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« Pessa'h Sheni » : différence entre les versions

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{{Confusion|Shevi'i shel Pessa'h|Pourim sheni}}
{{Confusion|Shevi'i shel Pessa'h|Pourim sheni}}
{{Infobox Célébration
{{Infobox Célébration
| nom de la célébration = Pessa'h sheni
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| image = [[Fichier:Jollain Passover.jpg|300px]]
| nom = Pessa'h sheni
| légende = Illustration de l’offrande pascale (Jollain, 1670)
| image = Jollain Passover.jpg
| légende = Illustration de l’offrande pascale (Jollain, 1670)
| nom officiel = [[Hébreu]] : {{Lang|rtl|he|'''פסח שני'''}} « seconde pâque »
| nom officiel = [[Hébreu]] : {{Lang|rtl|he|'''פסח שני'''}} « seconde pâque »
| observé par = Le [[judaïsme]], le [[karaïsme]] et le [[samaritanisme]]
| surnom =
| observé par = Le [[judaïsme]], le [[karaïsme]] et le [[samaritanisme]]
| type = Biblique (historique/agricole)
| type = Biblique (historique/agricole)
| signification = Occasion de réaliser l’offrande pascale pour ceux qui en avaient été empêchés un mois plus tôt.
| signification = Occasion de réaliser l’offrande pascale pour ceux qui en avaient été empêchés un mois plus tôt.
| commence = Le 14 [[iyar]]
| commence = Le 14 [[iyar]]
| finit = Le 15 iyar
| finit = Le 15 iyar
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| observances = Consommation de pains azymes, [[hiloula]] de [[Rabbi Meïr baal Haness]]
| observances = Consommation de pains azymes, [[hiloula]] de [[Rabbi Meïr baal Haness]]
| lié à = [[Pessa'h]]
| entete = israel-judaisme
| lié à = [[Pessa'h]]
}}
}}
'''Pessa'h Sheni''' ([[hébreu]] : פסח שני « seconde pâque ») est une [[fête juive]] mineure d’origine biblique.
'''Pessa'h Sheni''' ([[hébreu]] : פסח שני « seconde pâque ») est une [[fête juive]] mineure d’origine biblique.


Prescrite pour permettre la réalisation de l’[[korban pessa'h|offrande pascale]] à ceux qui en avaient été empêchés un mois plus tôt, elle perd largement de son actualité après la [[siège de Jérusalem (70)|destruction du second Temple]]. Elle continue cependant à être marquée dans le calendrier et s’enrichit de nouvelles dimensions au Moyen Âge.
Prescrite pour permettre la réalisation de l’[[korban pessa'h|offrande pascale]] à ceux qui en avaient été empêchés un mois plus tôt, elle perd largement de son actualité après la [[siège de Jérusalem (70)|destruction du second Temple]]. Elle continue cependant à être marquée dans le calendrier et s’enrichit de nouvelles dimensions au Moyen Âge.
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=== Dans la Bible hébraïque ===
=== Dans la Bible hébraïque ===


La seconde pâque est prescrite pour le première fois dans le [[Livre des Nombres]] lorsqu’un groupe d’Israélites, [[toumat met|rendus rituellement impurs par le contact avec les morts]], ne peut [[korban pessa'h|offrir la pâque]] lors de la seconde année qui suit [[Exode hors d’Égypte|l’Exode]]. Ils protestent auprès de Moïse qui expose leur cas à Dieu. Celui-ci ordonne alors pour ceux-là ou ceux qui se trouveraient trop éloignés, une seconde pâque, à réaliser au quatorzième jour du second mois selon les rites de la pâque. Cette prescription, applicable à toutes les générations, concerne aussi l’étranger qui se serait converti mais non la personne qui se serait abstenue d’offrir la pâque sans motif légitime ; celle-là serait [[karet|retranchée du sein du peuple]]<ref>Nombres 9:5-14</ref>.
La seconde pâque est prescrite pour la première fois dans le [[Livre des Nombres]] lorsqu’un groupe d’Israélites, rendus rituellement [[Pureté#Judaïsme|impurs]] par le contact avec les morts, ne peut [[korban pessa'h|offrir la pâque]] lors de la seconde année qui suit [[Exode hors d’Égypte|l’Exode]]. Ils protestent auprès de Moïse qui expose leur cas à Dieu. Celui-ci ordonne alors pour ceux-là ou ceux qui se trouveraient trop éloignés, une seconde pâque, à réaliser au quatorzième jour du second mois selon les rites de la pâque. Cette prescription, applicable à toutes les générations, concerne aussi l’étranger qui se serait converti mais non la personne qui se serait abstenue d’offrir la pâque sans motif légitime ; celle-là serait [[karet|retranchée du sein du peuple]]<ref>Nombres 9:5-14</ref>.


Une seconde pâque a également lieu au temps du roi [[Ézéchias]] car sa pâque aurait provoqué un tel engouement populaire que les prêtres auraient été débordés<ref>2 Chroniques, chap. 30</ref>.
Une seconde pâque a également lieu au temps du roi [[Ézéchias]] car sa pâque aurait provoqué un tel engouement populaire que les prêtres auraient été débordés<ref>2 Chroniques, chap. 30</ref>.
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La seconde pâque, souvent appelée ''pessa'h katan'' (« pâque mineure »)<ref>Meguilat Ta'anit (édition Lichtenstein) s.v. 14 iyar ; Mishna Halla 4:11, Mishna Roch Hachana 1:3 etc.</ref>, ne jouit pas du statut de la première : elle doit certes, comme la première pâque, être réalisée en récitant le ''[[Hallel]]'', rôtie au feu et consommée avec des ''matzot'' et des herbes amères ; elle a aussi, comme la pâque, priorité sur le chabbat. Elle ne peut cependant, selon la majorité des opinions, pas être réalisée en état d’impureté<ref>T.B. Pessa'him 95b ; T.B. Yoma 51a</ref> et on ne chante pas le ''Hallel'' en la mangeant. De plus, aucune des prescriptions propres à la fête des ''matzot'' ne la concerne ; ce n’est donc pas une [[yom tov|convocation sainte]], on n’apporte pas de ''[[korban haguiga]]'' (offrande festive)<ref>Tossefta Pessa'him (édition Lieberman) 8:7</ref> et il n’est pas interdit de posséder du ''[[hametz]]'' chez soi<ref>Mishna Pessa'him 9:3 ; T.B. Pessa'him 95a-96a</ref>.<br />Elle est toutefois considérée comme assez importante pour que des messagers soient dépêchés, au temps du Temple, vers les communautés éloignées de la [[terre d’Israël]] afin de les informer du jour où elle doit être réalisée<ref>Mishna Roch Hachana 1:3</ref>. Le ''[[midrash]]'' tient également à en faire la fête d’''iyar'' au même titre que ''[[Pessa'h]]'' est la fête de ''[[nissan (mois)|nissan]]'' et ''[[Chavouot]]'', la fête de ''[[sivan]]''<ref>Pessikta deRav Kahana (édition Mandelbaum), piska 28</ref> et l’on ne peut y réaliser d’[[hesped|éloge funèbre]]<ref>T.B. Houllin 129b</ref>.
La seconde pâque, souvent appelée ''pessa'h katan'' (« pâque mineure »)<ref>Meguilat Ta'anit (édition Lichtenstein) s.v. 14 iyar ; Mishna Halla 4:11, Mishna Roch Hachana 1:3 etc.</ref>, ne jouit pas du statut de la première : elle doit certes, comme la première pâque, être réalisée en récitant le ''[[Hallel]]'', rôtie au feu et consommée avec des ''matzot'' et des herbes amères ; elle a aussi, comme la pâque, priorité sur le chabbat. Elle ne peut cependant, selon la majorité des opinions, pas être réalisée en état d’impureté<ref>T.B. Pessa'him 95b ; T.B. Yoma 51a</ref> et on ne chante pas le ''Hallel'' en la mangeant. De plus, aucune des prescriptions propres à la fête des ''matzot'' ne la concerne ; ce n’est donc pas une [[yom tov|convocation sainte]], on n’apporte pas de ''[[korban haguiga]]'' (offrande festive)<ref>Tossefta Pessa'him (édition Lieberman) 8:7</ref> et il n’est pas interdit de posséder du ''[[hametz]]'' chez soi<ref>Mishna Pessa'him 9:3 ; T.B. Pessa'him 95a-96a</ref>.<br />Elle est toutefois considérée comme assez importante pour que des messagers soient dépêchés, au temps du Temple, vers les communautés éloignées de la [[terre d’Israël]] afin de les informer du jour où elle doit être réalisée<ref>Mishna Roch Hachana 1:3</ref>. Le ''[[midrash]]'' tient également à en faire la fête d’''iyar'' au même titre que ''[[Pessa'h]]'' est la fête de ''[[nissan (mois)|nissan]]'' et ''[[Chavouot]]'', la fête de ''[[sivan]]''<ref>Pessikta deRav Kahana (édition Mandelbaum), piska 28</ref> et l’on ne peut y réaliser d’[[hesped|éloge funèbre]]<ref>T.B. Houllin 129b</ref>.


La seconde pâque incombe, contrairement à la première, à une minorité d’individus et non à tout un peuple ([[Hazal|les Sages]] désapprouvent l’initiative d’Ézéchias<ref>T.B. Sanhédrin 12b</ref>). Par conséquent, bien qu’elle ait été prescrite pour les individus rendus impurs par le contact des morts lors de la première pâque, si la majorité du peuple devait se trouver dans cet état, la première pâque serait réalisée et la seconde pâque ne concernerait plus que ceux qui sont affligés d’une autre impureté ([[zav|gonorrhée]], [[nidda|menstrues]] etc.)<ref>T.B. Pessa'him 80a ; cf. T.B. Pessa'him 81a & 90a-b où la [[guemara]] élabore sur les limites et dispenses de ce statut</ref>. De plus, si des femmes devaient se trouver dans ce cas, elles seraient dispensées de la seconde pâque, bien qu’elles soient tenues à la première<ref>T.B. Pessa'him 79b & 91b</ref>.
La seconde pâque incombe, contrairement à la première, à une minorité d’individus et non à tout un peuple ([[Hazal|les Sages]] désapprouvent l’initiative d’Ézéchias<ref>T.B. Sanhédrin 12b</ref>). Par conséquent, bien qu’elle ait été prescrite pour les individus rendus impurs par le contact des morts lors de la première pâque, si la majorité du peuple devait se trouver dans cet état, la première pâque serait réalisée et la seconde pâque ne concernerait plus que ceux qui sont affligés d’une autre impureté ([[zav|gonorrhée]], [[niddah|menstrues]] etc.)<ref>T.B. Pessa'him 80a ; cf. T.B. Pessa'him 81a & 90a-b où la [[guemara]] élabore sur les limites et dispenses de ce statut</ref>. De plus, si des femmes devaient se trouver dans ce cas, elles seraient dispensées de la seconde pâque, bien qu’elles soient tenues à la première<ref>T.B. Pessa'him 79b & 91b</ref>.


Les autres personnes devant offrir une seconde pâque sont :
Les autres personnes devant offrir une seconde pâque sont :
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=== Dans la littérature médiévale et ultérieure ===
=== Dans la littérature médiévale et ultérieure ===
[[Image:Tomb of hillel the elder.png|right|thumb|200px|L’entrée de la tombe de Hillel, sur le mont Meron]]
[[Image:Tomb of hillel the elder.png|right|thumb|200px|L’entrée de la tombe de Hillel, sur le mont Meron]]
Outre la codification de ces lois par [[Moïse Maïmonide]]<ref>Maïmonide, Mishné Torah, Sefer Korbanot, Hilkhot korban pessa'h 2:14, 3:2-6 & 9, 4:1, 5:7-9, 6:3, 7:5, 8:3 & 10:15</ref>, celle des observances actuelles de ''Pessa'h sheni'' est élaborée au cours du Moyen Âge et de l’époque moderne.<br />[[Haï Gaon]] institue de ne pas réciter le ''[[tahanoun]]'' (office de supplications) en ce jour car, même si la pâque n’est plus réalisée et qu’on ne peut plus chanter le ''Hallel'' n’est plus chanté, ''Pessa'h sheni'' doit être observé selon le rite de ''Pessa'h'' au cours duquel on ne récite pas le ''[[tahanoun]]''<ref>Teshouvot Hagueonim Sha'arei Teshouva (édition Leipzig), n°336</ref>. Il établit de la sorte que la tristesse ne sied pas à ''Pessa'h sheni'' et lorsque la coutume des [[jeûnes baha"b|jeûnes de lundi, jeudi et lundi]] est instituée, une intense controverse a lieu pour savoir s’il a lieu de l’observer lorsqu’il survient à ''Pessa'h sheni''<ref name="bahab">cf. {{harvsp|Sperling|1956|loc=note au siman 599}}</ref>.
Ces lois antiques et désuètes en l’absence d’un Temple érigé sont codifiées par [[Moïse Maïmonide]]<ref>Maïmonide, Mishné Torah, Sefer Korbanot, Hilkhot korban pessa'h 2:14, 3:2-6 & 9, 4:1, 5:7-9, 6:3, 7:5, 8:3 & 10:15</ref>, tandis que les observances actuelles de ''Pessa'h sheni'' apparaissent au cours du Moyen Âge et de l’époque moderne.


[[Haï Gaon]] institue de ne pas réciter le ''[[tahanoun]]'' (office de supplications) en ce jour car, bien que la pâque ne soit plus réalisée et que l’on ne puisse plus chanter le ''Hallel'', ''Pessa'h sheni'' doit être observé selon le rite de ''Pessa'h'' au cours duquel on ne récite pas le ''[[tahanoun]]''<ref>Teshouvot Hagueonim Sha'arei Teshouva (édition Leipzig), n°336</ref>. Cette ordonnance, en vertu de laquelle la tristesse ne sied pas à ''Pessa'h sheni'', établit un précédent juridique et lorsque la coutume des [[jeûnes baha"b|jeûnes de lundi, jeudi et lundi]] est instituée, une intense controverse a lieu pour savoir s’il a lieu ou non de l’observer lorsqu’un jeûne survient à ''Pessa'h sheni''<ref name="bahab">cf. {{harvsp|Sperling|1956|loc=note au siman 599}}</ref>.
D’autre part, les récits de voyageurs rendent compte des cérémonies qui se tiennent en ce jour auprès des [[Kivre Tsadikim|tombes des éminents docteurs de la Loi]] reposant en Galilée. Un étudiant anonyme de [[Nahmanide]] arrivé au [[mont Meron]] rapporte la fébrilité croissante qui culmine à ''Pessa'h sheni'' par des célébrations joyeuses sur les tombes de [[Hillel]] et [[Shammaï]]<ref>{{harvsp|Yaari|1976|p=82}}</ref>. Deux siècles plus tard, le kabbaliste italien [[Moshe Basola]] participe à des réjouissances similaires pendant deux jours avec plus de mille personnes, Juifs de Damas, de Safed et de Peki'in venus avec leurs familles pour prier sur les tombes des saints<ref>{{harvsp|Yaari|1976|p=155}}</ref>.<br />En 1876, on célèbre à ''Pessa'h sheni'' la ''[[hiloula]]'' de [[Rabbi Meïr baal Haness]], sur le lieu de sa sépulture à [[Tibériade]]<ref>{{harvsp|Yaari|1976|p=623}}</ref> (beaucoup identifient ce rabbin miraculeux à [[Rabbi Meïr]], un éminent [[tannaïm|docteur de la Mishna]] dont la date de décès est inconnue<ref name="S262">cf. {{harvsp|Sperling|1956|loc=note, p. 262 (275)}}</ref>{{,}}<ref name="RMEzl">{{he}} {{lien web|auteur=R' [[Mordekhaï Eliyahou]]|titre=Hiloula shel Rabbi Meïr Baal Haness|url=http://www.yeshiva.org.il/midrash/shiur.asp?id=5883|site=Yeshiva.org|consulté le=19 mai 2011}}</ref> mais d’aucuns affirment qu’il ne s’agit pas de la même personne<ref>{{he}} {{lien web|titre=Meïr Baal Haness|url=http://www.daat.ac.il/encyclopedia/value.asp?id1=946|site=Daat|consulté le=19 mai 2011}}</ref>). Cette coutume a probablement été instituée au {{s-|XVIII}}, lorsque le pèlerinage à Meron devient, sous l’influence des disciples d’[[Isaac Louria]], réservé à Rabbi Shimon bar Yohaï au [[Lag Ba'omer|trente-troisième jour de l’''omer'']] ; les habitants de Tibériade ou les pèlerins en route vers le mont Meron auraient alors profité de la proximité des dates de ''Pessa'h sheni'' et ''Lag Ba'omer'' pour célébrer la ''hiloula'' de Rabbi Meïr<ref name="S262"/>{{,}}<ref name="RMEzl"/>{{,}}<ref>{{lien web|auteur=Jacques Kohn|titre=Responsum n°41938|url=http://cheela.org/popread.php?id=57250|site=Cheela.org|consulté le=18 mai 2011}}</ref>.

D’autre part, des cérémonies apparaissent en ce jour auprès des [[Kivre Tsadikim|tombes des éminents docteurs de la Loi]] reposant en Galilée. Un étudiant anonyme de [[Nahmanide]] arrivé au [[mont Meron]] rapporte la fébrilité croissante qui culmine à ''Pessa'h sheni'' par des célébrations joyeuses sur les tombes de [[Hillel]] et [[Shammaï]]<ref>{{harvsp|Yaari|1976|p=82}}</ref>. Deux siècles plus tard, le kabbaliste italien [[Moshe Basola]] participe à des réjouissances similaires pendant deux jours avec plus de mille personnes, Juifs de Damas, de Safed et de Peki'in venus avec leurs familles pour prier sur les tombes des saints<ref>{{harvsp|Yaari|1976|p=155}}</ref>.<br />En 1876, on célèbre à ''Pessa'h sheni'' la ''[[hiloula]]'' de [[Rabbi Meïr baal Haness]], sur le lieu de sa sépulture à [[Tibériade]]<ref>{{harvsp|Yaari|1976|p=623}}</ref> (beaucoup identifient ce [[rabbin]] miraculeux à [[Rabbi Meïr]], un éminent [[tannaïm|docteur de la Mishna]] dont la date de décès est inconnue<ref name="S262">cf. {{harvsp|Sperling|1956|loc=note, p. 262 (275)}}</ref>{{,}}<ref name="RMEzl">{{he}} {{lien web|auteur=R' [[Mordekhaï Eliyahou]]|titre=Hiloula shel Rabbi Meïr Baal Haness|url=http://www.yeshiva.org.il/midrash/shiur.asp?id=5883|site=Yeshiva.org|consulté le=19 mai 2011}}</ref> mais d’aucuns affirment qu’il ne s’agit pas de la même personne<ref>{{he}} {{lien web|titre=Meïr Baal Haness|url=http://www.daat.ac.il/encyclopedia/value.asp?id1=946|site=Daat|consulté le=19 mai 2011}}</ref>). Cette coutume a probablement été instituée au {{s-|XVIII}}, lorsque le pèlerinage à Meron devient, sous l’influence des disciples d’[[Isaac Louria]], réservé à [[Shimon bar Yohaï|Rabbi Shimon bar Yohaï]] au [[Lag Ba'omer|trente-troisième jour de l’''omer'']] ; les habitants de Tibériade ou les pèlerins en route vers le mont Meron auraient alors profité de la proximité des dates de ''Pessa'h sheni'' et ''Lag Ba'omer'' pour célébrer la ''hiloula'' de Rabbi Meïr<ref name="S262"/>{{,}}<ref name="RMEzl"/>{{,}}<ref>{{lien web|auteur=[[Jacques Kohn]]|titre=Responsum n°41938|url=http://cheela.org/popread.php?id=57250|site=Cheela.org|consulté le=18 mai 2011}}</ref>.


Enfin, ''Pessa'h sheni'' est fortement investigué dans les littératures kabbalistique et hassidique. Outre de nouvelles interprétations, qui font par exemple de ''Pessa'h sheni'' un « jour de la deuxième chance » pour [[techouva|se rapprocher de Dieu]]<ref>{{lien web|titre=The second Passover, a second chance|url=http://www.chabad.org/library/article_cdo/aid/470865/jewish/Pesach-Sheni.htm|site=Chabad.org|consulté le=18 mai 2011}}</ref>, diverses coutumes font leur apparition, dont celle de manger des ''[[matzot]]'' en ce jour car, outre le souvenir de la seconde pâque, les ''matzot'' que les Hébreux avaient emportées avec eux lors de l’[[Exode hors d’Égypte]], auraient duré jusqu’au 15 ''iyar'' inclus<ref name="THL">[[Tzadok Hacohen de Lublin]], Pri Tzaddik (édition Jérusalem 2005), Vayiqra, pessa'h sheni, cf. {{harvsp|Kitov|2008|p=490}}</ref>.
Enfin, ''Pessa'h sheni'' est fortement investigué dans les littératures kabbalistique et hassidique. Outre de nouvelles interprétations, qui font par exemple de ''Pessa'h sheni'' un « jour de la deuxième chance » pour [[techouva|se rapprocher de Dieu]]<ref>{{lien web|titre=The second Passover, a second chance|url=http://www.chabad.org/library/article_cdo/aid/470865/jewish/Pesach-Sheni.htm|site=Chabad.org|consulté le=18 mai 2011}}</ref>, diverses coutumes font leur apparition, dont celle de manger des ''[[matzot]]'' en ce jour car, outre le souvenir de la seconde pâque, les ''matzot'' que les Hébreux avaient emportées avec eux lors de l’[[Exode hors d’Égypte]], auraient duré jusqu’au 15 ''iyar'' inclus<ref name="THL">[[Tzadok Hacohen de Lublin]], Pri Tzaddik (édition Jérusalem 2005), Vayiqra, pessa'h sheni, cf. {{harvsp|Kitov|2008|p=490}}</ref>.
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=== Omission du tahanoun ===
=== Omission du tahanoun ===


Le ''tahanoun'' n’est pas récité lors des [[sha'harit|offices du matin]] et [[min'ha|de l’après-midi]] de ''Pessa'h sheni'' mais il l’est lors de l’office de l’après-midi de la veille<ref>Choulhan Aroukh Harav, piskei hasiddour, hilkhot kriyat shema outefila, cf. {{harvsp|Hote|2010|loc=493:104}}</ref>. Certains étendent l’omission du ''tahanoun'' aux sept jours qui suivent la fête<ref>cf. Divrei Yatsiv, Orah Hayim, n°75</ref> « car les portes de la miséricorde ne se sont pas refermées<ref name="THL"/> ».
Le ''tahanoun'' n’est pas récité lors des [[sha'harit|offices du matin]] et [[min'ha|de l’après-midi]] de ''Pessa'h sheni'' mais il l’est lors de l’office de l’après-midi de la veille<ref>Choulhan Aroukh Harav, piskei hasiddour, hilkhot kriyat shema outefila, cf. {{harvsp|Houta|2010|loc=493:104}}</ref>. Certains étendent l’omission du ''tahanoun'' aux sept jours qui suivent la fête<ref>cf. Divrei Yatsiv, Orah Hayim, n°75</ref> « car les portes de la miséricorde ne se sont pas refermées<ref name="THL"/> ».


=== Consommation de matzot ===
=== Consommation de matzot ===


Certains ont pour usage de manger une quantité de ''[[matza]]'' (propre à la consommation à ''Pessa'h'') équivalant au moins au volume d’une olive (à peu près 216 grammes) ; les ashkénazes prononcent la bénédiction sur le pain (''hamotzi le'hem min haaretz'') tandis que la plupart des séfarades bénissent sur la pâte (''borè minè mezonot'')<ref>Likoutei Maharia'h, cité in {{harvsp|Hote|2010|loc=493:107-108}}</ref>. D’aucuns mangent aussi des œufs ou des herbes amères. Il ne s’agit cependant dans tous les cas que d’usages et non de prescriptions établies<ref>{{ouvrage|langue=he|prénom1=Menahem Mendel|nom1=Schneerson|lien auteur1=Menachem Mendel Schneerson
Certains ont pour usage de manger une quantité de ''[[matza]]'' (propre à la consommation à ''Pessa'h'') équivalant au moins au volume d’une olive (à peu près {{unité|216|grammes}}) ; les ashkénazes prononcent la bénédiction sur le pain (''hamotzi le'hem min haaretz'') tandis que la plupart des [[séfarades]] bénissent sur la pâte (''borè minè mezonot'')<ref>Likoutei Maharia'h, cité in {{harvsp|Houta|2010|loc=493:107-108}}</ref>. D’aucuns mangent aussi des œufs ou des herbes amères. Il ne s’agit cependant dans tous les cas que d’usages et non de prescriptions établies<ref>{{ouvrage|langue=he|prénom1=Menahem Mendel|nom1=Schneerson|lien auteur1=Menachem Mendel Schneerson|titre=Sha'arei halakha ouminhag|sous-titre=Teshouvot oubiourim beOrah Hayim|lieu=Jérusalem|année=1993|volume=2|pages totales=333|passage=140|lire en ligne=http://hebrewbooks.org/pdfpager.aspx?req=15833&hilite=c7e779f9-00ca-4e73-b393-2b727985a769&st=%D7%9E%D7%A6%D7%94+%D7%91%D7%A4%D7%A1%D7%97+%D7%A9%D7%A0%D7%99&pgnum=135|consulté le=18 mai 2011}}</ref>.
|titre=Sha'arei halakha ouminhag|sous-titre=Teshouvot oubiourim beOrah Hayim|lieu=Jérusalem|année=1993|volume=2|pages totales=333|passage=140|lire en ligne=http://hebrewbooks.org/pdfpager.aspx?req=15833&hilite=c7e779f9-00ca-4e73-b393-2b727985a769&st=%D7%9E%D7%A6%D7%94+%D7%91%D7%A4%D7%A1%D7%97+%D7%A9%D7%A0%D7%99&pgnum=135|consulté le=18 mai 2011}}</ref>.
[[Fichier:Tomb Of Rabbi Meir Baial Haness, 1894.jpg|200px|thumb|Site de la ''hiloula de Rabbi Meïr baal Haness'', en 1894]]
[[Fichier:Tomb Of Rabbi Meir Baial Haness, 1894.jpg|200px|thumb|Site de la ''hiloula de Rabbi Meïr baal Haness'', en 1894]]


=== Hiloula de Rabbi Meïr baal Haness ===
=== Hiloula de Rabbi Meïr baal Haness ===
{{Article détaillé|Meïr baal Haness}}


''Pessa'h sheni'' donne lieu à la célébration festive des « [[hiloula|noces célestes]] » (c’est-à-dire du décès) de [[Rabbi Meïr baal Haness]]. La cérémonie la plus importante a lieu devant le lieu supposé de sa sépulture à [[Tibériade]] où la tradition veut qu’il ait été enterré debout afin de mieux accueillir le Messie lors de la résurrection des morts<ref name="RMEzl"/>. Une autre cérémonie avait autrefois lieu dans la [[Histoire des Juifs à Djerba|communauté de Djerba]]<ref>{{ouvrage|nom1=Encyclopedia Judaica|lien auteur1=Encyclopedia Judaica|langue=en|titre=Hillula|éditeur=The Gale Group|année=2008|lire en ligne=http://www.jewishvirtuallibrary.org/jsource/judaica/ejud_0002_0009_0_08968.html}}</ref>.
''Pessa'h sheni'' donne lieu à la célébration festive des « [[hiloula|noces célestes]] » (c’est-à-dire du décès) de [[Rabbi Meïr baal Haness]]. La cérémonie la plus importante a lieu devant le lieu supposé de sa sépulture à [[Tibériade]] où la tradition veut qu’il ait été enterré debout afin de mieux accueillir le Messie lors de la résurrection des morts<ref name="RMEzl"/>. Une autre cérémonie avait autrefois lieu dans la [[Histoire des Juifs à Djerba|communauté de Djerba]]<ref>{{ouvrage|nom1=Encyclopedia Judaica|lien auteur1=Encyclopedia Judaica|langue=en|titre=Hillula|éditeur=The Gale Group|année=2008|lire en ligne=http://www.jewishvirtuallibrary.org/jsource/judaica/ejud_0002_0009_0_08968.html}}</ref>.


Ce rabbin étant traditionnellement identifié à [[Rabbi Meïr]], l’un des livres réalisés à Djerba pour la ''hiloula'' sous le titre de ''Sefer Hiloula deRabbi Meïr Baal Haness'' est une compilation des enseignements de Rabbi Meïr à partir de la [[Mishna]], des [[Talmud]]s et du [[Midrash]] afin que leur récitation à ''Pessa'h sheni'' augmente le mérite du Sage<ref>{{lien web|auteur=Emmanuel Bloch|titre=Responsum n°57020|url=http://cheela.org/popread.php?id=57020|site=Cheela.org|consulté le=18 mai 2011}}</ref>.
Ce rabbin étant traditionnellement identifié à [[Rabbi Meïr]], l’un des livres réalisés à Djerba pour la ''hiloula'' sous le titre de ''Sefer Hiloula deRabbi Meïr Baal Haness'' est une compilation des enseignements de Rabbi Meïr à partir de la [[Mishna]], des [[Talmud]]s et du [[Midrash]] afin que leur récitation à ''Pessa'h sheni'' augmente le mérite du Sage<ref>{{lien web|auteur=Emmanuel Bloch|titre=Responsum n°57020|url=http://cheela.org/popread.php?id=57020|site=Cheela.org|consulté le=18 mai 2011}}</ref>.
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* {{ouvrage|prénom1=Avraham|nom1=Yaari|langue=he|lien auteur1=Avraham Yaari|titre=[[Massaot eretz Israël shel olim yehoudim|Chroniques de voyageurs juifs en terre d’Israël]]|éditeur=Masada|année=1976|lire en ligne=http://www.hebrewbooks.org/36832}}
* {{ouvrage|prénom1=Avraham|nom1=Yaari|langue=he|lien auteur1=Avraham Yaari|titre=[[Massaot eretz Israël shel olim yehoudim|Chroniques de voyageurs juifs en terre d’Israël]]|éditeur=Masada|année=1976|lire en ligne=http://www.hebrewbooks.org/36832}}
* {{ouvrage|prénom1=Eliyahou|nom1=Kitov|langue=he|lien auteur1=Eliyahou Kitov|titre=Le livre de notre héritage|titre chapitre=Iyar|passage=488-490|éditeur=Yad Eliyahou Kitov|année=2008|lieu=Jérusalem}}
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* {{ouvrage|prénom1=R' Binyamin|nom1=Hote|langue=he|titre=Ki va moëd|titre chapitre=Sfirat Haomer veShavouot|année=2010}}
* {{ouvrage|prénom1=R' Binyamin|nom1=Houta|langue=he|titre=Ki va moëd|titre chapitre=Sfirat Haomer veShavouot|année=2010}}
* {{ouvrage|nom1=Jewish Encyclopedia|lien auteur1=Jewish Encyclopedia|langue=en|titre=Pesaḥ sheni|éditeur=Jewish Encyclopedia (Funk & Wagnalls)|année=1906|lieu=New York|lire en ligne=http://www.jewishencyclopedia.com/view.jsp?artid=218&letter=P}}
* {{ouvrage|nom1=Jewish Encyclopedia|lien auteur1=Jewish Encyclopedia|langue=en|titre=Pesaḥ sheni|éditeur=Jewish Encyclopedia (Funk & Wagnalls)|année=1906|lieu=New York|lire en ligne=http://www.jewishencyclopedia.com/view.jsp?artid=218&letter=P}}
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[[Catégorie:Pessa'h]]
[[Catégorie:Pessa'h]]

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[[es:Pésaj Sheni]]
[[he:פסח שני]]
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Dernière version du 13 septembre 2023 à 11:58

Pessa'h sheni
Illustration de l’offrande pascale (Jollain, 1670)
Illustration de l’offrande pascale (Jollain, 1670)

Nom officiel Hébreu : פסח שני « seconde pâque »
Observé par Le judaïsme, le karaïsme et le samaritanisme
Typ Biblique (historique/agricole)
Signification Occasion de réaliser l’offrande pascale pour ceux qui en avaient été empêchés un mois plus tôt.
Commence Le 14 iyar
Finit Le 15 iyar
Observances Consommation de pains azymes, hiloula de Rabbi Meïr baal Haness
Lié à Pessa'h

Pessa'h Sheni (hébreu : פסח שני « seconde pâque ») est une fête juive mineure d’origine biblique.

Prescrite pour permettre la réalisation de l’offrande pascale à ceux qui en avaient été empêchés un mois plus tôt, elle perd largement de son actualité après la destruction du second Temple. Elle continue cependant à être marquée dans le calendrier et s’enrichit de nouvelles dimensions au Moyen Âge.

Elle a lieu le 14 iyar, au vingt-neuvième jour de l’omer (généralement en mai dans le calendrier grégorien), en Israël comme en diaspora. Elle ne donne lieu pour certains qu’à des modifications mineures dans la liturgie mais d’autres rendent hommage en ce jour à Rabbi Meïr baal Haness, effectuant pour certains un pèlerinage sur son mausolée supposé, à Tibériade.

Pessa'h sheni dans les sources juives

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Dans la Bible hébraïque

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La seconde pâque est prescrite pour la première fois dans le Livre des Nombres lorsqu’un groupe d’Israélites, rendus rituellement impurs par le contact avec les morts, ne peut offrir la pâque lors de la seconde année qui suit l’Exode. Ils protestent auprès de Moïse qui expose leur cas à Dieu. Celui-ci ordonne alors pour ceux-là ou ceux qui se trouveraient trop éloignés, une seconde pâque, à réaliser au quatorzième jour du second mois selon les rites de la pâque. Cette prescription, applicable à toutes les générations, concerne aussi l’étranger qui se serait converti mais non la personne qui se serait abstenue d’offrir la pâque sans motif légitime ; celle-là serait retranchée du sein du peuple[1].

Une seconde pâque a également lieu au temps du roi Ézéchias car sa pâque aurait provoqué un tel engouement populaire que les prêtres auraient été débordés[2].

Dans la littérature des Sages

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Les ordonnances relatives au jour de la seconde pâque et à cette offrande sont détaillées dans la Mishna et les Talmuds, en particulier dans le traité Pessa'him, troisième de l’ordre Moëd (lois relatives au chabbat et aux fêtes juives). Ces discussions sont, à cette époque déjà, largement théoriques car le Temple a été détruit en l’an 70.

La seconde pâque, souvent appelée pessa'h katan (« pâque mineure »)[3], ne jouit pas du statut de la première : elle doit certes, comme la première pâque, être réalisée en récitant le Hallel, rôtie au feu et consommée avec des matzot et des herbes amères ; elle a aussi, comme la pâque, priorité sur le chabbat. Elle ne peut cependant, selon la majorité des opinions, pas être réalisée en état d’impureté[4] et on ne chante pas le Hallel en la mangeant. De plus, aucune des prescriptions propres à la fête des matzot ne la concerne ; ce n’est donc pas une convocation sainte, on n’apporte pas de korban haguiga (offrande festive)[5] et il n’est pas interdit de posséder du hametz chez soi[6].
Elle est toutefois considérée comme assez importante pour que des messagers soient dépêchés, au temps du Temple, vers les communautés éloignées de la terre d’Israël afin de les informer du jour où elle doit être réalisée[7]. Le midrash tient également à en faire la fête d’iyar au même titre que Pessa'h est la fête de nissan et Chavouot, la fête de sivan[8] et l’on ne peut y réaliser d’éloge funèbre[9].

La seconde pâque incombe, contrairement à la première, à une minorité d’individus et non à tout un peuple (les Sages désapprouvent l’initiative d’Ézéchias[10]). Par conséquent, bien qu’elle ait été prescrite pour les individus rendus impurs par le contact des morts lors de la première pâque, si la majorité du peuple devait se trouver dans cet état, la première pâque serait réalisée et la seconde pâque ne concernerait plus que ceux qui sont affligés d’une autre impureté (gonorrhée, menstrues etc.)[11]. De plus, si des femmes devaient se trouver dans ce cas, elles seraient dispensées de la seconde pâque, bien qu’elles soient tenues à la première[12].

Les autres personnes devant offrir une seconde pâque sont :

  • celles qui se trouvent à ce moment à plus de quinze mil (environ 17 kilomètres) de Jérusalem[13],
  • celles qui n’ont pas pu consommer une mesure minimale de la chair pascale, d’un volume équivalent à celui d’une olive[14],
  • celles dont la pâque ne peut être acceptée parce qu’il ne s’agit pas de la bête qu’elles avaient eu l’intention d’offrir en pâque ou parce qu’on a trouvé un défaut à la bête (ou à l’une des bêtes, si plusieurs ont été abattues et dépecées avant que le défaut n’ait été détecté)[15],
  • celles qui n’ont pas offert leur pâque avec l’intention convenable (c’est-à-dire avec l’intention de l’offrir en pâque)[16],
  • celles qui n’ont été formellement converties au judaïsme ou n’ont atteint l’âge de la responsabilité religieuse qu’après la première pâque[17].

Dans la littérature médiévale et ultérieure

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L’entrée de la tombe de Hillel, sur le mont Meron

Ces lois antiques et désuètes en l’absence d’un Temple érigé sont codifiées par Moïse Maïmonide[18], tandis que les observances actuelles de Pessa'h sheni apparaissent au cours du Moyen Âge et de l’époque moderne.

Haï Gaon institue de ne pas réciter le tahanoun (office de supplications) en ce jour car, bien que la pâque ne soit plus réalisée et que l’on ne puisse plus chanter le Hallel, Pessa'h sheni doit être observé selon le rite de Pessa'h au cours duquel on ne récite pas le tahanoun[19]. Cette ordonnance, en vertu de laquelle la tristesse ne sied pas à Pessa'h sheni, établit un précédent juridique et lorsque la coutume des jeûnes de lundi, jeudi et lundi est instituée, une intense controverse a lieu pour savoir s’il a lieu ou non de l’observer lorsqu’un jeûne survient à Pessa'h sheni[20].

D’autre part, des cérémonies apparaissent en ce jour auprès des tombes des éminents docteurs de la Loi reposant en Galilée. Un étudiant anonyme de Nahmanide arrivé au mont Meron rapporte la fébrilité croissante qui culmine à Pessa'h sheni par des célébrations joyeuses sur les tombes de Hillel et Shammaï[21]. Deux siècles plus tard, le kabbaliste italien Moshe Basola participe à des réjouissances similaires pendant deux jours avec plus de mille personnes, Juifs de Damas, de Safed et de Peki'in venus avec leurs familles pour prier sur les tombes des saints[22].
En 1876, on célèbre à Pessa'h sheni la hiloula de Rabbi Meïr baal Haness, sur le lieu de sa sépulture à Tibériade[23] (beaucoup identifient ce rabbin miraculeux à Rabbi Meïr, un éminent docteur de la Mishna dont la date de décès est inconnue[24],[25] mais d’aucuns affirment qu’il ne s’agit pas de la même personne[26]). Cette coutume a probablement été instituée au XVIIIe siècle, lorsque le pèlerinage à Meron devient, sous l’influence des disciples d’Isaac Louria, réservé à Rabbi Shimon bar Yohaï au trente-troisième jour de l’omer ; les habitants de Tibériade ou les pèlerins en route vers le mont Meron auraient alors profité de la proximité des dates de Pessa'h sheni et Lag Ba'omer pour célébrer la hiloula de Rabbi Meïr[24],[25],[27].

Enfin, Pessa'h sheni est fortement investigué dans les littératures kabbalistique et hassidique. Outre de nouvelles interprétations, qui font par exemple de Pessa'h sheni un « jour de la deuxième chance » pour se rapprocher de Dieu[28], diverses coutumes font leur apparition, dont celle de manger des matzot en ce jour car, outre le souvenir de la seconde pâque, les matzot que les Hébreux avaient emportées avec eux lors de l’Exode hors d’Égypte, auraient duré jusqu’au 15 iyar inclus[29].

Observance de Pessa'h sheni

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Omission du tahanoun

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Le tahanoun n’est pas récité lors des offices du matin et de l’après-midi de Pessa'h sheni mais il l’est lors de l’office de l’après-midi de la veille[30]. Certains étendent l’omission du tahanoun aux sept jours qui suivent la fête[31] « car les portes de la miséricorde ne se sont pas refermées[29] ».

Consommation de matzot

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Certains ont pour usage de manger une quantité de matza (propre à la consommation à Pessa'h) équivalant au moins au volume d’une olive (à peu près 216 grammes) ; les ashkénazes prononcent la bénédiction sur le pain (hamotzi le'hem min haaretz) tandis que la plupart des séfarades bénissent sur la pâte (borè minè mezonot)[32]. D’aucuns mangent aussi des œufs ou des herbes amères. Il ne s’agit cependant dans tous les cas que d’usages et non de prescriptions établies[33].

Site de la hiloula de Rabbi Meïr baal Haness, en 1894

Hiloula de Rabbi Meïr baal Haness

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Pessa'h sheni donne lieu à la célébration festive des « noces célestes » (c’est-à-dire du décès) de Rabbi Meïr baal Haness. La cérémonie la plus importante a lieu devant le lieu supposé de sa sépulture à Tibériade où la tradition veut qu’il ait été enterré debout afin de mieux accueillir le Messie lors de la résurrection des morts[25]. Une autre cérémonie avait autrefois lieu dans la communauté de Djerba[34].

Ce rabbin étant traditionnellement identifié à Rabbi Meïr, l’un des livres réalisés à Djerba pour la hiloula sous le titre de Sefer Hiloula deRabbi Meïr Baal Haness est une compilation des enseignements de Rabbi Meïr à partir de la Mishna, des Talmuds et du Midrash afin que leur récitation à Pessa'h sheni augmente le mérite du Sage[35].

Commençant au soir du 14 iyar, la hiloula se poursuit pendant toute la journée et accueille un nombre de pèlerins assez important pour justifier des modifications de trafic. Une procession part de la synagogue Etz Hayim, située dans le vieux quartier de Tibériade, pour se rendre sur le mausolée en portant un rouleau de la Torah. Un bûcher est allumé et des textes sont lus dans une ambiance festive[36].

Observance dans les traditions non-rabbiniques

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Les Samaritains, adeptes d’un mosaïsme non-juif réalisant jusqu’à ce jour l’offrande pascale selon le rite biblique, observaient autrefois la seconde pâque mais ne la marquent plus, de nos jours, que par une prière spéciale[37].

Notes et références

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  1. Nombres 9:5-14
  2. 2 Chroniques, chap. 30
  3. Meguilat Ta'anit (édition Lichtenstein) s.v. 14 iyar ; Mishna Halla 4:11, Mishna Roch Hachana 1:3 etc.
  4. T.B. Pessa'him 95b ; T.B. Yoma 51a
  5. Tossefta Pessa'him (édition Lieberman) 8:7
  6. Mishna Pessa'him 9:3 ; T.B. Pessa'him 95a-96a
  7. Mishna Roch Hachana 1:3
  8. Pessikta deRav Kahana (édition Mandelbaum), piska 28
  9. T.B. Houllin 129b
  10. T.B. Sanhédrin 12b
  11. T.B. Pessa'him 80a ; cf. T.B. Pessa'him 81a & 90a-b où la guemara élabore sur les limites et dispenses de ce statut
  12. T.B. Pessa'him 79b & 91b
  13. T.B. Pessa'him 93b
  14. T.B. Pessa'him 78b
  15. T.B. Pessa'him 88b-89a
  16. Mishna Pessa'him 5:2 & T.B. Pessa'him 59b
  17. T.B. Pessa'him 93a
  18. Maïmonide, Mishné Torah, Sefer Korbanot, Hilkhot korban pessa'h 2:14, 3:2-6 & 9, 4:1, 5:7-9, 6:3, 7:5, 8:3 & 10:15
  19. Teshouvot Hagueonim Sha'arei Teshouva (édition Leipzig), n°336
  20. cf. Sperling 1956, note au siman 599
  21. Yaari 1976, p. 82
  22. Yaari 1976, p. 155
  23. Yaari 1976, p. 623
  24. a et b cf. Sperling 1956, note, p. 262 (275)
  25. a b et c (he) R' Mordekhaï Eliyahou, « Hiloula shel Rabbi Meïr Baal Haness », sur Yeshiva.org (consulté le )
  26. (he) « Meïr Baal Haness », sur Daat (consulté le )
  27. Jacques Kohn, « Responsum n°41938 », sur Cheela.org (consulté le )
  28. « The second Passover, a second chance », sur Chabad.org (consulté le )
  29. a et b Tzadok Hacohen de Lublin, Pri Tzaddik (édition Jérusalem 2005), Vayiqra, pessa'h sheni, cf. Kitov 2008, p. 490
  30. Choulhan Aroukh Harav, piskei hasiddour, hilkhot kriyat shema outefila, cf. Houta 2010, 493:104
  31. cf. Divrei Yatsiv, Orah Hayim, n°75
  32. Likoutei Maharia'h, cité in Houta 2010, 493:107-108
  33. (he) Menahem Mendel Schneerson, Sha'arei halakha ouminhag : Teshouvot oubiourim beOrah Hayim, vol. 2, Jérusalem, , 333 p. (lire en ligne), p. 140
  34. (en) Encyclopedia Judaica, Hillula, The Gale Group, (lire en ligne)
  35. Emmanuel Bloch, « Responsum n°57020 », sur Cheela.org (consulté le )
  36. « La hiloula de Rabbi Meïr baal Haness », sur Local-Golan & Galil, (consulté le )
  37. « Educational guide » [PDF], sur The-Samaritans.com (consulté le ).

Liens externes

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Bibliographie

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