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'''Jean-François Gravier''', né le {{date de naissance|14|avril|1915}} à [[Levallois-Perret]] et mort le {{date de mort|11|novembre|2005}}<ref>[http://www.whoswho.fr/decede/biographie-jean-francois-gravier_2115 Fiche Who's Who.]</ref>, est un [[géographe (métier)|géographe]] français. Il est principalement connu pour son ouvrage ''[[Paris et le désert français]]'', publié en [[1947]] et plusieurs fois réédité par la suite, qui a notamment inspiré la [[Décentralisation industrielle (France)|décentralisation industrielle]] de 1960, et plus largement les politiques d'[[Aménagement du territoire en France|aménagement du territoire français]] pendant plusieurs décennies.
'''Jean-François Gravier''', né le {{date de naissance|14|avril|1915}} à [[Levallois-Perret]] et mort le {{date de mort|11|novembre|2005}} à [[Paris]]<ref>[https://deces.matchid.io/id/Us18EWDR5kHb Relevé des fichiers de l'Insee]</ref>, est un [[géographe]] français. Il est principalement connu pour son ouvrage ''[[Paris et le désert français]]'', publié en [[1947]] et plusieurs fois réédité par la suite, qui a notamment inspiré la [[décentralisation industrielle]] de 1960, et plus largement les politiques d'[[Aménagement du territoire en France|aménagement du territoire français]] pendant plusieurs décennies.


== Biographie ==
== Biographie ==
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Jean-François Gravier est le fils unique de Gaston Gravier, un discipe du géographe [[Albert Demangeon]] mort dans les tranchées quelques mois après la naissance de son fils en 1915<ref name=":0">{{Chapitre|langue=fr|prénom1=Nicolas|nom1=Ginsburger|titre chapitre=Pour la Révolution nationale : Jean-François Gravier, un parcours engagé|titre ouvrage=Géographes français en Seconde Guerre mondiale|éditeur=Éditions de la Sorbonne|collection=Territoires en mouvements|date=2022-05-16|isbn=979-10-351-0757-4|doi=10.4000/books.psorbonne.100570|lire en ligne=http://books.openedition.org/psorbonne/100570|consulté le=2023-10-05|passage=195–200}}</ref>. [[Fichier:1947 France Régions Proposition Gravier.gif|thumb|Régions françaises proposées par Jean-François Gravier en 1947.]]
[[Fichier:1947 France Régions Proposition Gravier.gif|thumb|Régions françaises proposées par Jean-François Gravier en 1947.]]
Jean-François Gravier est élève aux lycées [[Lycée Janson-de-Sailly|Janson-de-Sailly]] et [[Lycée Henri-IV|Henri IV]]. Il est par la suite [[Agrégation de géographie|agrégé de géographie]]. Lorsqu'il est étudiant, il développe des idées [[Royalisme|royalistes]]<ref>Vincent Adoumié (dir.), ''Les Régions françaises'', Hachette, 2010 {{p.}}31</ref>.
Il est élève aux lycées [[Lycée Buffon|Buffon]], [[Lycée Janson-de-Sailly|Janson-de-Sailly]] et [[Lycée Henri-IV|Henri IV]]<ref name=":0" />. Il est par la suite [[Agrégation de géographie|agrégé de géographie]] en 1938<ref name=":0" />. Lorsqu'il est étudiant, il milite à l'[[Action française]]<ref>Vincent Adoumié (dir.), ''Les Régions françaises'', Hachette, 2010 {{p.}}31</ref>{{,}}<ref>{{Article|auteur1=Efi Markou|titre=Jean-François Gravier (1915-2005). Engagement politique et savoir universitaire, matériel pour la construction d’une carrière d’expert (Varia)|périodique=Cahiers d’histoire du Cnam|volume=13|titre volume=L’énergie solaire : trajectoires sociotechniques et objets muséographiques|date=2020|lire en ligne=https://hal-cnam.archives-ouvertes.fr/hal-03200167/document|pages=161-185}}</ref>{{,}}<ref name=":0" /> et évolue dans des cercles de la droite catholique et royaliste ainsi que dans le milieu « [[Non-conformistes des années 1930|non-conformiste]] » qui recherche une troisième voie corporatiste et s'oppose tant à la démocratie libérale qu' au socialisme révolutionnaire. Jean-François Gravier collabore à [[Combat (revue)|''Combat'']], une revue de la [[Jeune Droite|Jeune droite]] où il tient la rubrique de politique étrangère<ref name=":0" />.


{{Référence nécessaire|Sous le [[régime de Vichy]], il est enseignant à l'[[université de Belgrade]] (1940-41), chargé de mission au Secrétariat général de la jeunesse (1941-42), puis directeur du journal pétainiste ''Idées'' à Vichy, avant d'être directeur de l'[[École des cadres du Mayet-de-Montagne|École nationale des cadres civiques]]{{quand}} de [[Le Mayet-de-Montagne|Mayet-de-Montagne]] et du centre de synthèse régionale de la [[Fondation Alexis Carrel]], consacrée à {{Citation|l'amélioration de la race humaine}}. Il réfléchit notamment à la manière de délocaliser des unités et des populations industrielles vers les régions à revitaliser, préfigurant ainsi les politiques conduites par le [[Ministère de la Reconstruction et de l'Urbanisme]] (MRU) puis par la [[Délégation interministérielle à l'aménagement du territoire et à l'attractivité régionale|DATAR]].|date=septembre 2020}}
De mème que son père, il devient enseignant à l'[[université de Belgrade]] où il est en poste au début de la Seconde Guerre mondiale (1940-41)<ref name=":0" />. À son retour en France, il est chargé de mission au Secrétariat général de la jeunesse (1941-42)<ref name=":0" />, il contribue à Vichy à la revue intellectuelle pétainiste ''Idées'', titre qu'a pris Combat en novembre 41<ref name=":0" />, avant d'être directeur de l'[[École des cadres du Mayet-de-Montagne|École nationale des cadres civiques]] de [[Le Mayet-de-Montagne|Mayet-de-Montagne]] à partir d'octobre 1941<ref name=":0" /> puis est chargé de mission au centre de synthèse régionale de la [[Fondation française pour l'étude des problèmes humains|Fondation Alexis Carrel]], consacrée à {{Citation|l'amélioration de la race humaine}}<ref name=":0" />. Il réfléchit notamment à la manière de délocaliser des unités et des populations industrielles vers les régions à revitaliser, préfigurant ainsi les politiques conduites par le [[Ministère de la Reconstruction et de l'Urbanisme]] (MRU) puis par la [[Délégation interministérielle à l'aménagement du territoire et à l'attractivité régionale|DATAR]].


En 1942, il publie ''Régions et Nation'', ouvrage dans lequel il exprime une philosophie communautaire rompant avec l’individualisme des Lumières, ainsi qu’une pensée décentralisatrice visant à {{Citation|rétablir le citoyen}} dans {{Citation|la réalité communale, provinciale ou nationale}}. Dénonçant la {{Citation|centralisation stérilisante}}, il prône la [[décentralisation]] comme instrument des {{Citation|renaissances provinciales et locales}}<ref>{{Ouvrage|auteur1=Jean-Félix de Bujadoux|titre=Les Réformes territoriales|collection=[[Que sais-je ?]]|numéro dans collection =4032|éditeur=[[Presses universitaires de France|PUF]]|année=2015|isbn=978-2-13-073298-3|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=op0KCwAAQBAJ&printsec=frontcover}}</ref>
En 1942, il publie ''Régions et Nation'', ouvrage dans lequel il exprime une philosophie communautaire rompant avec l’individualisme des Lumières, ainsi qu’une pensée décentralisatrice visant à {{Citation|rétablir le citoyen}} dans {{Citation|la réalité communale, provinciale ou nationale}}. Dénonçant la {{Citation|centralisation stérilisante}}, il prône la [[décentralisation]] comme instrument des {{Citation|renaissances provinciales et locales}}<ref>{{Ouvrage|auteur1=Jean-Félix de Bujadoux|titre=Les Réformes territoriales|éditeur=[[Presses universitaires de France|PUF]]|collection=[[Que sais-je ?]]|numéro dans collection=4032|année=2015|isbn=978-2-13-073298-3|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=op0KCwAAQBAJ&printsec=frontcover}}</ref>


Après la [[Seconde Guerre mondiale]], il est embauché à l'administration du [[Commissariat général du plan]].
Après la [[Seconde Guerre mondiale]], il est embauché à l'administration du [[Commissariat général du Plan|Commissariat général du plan]].


La première édition du ''Désert'' est rédigée alors que Gravier dirige le Centre de synthèse régionale dans le département VI de bio-sociologie de [[François Perroux]], dans la ''Fondation Alexis Carrel.''<ref name="">Drouard, A (1992) ''Une inconnue des sciences sociales : la fondation Alexis Carrel (1941-45)'', Éditions de la MSH</ref>.
La première édition du ''Désert'' est rédigée alors que Gravier dirige le Centre de synthèse régionale dans le département VI de bio-sociologie de [[François Perroux]], dans la ''Fondation Alexis Carrel.''<ref>Drouard, A (1992) ''Une inconnue des sciences sociales : la fondation Alexis Carrel (1941-45)'', Éditions de la MSH</ref>.


Il collabore occasionnellement au ''[[Courrier français (1948-1950)|Courrier français]]''.
Il collabore occasionnellement au ''[[Courrier français (1948-1950)|Courrier français]]''.
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Rédigé pour la plus grande partie durant la guerre, l'ouvrage est terminé à la [[Libération de la France|Libération]] et paraît en 1947. Son livre propose à la fois un bilan ainsi qu'un programme. Il y dresse d'abord un bilan de la centralisation administrative qui a selon lui contribué aux déséquilibres économiques et régionaux et aux migrations intérieures des hommes et des activités intellectuelles vers la capitale. Il propose alors de désavantager Paris et de rééquilibrer la politique d'aménagement au profit de la province en créant des conseils économiques régionaux et en construisant des lignes de chemin de fer transversales ainsi qu'en décentralisant davantage l'enseignement supérieur.
Rédigé pour la plus grande partie durant la guerre, l'ouvrage est terminé à la [[Libération de la France|Libération]] et paraît en 1947. Son livre propose à la fois un bilan ainsi qu'un programme. Il y dresse d'abord un bilan de la centralisation administrative qui a selon lui contribué aux déséquilibres économiques et régionaux et aux migrations intérieures des hommes et des activités intellectuelles vers la capitale. Il propose alors de désavantager Paris et de rééquilibrer la politique d'aménagement au profit de la province en créant des conseils économiques régionaux et en construisant des lignes de chemin de fer transversales ainsi qu'en décentralisant davantage l'enseignement supérieur.


Certains passages de l'ouvrage, racistes ou favorables à des régimes dictatoriaux, ont été supprimés des rééditions<ref name=":0" />.
Le livre, que Bernard Marchand décrit comme {{Citation|un pamphlet qui n'a rien de scientifique}}<ref>{{Ouvrage|langue=français|auteur1=Bernard Marchand|titre=Les ennemis de Paris, la haine de la grande ville des Lumières à nos jours|passage=|lieu=Rennes|éditeur=Presses Universitaires de Rennes|date=février 2009|pages totales=387|isbn=978-2-7535-0793-7|lire en ligne=}}</ref> , inspire ensuite, notamment à partir de sa seconde édition en 1958, la géographie et les politiques publiques d'[[aménagement du territoire en France]] jusque dans les années 2000<ref>Bernard Marchand, [https://www.persee.fr/doc/ingeo_0020-0093_2001_num_65_3_2761 La haine de la ville : « Paris et le désert français » de Jean-François Gravier], ''L'Information Géographique'', Année 2001, 65-3, pp. 234-253 </ref>.

Le livre, que Bernard Marchand décrit comme {{Citation|un pamphlet qui n'a rien de scientifique}}<ref>{{Ouvrage|langue=français|auteur1=Bernard Marchand|titre=Les ennemis de Paris, la haine de la grande ville des Lumières à nos jours|lieu=Rennes|éditeur=Presses Universitaires de Rennes|date=février 2009|pages totales=387|isbn=978-2-7535-0793-7|lire en ligne=}}</ref> , inspire ensuite, notamment à partir de sa seconde édition en 1958, la géographie et les politiques publiques d'[[aménagement du territoire en France]] jusque dans les années 2000<ref>Bernard Marchand, [https://www.persee.fr/doc/ingeo_0020-0093_2001_num_65_3_2761 La haine de la ville : « Paris et le désert français » de Jean-François Gravier], ''L'Information Géographique'', Année 2001, 65-3, pp. 234-253 </ref>.


En 2008, l'économiste [[Laurent Davezies]] s'oppose à cette analyse en distinguant géographie de la production et géographie des revenus pour montrer que la région capitale produit plus qu'elle ne perçoit de revenus et contribue ainsi à redistribuer la richesse sur le territoire national au profit de régions moins avantagées<ref>{{Ouvrage|auteur1=Laurent Davezies|titre=La République et ses territoires|sous-titre=la circulation invisible des richesses|éditeur=Seuil. La République des idées.|année=2008|isbn=}}</ref>.
En 2008, l'économiste [[Laurent Davezies]] s'oppose à cette analyse en distinguant géographie de la production et géographie des revenus pour montrer que la région capitale produit plus qu'elle ne perçoit de revenus et contribue ainsi à redistribuer la richesse sur le territoire national au profit de régions moins avantagées<ref>{{Ouvrage|auteur1=Laurent Davezies|titre=La République et ses territoires|sous-titre=la circulation invisible des richesses|éditeur=Seuil. La République des idées.|année=2008|isbn=}}</ref>.


Un colloque international, organisé à Cerisy-la-Salle en 2007, a discuté les idées de Gravier (http://www-ohp.univ-paris1.fr/Gravier/Gravier.htm).
Un colloque international, organisé à [[Cerisy-la-Salle]] en 2007, a discuté les idées de Gravier<ref>{{Lien web |titre=Gravier aujourd'hui |url=http://www-ohp.univ-paris1.fr/Gravier/Gravier.htm |site=www-ohp.univ-paris1.fr |consulté le=2023-10-06}}</ref>.


== Ouvrages ==
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== Distinction ==
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* Grand Prix d'histoire de l'Académie française et [[Grand prix Gobert|Grand Prix Gobert]] 1959 pour ''Paris et le désert français''<ref>{{Article
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|consulté le=10 juillet 2020
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== Notes et références ==
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== Voir aussi ==
== Voir aussi ==
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=== Bibliographie ===
=== Bibliographie ===

* Alain Drouard, ''Une inconnue des Sciences Sociales : la fondation Alexis Carrel (1941-45)'', Editions de la MSH, 1992.
* Alain Drouard, ''Une inconnue des Sciences Sociales : la fondation Alexis Carrel (1941-45)'', Editions de la MSH, 1992.
* Isabelle Provost, ''Paris et le désert français : histoire d'un mythe'', Thèse de sociologie, Université d'Evry, 1999, 216 p
* Isabelle Provost, ''Paris et le désert français : histoire d'un mythe'', Thèse de sociologie, Université d'Evry, 1999, 216 p
* Bernard Marchand, « La haine de la ville : "Paris et le désert français" de Jean-François Gravier », in ''[[L'Information géographique]]'', vol 65, 2001, pp 234-253
* Bernard Marchand, « La haine de la ville : "Paris et le désert français" de Jean-François Gravier », in ''[[L'Information géographique]]'', vol 65, 2001, pp 234-253
* Bernard Marchand (2009) ''Les ennemis de Paris'', Presses Universitaires de Rennes.
* [[Laurent Davezies]], ''La République et ses territoires, la circulation invisible des richesses'', [[Éditions du Seuil|Seuil]], 2008, 110 p.
* [[Laurent Davezies]], ''La République et ses territoires, la circulation invisible des richesses'', [[Éditions du Seuil|Seuil]], 2008, 110 p.
* [[Jean-Louis Andreani]], [https://www.lemonde.fr/opinions/article/2008/07/15/paris-et-le-desert-francais-par-jean-louis-andreani_1073531_3232.html « Rétrolecture 2/36 - 1947 : "Paris et le désert français" de Jean-François Gravier »], ''[[Le Monde]]'', {{date-|15 juillet 2008}}
* [[Jean-Louis Andreani]], [https://www.lemonde.fr/opinions/article/2008/07/15/paris-et-le-desert-francais-par-jean-louis-andreani_1073531_3232.html « Rétrolecture 2/36 - 1947 : "Paris et le désert français" de Jean-François Gravier »], ''[[Le Monde]]'', {{date-|15 juillet 2008}}
* Bernard Marchand, ''Les Ennemis de Paris'', [[Presses universitaires de Rennes]], 2009, 397 p.
* Bernard Marchand, ''Les Ennemis de Paris'', [[Presses universitaires de Rennes]], 2009, 397 p.
*Nicolas Ginsburger, « Pour la Révolution nationale : Jean-François Gravier, un parcours engagé », in Nicolas Ginsburger, Marie-Claire Robic et Jean-Louis Tissier (dir.), ''Géographes français en Seconde Guerre mondiale'', Paris, Editions de la Sorbonne, 2021, p. 195-200.


=== Articles connexes ===
=== Articles connexes ===
* [[Aménagement du territoire en France]]
* [[Aménagement du territoire en France]]
* [[Décentralisation]]
* [[Décentralisation]]
* [[Décentralisation industrielle (France)]]
* [[Décentralisation industrielle|Décentralisation industrielle (France)]]
* [[Métropole d'équilibre]]
* [[Métropole d'équilibre]]


=== Liens externes ===
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* {{Autorité}}
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== Notes et références ==
{{références|colonnes=2}}


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[[Catégorie:Naissance en avril 1915]]
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Jean-François Gravier
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Fonction
Directeur
École nationale des cadres civiques
à partir d'
Biographie
Naissance
Décès
Nationalité
Activité
Autres informations
A travaillé pour
Œuvres principales

Jean-François Gravier, né le à Levallois-Perret et mort le à Paris[1], est un géographe français. Il est principalement connu pour son ouvrage Paris et le désert français, publié en 1947 et plusieurs fois réédité par la suite, qui a notamment inspiré la décentralisation industrielle de 1960, et plus largement les politiques d'aménagement du territoire français pendant plusieurs décennies.

Jean-François Gravier est le fils unique de Gaston Gravier, un discipe du géographe Albert Demangeon mort dans les tranchées quelques mois après la naissance de son fils en 1915[2].

Régions françaises proposées par Jean-François Gravier en 1947.

Il est élève aux lycées Buffon, Janson-de-Sailly et Henri IV[2]. Il est par la suite agrégé de géographie en 1938[2]. Lorsqu'il est étudiant, il milite à l'Action française[3],[4],[2] et évolue dans des cercles de la droite catholique et royaliste ainsi que dans le milieu « non-conformiste » qui recherche une troisième voie corporatiste et s'oppose tant à la démocratie libérale qu' au socialisme révolutionnaire. Jean-François Gravier collabore à Combat, une revue de la Jeune droite où il tient la rubrique de politique étrangère[2].

De mème que son père, il devient enseignant à l'université de Belgrade où il est en poste au début de la Seconde Guerre mondiale (1940-41)[2]. À son retour en France, il est chargé de mission au Secrétariat général de la jeunesse (1941-42)[2], il contribue à Vichy à la revue intellectuelle pétainiste Idées, titre qu'a pris Combat en novembre 41[2], avant d'être directeur de l'École nationale des cadres civiques de Mayet-de-Montagne à partir d'octobre 1941[2] puis est chargé de mission au centre de synthèse régionale de la Fondation Alexis Carrel, consacrée à « l'amélioration de la race humaine »[2]. Il réfléchit notamment à la manière de délocaliser des unités et des populations industrielles vers les régions à revitaliser, préfigurant ainsi les politiques conduites par le Ministère de la Reconstruction et de l'Urbanisme (MRU) puis par la DATAR.

En 1942, il publie Régions et Nation, ouvrage dans lequel il exprime une philosophie communautaire rompant avec l’individualisme des Lumières, ainsi qu’une pensée décentralisatrice visant à « rétablir le citoyen » dans « la réalité communale, provinciale ou nationale ». Dénonçant la « centralisation stérilisante », il prône la décentralisation comme instrument des « renaissances provinciales et locales »[5]

Après la Seconde Guerre mondiale, il est embauché à l'administration du Commissariat général du plan.

La première édition du Désert est rédigée alors que Gravier dirige le Centre de synthèse régionale dans le département VI de bio-sociologie de François Perroux, dans la Fondation Alexis Carrel.[6].

Il collabore occasionnellement au Courrier français.

Paris et le désert français

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Rédigé pour la plus grande partie durant la guerre, l'ouvrage est terminé à la Libération et paraît en 1947. Son livre propose à la fois un bilan ainsi qu'un programme. Il y dresse d'abord un bilan de la centralisation administrative qui a selon lui contribué aux déséquilibres économiques et régionaux et aux migrations intérieures des hommes et des activités intellectuelles vers la capitale. Il propose alors de désavantager Paris et de rééquilibrer la politique d'aménagement au profit de la province en créant des conseils économiques régionaux et en construisant des lignes de chemin de fer transversales ainsi qu'en décentralisant davantage l'enseignement supérieur.

Certains passages de l'ouvrage, racistes ou favorables à des régimes dictatoriaux, ont été supprimés des rééditions[2].

Le livre, que Bernard Marchand décrit comme « un pamphlet qui n'a rien de scientifique »[7] , inspire ensuite, notamment à partir de sa seconde édition en 1958, la géographie et les politiques publiques d'aménagement du territoire en France jusque dans les années 2000[8].

En 2008, l'économiste Laurent Davezies s'oppose à cette analyse en distinguant géographie de la production et géographie des revenus pour montrer que la région capitale produit plus qu'elle ne perçoit de revenus et contribue ainsi à redistribuer la richesse sur le territoire national au profit de régions moins avantagées[9].

Un colloque international, organisé à Cerisy-la-Salle en 2007, a discuté les idées de Gravier[10].

  • Régions et Nation, PUF, "Bibliothèque du peuple", 1942
  • Paris et le désert français, Le Portulan, 1947
  • La Mise en valeur de la France, Le Portulan, 1949
  • Décentralisation et progrès technique, Le Portulan, 1954
  • Auvergne et Aquitaine, étude régionale d'emploi CECA, 1957
  • L'Aménagement du territoire et l'avenir des régions françaises, Flammarion, 1964
  • La Question régionale, Flammarion, 1970
  • Économie et organisation régionales, Masson & Cie, 1970
  • Paris et le désert français en 1972, Flammarion, 1972
  • L'Espace vital, Flammarion, 330 pages, 1984

Distinction

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  • Grand Prix d'histoire de l'Académie française et Grand Prix Gobert 1959 pour Paris et le désert français[11].

Notes et références

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  1. Relevé des fichiers de l'Insee
  2. a b c d e f g h i j et k Nicolas Ginsburger, « Pour la Révolution nationale : Jean-François Gravier, un parcours engagé », dans Géographes français en Seconde Guerre mondiale, Éditions de la Sorbonne, coll. « Territoires en mouvements », (ISBN 979-10-351-0757-4, DOI 10.4000/books.psorbonne.100570, lire en ligne), p. 195–200
  3. Vincent Adoumié (dir.), Les Régions françaises, Hachette, 2010 p. 31
  4. Efi Markou, « Jean-François Gravier (1915-2005). Engagement politique et savoir universitaire, matériel pour la construction d’une carrière d’expert (Varia) », Cahiers d’histoire du Cnam, vol. 13 « L’énergie solaire : trajectoires sociotechniques et objets muséographiques »,‎ , p. 161-185 (lire en ligne)
  5. Jean-Félix de Bujadoux, Les Réformes territoriales, PUF, coll. « Que sais-je ? » (no 4032), (ISBN 978-2-13-073298-3, lire en ligne)
  6. Drouard, A (1992) Une inconnue des sciences sociales : la fondation Alexis Carrel (1941-45), Éditions de la MSH
  7. Bernard Marchand, Les ennemis de Paris, la haine de la grande ville des Lumières à nos jours, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, , 387 p. (ISBN 978-2-7535-0793-7)
  8. Bernard Marchand, La haine de la ville : « Paris et le désert français » de Jean-François Gravier, L'Information Géographique, Année 2001, 65-3, pp. 234-253
  9. Laurent Davezies, La République et ses territoires : la circulation invisible des richesses, Seuil. La République des idées.,
  10. « Gravier aujourd'hui », sur www-ohp.univ-paris1.fr (consulté le )
  11. Jean-Louis Andreani, « "Paris et le désert français", le livre devenu une bible de la décentralisation », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le ).

Bibliographie

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  • Alain Drouard, Une inconnue des Sciences Sociales : la fondation Alexis Carrel (1941-45), Editions de la MSH, 1992.
  • Isabelle Provost, Paris et le désert français : histoire d'un mythe, Thèse de sociologie, Université d'Evry, 1999, 216 p
  • Bernard Marchand, « La haine de la ville : "Paris et le désert français" de Jean-François Gravier », in L'Information géographique, vol 65, 2001, pp 234-253
  • Laurent Davezies, La République et ses territoires, la circulation invisible des richesses, Seuil, 2008, 110 p.
  • Jean-Louis Andreani, « Rétrolecture 2/36 - 1947 : "Paris et le désert français" de Jean-François Gravier », Le Monde,
  • Bernard Marchand, Les Ennemis de Paris, Presses universitaires de Rennes, 2009, 397 p.
  • Nicolas Ginsburger, « Pour la Révolution nationale : Jean-François Gravier, un parcours engagé », in Nicolas Ginsburger, Marie-Claire Robic et Jean-Louis Tissier (dir.), Géographes français en Seconde Guerre mondiale, Paris, Editions de la Sorbonne, 2021, p. 195-200.

Articles connexes

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Liens externes

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