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« Protubérance solaire » : différence entre les versions

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[[Image:Soleil Coronographe.jpg|300px|right|thumb|Photo amateur d'une protubérance solaire au coronographe]]Une '''protubérance solaire''' est composée d'un [[Physique des plasmas|plasma]] relativement froid, de l'ordre de {{formatnum:10000}} K (c-à-d une température du même ordre de grandeur que celle de la [[chromosphère]] du [[soleil]]) et dense, baignant dans la [[couronne solaire|couronne]] bien plus chaude et ténue et confiné par le [[champ magnétique]] coronal. Les protubérances ne sont autres que des [[Filament solaire|filaments solaires]] mais vus « en projection sur le fond de ciel » lorsqu'un filament, visible par contraste avec la [[photosphère]] sous-jacente, passe au bord (ou « limbe ») sous l'effet de la [[rotation]] solaire.
[[Fichier:Soleil Coronographe.jpg|vignette|[[Photographie]] amateur d'une protubérance solaire au [[coronographe]].]]
Une '''protubérance solaire''' est une structure visible dans l'atmosphère solaire, composée d'un [[Physique des plasmas|plasma]] relativement froid, de l'ordre de {{formatnum:10000}} [[Kelvin|K]] (c'est-à-dire une température du même ordre de grandeur que celle de la [[chromosphère]] du [[Soleil]]) et dense, baignant dans la [[couronne solaire|couronne]] bien plus chaude et ténue et confiné par le [[champ magnétique]] coronal. Les protubérances ne sont autres que des [[Filament solaire|filaments solaires]] mais vus « en projection sur le fond de ciel » lorsqu'un filament, visible par contraste avec la [[photosphère]] sous-jacente, passe au bord (ou « limbe ») sous l'effet de la [[rotation stellaire|rotation solaire]].


== Caractéristiques observationnelles ==
== Caractéristiques observationnelles ==
Le [[Physique des plasmas|plasma]] des protubérances est composé d'[[hydrogène]] et d'[[hélium]] ainsi que de certains autres [[élément chimique|éléments]] plus lourds (les astronomes parlent de « métaux ») comme le [[calcium]] ou le [[sodium]]. Dans les domaines [[domaine visible|visible]] et [[infra-rouge]], on utilise principalement des [[raie spectrale|raies spectrales]] de l'hydrogène et de l'hélium pour l'étude des conditions physiques (telles que [[température]], [[pression]], [[champ magnétique]] et champ de vitesses) qui vont caractériser le plasma. Les protubérances peuvent prendre des formes très variées : pilier, arche, champignon, buisson, draperie, arbre, etc, et ces formes peuvent évoluer. Une protubérance peut ainsi se transformer, disparaître, réapparaître ou fusionner en quelques heures, et subsister plusieurs jours.

[[Fichier:BML Le Lointain partie 3 93 452349 p416-417.jpg|alt=Image en rouge et marron foncé de différents types de protubérances solaires : des formes nuageuses, en fumée etc.|vignette|Reproduction de dessins de protubérances solaires par [[Wilhelm Bölsche]] en 1890.]]
Le [[Physique des plasmas|plasma]] des protubérances est composé d'[[hydrogène]] et d'[[hélium]] ainsi que de certains autres [[élément chimique|éléments]] plus lourds (les astronomes parlent de « métaux ») comme le [[calcium]] ou le [[sodium]]. Dans les domaines [[domaine visible|visible]] et [[infra-rouge]], on utilise principalement des [[raie spectrale|raies spectrales]] de l'hydrogène et de l'hélium pour l'étude des conditions physiques (telles que [[température]], [[pression]], [[champ magnétique]] et champ de vitesses) qui vont caractériser le plasma.
L'histoire des sciences rapporte que l'hélium porte son nom en référence au soleil ([[hélios]] en grec). En effet, cet élément a été découvert à travers l'analyse [[spectroscopie|spectroscopique]] de la [[lumière]] solaire à la fin du {{s-|XIX}} par les astronomes français et britannique [[Jules Janssen]] et Sir [[Joseph Norman Lockyer]]. Plus précisément, cette identification a eu lieu durant l'[[éclipse solaire]] du {{date-|18 août 1868}} et à partir de l'observation d'une certaine « raie jaune » du spectre solaire bien visible dans les protubérances qui peuplent le bord solaire. Cette [[raie spectrale]], en fait un multiplet de l'hélium neutre à une [[longueur d'onde]] de {{unité|587.6|nm}} aussi baptisée « D3 » dans la nomenclature de [[Joseph von Fraunhofer]], n'avait alors pas d'équivalent dans les spectres de laboratoires produits sur terre. C'est ainsi que les physiciens ont envisagé l'existence d'un élément particulier, propre au soleil, l'[[hélium]] avant de découvrir ce dernier sur [[terre]] également. Comme d'autres multiplets de l'hélium, D3 est depuis très largement utilisée par les astronomes pour la détermination des caractéristiques physiques des protubérances, en particulier leur [[champ magnétique]].

L'histoire des sciences rapporte que l'hélium porte son nom en référence au soleil ([[hélios]] en grec). En effet, cet élément a été découvert à travers l'analyse [[spectroscopie|spectroscopique]] de la [[lumière]] solaire à la fin du {{XIXe siècle}} par les astronomes français et britannique [[Jules Janssen]] et Sir [[Joseph Norman Lockyer]]. Plus précisément, cette identification a eu lieu durant l'[[éclipse solaire]] du 18 août 1868 et à partir de l'observation d'une certaine « raie jaune » du spectre solaire bien visible dans les protubérances qui peuplent le bord solaire. Cette [[raie spectrale]], en fait un multiplet de l'hélium neutre à une [[longueur d'onde]] de 587,6 nm aussi baptisée « D3 » dans la nomenclature de [[Joseph von Fraunhofer]], n'avait alors pas d'équivalent dans les spectres de laboratoires produits sur terre. C'est ainsi que les physiciens ont envisagé l'existence d'un élément particulier, propre au soleil, l'[[hélium]] avant de découvrir ce dernier sur [[terre]] également. Comme d'autres multiplets de l'hélium, D3 est depuis très largement utilisée par les astronomes pour la détermination des caractéristiques physiques des protubérances, en particulier leur [[champ magnétique]].


== Protubérances et phénomènes éruptifs ==
== Protubérances et phénomènes éruptifs ==
[[Fichier:Sun 20230129 - 12H55UT.png|vignette|Protubérance vue par un télescope amateur.]]

L'étude moderne des protubérances est particulièrement motivée par leur rôle dans les interactions soleil-terre. En effet, le plasma qui les compose est soutenu et confiné au-dessus de la surface solaire par le champ magnétique [[couronne solaire|coronal]], dont la géométrie varie continuellement au cours du temps. Lors de l'évolution du champ magnétique coronal, il arrive que la géométrie magnétique ne soit plus capable de confiner le plasma des protubérances. L'expulsion brutale du plasma produit alors des phénomènes éruptifs à grande échelle pouvant affecter l'environnement terrestre, en particulier notre [[magnétosphère]]. On appelle ces éruptions des [[éjection de masse coronale|éjections de masse coronale]].
L'étude moderne des protubérances est particulièrement motivée par leur rôle dans les interactions Soleil-Terre. En effet, le plasma qui les compose est soutenu et confiné au-dessus de la surface solaire dans une boucle du champ magnétique [[couronne solaire|coronal]], champ dont la géométrie varie continuellement au cours du temps. Lors de cette évolution permanente, il arrive que la géométrie magnétique ne soit plus capable de confiner le plasma des protubérances. L'expulsion brutale du plasma produit alors des phénomènes éruptifs à grande échelle au niveau du [[système solaire]] interne, et en ce qui concerne notre planète, pouvant affecter son environnement au-delà voire en deçà de l'[[Atmosphère_terrestre#Exosph.C3.A8re|atmosphère exosphérique]], en particulier notre [[magnétosphère]]. On appelle ces éruptions des [[éjection de masse coronale|éjections de masse coronale]].


== Méthodes d'observation ==
== Méthodes d'observation ==
=== À l'œil nu ===
=== À l'œil nu ===
Lors d'une [[éclipse]] totale ou annulaire, la lune recouvre suffisamment le soleil pour que la lumière de ce dernier soit suffisamment faible pour que l'on puisse voir des protubérances solaires à l'[[œil]] nu ou au [[télescope]]. Il faut toutefois utiliser un filtre UV pour se protéger de la destruction de la [[rétine]] de l'œil qu'engendre la fixation du soleil. Des lunettes spéciales ou des filtres de téléscopes sont en vente dans les boutiques spécialisées.
Lors d'une [[éclipse]] totale ou annulaire<ref>{{Lien web |titre=Votre guide des éclipses |url=https://www.asc-csa.gc.ca/fra/astronomie/eclipses/eclipses-solaires.asp |site=[[Agence spatiale canadienne]] |date=2017-08-10 |consulté le=2020-01-30}}.</ref>, la Lune recouvre suffisamment le Soleil pour que la lumière de ce dernier soit suffisamment faible pour que l'on puisse voir des protubérances solaires à l'[[œil nu]] ou au [[télescope]]. Il faut toutefois utiliser un filtre UV pour se protéger de la destruction de la [[rétine]] de l'œil qu'engendre la fixation du soleil<ref>{{Lien web |titre=Pourquoi il ne faut jamais regarder une éclipse à l'œil nu |url=https://www.sciencesetavenir.fr/sante/ophtalmo/que-risque-t-on-a-regarder-l-eclipse-solaire-sans-protection_23477 |périodique=[[Sciences et Avenir]] |consulté le=2020-01-30}}.</ref>. Des lunettes spéciales<ref>{{Lien web |nom1=Lazarte |prénom1=Maria |titre=Comment observer une éclipse solaire en toute sécurité |url=http://www.iso.org/cms/render/live/fr/sites/isoorg/contents/news/2017/08/Ref2213.html |site=[[Organisation internationale de normalisation]] |date= 17 août 2017 |consulté le=2020-01-30}}.</ref> ou des filtres de télescopes sont en vente dans les boutiques spécialisées.


=== Observations au sol ===
=== Observations au sol ===
* Grâce à un instrument appelé [[coronographe]]. Celui-ci s'utilise avec une [[lunette astronomique|lunette]] ou un [[télescope]] et masque le disque solaire pour révéler les protubérances (beacoup moins lumineuses que le disque).
* Grâce à un instrument appelé [[coronographe]]. Celui-ci s'utilise avec une [[lunette astronomique|lunette]] et masque le disque solaire pour révéler les protubérances (beaucoup moins lumineuses que le disque).
* Grâce à des [[Filtre (optique)|filtres]] interférentiels à bande passante très étroite, basés par exemple sur le principe de l'[[interféromètre de Fabry-Perot]] ou sur celui du [[filtre de Lyot]], il est possible de sélectionner spécifiquement les longueurs d'onde d'émission des protubérances.
* Grâce à des [[Filtre (optique)|filtres]] interférentiels à [[bande passante]] très étroite, basés par exemple sur le principe de l'[[interféromètre de Fabry-Perot]] ou sur celui du [[filtre de Lyot]], il est possible de sélectionner spécifiquement les longueurs d'onde d'émission des protubérances.
* Le télescope solaire franco-italien [http://www.themis.iac.es/ THéMIS], bien que n'étant pas un [[coronographe]], permet des observations uniques des protubérances solaires en combinant [[spectroscopie]] multi-raies et [[polarimétrie]].
* Le [[télescope solaire]] franco-italien [[Télescope héliographique pour l'étude du magnétisme et des instabilités solaires|THéMIS]], bien que n'étant pas un [[coronographe]], permet des observations uniques des protubérances solaires, en combinant [[spectroscopie]] multi-raies et [[polarimétrie]].


=== Observations depuis l'espace ===
=== Observations depuis l'espace ===
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* [[SoHO]]
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== Notes et références ==
==Voir aussi==
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=== Articles connexes ===
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Dernière version du 14 juin 2024 à 12:14

Photographie amateur d'une protubérance solaire au coronographe.

Une protubérance solaire est une structure visible dans l'atmosphère solaire, composée d'un plasma relativement froid, de l'ordre de 10 000 K (c'est-à-dire une température du même ordre de grandeur que celle de la chromosphère du Soleil) et dense, baignant dans la couronne bien plus chaude et ténue et confiné par le champ magnétique coronal. Les protubérances ne sont autres que des filaments solaires mais vus « en projection sur le fond de ciel » lorsqu'un filament, visible par contraste avec la photosphère sous-jacente, passe au bord (ou « limbe ») sous l'effet de la rotation solaire.

Caractéristiques observationnelles

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Le plasma des protubérances est composé d'hydrogène et d'hélium ainsi que de certains autres éléments plus lourds (les astronomes parlent de « métaux ») comme le calcium ou le sodium. Dans les domaines visible et infra-rouge, on utilise principalement des raies spectrales de l'hydrogène et de l'hélium pour l'étude des conditions physiques (telles que température, pression, champ magnétique et champ de vitesses) qui vont caractériser le plasma. Les protubérances peuvent prendre des formes très variées : pilier, arche, champignon, buisson, draperie, arbre, etc, et ces formes peuvent évoluer. Une protubérance peut ainsi se transformer, disparaître, réapparaître ou fusionner en quelques heures, et subsister plusieurs jours.

Image en rouge et marron foncé de différents types de protubérances solaires : des formes nuageuses, en fumée etc.
Reproduction de dessins de protubérances solaires par Wilhelm Bölsche en 1890.

L'histoire des sciences rapporte que l'hélium porte son nom en référence au soleil (hélios en grec). En effet, cet élément a été découvert à travers l'analyse spectroscopique de la lumière solaire à la fin du XIXe siècle par les astronomes français et britannique Jules Janssen et Sir Joseph Norman Lockyer. Plus précisément, cette identification a eu lieu durant l'éclipse solaire du et à partir de l'observation d'une certaine « raie jaune » du spectre solaire bien visible dans les protubérances qui peuplent le bord solaire. Cette raie spectrale, en fait un multiplet de l'hélium neutre à une longueur d'onde de 587,6 nm aussi baptisée « D3 » dans la nomenclature de Joseph von Fraunhofer, n'avait alors pas d'équivalent dans les spectres de laboratoires produits sur terre. C'est ainsi que les physiciens ont envisagé l'existence d'un élément particulier, propre au soleil, l'hélium avant de découvrir ce dernier sur terre également. Comme d'autres multiplets de l'hélium, D3 est depuis très largement utilisée par les astronomes pour la détermination des caractéristiques physiques des protubérances, en particulier leur champ magnétique.

Protubérances et phénomènes éruptifs

[modifier | modifier le code]
Protubérance vue par un télescope amateur.

L'étude moderne des protubérances est particulièrement motivée par leur rôle dans les interactions Soleil-Terre. En effet, le plasma qui les compose est soutenu et confiné au-dessus de la surface solaire dans une boucle du champ magnétique coronal, champ dont la géométrie varie continuellement au cours du temps. Lors de cette évolution permanente, il arrive que la géométrie magnétique ne soit plus capable de confiner le plasma des protubérances. L'expulsion brutale du plasma produit alors des phénomènes éruptifs à grande échelle au niveau du système solaire interne, et en ce qui concerne notre planète, pouvant affecter son environnement au-delà voire en deçà de l'atmosphère exosphérique, en particulier notre magnétosphère. On appelle ces éruptions des éjections de masse coronale.

Méthodes d'observation

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À l'œil nu

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Lors d'une éclipse totale ou annulaire[1], la Lune recouvre suffisamment le Soleil pour que la lumière de ce dernier soit suffisamment faible pour que l'on puisse voir des protubérances solaires à l'œil nu ou au télescope. Il faut toutefois utiliser un filtre UV pour se protéger de la destruction de la rétine de l'œil qu'engendre la fixation du soleil[2]. Des lunettes spéciales[3] ou des filtres de télescopes sont en vente dans les boutiques spécialisées.

Observations au sol

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Observations depuis l'espace

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Notes et références

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  1. « Votre guide des éclipses », sur Agence spatiale canadienne, (consulté le ).
  2. « Pourquoi il ne faut jamais regarder une éclipse à l'œil nu », Sciences et Avenir (consulté le ).
  3. Maria Lazarte, « Comment observer une éclipse solaire en toute sécurité », sur Organisation internationale de normalisation, (consulté le ).

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Articles connexes

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