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« Initiative de Mérida » : différence entre les versions

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[[Image:Doe-412-N411DE-070719-07-16.jpg|thumb|13 hélicoptères [[Bell 412]] ont été vendus au Mexique par les États-Unis dans le cadre du plan Mérida (dont au moins cinq au [[secrétariat de la Défense Nationale du Mexique]]<ref name=USEmb/>).]]
[[Image:Bell 412, U.S. Department of Energy, Mojave Airport, 2007.jpg|thumb|13 hélicoptères [[Bell 412]] ont été vendus au Mexique par les États-Unis dans le cadre du plan Mérida (dont au moins cinq au [[secrétariat de la Défense nationale du Mexique]]<ref name=USEmb/>).]]
L''''initiative de Mérida''' est un projet d'aide extérieure des [[États-Unis]] à destination du [[Mexique]] et d'autres pays d'[[Amérique centrale]] et des [[Caraïbes]]. Lancé en octobre 2007 par le [[Congrès des États-Unis]], ce plan, concrétisé par une loi du 30 juin 2008 promulguée sous l'[[administration Bush]], prend place dans le cadre de la [[campagne des États-Unis contre la toxicomanie|campagne des États-Unis contre l'usage de stupéfiants]] ainsi que les [[Lutte contre les narcotrafiquants au Mexique|opérations armées au Mexique contre les narco-trafiquants]], entamée en 2006 sous [[Felipe Calderón]].
L''''initiative de Mérida''' est un projet d'aide extérieure des [[États-Unis]] à destination du [[Mexique]] et d'autres pays d'[[Amérique centrale]] et des [[Caraïbes]]. Lancé en {{date-|octobre 2007}} par le [[Congrès des États-Unis]], ce plan, concrétisé par une loi du {{date-|30 juin 2008}} promulguée sous l'[[administration Bush]], prend place dans le cadre de la [[campagne des États-Unis contre la toxicomanie|campagne des États-Unis contre l'usage de stupéfiants]] ainsi que les [[Lutte contre les narcotrafiquants au Mexique|opérations armées au Mexique contre les narco-trafiquants]], entamée en 2006 sous [[Felipe Calderón]].


La majorité des fonds accordés visent à moderniser les forces militaires engagées dans les opérations contre le trafic de stupéfiants (près de 40 % des fonds accordés au Mexique sont versés aux forces armées), une minorité étant aussi versée afin de soutenir la réorganisation de la justice ou de sensibiliser les citoyens contre les stupéfiants. Dans ce cadre, une partie importante des fonds ne sort en fait jamais des États-Unis, puisqu'elle sert à acheter de l'équipement au [[complexe militaro-industriel des États-Unis]], qui est ensuite transféré aux pays bénéficiaires du plan.
La majorité des fonds accordés visent à moderniser les forces militaires engagées dans les opérations contre le trafic de stupéfiants (près de 40 % des fonds accordés au Mexique sont versés aux forces armées), une minorité étant aussi versée afin de soutenir la réorganisation de la justice ou de sensibiliser les citoyens contre les stupéfiants. Dans ce cadre, une partie importante des fonds ne sort en fait jamais des États-Unis, puisqu'elle sert à acheter de l'équipement au [[complexe militaro-industriel des États-Unis]], qui est ensuite transféré aux pays bénéficiaires du plan.

Le 8 septembre 2021, un nouvel accord bilatéral remplace cette initiative<ref>{{Article|langue=fr|titre=Washington et Mexico revisitent leur coopération antidrogue|périodique=Le Monde|date=2021-10-09|lire en ligne=https://www.lemonde.fr/international/article/2021/10/09/washington-et-mexico-revisitent-leur-cooperation-antidrogue_6097743_3210.html|consulté le=2022-01-28}}</ref>.


== Une création controversée ==
== Une création controversée ==


Les critiques désignent parfois ce projet comme le « plan Mexique », le comparant au [[plan Colombie]] qui a servi à soutenir les forces militaires voire paramilitaires dans la lutte contre les cartels. Un journaliste, [[Al Giordano]], fondateur de ''[[Narco News]]'', a noté que l'initiative était née dans un ranch près de [[Mérida]], appartenant au magnat [[Roberto Hernández Ramírez]], lui-même accusé par la presse locale d'implication dans le trafic de [[cocaïne]]<ref name=Giordano>{{en}} [http://www.bostonphoenix.com/archive/features/99/05/13/NARCO.html Clinton's Mexican narco-pals ; The untold story behind February's Yucatán summit redefines the enemy in the war on drugs] - [[Al Giordano]], ''[[The Phoenix (journal)|The Boston Phoenix]]'', 13 mai 1999</ref>. Ramírez avait en effet accueilli deux rencontres visant à organiser la coopération américano-mexicaine contre le trafic de stupéfiants, l'une en 1999, entre le président [[Bill Clinton]] et son homologue [[Ernesto Zedillo]], et l'autre en 2007, entre [[George W. Bush]] et le président [[Felipe Calderón]]<ref>{{en}} [http://www.narconews.com/Issue45/article2584.html Accused Narco Banker to Host Bush-Calderón Meeting in Yucatán] - [[Al Giordano]], ''[[Narco News]]'', 11 mars 2007</ref>.
Les critiques désignent parfois ce projet comme le « plan Mexique », le comparant au [[plan Colombie]] qui a servi à soutenir les forces militaires voire paramilitaires dans la lutte contre les cartels. Un journaliste, [[Al Giordano]], fondateur de ''[[Narco News]]'', a noté que l'initiative était née dans un ranch près de [[Mérida (Mexique)|Mérida]], appartenant au magnat [[Roberto Hernández Ramírez]], lui-même accusé par la presse locale d'implication dans le trafic de [[cocaïne]]<ref name=Giordano>{{lien web|langue=en|auteur1=[[Al Giordano]]|url=http://www.bostonphoenix.com/archive/features/99/05/13/NARCO.html|titre=Clinton's Mexican narco-pals ; The untold story behind February's Yucatán summit redefines the enemy in the war on drugs|périodique=[[The Phoenix (journal)|The Boston Phoenix]]|date=13 mai 1999}} </ref>. Ramírez avait en effet accueilli deux rencontres visant à organiser la coopération américano-mexicaine contre le trafic de stupéfiants, l'une en 1999, entre le président [[Bill Clinton]] et son homologue [[Ernesto Zedillo]], et l'autre en 2007, entre [[George W. Bush]] et le président [[Felipe Calderón]]<ref>{{lien web|langue=en|auteur1= [[Al Giordano]]|url=http://www.narconews.com/Issue45/article2584.html|titre=Accused Narco Banker to Host Bush-Calderón Meeting in Yucatán|périodique=[[Narco News]]|date=11 mars 2007
}}</ref>.

En {{date-|août 2010}}, un Bureau permanent visant à coordonner l'initiative a été ouvert à [[Mexico]]<ref> {{lien web|langue=en|url=http://www.state.gov/r/pa/prs/ps/2010/08/146528.htm
|titre=Merida Initiative Bilateral Implementation Office Opens|périodique=département d'État|date= 31 août 2010 }}</ref>.


L’accord s’est principalement montré bénéfique pour l’[[Industrie de l'armement|industrie de l’armement]] américaine. Il a également permis de justifier une intromission toujours plus accentuée des services de sécurité et de renseignement de Washington en territoire mexicain<ref name="Mexico secoue la tutelle américaine">{{Lien web |langue=fr |prénom=Luis Alberto |nom=Reygada |titre=Mexico secoue la tutelle américaine |url=https://www.monde-diplomatique.fr/2021/05/REYGADA/63058 |site=Le Monde diplomatique |date=2021-05-01 |consulté le=2023-09-10}}</ref>. L'accord est pour ces raisons critiqué par la gauche mexicaine<ref>{{Lien web|nom1=Reygada|prénom1=Luis|titre=Mexique: Lopez Obrador face au défi de la violence|url=https://lvsl.fr/mexique-amlo-defi-violence/|site=Le Vent Se Lève|date=2020-02-01}}</ref>, et l'accord de coopération est abandonné par le président mexicain Andrés Manuel Lopez Obrador en mai 2019, celui-ci souhaitant que l’aide américaine soit redirigée vers des projets de développement économique, notamment dans le sud-est du pays<ref name="Mexico secoue la tutelle américaine" />.
En août 2010, un Bureau permanent visant à coordonner l'initiative a été ouvert à [[Mexico]]<ref> [http://www.state.gov/r/pa/prs/ps/2010/08/146528.htm Merida Initiative Bilateral Implementation Office Opens], département d'État, 31 août 2010 </ref>.


== Aide économique ==
== Aide économique ==
[[Image:Casa.cn-235m-100.35-24.spanishaf.arp.jpg|thumb|Quatre avions [[CASA CN-235]] ont été vendus à la [[Secrétariat de la Marine du Mexique|Marine mexicaine]].]]
[[Image:Casa.cn-235m-100.35-24.spanishaf.arp.jpg|thumb|Quatre avions [[CASA CN-235]] ont été vendus à la [[Secrétariat à la Marine du Mexique|Marine mexicaine]].]]
Le plan prévoyait une aide de 1,6 milliard de dollars sur trois ans (2007-2010) pour l'Amérique centrale et les Caraïbes afin de lutter contre le [[trafic de stupéfiants]] et ses opérations annexes ([[blanchiment d'argent]], etc.). En mai 2009, le [[Congrès des États-Unis]] double le financement de ce plan<ref>{{en}} [http://narcosphere.narconews.com/notebook/kristin-bricker/2009/05/us-congress-seeks-double-2009-funding-mexico-drug-war US Congress Seeks to Double 2009 Funding for Mexico Drug War], ''[[Narconews]]'', 5 mai 2009</ref>.
Le plan prévoyait une aide de 1,6 milliard de dollars sur trois ans (2007-2010) pour l'Amérique centrale et les Caraïbes afin de lutter contre le [[trafic de stupéfiants]] et ses opérations annexes ([[blanchiment d'argent]], etc.). En {{date-|mai 2009}}, le [[Congrès des États-Unis]] double le financement de ce plan<ref>{{lien web|langue=en|url=http://narcosphere.narconews.com/notebook/kristin-bricker/2009/05/us-congress-seeks-double-2009-funding-mexico-drug-war|titre=US Congress Seeks to Double 2009 Funding for Mexico Drug War|périodique=[[Narco News|Narconews]]|date=5 mai 2009|brisé le=28/01/2022}} </ref>.


Le [[Mexique]] est de loin le premier bénéficiaire de cet aide (plus de 400 millions de dollars dans un premier temps<ref name=DJ> [http://www.state.gov/p/inl/rls/rm/120225.htm The Merida Initiative], présentation par {{lien|David T. Johnson}}, {{lien|Assistant Secretary of State for International Narcotics and Law Enforcement Affairs|texte=Assistant Secretary}}, [[Bureau for International Narcotics and Law Enforcement Affairs]] Subcommittee on State, Foreign Operations, Related Programs of House Committee on Appropriations, 10 mars 2009 </ref>, mais au total {{unité|1.3|milliard}} doivent lui être versés<ref name=USEmb>{{en}} [http://www.usembassy-mexico.gov/eng/eborders_Merida_Initiative.html L'initiative de Mérida] - Site de l'ambassade des États-Unis à Mexico</ref>). D'autres pays (le [[Belize]], le [[Costa Rica]], le [[Salvador]], le [[Guatemala]], [[Honduras]], [[Nicaragua]] et le [[Panama]]) se partagent 65 millions de dollars<ref name=DJ/>, [[Haïti]] et la [[République dominicaine]] recevant aussi de l'aide. La distribution des fonds est supervisée par le [[département d'État]] et, en particulier, par le [[Bureau for International Narcotics and Law Enforcement Affairs]]<ref name=DJ/>.
Le [[Mexique]] est de loin le premier bénéficiaire de cet aide (plus de 400 millions de dollars dans un premier temps<ref name=DJ> [http://www.state.gov/p/inl/rls/rm/120225.htm The Merida Initiative], présentation par {{lien|David T. Johnson}}, {{lien|Assistant Secretary of State for International Narcotics and Law Enforcement Affairs|texte=Assistant Secretary}}, [[Bureau of International Narcotics and Law Enforcement Affairs|Bureau for International Narcotics and Law Enforcement Affairs]] Subcommittee on State, Foreign Operations, Related Programs of House Committee on Appropriations, 10 mars 2009 </ref>, mais au total {{unité|1.3|milliard}} doivent lui être versés<ref name=USEmb>{{lien web|langue=en|url=http://www.usembassy-mexico.gov/eng/eborders_Merida_Initiative.html
|titre=L'initiative de Mérida|périodique=Site de l'ambassade des États-Unis à Mexico|date=|brisé le=28/01/2022}} - </ref>). D'autres pays (le [[Belize]], le [[Costa Rica]], le [[Salvador]], le [[Guatemala]], [[Honduras]], [[Nicaragua]] et le [[Panama]]) se partagent 65 millions de dollars<ref name=DJ/>, [[Haïti]] et la [[République dominicaine]] recevant aussi de l'aide. La distribution des fonds est supervisée par le [[département d'État des États-Unis|département d'État]] et, en particulier, par le [[Bureau of International Narcotics and Law Enforcement Affairs|Bureau for International Narcotics and Law Enforcement Affairs]]<ref name=DJ/>.


Une partie des fonds sert aussi à lutter contre le [[trafic d'armes]] des États-Unis vers le Mexique, avec notamment la mise en place d'une version espagnole du logiciel de traçabilité {{lien|eTrace}}. La plupart des armes tracées viennent du [[Texas]] et en particulier de [[Houston]]<ref> [http://www.washingtonpost.com/wp-dyn/content/article/2010/12/12/AR2010121202663.html As Mexico drug violence runs rampant, U.S. guns tied to crime south of border], ''[[Washington Post]]'', 13 décembre 2010 </ref>. Un accord a ainsi été signé en décembre 2008 lors du sommet du {{Lien|fr=Central American Integration System|lang=en}} (CAIS) à Washington visant à étendre le programme eTrace aux pays membres du CAIS<ref name=DJ/>. Des équipements comme des scanners ou des vans utilisant la technologie {{lien|Backscatter X-ray}} (similaire aux [[body scanner]]s) sont aussi délivrés aux Mexicains<ref name=USEmb/>. En 2011, l'[[Opération Fast and Furious]] menée par le [[Bureau of Alcohol, Tobacco, Firearms and Explosives]] (AFT) fit l'objet d'une enquête parlementaire, l'ATF étant accusée d'avoir observé sans l'empêcher un trafic d'armes d'envergure, contrôlé notamment par le [[cartel de Sinaloa]].
Une partie des fonds sert aussi à lutter contre le [[trafic d'armes]] des États-Unis vers le Mexique, avec notamment la mise en place d'une version espagnole du logiciel de traçabilité {{lien|eTrace}}. La plupart des armes tracées viennent du [[Texas]] et en particulier de [[Houston]]<ref> {{lien web|auteur1=James V. Grimaldi |auteur2= Sari Horwitz|url=https://www.washingtonpost.com/wp-dyn/content/article/2010/12/12/AR2010121202663.html|titre=As Mexico drug violence runs rampant, U.S. guns tied to crime south of border|périodique=[[Washington Post]]|date= 15 décembre 2010}}</ref>. Un accord a ainsi été signé en décembre 2008 lors du sommet du [[Système d'intégration centraméricain]] (CAIS) à Washington visant à étendre le programme eTrace aux pays membres du CAIS<ref name=DJ/>. Des équipements comme des scanners ou des vans utilisant la technologie du [[scanner à rayons X]] (similaire aux [[scanner corporel|scanners corporels]]) sont aussi délivrés aux Mexicains<ref name=USEmb/>. En 2011, l'[[opération Fast and Furious]] menée par le [[Bureau of Alcohol, Tobacco, Firearms and Explosives]] (AFT) fit l'objet d'une enquête parlementaire, l'ATF étant accusée d'avoir observé sans l'empêcher un trafic d'armes d'envergure, contrôlé notamment par le [[cartel de Sinaloa]].


Les fonds financent aussi la ''U.S. Strategy to Combat Criminal Gangs'', qui prévoit un ensemble de mesures afin de coordonner les activités internationales contre les [[gang]]s, avec notamment la création d'unités spéciales anti-gant au Honduras, Salvador et Guatemala<ref name=DJ/>.
Les fonds financent aussi la ''U.S. Strategy to Combat Criminal Gangs'', qui prévoit un ensemble de mesures afin de coordonner les activités internationales contre les [[gang]]s, avec notamment la création d'unités spéciales anti-gant au Honduras, Salvador et Guatemala<ref name=DJ/>.


L'Initiative finance aussi un programme mexicain de formation des policiers (plus de {{formatnum:4300}} policiers fédéraux formés, avec l'aide d'instructeurs américains et d'autres nationalités, à l'Académie de [[San Luis]], [[État de Potosi|Potosi]]<ref name=USEmb/>), ainsi qu'un programme de formation des surveillants de prison, situé à l'académie de [[Xalapa]] ([[État de Veracruz|Veracruz]]). La ''Financial Intelligence Unit'' (FIU) du Mexique, chargée de la lutte contre le blanchiment, est également financée par ce programme, le [[Département de la Sécurité intérieure]] et de la [[Département de la Justice des États-Unis|Justice]] étant responsables de ce volet<ref name=DJ/>. Le contrôle des frontières, notamment de la [[frontière américano-mexicaine]], mais aussi entre le Mexique et le Guatemala (instauration de documents [[biométrie|biométriques]] pour les voyageurs fréquents), est aussi un volet important du plan<ref name=DJ/>.
L'initiative finance aussi un programme mexicain de formation des policiers (plus de {{unité|4300|policiers}} fédéraux formés, avec l'aide d'instructeurs américains et d'autres nationalités, à l'Académie de [[San Luis Potosí|San Luis]], [[San Luis Potosí (État)|Potosi]]<ref name=USEmb/>), ainsi qu'un programme de formation des surveillants de prison, situé à l'académie de [[Xalapa]] ([[Veracruz (État)|Veracruz]]). La ''Financial Intelligence Unit'' (FIU) du Mexique, chargée de la lutte contre le blanchiment, est également financée par ce programme, le [[département de la Sécurité intérieure]] et de la [[Département de la Justice des États-Unis|Justice]] étant responsables de ce volet<ref name=DJ/>. Le contrôle des frontières, notamment de la [[frontière américano-mexicaine]], mais aussi entre le Mexique et le Guatemala (instauration de documents [[biométrie|biométriques]] pour les voyageurs fréquents), est aussi un volet important du plan<ref name=DJ/>.


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=== Aide à la Marine mexicaine ===
=== Aide à la Marine mexicaine ===


Une partie importante de l'argent sert à financer des achats d'équipement militaire ou à former les militaires. Ainsi, de 2007 à 2010, la [[Secrétariat de la Marine du Mexique|Marine mexicaine]], en première ligne dans les opérations contre les narco-trafiquants et soutenue par ailleurs par la [[Drug Enforcement Agency|DEA]], a reçu 310 millions de dollars dans le cadre du plan approuvé par le Congrès américain, qui ont servi entre autres à acheter des avions de surveillance ainsi que des hélicoptères [[Sikorsky UH-60 Black Hawk|Black Hawk]]<ref name=WP_DEA>{{en}} [http://www.washingtonpost.com/wp-dyn/content/article/2010/12/03/AR2010120306820.html DEA intelligence aids Mexican marines in drug war] - Nick Miroff et William Booth, ''[[The Washington Post]]'', 4 décembre 2010</ref>. Les [[Révélations de télégrammes de la diplomatie américaine par WikiLeaks|télégrammes de la diplomatie américaine publiés par Wikileaks]] en novembre-décembre 2010 montrent l'aide confidentielle apportée par la DEA aux Marines mexicains. Officiellement niée par les deux Etats respectifs, cette aide (formation et transmission de renseignement) poursuit ainsi le plan Mérida<ref name=WP_DEA/>. Elle a notamment permis à la Marine de retrouver et de tuer [[Arturo Beltrán Leyva]] en décembre 2009 puis [[Tony Tormenta]], tué en novembre 2010 à [[Matamoros]]<ref name=WP_DEA/>.
Une partie importante de l'argent sert à financer des achats d'équipement militaire ou à former les militaires. Ainsi, de 2007 à 2010, la [[Secrétariat de la Marine du Mexique|Marine mexicaine]], en première ligne dans les opérations contre les narco-trafiquants et soutenue par ailleurs par la [[Drug Enforcement Administration|DEA]], a reçu 310 millions de dollars dans le cadre du plan approuvé par le Congrès américain, qui ont servi entre autres à acheter des avions de surveillance ainsi que des hélicoptères [[Sikorsky UH-60 Black Hawk|Black Hawk]]<ref name=WP_DEA>{{lien web|langue=en|auteur1=Nick Miroff |auteur2= William Booth|url=https://www.washingtonpost.com/wp-dyn/content/article/2010/12/03/AR2010120306820.html|titre=DEA intelligence aids Mexican marines in drug war|périodique=[[The Washington Post]]|date=4 décembre 2010}}</ref>. Les [[Révélations de télégrammes de la diplomatie américaine par WikiLeaks|télégrammes de la diplomatie américaine publiés par Wikileaks]] en novembre-{{date-|décembre 2010}} montrent l'aide confidentielle apportée par la DEA aux Marines mexicains. Officiellement niée par les deux États respectifs, cette aide (formation et transmission de renseignement) poursuit ainsi le plan Mérida<ref name=WP_DEA/>. Elle a notamment permis à la Marine de retrouver et de tuer {{lien|Arturo Beltrán Leyva}} en décembre 2009 puis [[Tony Tormenta]], tué en {{date-|novembre 2010}} à [[Matamoros]]<ref name=WP_DEA/>.


== Initiative dans les Caraïbes ==
== Initiative dans les Caraïbes ==


Lors du [[5e Sommet des Amériques|5{{e}} Sommet des Amériques]] (avril 2009), plusieurs pays d'[[Amérique centrale]] et des [[Caraïbes]] ont fait part de leurs craintes que le conflit au Mexique ne fasse tâche d'huile et ont demandé une aide similaire. Ceci a donné lieu à la [[Caribbean Basin Security Initiative]] (CBSI), modelé sur l'initiative de Mérida.
Lors du [[5e Sommet des Amériques|{{5e}} Sommet des Amériques]] ({{date-|avril 2009}}), plusieurs pays d'[[Amérique centrale]] et des [[Caraïbes]] ont fait part de leurs craintes que le conflit au Mexique ne fasse tache d'huile et ont demandé une aide similaire. Ceci a donné lieu à la [[Caribbean Basin Security Initiative]] (CBSI), modelé sur l'initiative de Mérida.


== Notes et références ==
== Notes et références ==
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* [[Contrôle des armes à feu]]
* [[Contrôle des armes à feu]]


{{Portail|États-Unis|Mexique|Amérique|politique|économie|histoire militaire|renseignement|relations internationales}}
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[[Catégorie:Criminalité]]
[[Catégorie:Criminalité]]
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[[Catégorie:Défense et sécurité au Mexique]]
[[Catégorie:Défense et sécurité au Mexique]]
[[Catégorie:Politique étrangère des États-Unis]]
[[Catégorie:Politique étrangère des États-Unis]]
[[Catégorie:Politique du Mexique]]
[[Catégorie:Politique au Mexique]]
[[Catégorie:Relations internationales]]
[[Catégorie:Opération contre la culture de plantes psychotropes et/ou le trafic de stupéfiants]]
[[Catégorie:Opération contre la culture de plantes psychotropes et/ou le trafic de stupéfiants]]

[[de:Mérida-Initiative]]
[[en:Mérida Initiative]]
[[es:Iniciativa Mérida]]

Dernière version du 11 septembre 2023 à 07:26

13 hélicoptères Bell 412 ont été vendus au Mexique par les États-Unis dans le cadre du plan Mérida (dont au moins cinq au secrétariat de la Défense nationale du Mexique[1]).

L'initiative de Mérida est un projet d'aide extérieure des États-Unis à destination du Mexique et d'autres pays d'Amérique centrale et des Caraïbes. Lancé en par le Congrès des États-Unis, ce plan, concrétisé par une loi du promulguée sous l'administration Bush, prend place dans le cadre de la campagne des États-Unis contre l'usage de stupéfiants ainsi que les opérations armées au Mexique contre les narco-trafiquants, entamée en 2006 sous Felipe Calderón.

La majorité des fonds accordés visent à moderniser les forces militaires engagées dans les opérations contre le trafic de stupéfiants (près de 40 % des fonds accordés au Mexique sont versés aux forces armées), une minorité étant aussi versée afin de soutenir la réorganisation de la justice ou de sensibiliser les citoyens contre les stupéfiants. Dans ce cadre, une partie importante des fonds ne sort en fait jamais des États-Unis, puisqu'elle sert à acheter de l'équipement au complexe militaro-industriel des États-Unis, qui est ensuite transféré aux pays bénéficiaires du plan.

Le 8 septembre 2021, un nouvel accord bilatéral remplace cette initiative[2].

Une création controversée

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Les critiques désignent parfois ce projet comme le « plan Mexique », le comparant au plan Colombie qui a servi à soutenir les forces militaires voire paramilitaires dans la lutte contre les cartels. Un journaliste, Al Giordano, fondateur de Narco News, a noté que l'initiative était née dans un ranch près de Mérida, appartenant au magnat Roberto Hernández Ramírez, lui-même accusé par la presse locale d'implication dans le trafic de cocaïne[3]. Ramírez avait en effet accueilli deux rencontres visant à organiser la coopération américano-mexicaine contre le trafic de stupéfiants, l'une en 1999, entre le président Bill Clinton et son homologue Ernesto Zedillo, et l'autre en 2007, entre George W. Bush et le président Felipe Calderón[4].

En , un Bureau permanent visant à coordonner l'initiative a été ouvert à Mexiko[5].

L’accord s’est principalement montré bénéfique pour l’industrie de l’armement américaine. Il a également permis de justifier une intromission toujours plus accentuée des services de sécurité et de renseignement de Washington en territoire mexicain[6]. L'accord est pour ces raisons critiqué par la gauche mexicaine[7], et l'accord de coopération est abandonné par le président mexicain Andrés Manuel Lopez Obrador en mai 2019, celui-ci souhaitant que l’aide américaine soit redirigée vers des projets de développement économique, notamment dans le sud-est du pays[6].

Aide économique

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Quatre avions CASA CN-235 ont été vendus à la Marine mexicaine.

Le plan prévoyait une aide de 1,6 milliard de dollars sur trois ans (2007-2010) pour l'Amérique centrale et les Caraïbes afin de lutter contre le trafic de stupéfiants et ses opérations annexes (blanchiment d'argent, etc.). En , le Congrès des États-Unis double le financement de ce plan[8].

Le Mexique est de loin le premier bénéficiaire de cet aide (plus de 400 millions de dollars dans un premier temps[9], mais au total 1,3 milliard doivent lui être versés[1]). D'autres pays (le Belize, le Costa Rica, le Salvador, le Guatemala, Honduras, Nicaragua et le Panama) se partagent 65 millions de dollars[9], Haïti et la République dominicaine recevant aussi de l'aide. La distribution des fonds est supervisée par le département d'État et, en particulier, par le Bureau for International Narcotics and Law Enforcement Affairs[9].

Une partie des fonds sert aussi à lutter contre le trafic d'armes des États-Unis vers le Mexique, avec notamment la mise en place d'une version espagnole du logiciel de traçabilité eTrace (en). La plupart des armes tracées viennent du Texas et en particulier de Houston[10]. Un accord a ainsi été signé en décembre 2008 lors du sommet du Système d'intégration centraméricain (CAIS) à Washington visant à étendre le programme eTrace aux pays membres du CAIS[9]. Des équipements comme des scanners ou des vans utilisant la technologie du scanner à rayons X (similaire aux scanners corporels) sont aussi délivrés aux Mexicains[1]. En 2011, l'opération Fast and Furious menée par le Bureau of Alcohol, Tobacco, Firearms and Explosives (AFT) fit l'objet d'une enquête parlementaire, l'ATF étant accusée d'avoir observé sans l'empêcher un trafic d'armes d'envergure, contrôlé notamment par le cartel de Sinaloa.

Les fonds financent aussi la U.S. Strategy to Combat Criminal Gangs, qui prévoit un ensemble de mesures afin de coordonner les activités internationales contre les gangs, avec notamment la création d'unités spéciales anti-gant au Honduras, Salvador et Guatemala[9].

L'initiative finance aussi un programme mexicain de formation des policiers (plus de 4 300 policiers fédéraux formés, avec l'aide d'instructeurs américains et d'autres nationalités, à l'Académie de San Luis, Potosi[1]), ainsi qu'un programme de formation des surveillants de prison, situé à l'académie de Xalapa (Veracruz). La Financial Intelligence Unit (FIU) du Mexique, chargée de la lutte contre le blanchiment, est également financée par ce programme, le département de la Sécurité intérieure et de la Justice étant responsables de ce volet[9]. Le contrôle des frontières, notamment de la frontière américano-mexicaine, mais aussi entre le Mexique et le Guatemala (instauration de documents biométriques pour les voyageurs fréquents), est aussi un volet important du plan[9].

Aide économique versée par les États-Unis[11]
Mexique Amérique centrale, Haïti et République dominicaine
2007 400 millions de dollars 65 millions de dollars
2008 300 millions de dollars 110 millions de dollars
2009 420 millions de dollars ?
2010 450 millions de dollars 100 millions de dollars

Aide à la Marine mexicaine

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Une partie importante de l'argent sert à financer des achats d'équipement militaire ou à former les militaires. Ainsi, de 2007 à 2010, la Marine mexicaine, en première ligne dans les opérations contre les narco-trafiquants et soutenue par ailleurs par la DEA, a reçu 310 millions de dollars dans le cadre du plan approuvé par le Congrès américain, qui ont servi entre autres à acheter des avions de surveillance ainsi que des hélicoptères Black Hawk[12]. Les télégrammes de la diplomatie américaine publiés par Wikileaks en novembre- montrent l'aide confidentielle apportée par la DEA aux Marines mexicains. Officiellement niée par les deux États respectifs, cette aide (formation et transmission de renseignement) poursuit ainsi le plan Mérida[12]. Elle a notamment permis à la Marine de retrouver et de tuer Arturo Beltrán Leyva (en) en décembre 2009 puis Tony Tormenta, tué en à Matamoros[12].

Initiative dans les Caraïbes

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Lors du 5e Sommet des Amériques (), plusieurs pays d'Amérique centrale et des Caraïbes ont fait part de leurs craintes que le conflit au Mexique ne fasse tache d'huile et ont demandé une aide similaire. Ceci a donné lieu à la Caribbean Basin Security Initiative (CBSI), modelé sur l'initiative de Mérida.

Notes et références

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  1. a b c et d (en) « L'initiative de Mérida »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), Site de l'ambassade des États-Unis à Mexico -
  2. « Washington et Mexico revisitent leur coopération antidrogue », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  3. (en) Al Giordano, « Clinton's Mexican narco-pals ; The untold story behind February's Yucatán summit redefines the enemy in the war on drugs », The Boston Phoenix,
  4. (en) Al Giordano, « Accused Narco Banker to Host Bush-Calderón Meeting in Yucatán », Narco News,
  5. (en) « Merida Initiative Bilateral Implementation Office Opens », département d'État,
  6. a et b Luis Alberto Reygada, « Mexico secoue la tutelle américaine », sur Le Monde diplomatique, (consulté le )
  7. Luis Reygada, « Mexique: Lopez Obrador face au défi de la violence », sur Le Vent Se Lève,
  8. (en) « US Congress Seeks to Double 2009 Funding for Mexico Drug War »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), Narconews,
  9. a b c d e f et g The Merida Initiative, présentation par David T. Johnson (en), Assistant Secretary (en), Bureau for International Narcotics and Law Enforcement Affairs Subcommittee on State, Foreign Operations, Related Programs of House Committee on Appropriations, 10 mars 2009
  10. James V. Grimaldi et Sari Horwitz, « As Mexico drug violence runs rampant, U.S. guns tied to crime south of border », Washington Post,
  11. (en) « Facts & Myths »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), Département d'État
  12. a b et c (en) Nick Miroff et William Booth, « DEA intelligence aids Mexican marines in drug war », The Washington Post,