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La '''viande de chauve-souris''' est une source d’[[alimentation humaine]] principalement dans certains pays d’[[Asie]] et d’[[Océanie]]<ref name="Hopkins">{{ouvrage|langue=en|auteur=Jerry Hopkins|titre=Extreme Cuisine : The Weird & Wonderful Foods that People Eat|éditeur=Tuttle Publishing|date=2004|passage=51 à 53|isbn=|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=DJDKaxEEfYgC&pg=PA51}}</ref>.
La '''viande de chauve-souris''' fait partie des [[Viande de brousse|viandes de brousses]] qui sont source d’[[alimentation humaine]], principalement dans certains pays d'[[Afrique subsaharienne]], d’[[Asie]] et d’[[Océanie]]<ref name="Hopkins">{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Jerry Hopkins|titre=Extreme Cuisine : The Weird & Wonderful Foods that People Eat|éditeur=[[Tuttle Publishing]]|année=2004|passage=51 à 53|isbn=|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=DJDKaxEEfYgC&pg=PA51}}</ref>.


== Espèces consommées ==
Dans l'édition de 1999 de l’''{{Lien|Oxford Companion to Food}}'', il est écrit que le goût de la viande de [[Roussette (chiroptère)|Roussette]] ressemble à celui du poulet. La viande de chauve-souris est préparée de plusieurs manières, [[Grillade|grillée]] (notamment au [[barbecue]]), [[Friture|frite]], cuite dans des ragoûts et des sautés. Lorsqu'elle est frite, toute la chauve-souris peut être cuite et consommée<ref name="Hopkins"/>.
Là où ils sont présents les chiroptères de grande taille ([[Megachiroptera]]) sont plus recherchées, roussettes notamment, car portant plus de chair (selon l'édition de [[1999]] de l’'' Oxford Companion to Food'', le goût de la viande de [[Roussette (chiroptère)|Roussette]] ressemble à celui du poulet.
<br/>Mais dans certains pays, des [[ Chiroptera |chauves-souris]] de plus petite taille sont également consommées.


Selon Hopkins, cette viande a un faible taux de [[matières grasses]] et est riche en [[protéines]]<ref name ="Hopkins"/>.
La viande de chauve-souris a une faible teneur en [[matières grasses]] et est riche en [[protéines]]<ref name="Hopkins"/>. C'est un mets très recherché par les Chinois, cette viande étant censée guérir l’asthme, les affections rénales et systémiques<ref>{{Article|auteur=Fabian Wild|titre=Les maladies émergentes en Asie|périodique=Revue des Amis du Muséum National d'Histoire Naturelle|date=mars 2008|volume=|numéro=233|pages=4|url texte=}}</ref>.
C'est un mets très recherché par les [[Chinois (nation)|Chinois]] qui considèrent parfois que sa consommation peut guérir l’[[asthme]], les affections rénales et [[maladie systémique|systémiques]]<ref>{{Article|auteur=Fabian Wild|titre= Les maladies émergentes en Asie |périodique=[[Société des Amis du Muséum national d'histoire naturelle et du Jardin des plantes |Les Amis du Muséum national d'histoire naturelle ; Publication trimestrielle]]|date=mars 2008|volume=|numéro=233|pages=4|url texte=}}</ref>.


== Risques pour la sécurité alimentaire et la santé publique ==
== Transmission de maladies à l'être humain ==
Les chauves-souris (frugivores y compris) sont le réservoir de nombreux [[maladie émergente|virus émergents]] ([[Henipavirus]], [[SRAS]], ancêtre du COVID-19), leur chasse, manipulation, préparation et consommation favorisent la transmission de ces virus à l'homme<ref>Fabian Wild, op. cité, p. 5</ref>. Une morsure de chauve-souris peut aussi transmettre une forme de [[rage (maladie)|rage]].


Le premier exemple démontré de ce risque a été que la consommation de viande de chauve-souris était, de manière chronique, sur l'[[île de Guam]] source directe d'une [[maladie neurologique]] grave, dite « [[syndrome de Guam]] ».
Les chauves-souris frugivores étant le réservoir de nombreux {{lien|fr=Virus émergent|lang=en|trad=Emergent virus|texte=virus émergents}} ([[Henipavirus]], [[SRAS]]), leur consommation favorise la transmission de ces virus à l’homme<ref>Fabian Wild, op. cité, p. 5</ref>.
En effet, le [[Renard volant des Mariannes|roussette des îles Mariannes]] (''Pteropus mariannus''), l'un des mets préféré de l'ethnie [[Chamorro]], est vecteur d'une [[cyanobactérie]], autrefois inconnue, qui produit une [[Bêta-N-méthylamino-L-alanine |toxine BMAA]], puissante, non détruite à la digestion, qui est bioaccumulée par les chauve-souris lorsque celles-ci se nourrissent de graines d'une espèce de [[Cycadaceae]], ''[[Cycas micronesica]]'' lesquelles ont déjà bioaccumulée cette toxine provenant d'une bactérie symbiote de l'arbre. La raréfaction de cette roussette dans l'île de Guam a expliqué une diminution de l'incidence de la maladie chez les [[Chamorros]]<ref>{{article|langue=fr |titre=''Le mystérieux syndrome de l'île de Guam enfin élucidé'' |périodique= Sciences et Avenir |date= 12 novembre 2003|url=https://www.sciencesetavenir.fr/sante/20031112.OBS9602/le-mysterieux-syndrome-de-l-ile-de-guam-enfin-elucide.html}}.</ref>{{,}}<ref>{{article|langue=en |périodique= Amyotroph Lateral Scler.|année =2009 | volume=10 |numéro= suppl. 2 |page=7-20|doi= 10.3109/17482960903286009 | titre = ''Beyond Guam: the cyanobacteria/BMAA hypothesis of the cause of ALS and other neurodegenerative diseases'' |auteur= Bradley WG1, Mash DC. |résumé=https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/19929726 }}.</ref>.


Selon la base de données « DBatVir », spécialement créée pour étudier les [[coronavirus]] de chauve-souris : entre [[2005]] et mai [[2020]], pas moins de 200 nouveaux CoV ont été identifiés chez les chauves-souris.
La consommation de viande de chauve-souris est liée à une [[maladie neurologique]] connue sous le nom de [[syndrome de Guam]]. En effet, le [[Renard volant des Mariannes|roussette des îles Mariannes]] (''Pteropus mariannus''), l'un des mets préféré de l'ethnie [[Chamorro]], serait le vecteur d'une [[cyanobactérie]] inconnue qui produit une [[Bêta-N-méthylamino-L-alanine |toxine BMAA]] et qui infecte les chauve-souris lorsque celles-ci se nourrissent de graines d'une espèce de Cycadaceae, ''[[Cycas micronesica]]''. La raréfaction de cette espèce de roussette dans l'île de Guam explique le diminution de l'incidence de la maladie chez les Chamorros<ref>{{article|langue=fr |titre=''Le mystérieux syndrome de l'île de Guam enfin élucidé'' |périodique= Sciences et Avenir |date= 12 novembre 2003|url=https://www.sciencesetavenir.fr/sante/20031112.OBS9602/le-mysterieux-syndrome-de-l-ile-de-guam-enfin-elucide.html}}.</ref>{{,}}<ref>{{article|langue=en |périodique= Amyotroph Lateral Scler.|année =2009 | volume=10 |numéro= suppl. 2 |page=7-20|doi= 10.3109/17482960903286009 | titre = ''Beyond Guam: the cyanobacteria/BMAA hypothesis of the cause of ALS and other neurodegenerative diseases'' |auteur= Bradley WG1, Mash DC. |résumé=https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/19929726 }}.</ref>.
Le [[virome]] connu et séquencé à ce jour des chiroptères est composé de CoV à 35% environ<ref>L. Chen, B. Liu, J. Yang, Q. Jin (2014) [https://academic.oup.com/database/article/doi/10.1093/database/bau021/2633820 DBatVir] : The Database of Bat-associated Viruses, p. bau021 </ref>

== Préparation ==
<gallery class="center" caption="Préparation des chauves-souris" widths="200px" heights="145px">
File:Bats for eating in Laos.jpg|Chauve-souris destinées à être mangées, au [[Laos]]
File:Slicing A Bat.jpg|Préparation de chiroptères en vue de leur cuisson
File:Preparing Bats.jpg|Autre image d'une préparation
File:Ready To Cook.jpg|Animaux prêts à cuire
</gallery>

La viande de chauve-souris est préparée de plusieurs manières, [[Grillade|grillée]] (notamment au [[barbecue]]), [[Friture|frite]], cuite dans des ragoûts et des sautés. Lorsqu'elle est frite, toute la chauve-souris peut être cuite et consommée<ref name="Hopkins"/>. Pendant qu'elle cuit, la viande peut émettre de fortes odeurs évoquant l'urine et les matières fécales, que l'on peut cacher en ajoutant de l'[[Ail cultivé|ail]], de l'[[oignon]], du [[piment]] ou de la [[bière]] durant la cuisson<ref name="Hopkins"/>{{,}}<ref name=DieFor2006/>

Des chiroptères sont encore couramment mangé dans certains pays. Par exemple le Paniki est un plat du [[Sulawesi du Nord]], à base de chauve-souris [[frugivore]] ; on fait des soupes, des ragoûts et des currys<ref name="Hopkins"/>{{,}}<ref name=DieFor2006>{{Lien web|nom1=Downes, Stephen. |titre=To Die For. |éditeur=Murdoch Books |date=2006 |isbn=978-1-74266-082-0 |lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/1053832648 |consulté le=2020-05-25}}</ref>.

Aux [[Palaos]], la soupe de chauve-souris est considérée comme une délicatesse<ref name=Frater2010>Jamie Frater, Simon and Schuster (2010) Listverse.com's Ultimate Book of Bizarre Lists: Fascinating Facts and Shocking Trivia on Movies, Music, Crime, Celebrities, History, and More ; 1er nov - 400 pages</ref>.
Les chauves-souris frugivores sont utilisées dans une soupe palauenne avec du [[lait de coco]], des [[épice]]s et du [[gingembre]]<ref name=Frater2010/>. Le menu de certains restaurants du sud de la Chine comprend une casserole entière de chauve-souris<ref>{{Article |langue=en |prénom1=Patrick C. Y. |nom1=Woo |prénom2=Susanna K. P. |nom2=Lau |titre=Viruses and Bats |périodique=Viruses |volume=11 |numéro=10 |date=2019-09-21 |issn=1999-4915 |doi=10.3390/v11100884 |lire en ligne=https://www.mdpi.com/1999-4915/11/10/884 |consulté le=2020-05-25 |pages=884}}</ref>.

À [[Sao Tomé-et-Principe|São Tomé-et-Principe]], le [[ragoût]] de chauve-souris (dit « Estufa de morcego ») était et est encore un plat de fête<ref>Kathleen Becker [https://books.google.fr/books?id=e59TqbPNAB0C&pg=PA74&redir_esc=y#v=onepage&q&f=false Sao Tome and Principe]. voir pp. 74–79</ref>.


== Notes et références ==
== Notes et références ==
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[[Catégorie:Cuisine en Asie]]
[[Catégorie:Cuisine en Asie]]
[[Catégorie:Cuisine en Océanie]]
[[Catégorie:Cuisine en Océanie]]
[[Catégorie:Viande]]
[[Catégorie:Viande par animal|Chauve souris]]
[[Catégorie:Chauve-souris dans la culture]]
[[Catégorie:Chauve-souris dans la culture]]
[[Catégorie:Sécurité alimentaire]]

[[Catégorie:Médecine]]
[[Catégorie:Bactéries et humains]]
[[Catégorie:Bactériologie]]

Dernière version du 18 octobre 2023 à 20:24

Paniki (en) préparé avec de la viande de Roussette, plat local à Manado (Indonésie).

La viande de chauve-souris fait partie des viandes de brousses qui sont source d’alimentation humaine, principalement dans certains pays d'Afrique subsaharienne, d’Asie et d’Océanie[1].

Espèces consommées

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Là où ils sont présents les chiroptères de grande taille (Megachiroptera) sont plus recherchées, roussettes notamment, car portant plus de chair (selon l'édition de 1999 de l’ Oxford Companion to Food, le goût de la viande de Roussette ressemble à celui du poulet.
Mais dans certains pays, des chauves-souris de plus petite taille sont également consommées.

Selon Hopkins, cette viande a un faible taux de matières grasses et est riche en protéines[1]. C'est un mets très recherché par les Chinois qui considèrent parfois que sa consommation peut guérir l’asthme, les affections rénales et systémiques[2].

Risques pour la sécurité alimentaire et la santé publique

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Les chauves-souris (frugivores y compris) sont le réservoir de nombreux virus émergents (Henipavirus, SRAS, ancêtre du COVID-19), leur chasse, manipulation, préparation et consommation favorisent la transmission de ces virus à l'homme[3]. Une morsure de chauve-souris peut aussi transmettre une forme de rage.

Le premier exemple démontré de ce risque a été que la consommation de viande de chauve-souris était, de manière chronique, sur l'île de Guam source directe d'une maladie neurologique grave, dite « syndrome de Guam ». En effet, le roussette des îles Mariannes (Pteropus mariannus), l'un des mets préféré de l'ethnie Chamorro, est vecteur d'une cyanobactérie, autrefois inconnue, qui produit une toxine BMAA, puissante, non détruite à la digestion, qui est bioaccumulée par les chauve-souris lorsque celles-ci se nourrissent de graines d'une espèce de Cycadaceae, Cycas micronesica lesquelles ont déjà bioaccumulée cette toxine provenant d'une bactérie symbiote de l'arbre. La raréfaction de cette roussette dans l'île de Guam a expliqué une diminution de l'incidence de la maladie chez les Chamorros[4],[5].

Selon la base de données « DBatVir », spécialement créée pour étudier les coronavirus de chauve-souris : entre 2005 et mai 2020, pas moins de 200 nouveaux CoV ont été identifiés chez les chauves-souris. Le virome connu et séquencé à ce jour des chiroptères est composé de CoV à 35% environ[6]

Préparation

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La viande de chauve-souris est préparée de plusieurs manières, grillée (notamment au barbecue), frite, cuite dans des ragoûts et des sautés. Lorsqu'elle est frite, toute la chauve-souris peut être cuite et consommée[1]. Pendant qu'elle cuit, la viande peut émettre de fortes odeurs évoquant l'urine et les matières fécales, que l'on peut cacher en ajoutant de l'ail, de l'oignon, du piment ou de la bière durant la cuisson[1],[7]

Des chiroptères sont encore couramment mangé dans certains pays. Par exemple le Paniki est un plat du Sulawesi du Nord, à base de chauve-souris frugivore ; on fait des soupes, des ragoûts et des currys[1],[7].

Aux Palaos, la soupe de chauve-souris est considérée comme une délicatesse[8]. Les chauves-souris frugivores sont utilisées dans une soupe palauenne avec du lait de coco, des épices et du gingembre[8]. Le menu de certains restaurants du sud de la Chine comprend une casserole entière de chauve-souris[9].

À São Tomé-et-Principe, le ragoût de chauve-souris (dit « Estufa de morcego ») était et est encore un plat de fête[10].

Notes et références

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Sur les autres projets Wikimedia :

  1. a b c d et e (en) Jerry Hopkins, Extreme Cuisine : The Weird & Wonderful Foods that People Eat, Tuttle Publishing, (lire en ligne), p. 51 à 53
  2. Fabian Wild, « Les maladies émergentes en Asie », Les Amis du Muséum national d'histoire naturelle ; Publication trimestrielle, no 233,‎ , p. 4
  3. Fabian Wild, op. cité, p. 5
  4. « Le mystérieux syndrome de l'île de Guam enfin élucidé », Sciences et Avenir,‎ (lire en ligne).
  5. (en) Bradley WG1, Mash DC., « Beyond Guam: the cyanobacteria/BMAA hypothesis of the cause of ALS and other neurodegenerative diseases », Amyotroph Lateral Scler., vol. 10, no suppl. 2,‎ , p. 7-20 (DOI 10.3109/17482960903286009, résumé).
  6. L. Chen, B. Liu, J. Yang, Q. Jin (2014) DBatVir : The Database of Bat-associated Viruses, p. bau021
  7. a et b Downes, Stephen., « To Die For. », Murdoch Books, (ISBN 978-1-74266-082-0, consulté le )
  8. a et b Jamie Frater, Simon and Schuster (2010) Listverse.com's Ultimate Book of Bizarre Lists: Fascinating Facts and Shocking Trivia on Movies, Music, Crime, Celebrities, History, and More ; 1er nov - 400 pages
  9. (en) Patrick C. Y. Woo et Susanna K. P. Lau, « Viruses and Bats », Viruses, vol. 11, no 10,‎ , p. 884 (ISSN 1999-4915, DOI 10.3390/v11100884, lire en ligne, consulté le )
  10. Kathleen Becker Sao Tome and Principe. voir pp. 74–79