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== Histoire ==
== Histoire ==
[[Image:Guetteur_au_poste_de_l'écluse_26.jpg|vignette|redresse|[[Paul Castelnau]], ''Militaire français en observation : un guetteur au poste de l'écluse 26'', 1917, [[Charenton-le-Pont]], [[Médiathèque du patrimoine et de la photographie]]. Un autochrome réalisé pendant la [[Première Guerre mondiale]].]]
[[Image:Guetteur_au_poste_de_l'écluse_26.jpg|vignette|redresse|[[Paul Castelnau]], ''Militaire français en observation : un guetteur au poste de l'écluse 26'', 1917. Un autochrome réalisé pendant la [[Première Guerre mondiale]], [[Médiathèque du patrimoine et de la photographie]], Charenton-le-Pont.]]


[[Auguste et Louis Lumière|Louis Lumière]] est déjà le père de la [[plaque photographique]] instantanée et du [[Cinématographe]] lorsqu’il dépose avec son frère Auguste, le {{date|17 décembre 1903}}, un brevet pour l'Autochrome, nouveau procédé d’obtention de photographies en couleur<ref name="Institut">{{Lien web |titre=Les Autochromes |url=https://www.institut-lumiere.org/musee/les-freres-lumiere-et-leurs-inventions/autochromes.html |date= |site=institut-lumiere.org |consulté le=28 octobre 2023}}.</ref>. Louis Lumière présente la technique autochrome à l'[[Académie des sciences (France)|Académie des sciences]] le {{date|30 mai 1904}}<ref name="Institut"/>.
[[Auguste et Louis Lumière|Louis Lumière]] est déjà le père de la [[plaque photographique]] instantanée et du [[Cinématographe]] lorsqu’il dépose avec son frère Auguste, le {{date|17 décembre 1903}}, un brevet pour l'Autochrome, premier procédé de photographie en couleur<ref name="Institut">{{Lien web |titre=Les Autochromes |url=https://www.institut-lumiere.org/musee/les-freres-lumiere-et-leurs-inventions/autochromes.html |date= |site=institut-lumiere.org |consulté le=28 octobre 2023}}.</ref>. Louis Lumière présente la technique autochrome à l'[[Académie des sciences (France)|Académie des sciences]] le {{date|30 mai 1904}}<ref name="Institut"/>.


[[Gabriel Veyre]] réalise ensuite les premiers autochromes au [[Maroc]].
[[Gabriel Veyre]] réalise ensuite les premiers autochromes au [[Maroc]].


À partir de 1907, sa commercialisation séduit de nombreux Français et étrangers<ref>{{cita|Nous venons de voir chez {{MM.|Combes}} et Arlaud, photographes, le premier cliché en couleurs tiré en Suisse par le nouveau procédé Lumière, et dont il n'est pour le moment livré aucun exemplaire à l'étranger. {{MM.|Combes}} et Arlaud ayant pu néanmoins s'en procurer quelques plaques sont arrivés à un fort beau résultat}} — ''Journal de Genève'', {{date-|26 juin 1907}}.</ref>{{,}}<ref>{{cita|Je voudrais insister sur le formidable enthousiasme qui s'est exprimé quand la première plaque couleur a été décrite dans la presse quotidien et présenté dans les clubs photographiques. Seule une personne vivant à cette époque peut avoir une idée très claire de cette expérience}} — Wenzel Fritz, ''Memoirs of a Photochimist,'' American Museum of Photography, 1960.</ref>. Les usines Lumière produisirent {{nombre|6000|plaques}} d'autochromes par jour, {{unité|50|millions}} de clichés au total.
À partir de 1907, sa commercialisation séduit de nombreux Français et étrangers<ref>{{cita|Nous venons de voir chez {{MM.|Combes}} et Arlaud, photographes, le premier cliché en couleurs tiré en Suisse par le nouveau procédé Lumière, et dont il n'est pour le moment livré aucun exemplaire à l'étranger. {{MM.|Combes}} et Arlaud ayant pu néanmoins s'en procurer quelques plaques sont arrivés à un fort beau résultat.}} — ''Journal de Genève'', {{date-|26 juin 1907}}.</ref>{{,}}<ref>{{cita|Je voudrais insister sur le formidable enthousiasme qui s'est exprimé quand la première plaque couleur a été décrite dans la presse quotidienne et présentée dans les clubs photographiques. Seule une personne vivant à cette époque peut avoir une idée très claire de cette expérience.}} — Wenzel Fritz, ''Memoirs of a Photochimist,'' American Museum of Photography, 1960.</ref>. Les usines Lumière produisirent {{nombre|6000|plaques}} d'autochromes par jour, {{nobr|50 millions}} de clichés au total.


[[Albert Kahn (banquier)|Albert Kahn]], banquier philanthrope, envoie des photographes sur les cinq [[continent]]s qui travailleront principalement en autochrome et constitueront selon son vaste projet « [[Albert Kahn (banquier)#Les Archives de la Planète|Les Archives de la Planète]] ». Grâce à cette technique, Albert Kahn a pu ainsi rassembler des milliers de témoignages sur la vie et les gens d'une cinquantaine de pays dans le monde.
[[Albert Kahn (banquier)|Albert Kahn]], banquier philanthrope, envoie sur les cinq [[continent]]s des photographes qui travailleront principalement en autochrome et constitueront selon son vaste projet « [[Albert Kahn (banquier)#Les Archives de la Planète|Les Archives de la Planète]] ». Grâce à cette technique, Albert Kahn a pu ainsi rassembler des milliers de témoignages sur la vie et les gens d'une cinquantaine de pays dans le monde.


À partir de 1935, le [[Kodachrome]] puis, en 1936, l'[[Agfacolor]] remplacent progressivement l'autochrome.
À partir de 1935, le [[Kodachrome]] puis, en 1936, l'[[Agfacolor]] remplacent progressivement l'autochrome.

== Technique de fabrication ==
Pour créer la mosaïque de filtres de couleur autochrome, une fine plaque de verre a d'abord été recouverte d'une couche adhésive transparente. Les grains d'amidon teintés ont été calibrés à une taille comprise entre 5 et 10 micromètres et les trois couleurs ont été soigneusement mélangées dans des proportions telles que le mélange apparaît gris à l'œil nu. Ils ont ensuite été étalés sur l'adhésif, créant une couche d'environ 4 000 000 de grains par pouce carré, mais d'une épaisseur d'un seul grain. On ne sait pas encore exactement comment on a réussi à éviter les écarts importants et les chevauchements de grains. On a constaté que l'application d'une pression extrême produisait une mosaïque qui transmettait plus efficacement la lumière à l'émulsion, car les grains étaient légèrement aplatis, ce qui les rendait plus transparents, et pressés dans un contact plus intime les uns avec les autres, ce qui réduisait l'espace perdu entre eux. Comme il n'était pas pratique d'appliquer une telle pression sur l'ensemble de la plaque en une seule fois, on utilisait un rouleau compresseur qui n'aplatissait qu'une très petite zone à la fois. Du noir de lampe a été utilisé pour boucher les légers espaces restants. La plaque a ensuite été recouverte de gomme-laque pour protéger les grains et les colorants sensibles à l'humidité de l'émulsion de gélatine à base d'eau, qui a été appliquée sur la plaque après le séchage de la gomme-laque. La plaque ainsi obtenue a été découpée en plaques plus petites de la taille souhaitée, qui ont été emballées dans des boîtes de quatre. Chaque plaque était accompagnée d'un mince morceau de carton coloré en noir du côté de l'émulsion. Il devait être conservé lors du chargement et de l'exposition de la plaque et servait à la fois à protéger l'émulsion délicate et à inhiber le halo.

Le brevet américain de 1906 décrit le procédé de manière plus générale : les grains peuvent être orange, violet et vert, ou rouge, jaune et bleu (ou "n'importe quel nombre de couleurs"), avec éventuellement de la poudre noire pour combler les lacunes. Les expérimentations menées au début du XXe siècle ont permis de résoudre de nombreux problèmes, notamment l'ajout de plaques d'écran, d'un filtre jaune destiné à équilibrer le bleu, et l'ajustement de la taille des cristaux d'halogénure d'argent afin d'obtenir un spectre de couleurs plus large et de contrôler la fréquence de la lumière<ref>Bertrand Lavédrine et Jean-Paul Gandolfo, ''The Lumiere Autochrome: History, Technology, and Preservation'', Los Angeles, The Getty Conservation Institute (2013), {{p.|85}}.</ref>.


== Technique ==
== Technique ==
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* [[Gabriel Veyre]]
* [[Gabriel Veyre]]
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== Galerie ==
<gallery caption="Autochromes">
File:Autochrome of Mark Twain.jpg|Portrait autochrome de [[Mark Twain]], 1908.
File:Mary Gullick, Zoe Gullick, Marjory Gullick, Chloe Gullick.jpg|Famille Gullick, 1909.
File:Anna Iwaszkiewicz with Maria Wysocka color photograph- Stanisław Wilhelm Lilpop.jpg|[[Anna Iwaszkiewicz]] et Maria Wysocka, Pologne, 1909.
File:Louis Lumiere with microscope and test tubes.jpg|Louis Lumière, {{Circa|1910}}.
File:Katherine Stieglitz autochrome.jpg|Katherine Stieglitz, {{Circa|1910}}.
File:1914 King George V and Queen Mary autochrome.jpg|[[George V|Le roi George V]] et [[Mary of Teck|la reine Mary]] photographiés par Jean Desboutin, 13 mars 1914.
File:France, Paris (Family in the Rue du Pot-de-Fer).jpg|Famille à [[Paris]], 1914.
File:Tổng đốc Hoàng Trọng Phu and his families in front of his villa 01.jpg|[[Hoang Trong Phu]] et sa famille, Vietnam, {{Circa|1914}}.
File:Paris 1925 59878912.jpg|Un autochrome du pavillon de la [[Pologne]] à [[Paris]], 1925.
File:Stockholmsutställningen 1930 Villa 48.jpg|Maison à [[Stockholm]], Autochrome, 1930.
File:Gustaf Adolfs torg 1934.jpg|Un autochrome du Royal Swedish Opera à [[Stockholm]], Suède, 1934.
File:Auguste Lumière.jpg|Auguste Lumière, {{Circa|1935}}.
File:Autochrome Price List pamphlet - front (scan).jpg|Tarifs d'autochromes, 1925 - recto.
File:Autochrome Price List pamphlet - reverse (scan).jpg|Tarifs d'autochromes, 1925 - verso.
</gallery>


== Notes et références ==
== Notes et références ==
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=== Bibliographie ===
=== Bibliographie ===
* {{Ouvrage|auteurs=André Barret|titre=Autochromes, 1906-1928|éditeur=André Barret|année=1978|isbn=}}.
* {{Ouvrage|auteurs=André Barret|titre=Autochromes, 1906-1928|éditeur=André Barret|année=1978|isbn=}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|auteurs=Sylvain Roumette et [[Michel Frizot]]|titre=Autochromes|éditeur=CNP|collection=Photo poche|lieu=Paris|année=1985|isbn=978-2-86754-027-1|isbn10=2-8675-4027-5}}.
* {{Ouvrage|auteur1=Alain Scheibli|auteur2=Nathalie Boulouch|titre=Les autochromes Lumière : la couleur inventée : photographies couleur|éditeur=Scheibli|lieu=Saint-Paul-de-Varax|année=1995|pages totales=80|isbn=978-2-911467-00-4}}.
* {{Ouvrage|prénom1=Benoît|nom1=Coutancier|titre=La Couleur sensible, photographies autochromes (1907-1935)|éditeur=Centre de la Vieille Charité|lieu=Marseille|année=1996|isbn=}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Nathalie|nom1=Boulouch|prénom2=Bertrand|nom2=Lavédrine|lien auteur2=Bertrand Lavédrine|prénom3=Jean-Paul|nom3=Gandolfo|titre=L'Autochrome Lumière, secrets d'atelier et défis industriels|éditeur=CTHS|lieu=Paris|année=2009|pages totales=391|pages=391|isbn=978-2-7355-0678-1}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Nathalie|nom1=Boulouch|prénom2=Bertrand|nom2=Lavédrine|lien auteur2=Bertrand Lavédrine|prénom3=Jean-Paul|nom3=Gandolfo|titre=L'Autochrome Lumière, secrets d'atelier et défis industriels|éditeur=CTHS|lieu=Paris|année=2009|pages totales=391|pages=391|isbn=978-2-7355-0678-1}}.
* {{Ouvrage|prénom1=Benoît|nom1=Coutancier|titre=La Couleur sensible, photographies autochromes (1907-1935)|éditeur=Centre de la Vieille Charité|lieu=Marseille|année=1996|isbn=}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Céline|nom1=Ernaelsteen|directeur1=oui|prénom2=Alice|nom2=Gandin|directeur2=oui|titre=En couleurs et en lumière|sous-titre=Dans le sillage de l'impressionnisme, la photographie autochrome 1903-1931|éditeur=Skira Flammarion|lieu=Paris|année=2013|pages totales=175|pages=176|isbn=978-2-08-130032-3|oclc=844234855}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Céline|nom1=Ernaelsteen|directeur1=oui|prénom2=Alice|nom2=Gandin|directeur2=oui|titre=En couleurs et en lumière|sous-titre=Dans le sillage de l'impressionnisme, la photographie autochrome 1903-1931|éditeur=Skira Flammarion|lieu=Paris|année=2013|pages totales=175|pages=176|isbn=978-2-08-130032-3|oclc=844234855}}.
* Valérie Huss (dir.), ''Premières couleurs. La photographie autochrome'' [catalogue d'exposition], Éd. [[Musée dauphinois]], Grenoble, 2015, {{nb p.|120}}
* {{Ouvrage|auteur1=Valérie Huss|directeur1=oui|titre=Premières couleurs. La photographie autochrome [catalogue d'exposition]|éditeur=Éd. [[Musée dauphinois]]|lieu= Grenoble|date= 2015|pages totales=120|isbn=978-2355670985}}
* {{Ouvrage|langue=fr|auteurs=Sylvain Roumette et [[Michel Frizot]]|titre=Autochromes|éditeur=CNP|collection=Photo poche|lieu=Paris|année=1985|isbn=978-2-86754-027-1|isbn10=2-8675-4027-5}}.
* {{Ouvrage|auteur1=Alain Scheibli|auteur2=Nathalie Boulouch|titre=Les autochromes Lumière : la couleur inventée : photographies couleur|éditeur=Scheibli|lieu=Saint-Paul-de-Varax|année=1995|pages totales=80|isbn=978-2-911467-00-4}}.


=== Articles connexes ===
=== Articles connexes ===
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=== Liens externes ===
=== Liens externes ===
{{liens}}
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* [http://www.mediatheque-patrimoine.culture.gouv.fr/fr/archives_photo/visites_guidees/autochromes.html Autochromes de la guerre 1914-1918] - Médiathèque de l'architecture et du patrimoine (France).
* [https://mediatheque-patrimoine.culture.gouv.fr/type-collection/autochrome Autochrome] - [[Médiathèque du patrimoine et de la photographie]] (France).
* {{en}} [http://www.worldwaronecolorphotos.com/ Autochromes de la Première Guerre mondiale] sur ''worldwaronecolorphotos.com''.
* {{en}} [http://www.worldwaronecolorphotos.com/ Autochromes de la Première Guerre mondiale] sur ''worldwaronecolorphotos.com''.
* {{en}} [http://home.bway.net/jscruggs/auto.html Théorie de l'autochrome avec illustration] sur ''home.bway.net''.
* {{en}} [http://home.bway.net/jscruggs/auto.html Théorie de l'autochrome avec illustration] sur ''home.bway.net''.
* [http://albert-kahn.hauts-de-seine.net/archives-de-la-planete/centre-autochrome/ Centre de l'autochrome] - Le Musée Albert-Kahn, premier fonds au monde d'autochromes.
* [https://albert-kahn.hauts-de-seine.fr - Le Musée Albert-Kahn, premier fonds au monde d'autochromes].
* [http://www.autochromes.culture.fr/ Autochromes Lumière 1907-1935 : la photographie des couleurs], sur le site de référence du ministère de la Culture.
* [http://www.autochromes.culture.fr/ Autochromes Lumière 1907-1935 : la photographie des couleurs], sur le site de référence du ministère de la Culture.
* [https://autochromes.ensad-nancy.eu/ « Collection Gérardin »] sur le site de l'[[École nationale supérieure d'art et de design de Nancy|ENSAD Nancy]] : {{nbr|6370}} autochromes.
* [https://autochromes.ensad-nancy.eu/ « Collection Gérardin »] sur le site de l'[[École nationale supérieure d'art et de design de Nancy|ENSAD Nancy]] : {{nbr|6370}} autochromes.

Version du 1 avril 2024 à 00:53

Une boîte de plaques autochromes de la Société Lumière.

L’autochrome est un procédé de restitution photographique des couleurs breveté le par les frères Auguste et Louis Lumière et mis au point par Gabriel Doublier au sein de leurs ateliers.

C'est la première technique industrielle de photographie en couleurs, elle produit des images positives sur plaques de verre. Elle fut utilisée entre 1907 et 1932 environ. On lui doit en particulier de nombreuses photographies de la Première Guerre mondiale.

Histoire

Paul Castelnau, Militaire français en observation : un guetteur au poste de l'écluse 26, 1917. Un autochrome réalisé pendant la Première Guerre mondiale, Médiathèque du patrimoine et de la photographie, Charenton-le-Pont.

Louis Lumière est déjà le père de la plaque photographique instantanée et du Cinématographe lorsqu’il dépose avec son frère Auguste, le , un brevet pour l'Autochrome, premier procédé de photographie en couleur[1]. Louis Lumière présente la technique autochrome à l'Académie des sciences le [1].

Gabriel Veyre réalise ensuite les premiers autochromes au Maroc.

À partir de 1907, sa commercialisation séduit de nombreux Français et étrangers[2],[3]. Les usines Lumière produisirent 6 000 plaques d'autochromes par jour, 50 millions de clichés au total.

Albert Kahn, banquier philanthrope, envoie sur les cinq continents des photographes qui travailleront principalement en autochrome et constitueront selon son vaste projet « Les Archives de la Planète ». Grâce à cette technique, Albert Kahn a pu ainsi rassembler des milliers de témoignages sur la vie et les gens d'une cinquantaine de pays dans le monde.

À partir de 1935, le Kodachrome puis, en 1936, l'Agfacolor remplacent progressivement l'autochrome.

Technique de fabrication

Pour créer la mosaïque de filtres de couleur autochrome, une fine plaque de verre a d'abord été recouverte d'une couche adhésive transparente. Les grains d'amidon teintés ont été calibrés à une taille comprise entre 5 et 10 micromètres et les trois couleurs ont été soigneusement mélangées dans des proportions telles que le mélange apparaît gris à l'œil nu. Ils ont ensuite été étalés sur l'adhésif, créant une couche d'environ 4 000 000 de grains par pouce carré, mais d'une épaisseur d'un seul grain. On ne sait pas encore exactement comment on a réussi à éviter les écarts importants et les chevauchements de grains. On a constaté que l'application d'une pression extrême produisait une mosaïque qui transmettait plus efficacement la lumière à l'émulsion, car les grains étaient légèrement aplatis, ce qui les rendait plus transparents, et pressés dans un contact plus intime les uns avec les autres, ce qui réduisait l'espace perdu entre eux. Comme il n'était pas pratique d'appliquer une telle pression sur l'ensemble de la plaque en une seule fois, on utilisait un rouleau compresseur qui n'aplatissait qu'une très petite zone à la fois. Du noir de lampe a été utilisé pour boucher les légers espaces restants. La plaque a ensuite été recouverte de gomme-laque pour protéger les grains et les colorants sensibles à l'humidité de l'émulsion de gélatine à base d'eau, qui a été appliquée sur la plaque après le séchage de la gomme-laque. La plaque ainsi obtenue a été découpée en plaques plus petites de la taille souhaitée, qui ont été emballées dans des boîtes de quatre. Chaque plaque était accompagnée d'un mince morceau de carton coloré en noir du côté de l'émulsion. Il devait être conservé lors du chargement et de l'exposition de la plaque et servait à la fois à protéger l'émulsion délicate et à inhiber le halo.

Le brevet américain de 1906 décrit le procédé de manière plus générale : les grains peuvent être orange, violet et vert, ou rouge, jaune et bleu (ou "n'importe quel nombre de couleurs"), avec éventuellement de la poudre noire pour combler les lacunes. Les expérimentations menées au début du XXe siècle ont permis de résoudre de nombreux problèmes, notamment l'ajout de plaques d'écran, d'un filtre jaune destiné à équilibrer le bleu, et l'ajustement de la taille des cristaux d'halogénure d'argent afin d'obtenir un spectre de couleurs plus large et de contrôler la fréquence de la lumière[4].

Technique

Principe de l'autochrome.

À l'opposé des autres techniques de l'époque, ce procédé qui emploie la méthode additive enregistre l'image sur une seule plaque photographique, sous forme d'une image noir et blanc composite représentant le rouge, le vert et le bleu. Émulsion et filtre sont intimement liés, de la prise de vue à la projection, du fait du caractère aléatoire du filtre.

La technique consiste à saupoudrer une plaque de verre avec des millions de particules microscopiques (10 à 20 micromètres) — des grains de fécule de pomme de terre — teints en rouge (orangé), vert et bleu (violet), fixés par de la résine. Les interstices entre les grains sont comblés par de la poudre de carbone très fine (noir de fumée) afin de conserver une bonne saturation des couleurs. Ce filtre, appelé « réseau », est scellé par une laque qui le protège pendant les opérations de développement de la surface sensible qui a été déposée sur le tout.

  • L'exposition se fait, plaque de verre en avant.
  • Le développement est complexe puisqu'il faut inverser l'image : deux développements successifs avec une post-insolation.
  • La restitution s'effectue par rétro-éclairage, source de lumière du côté de la surface sensible.

Même avec une excellente émulsion, la présence du filtre réduit la sensibilité effective de 4 à 8 diaphragmes. Par conséquent, cette technique demande un long temps de pose, d'où la mise en scène des personnages et le flou fréquent de la végétation.

Autochromistes renommés

Liste non exhaustive de photographes célèbres ayant utilisé l’autochrome pour une partie importante de leur production.

Galerie

Notes et références

  1. a et b « Les Autochromes », sur institut-lumiere.org (consulté le ).
  2. « Nous venons de voir chez MM. Combes et Arlaud, photographes, le premier cliché en couleurs tiré en Suisse par le nouveau procédé Lumière, et dont il n'est pour le moment livré aucun exemplaire à l'étranger. MM. Combes et Arlaud ayant pu néanmoins s'en procurer quelques plaques sont arrivés à un fort beau résultat. »Journal de Genève, .
  3. « Je voudrais insister sur le formidable enthousiasme qui s'est exprimé quand la première plaque couleur a été décrite dans la presse quotidienne et présentée dans les clubs photographiques. Seule une personne vivant à cette époque peut avoir une idée très claire de cette expérience. » — Wenzel Fritz, Memoirs of a Photochimist, American Museum of Photography, 1960.
  4. Bertrand Lavédrine et Jean-Paul Gandolfo, The Lumiere Autochrome: History, Technology, and Preservation, Los Angeles, The Getty Conservation Institute (2013), p. 85.

Voir aussi

Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie

  • André Barret, Autochromes, 1906-1928, André Barret, .
  • Nathalie Boulouch, Bertrand Lavédrine et Jean-Paul Gandolfo, L'Autochrome Lumière, secrets d'atelier et défis industriels, Paris, CTHS, , 391 p. (ISBN 978-2-7355-0678-1).
  • Benoît Coutancier, La Couleur sensible, photographies autochromes (1907-1935), Marseille, Centre de la Vieille Charité, .
  • Céline Ernaelsteen (dir.) et Alice Gandin (dir.), En couleurs et en lumière : Dans le sillage de l'impressionnisme, la photographie autochrome 1903-1931, Paris, Skira Flammarion, , 175 p. (ISBN 978-2-08-130032-3, OCLC 844234855).
  • Valérie Huss (dir.), Premières couleurs. La photographie autochrome [catalogue d'exposition], Grenoble, Éd. Musée dauphinois, , 120 p. (ISBN 978-2355670985)
  • Sylvain Roumette et Michel Frizot, Autochromes, Paris, CNP, coll. « Photo poche », (ISBN 978-2-86754-027-1).
  • Alain Scheibli et Nathalie Boulouch, Les autochromes Lumière : la couleur inventée : photographies couleur, Saint-Paul-de-Varax, Scheibli, , 80 p. (ISBN 978-2-911467-00-4).

Articles connexes

Liens externes