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'''Mouloud Feraoun''' ( en [[kabyle]] : ⵎⵓⵍⵓⴷ ⴼⵔⵄⵓⵏ, Mulud Ferɛun), né le {{Date de naissance|8|mars|1913}} à [[Tizi Hibel]] en [[Haute Kabylie]] ([[Algérie]]) et mort assassiné par l'[[Organisation armée secrète|OAS]] à Alger le {{date de décès|15| mars|1962}}<ref>[http://www.ldh-toulon.net/spip.php?article543 « Le 15 mars 1962, Mouloud Feraoun… »], [[Ligue des droits de l'homme (France)|Ligue des droits de l'homme]], Toulon.</ref>, est un écrivain algérien d'expression [[français]]e.
'''Mouloud Feraoun''' (en [[kabyle]] : Mulud At Ceɛban), né le {{Date de naissance|8|mars|1913}} à [[Tizi Hibel]] en [[Haute Kabylie]] ([[Algérie]]) et mort assassiné par l'[[Organisation armée secrète|OAS]] à Alger le {{date de décès|15| mars|1962}}<ref>[http://www.ldh-toulon.net/spip.php?article543 « Le 15 mars 1962, Mouloud Feraoun… »], [[Ligue des droits de l'homme (France)|Ligue des droits de l'homme]], Toulon.</ref>, est un écrivain algérien d'expression [[français]]e.


Son œuvre la plus célèbre est la trilogie ''Le Fils du pauvre'' (1950), ''La Terre et le Sang'' (1953) et ''Les Chemins qui montent'' (1957).
Son œuvre la plus célèbre est la trilogie ''Le Fils du pauvre'' (1950), ''La Terre et le Sang'' (1953) et ''Les Chemins qui montent'' (1957).


== Biographie ==
== Biographie ==
Né officiellement le {{date-|8 mars 1913}} dans le village de [[Tizi Hibel]]<ref>Dans l'ancienne [[commune mixte]] de [[Fort-National]].</ref>, il appartient au clan (''takheroubt'') des Aït-Chabane, Feraoun étant le nom imposé par des officiers des Affaires indigènes chargés de la mise en place d'un état civil aux populations kabyles après l’insurrection de 1871. Ses parents sont un couple de paysans pauvres, qui ont eu huit enfants dont cinq seulement ont survécu. Mouloud est le troisième d'entre eux, et le premier fils. Depuis 1910, le père a pour habitude d’émigrer périodiquement en France métropolitaine pour subvenir aux besoins de sa famille. En 1928, il est victime d’un accident et commence à vivre d’une pension d’invalidité. Ces racines familiales, sociales et culturelles sont prépondérantes pour Mouloud Feraoun, qui intitule son premier roman autobiographique ''Le Fils du pauvre'' et fait de la culture kabyle la principale composante de son identité<ref>{{Lien web |titre=Persée |url=http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/xxs_0294-1759_1999_num_63_1_3854 |site=www.persee.fr |consulté le=2015-08-24}}[http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mat_0769-3206_1992_num_26_1_404865] Sylvie Thénault, « Mouloud Feraoun. Un écrivain dans la guerre d’Algérie [http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mat_0769-3206_1992_num_26_1_404865 »].</ref>.
Né officiellement le {{date-|8 mars 1913}} dans le village de [[Tizi Hibel]]<ref>Dans l'ancienne [[commune mixte]] de [[Fort-National]].</ref>, il appartient au clan (''takheroubt'') des Aït-Chabane, Feraoun étant le nom imposé par des officiers des Affaires indigènes chargés de la mise en place d'un état civil aux populations kabyles après l’insurrection de 1871. Ses parents sont un couple de paysans pauvres, qui ont eu huit enfants dont cinq seulement ont survécu. Mouloud est le troisième d'entre eux, et le premier fils. Depuis 1910, le père a pour habitude d’émigrer périodiquement en France métropolitaine pour subvenir aux besoins de sa famille. En 1928, il est victime d’un accident et commence à vivre d’une pension d’invalidité. Ces racines familiales, sociales et culturelles sont prépondérantes pour Mouloud Feraoun, qui intitule son premier roman autobiographique ''Le Fils du pauvre'' et fait de la culture kabyle la principale composante de son identité<ref>{{Lien web |titre=Persée |url=http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/xxs_0294-1759_1999_num_63_1_3854 |site=www.persee.fr |consulté le=2015-08-24}}[http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mat_0769-3206_1992_num_26_1_404865] Sylvie Thénault, « Mouloud Feraoun. Un écrivain dans la guerre d’Algérie [http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mat_0769-3206_1992_num_26_1_404865 »].</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=en |titre=Mouloud Feraoun, Biographie Mouloud Fer... |url=https://www.seuil.com/auteur/mouloud-feraoun/2204 |site=www.seuil.com |consulté le=2023-09-04}}</ref>.


Il fréquente l'école de [[Tizi Hibel]] à partir de l'âge de sept ans. En 1928, il est boursier à l'école primaire supérieure de [[Tizi Ouzou]], puis, en 1932, est reçu au concours d'entrée de l'école normale d'instituteurs de [[Bouzareah|Bouzaréa]] (aujourd'hui École normale supérieure de Bouzaréah<ref>https://www.auf.org/les_membres/nos-membres/ecole-normale-superieure-de-bouzareah/.</ref>), près d'[[Alger]]. Il y fait la connaissance d'[[Emmanuel Roblès]]. Diplômé de l’école normale, il commence sa carrière d’instituteur à Taourirt Aden, petit village de Kabylie. En 1935, il est nommé instituteur à Tizi Hibel, où il épouse Dehbia dont il aura sept enfants<ref>{{Lien web |langue=fr-FR |titre=Ali Feraoun, fils de Mouloud Feraoun invité de "Timlilit" sur Berbère Télévision |url=https://www.youtube.com/watch?v=3aG9LUwW9do |consulté le=2023-03-08}}</ref>.
Il fréquente l'école de [[Tizi Hibel]] à partir de l'âge de sept ans. En 1928, il est boursier à l'école primaire supérieure de [[Tizi Ouzou]], puis, en 1932, est reçu au concours d'entrée de l'école normale d'instituteurs de [[Bouzareah|Bouzaréa]] (aujourd'hui École normale supérieure de Bouzaréah<ref>{{lien web |titre=Ecole normale supérieure de Bouzaréah |url=https://www.auf.org/les_membres/nos-membres/ecole-normale-superieure-de-bouzareah/ |site=AUF |consulté le=19-11-2023}}.</ref>), près d'[[Alger]]. Il y fait la connaissance d'[[Emmanuel Roblès]]. Diplômé de l’école normale, il commence sa carrière d’instituteur à Taourirt Aden, petit village de Kabylie. En 1935, il est nommé instituteur à Tizi Hibel, où il épouse Dehbia dont il aura sept enfants<ref>{{Lien web |langue=fr-FR |titre=Ali Feraoun, fils de Mouloud Feraoun invité de "Timlilit" sur Berbère Télévision |url=https://www.youtube.com/watch?v=3aG9LUwW9do |consulté le=2023-03-08}}</ref>.


Mouloud Feraoun commence à écrire en 1939 son premier roman, ''Le Fils du pauvre''. L'ouvrage, salué par la critique, obtient le Grand Prix de la ville d'Alger.
Mouloud Feraoun commence à écrire en 1939 son premier roman, ''Le Fils du pauvre''. L'ouvrage, salué par la critique, obtient le Grand Prix de la ville d'Alger.
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En 1960, Mouloud Feraoun est inspecteur des [[Centre social#Algérie|centres sociaux]] (créés à l'initiative de [[Germaine Tillion]]) à Château-Royal près de [[Ben Aknoun]].
En 1960, Mouloud Feraoun est inspecteur des [[Centre social#Algérie|centres sociaux]] (créés à l'initiative de [[Germaine Tillion]]) à Château-Royal près de [[Ben Aknoun]].


Avec cinq de ses collègues, dont l'inspecteur d'académie Max Marchand, il est [[Assassinat de Château-Royal|assassiné]] le {{date-|15 mars 1962}}, à quatre jours du cessez-le-feu<ref>{{Lien brisé|langue=fr|titre=“Mouloud Feraoun, un écrivain dans la guerre d’Algérie”, par Sylvie Thénault - Connaître l’histoire coloniale, combattre les racismes et l’antisémitisme|url=http://ldh-toulon.net/Mouloud-Feraoun-un-ecrivain-dans.html|site=ldh-toulon.net|consulté le=2017-03-14}}</ref>{{,}}<ref> « Documents pour l'histoire, récit de l'attentat de Château Royal », ''Persée''.</ref>, par l'[[Organisation armée secrète|OAS]], qui y voit un foyer indépendantiste<ref name=":0">{{Article|langue=fr|titre=Les extraits de « Ne réveille pas les enfants », d’Ariane Chemin : « On voit les corps tomber, mais on ne voit pas le point de départ »|périodique=Le Monde.fr|date=2023-08-30|lire en ligne=https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/08/30/les-extraits-de-ne-reveille-pas-les-enfants-d-ariane-chemin-on-voit-les-corps-tomber-mais-on-ne-voit-pas-le-point-de-depart_6187013_3232.html|consulté le=2023-08-30}}</ref>.
Avec cinq de ses collègues, dont l'inspecteur d'académie [[Max Marchand (directeur des centres sociaux)|Max Marchand]], il est [[Assassinat de Château-Royal|assassiné]] le {{date-|15 mars 1962}}, à quatre jours du cessez-le-feu<ref>{{Lien brisé|langue=fr|titre=“Mouloud Feraoun, un écrivain dans la guerre d’Algérie”, par Sylvie Thénault - Connaître l’histoire coloniale, combattre les racismes et l’antisémitisme|url=http://ldh-toulon.net/Mouloud-Feraoun-un-ecrivain-dans.html|site=ldh-toulon.net|consulté le=2017-03-14}}</ref>{{,}}<ref> « Documents pour l'histoire, récit de l'attentat de Château Royal », ''Persée''.</ref>, par l'[[Organisation armée secrète|OAS]], qui y voit un foyer indépendantiste<ref name=":0">{{Article|langue=fr|titre=Les extraits de « Ne réveille pas les enfants », d’Ariane Chemin : « On voit les corps tomber, mais on ne voit pas le point de départ »|périodique=Le Monde.fr|date=2023-08-30|lire en ligne=https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/08/30/les-extraits-de-ne-reveille-pas-les-enfants-d-ariane-chemin-on-voit-les-corps-tomber-mais-on-ne-voit-pas-le-point-de-depart_6187013_3232.html|consulté le=2023-08-30}}</ref>.


Son ''Journal'', rédigé de 1955 à 1962, est remis au [[Éditions du Seuil|Seuil]] en {{date-|février 1962}} et sera publié de manière posthume, de même que deux derniers romans, ''L'Anniversaire,'' inachevé, et ''La Cité des roses'', achevé mais resté longtemps inédit.
Son ''Journal'', rédigé de 1955 à 1962, est remis au [[Éditions du Seuil|Seuil]] en {{date-|février 1962}} et sera publié de manière posthume, de même que deux derniers romans, ''L'Anniversaire,'' inachevé, et ''La Cité des roses'', achevé mais resté longtemps inédit.


Le 24 mars 2022, ses deux petites-filles Narjisse et Nasrine Feraoun, le mari de l'une, et une arrière-petite-fille âgée de {{nobr|8 ans}}, se [[Drame de Montreux|tuent en sautant du balcon de leur appartement]] à [[Montreux]] alors que la police apportait une convocation concernant l'obligation scolaire d'un autre enfant. Celui-ci, âgé de {{nobr|15 ans}}, survit à la chute avec des blessures graves<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Drame de Montreux : une des 4 victimes était ophtalmologue en Valais |url=https://www.lenouvelliste.ch/valais/drame-de-montreux-une-des-4-victimes-etait-ophtalmologue-en-valais-1169096 |site=lenouvelliste.ch |consulté le=2022-03-28}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=En Suisse, le mystère de la famille défenestrée |url=https://www.lejdd.fr/Societe/en-suisse-le-mystere-de-la-famille-defenestree-4101997 |site=lejdd.fr |consulté le=2022-03-28}}.</ref>{{,}}<ref name=":0" />.


== Œuvres ==
== Œuvres ==
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* Akbal, Mehenni ;  « Son œuvre est vraie ». ''L’Ivrescq'', 15 mars 2010 (entretien réalisé par Rachid Mokhtari), ISSN 1112-9654. Redonné intégralement sous un autre titre « J’ai donné à lire des lettres inédites de Feraoun », par le quotidien ''Le Matin-DZ'' (version électronique) du 13 mars 2012.
* Akbal, Mehenni ;  « Son œuvre est vraie ». ''L’Ivrescq'', 15 mars 2010 (entretien réalisé par Rachid Mokhtari), ISSN 1112-9654. Redonné intégralement sous un autre titre « J’ai donné à lire des lettres inédites de Feraoun », par le quotidien ''Le Matin-DZ'' (version électronique) du 13 mars 2012.
* Akbal, Mehenni ; Éléments pour une approche bibliométrique des écrits consacrés à Mouloud Feraoun. ''L’Ivrescq'', {{n°|39}}, {{date-|avril 2015}}, {{p.|53-58}}, ISSN 1112-9654.
* Akbal, Mehenni ; Éléments pour une approche bibliométrique des écrits consacrés à Mouloud Feraoun. ''L’Ivrescq'', {{n°|39}}, {{date-|avril 2015}}, {{p.|53-58}}, ISSN 1112-9654.
* Mehenni Akbal. Plaidoyer pour l'indépendance de l'Algérie : De Gaulle, Feraoun et Kaddache à l'Élysée. 2023. ⟨hal-04368276⟩. https://hal.science/hal-04368276/file/Feraoun%20et%20Kaddache.pdf
* Asfar (Gabriel), « The Goat and Myths of sacrifice in Feraoun's « le fils du pauvre » and Chraïbi's « les boucs », ''Litterature of Africa and the African Continum'', Washington DC, Three Continents and African Literature Association, 1989.
* Asfar (Gabriel), « The Goat and Myths of sacrifice in Feraoun's « le fils du pauvre » and Chraïbi's « les boucs », ''Litterature of Africa and the African Continum'', Washington DC, Three Continents and African Literature Association, 1989.
* Beugnot (Bernard), « les débuts littéraires de Mouloud Feraoun. De Menrad Fouroulou au « Fils du pauvre », '' Revue d'histoire littéraire de la France'', {{numéro}}81, 1981, {{p.}}944-952
* Beugnot (Bernard), « les débuts littéraires de Mouloud Feraoun. De Menrad Fouroulou au « Fils du pauvre », '' Revue d'histoire littéraire de la France'', {{numéro}}81, 1981, {{p.}}944-952
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* Tahraoui (Tahar), « Les mots du maître », '' Liberté'', {{numéro}}482, {{date-|16 mars 1994}}, {{p.}}24.
* Tahraoui (Tahar), « Les mots du maître », '' Liberté'', {{numéro}}482, {{date-|16 mars 1994}}, {{p.}}24.
* Thenault (Sylvie), "Mouloud Feraoun, un écrivain dans la guerre d'Algérie", ''Vingtième siècle'', {{numéro}}63, juillet- {{date-|septembre 1999}}, {{p.}}65-74.
* Thenault (Sylvie), "Mouloud Feraoun, un écrivain dans la guerre d'Algérie", ''Vingtième siècle'', {{numéro}}63, juillet- {{date-|septembre 1999}}, {{p.}}65-74.
* Tillion (Germaine), « La bêtise qui froidement assassine », ''Le Monde'', 19 mars 1962. https://www.lemonde.fr/archives/article/1962/03/19/la-betise-qui-froidement-assassine_2345538_1819218.html
* Titouah (Rachid), « Mouloud Feraoun: un humaniste dans la tourmente », ''Actualité de l'émigration'', {{numéro}}198, {{date-|29 mars}}-{{date-|11 avril 1990}}, {{p.}}48-49.
* Titouah (Rachid), « Mouloud Feraoun: un humaniste dans la tourmente », ''Actualité de l'émigration'', {{numéro}}198, {{date-|29 mars}}-{{date-|11 avril 1990}}, {{p.}}48-49.


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Version du 21 mai 2024 à 19:31

Mouloud Feraoun
Mouloud Feraoun.
Biographie
Naissance
Décès
(à 49 ans)
Alger (Algérie française)
Surnom
Feraoun
Activités
Autres informations
Genre artistique
Distinction
Œuvres principales
  • Le Fils du pauvre (1950)
  • La Terre et le Sang (1953)
  • Les Chemins qui montent (1957)
  • Jours de Kabylie (1954)

Mouloud Feraoun (en kabyle : Mulud At Ceɛban), né le à Tizi Hibel en Haute Kabylie (Algérie) et mort assassiné par l'OAS à Alger le [1], est un écrivain algérien d'expression française.

Son œuvre la plus célèbre est la trilogie Le Fils du pauvre (1950), La Terre et le Sang (1953) et Les Chemins qui montent (1957).

Biographie

Né officiellement le dans le village de Tizi Hibel[2], il appartient au clan (takheroubt) des Aït-Chabane, Feraoun étant le nom imposé par des officiers des Affaires indigènes chargés de la mise en place d'un état civil aux populations kabyles après l’insurrection de 1871. Ses parents sont un couple de paysans pauvres, qui ont eu huit enfants dont cinq seulement ont survécu. Mouloud est le troisième d'entre eux, et le premier fils. Depuis 1910, le père a pour habitude d’émigrer périodiquement en France métropolitaine pour subvenir aux besoins de sa famille. En 1928, il est victime d’un accident et commence à vivre d’une pension d’invalidité. Ces racines familiales, sociales et culturelles sont prépondérantes pour Mouloud Feraoun, qui intitule son premier roman autobiographique Le Fils du pauvre et fait de la culture kabyle la principale composante de son identité[3],[4].

Il fréquente l'école de Tizi Hibel à partir de l'âge de sept ans. En 1928, il est boursier à l'école primaire supérieure de Tizi Ouzou, puis, en 1932, est reçu au concours d'entrée de l'école normale d'instituteurs de Bouzaréa (aujourd'hui École normale supérieure de Bouzaréah[5]), près d'Alger. Il y fait la connaissance d'Emmanuel Roblès. Diplômé de l’école normale, il commence sa carrière d’instituteur à Taourirt Aden, petit village de Kabylie. En 1935, il est nommé instituteur à Tizi Hibel, où il épouse Dehbia dont il aura sept enfants[6].

Mouloud Feraoun commence à écrire en 1939 son premier roman, Le Fils du pauvre. L'ouvrage, salué par la critique, obtient le Grand Prix de la ville d'Alger.

En 1946, il est muté à Taourirt Moussa Ouamar, commune d'Aït Mahmoud. En 1952, il est nommé directeur du cours complémentaire de Fort-National. En 1957, promu directeur de l'école Nador de Clos-Salembier, il quitte la Kabylie pour Alger[7].

En 1951, il est en correspondance avec Albert Camus. Le , il termine La Terre et le Sang, ouvrage récompensé en 1953 par le prix Eugène-Dabit du roman populiste. Le roman raconte la vie d'un village kabyle qui voit d'un mauvais œil le retour d'un de ses enfants parti travailler dans les mines du nord de la France.

En 1957, les Éditions du Seuil publient le roman Les Chemins qui montent. Sa traduction des poèmes de Si Mohand Ou Mhand (Les Poèmes de Si Mohand) est éditée par les Éditions de Minuit en 1960.

En 1960, Mouloud Feraoun est inspecteur des centres sociaux (créés à l'initiative de Germaine Tillion) à Château-Royal près de Ben Aknoun.

Avec cinq de ses collègues, dont l'inspecteur d'académie Max Marchand, il est assassiné le , à quatre jours du cessez-le-feu[8],[9], par l'OAS, qui y voit un foyer indépendantiste[10].

Son Journal, rédigé de 1955 à 1962, est remis au Seuil en et sera publié de manière posthume, de même que deux derniers romans, L'Anniversaire, inachevé, et La Cité des roses, achevé mais resté longtemps inédit.


Œuvres

Livres
  • Le Fils du pauvre, Menrad instituteur kabyle, éd. Cahiers du nouvel humanisme, Le Puy, 1950, 206 p.
  • La Terre et le Sang, Éditions du Seuil, Paris, 1953, 256 p.
  • Jours de Kabylie, Alger, Baconnier, 1954, 141 p.
  • Les Chemins qui montent, Éditions du Seuil, Paris, 1957, 222 p.
  • Les Poèmes de Si Mohand, Les Éditions de Minuit, Paris, 1960, 111 p.
  • Journal 1955-1962, Éditions du Seuil, Paris, 1962, 349 p.
  • Lettres à ses amis, Éditions du Seuil, Paris, 1969, 205 p.
  • L'Anniversaire, Éditions du Seuil, Paris, 1972, 143 p.
  • La Cité des roses, éd. Yamcom, Alger, 2007, 172 p.
  • Les Tueurs et autres inédits, présentés par Safa Ouled Haddar. éd. El Kalima, Alger, coll. PIM, 2020, 110 p.
Artikel
  • « L'instituteur du bled en Algérie », Examens et Concours, Paris, mai-.
  • « Le désaccord », Soleil, Alger, no 6, .
  • « Sur l’“École nord-africaine des lettres” », Afrique, AEA (Association des écrivains algériens), Alger, no 241, juillet-.
  • « Les potines », Foyers ruraux, Paris, no 8, 1951.
  • « Mœurs kabyles », La Vie au soleil, Paris, septembre-.
  • « Les rêves d'Irma Smina », Les Cahiers du Sud, Rivages, Marseille, no 316, 2e semestre 1952.
  • « Ma mère », Simoun, no 8, , Oran.
  • « Les Beaux jours », Terrasses (Jean Sénac), Alger, .
  • « Réponse à l'enquête », Les Nouvelles Littéraires, Larousse, Paris, .
  • « Images algériennes d'Emmanuel Roblès », Simoun (J.-M. Guirao), Oran, no 30, .
  • « L'auteur et ses personnages », Bulletin de l'Amicale des anciens élèves de l'école normale de Bouzaréa, .
  • « Au-dessus des haines », Simoun (J.-M. Guirao), no 31, ,.
  • « Le départ », L'Action, Parti socialiste destourien, Tunis, no 9, .
  • « Le voyage en Grèce et en Sardaigne », Journal des instituteurs de l'Afrique du Nord, no 1,
  • « Les aventures de Ami Mechivchi », Journal des instituteurs de l'Afrique du Nord, no 1, .
  • « Les aventures de Ami Mechivchi » (suite), Journal des instituteurs de l'Afrique du Nord, no 2, .
  • « Souvenir d'une rentrée », no 2, Journal des instituteurs de l'Afrique du Nord, .
  • « L'instituteur du bled en Algérie », Journal des instituteurs de l'Afrique du Nord, no 3, .
  • « Le beau de Tizi », Journal des instituteurs de l'Afrique du Nord, no 4, .
  • « Les bergères », Journal des instituteurs de l'Afrique du Nord, no 5, .
  • « Hommage à l'école française », Journal des instituteurs de l'Afrique du Nord, no 6, .
  • « Monsieur Maschino, vous êtes un salaud », Démocratie (Charkaoui), Casablanca, .
  • « La légende de Si Mohand », Affrontement, Paris, no 5 (« Art, culture et peuple en Afrique du Nord »), .
  • « Les écrivains musulmans », Revue française de l'élite européenne, Paris, no 91, 1957.
  • « La littérature algérienne », Revue française, Paris, 1957.
  • « Le voyage en Grèce », Revue française, Paris, 1957.
  • « La légende de Si Mohand », Algerien, OFALAC, .
  • « Hommage à l'école française », Algerien, OFALAC, no 22, mai-.
  • « La source de nos communs malheurs » (lettre à Camus), Preuves, Paris, Congrès pour la liberté de la culture, no 91, .
  • « Le dernier message », Preuves, Paris, Congrès pour la liberté de la culture, no 110, .
  • « Le départ du père », Algerien, OFALAC, no 22, mai-.
  • « Journal d'un Algérien », Preuves, Paris, Congrès pour la liberté de la culture, no 139, .
  • « La vache des orphelins », Algerien, OFALAC, no 30, janvier-.
  • « Si Mohand ou Mehand », La nouvelle critique, PCF, no 112, .
  • « Destins de femmes », Algerien, OFALAC.no 44, .
  • « L'entraide dans la société kabyle », Revue des centres sociaux, Alger, no 16, 1961.
  • « Mekidèche et l'ogresse », Algeria, OFALAC, n°60, automne 1961.
  • « Mekidèche et l'ogresse » (suite), Algeria, OFALAC, n°61, noël 1961.
  • « Déclaration téléphonique après la mort d'Albert Camus », Oran Républicain, Oran, , 1962.
  • « Lettres de Kabylie envoyées à Emmanuel Roblès », Esprit, n°12, .
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Notes et références

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  2. Dans l'ancienne commune mixte de Fort-National.
  3. « Persée », sur www.persee.fr (consulté le )[1] Sylvie Thénault, « Mouloud Feraoun. Un écrivain dans la guerre d’Algérie ».
  4. (en) « Mouloud Feraoun, Biographie Mouloud Fer... », sur www.seuil.com (consulté le )
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  6. « Ali Feraoun, fils de Mouloud Feraoun invité de "Timlilit" sur Berbère Télévision » (consulté le )
  7. « Il y a 60 ans, Mouloud Feraoun était assassiné par l’OAS ! », sur www.beurfm.net (consulté le ).
  8. « “Mouloud Feraoun, un écrivain dans la guerre d’Algérie”, par Sylvie Thénault - Connaître l’histoire coloniale, combattre les racismes et l’antisémitisme »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur ldh-toulon.net (consulté le )
  9. « Documents pour l'histoire, récit de l'attentat de Château Royal », Persée.
  10. « Les extraits de « Ne réveille pas les enfants », d’Ariane Chemin : « On voit les corps tomber, mais on ne voit pas le point de départ » », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )

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Annexes

Bibliographie

Ouvrages
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  • Perville (Guy), « Albert Camus et Mouloud Feraoun, une amitié qui résiste aux divergences politiques », Actes du colloque du « La plume dans la plaie, les écrivains-journalistes et la guerre d’Algérie » (28-), Pessac, Presses universitaires de Bordeaux, 2003,p. 129-135.
  • Tahraoui (Tahar), « Les mots du maître », Liberté, no 482, , p. 24.
  • Thenault (Sylvie), "Mouloud Feraoun, un écrivain dans la guerre d'Algérie", Vingtième siècle, no 63, juillet- , p. 65-74.
  • Tillion (Germaine), « La bêtise qui froidement assassine », Le Monde, 19 mars 1962. https://www.lemonde.fr/archives/article/1962/03/19/la-betise-qui-froidement-assassine_2345538_1819218.html
  • Titouah (Rachid), « Mouloud Feraoun: un humaniste dans la tourmente », Actualité de l'émigration, no 198, -, p. 48-49.

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