Aller au contenu

« Charte de peuplement » : différence entre les versions

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Contenu supprimé Contenu ajouté
Nouill (discuter | contributions)
m Nouill a déplacé la page Carta Puebla vers Charte de peuplement
Casalonga MH (discuter | contributions)
Balises : Modification par mobile Modification par le web mobile Modification sur mobile avancée
 
(17 versions intermédiaires par 11 utilisateurs non affichées)
Ligne 1 : Ligne 1 :
Une '''charte de peuplement''' (en [[latin]] ''chartae populationis'', en [[espagnol]] ''carta de Población''), '''charte au peuple''' ( en espagnol ''carta puebla''), ou '''privilège de population''' (en espagnol ''privilegio de población'') est un document par lequel les rois chrétiens et les [[seigneur]]s laïques et [[clergé|ecclésiastique]]s de la [[Péninsule Ibérique]] accordaient une série de [[privilège]]s à des groupes démographiques, afin d'obtenir le repeuplement de certaines zones d'intérêt [[Économie|économique]] ou [[Stratégie|stratégique]] pendant la [[Reconquista]]. Elle a constitué la première manifestation de droit local apparu pendant ce processus.
Une '''charte de peuplement''' (en [[latin]] ''charta populationis'', en [[espagnol]] ''carta de Población''), '''charte au peuple''' (en espagnol ''carta puebla''), ou '''privilège de population''' (en espagnol ''privilegio de población'') est un document par lequel les rois chrétiens et les [[seigneur]]s laïques et [[clergé|ecclésiastique]]s de la [[Péninsule Ibérique]] accordaient une série de [[Privilège (droit médiéval)|privilège]]s à des groupes démographiques, afin d'obtenir le repeuplement de certaines zones d'intérêt [[économie (activité humaine)|économique]] ou [[Stratégie|stratégique]] pendant la [[Reconquista]]. Elle a constitué la première manifestation de droit local apparu pendant ce processus.


== Origine et importance ==
== Origine et importance ==
[[File:Cartapu.jpg|thumb|250 px|Carta Puebla de [[Catí]] ([[province de Castellón]])]]
[[File:Cartapu.jpg|thumb|250 px|Carta Puebla de [[Catí]] ([[province de Castellón]])]]
Les lettres au peuple sont apparues dans le contexte du processus de la [[Reconquista]] et, ultérieurement, le repeuplement des secteurs récupérés [[militaire]]ment. Avec elles on prétendait assurer les nouvelles frontières - but stratégique, à travers l'installation d'une population guerrière et campagnarde, et la revitalisation des terres conquises aux [[Maures]] - objectif économique, favorisant la création de nouvelles sources de richesse et l'augmentation, conséquente, des ressources des finances royales. En outre, elles ont servi aux rois comme un instrument politique d'équilibre face au pouvoir seigneurial, en permettant la génération de noyaux urbains formés par des hommes libres, qui faisaient les fois d'une troisième force entre les seigneurs et les [[monarque]]s.
Les lettres au peuple sont apparues dans le contexte du processus de la [[Reconquista]] et, ultérieurement, le repeuplement des secteurs récupérés [[militaire]]ment. Avec elles on prétendait assurer les nouvelles frontières - but stratégique, à travers l'installation d'une population guerrière et campagnarde, et la revitalisation des terres conquises aux [[Maures]] - objectif économique, favorisant la création de nouvelles sources de richesse et l'augmentation, conséquente, des ressources des finances royales. En outre, elles ont servi aux rois comme un instrument politique d'équilibre face au pouvoir seigneurial, en permettant la génération de noyaux urbains formés par des hommes libres, qui constituèrent une troisième force entre les seigneurs et les [[monarque]]s.


Étant donné que son but primordial était d'attirer des habitants, ces lettres se limitaient, en général, à fixer les conditions juridiques de l'occupation du territoire et de l'établissement dans celui-ci. Ainsi elles concernaient les relations entre ces "repeupleurs" et le seigneur de la terre, relation ou [[Seigneurie|régime seigneurial]] entre ceux-ci, et contiennent le plus souvent moins de douze dispositions. Certaines ont contenu, en outre, une ébauche de règlement juridique de la vie locale. Elles ont été fondamentalement utilisées dans le repeuplement de la zone nord et le centre de la péninsule Ibérique, secteurs généralement dépeuplés, ou avec une faible population.
Étant donné que leur but primordial était d'attirer des habitants, ces lettres se limitaient, en général, à fixer les conditions juridiques de l'occupation du territoire et de l'établissement dans celui-ci. Ainsi elles concernaient les relations entre ces "repeupleurs" et le seigneur de la terre, "relations" ou [[Seigneurie|régime seigneurial]]. Elles contiennent le plus souvent moins de douze dispositions. Certaines ont compris, en outre, une ébauche de règlement juridique de la vie locale. Elles ont été fondamentalement utilisées pour le repeuplement de la zone nord et le centre de la péninsule Ibérique, secteurs généralement dépeuplés, ou avec une faible population.


== Destinataires et modalités ==
== Destinataires et modalités ==
Ligne 15 : Ligne 15 :
* '''Le contrat agricole-collectif''' : était de caractère privé et fixait les normes auxquelles on devait adapter les habitants qui s'installeraient dans la zone (limites, titularité de la terre, revenus, etc).
* '''Le contrat agricole-collectif''' : était de caractère privé et fixait les normes auxquelles on devait adapter les habitants qui s'installeraient dans la zone (limites, titularité de la terre, revenus, etc).


* '''Le contrat agricole-collectif public''' ou la lettre de population de nature publique : établissait un régime juridico-public, en établissant des [[exonération]]s ou des [[Privilège| privilèges]] à caractère économique, charges, etc.
* '''Le contrat agricole-collectif public''' ou la lettre de population de nature publique : établissait un régime juridico-public, en établissant des exonérations ou des [[Privilège (droit médiéval)|privilèges]] à caractère économique, charges, etc.


Quelques lettres au peuple sont arrivées à contenir certaines normes de [[Droit civil]], [[Droit pénal| pénal]] et de [[Procédure (droit)| procédure]].
Quelques lettres au peuple sont arrivées à contenir certaines normes de [[Droit civil]], [[Droit pénal| pénal]] et de [[Procédure (droit)| procédure]].
Ligne 23 : Ligne 23 :
Les lettres de peuplement les plus anciennes, encore conservées, datent du {{s|IX|e}}. Parmi ces documents on trouve celui accordé par '''Aldegastro'''<ref>Adelgaster est le nom avec lequel on connaît un hypothétique fils naturel du roi asturien [[Silo des Asturies|Silo]].</ref> à Obona - bien que son authenticité soit mise en doute, et celle accordée par [[Alphonse II des Asturies|Alphonse le Chaste]] à Valpuesta<ref>Valpuesta est une localité et aussi une Entité Locale Mineure de la province de [[Burgos]] ([[Castille]] et [[Province de León|León]], [[Espagne]]). Elle est située dans la [[comarque]] de [[Merindades]] et dépend actuellement de la mairie de [[Berberana]].</ref> durant l'année 804.
Les lettres de peuplement les plus anciennes, encore conservées, datent du {{s|IX|e}}. Parmi ces documents on trouve celui accordé par '''Aldegastro'''<ref>Adelgaster est le nom avec lequel on connaît un hypothétique fils naturel du roi asturien [[Silo des Asturies|Silo]].</ref> à Obona - bien que son authenticité soit mise en doute, et celle accordée par [[Alphonse II des Asturies|Alphonse le Chaste]] à Valpuesta<ref>Valpuesta est une localité et aussi une Entité Locale Mineure de la province de [[Burgos]] ([[Castille]] et [[Province de León|León]], [[Espagne]]). Elle est située dans la [[comarque]] de [[Merindades]] et dépend actuellement de la mairie de [[Berberana]].</ref> durant l'année 804.


La plus ancienne lettre de peuplement de [[Castille]] est la ''Carta Puebla de Brañosera''<ref>La Carta Puebla de Brañosera (ou ''Fuero de Brañosera'') est un document qui a été conservé dans le [[Monastère]] de San Pedro d'Arlanza jusqu'au [[Désamortissement en Espagne|désamortissement]] du XIX{{e}} siècle.</ref> de 824, accordée par le comte [[Munio Núñez de Castille|Muño Núñez]], et confirmée par [[Ferdinand Gonzalez de Castille|Ferdinand González]] en 968. Dans le [[Comté de Barcelone]] on en a accordé plusieurs, comme celle de ''Freixá'', accordée par ''Witardo'' en 954 et la Carta Puebla de '''Cardona'''<ref>Cardona est une commune de la [[comarque]] de Bages, province de [[Barcelone]].</ref> de 986, accordée par [[Borrell II]]. Dans [[La Rioja]], l'évêque de [[Nájera]] en a accordé une à '''Longares'''<ref>Albelda de Iregua est une commune de la Communauté autonome de [[La Rioja]] ([[Espagne]]).</ref> en 1065. En [[royaume d'Aragon|Aragon]], on connaît la ''Carta de Población'' de '''Belchite'''<ref>Belchite est une commune de la province de [[Saragosse]], ([[Espagne]])</ref>, accordée par [[Alphonse Ier d'Aragon|Alphonse {{Ier}} d'Aragon]] en 1116. En 1614 '''D. Jerónimo de Rocamora''' l'accorde à la localité de [[Redován]] ([[Alicante]]).
La plus ancienne lettre de peuplement de [[Castille]] est la ''Carta Puebla de Brañosera''<ref>La Carta Puebla de Brañosera (ou ''Fuero de Brañosera'') est un document qui a été conservé dans le [[Monastère]] de San Pedro d'Arlanza jusqu'au [[Désamortissement en Espagne|désamortissement]] du {{s-|XIX}}.</ref> de 824, accordée par le comte [[Munio Núñez de Castille|Muño Núñez]], et confirmée par [[Ferdinand Gonzalez de Castille|Ferdinand González]] en 968. Dans le [[Comté de Barcelone]] on en a accordé plusieurs, comme celle de ''Freixá'', accordée par ''Witardo'' en 954 et la Carta Puebla de '''Cardona'''<ref>Cardona est une commune de la [[comarque]] de Bages, province de [[Barcelone]].</ref> de 986, accordée par [[Borrell II]]. Dans [[La Rioja]], l'évêque de [[Nájera]] en a accordé une à '''Longares'''<ref>Albelda de Iregua est une commune de la Communauté autonome de [[La Rioja]] ([[Espagne]]).</ref> en 1065. En [[royaume d'Aragon|Aragon]], on connaît la ''Carta de Población'' de '''Belchite'''<ref>Belchite est une commune de la province de [[Saragosse]], ([[Espagne]])</ref>, accordée par [[Alphonse Ier d'Aragon|Alphonse {{Ier}} d'Aragon]] en 1116. En 1614 '''D. Jerónimo de Rocamora''' l'accorde à la localité de [[Redován]] ([[Alicante]]).


À partir de la fin du {{s|X|e}}, le droit local a commencé à être fixé par écrit, en reprenant les normes de diverses origines, attribuant généralement à l'octroyant de la première lettre de peuplement. Ce processus a dérivé par de nouvelles lettres qui possédaient la forme de privilèges royaux et qui étaient présentées dans une nomenclature - ''chartae fori'', ''chartae libertatis'', ''confirmationis'', ''privilegii'', entre autres. Celles-ci ont été appelées par les chercheurs comme [[For (droit)|fors brefs]], pour le contenu limité qui les contenait.
À partir de la fin du {{s|X|e}}, le droit local a commencé à être fixé par écrit, en reprenant les normes de diverses origines, attribuant généralement à l'octroyant de la première lettre de peuplement. Ce processus a dérivé par de nouvelles lettres qui possédaient la forme de privilèges royaux et qui étaient présentées dans une nomenclature - ''chartae fori'', ''chartae libertatis'', ''confirmationis'', ''privilegii'', entre autres. Celles-ci ont été appelées par les chercheurs comme [[For (droit)|fors brefs]], pour le contenu limité qui les contenait.
Ligne 29 : Ligne 29 :
== Relation avec les Fors (Fueros) ==
== Relation avec les Fors (Fueros) ==


Les lettres de peuplement sont intimement liées avec les juridictions municipales. Dans quelques cas, la principale différence existante entre les lettres et les juridictions est donnée par la circonstance de sa concession. Certaines lettres ainsi l'expriment dans leur texte : concession du lieu ''ad populandum'', fixation des limites, spécification du nombre d'habitants et son origine. D'autres, par contre, par leur contenu ne sont pas très différentes des juridictions ([[For]]s).
Les lettres de peuplement sont intimement liées avec les juridictions municipales. Dans quelques cas, la principale différence existante entre les lettres et les juridictions est donnée par la circonstance de sa concession. Certaines lettres ainsi l'expriment dans leur texte : concession du lieu ''ad populandum'', fixation des limites, spécification du nombre d'habitants et son origine. D'autres, par contre, par leur contenu ne sont pas très différentes des juridictions ([[For (droit)|For]]s).


Pour un tel motif, certains historiens du Droit ne partagent pas cette terminologie et distinction, en considérant que tous les documents qui, d'une certaine manière ont réglé la vie locale, sont des juridictions<ref>Enciclopedia GER. Canal Social (2005) [http://www.canalsocial.net/GER/ficha_GER.asp?id=4479&cat=cultura| Carta Puebla]. </ref>.
Pour un tel motif, certains historiens du Droit ne partagent pas cette terminologie et distinction, en considérant que tous les documents qui, d'une certaine manière ont réglé la vie locale, sont des juridictions<ref>Enciclopedia GER. Canal Social (2005) [http://www.canalsocial.net/GER/ficha_GER.asp?id=4479&cat=cultura Carta Puebla]. </ref>.


== Notes et références ==
== Notes et références ==
* Ana María Barrero García, (1989): «''El Derecho local en la Edad Media y su formulación por los reyes castellanos''», dans les [http://www2.anales.uchile.cl/CDA/inicio/| Anales de la Universidad de Chile], vol. 5ª, nº 20. p 105-130. Estudios en honor de Alamiro de Avila Martel
* Ana María Barrero García, (1989): «''El Derecho local en la Edad Media y su formulación por los reyes castellanos''», dans les [http://www2.anales.uchile.cl/CDA/inicio/ Anales de la Universidad de Chile], vol. 5ª, nº 20. p 105-130. Estudios en honor de Alamiro de Avila Martel


* Javier Barrientos Grandon, (1994), ''Introducción a la historia del Derecho chileno'', I. ''Derechos propios y Derecho común en Castilla'', Santiago: Barroco Libreros.
* Javier Barrientos Grandon, (1994), ''Introducción a la historia del Derecho chileno'', I. ''Derechos propios y Derecho común en Castilla'', Santiago: Barroco Libreros.


<references />
<references />
* {{Traduction/Référence|es|Carta Puebla|23910022}}
{{Traduction/Référence|es|Carta Puebla|23910022}}


== Liens externes ==
== Annexes ==
{{Autres projets|commons=Category:Carta Puebla}}

=== Article connexe ===
* [[Privilèges urbains]]

=== Liens externes ===
* {{es}} [http://www.canalsocial.net/GER/ficha_GER.asp?id=4479&cat=cultura Carta Puebla]
* {{es}} [http://www.canalsocial.net/GER/ficha_GER.asp?id=4479&cat=cultura Carta Puebla]
* {{es}} [http://www.herencia.net/que-es-una-carta-puebla/ Qués es una Carta-Puebla?]
* {{es}} [http://www.herencia.net/que-es-una-carta-puebla/ Qués es una Carta-Puebla?]


{{Portail|Droit|Espagne|Moyen Âge}}
{{Portail|Droit|Moyen Âge|Reconquista|Espagne|Haut Moyen Âge}}


[[Catégorie:Histoire du droit]]
[[Catégorie:Histoire du droit]]
[[Catégorie:Histoire de l'Espagne médiévale]]
[[Catégorie:Histoire de l'Espagne médiévale]]
[[Catégorie:Reconquista]]
[[Catégorie:Reconquista]]
[[Catégorie:Document juridique du droit romano-germain]]

Dernière version du 17 mai 2024 à 06:43

Une charte de peuplement (en latin charta populationis, en espagnol carta de Población), charte au peuple (en espagnol carta puebla), ou privilège de population (en espagnol privilegio de población) est un document par lequel les rois chrétiens et les seigneurs laïques et ecclésiastiques de la Péninsule Ibérique accordaient une série de privilèges à des groupes démographiques, afin d'obtenir le repeuplement de certaines zones d'intérêt économique ou stratégique pendant la Reconquista. Elle a constitué la première manifestation de droit local apparu pendant ce processus.

Origine et importance

[modifier | modifier le code]
Carta Puebla de Catí (province de Castellón)

Les lettres au peuple sont apparues dans le contexte du processus de la Reconquista et, ultérieurement, le repeuplement des secteurs récupérés militairement. Avec elles on prétendait assurer les nouvelles frontières - but stratégique, à travers l'installation d'une population guerrière et campagnarde, et la revitalisation des terres conquises aux Maures - objectif économique, favorisant la création de nouvelles sources de richesse et l'augmentation, conséquente, des ressources des finances royales. En outre, elles ont servi aux rois comme un instrument politique d'équilibre face au pouvoir seigneurial, en permettant la génération de noyaux urbains formés par des hommes libres, qui constituèrent une troisième force entre les seigneurs et les monarques.

Étant donné que leur but primordial était d'attirer des habitants, ces lettres se limitaient, en général, à fixer les conditions juridiques de l'occupation du territoire et de l'établissement dans celui-ci. Ainsi elles concernaient les relations entre ces "repeupleurs" et le seigneur de la terre, "relations" ou régime seigneurial. Elles contiennent le plus souvent moins de douze dispositions. Certaines ont compris, en outre, une ébauche de règlement juridique de la vie locale. Elles ont été fondamentalement utilisées pour le repeuplement de la zone nord et le centre de la péninsule Ibérique, secteurs généralement dépeuplés, ou avec une faible population.

Destinataires et modalités

[modifier | modifier le code]

Le destinataire de la lettre au peuple était le seigneur du territoire - roi chrétien ou seigneur laïque ou ecclésiastique, qui agissait par initiative propre (ou comme délégué du roi) ou, parfois, à demande des sujets eux-mêmes. Dans ce dernier cas, il donnait à ces accords un certain caractère d'accord.

Dans les lettres au peuple, on peut distinguer diverses modalités, en fonction de leur nature et contenu. Parmi elles, on peut citer :

  • Le contrat agricole-collectif : était de caractère privé et fixait les normes auxquelles on devait adapter les habitants qui s'installeraient dans la zone (limites, titularité de la terre, revenus, etc).
  • Le contrat agricole-collectif public ou la lettre de population de nature publique : établissait un régime juridico-public, en établissant des exonérations ou des privilèges à caractère économique, charges, etc.

Quelques lettres au peuple sont arrivées à contenir certaines normes de Droit civil, pénal et de procédure.

Les lettres de peuplement les plus anciennes, encore conservées, datent du IXe siècle. Parmi ces documents on trouve celui accordé par Aldegastro[1] à Obona - bien que son authenticité soit mise en doute, et celle accordée par Alphonse le Chaste à Valpuesta[2] durant l'année 804.

La plus ancienne lettre de peuplement de Castille est la Carta Puebla de Brañosera[3] de 824, accordée par le comte Muño Núñez, et confirmée par Ferdinand González en 968. Dans le Comté de Barcelone on en a accordé plusieurs, comme celle de Freixá, accordée par Witardo en 954 et la Carta Puebla de Cardona[4] de 986, accordée par Borrell II. Dans La Rioja, l'évêque de Nájera en a accordé une à Longares[5] en 1065. En Aragon, on connaît la Carta de Población de Belchite[6], accordée par Alphonse Ier d'Aragon en 1116. En 1614 D. Jerónimo de Rocamora l'accorde à la localité de Redován (Alicante).

À partir de la fin du Xe siècle, le droit local a commencé à être fixé par écrit, en reprenant les normes de diverses origines, attribuant généralement à l'octroyant de la première lettre de peuplement. Ce processus a dérivé par de nouvelles lettres qui possédaient la forme de privilèges royaux et qui étaient présentées dans une nomenclature - chartae fori, chartae libertatis, confirmationis, privilegii, entre autres. Celles-ci ont été appelées par les chercheurs comme fors brefs, pour le contenu limité qui les contenait.

Relation avec les Fors (Fueros)

[modifier | modifier le code]

Les lettres de peuplement sont intimement liées avec les juridictions municipales. Dans quelques cas, la principale différence existante entre les lettres et les juridictions est donnée par la circonstance de sa concession. Certaines lettres ainsi l'expriment dans leur texte : concession du lieu ad populandum, fixation des limites, spécification du nombre d'habitants et son origine. D'autres, par contre, par leur contenu ne sont pas très différentes des juridictions (Fors).

Pour un tel motif, certains historiens du Droit ne partagent pas cette terminologie et distinction, en considérant que tous les documents qui, d'une certaine manière ont réglé la vie locale, sont des juridictions[7].

Notes et références

[modifier | modifier le code]
  • Ana María Barrero García, (1989): «El Derecho local en la Edad Media y su formulación por los reyes castellanos», dans les Anales de la Universidad de Chile, vol. 5ª, nº 20. p 105-130. Estudios en honor de Alamiro de Avila Martel
  • Javier Barrientos Grandon, (1994), Introducción a la historia del Derecho chileno, I. Derechos propios y Derecho común en Castilla, Santiago: Barroco Libreros.
  1. Adelgaster est le nom avec lequel on connaît un hypothétique fils naturel du roi asturien Silo.
  2. Valpuesta est une localité et aussi une Entité Locale Mineure de la province de Burgos (Castille et León, Espagne). Elle est située dans la comarque de Merindades et dépend actuellement de la mairie de Berberana.
  3. La Carta Puebla de Brañosera (ou Fuero de Brañosera) est un document qui a été conservé dans le Monastère de San Pedro d'Arlanza jusqu'au désamortissement du XIXe siècle.
  4. Cardona est une commune de la comarque de Bages, province de Barcelone.
  5. Albelda de Iregua est une commune de la Communauté autonome de La Rioja (Espagne).
  6. Belchite est une commune de la province de Saragosse, (Espagne)
  7. Enciclopedia GER. Canal Social (2005) Carta Puebla.

Sur les autres projets Wikimedia :

Article connexe

[modifier | modifier le code]

Liens externes

[modifier | modifier le code]