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| combattants1 = {{France (1870-1940)}}
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| géolocalisation = Viêt Nam
| géolocalisation = Viêt Nam
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La '''Prise de Sontay''', qui se déroula du 14 au {{date-|16 décembre 1883}}, est une bataille française contre les troupes chinoises de l'armée du Kouang-Si<ref>Ou Guangxi en transcription [[Hanyu pinyin|pinyin]].</ref> au nord du Viêt Nam pendant la [[campagne du Tonkin]] (1883–86). [[Sontay]] a été prise le {{date-|16 décembre 1883}}.
La '''Prise de Sontay''' est un affrontement de la [[campagne du Tonkin]] qui oppose les troupes françaises du [[Corps expéditionnaire du Tonkin|Corps expéditionnaire]], commandé alors par l'amiral [[Amédée Courbet|Courbet]], aux [[Pavillons Noirs]], aux troupes régulières chinoises et à leurs [[Annamite|supplétifs annamites]]. Les combats qui se déroulent du 14 au {{date-|16 décembre 1883}} conduisent à la prise de [[Sontay]] le {{date-|16 décembre}}.


== Contexte ==
== Contexte ==
Après le premier [[Traité de Hué (1883)|traité de Hué]] ({{date-|23 août 1883}}) établissant le protectorat français sur l'Annam, la Chine refuse toujours au gouvernement de Hué le droit de traiter directement avec la France, se réservant « le droit entier et exclusif d'agir sur le Fleuve Rouge »<ref>Dépêche du « marquis » Tseng au ministre des Affaires étrangères [[Paul-Armand Challemel-Lacour|Challemel-Lacour]] en date du 15 octobre</ref>. Deux armées régulières chinoises, celle du Yun-Nân et celle du Kouang-Si, se joignent aux bandes des Pavillons Noirs qui sévissent au Tonkin. Bientôt, ils occupent les deux forteresses de Sontay et Bac-Minh, et menacent de passer à l'offensive. Dans l'urgence, Courbet proclame l'état de siège, et décide de profiter de la hauteur des eaux pour marcher sur Sontay, en bordure du Fleuve Rouge, devenue depuis août le point de réunion et de défense des Pavillons Noirs et des réguliers chinois.
Après le premier [[Traité de Hué (1883)|traité de Hué]] ({{date-|23 août 1883}}) établissant le protectorat français sur l'[[Annam]], la Chine refuse toujours au gouvernement de Hué le droit de traiter directement avec la France, se réservant « le droit entier et exclusif d'agir sur le [[Fleuve Rouge]] »<ref>Dépêche du « marquis » Tseng au ministre des Affaires étrangères [[Paul Challemel-Lacour|Challemel-Lacour]] en date du 15 octobre</ref>. Deux armées régulières chinoises, celle du Yun-Nân et celle du Kouang-Si, se joignent aux bandes des [[Pavillons Noirs]] qui sévissent au [[Tonkin]]. Bientôt, ils occupent les deux forteresses de Sontay et Bac-Ninh, et menacent de passer à l'offensive. Dans l'urgence, [[Amédée Courbet|Courbet]] proclame l'[[état de siège]], et décide de profiter de la hauteur des eaux pour marcher sur Sontay, en bordure du Fleuve Rouge, devenue depuis août le point de réunion et de défense des Pavillons Noirs et des réguliers chinois.


== Ordre de bataille chinois ==
== Ordre de bataille chinois ==
Les Pavillons Noirs, commandés par [[Liu Yongfu]] (Lu-Vĩnh-Phước en vietnamien), occupent à deux kilomètres du fleuve, la grande citadelle de Sontay, entourée d'une digue haute de six mètres, garnie de canons et de meurtrières, plantée d'une haie de bambous, défendue, ainsi que les digues et villages groupés sur les quatre routes qui rayonnent autour d'elle par {{formatnum:10000}} Pavillons Noirs, {{formatnum:10000}} réguliers chinois et {{formatnum:5000}} annamites; les retranchements sont armés d'une nombreuse artillerie.
Les Pavillons Noirs, commandés par [[Liu Yongfu]] (Lu-Vĩnh-Phước en vietnamien), occupent à deux kilomètres du fleuve, la grande citadelle de Sontay, entourée d'une digue haute de six mètres, garnie de canons et de meurtrières, plantée d'une haie de bambous, défendue, ainsi que les digues et villages groupés sur les quatre routes qui rayonnent autour d'elle par {{unité|10000|Pavillons Noirs}}, {{unité|10000|réguliers}} chinois et {{unité|5000|annamites}}; les retranchements sont armés d'une nombreuse artillerie.


== Ordre de bataille français ==
== Ordre de bataille français ==
En {{date-|novembre 1883}}, le Corps expéditionnaire du Tonkin comptait {{formatnum:9500}} hommes, constitué de ''régiments de marche'' à trois bataillons d'infanterie. Ne pouvant dégarnir toutes les garnisons, Courbet, avec {{formatnum:6000}} hommes, forme deux colonnes qui partent de Hanoï le {{date-|11 décembre}}.
En {{date-|novembre 1883}}, le Corps expéditionnaire du Tonkin comptait {{unité|9500|hommes}}, constitué de ''régiments de marche'' à trois bataillons d'infanterie. Ne pouvant dégarnir toutes les garnisons, Courbet, avec {{unité|6000|hommes}}, forme deux colonnes qui partent de [[Hanoï]], le {{date-|11 décembre}}.


* Colonne du colonel Belin
* Colonne du colonel Belin
** deux bataillons de turcos du [[1er régiment de tirailleurs algériens|1{{er}}]] et [[3e régiment de tirailleurs algériens|{{3e|régiment}} de tirailleurs algériens]]
** deux bataillons de [[Tirailleurs algériens|turcos]] du [[1er régiment de tirailleurs algériens|1{{er}}]] et [[3e régiment de tirailleurs algériens|{{3e|régiment}} de tirailleurs algériens]]
** un bataillon d'infanterie de marine du [[4e régiment d'infanterie de marine|{{4e}} Régiment de marche d'infanterie de marine]]
** un bataillon d'infanterie de marine du {{4e}} [[régiment de marche]] d'infanterie de marine
** une compagnie du [[Tirailleurs indochinois|Régiment de marche {{n°|1}} de l'Annam]]
** une compagnie du [[10e régiment d'infanterie coloniale|régiment de marche {{n°|1}} de l'Annam]]
** {{1er|bataillon}} de la [[Légion étrangère]]
** {{1er|bataillon}} de la [[Légion étrangère]]
** trois compagnies de [[Tirailleurs indochinois|tirailleurs tonkinois]]
** trois compagnies de [[Tirailleurs indochinois|tirailleurs tonkinois]]<!-- N'y avait-il pas aussi des tirailleurs annamites ? -->
** [[1er régiment d'artillerie de marine|1{{re}}]], [[2e régiment d'artillerie coloniale|2{{e}}]] et [[3e régiment d'artillerie coloniale| {{3e|batterie}}]] d'artillerie de marine montée à cheval
** {{1re}}, {{2e}} et {{3e|batterie}} d'artillerie de marine montée à cheval
* Colonne du colonel Bichot
* Colonne du colonel Bichot
** un bataillon d'infanterie de marine du [[1er régiment d'infanterie de marine|{{1er}} Régiment de marche d'infanterie de marine]]
** un bataillon d'infanterie de marine du {{1er}} régiment de marche d'infanterie de marine
** un bataillon d'infanterie de marine du [[2e régiment d'infanterie de marine|{{2e}} Régiment de marche d'infanterie de marine]]
** un bataillon d'infanterie de marine du {{2e}} régiment de marche d'infanterie de marine
** un bataillon d'infanterie de marine du [[3e régiment d'infanterie de marine|{{3e}} Régiment de marche d'infanterie de marine]]
** un bataillon d'infanterie de marine du {{3e}} régiment de marche d'infanterie de marine
** trois compagnies du [[Tirailleurs indochinois|Régiment de marche {{n°|1}} de l'Annam]]
** trois compagnies du [[10e régiment d'infanterie coloniale|régiment de marche {{n°|1}} de l'Annam]]
** un bataillon de fusiliers marins
** un bataillon de [[fusiliers marins]]
** [[4e régiment d'artillerie coloniale|4{{e}}]], [[5e régiment d'artillerie coloniale|5{{e}}]] et [[11e régiment d'artillerie de marine|11{{e}}]] batterie d'artillerie de marine montée à cheval
** [[4e régiment d'artillerie coloniale|4{{e}}]], [[5e régiment d'artillerie coloniale|5{{e}}]] et [[11e régiment d'artillerie de marine|11{{e}}]] batterie d'artillerie de marine montée à cheval
** deux batteries de 65 de marine.
** deux batteries de 65 de marine.

== Déroulement ==
== Déroulement ==
[[Image:Plan de Son Tay.jpg|300px]]
[[Image:Plan de Son Tay.jpg|left|300px]]
La colonne de gauche, commandée par le colonel Belin, suit la route de terre par Phu-Hoaï, Pa-Lau et Phun; la colonne de droite, commandée par le colonel Bichot remonte le Fleuve Rouge avec six canonnières (''Pluvier'', ''Trombe'', ''Éclair'', ''Hache'', ''Mousqueton'' et ''Yatagan'').<br>
La colonne de gauche, commandée par le colonel Belin, suit la route de terre par Phu-Hoaï, Pa-Lau et Phun; la colonne de droite, commandée par le colonel Bichot remonte le Fleuve Rouge avec six canonnières (''Pluvier'', ''Trombe'', ''Éclair'', ''Hache'', ''Mousqueton'' et ''Yatagan'').<br>
Le {{date-|11 décembre}}, la colonne qui remontait le fleuve, débarque en amont du confluent du Day et s'y fortifie. Elle est rejointe le 13 par la colonne terrestre et Courbet s'empare de Phu-Sa le {{date-|14 décembre}}.<br />
Le {{date-|11 décembre}}, la colonne qui remontait le fleuve, débarque en amont du confluent du Day et s'y fortifie. Elle est rejointe le 13 par la colonne terrestre et Courbet s'empare de Phu-Sa le {{date-|14 décembre}}.<br />
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== Conséquences ==
== Conséquences ==
Les Pavillons noirs de [[Liu Yongfu]] refoulés sur le haut du Fleuve Rouge, [[Campagne de Bac Ninh|la prise de Bắc Ninh]] devient plus facile.<br />
Les Pavillons noirs de [[Liu Yongfu]] refoulés sur le haut du Fleuve Rouge, [[Campagne de Bac Ninh|la prise de Bắc Ninh]] devient plus facile.<br />
Promu vice-amiral et élevé à la dignité de grand officier de la légion d'honneur, Courbet, dépité, doit céder le commandement du corps expéditionnaire au général [[Charles-Théodore Millot|Millot]].<br />
Promu vice-amiral et élevé à la dignité de grand officier de la légion d'honneur, Courbet, dépité, doit céder le commandement du corps expéditionnaire au général [[Charles-Théodore Millot|Millot]].<br />La poursuite de la campagne et les défaites infligées au Céleste Empire entraîneront l'[[Accord de Tien-Tsin|accord de Tientsin]], signé le {{date-|11 mai 1884}}, prévoyant un retrait des troupes chinoises du Tonkin en échange d'un traité complet réglant des problèmes commerciaux entre la France et la Chine, et la démarcation de la [[Frontière entre la Chine et le Viêt Nam|frontière sino-vietnamienne]].
La poursuite de la campagne et les défaites infligées au Céleste Empire entraîneront l'[[accord de Tientsin]], signé le {{date-|11 mai 1884}}, prévoyant un retrait des troupes chinoises du Tonkin en échange d'un traité complet réglant des problèmes commerciaux entre la France et la Chine, et la démarcation de la [[Frontière entre la Chine et le Viêt Nam|frontière sino-vietnamienne]]


== Décoration ==
== Décoration ==
*'''SONTAY 1883''' est inscrit sur le drapeau des régiments cités lors de cette bataille, ou de leurs héritiers : le [[5e régiment étranger d'infanterie|{{5e|régiment}} étranger d'infanterie]], le [[1er régiment d'infanterie de marine|{{1er|régiment}} d'infanterie de marine]], le [[3e régiment d'infanterie de marine|{{3e|régiment}} d'infanterie de marine]] (ainsi que le [[23e régiment d'infanterie coloniale|{{23e|régiment}} d'infanterie de marine]]), le [[5e régiment d'infanterie coloniale|{{5e|régiment}} d'infanterie coloniale]] (ainsi que le [[5e régiment interarmes d'outre-mer|{{5e|régiment}} interarmes)]], le [[7e régiment d'infanterie coloniale|{{7e|régiment}} d'infanterie coloniale]] (ainsi que le [[7e régiment interarmes d'outre-mer|{{7e|régiment}} interarmes]]), le [[10e régiment d'infanterie coloniale|{{10e|régiment}} d'infanterie coloniale]] (ainsi que le [[10e régiment interarmes d'outre-mer|{{10e|régiment}} interarmes]]), le [[1er régiment d'artillerie de marine|{{1er|régiment}} d'artillerie de marine]], le [[2e régiment d'artillerie coloniale|{{2e|régiment}} d'artillerie de marine]], le [[4e régiment d'artillerie coloniale|{{4e|régiment}} d'artillerie de marine]], le [[5e régiment d'artillerie coloniale|{{5e|régiment}} d'artillerie de marine]], le [[11e régiment d'artillerie de marine|{{11e|régiment}} d'artillerie de marine]], le [[1er régiment de tirailleurs tonkinois|{{1er|régiment}} de tirailleurs tonkinois]], le [[2e régiment de tirailleurs tonkinois|{{2e|régiment}} de tirailleurs tonkinois]], le [[3e régiment de tirailleurs tonkinois|{{3e|régiment}} de tirailleurs tonkinois]], le [[4e régiment de tirailleurs tonkinois|{{4e|régiment}} de tirailleurs tonkinois]] et le [[régiment de tirailleurs annamites]].
*'''SONTAY 1883''' ou '''TONKIN 1883''' sont inscrits sur le drapeau des régiments cités lors de cette bataille.


== Notes et références ==
== Notes et références ==
* {{Traduction/Référence|en|Sơn Tây Campaign|3=596731465}}
{{Traduction/Référence|en|Sơn Tây Campaign|3=596731465}}
{{Références}}
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[[Catégorie:1883 en Asie]]
[[Catégorie:1883 en Asie]]
[[Catégorie:Décembre 1883]]
[[Catégorie:Décembre 1883]]
[[Catégorie:Expédition du Tonkin]]

Version du 17 janvier 2024 à 01:14

Prise de Sontay
Description de l'image Prise de Son Tay.jpg.
Informations générales
Date 14 au 16 décembre 1883
Lieu Viêt Nam
Issue Victoire française
Traité de Hué (1884)
Belligérants
Drapeau de la France Frankreich Drapeau : Chine Empire de Chine
Pavillons noirs
Annam
Commandants
Drapeau de la France Amédée Courbet Drapeau : Chine Tang Zhiong
Liu Yongfu
Hoang Ke Viem (en)
Forces en présence
6 000 soldats
6 canonnières
10 000 soldats chinois
10 000 Pavillons-Noirs
5 000 Annamites
Pertes
83 morts
319 blessés
900 morts
~ 2 000 blessés

Guerre franco-chinoise

Batailles

Coordonnées 21° 08′ 16″ nord, 105° 30′ 18″ est
Géolocalisation sur la carte : Viêt Nam
(Voir situation sur carte : Viêt Nam)
Prise de Sontay

La Prise de Sontay est un affrontement de la campagne du Tonkin qui oppose les troupes françaises du Corps expéditionnaire, commandé alors par l'amiral Courbet, aux Pavillons Noirs, aux troupes régulières chinoises et à leurs supplétifs annamites. Les combats qui se déroulent du 14 au conduisent à la prise de Sontay le .

Contexte

Après le premier traité de Hué () établissant le protectorat français sur l'Annam, la Chine refuse toujours au gouvernement de Hué le droit de traiter directement avec la France, se réservant « le droit entier et exclusif d'agir sur le Fleuve Rouge »[1]. Deux armées régulières chinoises, celle du Yun-Nân et celle du Kouang-Si, se joignent aux bandes des Pavillons Noirs qui sévissent au Tonkin. Bientôt, ils occupent les deux forteresses de Sontay et Bac-Ninh, et menacent de passer à l'offensive. Dans l'urgence, Courbet proclame l'état de siège, et décide de profiter de la hauteur des eaux pour marcher sur Sontay, en bordure du Fleuve Rouge, devenue depuis août le point de réunion et de défense des Pavillons Noirs et des réguliers chinois.

Ordre de bataille chinois

Les Pavillons Noirs, commandés par Liu Yongfu (Lu-Vĩnh-Phước en vietnamien), occupent à deux kilomètres du fleuve, la grande citadelle de Sontay, entourée d'une digue haute de six mètres, garnie de canons et de meurtrières, plantée d'une haie de bambous, défendue, ainsi que les digues et villages groupés sur les quatre routes qui rayonnent autour d'elle par 10 000 Pavillons Noirs, 10 000 réguliers chinois et 5 000 annamites; les retranchements sont armés d'une nombreuse artillerie.

Ordre de bataille français

En , le Corps expéditionnaire du Tonkin comptait 9 500 hommes, constitué de régiments de marche à trois bataillons d'infanterie. Ne pouvant dégarnir toutes les garnisons, Courbet, avec 6 000 hommes, forme deux colonnes qui partent de Hanoï, le .

Déroulement

La colonne de gauche, commandée par le colonel Belin, suit la route de terre par Phu-Hoaï, Pa-Lau et Phun; la colonne de droite, commandée par le colonel Bichot remonte le Fleuve Rouge avec six canonnières (Pluvier, Trombe, Éclair, Hache, Mousqueton et Yatagan).
Le , la colonne qui remontait le fleuve, débarque en amont du confluent du Day et s'y fortifie. Elle est rejointe le 13 par la colonne terrestre et Courbet s'empare de Phu-Sa le .
Devant Sontay, Courbet se masse avec ses adjoints, Bichot, Belin, Badens et Revillon devant la porte Ouest, ses batteries bombardant les arrières de la citadelle. À cinq heures, la Légion étrangère en tête, l'assaut est donné. La citadelle tombe entre les mains des troupes françaises le à six heures du soir.
La baisse des eaux ne permettant pas aux canonnières de Courbet de remonter le fleuve au-delà de Sontay, Liu Yongfu se retire sur Hong-Hoa et s'y fortifie.

Conséquences

Les Pavillons noirs de Liu Yongfu refoulés sur le haut du Fleuve Rouge, la prise de Bắc Ninh devient plus facile.
Promu vice-amiral et élevé à la dignité de grand officier de la légion d'honneur, Courbet, dépité, doit céder le commandement du corps expéditionnaire au général Millot.
La poursuite de la campagne et les défaites infligées au Céleste Empire entraîneront l'accord de Tientsin, signé le , prévoyant un retrait des troupes chinoises du Tonkin en échange d'un traité complet réglant des problèmes commerciaux entre la France et la Chine, et la démarcation de la frontière sino-vietnamienne.

Décoration

Notes et références

  1. Dépêche du « marquis » Tseng au ministre des Affaires étrangères Challemel-Lacour en date du 15 octobre

Bibliographie

  • Les Troupes de Marine 1622-1984, Paris, Lavauzelle, 1986.
  • Histoire de France contemporaine, Paris, Larousse, 1916.