propres à chaque individu et ne changent pas au cours de la vie. Ils servent notamment à leur identification individuelle<ref>{{article|lang=en|auteur=Katona S.K. and Whitehead, H.P.|date=1981|titre=Identifying humpback whales using their mural markings|journal=Polar Record|vol=20|pages=439–444}}.</ref>{{,}}<ref>{{article|lang=en|auteur=Kaufman G., Smultea M.A. and Forestell P.|date=1987|titre=Use of lateral body pigmentation patterns for photo ID of east Australian (Area V) humpback whales|journal=Cetus|vol=7|numéro=1|pages=5–13}}.</ref>.


[[Fichier:Buckelwal Schwanzflosse.jpg|thumb|La forme de l'ondulation, les taches noires et blanches, les [[cicatrice]]s de la nageoire caudale sont propres à chaque individu]]
[[Fichier:Buckelwal Schwanzflosse.jpg|thumb|La forme de l'ondulation, les taches noires et blanches, les [[cicatrice]]s de la nageoire caudale sont propres à chaque individu]]


Chaque nageoire pectorale (également noire et blanche, et d'un dessin propre à chaque individu) peut atteindre jusqu'au tiers de la longueur du corps. C'est beaucoup plus que chez n'importe quel autre [[cétacé]]. Pour expliquer cette nette différence de longueur, plusieurs hypothèses ont été suggérées. Il pourrait s'agir d'un avantage [[Évolution (biologie)|évolutif]] significatif assurant une meilleure manœuvrabilité. Cela pourrait aussi permettre, grâce à une plus grande surface de contact, de mieux réguler la [[homéothermie|température interne]] lors des [[migration animale|migrations]] entre les zones de [[climat]] chaud et celles de climat froid.
Chaque [[nageoire pectorale]] peut atteindre jusqu'au tiers de la longueur du corps. C'est beaucoup plus que chez n'importe quel autre [[Cetacea|cétacé]]. Pour expliquer cette nette différence de longueur, plusieurs hypothèses ont été suggérées. Il pourrait s'agir d'un avantage [[Évolution (biologie)|évolutif]] significatif assurant une meilleure manœuvrabilité. Cela pourrait aussi permettre, grâce à une plus grande surface de contact, de mieux réguler la [[Homéotherme|température interne]] lors des [[migration animale|migrations]] entre les zones de [[climat]] chaud et celles de climat froid. Chez les baleines à bosse vivant dans l'[[océan Atlantique]], ces nageoires sont blanches alors qu'une baleine vivant dans l'[[océan Pacifique]] a des nageoires pectorales plutôt sombres.


Quand la baleine à bosse fait surface et expulse par son évent l'air provenant des [[poumon]]s, le [[souffle]] provoque un nuage pouvant atteindre {{unité|3|mètres}}, en forme de [[chou-fleur]].
Quand la baleine à bosse fait surface et expulse par son [[évent]] l'air provenant des [[poumon]]s, le [[Expiration pulmonaire|souffle]] provoque un nuage pouvant atteindre {{unité|3|mètres}}, en forme de [[chou-fleur]].


L’aileron dorsal, trapu, apparaît hors de l'eau peu après l'émission de ce souffle. Il continue à être visible quand l'animal fait le dos rond pour amorcer une [[plongée]], mais disparaît avant que la nageoire caudale émerge.
L’aileron dorsal, trapu, apparaît hors de l'eau peu après l'émission de ce souffle. Il continue à être visible quand l'animal fait le dos rond pour amorcer une plongée, mais disparaît avant que la nageoire caudale émerge.


Comme les autres [[balaenopteridae|balénoptéridés]], la baleine à bosse possède des sillons ventraux et des fanons. Les sillons sont en fait des replis qui courent parallèlement entre eux de la mâchoire inférieure jusqu’au [[nombril]] (à peu près jusqu'à la moitié du ventre de l’animal). Ils permettent un très large déploiement de la gueule (un peu à la façon dont s'ouvre un [[accordéon]]). D'un nombre généralement compris entre 16 à 20, ils sont moins nombreux et aussi moins prononcés que chez les [[rorqual]]s. Les fanons sont des productions cornées de la lèvre qui filtrent et retiennent les proies alimentaires. La baleine à bosse possède 270 à 400 fanons de couleur sombre disposés de chaque côté de la bouche.
Comme les autres [[balaenopteridae|balénoptéridés]], la baleine à bosse possède des sillons ventraux et des [[Fanon (cétacés)|fanons]]. Les sillons sont en fait des replis qui courent parallèlement entre eux de la mâchoire inférieure jusqu’au [[nombril]] (à peu près jusqu'à la moitié du ventre de l’animal). Ils permettent un très large déploiement de la gueule (un peu à la façon dont s'ouvre un [[accordéon]]). D'un nombre généralement compris entre 16 et 20, ils sont moins nombreux et aussi moins prononcés que chez les autres rorquals. Les fanons sont des productions cornées de la lèvre qui filtrent et retiennent les proies alimentaires. La baleine à bosse possède 270 à 400 fanons de couleur sombre disposés de chaque côté de la bouche.


== Écologie et comportement ==
Les femelles sont plus grosses que les mâles<ref name=ADW>{{ADW|Megaptera_novaeangliae|''Megaptera novaeangliae''}}</ref>. Les [[femelle]]s portent un lobe (qui fait défaut chez les mâles) d’environ 15 centimètres de diamètre dans leur région [[organes génitaux|génitale]]. Cela permet de distinguer les [[Mâle (biologie)|mâles]] des femelles si l’on peut voir le dessous de la baleine, car le [[pénis]] du mâle reste en revanche presque toujours caché dans la fente génitale. Les baleines mettent généralement bas tous les deux ou trois ans. La [[gestation]] dure onze mois environ<ref name=ADW/>. Il arrive parfois que certaines femelles [[reproduction (biologie)|se reproduisent]] deux années de suite.
=== Organisation et comportement sociaux ===
Les baleines à bosse sont migratrices. Pendant l'été, elles fréquentent les eaux froides [[Région polaire|polaires]] et subpolaires à la recherche de nourriture. Pendant l'hiver, elles rejoignent les eaux chaudes tropicales et subtropicales pour s'accoupler et se reproduire<ref name=Locklear2017>{{Article |langue=en |prénom1=Mallory |nom1=Locklear |titre=Never-before-seen gatherings of hundreds of humpback whales |périodique= New Scientist |jour=10 |mois=03 |année=2017 |lire en ligne=https://www.newscientist.com/article/2124149-never-before-seen-gatherings-of-hundreds-of-humpback-whales |consulté le=6 novembre 2020}}.</ref>. Bien qu'on puisse les rencontrer en plein océan pendant leurs transits ou près des [[Mont sous-marin|monts sous-marins]], on les observe le plus souvent au-dessus des [[Plateau continental (géophysique)|plateaux continentaux]]<ref name="IWC"/>.


<gallery mode=packed heights=150>
[[Fichier:Humpback whale size.svg|thumb|left|Comparaison de la taille d'une baleine à bosse adulte avec celle d'un humain]]
Fichier:Sanc0605.jpg|Les sauts spectaculaires font partie de la [[Parade nuptiale|parade sexuelle]].
File:Baleine à bosse et son baleineau 2.jpg|Femelle accompagnée de son petit faisant des sauts pour éloigner les mâles. Au large de [[Tahiti]].
File:026b Humpback whale jump and splash Photo by Giles Laurent.jpg|Baleine à bosse sautant en l’air et éclaboussant l’eau à [[Ísafjarðardjúp]] (Islande). Les raisons pour lesquelles les baleines sautent hors de l’eau sont encore inconnues aujourd'hui. Selon certaines hypothèses, le saut est pratiqué pour communiquer, faire la cour, affirmer sa domination, avertir d'un danger, éliminer les parasites de la peau ou jouer.
</gallery>

Leur organisation sociale est assez lâche. Habituellement, les individus vivent seuls ou s'assemblent en groupes transitoires pour quelques heures. En été, ces groupes peuvent se maintenir plus longtemps à l'effet de coopérer pour chasser les crustacés ou les poissons. Des relations durables de plusieurs mois ou même plusieurs années, de couples ou de petits groupes, ont été décrites, mais elles sont rares.

De grands rassemblements (jusqu'à 200 animaux) sont parfois observés. Ceux-ci ont notamment été documentés en 2011, 2014 et 2015 au large de l'[[Afrique du Sud]]. On ignore s'il s'agit d'un comportement ancien réapparu à la faveur du [[Convention internationale pour la règlementation de la chasse à la baleine|moratoire sur la chasse à la baleine]] et de la reconstitution progressive des populations (celles des baleines à bosse avaient diminué d'environ 90 %) ou s'il s'agit d'une adaptation récente à des changements dans la disponibilité des proies<ref name=2017Findlay>{{Article |langue=en |prénom1=Ken P. |nom1=Findlay |et al.=oui |titre=Humpback whale “super-groups” |sous-titre=A novel low-latitude feeding behaviour of Southern Hemisphere humpback whales (Megaptera novaeangliae) in the Benguela Upwelling System |périodique= PLoS ONE |volume=12 |numéro=3 |titre numéro=e0172002 |jour=1 |mois=03 |année=2017 |lire en ligne=https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0172002 |consulté le=7 novembre 2020 |doi=10.1371/journal.pone.0172002}}.</ref>.
En raison de son extension mondiale, l'aire de répartition des baleines à bosse recouvre celles de nombreuses espèces de cétacés. Il n'est pas extraordinaire d'observer des baleines à bosse côtoyer d’autres [[dauphin]]s ou baleines, par exemple des [[Baleine de Minke|baleines de Minke]]<ref>{{Lien web |langue=en |titre=Humpbacks and Minke whales |url=https://whales.is/humpbacks-and-minke-whales/ |site=Whale watching Hauganes |jour=22 |mois=9 |année=2019 |consulté le=7 novembre 2020}}.</ref>, mais les interactions sociales sont très limitées.

Des scientifiques ont observé que cette espèce de cétacés, en particulier, avait un comportement assez singulier : on a vu par exemple en [[Californie]] un groupe de baleines à bosse protéger une [[baleine grise]] et son petit d'un groupe d'[[Orque|épaulards]], ceux-ci ont malgré tout réussi à achever le baleineau<ref>{{Lien web |langue=fr |nom=@NatGeoFrance |titre=Pourquoi les baleines à bosse protègent-elles les autres animaux des orques ? |url=https://www.nationalgeographic.fr/animaux/2019/12/les-baleines-bosse-protegent-les-autres-animaux-des-orques-mais-pourquoi |site=National Geographic |date=2019-12-13 |consulté le=2021-11-03}}.</ref>.

=== Cycle de vie et reproduction ===


La [[maturité sexuelle]] est atteinte entre 5 et 10 ans, ou à une longueur de 11 mètres chez le mâle, et de 12 mètres chez la femelle. L'[[Accouplement (biologie)|accouplement]] s'effectue en eaux tropicales ou chaudes (supérieures à 20 °C) tandis que la gestation qui suit est d'un an.
Le baleineau mesure dès la [[naissance]] 4 à {{unité|4.5|mètres}} et pèse environ 700 kilogrammes. Il est exclusivement allaité par sa mère pendant les six premiers mois, puis il continue à être allaité tout en commençant à se nourrir par lui-même pendant les six mois suivants. Les baleineaux quittent leur mère au début de leur seconde année, quand ils mesurent classiquement {{unité|9|mètres}} de longueur.


La mise bas se fait elle aussi en eaux chaudes.
Les jeunes atteignent la [[maturité]] sexuelle vers l’âge de cinq ans<ref name=ADW/>. La taille adulte définitive est atteinte peu après. Celle-ci est communément de 15 à {{unité|16|mètres}} pour les mâles et de 16 à {{unité|17|mètres}} pour les femelles, pour un poids de {{unité|40|tonnes}}. Le plus grand spécimen découvert mesurait {{unité|19|mètres}} et ses nageoires pectorales {{unité|6|mètres}}<ref name=Clapham>{{ouvrage|auteur=Clapham P|chap=Humpback Whale|pages=589–592|titre=Encyclopedia of Marine Mammals|isbn=0125513402}}</ref>. {{refnec|Les baleines à bosse peuvent vivre de 40 à 100 ans}}.


Le baleineau est sevré du très riche lait de sa mère au bout d'environ 10 à 12 mois, au bout desquels il aura doublé voire triplé en poids et en taille. Cependant, il n'est réellement indépendant de sa mère qu'au bout de 5 à 6 ans. Durant toute cette période, il reste près de sa mère ou dans le groupe de celle-ci, et apprend à parfaire sa technique de pêche et à reconnaître les dangers et à s'en tenir éloigné. C'est à cet âge-là aussi qu'il devient suffisamment gros et grand pour ne plus être une proie facile pour les [[orque]]s.
== Comportement social ==
L’organisation sociale des baleines à bosse est assez lâche. Habituellement, les individus vivent seuls ou fréquentent des groupes transitoires qui se font pour quelques heures et se défont. Les groupes peuvent se maintenir plus longtemps en été pour coopérer dans la recherche et la capture de nourriture. Des relations durables de plusieurs mois ou même plusieurs années, de couples ou de petits groupes, ont été décrites, mais elles sont rares. La répartition mondiale des baleines à bosse recouvre celles de nombreuses autres espèces de baleines et de [[dauphin]]s : on peut donc observer des baleines à bosse à proximité d’autres espèces (par exemple des [[Baleine de Minke|baleines de Minke]]) mais il y a très peu d’interactions sociales.


Les [[Parade nuptiale|parades nuptiales]] se déroulent pendant l’hiver en eaux plus chaudes. La compétition entre mâles est souvent intense. Des groupes de mâles de deux à douze, voire vingt individus se rassemblent autour d’une seule femelle et se livrent à des exhibitions variées pour établir la domination. La joute dure plusieurs heures et la taille du groupe fluctue avec les départs de mâles dépités ou les arrivées de nouveaux prétendants. Les parades réalisées comprennent des sauts qui peuvent atteindre {{unité|5|m}}, des dressements verticaux, des frappements de l’eau avec les nageoires (pectorales ou caudale), des charges et des esquives. On présume que les [[Chant des baleines|chants]] jouent également un rôle important dans cette compétition, mais les spécialistes ne savent pas s’ils servent aux mâles pour s’identifier et se comparer, s’ils sont un appel à l’accouplement entre le mâle et la femelle, ou les deux. Toutes ces manifestations vocales et physiques ont aussi été observées en l’absence de partenaires potentielles et constituent aussi probablement des outils généraux de communication.
[[Fichier:Sanc0605.jpg|left|thumb|Les sauts spectaculaires font partie de la parade sexuelle]]
Les [[Parade nuptiale (biologie)|parades sexuelles]] se déroulent pendant l’hiver. La compétition pour une partenaire est souvent intense. Des groupes de mâles de deux à vingt individus se rassemblent autour d’une seule femelle et se livrent à des exhibitions variées pour établir la domination. La joute dure plusieurs heures et la taille du groupe fluctue avec les départs de mâles dépités ou les arrivées de nouveaux prétendants. Les figures réalisées comprennent des sauts qui peuvent atteindre {{unité|5|m}}, des dressements verticaux, des frappements de l’eau avec les nageoires (pectorales ou caudale), des charges et des esquives. On présume que les [[Chant des baleines|chants]] jouent également un rôle important dans cette compétition, mais les scientifiques ne savent pas s’ils servent aux mâles pour s’identifier et se comparer entre eux, s’ils sont un appel à l’accouplement entre le mâle et la femelle, ou les deux. Toutes ces manifestations vocales et physiques ont aussi été observées en l’absence de partenaires potentielles et constituent aussi probablement des outils généraux de communication.


== Alimentation ==
=== Alimentation ===
[[Fichier:Humpback lunge feeding.jpg|thumb|Deux baleines usant de leur gueule comme d'une épuisette pour se nourrir]]
[[Fichier:Humpback lunge feeding.jpg|thumb|Deux baleines usant de leur gueule comme d'une épuisette pour se nourrir.]]
[[Fichier:Humpback whale bubble net feeding Christin Khan NOAA.jpg|thumb|Vue aérienne d'un [[filet de bulles]].]]
L’espèce se nourrit exclusivement pendant l’été et vit sur ses réserves de graisse pendant l’hiver. C’est un prédateur actif qui chasse le [[krill]] et les bancs de petits poissons tels les [[hareng]]s, les [[capelan]]s ou les [[lançon (poisson)|lançons]]<ref>{{Article|lang=en|auteur=Overholtz W.J. and Nicholas J.R.|date=1979|titre=Apparent feeding by the fin whale, ''Balaenoptera physalus'', and humpback whale, ''Megaptera novaeangliae'', on the American sand lance, ''Ammodytes americanus'', in the
L’espèce se nourrit exclusivement pendant l’été et vit sur ses réserves de graisse pendant l’hiver. C’est un prédateur actif qui chasse ses proies. Les baleines à bosse de l'hémisphère sud se nourrissent principalement de [[krill]], celles de l'hémisphère nord recherchent les bancs de petits poissons<ref name="IWC">{{Lien web |langue=en |auteur=Commission baleinière internationale |lien auteur=Commission baleinière internationale |url=https://iwc.int/humpback-whale |titre=Humpback whale - Megaptera novaeangliae |consulté le= 3 novembre 2020}}.</ref> tels les [[hareng]]s, les [[Mallotus villosus|capelans]], les [[sardine]]s ou les [[lançon (poisson)|lançons]]<ref>{{article|lang=en|auteur=Overholtz W.J. and Nicholas J.R.|date=1979|titre=Apparent feeding by the fin whale, ''Balaenoptera physalus'', and humpback whale, ''Megaptera novaeangliae'', on the American sand lance, ''Ammodytes americanus'', in the
Northwest Atlantic|revue=Fish. Bull.|vol=77|pages=285–287}}</ref>{{,}}<ref>{{Article|lang=en|auteur=Whitehead H.|date=1987|titre=Updated status of the humpback whale, ''Megaptera novaeangliae'', in Canada|journal=Canadian Field-Naturalist|vol=101|numéro=2|pages=284–294}}</ref>{{,}}<ref>{{Article|lang=en|auteur=Meyer T.L., Cooper R.A. and Langton R.W.|date=1979|titre=Relative abundance, behavior and food habits of the American sand lance ''(Ammodytes americanus)'' from the Gulf of Maine|revue=Fish. Bull|vol=77|numéro=1|pages=243–253}}</ref>, usant de l’attaque directe ou étourdissant ses proies en frappant l’eau avec ses nageoires.
Northwest Atlantic|revue=Fish. Bull.|vol=77|pages=285–287}}.</ref>{{,}}<ref>{{article|lang=en|auteur=Whitehead H.|date=1987|titre=Updated status of the humpback whale, ''Megaptera novaeangliae'', in Canada|journal=Canadian Field-Naturalist|vol=101|numéro=2|pages=284–294}}.</ref>{{,}}<ref>{{article|lang=en|auteur=Meyer T.L., Cooper R.A. and Langton R.W.|date=1979|titre=Relative abundance, behavior and food habits of the American sand lance ''(Ammodytes americanus)'' from the Gulf of Maine|revue=Fish. Bull|vol=77|numéro=1|pages=243–253}}.</ref>, usant de l’attaque directe ou étourdissant leurs proies en frappant l’eau avec leurs nageoires.


La technique de pêche la plus originale des baleines à bosses est celle du filet à bulles. Plusieurs baleines forment un groupe, nagent rapidement autour et au-dessous d’un banc de poissons et larguent de l’air par leurs évents. Les bulles forment une barrière visuelle qui confine le banc dans un espace de plus en plus restreint. Soudain, les baleines se précipitent vers le haut à travers le rideau de bulles, gueule grande ouverte, avalant des milliers de poissons d’une seule goulée. Le diamètre du filet à bulles peut atteindre {{unité|30|m}} et nécessiter la coopération d’au moins douze animaux. C’est sans doute le fait le plus spectaculaire de coopération de mammifères marins.
La technique de pêche la plus originale des baleines à bosses est certainement celle du [[filet de bulles]]. Plusieurs baleines forment un groupe, nagent rapidement autour et au-dessous d’un banc de poissons et larguent de l’air par leurs [[évent]]s. Les bulles forment une barrière visuelle qui confine le banc dans un espace de plus en plus restreint<ref>{{en}} [http://video.nationalgeographic.com/video/animals/mammals-animals/whales/deadliest-humpback-whales/ Vidéo de la technique du « filet de bulles »].</ref>. Soudain, les baleines se précipitent vers le haut à travers le rideau de bulles, gueule grande ouverte, avalant des milliers de poissons d’une seule goulée. Le diamètre du filet à bulles peut atteindre {{unité|30|m}} et nécessiter la coopération de jusqu'à douze animaux<ref>[http://documentaires.france5.fr/documentaires/geants-de-locean/lintelligence-des-cetaces Géants de l'océan - l'intelligence des cétacés] sur [[France 5]]. Version originale de la [[British Broadcasting Corporation|BBC]] [http://www.bbc.co.uk/programmes/b013wpxz Ocean Giants - Deep Thinkers].</ref>.


Avec la raréfaction des harengs au large de Boston dans les années 1980, les baleines à bosse ont adopté une nouvelle technique de pêche pour se nourrir de lançons, espèces d'anguilles des sables de la côte est des États-Unis qui viennent frayer dans le secteur. Pratiquée par près de 40 % de la population locale qui se transmet ce [[Écologie comportementale|comportement par son réseau social]], cette tactique de chasse consiste à frapper la surface de l'eau avec la face ventrale de leur nageoire caudale (''{{lang|en|texte=lobtail feeding}}'') de manière répétée, suivie par une séquence de capture avec un filet de bulles<ref>{{article|langue=en|auteur=Jenny Allen, Mason Weinrich, Will Hoppitt, Luke Rendell|titre=Network-Based Diffusion Analysis Reveals Cultural Transmission of Lobtail Feeding in Humpback Whales|périodique=Science|date=26 avril 2013|volume=340|numéro=6131|pages=485-48}}.</ref>.
== Prédation ==
Les [[orque]]s s’attaquent aux baleines à bosse, celles-ci s’en sortent le plus souvent par quelques cicatrices mais des baleineaux sont parfois tués<ref name="claphamj">{{Article|lang=en|revue= Mammal
Review |auteur= Clapham, P.J. |date= 1996 |titre= The social and reproductive biology of humpback whales: an ecological perspective |vol= 26 |pages= 27–49 |texte= http://www.sitkawhalefest.org/review.pdf | consulté le = 2007-04-26}}</ref>.


== Chant ==
=== Chant ===
{{Article détaillé|Chant des baleines}}
{{Article détaillé|Chant des baleines}}
[[Fichier:Humpback whales in singing position.jpg|thumb|Baleines à bosse.]]
[[Fichier:Sanc0602.jpg|thumb|Baleines à bosse en train de « [[Chant des baleines|chanter]] »]]Les baleines à bosse sont autant réputées pour leurs acrobaties que pour leurs longs chants complexes. Elles émettent pendant des heures, parfois des jours, des motifs de notes graves qui varient d’amplitude et de fréquence, en répétant des séquences cohérentes et emboîtées. Les baleines ne chantent que pendant la saison d’accouplement : on suppose donc qu’il s’agit de chants de séduction. On notera aussi que le chant personnel d’une baleine évolue lentement au cours des années et ne revient jamais à la même séquence de notes même après des décennies<ref name="asc">{{Lien web|url=http://www.acsonline.org/factpack/humpback.htm|titre=American Cetacean Society Fact Sheet| éditeur = American Cetacean Society | accessdaymonth=[[17 April]]|accessyear=[[2007]]}}</ref>.
[[Fichier:Humpback song.PNG|upright=3.5|thumb|center|Schéma du chant d'une baleine à bosse]]
[[Fichier:Humpbackwhale singing.webm|vignette|Chant d'une baleine à bosse auprès des iles [[Vavaʻu]].]]
Les baleines à bosse sont autant réputées pour leurs acrobaties que pour leurs longs chants complexes. Elles émettent pendant des heures, parfois des jours, des motifs de notes graves qui varient d’amplitude et de fréquence, en répétant des séquences cohérentes et emboîtées. Les baleines ne chantent que pendant la saison d’accouplement : on suppose donc qu’il s’agit de chants de séduction. On notera aussi que le chant personnel d’une baleine évolue lentement au cours des années et ne revient jamais à la même séquence de notes même après des décennies<ref name="asc">{{lien web|url=http://www.acsonline.org/factpack/humpback.htm|titre=American Cetacean Society Fact Sheet|éditeur=American Cetacean Society|consulté le=[[2007]]|brisé le = 2023-10-27}}.</ref>.
{{clr}}
== Populations ==
[[Fichier:Humpback Whale fg1.jpg|right|thumb|]]
On rencontre la baleine à bosse dans tous les océans, dans une large bande allant des latitudes 60°S à 65°N. C’est une espèce migratrice, passant les étés dans les eaux froides des hautes latitudes, s’accouplant et se reproduisant dans les eaux tropicales ou sub-tropicales<ref name="asc"/>. Avec des distances couramment parcourues de plus de {{unité|25000|km}} par an, l’espèce détient des records parmi les [[mammifère]]s. Faisant exception à la règle, les populations du [[Golfe Persique]] ne migrent pas et restent dans des eaux chaudes toute l’année<ref name="asc"/>. Il n’y a pas de baleines à bosse dans l’[[Océan Arctique]], ni dans la partie orientale de la [[Mer Méditerranée]]. Alors qu'elles étaient réputées absentes de la [[Mer Baltique]], des baleines à bosse ont été observées en juillet 2006 au large de la [[Finlande]].


=== Prédation ===
Les effectifs de baleines à bosse semblent se reconstituer plus facilement que ceux des autres grandes baleines. La population est passée d’un minimum de {{formatnum:20000}} individus au moratoire de 1986 à environ {{formatnum:35000}} aujourd’hui. Par comparaison les populations de [[baleine bleue]] sont restées autour de {{formatnum:3000}} individus pendant la même période. On estime à {{formatnum:11600}} les baleines à bosse dans l’[[Atlantique]] Nord, {{formatnum:7000}} dans le [[Pacifique]] Nord et au moins {{formatnum:17000}} dans l’[[hémisphère sud]]. La dernière évaluation de l'[[UICN]] indique un passage au statut de préoccupation mineure, à l'exception de deux sous-espèces, la baleine à bosse d’Océanie et celle du Golfe Persique<ref>[http://www.universnature.com/inf/inf_actualite1.cgi?id=3309 Les baleines à bosse sauvées de l’extinction ?]</ref>.
L'[[orque]] s’attaque régulièrement à la baleine à bosse, plus spécifiquement aux baleineaux. Dans leur souci de défendre leur progéniture, il n'est pas rare que les mères s’en sortent avec quelques cicatrices sans toutefois toujours réussir à sauvegarder leur baleineau<ref name="claphamj">{{article|lang=en|revue= Mammal
Review |auteur= Clapham, P.J. |date= 1996 |titre= The social and reproductive biology of humpback whales: an ecological perspective |vol= 26 |pages= 27–49 |texte= http://www.sitkawhalefest.org/review.pdf |consulté le= 2007-04-26}}.</ref>.

Il y a également eu des cas d'attaques de [[grand requin blanc]] et de [[Carcharhinus obscurus|requin de sable]] sur des baleines à bosse<ref>{{Lien web |langue=fr |nom=@NatGeoFrance |titre=Images rares des plaies d'une baleine à bosse causées par des requins |url=https://www.nationalgeographic.fr/video/animaux/images-rares-des-plaies-dune-baleine-a-bosse-causees-par-des-requins |site=National Geographic |date=2021-11-20 |consulté le=2021-11-20}}.</ref> .


== Systématique ==
== Systématique ==
=== Évolution ===
=== Histoire évolutive ===
{{Article détaillé|Histoire des cétacés}}
{{Article détaillé|Histoire évolutive des cétacés}}
La baleine à bosse est le seul représentant du genre ''Megaptera'', constituant sa propre sous-famille des ''Megapterinae'' dans la famille des ''Balaenopteridae'' (ou ''Balaenoptiidae'') qui comprend 8 autres espèces de baleines.


Les études moléculaires les plus récentes indiquent que les premières baleines s’alimentant par filtration (dont sont issues les baleines à bosse) sont apparues à la fin de l’[[éocène]] il y a 35 à 36 [[million d'années|Ma]]. Les espèces ont ensuite peu évolué pendant une longue période. Une nouvelle phase de [[spéciation]] est alors survenue au milieu du [[miocène]], il y a 12 à 15 Ma. On ne sait pas si les premières baleines à bosse datent de cette époque.
Les études moléculaires les plus récentes indiquent que les premières baleines s’alimentant par filtration (dont sont issues les baleines à bosse) sont apparues à la fin de l’[[Éocène]] il y a 35 à 36 [[million d'années|Ma]]. Les espèces ont ensuite peu évolué pendant une longue période. Une nouvelle phase de [[spéciation]] est alors survenue au milieu du [[Miocène]], il y a 12 à 15 Ma. On ne sait pas si les premières baleines à bosse datent de cette époque.


Les résultats d’[[génétique des populations|analyse moléculaire]] montrent cependant que les lignées de la [[baleine bleue]] et du [[rorqual commun]] se sont séparées il y a plus de 5 millions d’années et que la baleine à bosse s’était déjà différenciée. On peut en conclure que la baleine à bosse est une espèce vieille de 5 à 12 Ma. L’étude des [[fossile]]s ne permet pas de préciser ce chiffre car les fossiles de cétacés au-delà de 2,5 Ma sont très fragmentaires.
Les résultats d’[[génétique des populations|analyse moléculaire]] montrent cependant que les lignées de la [[baleine bleue]] et du [[rorqual commun]] se sont séparées il y a plus de 5 millions d’années et que la baleine à bosse s’était déjà différenciée. On peut en conclure que la baleine à bosse est une espèce vieille de 5 à 12 Ma. L’étude des [[fossile]]s ne permet pas de préciser ce chiffre car les fossiles de cétacés au-delà de 2,5 Ma sont très fragmentaires.


{{Arbre|contenu=
─o ''Balaenopteridae'' et ''Eschrichtiidae''
* ''Balaenopteridae'' et ''Eschrichtiidae''
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}}

=== Taxonomie ===
La baleine à bosse est le seul représentant actuel du genre ''[[Megaptera]]'', constituant sa propre sous-famille des Megapterinae dans la famille des Balaenopteridae (ou Balaenoptiidae) qui comprend 8 autres espèces de baleines.
Cette baleine a pour la première fois été identifiée sous le nom de « baleine de la Nouvelle Angleterre » par [[Mathurin Jacques Brisson]] dans ''Regnum Animale'' paru en 1756. En [[1781]], le naturaliste allemand [[Georg Heinrich Borowski]] l'a décrite pour la première fois à partir d'observations faites en [[Nouvelle-Angleterre]] et lui donne pour nom scientifique la traduction latine du nom donné par Brisson : ''Balaena novaeangliae''. Dès le début du {{XIXe siècle}}, [[Bernard-Germain de Lacépède]] replace cette espèce dans le genre des ''Balaenoptera'' sous le nom de ''jubartes''. En 1846, [[John Edward Gray]] crée un nouveau genre monotypique de ''Megaptera'' à partir du grec ''mega-/μεγα-'' grande, et ''ptera/πτερα'' aile pour faire référence à ces grandes nageoires pectorales<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Liddell & Scott|titre=Greek-English Lexicon, Abridged Edition|éditeur=Oxford University Press, Oxford, UK|année=1980|isbn=0-19-910207-4}}.</ref>. L'espèce est alors dénommée '' Megaptera longpinna''. [[Remington Kellogg]] renomme l'espèce en ''Megaptera novaeangliae''<ref>Martin S. (2002). The Whales' Journey. Allen & Unwin Pty., Limited, 251. {{ISBN|1-86508-232-5}}.</ref>.

== Répartition et habitat ==
[[Fichier:Cypron-Range Megaptera novaeangliae.svg|vignette|Répartition de la Baleine à bosse.]]
La baleine à bosse peut être retrouvée dans tous les océans et mers situés entre les [[parallèle (géographie)|parallèles]] 71 Nord, visible dans les fjords au nord de la Norvège lors de la reproduction des harengs, et 60 Sud{{référence souhaitée}}. 

Les baleines à bosse sont observées notamment au large des côtes américaines de l'[[océan Pacifique]] au large de l’État de [[Washington (État)|Washington]], de l'[[île de Vancouver]] et de l’[[Alaska]], au large de la [[Colombie]] dans le [[golfe de Tribugá]] où certaines viennent donner naissance pendant l’été, le [[golfe de Gascogne]] en [[France]], dans la [[Byron Bay|baie de Byron]] au large de [[Sydney]], au large de la [[Nouvelle-Angleterre]], au large de la presqu’île de [[Snæfellsnes]] et surtout dans la baie de [[Skjálfandi]] à [[Húsavík]] en [[Islande]], dans le [[golfe du Saint-Laurent]] au [[Québec]] (une baleine étant même remontée de manière inédite jusqu'à [[Montréal]] en mai-juin 2020, provoquant la curiosité de la population et des scientifiques<ref>[https://www.journaldemontreal.com/2020/06/01/le-rorqual-a-bosse-est-arrive-dans-un-cul-de-sac-1 « Aperçue dans le Vieux-Port de Montréal: la baleine est arrivée "dans un cul-de-sac" »], [[Québecor Média]]–''[[Le Journal de Montréal]]'', {{1er}} juin 2020.</ref>{{,}}<ref>Alexandre Shields, [https://www.ledevoir.com/societe/environnement/580037/la-baleine-a-bosse-pourrait-rester-a-montreal-pendant-des-semaines « Le séjour de la baleine à bosse se prolonge à Montréal »], ''[[Le Devoir]]'', 3 juin 2020.</ref>{{,}}<ref>[https://www.ledevoir.com/societe/environnement/580526/en-photos-une-vie-de-baleine « Une vie de baleine »], ''[[Le Devoir]]'', 10 juin 2020.</ref>), dans le [[golfe de Guinée]] le long des côtes du [[Gabon]], à l'[[île Sainte-Marie]] sur la côte est de [[Madagascar]], à [[La Réunion]], ou encore à [[Mayotte]]<ref name="La rentrée des baleines">{{Lien web|langue=fr|auteur=Frédéric Ducarme|url=https://www.mayottehebdo.com/actualite/environnement/la-rentree-des-baleines|titre=La rentrée des baleines|jour=13|mois=09|année=2017|site=Mayotte Hebdo}}.</ref>.


== Étymologie et dénomination ==
=== Étymologies ===
[[Fichier:Humpback dorsal fin.jpg|thumb|En plongeant, la baleine montre sa bosse]]
[[Fichier:Humpback whale Ecuador more typical.jpg|thumb|En plongeant, la baleine montre sa bosse.]]
La bosse (au singulier) de la ''baleine à bosse'' fait référence à son dos car l'animal avant de sonder (c’est-à-dire avant d'entreprendre une plongée) fait le dos rond (la « bosse ») nettement au-dessus de la surface de l'eau. Éventuellement, la bosse peut désigner l'aileron dorsal lui-même (anatomiquement une bosse) qui couronne la courbure du dos lors de ce mouvement. Le nom anglais ''[[:en:humpback whale|Humpback Whale]]'' rend compte de ce même sens.
La bosse (au singulier) de la ''baleine à bosse'' fait référence à son dos car l'animal, avant de sonder (c’est-à-dire avant d'entreprendre une plongée), fait le dos rond (la « bosse ») nettement au-dessus de la surface de l'eau. Éventuellement, la bosse peut désigner l'aileron dorsal lui-même (anatomiquement une bosse) qui couronne la courbure du dos lors de ce mouvement<ref>{{ lien web | url=http://www.dfo-mpo.gc.ca/species-especes/aquatic-aquatique/rorqual-a-bosse-fra.htm | titre=Rorqual à bosse}}.</ref>.


Le fait que la baleine porte des tubercules sur la tête et la mâchoire, entraîne parfois un faux-sens et une orthographe incorrecte avec l'emploi du pluriel : ''baleine à bosses''.
Le fait que la baleine porte des tubercules sur la tête et la mâchoire, entraîne parfois un faux-sens et une orthographe incorrecte avec l'emploi du pluriel : ''baleine à bosses''.


''Mégaptère'' vient du grec. Ce nom vernaculaire signifie « grandes ailes » et fait référence aux nageoires pectorales particulièrement longues qui caractérisent la baleine à bosse.
L'autre nom vernaculaire issu de l'[[ancien français]] ''Gibbar'', aujourd'hui peu employé et devenu ''jubarte'', est apparenté au portugais ''jubarte'' ou à l'espagnol ''[[:es:ballena yubarta|yubarta]]''. Ce terme pourrait dériver du latin ''gibbus'' qui signifie « bosse »<ref>{{CNRTL|Jubbarte}}</ref>.


L'autre nom vernaculaire issu de l'[[ancien français]] ''Gibbar'', aujourd'hui peu employé et devenu ''jubarte'', est apparenté au portugais ''jubarte'' ou à l'espagnol ''yubarta''. Ce terme pourrait dériver du latin ''gibbus'' qui signifie « bosse »<ref>{{CNRTL|Jubarte}}.</ref>.
On l'appelle aussi parfois rorqual à bosse<ref>{{harv|texte=ITIS 2010|id=ITIS}}</ref>.


Les [[Canadiens francophones]] l'appellent aussi ''rorqual à bosse''<ref>{{Harv|texte=ITIS 2010|id=ITIS}}.</ref> Cette appellation a été retenue du fait que ces animaux, comme tous les rorquals, dont ils font partie, ont des sillons sur leurs gorges ainsi qu’une nageoire dorsale<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Annalisa Berta|titre=Baleines et dauphins|passage=80|éditeur=Elmer|date=2016|pages totales=288|isbn=978-2-84138-851-6|lire en ligne=https://www.editions-ulmer.fr/editions-ulmer/baleines-et-dauphins-histoire-naturelle-et-guide-des-especes-541-cl.htm|consulté le=07/11/2021}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=fr-FR |titre=Baleine à bosse : tout savoir sur les rorquals à bosse ! |url=https://tendrejeudi.com/la-baleine-a-bosse/ |consulté le=2021-11-07}}.</ref>.
=== Taxonomie ===
Cette baleine a pour la première fois été identifiée sous le nom de « baleine de la Nouvelle Angleterre » par [[Mathurin Jacques Brisson]] dans ''Regnum Animale'' paru en 1756. En [[1781]], le naturaliste allemand [[Georg Heinrich Borowski|Borowski]] l'a décrite pour la première fois à partir d'observations faites en [[Nouvelle-Angleterre]] et lui donne pour nom scientifique la traduction latine du nom donné par Brisson : ''Balaena novaeangliae''. Dès le début du {{XIXe siècle}}, [[Bernard Germain de Lacépède]] replace cette espèce dans le genre des ''Balaenoptera'' sous le nom de ''jubartes''. En 1846, [[John Edward Gray]] crée un nouveau genre monotypique de ''Megaptera'' à partir du grec ''mega-/μεγα-'' grande, et ''ptera/πτερα'' aile pour faire référence à ces grandes nageoires pectorales<ref>{{ouvrage|lang=en|auteur=Liddell & Scott|année=1980|titre=Greek-English Lexicon, Abridged Edition |éditeur=Oxford University Press, Oxford, UK|isbn=0-19-910207-4}}</ref>. L'espèce est alors dénommée '' Megaptera longpinna''. [[Remington Kellogg]] renomme l'espèce en ''Megaptera novaeangliae''<ref>Martin S. (2002). The Whales' Journey. Allen & Unwin Pty., Limited, 251. ISBN 1-86508-232-5</ref>.


== Relations avec les hommes ==
== La baleine à bosse et l'homme ==
[[Fichier:Beached whale.jpg|thumb|Une baleine à bosse échouée sur une plage de l'[[île Baranof]] ([[Alaska]]).]]
Les baleines à bosse apparaissent dans les récits des marins de tous les temps. Le spectacle de ces gigantesques créatures bondissant hors de l’eau était sans doute fascinant, peut-être même effrayant. La baleine à bosse est probablement pour partie à l’origine des mythes marins de monstres et de [[Sirène (mythologie)|sirènes]] qui charment par leurs chants les navigateurs et les entraînent dans les eaux jusqu’à la mort. Aujourd’hui même, les plongeurs qui nagent près de baleines à bosse en train de chanter se disent désorientés car la gravité et la force des notes sont suffisantes pour faire résonner vigoureusement leur cage thoracique.


=== Chasse à la baleine ===
=== Chasse à la baleine ===
{{Article détaillé|Chasse à la baleine}}
{{Article détaillé|Chasse à la baleine}}

[[Fichier:Cook-whaling.jpg|thumb|left|Gravure du {{XVIIIe siècle}}, représentant un épisode de [[chasse à la baleine]].]]
[[Fichier:Cook-whaling.jpg|thumb|left|Gravure du {{XVIIIe siècle}}, représentant un épisode de [[chasse à la baleine]].]]
Le premier témoignage écrit de mise à mort d’une baleine à bosse date de [[1608]] au large de [[Nantucket]]. On a sans doute tué des baleines de cette espèce lorsque l’occasion s’en présentait bien avant cette date et on a continué à le faire ensuite à un rythme croissant au cours des siècles suivants. Au {{XVIIIe siècle}}, on a réalisé la valeur marchande des baleines à bosse, elles sont alors devenues des proies communes pour les baleiniers pendant de nombreuses années.
Le premier témoignage écrit de mise à mort d’une baleine à bosse date de [[1608]] au large de [[Nantucket]]. On a sans doute tué des baleines de cette espèce lorsque l’occasion s’en présentait bien avant cette date et on a continué à le faire ensuite à un rythme croissant au cours des siècles suivants. Au {{XVIIIe siècle}}, on a réalisé la valeur marchande des baleines à bosse, elles sont alors devenues des proies communes pour les baleiniers pendant de nombreuses années.


Au {{XIXe siècle}}, beaucoup de pays (en particulier les [[États-Unis]]) les chassaient en masse dans l’[[Océan Atlantique]] et dans une moindre mesure dans les océans [[Océan Indien|Indien]] et [[Océan Pacifique|Pacifique]]. L’introduction du [[harpon]] explosif à la fin du {{XIXe siècle}} a encore accéléré les prises. Avec l’ouverture des mers [[antarctique]]s en [[1904]], le déclin est devenu dramatique pour toutes les populations de baleines à bosse du monde.
Au {{XIXe siècle}}, beaucoup de pays (en particulier les [[États-Unis]]) les chassaient en masse dans l’[[Océan Atlantique]] et dans une moindre mesure dans les océans [[Océan Indien|Indien]] et [[Océan Pacifique|Pacifique]]. L’introduction du [[harpon]] explosif à la fin du {{XIXe siècle}} a encore accéléré les prises. Avec l’ouverture des mers [[antarctique]]s en [[1904]], le déclin est devenu dramatique pour toutes les populations de baleines à bosse du monde.


Au cours du {{XXe siècle}}, au moins {{formatnum:200000}} baleines ont été capturées. La population globale a diminué de plus de 90%. Pour empêcher l’extinction de l’espèce, un [[moratoire]] général sur la chasse des baleines à bosse a été institué en [[1966]]. Il est toujours en vigueur aujourd’hui. Dans son livre sur les baleines à bosse ''Humpback Whales ([[1996]])'', Phil Clapham, un scientifique du [[Smithsonian Institution|Smithsonian Institute]], déclare que « cette destruction sans mesure d’une des plus magnifiques créatures de la Terre est l’un des plus grands de nos nombreux crimes contre l’environnement ».
Au cours du {{XXe siècle}}, au moins {{nombre|200000|baleines}} ont été capturées. La population globale a diminué de plus de 90 %. Pour empêcher l’extinction de l’espèce, un [[moratoire]] général sur la chasse des baleines à bosse a été institué en [[1966]]. Il est toujours en vigueur aujourd’hui. Dans son livre sur les baleines à bosse ''Humpback Whales ([[1996]])'', Phil Clapham, un scientifique du [[Smithsonian Institution|Smithsonian Institute]], déclare que « cette destruction sans mesure d’une des plus magnifiques créatures de la Terre est l’un des plus grands de nos nombreux crimes contre l’environnement ».


Lorsqu’en [[1966]], les membres de la [[Chasse à la baleine|Commission Baleinière Internationale]] ont décidé d’un moratoire pour les baleines à bosse, celles-ci étaient devenues tellement rares que leur chasse n’était plus rentable. On dénombrait alors historiquement {{formatnum:250000}} prises enregistrées, mais le vrai chiffre d’animaux tués est très certainement beaucoup plus important. L’[[Union des républiques socialistes soviétiques|Union soviétique]] était bien connue pour délibérément mentir sur ses chiffres, elle avait déclaré {{formatnum:2710}} prises alors qu'on pense maintenant qu’il y en a eu 48 000<ref>{{Article|lang=en|revue=Whales Alive!|éditeur=Cetacean Society International|vol=6|numéro=4|titre=On the Soviet Whaling Falsification, 1947–1972|auteur=Alexey V. Yablokov|date=1997|texte=http://csiwhalesalive.org/csi97403.html}}</ref>.
Lorsqu’en [[1966]], les membres de la [[commission baleinière internationale]] ont décidé d’un moratoire pour les baleines à bosse, celles-ci étaient devenues tellement rares que leur chasse n’était plus rentable. On dénombrait alors historiquement {{nombre|250000|prises}} enregistrées, mais le vrai chiffre d’animaux tués est très certainement beaucoup plus important. L’[[Union des républiques socialistes soviétiques|Union soviétique]] était bien connue pour délibérément mentir sur ses chiffres, elle avait déclaré {{nombre|2710|prises}} alors qu'on pense maintenant qu’il y en a eu {{formatnum:48000}}<ref>{{article|lang=en|revue=Whales Alive!|éditeur=Cetacean Society International|vol=6|numéro=4|titre=On the Soviet Whaling Falsification, 1947–1972|auteur=Alexey V. Yablokov|date=1997|texte=http://csiwhalesalive.org/csi97403.html}}.</ref>.


En [[2004]], une chasse limitée à quelques animaux est permise au large des îles de [[Saint-Vincent-et-les Grenadines|Saint-Vincent et Grenadines]] dans les [[mer des Caraïbes|Caraïbes]]<ref name="Recplan91">{{ouvrage|lang=en|éditeur=National Marine Fisheries Service|date=1991|titre=Recovery Plan for the Humpback Whale (Megaptera novaeangliae)|auteur=Prepared by the Humpback Whale Recovery Team for the National Marine Fisheries Service, Silver Spring, Maryland|pages=105}}</ref>. On pense que le quota autorisé ne met pas en danger la population locale.
En [[2004]], une chasse limitée à quelques animaux est permise au large des îles de [[Saint-Vincent-et-les-Grenadines]] dans la [[mer des Caraïbes]]<ref name="Recplan91">{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Prepared by the Humpback Whale Recovery Team for the National Marine Fisheries Service, Silver Spring, Maryland|titre=Recovery Plan for the Humpback Whale (Megaptera novaeangliae)|éditeur=National Marine Fisheries Service|année=1991|pages=105|isbn=}}.</ref>. On pense que le quota autorisé ne met pas en danger la population locale.


Le [[Japon]] a contourné l'interdiction de la [[chasse à la baleine]] à bosse, en pratiquant des pêches à but « scientifique », durant de longues années. En [[décembre]] [[2007]], toutefois, le [[Japon]] a annoncé que les bateaux pêcheurs japonais allaient cesser la pêche de la baleine à bosse<ref>{{fr}} {{Lien web
Le [[Japon]] a contourné l'interdiction de la [[chasse à la baleine]] à bosse, en pratiquant des pêches à but « scientifique », durant de longues années. En {{Date||décembre|2007}}, toutefois, le Japon a annoncé que les bateaux pêcheurs japonais allaient cesser la pêche de la baleine à bosse<ref>{{fr}} {{lien web|url=http://svt.967.fr/archives/309|titre=Le Japon arrête la pêche de la baleine à bosse.|id=309|auteur=Harbonnier|site=svt.967.fr|citation=Le porte-parole du gouvernement en personne, Nobutaka Machimura, a déclaré que les baleines, du moins à bosse, seront désormais épargnées par les bateaux pêcheurs japonais.|date=23 décembre 2007|consulté le=27 décembre 2007}}.</ref>.
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|consulté le=27 décembre 2007
}}</ref>.


Au titre des chasses aborigènes de subsistance, la [[Commission baleinière internationale]] accorde aux populations autochtones de l'ouest du [[Groenland]] et aux habitants de Saint-Vincent-et-les-Grenadines des quotas de capture de baleines à bosse. Pour la période 2019-2025, ce quota est de 70 individus (en moyenne 10 par an avec un maximum annuel de 15) pour le Groenland et de 28 pour Saint-Vincent (en moyenne 4 par an)<ref>{{en}} ''The International Whaling Commission, [https://iwc.int/html_76 Catch limits]''.</ref>. Au Groenland, les prises réelles s'étaient élevées entre 2010 (date officielle de reprise de la chasse) et 2018 à 61 (soit en moyenne 6,8 par an). Pendant la même période elles étaient de 15 à Saint-Vincent (en moyenne 1,7 par an)<ref>{{en}} ''The International Whaling Commission, [https://iwc.int/total-catches Total catches]''.</ref>.
En [[juin]] [[2009]], lors de la réunion de la Commission Baleinière Internationale, le [[Danemark]] a sollicité l'autorisation de reprendre l'abattage au Groenland, sous prétexte de « chasse aborigène de subsistance ».


=== Tourisme baleinier ===
=== Populations et conservation ===
[[Fichier:Humpback Whale fg1.jpg|thumb|Baleine à bosse, dans la baie de Platypus, [[Queensland]], [[Australie]].]]
Les baleines à bosse sont généralement curieuses des objets de leur environnement. Elles s’approchent souvent volontiers des bateaux et tournent autour. Alors que cette attitude s’apparente au suicide quand le navire est un baleinier, elle a fait des baleines à bosse un support du [[tourisme]] d’observation des baleines (''whale watching'') dans beaucoup d’endroits autour du monde depuis les années 1990.
On rencontre la baleine à bosse dans tous les océans, dans une large bande allant des latitudes 60° S à 65° N<ref>{{Article|langue=en|auteur=A.S. Kennedy, A.N. Zerbini, O.V. Vásquez, N. Gandilhon, P.J. Clapham, O. Adam|titre=Local and migratory movements of humpback whales (Megaptera novaeangliae) satellite-tracked in the North Atlantic Ocean|périodique=Revue canadienne de zoologie|date=2014|volume=92|numéro=1|pages=9-18|doi=10.1139/cjz-2013-0161}}.</ref>. C’est une [[migration des cétacés|espèce migratrice]], passant les étés dans les eaux froides des hautes latitudes, s’accouplant et se reproduisant dans les eaux tropicales ou subtropicales<ref name="asc"/>. Avec des distances couramment parcourues de plus de {{unité|25000|km}} par an, l’espèce détient des records parmi les [[mammifère]]s. Faisant exception à la règle, les populations du [[golfe Persique]] ne migrent pas et restent dans des eaux chaudes toute l’année<ref name="asc"/>. Il n’y a pas de baleines à bosse dans l’[[océan Arctique]], ni dans la partie orientale de la [[mer Méditerranée]]. Alors qu'elles étaient réputées absentes de la [[mer Baltique]], des baleines à bosse ont été observées en juillet 2006 au large de la [[Finlande]].


Les effectifs de baleines à bosse semblent se reconstituer plus facilement que ceux des autres grandes baleines. La population est passée d’un minimum de {{unité|20000|individus}} au moratoire de 1986 à environ {{formatnum:35000}} aujourd’hui. Par comparaison les populations de [[baleine bleue]] sont restées autour de {{nombre|3000|individus}} pendant la même période. On estime à {{formatnum:11600}} les baleines à bosse dans l’[[Océan Atlantique|Atlantique]] Nord, {{formatnum:7000}} dans le [[Océan Pacifique|Pacifique]] Nord et au moins {{formatnum:17000}} dans l’[[hémisphère sud]]. La dernière évaluation de l'[[Union internationale pour la conservation de la nature|UICN]] indique un passage au statut de préoccupation mineure, à l'exception de deux [[sous-espèce]]s, la baleine à bosse d’[[Océanie]] et celle du golfe Persique<ref>[http://www.universnature.com/inf/inf_actualite1.cgi?id=3309 Les baleines à bosse sauvées de l’extinction ?].</ref>.
[[Fichier:Humpback flipper.jpg|right|thumb|250px|Certains pensent que les claquements de nageoires pourraient servir à tétaniser les poissons pour les capturer plus facilement]]Les sites d’observation comprennent par exemple la côte pacifique américaine au large de l’État de [[État de Washington|Washington]], de [[île de Vancouver|Vancouver]] et de l’[[Alaska]], le [[Golfe de Gascogne]] en [[France]], la Baie de Byron au large de [[Sydney]], la [[Nouvelle-Angleterre]], la presqu’île de Snaefelsnes à l’ouest de l’[[Islande]], le [[Golfe du St-Laurent]] au [[Québec]], le Golfe de Guinée le long du cotes du Gabon, etc. La baleine à bosse est très populaire car elle saute régulièrement, et manifeste une variété d’autres comportements sociaux qui peuvent captiver le public.


=== Observation ===
Comme les autres cétacés, les mères sont le plus souvent extrêmement protectrices envers leur petit et cherchent donc à se placer entre toute embarcation et le baleineau avant de s’éloigner vivement. Les opérateurs touristiques sont donc invités à suivre un code de bonne conduite, pour éviter de [[stress]]er les mères inutilement.


Les baleines à bosse sont généralement curieuses des objets de leur environnement. Elles s’approchent souvent volontiers des bateaux et tournent autour. Elle a fait des baleines à bosse un support du [[tourisme]] d’observation des baleines (''[[Observation des baleines|whale watching]]'') dans beaucoup d’endroits autour du monde depuis les années 1990.
Une baleine à bosse [[albinisme|albinos]], présumée née en 1990, qui voyage régulièrement le long de la côte est de l’[[Australie]] est devenue célèbre dans les média locaux à cause de sa couleur très rare. On l’a appelée Migaloo (en langue [[aborigènes d'Australie|aborigène]] le « garçon blanc ») mais on a longtemps spéculé sur son [[sexe]], jusqu’en juin 2004 quand il a trouvé une compagne et prouvé qu’il était bien un mâle. À cause du grand intérêt porté à cet individu, les environnementalistes ont craint qu’il ne devienne perturbé par le grand nombre de bateaux qui le suivaient chaque jour. Le gouvernement du [[Queensland]] a alors ordonné une zone d’exclusion de {{unité|500|mètres}} autour de l’animal.


[[Fichier:Humpback flipper.jpg|thumb|250px|Certains pensent que les claquements de nageoires pourraient servir à tétaniser les poissons pour les capturer plus facilement]]Les sites d’observation comprennent par exemple la côte pacifique américaine au large de l’État de [[Washington (État)|Washington]], de [[île de Vancouver|Vancouver]] et de l’[[Alaska]], le [[golfe de Gascogne]] en [[France]], la baie de Byron au large de [[Sydney]], la [[Nouvelle-Angleterre]], la presqu’île de Snaefelsnes et surtout la baie de [[Skjálfandi]] à [[Húsavík]] en [[Islande]], le [[golfe du Saint-Laurent]] au [[Québec]], le [[golfe de Guinée]] le long des côtes du [[Gabon]], l'[[île Sainte-Marie]] sur la côte est de [[Madagascar]], l’[[La Réunion|Île de la Réunion]] (surtout depuis 2008), à [[Mayotte]], etc. La baleine à bosse est très populaire car elle saute régulièrement, et manifeste une variété d’autres comportements sociaux qui peuvent captiver le public.
== Recherche ==
[[Fichier:W Buckelwale Gruppe.jpg|left|thumb|Un groupe nage le long d'une côte australienne]]
Bien que l’on connût parfaitement l’anatomie des baleines à bosse suite aux captures des baleiniers, les phénomènes de migrations et le comportement social de l’espèce n’ont été réellement décrits que dans les années 1960 grâce à deux études séparées, pionnières en la matière, celle de R. Chittleborough et celle de W.H. Dawbin.


Comme les autres cétacés, les mères sont le plus souvent extrêmement protectrices envers leur petit et cherchent donc à se placer entre toute embarcation et le baleineau avant de s’éloigner vivement. Les opérateurs touristiques sont donc invités à suivre un code de bonne conduite, pour éviter de [[stress]]er les mères inutilement.
Roger Payne et Scott McVEy ont étudié l’espèce en 1971. Leur analyse des chants a attiré l’intérêt mondial des media sur l’espèce et amené le public à l’idée d’une haute intelligence de l’animal. Cette impression est probablement incorrecte, mais a contribué néanmoins à soutenir les mouvements d’opposition à la chasse à la baleine dans de nombreux pays


Une baleine à bosse [[albinisme|albinos]], présumée née en 1990, qui voyage régulièrement le long de la côte est de l’[[Australie]] est devenue célèbre dans les médias locaux à cause de sa couleur très rare. On l’a appelée [[Migaloo]] (en langue [[aborigènes d'Australie|aborigène]] le « garçon blanc ») mais on a longtemps spéculé sur son [[sexe]], jusqu’en juin 2004 quand il a trouvé une compagne et prouvé qu’il était bien un mâle. À cause du grand intérêt porté à cet individu, les environnementalistes ont craint qu’il ne devienne perturbé par le grand nombre de bateaux qui le suivaient chaque jour. Le gouvernement du [[Queensland]] a alors ordonné une zone d’exclusion de {{unité|500|mètres}} autour de l’animal.
Les scientifiques réalisant que les motifs de la nageoire caudale pouvaient caractériser un individu, la baleine à bosse est devenue la baleine la plus étudiée car les autres espèces ne possédaient pas un tel moyen d’identification. Une étude, s’appuyant sur des données de 1973 à 1988 d'animaux de l’Atlantique Nord a fourni des informations détaillées sur les durées de gestation, de sevrage, sur les vitesses de croissance, etc. On a pu modéliser précisément les dynamiques de population comme si l’on avait utilisé des techniques de capture et de marquage. Un catalogue photographique répertoriant toutes les baleines connues de l’Atlantique Nord a été mis en place à cette période ; il est suivi aujourd’hui par le Wheelock College<ref>{{Lien web|url=http://whale.wheelock.edu/whalenet-stuff/humpcat.html|titre=Whalenet Data Search|éditeur=Wheelock College|auteur=Williamson JM|date=2005|accessdaymonth=[[03 April]]|accessyear=[[2007]]}}</ref>. Des projets similaires ont débuté dans le Pacifique Nord et dans d’autres régions du globe.


== Fictions ==
=== Recherche ===
[[Fichier:W Buckelwale Gruppe.jpg|vignette|Un groupe nage le long d'une côte australienne]]
* Dans ''[[Moby Dick]]'', un [[roman (littérature)|roman]] dont le protagoniste principal est un [[grand cachalot|cachalot]], l'auteur [[Herman Melville]] décrit la baleine à bosse comme ''“la plus joueuse et la plus joyeuse de toutes les baleines, brassant l’eau et faisant de l’écume plus que n’importe quelle autre”''.
Bien que l’on connaisse parfaitement l’anatomie des baleines à bosse à la suite des captures des baleiniers, les phénomènes de migrations et le comportement social de l’espèce n’ont été réellement décrits que dans les années 1960 grâce à deux études séparées, pionnières en la matière, celle de R. Chittleborough et celle de W.H. Dawbin.


Roger Payne et Scott McVEy ont étudié l’espèce en 1971. Leur analyse des chants a attiré l’intérêt mondial des médias sur l’espèce et amené le public à l’idée d’une haute intelligence de l’animal. Cette impression a contribué à soutenir les mouvements d’opposition à la chasse à la baleine dans de nombreux pays
* L’extinction des baleines à bosse est un des éléments centraux du film ''[[Star Trek IV : Retour sur Terre]]''. Dans le [[scénario]], une sonde inconnue d'origine [[extraterrestre]] s'approche de la [[Terre]] au {{XXIIIe siècle}} et essaye d’entrer en communication avec les baleines, dont « ils » auraient noué un dialogue avec, depuis des temps reculés... <br /> Mais comme les baleines avaient disparu au {{XXIe siècle}} (d’après [[Spock (Star Trek)|Spock]]), la tentative de contact échoue. L’insistance des « visiteurs » s’avère alors menaçante pour la Terre, la sonde émettant un rayonnement ionisant toute l'atmosphère et coupant toute communication humaine. Pour empêcher le pire, l’équipage de l’''[[Enterprise NCC-1701|Enterprise]]'', à bord d'un vaisseau sidéral volé aux [[Klingon]]s lors de ''[[Star Trek III : À la recherche de Spock|Star Trek III]]'', remonte le temps jusqu'au {{XXe siècle}} pour en ramener un couple de baleines à bosse, et sauver la Terre de la destruction.

Les scientifiques réalisant que les motifs de la nageoire caudale pouvaient caractériser un individu, la baleine à bosse est devenue la baleine la plus étudiée car les autres espèces ne possédaient pas un tel moyen d’identification. Une étude, s’appuyant sur des données de 1973 à 1988 d'animaux de l’Atlantique Nord a fourni des informations détaillées sur les durées de gestation, de sevrage, sur les vitesses de croissance, etc. On a pu modéliser précisément les dynamiques de population comme si l’on avait utilisé des techniques de capture et de marquage. Un catalogue photographique répertoriant toutes les baleines connues de l’Atlantique Nord a été mis en place à cette période ; il est suivi aujourd’hui par le Wheelock College<ref>{{lien web|url=http://whale.wheelock.edu/whalenet-stuff/humpcat.html|titre=Whalenet Data Search|éditeur=Wheelock College|auteur=Williamson JM|date=2005|consulté le=[[2007]]|brisé le = 2023-10-27}}.</ref>. Des projets similaires ont débuté dans le Pacifique Nord et dans d’autres régions du globe.

Dans l'est de [[Madagascar]], à l'[[Île Sainte-Marie|ile Sainte-Marie]], une région propice à l'observation des baleines à bosse pendant leur saison de reproduction. [[Anjara Saloma]] et son équipe mènent des recherches sur la communication acoustique entre les baleines à bosse et leurs baleineaux. Leur étude se concentre sur les sons sociaux capturés dans les enregistrements acoustiques des groupes mère-baleineau, en analysant les vocalisations des femelles et de leurs petits lors des interactions mère-jeune. En identifiant les sons les plus fréquents du répertoire vocal, l'équipe a entrepris d'analyser la source des sons de basse fréquence produits par les mères, tout en mettant en évidence l'individualité de certaines vocalisations spécifiques à chaque mère et son baleineau<ref>{{Ouvrage|prénom1=Anjara|nom1=Saloma|titre=Humpback whales (Megaptera novaeangliae) mother-calf interactions|éditeur=Université Paris-Saclay (ComUE)|date=2018-06-15|lire en ligne=https://theses.fr/2018SACLS138|consulté le=2024-05-16}}</ref>.

=== Dans la culture ===
Les baleines à bosse apparaissent dans les récits des marins de tous les temps. Le spectacle de ces gigantesques créatures bondissant hors de l’eau était sans doute fascinant, peut-être même effrayant. La baleine à bosse est probablement pour partie à l’origine des mythes marins de monstres et de [[sirène]]s qui charment par leurs chants les navigateurs et les entraînent dans les eaux jusqu’à la mort.

* Dans ''[[Star Trek 4 : Retour sur Terre]]'', l’extinction des baleines à bosse est un des éléments centraux du film, une sonde inconnue d'origine [[Vie extraterrestre|extraterrestre]] s'approche de la [[Terre]] au {{XXIIIe siècle}} et essaye d’entrer en communication avec les baleines, avec lesquelles « ils » auraient noué un dialogue depuis des temps reculés... <br /> Mais comme les baleines avaient disparu au {{XXIe siècle}} (d’après [[Spock (Star Trek)|Spock]]), la tentative de contact échoue. L’insistance des « visiteurs » s’avère alors menaçante pour la Terre, la sonde émettant un rayonnement ionisant toute l'atmosphère et coupant toute communication humaine. Pour empêcher le pire, l’équipage de l’{{USS|Enterprise|NCC-1701}}, à bord d'un vaisseau sidéral volé aux [[Klingon]]s lors de ''[[Star Trek 3 : À la recherche de Spock|Star Trek III]]'', remonte le temps jusqu'au {{XXe siècle}} pour en ramener un couple de baleines à bosse, et sauver la Terre de la destruction.
* Dans son [[roman (littérature)|roman]] de 1878 ''[[Un capitaine de quinze ans]]'', [[Jules Verne]] décrit la jubarte et sa chasse.
* Dans la série télévisée [[Océane (série télévisée)|Océane]], une baleine à bosse mâle nommée "Jarli" ("Charley" dans la version originale) est la compagne de l'héroïne Néri.


== Notes et références ==
== Notes et références ==
{{Traduction/Référence|en|Humpback Whale|23455113}}
{{Traduction/Référence|en|Humpback Whale|23455113}}
{{Références}}
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== Voir aussi ==
== Annexes ==
{{Autres projets
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|wikispecies=Megaptera novaeangliae
|wiktionary=baleine à bosse
}}
{{Article audio|fichier 1=Fr-baleine_a_bosse.ogg|date=4 avril 2011|oldid=63364918}}
=== Bibliographie ===
=== Bibliographie ===
* {{en}} ''Temporal variability in features used to photo-identify humpback whales (Megaptera novaeangliae)''. Blackmer, A. L., S. K. Anderson and M. T. Weinrich. 2000. Marine Mammal Science 16:338–354.
* {{en}} ''The Emergence of Whales: Evolutionary patterns in the Origin of Cetacea. J.G.M. Thewissen (ed). Plenum, New York.''
* {{en}} ''The Emergence of Whales: Evolutionary patterns in the Origin of Cetacea. J.G.M. Thewissen (ed). Plenum, New York.''
* {{en}} ''Humpback Whales''. Phil Clapham. 1996. {{ISBN|0948661879}}
* {{en}} ''Humpback Whales''. Phil Clapham. 1996. {{ISBN|0948661879}}
* {{en}} ''Humpback Whale''. Phil Clapham. {{p.}}589–592 in the ''Encyclopedia of Marine Mammals''. {{ISBN|0125513402}}
* {{en}} ''Humpback Whale''. Phil Clapham. {{p.}}589–592 in the ''Encyclopedia of Marine Mammals''. {{ISBN|0125513402}}
* {{en}} ''National Audubon Society Guide to Marine Mammals of the World''. Reeves, Stewart, Clapham and Powell. {{ISBN|03755411410}}
* {{en}} ''National Audubon Society Guide to Marine Mammals of the World''. Reeves, Stewart, Clapham and Powell. {{ISBN|0375411410}}
* {{en}} ''Dynamics of two populations of the humpback whale''. R. G. Chittleborough. ''Australian Journal of Maritime and Freshwater Resources'' 16: 33–128.
* {{en}} ''Dynamics of two populations of the humpback whale''. R. G. Chittleborough. ''Australian Journal of Maritime and Freshwater Resources'' 16: 33–128.
* {{en}} ''The seasonal migratory cycle of humpback whales''. W. H. Dawbin. In K.S. Norris (ed), ''Whales, Dolphins and Porpoises''. University of California Press.
* {{en}} ''The seasonal migratory cycle of humpback whales''. W. H. Dawbin. In K.S. Norris (ed), ''Whales, Dolphins and Porpoises''. University of California Press.
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=== Références taxonomiques ===
=== Références taxonomiques ===
* {{ADW|Megaptera_novaeangliae|''Megaptera novaeangliae'' }}
* {{ADW|Megaptera_novaeangliae|''Megaptera novaeangliae''}}
* {{ITIS|180530|''Megaptera novaeangliae'' (Borowski, 1781) }}
* {{CatalogueofLife | 3YWY2 | ''Megaptera novaeangliae'' (Borowski, 1781) | consulté le=15 décembre 2020 }}
* {{MSW|14300027|Megaptera novaeangliae Borowski, 1781 }}
* {{INPN|60867|''Megaptera novaeangliae'' (Borowski, 1781)|consulté le=10 juillet 2014}}
* {{NCBI|9773|''Megaptera novaeangliae'' }}
* {{ITIS|180530|''Megaptera novaeangliae'' (Borowski, 1781)}}
* {{TPDB|70685|''Megaptera novaeangliae'' (Brisson 1762) }}
* {{MSW|14300027|Megaptera novaeangliae Borowski, 1781}}
* {{Tolweb|Megaptera novaeangliae }}
* {{NCBI|9773|''Megaptera novaeangliae''}}
* {{WRMS espèce|137092|Megaptera novaeangliae|(Borowski, 1781) }}
* {{TPDB|70685|''Megaptera novaeangliae'' (Brisson 1762)}}
* {{Catalogueoflife espèce|5204011|Megaptera novaeangliae|(Borowski, 1781)}}
* {{Tolweb|Megaptera novaeangliae}}
* {{WRMS espèce|137092|Megaptera novaeangliae|(Borowski, 1781)}}


=== Liens externes ===
=== Liens externes ===
* {{Autorité}}
* {{ARKive GES|mammals|Megaptera|novaeangliae}}
* {{Dictionnaires}}
* {{CITES espèce|animal|Megaptera|novaeangliae}}
* {{Bases}}
* {{CITES fr|4382|''Megaptera novaeangliae'' }}
* {{UICN|13006|''Megaptera novaeangliae'' (Borowski, 1781) }}
* {{CITES species+|3052|Megaptera novaeangliae|(Borowski, 1781)|consulté le=15 mai 2015}}
* {{CITES fr|4303|''Megaptera novaeangliae''|consulté le=15 mai 2015}}
* {{UICN|13006|''Megaptera novaeangliae''|consulté le=15 mai 2015}}
* {{fr}} [http://www.cetaces.org Le Groupe de Recherche sur les Cétacés]
* {{fr}} [http://www.cetaces.org Le Groupe de Recherche sur les Cétacés]
* {{lien web|url=http://recherchespolaires.veille.inist.fr/spip.php?article357|site=recherches polaires|titre=La migration des baleines à bosse dans l’océan Austral|éditeur=[[CNRS]]|date=4/09/2008}}
* {{lien web|url=http://recherchespolaires.veille.inist.fr/spip.php?article357|site=recherches polaires|titre=La migration des baleines à bosse dans l’océan Austral|éditeur=[[Centre national de la recherche scientifique|CNRS]]|date=4 septembre 2008|brisé le = 2023-10-27}}
{{Autres projets
|commons=Category:Megaptera novaeangliae
|species=Megaptera novaeangliae}}
* sur le site officiel du [http://www.pac.dfo-mpo.gc.ca/comm/publications/whalesdpbook/featuredspecies/humpbackwhale_f.htm Ministère des Pêches et des Océans du Canada]
* sur le site officiel du [http://www.pac.dfo-mpo.gc.ca/comm/publications/whalesdpbook/featuredspecies/humpbackwhale_f.htm Ministère des Pêches et des Océans du Canada]
* [http://www.cetace.info/baleine_a_bosse.php Fiche détaillée de la baleine à bosse du site cétacé.info]
* [http://www.cetace.info/baleine_a_bosse.php Fiche détaillée de la baleine à bosse du site cétacé.info]
* [http://operationcetaces.lagoon.nc/ Opération cétacés Nouvelle-Calédonie]
* [http://operationcetaces.lagoon.nc/ Opération cétacés Nouvelle-Calédonie]
* CetaMada[http://www.cetamada.com/ Association pour la protection des mammifères marins autour de Madagascar, recrutement d'ecovolontaires pour accompagner les safaris baleines et faire respecter le code d'approche]
* CetaMada [http://www.cetamada.com/ Association pour la protection des mammifères marins autour de Madagascar, recrutement d'ecovolontaires pour accompagner les safaris baleines et faire respecter le code d'approche]
* [http://www.horizo.com/madagascar/madagascar_baleines.php Les baleines à bosse]
* [http://www.horizo.com/madagascar/madagascar_baleines.php Les baleines à bosse]
* [http://www.baleinomane.net/ Baleines de la Polynésie Française]
* [http://www.baleinomane.net/ Baleines de la Polynésie Française]
* [http://www.jeb.photo.free.fr/galerie.php?galerie=baleines Photos de Baleines à bosse - Source Jean Buet]
* [http://www.jeb.photo.free.fr/galerie.php?galerie=baleines Photos de Baleines à bosse - Source Jean Buet]


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Megaptera novaeangliae · Mégaptère, Jubarte, Rorqual à bosse

La baleine à bosse, mégaptère, jubarte ou, au Canada francophone, rorqual à bosse[1],[2] (Megaptera novaeangliae) est une espèce de cétacés à fanons. Elle mesure habituellement environ 14 mètres de long et pèse en moyenne 30 tonnes. La baleine à bosse peut effectuer des sauts spectaculaires hors de l’eau. Ses nageoires pectorales sont de grande taille contrairement à celles des autres cétacés et son chant très élaboré est aussi une de ses caractéristiques. Elle vit dans les océans et les mers du monde entier. Elle est un sujet privilégié pour le tourisme d’observation des baleines.

Description

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Mensurations et longévité

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Comparaison de la taille d'une baleine à bosse adulte avec celle d'un humain

Les baleines à bosse adultes atteignent en général une longueur comprise entre 13 et 15 mètres, parfois jusqu'à 17 mètres et pèsent en moyenne 30 tonnes[3]. Les femelles sont plus grosses que les mâles[4]. Les femelles portent un lobe (qui fait défaut chez les mâles) d’environ 15 centimètres de diamètre dans leur région génitale. Cela permet de distinguer les mâles des femelles si l’on peut voir le dessous de la baleine, car le pénis du mâle reste en revanche presque toujours caché dans la fente génitale. Les baleines mettent généralement bas tous les deux ou trois ans. La gestation dure onze mois environ[4]. Il arrive parfois que certaines femelles se reproduisent deux années de suite.

Le baleineau mesure dès la naissance 4 à 4,5 mètres et pèse environ 700 kilogrammes. Il est exclusivement allaité par sa mère pendant les six premiers mois, puis il continue à être allaité tout en commençant à se nourrir par lui-même pendant les six mois suivants. Les baleineaux quittent leur mère au début de leur seconde année, quand ils mesurent classiquement 9 mètres de longueur.

Les juvéniles peuvent atteindre la maturité sexuelle vers l’âge de cinq ans[4], allant jusqu'à 10 ans[5]. La taille adulte définitive est atteinte entre 8 et 12 ans[6], après la maturité sexuelle. Celle-ci est communément de 15 à 16 mètres pour les mâles et de 16 à 17 mètres pour les femelles, pour un poids de 40 tonnes. Le plus grand spécimen découvert mesurait 19 mètres et ses nageoires pectorales 6 mètres[7]. Certaines sources parlent même d'un spécimen de 27 mètres pour 90 tonnes tué aux caraïbes, bien que ce record demeure invérifiable[8]. Les baleines à bosse peuvent vivre de 40 à 60 ans[9].


Morphologie générale

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Les tubercules de la tête caractérisent la baleine à bosse

La baleine à bosse est facilement reconnaissable à de nombreux critères. Son corps est massif. Le dessus de l’animal est entièrement noir avec parfois quelques traces blanches ou grises qui sont souvent des cicatrices. Le ventre est plutôt blanchâtre. La tête et la mâchoire inférieure sont couvertes de petites protubérances appelées tubercules, qui sont en fait des follicules pileux et sont caractéristiques de l’espèce.

La grande nageoire caudale, noire et blanche, sort largement hors de l’eau quand la baleine plonge en profondeur. Le bord postérieur de cette nageoire est ondulé[10]. Les motifs sur la face ventrale de cette nageoire sont propres à chaque individu et ne changent pas au cours de la vie. Ils servent notamment à leur identification individuelle[11],[12].

La forme de l'ondulation, les taches noires et blanches, les cicatrices de la nageoire caudale sont propres à chaque individu

Chaque nageoire pectorale peut atteindre jusqu'au tiers de la longueur du corps. C'est beaucoup plus que chez n'importe quel autre cétacé. Pour expliquer cette nette différence de longueur, plusieurs hypothèses ont été suggérées. Il pourrait s'agir d'un avantage évolutif significatif assurant une meilleure manœuvrabilité. Cela pourrait aussi permettre, grâce à une plus grande surface de contact, de mieux réguler la température interne lors des migrations entre les zones de climat chaud et celles de climat froid. Chez les baleines à bosse vivant dans l'océan Atlantique, ces nageoires sont blanches alors qu'une baleine vivant dans l'océan Pacifique a des nageoires pectorales plutôt sombres.

Quand la baleine à bosse fait surface et expulse par son évent l'air provenant des poumons, le souffle provoque un nuage pouvant atteindre 3 mètres, en forme de chou-fleur.

L’aileron dorsal, trapu, apparaît hors de l'eau peu après l'émission de ce souffle. Il continue à être visible quand l'animal fait le dos rond pour amorcer une plongée, mais disparaît avant que la nageoire caudale émerge.

Comme les autres balénoptéridés, la baleine à bosse possède des sillons ventraux et des fanons. Les sillons sont en fait des replis qui courent parallèlement entre eux de la mâchoire inférieure jusqu’au nombril (à peu près jusqu'à la moitié du ventre de l’animal). Ils permettent un très large déploiement de la gueule (un peu à la façon dont s'ouvre un accordéon). D'un nombre généralement compris entre 16 et 20, ils sont moins nombreux et aussi moins prononcés que chez les autres rorquals. Les fanons sont des productions cornées de la lèvre qui filtrent et retiennent les proies alimentaires. La baleine à bosse possède 270 à 400 fanons de couleur sombre disposés de chaque côté de la bouche.

Écologie et comportement

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Organisation et comportement sociaux

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Les baleines à bosse sont migratrices. Pendant l'été, elles fréquentent les eaux froides polaires et subpolaires à la recherche de nourriture. Pendant l'hiver, elles rejoignent les eaux chaudes tropicales et subtropicales pour s'accoupler et se reproduire[13]. Bien qu'on puisse les rencontrer en plein océan pendant leurs transits ou près des monts sous-marins, on les observe le plus souvent au-dessus des plateaux continentaux[14].

Leur organisation sociale est assez lâche. Habituellement, les individus vivent seuls ou s'assemblent en groupes transitoires pour quelques heures. En été, ces groupes peuvent se maintenir plus longtemps à l'effet de coopérer pour chasser les crustacés ou les poissons. Des relations durables de plusieurs mois ou même plusieurs années, de couples ou de petits groupes, ont été décrites, mais elles sont rares.

De grands rassemblements (jusqu'à 200 animaux) sont parfois observés. Ceux-ci ont notamment été documentés en 2011, 2014 et 2015 au large de l'Afrique du Sud. On ignore s'il s'agit d'un comportement ancien réapparu à la faveur du moratoire sur la chasse à la baleine et de la reconstitution progressive des populations (celles des baleines à bosse avaient diminué d'environ 90 %) ou s'il s'agit d'une adaptation récente à des changements dans la disponibilité des proies[15].

En raison de son extension mondiale, l'aire de répartition des baleines à bosse recouvre celles de nombreuses espèces de cétacés. Il n'est pas extraordinaire d'observer des baleines à bosse côtoyer d’autres dauphins ou baleines, par exemple des baleines de Minke[16], mais les interactions sociales sont très limitées.

Des scientifiques ont observé que cette espèce de cétacés, en particulier, avait un comportement assez singulier : on a vu par exemple en Californie un groupe de baleines à bosse protéger une baleine grise et son petit d'un groupe d'épaulards, ceux-ci ont malgré tout réussi à achever le baleineau[17].

Cycle de vie et reproduction

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La maturité sexuelle est atteinte entre 5 et 10 ans, ou à une longueur de 11 mètres chez le mâle, et de 12 mètres chez la femelle. L'accouplement s'effectue en eaux tropicales ou chaudes (supérieures à 20 °C) tandis que la gestation qui suit est d'un an.

La mise bas se fait elle aussi en eaux chaudes.

Le baleineau est sevré du très riche lait de sa mère au bout d'environ 10 à 12 mois, au bout desquels il aura doublé voire triplé en poids et en taille. Cependant, il n'est réellement indépendant de sa mère qu'au bout de 5 à 6 ans. Durant toute cette période, il reste près de sa mère ou dans le groupe de celle-ci, et apprend à parfaire sa technique de pêche et à reconnaître les dangers et à s'en tenir éloigné. C'est à cet âge-là aussi qu'il devient suffisamment gros et grand pour ne plus être une proie facile pour les orques.

Les parades nuptiales se déroulent pendant l’hiver en eaux plus chaudes. La compétition entre mâles est souvent intense. Des groupes de mâles de deux à douze, voire vingt individus se rassemblent autour d’une seule femelle et se livrent à des exhibitions variées pour établir la domination. La joute dure plusieurs heures et la taille du groupe fluctue avec les départs de mâles dépités ou les arrivées de nouveaux prétendants. Les parades réalisées comprennent des sauts qui peuvent atteindre 5 m, des dressements verticaux, des frappements de l’eau avec les nageoires (pectorales ou caudale), des charges et des esquives. On présume que les chants jouent également un rôle important dans cette compétition, mais les spécialistes ne savent pas s’ils servent aux mâles pour s’identifier et se comparer, s’ils sont un appel à l’accouplement entre le mâle et la femelle, ou les deux. Toutes ces manifestations vocales et physiques ont aussi été observées en l’absence de partenaires potentielles et constituent aussi probablement des outils généraux de communication.

Alimentation

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Deux baleines usant de leur gueule comme d'une épuisette pour se nourrir.
Vue aérienne d'un filet de bulles.

L’espèce se nourrit exclusivement pendant l’été et vit sur ses réserves de graisse pendant l’hiver. C’est un prédateur actif qui chasse ses proies. Les baleines à bosse de l'hémisphère sud se nourrissent principalement de krill, celles de l'hémisphère nord recherchent les bancs de petits poissons[14] tels les harengs, les capelans, les sardines ou les lançons[18],[19],[20], usant de l’attaque directe ou étourdissant leurs proies en frappant l’eau avec leurs nageoires.

La technique de pêche la plus originale des baleines à bosses est certainement celle du filet de bulles. Plusieurs baleines forment un groupe, nagent rapidement autour et au-dessous d’un banc de poissons et larguent de l’air par leurs évents. Les bulles forment une barrière visuelle qui confine le banc dans un espace de plus en plus restreint[21]. Soudain, les baleines se précipitent vers le haut à travers le rideau de bulles, gueule grande ouverte, avalant des milliers de poissons d’une seule goulée. Le diamètre du filet à bulles peut atteindre 30 m et nécessiter la coopération de jusqu'à douze animaux[22].

Avec la raréfaction des harengs au large de Boston dans les années 1980, les baleines à bosse ont adopté une nouvelle technique de pêche pour se nourrir de lançons, espèces d'anguilles des sables de la côte est des États-Unis qui viennent frayer dans le secteur. Pratiquée par près de 40 % de la population locale qui se transmet ce comportement par son réseau social, cette tactique de chasse consiste à frapper la surface de l'eau avec la face ventrale de leur nageoire caudale (lobtail feeding) de manière répétée, suivie par une séquence de capture avec un filet de bulles[23].

Baleines à bosse.
Chant d'une baleine à bosse auprès des iles Vavaʻu.

Les baleines à bosse sont autant réputées pour leurs acrobaties que pour leurs longs chants complexes. Elles émettent pendant des heures, parfois des jours, des motifs de notes graves qui varient d’amplitude et de fréquence, en répétant des séquences cohérentes et emboîtées. Les baleines ne chantent que pendant la saison d’accouplement : on suppose donc qu’il s’agit de chants de séduction. On notera aussi que le chant personnel d’une baleine évolue lentement au cours des années et ne revient jamais à la même séquence de notes même après des décennies[24].

L'orque s’attaque régulièrement à la baleine à bosse, plus spécifiquement aux baleineaux. Dans leur souci de défendre leur progéniture, il n'est pas rare que les mères s’en sortent avec quelques cicatrices sans toutefois toujours réussir à sauvegarder leur baleineau[25].

Il y a également eu des cas d'attaques de grand requin blanc et de requin de sable sur des baleines à bosse[26] .

Systématique

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Histoire évolutive

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Les études moléculaires les plus récentes indiquent que les premières baleines s’alimentant par filtration (dont sont issues les baleines à bosse) sont apparues à la fin de l’Éocène il y a 35 à 36 Ma. Les espèces ont ensuite peu évolué pendant une longue période. Une nouvelle phase de spéciation est alors survenue au milieu du Miocène, il y a 12 à 15 Ma. On ne sait pas si les premières baleines à bosse datent de cette époque.

Les résultats d’analyse moléculaire montrent cependant que les lignées de la baleine bleue et du rorqual commun se sont séparées il y a plus de 5 millions d’années et que la baleine à bosse s’était déjà différenciée. On peut en conclure que la baleine à bosse est une espèce vieille de 5 à 12 Ma. L’étude des fossiles ne permet pas de préciser ce chiffre car les fossiles de cétacés au-delà de 2,5 Ma sont très fragmentaires.

La baleine à bosse est le seul représentant actuel du genre Megaptera, constituant sa propre sous-famille des Megapterinae dans la famille des Balaenopteridae (ou Balaenoptiidae) qui comprend 8 autres espèces de baleines. Cette baleine a pour la première fois été identifiée sous le nom de « baleine de la Nouvelle Angleterre » par Mathurin Jacques Brisson dans Regnum Animale paru en 1756. En 1781, le naturaliste allemand Georg Heinrich Borowski l'a décrite pour la première fois à partir d'observations faites en Nouvelle-Angleterre et lui donne pour nom scientifique la traduction latine du nom donné par Brisson : Balaena novaeangliae. Dès le début du XIXe siècle, Bernard-Germain de Lacépède replace cette espèce dans le genre des Balaenoptera sous le nom de jubartes. En 1846, John Edward Gray crée un nouveau genre monotypique de Megaptera à partir du grec mega-/μεγα- grande, et ptera/πτερα aile pour faire référence à ces grandes nageoires pectorales[27]. L'espèce est alors dénommée Megaptera longpinna. Remington Kellogg renomme l'espèce en Megaptera novaeangliae[28].

Répartition et habitat

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Répartition de la Baleine à bosse.

La baleine à bosse peut être retrouvée dans tous les océans et mers situés entre les parallèles 71 Nord, visible dans les fjords au nord de la Norvège lors de la reproduction des harengs, et 60 Sud[réf. souhaitée]

Les baleines à bosse sont observées notamment au large des côtes américaines de l'océan Pacifique au large de l’État de Washington, de l'île de Vancouver et de l’Alaska, au large de la Colombie dans le golfe de Tribugá où certaines viennent donner naissance pendant l’été, le golfe de Gascogne en France, dans la baie de Byron au large de Sydney, au large de la Nouvelle-Angleterre, au large de la presqu’île de Snæfellsnes et surtout dans la baie de Skjálfandi à Húsavík en Islande, dans le golfe du Saint-Laurent au Québec (une baleine étant même remontée de manière inédite jusqu'à Montréal en mai-juin 2020, provoquant la curiosité de la population et des scientifiques[29],[30],[31]), dans le golfe de Guinée le long des côtes du Gabon, à l'île Sainte-Marie sur la côte est de Madagascar, à La Réunion, ou encore à Mayotte[32].

Étymologie et dénomination

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En plongeant, la baleine montre sa bosse.

La bosse (au singulier) de la baleine à bosse fait référence à son dos car l'animal, avant de sonder (c’est-à-dire avant d'entreprendre une plongée), fait le dos rond (la « bosse ») nettement au-dessus de la surface de l'eau. Éventuellement, la bosse peut désigner l'aileron dorsal lui-même (anatomiquement une bosse) qui couronne la courbure du dos lors de ce mouvement[33].

Le fait que la baleine porte des tubercules sur la tête et la mâchoire, entraîne parfois un faux-sens et une orthographe incorrecte avec l'emploi du pluriel : baleine à bosses.

Mégaptère vient du grec. Ce nom vernaculaire signifie « grandes ailes » et fait référence aux nageoires pectorales particulièrement longues qui caractérisent la baleine à bosse.

L'autre nom vernaculaire issu de l'ancien français Gibbar, aujourd'hui peu employé et devenu jubarte, est apparenté au portugais jubarte ou à l'espagnol yubarta. Ce terme pourrait dériver du latin gibbus qui signifie « bosse »[34].

Les Canadiens francophones l'appellent aussi rorqual à bosse[35] Cette appellation a été retenue du fait que ces animaux, comme tous les rorquals, dont ils font partie, ont des sillons sur leurs gorges ainsi qu’une nageoire dorsale[36],[37].

La baleine à bosse et l'homme

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Une baleine à bosse échouée sur une plage de l'île Baranof (Alaska).

Chasse à la baleine

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Gravure du XVIIIe siècle, représentant un épisode de chasse à la baleine.

Le premier témoignage écrit de mise à mort d’une baleine à bosse date de 1608 au large de Nantucket. On a sans doute tué des baleines de cette espèce lorsque l’occasion s’en présentait bien avant cette date et on a continué à le faire ensuite à un rythme croissant au cours des siècles suivants. Au XVIIIe siècle, on a réalisé la valeur marchande des baleines à bosse, elles sont alors devenues des proies communes pour les baleiniers pendant de nombreuses années.

Au XIXe siècle, beaucoup de pays (en particulier les États-Unis) les chassaient en masse dans l’Océan Atlantique et dans une moindre mesure dans les océans Indien et Pacifique. L’introduction du harpon explosif à la fin du XIXe siècle a encore accéléré les prises. Avec l’ouverture des mers antarctiques en 1904, le déclin est devenu dramatique pour toutes les populations de baleines à bosse du monde.

Au cours du XXe siècle, au moins 200 000 baleines ont été capturées. La population globale a diminué de plus de 90 %. Pour empêcher l’extinction de l’espèce, un moratoire général sur la chasse des baleines à bosse a été institué en 1966. Il est toujours en vigueur aujourd’hui. Dans son livre sur les baleines à bosse Humpback Whales (1996), Phil Clapham, un scientifique du Smithsonian Institute, déclare que « cette destruction sans mesure d’une des plus magnifiques créatures de la Terre est l’un des plus grands de nos nombreux crimes contre l’environnement ».

Lorsqu’en 1966, les membres de la commission baleinière internationale ont décidé d’un moratoire pour les baleines à bosse, celles-ci étaient devenues tellement rares que leur chasse n’était plus rentable. On dénombrait alors historiquement 250 000 prises enregistrées, mais le vrai chiffre d’animaux tués est très certainement beaucoup plus important. L’Union soviétique était bien connue pour délibérément mentir sur ses chiffres, elle avait déclaré 2 710 prises alors qu'on pense maintenant qu’il y en a eu 48 000[38].

En 2004, une chasse limitée à quelques animaux est permise au large des îles de Saint-Vincent-et-les-Grenadines dans la mer des Caraïbes[39]. On pense que le quota autorisé ne met pas en danger la population locale.

Le Japon a contourné l'interdiction de la chasse à la baleine à bosse, en pratiquant des pêches à but « scientifique », durant de longues années. En , toutefois, le Japon a annoncé que les bateaux pêcheurs japonais allaient cesser la pêche de la baleine à bosse[40].

Au titre des chasses aborigènes de subsistance, la Commission baleinière internationale accorde aux populations autochtones de l'ouest du Groenland et aux habitants de Saint-Vincent-et-les-Grenadines des quotas de capture de baleines à bosse. Pour la période 2019-2025, ce quota est de 70 individus (en moyenne 10 par an avec un maximum annuel de 15) pour le Groenland et de 28 pour Saint-Vincent (en moyenne 4 par an)[41]. Au Groenland, les prises réelles s'étaient élevées entre 2010 (date officielle de reprise de la chasse) et 2018 à 61 (soit en moyenne 6,8 par an). Pendant la même période elles étaient de 15 à Saint-Vincent (en moyenne 1,7 par an)[42].

Populations et conservation

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Baleine à bosse, dans la baie de Platypus, Queensland, Australie.

On rencontre la baleine à bosse dans tous les océans, dans une large bande allant des latitudes 60° S à 65° N[43]. C’est une espèce migratrice, passant les étés dans les eaux froides des hautes latitudes, s’accouplant et se reproduisant dans les eaux tropicales ou subtropicales[24]. Avec des distances couramment parcourues de plus de 25 000 km par an, l’espèce détient des records parmi les mammifères. Faisant exception à la règle, les populations du golfe Persique ne migrent pas et restent dans des eaux chaudes toute l’année[24]. Il n’y a pas de baleines à bosse dans l’océan Arctique, ni dans la partie orientale de la mer Méditerranée. Alors qu'elles étaient réputées absentes de la mer Baltique, des baleines à bosse ont été observées en juillet 2006 au large de la Finlande.

Les effectifs de baleines à bosse semblent se reconstituer plus facilement que ceux des autres grandes baleines. La population est passée d’un minimum de 20 000 individus au moratoire de 1986 à environ 35 000 aujourd’hui. Par comparaison les populations de baleine bleue sont restées autour de 3 000 individus pendant la même période. On estime à 11 600 les baleines à bosse dans l’Atlantique Nord, 7 000 dans le Pacifique Nord et au moins 17 000 dans l’hémisphère sud. La dernière évaluation de l'UICN indique un passage au statut de préoccupation mineure, à l'exception de deux sous-espèces, la baleine à bosse d’Océanie et celle du golfe Persique[44].

Observation

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Les baleines à bosse sont généralement curieuses des objets de leur environnement. Elles s’approchent souvent volontiers des bateaux et tournent autour. Elle a fait des baleines à bosse un support du tourisme d’observation des baleines (whale watching) dans beaucoup d’endroits autour du monde depuis les années 1990.

Certains pensent que les claquements de nageoires pourraient servir à tétaniser les poissons pour les capturer plus facilement

Les sites d’observation comprennent par exemple la côte pacifique américaine au large de l’État de Washington, de Vancouver et de l’Alaska, le golfe de Gascogne en France, la baie de Byron au large de Sydney, la Nouvelle-Angleterre, la presqu’île de Snaefelsnes et surtout la baie de Skjálfandi à Húsavík en Islande, le golfe du Saint-Laurent au Québec, le golfe de Guinée le long des côtes du Gabon, l'île Sainte-Marie sur la côte est de Madagascar, l’Île de la Réunion (surtout depuis 2008), à Mayotte, etc. La baleine à bosse est très populaire car elle saute régulièrement, et manifeste une variété d’autres comportements sociaux qui peuvent captiver le public.

Comme les autres cétacés, les mères sont le plus souvent extrêmement protectrices envers leur petit et cherchent donc à se placer entre toute embarcation et le baleineau avant de s’éloigner vivement. Les opérateurs touristiques sont donc invités à suivre un code de bonne conduite, pour éviter de stresser les mères inutilement.

Une baleine à bosse albinos, présumée née en 1990, qui voyage régulièrement le long de la côte est de l’Australie est devenue célèbre dans les médias locaux à cause de sa couleur très rare. On l’a appelée Migaloo (en langue aborigène le « garçon blanc ») mais on a longtemps spéculé sur son sexe, jusqu’en juin 2004 quand il a trouvé une compagne et prouvé qu’il était bien un mâle. À cause du grand intérêt porté à cet individu, les environnementalistes ont craint qu’il ne devienne perturbé par le grand nombre de bateaux qui le suivaient chaque jour. Le gouvernement du Queensland a alors ordonné une zone d’exclusion de 500 mètres autour de l’animal.

Un groupe nage le long d'une côte australienne

Bien que l’on connaisse parfaitement l’anatomie des baleines à bosse à la suite des captures des baleiniers, les phénomènes de migrations et le comportement social de l’espèce n’ont été réellement décrits que dans les années 1960 grâce à deux études séparées, pionnières en la matière, celle de R. Chittleborough et celle de W.H. Dawbin.

Roger Payne et Scott McVEy ont étudié l’espèce en 1971. Leur analyse des chants a attiré l’intérêt mondial des médias sur l’espèce et amené le public à l’idée d’une haute intelligence de l’animal. Cette impression a contribué à soutenir les mouvements d’opposition à la chasse à la baleine dans de nombreux pays

Les scientifiques réalisant que les motifs de la nageoire caudale pouvaient caractériser un individu, la baleine à bosse est devenue la baleine la plus étudiée car les autres espèces ne possédaient pas un tel moyen d’identification. Une étude, s’appuyant sur des données de 1973 à 1988 d'animaux de l’Atlantique Nord a fourni des informations détaillées sur les durées de gestation, de sevrage, sur les vitesses de croissance, etc. On a pu modéliser précisément les dynamiques de population comme si l’on avait utilisé des techniques de capture et de marquage. Un catalogue photographique répertoriant toutes les baleines connues de l’Atlantique Nord a été mis en place à cette période ; il est suivi aujourd’hui par le Wheelock College[45]. Des projets similaires ont débuté dans le Pacifique Nord et dans d’autres régions du globe.

Dans l'est de Madagascar, à l'ile Sainte-Marie, une région propice à l'observation des baleines à bosse pendant leur saison de reproduction. Anjara Saloma et son équipe mènent des recherches sur la communication acoustique entre les baleines à bosse et leurs baleineaux. Leur étude se concentre sur les sons sociaux capturés dans les enregistrements acoustiques des groupes mère-baleineau, en analysant les vocalisations des femelles et de leurs petits lors des interactions mère-jeune. En identifiant les sons les plus fréquents du répertoire vocal, l'équipe a entrepris d'analyser la source des sons de basse fréquence produits par les mères, tout en mettant en évidence l'individualité de certaines vocalisations spécifiques à chaque mère et son baleineau[46].

Dans la culture

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Les baleines à bosse apparaissent dans les récits des marins de tous les temps. Le spectacle de ces gigantesques créatures bondissant hors de l’eau était sans doute fascinant, peut-être même effrayant. La baleine à bosse est probablement pour partie à l’origine des mythes marins de monstres et de sirènes qui charment par leurs chants les navigateurs et les entraînent dans les eaux jusqu’à la mort.

  • Dans Star Trek 4 : Retour sur Terre, l’extinction des baleines à bosse est un des éléments centraux du film, une sonde inconnue d'origine extraterrestre s'approche de la Terre au XXIIIe siècle et essaye d’entrer en communication avec les baleines, avec lesquelles « ils » auraient noué un dialogue depuis des temps reculés...
    Mais comme les baleines avaient disparu au XXIe siècle (d’après Spock), la tentative de contact échoue. L’insistance des « visiteurs » s’avère alors menaçante pour la Terre, la sonde émettant un rayonnement ionisant toute l'atmosphère et coupant toute communication humaine. Pour empêcher le pire, l’équipage de l’USS Enterprise (NCC-1701), à bord d'un vaisseau sidéral volé aux Klingons lors de Star Trek III, remonte le temps jusqu'au XXe siècle pour en ramener un couple de baleines à bosse, et sauver la Terre de la destruction.
  • Dans son roman de 1878 Un capitaine de quinze ans, Jules Verne décrit la jubarte et sa chasse.
  • Dans la série télévisée Océane, une baleine à bosse mâle nommée "Jarli" ("Charley" dans la version originale) est la compagne de l'héroïne Néri.

Notes et références

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  1. Annalisa Berta, Baleines et dauphins, Ulmer, , 288 p. (ISBN 978-2-84138-851-6, lire en ligne), p. 102
  2. « Megaptera novaeangliae | DORIS », sur doris.ffessm.fr (consulté le ).
  3. Guillaume Cottarel, Violaine Dulau, Laurent Mouysset, Julie Martin et Jean-Sébastien Philippe, Plan directeur de conservation en faveur des Baleines à bosse (Megaptera novaeangliae) fréquentant La Réunion (2018-2023), Ministère de la Transition écologique et solidaire (Direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement de La Réunion), Globice, Biotope, , 136 p. (lire en ligne [PDF]), p. 17.
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  5. Phillip J. Clapham, « Humpback Whale », dans Encyclopedia of Marine Mammals, Elsevier, (ISBN 9780123735539, lire en ligne), p. 582–585.
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Bibliographie

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Références taxonomiques

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Liens externes

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