Aller au contenu

« Expansion du christianisme au Moyen Âge » : différence entre les versions

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Contenu supprimé Contenu ajouté
Balise : Révoqué
Vlaam (discuter | contributions)
m v2.05 - Homonymies : Correction de 1 lien - Maurétanie
(43 versions intermédiaires par 20 utilisateurs non affichées)
Ligne 1 : Ligne 1 :
{{À sourcer|date=novembre 2020}}
{{À sourcer|date=novembre 2020}}


L''''expansion du christianisme au Moyen Âge''' peut se diviser en trois périodes : celle de la conversion progressive de l'[[Empire romain]] durant l'[[Antiquité tardive]], qui correspond à l'histoire de l'[[Église primitive]] et qui s'achève au {{s|V|e}}, celle de la conversion de l'« [[Europe barbare]] » durant le [[Haut Moyen Âge]], qui correspond à l'histoire du [[Christianisme nicéen]] et de la [[Pentarchie]], et se déroule du {{s|VI|e}} au {{s|X|e}}, et celle des peuples de l'[[Europe du Nord]], postérieure à la [[Séparation des Églises d'Orient et d'Occident|dislocation de la Pentarchie]] au {{s|XI|e}}, qui marque une certaine compétition entre l'[[Église catholique romaine|Église catholique]] (qui convertit la [[Scandinavie]] et les [[pays baltes]]) et l'[[Église orthodoxe]] (qui convertit les [[Caréliens]] et les [[Petits peuples du Nord de la Russie|peuples voisins des Russes]]). L'[[évangélisation]] procède alors davantage de contraintes subtiles, notamment d'ordre économique, plutôt que de [[persécutions religieuses|persécutions]] massives, qui n'en existent pas moins, particulièrement dans le [[royaume wisigoth]], qui couvre l'[[Histoire de l'Espagne|Espagne]] et le [[Occitanie (région culturelle)|Sud de la France]]<ref> Bruno Dumézil, ''Les conversions forcées ont-elles existé ?'', ''[[L'Histoire]]'' {{n°|325}}, novembre 2007, {{p.|69-73}}</ref>.
L''''expansion du christianisme au Moyen Âge''' peut se diviser en trois périodes : celle de la conversion progressive de l'[[Empire romain]] durant l'[[Antiquité tardive]], qui correspond à l'histoire de l'[[Christianisme primitif|Église primitive]] et qui s'achève au {{s|V|e}}, celle de la conversion de l'« [[Royaumes barbares|Europe barbare]] » durant le [[Haut Moyen Âge]], qui correspond à l'histoire du [[Christianisme nicéen]] et de la [[Pentarchie]], et se déroule du {{s|VI|e}} au {{s|X|e}}, et celle des peuples de l'[[Europe du Nord]], postérieure à la [[Séparation des Églises d'Orient et d'Occident|dislocation de la Pentarchie]] au {{s|XI|e}}, qui marque une certaine compétition entre l'[[Église catholique]] (qui convertit la [[Scandinavie]] et les [[pays baltes]]) et l'[[Église orthodoxe]] (qui convertit les [[Caréliens]] et les [[Petits peuples du Nord de la Russie|peuples voisins des Russes]]). L'[[évangélisation]] procède alors davantage de contraintes subtiles, notamment d'ordre économique, plutôt que de [[persécutions religieuses|persécutions]] massives, qui n'en existent pas moins, particulièrement dans le [[royaume wisigoth]], qui couvre l'[[Histoire de l'Espagne|Espagne]] et le [[Occitanie (région culturelle)|Sud de la France]]<ref>Bruno Dumézil, ''Les conversions forcées ont-elles existé ?'', ''[[L'Histoire]]'' {{n°|325}}, novembre 2007, {{p.|69-73}}</ref>.
[[Image:Spread of Christianity to AD 600 (1).png|vignette|{{Légende/Début}} {{Légende|#1F63A7|Expansion du christianisme en [[325]].}} {{Légende|#6AB4FF|Expansion du christianisme en [[600]]}} {{Légende/Fin}}.]]
Selon l'historiographie ultérieure de l'[[Église catholique romaine]], celle-ci se confond avec l'Église primitive (l'[[apôtre Pierre]] étant le premier [[Pape]]), la Pentarchie n'est qu'un abus de langage inauguré par le [[concile de Chalcédoine]], et toutes les autres formes de christianisme sont des [[hérésies]]. Cette historiographie définit la notion d'[[Occident chrétien]] qui désigne une [[Chrétienté]] formée d'États [[catholicisme|catholiques]] dont la période [[carolingiens|carolingienne]] est la matrice<ref> Bruno Dumézil, ''Op. cit.''</ref>.
[[Image:Pentarchy year 1000.jpg|vignette|La chrétienté occidentale et orientale au {{s|XI|e}}. Intérieur blanc : conquis par les califats islamiques. Liséré blanc : temporairement occupé par les califats ou les émirats islamiques. Flèches : expansion depuis l'an 800.]]


Selon l'historiographie ultérieure de l'[[Église catholique]] (dite romaine), celle-ci se confond avec l'Église primitive (l'[[Pierre (apôtre)|apôtre Pierre]] étant le premier [[Pape]]), la Pentarchie n'est qu'un abus de langage inauguré par le [[concile de Chalcédoine]], et toutes les autres formes de christianisme sont des [[hérésie]]s. Cette historiographie définit la notion d'[[Occident chrétien]] qui désigne une [[Chrétienté]] formée d'États [[catholicisme|catholiques]] dont la période [[carolingiens|carolingienne]] est la matrice<ref>Bruno Dumézil, ''Op. cit.''</ref>.
== Contexte ==


L'[[expansion de l'islam]], en Afrique et en Asie, et d'abord en [[Anatolie]] (puis au Sud-Est de l'Europe), est l'autre horizon, ou du moins une réalité urgente (dont témoignent les [[croisade]]s).
Durant l'[[Antiquité]], les chrétiens étaient plus nombreux à l'Est de Jérusalem, soit en [[Mésopotamie]], [[Perse]], [[Asie centrale]] et [[Inde]]<ref>Pierre Perrier, Xavier Walter, Thomas fonde l'Église en Chine (65-68 après Jésus-Christ), Sarment Éditions du Jubilé, 20 août 2008, {{ISBN|2-86679-482-6 -}} {{ISBN|978-2-86679-482-8}}, {{p.|165-173}}</ref> qu'en [[Europe]], et ce, jusqu'au {{s-|XI|e}}<ref>Robert Alaux, ''Les Derniers Assyriens'', https://www.youtube.com/watch?v=AhRXoo5XR3E</ref>. En [[Afrique du Nord]], les tribus berbères étaient déjà christianisées à l'époque d'[[Augustin d'Hippone]]<ref>« En serais-tu donc arrivé jusqu’à oublier que tu es un Africain, écrivant à des Africains, et que l’un et l’autre nous habitons en Afrique ; » (Lettres, 17, 4) »</ref> qui demandait à ses prêtres de connaître la [[Langues berbères|langue numide]]<ref>Lancel Serge, ''Études sur la Numidie d'Hippone au temps de saint Augustin'', in ''Mélanges de l'École française de Rome. Antiquité'', année 1984, volume 96, numéro 96-2, {{p.|1085-1113}},http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-5102_1984_num_96_2_1439</ref>, et jusqu'à Djorf Torba où la stèle représentant des [[Maurétanie|maures]] chrétiens, par exemple, le prouve par l'[[archéologie]]<ref>http://www.dossiers-archeologie.com/numero-286/l-algerie-antique.1786.php, {{p.|23}}</ref>. Dans de nombreuses villes romaines s'étaient constituées les premières Églises. Le christianisme est propagé dans les campagnes de l'[[Empire romain]] surtout par des moines de tradition [[érémitique]] (du grec « ''monos'' » : seul), comme [[Martin de Tours]] en [[Gaule]], à la fin du {{S-|IV|e}}. D'autres [[ermite]]s itinérants permettent au christianisme de dépasser les frontières de l'Empire, comme [[Patrick d'Irlande]] ([[389]]-[[461]]) en [[Irlande (île)|Irlande]], au {{S-|V|e}}. De plus [[Tertullien]] écrit déjà au {{II}}-{{s-|III|e}} dans son œuvre ''Adversus Judaeos'' « qu'il y a des endroits (dans l'Ouest), qui ne sont pas occupés par les Romains, mais qui se sont rendus au Christ ». [[Origène]] ({{s-|III|e}}) parle plusieurs fois dans ses ''Homélies'' de chrétiens en [[Bretagne (province romaine)|Grande-Bretagne]].

== Galerie ==
<gallery>
Spread of Christianity to AD 600 - Atlas of World History.png|{{Légende/Début}} {{Légende|#1F63A7|Expansion du christianisme en [[325]].}} {{Légende|#6AB4FF|Expansion du christianisme en [[600]]}} {{Légende/Fin}}.
Byzantine Empire Themes 1025-en.svg|Thèmes byzantins en 1025
Pentarchy year 1000.jpg|La chrétienté occidentale et orientale au {{s|XI|e}}. Intérieur blanc : conquis par les califats islamiques. Liséré blanc : temporairement occupé par les califats ou les émirats islamiques. Flèches : expansion depuis l'an 800.
Première croisade - routes.jpg|Routes de la [[première croisade]].
</gallery>

== Contexte ==
Durant l'[[Antiquité]], les chrétiens étaient plus nombreux au [[Moyen-Orient]], plus particulièrement dans les territoires à l'Est de Jérusalem, qu'en [[Europe]] : les communautés se situaient en [[Anatolie]], [[Mésopotamie]], [[Empire perse|Perse]], [[Asie centrale]] et [[Inde]]<ref>Pierre Perrier, Xavier Walter, Thomas fonde l'Église en Chine (65-68 après Jésus-Christ), Sarment Éditions du Jubilé, 20 août 2008, {{ISBN|2-86679-482-6 -}} {{ISBN|978-2-86679-482-8}}, {{p.|165-173}}</ref>, et ce, jusqu'au {{s-|XI|e}}<ref>Robert Alaux, ''Les Derniers Assyriens'', https://www.youtube.com/watch?v=AhRXoo5XR3E</ref>. En [[Afrique du Nord]], il existait des communautés de chrétiens plus ou moins importantes selon les régions depuis l'époque d'[[Augustin d'Hippone]]<ref>« En serais-tu donc arrivé jusqu’à oublier que tu es un Africain, écrivant à des Africains, et que l’un et l’autre nous habitons en Afrique ; » (Lettres, 17, 4) »</ref>, lequel demandait à ses prêtres de connaître la [[Langues berbères|langue numide]]<ref>Lancel Serge, ''Études sur la Numidie d'Hippone au temps de saint Augustin'', in ''Mélanges de l'École française de Rome. Antiquité'', année 1984, volume 96, numéro 96-2, {{p.|1085-1113}},http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-5102_1984_num_96_2_1439</ref>, et jusqu'à Djorf Torba où une stèle représentant des [[Royaume de Maurétanie|maures]] chrétiens a été retrouvée, par exemple<ref>http://www.dossiers-archeologie.com/numero-286/l-algerie-antique.1786.php, {{p.|23}}</ref>. Dans de nombreuses villes romaines s'étaient constituées les premières Églises. Le christianisme se propage au sein des populations dans les campagnes de l'[[Empire romain]], principalement par l'action de moines de tradition [[Ermite|érémitique]] (du grec « ''monos'' » : seul), comme [[Martin de Tours]] en [[Gaule]], à la fin du {{S-|IV|e}}. D'autres [[ermite]]s itinérants permettent au christianisme de dépasser les frontières de l'Empire, comme [[Patrick d'Irlande]] ([[389]]-[[461]]) en [[Irlande (île)|Irlande]], au {{S-|V|e}}. De plus [[Tertullien]] écrit déjà au {{II}}-{{s-|III|e}} dans son œuvre ''Adversus Judaeos'' « qu'il y a des endroits (dans l'Ouest), qui ne sont pas occupés par les Romains, mais qui se sont rendus au Christ ». [[Origène]] ({{s-|III|e}}) parle plusieurs fois dans ses ''Homélies'' de chrétiens en [[Bretagne (province romaine)|Grande-Bretagne]].


En interprétant la citation du Christ, {{citation|presse-les d’entrer}} ({{bibleref2|Luc|14|23|auteur=Crampon|display=long}}), [[Augustin d'Hippone]] (354-430) justifie le recours à l'usage légal de la [[violence]] pour forcer les [[conversion religieuse|conversions]] au christianisme <ref>Bruno Dumézil, ''Les racines chrétiennes de l'Europe : conversion et liberté dans les royaumes barbares Ve ‑ VIIIe siècles'', Fayard, Paris octobre 2005 {{ISBN|2-213-62287-6}} - [https://books.google.fr/books?id=EN5vo0mIZCYC&lpg=PP11&hl=fr&pg=PT11#v=onepage&q&f=false lire en ligne]</ref>.
En interprétant la citation du Christ, {{citation|presse-les d’entrer}} ({{Réf Bible|Luc|14|23|auteur=Crampon|display=long}}), [[Augustin d'Hippone]] (354-430) justifie le recours à l'usage légal de la [[violence]] pour forcer les [[conversion religieuse|conversions]] au christianisme<ref>Bruno Dumézil, ''Les racines chrétiennes de l'Europe : conversion et liberté dans les royaumes barbares Ve ‑ VIIIe siècles'', Fayard, Paris octobre 2005 {{ISBN|2-213-62287-6}} - [https://books.google.fr/books?id=EN5vo0mIZCYC&lpg=PP11&hl=fr&pg=PT11#v=onepage&q&f=false lire en ligne]</ref>.


== L'évangélisation chrétienne durant le haut Moyen Âge ==
== L'évangélisation chrétienne durant le haut Moyen Âge ==
Ligne 16 : Ligne 24 :
Dès le {{S-|VI|e}} et durant tout le [[haut Moyen Âge]], la « mission chrétienne » se développe aux confins d'un monde chrétien qui avait été jusque-là, à peu de différences près, superposable à l'[[Empire romain]] de [[Constantin Ier (empereur romain)|Constantin {{Ier}}]] : œuvre d'[[évangélisation]] effectuée par les « missionnaires » envoyés d'une Église qui s'appuie encore sur l'élan monastique, mais gagne progressivement un caractère « officiel », parfois moins spontané, dû aux mandats et aux soutiens d'une Église organisée, d'un royaume, ou des deux.
Dès le {{S-|VI|e}} et durant tout le [[haut Moyen Âge]], la « mission chrétienne » se développe aux confins d'un monde chrétien qui avait été jusque-là, à peu de différences près, superposable à l'[[Empire romain]] de [[Constantin Ier (empereur romain)|Constantin {{Ier}}]] : œuvre d'[[évangélisation]] effectuée par les « missionnaires » envoyés d'une Église qui s'appuie encore sur l'élan monastique, mais gagne progressivement un caractère « officiel », parfois moins spontané, dû aux mandats et aux soutiens d'une Église organisée, d'un royaume, ou des deux.


Le nom même de « mission » revêt un sens particulier, au moins jusqu'au {{s-|XVI|e}}, qu'il faut expliquer : il fait référence à l'envoi du « Fils » (le [[Jésus-Christ|Christ]]) par le « Père » ([[Dieu]]) pour sauver les âmes des [[Humanité|Hommes]] ; le « missionnaire » est donc l'« envoyé » (''missus'') pour le salut. Une idéologie liée à ce sens se développe, notamment aux {{VIIe s}} et {{VIIIe siècle}}s : dans celle-ci, l'action du missionnaire s'inscrit dans le cadre plus vaste de la propagation de la foi et de l'expansion de l'[[Christianisme nicéen|Église nicéenne]] (dite « [[catholique]] » soit « universelle » par l'historiographie ecclésiale romaine) jusqu'aux confins de la terre, dans une perspective [[eschatologie|eschatologique]], qui est celle du salut de l'Humanité entière.
Le nom même de « mission » revêt un sens particulier, au moins jusqu'au {{s-|XVI|e}}, qu'il faut expliquer : il fait référence à l'envoi du « Fils » (le [[Jésus-Christ|Christ]]) par le « Père » ([[Dieu]]) pour sauver les âmes des [[Humanité|Hommes]] ; le « missionnaire » est donc l'« envoyé » (''missus'') pour le salut. Une idéologie liée à ce sens se développe, notamment aux {{VIIe s}} et {{VIIIe siècle}}s : dans celle-ci, l'action du missionnaire s'inscrit dans le cadre plus vaste de la propagation de la foi et de l'expansion de l'[[Christianisme nicéen|Église nicéenne]] (dite « [[Église_catholique#Significations_du_terme_«_catholique_»|catholique]] » soit « universelle » par l'historiographie ecclésiale romaine) jusqu'aux confins de la terre, dans une perspective [[eschatologie|eschatologique]], qui est celle du salut de l'Humanité entière.


À travers la « mission », l'[[évangélisation]] gagne incidemment un caractère « national » plus affirmé : l'évangélisation et la naissance d'une Église peuvent correspondre à la naissance ou à l'affirmation de l'identité d'un peuple (latin ''gens'') chrétien issu d'une nation « barbare » (latin ''natio''). C'est, par exemple, ce que décrit [[Bède le Vénérable]] dans son ''Histoire ecclésiastique du peuple anglais'' (latin {{latin|historia ecclesiastica gentis anglorum}}) achevée vers [[732]]. La notion de « peuple élu », telle qu'elle est exprimée dans l'[[Ancien Testament]], joue un rôle dans cette évolution : ainsi, Bède considère-t-il que son peuple a servi les desseins de Dieu en envahissant les terres des [[Celtes|Bretons]] « touchés par l'hérésie » [[Pélage (hérésiarque)|pélagienne]]. Encore selon cette idéologie, les [[Anglo-Saxons]] ont un autre rôle à jouer en apportant les Évangiles dans les régions d'où ils sont originaires et qui sont demeurées « [[Mythologie germanique|païennes]] » : la [[Frise (région)|Frise]] et la [[Saxons|Saxe]] médiévales.
À travers la « mission », l'[[évangélisation]] gagne incidemment un caractère « national » plus affirmé : l'évangélisation et la naissance d'une Église peuvent correspondre à la naissance ou à l'affirmation de l'identité d'un peuple (latin ''gens'') chrétien issu d'une nation « barbare » (latin ''natio''). C'est, par exemple, ce que décrit [[Bède le Vénérable]] dans son ''Histoire ecclésiastique du peuple anglais'' (latin {{latin|historia ecclesiastica gentis anglorum}}) achevée vers [[732]]. La notion de « peuple élu », telle qu'elle est exprimée dans l'[[Ancien Testament]], joue un rôle dans cette évolution : ainsi, Bède considère-t-il que son peuple a servi les desseins de Dieu en envahissant les terres des [[Celtes|Bretons]] « touchés par l'hérésie » [[Pélage (hérésiarque)|pélagienne]]. Encore selon cette idéologie, les [[Anglo-Saxons]] ont un autre rôle à jouer en apportant les Évangiles dans les régions d'où ils sont originaires et qui sont demeurées « [[Mythologie germanique|païennes]] » : la [[Frise (région historique)|Frise]] et la [[Saxons|Saxe]] médiévales.


L'évangélisation devient encore un enjeu politique pour les souverains chrétiens, qui cherchent à accroître leur influence : le rôle des rois francs, appuyés par l'Église depuis le baptême de [[Clovis Ier|Clovis]] à la fin du {{Ve siècle}} est aussi important à cet égard pour la [[Germanie]] que celui des [[Empire romain d'Orient|Empereurs d'orient]] auprès des [[Slaves]]. Le pouvoir temporel sait, au gré des conquêtes et des victoires, appuyer la mission, susciter la conversion de souverains des peuples païens entrés dans sa sphère d'influence, et, lorsque cela s'avère insuffisant, il peut avoir recours à la force pour étendre la chrétienté.
L'évangélisation devient encore un enjeu politique pour les souverains chrétiens, qui cherchent à accroître leur influence : le rôle des rois francs, appuyés par l'Église depuis le baptême de [[Clovis Ier|Clovis]] à la fin du {{Ve siècle}} est aussi important à cet égard pour la [[Germanie]] que celui des [[Empire byzantin|empereurs d'Orient]] auprès des [[Slaves]]. Le pouvoir temporel sait, au gré des conquêtes et des victoires, appuyer la mission, susciter la conversion de souverains des peuples païens entrés dans sa sphère d'influence, et, lorsque cela s'avère insuffisant, il peut avoir recours à la force pour étendre la chrétienté.


Ainsi, après que les rois [[mérovingiens]] ont appuyé l'expansion vers l'Est de leur royaume sur l'expansion de l'[[Christianisme nicéen|Église nicéenne]] (« [[catholique]] ») notamment en [[Bavière]], [[Pépin le Bref]] appuie l'action de [[Boniface de Mayence|Boniface]] en Frise païenne ; il reçoit peut-être le sacre des mains de ce dernier, en [[751]]. À sa suite, [[Charlemagne]] se heurte à la résistance des [[Saxons]]. Il tente finalement de les convertir par la force, lors de sanglantes campagnes menées à la fin du {{S-|VIII|e}}. Ce procédé extrême élimine le paganisme par [[Génocide|extermination]] des réfractaires à la conversion.
Ainsi, après que les rois [[mérovingiens]] ont appuyé l'expansion vers l'Est de leur royaume sur l'expansion de l'[[Christianisme nicéen|Église nicéenne]] (« [[Catholicité|catholique]] ») notamment en [[Bavière]], [[Pépin le Bref]] appuie l'action de [[Boniface de Mayence|Boniface]] en Frise païenne ; il reçoit peut-être le sacre des mains de ce dernier, en [[751]]. À sa suite, [[Charlemagne]] se heurte à la résistance des [[Saxons]]. Il tente finalement de les convertir par la force, lors de sanglantes campagnes menées à la fin du {{S-|VIII|e}}. Ce procédé extrême élimine le paganisme par [[Génocide|extermination]] des réfractaires à la conversion.


Dans tout l'Occident, le rôle « directeur » de l'[[Église romaine]] s'affirme, entre autres, à travers la mission. Rome, « [[siège apostolique]] », devient le point de départ, ou de « reconnaissance », de plusieurs missions : la [[mission grégorienne]], envoyée en [[596]] par le pape [[Grégoire le Grand]] auprès des [[Anglo-Saxons]] dans le [[Royaume de Kent|Kent]], connaît le succès avec le baptême d'[[Æthelberht de Kent|Æthelberht]], en [[610]]. Ce premier succès de la [[mission grégorienne]] est suivi par celui de [[Paulin d'York|Paulin]], qui obtient le baptême du roi [[Edwin de Northumbrie|Edwin]] de [[Northumbrie]]. Après s'y être heurtée à l'influence du [[christianisme irlandais]], autre grand fournisseur de missionnaires, l'influence de l'Église romaine l'emporte dans l'Église anglaise.
Dans tout l'Occident, le rôle « directeur » de l'[[Diocèse de Rome|Église romaine]] s'affirme, entre autres, à travers la mission. Rome, « [[siège apostolique]] », devient le point de départ, ou de « reconnaissance », de plusieurs missions : la [[mission grégorienne]], envoyée en [[596]] par le pape [[Grégoire Ier|Grégoire le Grand]] auprès des [[Anglo-Saxons]] dans le [[Royaume du Kent|Kent]], connaît le succès avec le baptême d'[[Æthelberht (roi du Kent)|Æthelberht]], en [[610]]. Ce premier succès de la [[mission grégorienne]] est suivi par celui de [[Paulin d'York|Paulin]], qui obtient le baptême du roi [[Edwin (roi de Northumbrie)|Edwin]] de [[Northumbrie]]. Après s'y être heurtée à l'influence du [[christianisme irlandais]], autre grand fournisseur de missionnaires, l'influence de l'Église romaine l'emporte dans l'Église anglaise.


Des moines anglo-saxons, désireux d'évangéliser les [[Germains]] demeurés [[Mythologie germanique|polythéistes]] sur le continent, prennent le relais aux {{sp-|VII|e|et|VIII|e}}s : [[Willibrord]] (mort en 739) est envoyé en [[Frise (région)|Frise]] en [[695]] par le pape [[Serge II]]. Peu de temps après, [[Boniface de Mayence|Winfrid]] le suit. Ce dernier se rend à Rome et y reçoit le sacre épiscopal des mains du Pape en [[722]]. Prenant le nom de Boniface, il est sanctifié à la suite de son martyre à [[Dokkum]], en Frise orientale, en [[754]].
Des moines anglo-saxons, désireux d'évangéliser les [[Germains]] demeurés [[Mythologie germanique|polythéistes]] sur le continent, prennent le relais aux {{sp-|VII|e|et|VIII|e}}s : [[Willibrord d'Utrecht]] (mort en 739) est envoyé en [[Frise (région historique)|Frise]] en [[695]] par le pape [[Serge II]]. Peu de temps après, [[Boniface de Mayence|Winfrid]] le suit. Ce dernier se rend à Rome et y reçoit le sacre épiscopal des mains du Pape en [[722]]. Prenant le nom de Boniface, il est sanctifié à la suite de son martyre à [[Dokkum]], en Frise orientale, en [[754]].


Aux {{sp-|XI|e|et|XIV|e}}s, une certaine [[Séparation des Églises d'Orient et d'Occident|compétition entre les sphères d'influence franque et byzantine]], donc entre les Églises de [[Rome]] et de [[Constantinople]], entre en jeu pour convertir les « [[Paganisme|païens]] » [[Mythologie germanique|païens]], [[Mythologie lituanienne|baltes]] et [[Mythologie slave|slaves]]. Ainsi se constituent les Églises des [[Bavarois]] et des [[Slaves]] de l'Ouest (ainsi que la principauté de [[Carantanie]] qui compte parmi le [[Slaves du Sud]]) sont fondées sous l'aile bienveillante du [[Pape]] romain et placées sous l'autorité d'évêques de [[Salzbourg]]. En effet, selon le texte de la ''Conversio Bagoariorium et Carantanorum'' (du {{3e|quart}} du {{s-|IX|e}})<ref>''Conversio Bagoariorum et Carantanorum'' (=Razprave Znanstvenega društva v Ljubljani 11/3, éd. et traduction Milko Kos). Ljubljana 1936; ''Conversio Bagoariorum et Carantanorum'' (=MGH. Studien und Texte 15, é. et traduction F. Lošek). Hanovre, 1997.</ref>, l'évêque de [[Salzbourg]] Virgil envoya vers [[757]], dans la tradition iro-scote/iro-écossaise respectueuse de la langue des peuples des évangélisés<ref>J. H. A. Ebrard: ''Die iroschottische Missionskirche des sechsten, siebten und achten Jahrhunderts und ihre Verbreitung und Bedeutung auf dem Festland''. (Gütersloh 1873) Hildesheim 1971; H. Löwe: ''Die Iren in Europa im frühen Mittelalter I''. Stuttgart 1982; H. Dopsch, R. Juffinger (Hg.): ''Virgil von Salzburg''. Salzburg 1985.</ref>, son évêque auxiliaire Modeste, à la demande du prince de la principauté de [[Carantanie]], Borut, pour y répandre la foi chrétienne<ref>Otto Kronsteiner: ''Virgil als geistiger vater der Slawenmission und der ältesten slawischen Kirchensprache''. Dans: ''Virgil von Salzburg''. Salzburg 1985, 122-128</ref>. C'est dans ce cadre que fut élaborée la [[terminologie]] chrétienne [[slovène]] et [[Langues slaves|slave]] basée sur la terminologie [[ladin]]e ancienne (la [[Langues romanes|langue romane]] parlée à l'époque à [[Salzbourg]] et langue de la plupart des évangélisateurs en Carantanie, si l'on considère l'origine de leurs noms)<ref>Otto Kronsteiner: ''Salzburg und die Slawen. Mythen und Tatsachen über die Entstehung der ältesten slawischen Schriftsprache''. Dans: ''Die Slawischen Sprachen" 2, Salzburg 1982, 27-51; Otto Kronsteiner: ''"Alpenromanisch" aus slawischer Sicht''. Dans: ''Das Romanische in den Ostalpen''. éd. D. Messner. ÖAW Philosophsich-Historische Klasse. SB 442, Vienne, 1984, 73-93; Otto Kronsteiner: ''Ladinisch, das Romanisch des Alpenraums''. Dans: ''Nichts als Namen''. Ljubljana 2003, 99-107.</ref>. Celle-ci fut ultérieurement confirmée dans les premiers écrits slaves et slovènes en alphabet latin (les [[manuscrits de Freising]], allemand : ''Freisinger Denkmäler'', slovène ''Brižinski spomeniki'') élaborée dans le cadre de l’évangélisation à partir du {{s-|VIII|e}} et écrits sur « papier » vers la fin du {{s-|X|e}}). C'est cette terminologie déjà fortement établie qui fut utilisée ultérieurement par [[Cyrille et Méthode]] dans le cadre de leur traduction intégrale de la [[Bible]] à [[Zalavár|Blatnograd]], cité slave proche du [[lac Balaton|lac Blato]], c'est-à-dire lors de leur mission dite en [[Grande Moravie]]<ref>P. G. Parovel: ''Cenni di storia del popolo sloveno sino ai tempi dei monumenti di Frisinga''. In: J. Jež: ''Monumenta Frisingensia = Brižinski spomeniki : la prima presentazione in Italia dei Monumenti letterari Sloveni di Frisinga del X–XI secolo coevi alle prime tracce scritte della lingua italiana : con traduzione dei testi cenni di storia degli Sloveni e dati sugli Sloveni in Italia''. Trieste, Florence, 1994, 91–105. Franz Miklosich: ''Die christliche Terminologie der slavischen Sprachen. Vienne, 1875.</ref>.
Aux {{sp-|XI|e|et|XIV|e}}s, une certaine [[Séparation des Églises d'Orient et d'Occident|compétition entre les sphères d'influence franque et byzantine]], donc entre les Églises de [[Rome]] et de [[Constantinople]], entre en jeu pour convertir les « [[Paganisme|païens]] » [[Mythologie germanique|païens]], [[Mythologie lituanienne|baltes]] et [[Mythologie slave|slaves]]. Ainsi se constituent les Églises des [[Bavarois]] et des [[Slaves]] de l'Ouest (ainsi que la principauté de [[Carantanie]] qui compte parmi les [[Slaves méridionaux|Slaves du Sud]]) sont fondées sous l'aile bienveillante du [[Pape]] romain et placées sous l'autorité d'évêques de [[Salzbourg]]. En effet, selon le texte de la ''Conversio Bagoariorium et Carantanorum'' (du {{3e|quart}} du {{s-|IX|e}})<ref>''Conversio Bagoariorum et Carantanorum'' (=Razprave Znanstvenega društva v Ljubljani 11/3, éd. et traduction Milko Kos). Ljubljana 1936; ''Conversio Bagoariorum et Carantanorum'' (=MGH. Studien und Texte 15, é. et traduction F. Lošek). Hanovre, 1997.</ref>, l'évêque de [[Salzbourg]] Virgil envoya vers [[757]], dans la tradition iro-scote/iro-écossaise respectueuse de la langue des peuples des évangélisés<ref>J. H. A. Ebrard: ''Die iroschottische Missionskirche des sechsten, siebten und achten Jahrhunderts und ihre Verbreitung und Bedeutung auf dem Festland''. (Gütersloh 1873) Hildesheim 1971; H. Löwe: ''Die Iren in Europa im frühen Mittelalter I''. Stuttgart 1982; H. Dopsch, R. Juffinger (Hg.): ''Virgil von Salzburg''. Salzburg 1985.</ref>, son évêque auxiliaire Modeste, à la demande du prince de la principauté de [[Carantanie]], Borut, pour y répandre la foi chrétienne<ref>Otto Kronsteiner: ''Virgil als geistiger vater der Slawenmission und der ältesten slawischen Kirchensprache''. Dans: ''Virgil von Salzburg''. Salzburg 1985, 122-128</ref>. C'est dans ce cadre que fut élaborée la [[terminologie]] chrétienne [[slovène]] et [[Langues slaves|slave]] basée sur la terminologie [[ladin]]e ancienne (la [[Langues romanes|langue romane]] parlée à l'époque à [[Salzbourg]] et langue de la plupart des évangélisateurs en Carantanie, si l'on considère l'origine de leurs noms)<ref>Otto Kronsteiner: ''Salzburg und die Slawen. Mythen und Tatsachen über die Entstehung der ältesten slawischen Schriftsprache''. Dans: ''Die Slawischen Sprachen" 2, Salzburg 1982, 27-51; Otto Kronsteiner: ''"Alpenromanisch" aus slawischer Sicht''. Dans: ''Das Romanische in den Ostalpen''. éd. D. Messner. ÖAW Philosophsich-Historische Klasse. SB 442, Vienne, 1984, 73-93; Otto Kronsteiner: ''Ladinisch, das Romanisch des Alpenraums''. Dans: ''Nichts als Namen''. Ljubljana 2003, 99-107.</ref>. Celle-ci fut ultérieurement confirmée dans les premiers écrits slaves et slovènes en alphabet latin (les [[manuscrits de Freising]], allemand : ''Freisinger Denkmäler'', slovène ''Brižinski spomeniki'') élaborée dans le cadre de l’évangélisation à partir du {{s-|VIII|e}} et écrits sur « papier » vers la fin du {{s-|X|e}}). C'est cette terminologie déjà fortement établie qui fut utilisée ultérieurement par [[Cyrille et Méthode]] dans le cadre de leur traduction intégrale de la [[Bible]] à [[Zalavár|Blatnograd]], cité slave proche du [[lac Balaton|lac Blato]], c'est-à-dire lors de leur mission dite en [[Grande-Moravie]]<ref>P. G. Parovel: ''Cenni di storia del popolo sloveno sino ai tempi dei monumenti di Frisinga''. In: J. Jež: ''Monumenta Frisingensia = Brižinski spomeniki : la prima presentazione in Italia dei Monumenti letterari Sloveni di Frisinga del X–XI secolo coevi alle prime tracce scritte della lingua italiana : con traduzione dei testi cenni di storia degli Sloveni e dati sugli Sloveni in Italia''. Trieste, Florence, 1994, 91–105. Franz Miklosich: ''Die christliche Terminologie der slavischen Sprachen. Vienne, 1875.</ref>.


Au {{s-|IV|e}}, [[Wulfila]], évêque [[Goths|goth]] [[Arianisme|arien]] du bas-[[Danube]], [[Évangélisation|évangélise]] ses compatriotes et crée avec succès un [[alphabet gotique]], tandis que l'[[André (apôtre)|apôtre André]], [[Christianisme nicéen|nicéen]], en fait autant avec les [[Grecs]] et les [[Thraco-Romains|Thraces]] de la région. Aux {{sp-|IX|e|et|X|e}}s, les [[Slaves de l'Est]], [[Slaves du Sud|ceux du Sud]], puis les [[Rus' de Kiev|Russes]], ainsi que l'[[Boyards|aristocratie]] [[Proto-Bulgares|bulgare]] initialement [[Tengrisme|tengriste]], reçoivent le [[baptême]], mais aussi leurs [[alphabet]]s [[Alphabet glagolitique|glagolitique]] et [[Alphabet cyrillique|cyrillique]], des missionnaires byzantins : parmi ces derniers, [[Cyrille et Méthode]] sont les apôtres majeurs des Slaves. Ils effectuent une première mission en [[Grande Moravie]] à l'initiative de [[Photios Ier de Constantinople|Photius]], le [[Patriarcat œcuménique de Constantinople|patriarche de Constantinople]], durant la seconde moitié du {{S-|IX|e}} (en [[862]]-[[863]]). S'ils peuvent y constituer rapidement une Église slavonne, celle-ci est éphémère, en raison de l'absence de soutien de la part de Rome, de la dégradation des relations entre les Églises d'Occidet et d'Orient, surtout, à cause de la résistance du clergé germanique à la liturgie byzantine, longue et complexe. Cyrille meurt en [[869]] et Méthode, en [[885]]. Par la suite, leurs disciples sont chassés par le clergé d'obédience romaine, qui promeut un [[rite latin]] plus court et plus simple.
Au {{s-|IV|e}}, [[Wulfila]], évêque [[Goths|goth]] [[Arianisme|arien]] du bas-[[Danube]], [[Évangélisation|évangélise]] ses compatriotes et crée avec succès un [[alphabet gotique]], tandis que l'[[André (apôtre)|apôtre André]], [[Christianisme nicéen|nicéen]], en fait autant avec les [[Grecs]] et les [[Thraco-Romains|Thraces]] de la région. Aux {{sp-|IX|e|et|X|e}}s, les [[Slaves orientaux|Slaves de l'Est]], [[Slaves méridionaux|ceux du Sud]], puis les [[Rus' de Kiev|Russes]], ainsi que l'[[Boyard|aristocratie]] [[Proto-Bulgares|bulgare]] initialement [[Tengrisme|tengriste]], reçoivent le [[baptême]], mais aussi leurs [[alphabet]]s [[Alphabet glagolitique|glagolitique]] et [[Alphabet cyrillique|cyrillique]], des missionnaires byzantins : parmi ces derniers, [[Cyrille et Méthode]] sont les apôtres majeurs des Slaves. Ils effectuent une première mission en [[Grande-Moravie]] à l'initiative de [[Photios Ier de Constantinople|Photius]], le [[Patriarcat œcuménique de Constantinople|patriarche de Constantinople]], durant la seconde moitié du {{S-|IX|e}} (en [[862]]-[[863]]). S'ils peuvent y constituer rapidement une Église slavonne, celle-ci est éphémère, en raison de l'absence de soutien de la part de Rome, de la dégradation des relations entre les Églises d'Occident et d'Orient, surtout, à cause de la résistance du clergé germanique à la liturgie byzantine, longue et complexe. Cyrille meurt en [[869]] et Méthode, en [[885]]. Par la suite, leurs disciples sont chassés par le clergé d'obédience romaine, qui promeut un [[rite latin]] plus court et plus simple.


Dans l'art [[Christianisme oriental|chrétien oriental]] de l'[[Icône (religion)|icône]], de la [[mosaïque]] et de la [[fresque]], l'iconographie chrétienne joue un rôle pédagogique auprès des populations. Ainsi, la transition d'un art « païen » vers un art chrétien se fait progressivement à travers l'assimilation de [[Zeus]], de [[Orphisme|Gabeleisos]] ou de [[Vélès (mythologie)|Vélès]] au Dieu chrétien, et d'[[Apollon]], de [[Zalmoxis]] ou de [[Khors]] au « [[Christ Pantocrator]] ». Il est probablement l'indice d'une méthode pour la conversion qu'utilisent les missionnaires, à savoir l'association des principales divinités païennes au « Père » et au Christ en majesté.
Dans l'art [[Christianisme oriental|chrétien oriental]] de l'[[Icône (religion)|icône]], de la [[mosaïque]] et de la [[fresque]], l'iconographie chrétienne joue un rôle pédagogique auprès des populations. Ainsi, la transition d'un art « païen » vers un [[art chrétien]] se fait progressivement à travers l'assimilation de [[Zeus]], de [[Orphisme|Gabeleisos]] ou de [[Vélès (mythologie)|Vélès]] au Dieu chrétien, et d'[[Apollon]], de [[Zalmoxis]] ou de [[Khors]] au « [[Christ pantocrator]] ». Il est probablement l'indice d'une méthode pour la conversion qu'utilisent les missionnaires, à savoir l'association des principales divinités païennes au « Père » et au Christ en majesté.


En Occident, si des œuvres vernaculaires à caractère missionnaire existent, l'usage exclusif du latin pour la liturgie limite le rôle de l'évangélisation à cet égard, mais là comme dans l'[[art byzantin]], les populations sont réceptives à l'image et l'art évolue. Ainsi, les motifs végétaux typiquement germaniques de la période des [[Invasions barbares|migrations des peuples]] ont tendance à disparaître, en Germanie intérieure, de l'art des [[Alamans]] et des [[Thuringes]] au {{S-|VII|e}}, alors que le christianisme progresse dans leurs régions. Dans l'île de Grande-Bretagne, le poème [[Vieil anglais|anglo-saxon]] du ''Christ sur la Croix'' (connu à travers une version datée du {{S-|IX|e}}) dépeint le martyre et le « triomphe du Christ-Roi ». Ici c'est le dieu-roi ''Wotan'' qui se transforme en Christ-Seigneur. Ce poème fait écho à la [[Croix de Ruthwell]], en [[Écosse]], œuvre antérieure quant à elle ornée d'un [[Runes|poème runique]] sur le même thème.
En Occident, si des œuvres vernaculaires à caractère missionnaire existent, l'usage exclusif du latin pour la liturgie limite le rôle de l'évangélisation à cet égard, mais là comme dans l'[[art byzantin]], les populations sont réceptives à l'image et l'art évolue. Ainsi, les motifs végétaux typiquement germaniques de la période des [[Invasions barbares|migrations des peuples]] ont tendance à disparaître, en Germanie intérieure, de l'art des [[Alamans]] et des [[Thuringes]] au {{S-|VII|e}}, alors que le christianisme progresse dans leurs régions. Dans l'île de Grande-Bretagne, le poème [[Vieil anglais|anglo-saxon]] du ''Christ sur la Croix'' (connu à travers une version datée du {{S-|IX|e}}) dépeint le martyre et le « triomphe du Christ-Roi ». Ici c'est le dieu-roi ''Wotan'' qui se transforme en Christ-Seigneur. Ce poème fait écho à la [[Croix de Ruthwell]], en [[Écosse]], œuvre antérieure quant à elle ornée d'un [[Rune|poème runique]] sur le même thème.


L'action des missionnaires romains est éclipsée, après la fin du {{S-|VIII|e}}, par le rôle des souverains nouvellement convertis, comme en [[Scandinavie]]. Dans cette dernière région, le rôle des rois danois, à la suite d'[[Harald Ier de Danemark|Harald à la Dent bleue]] baptisé vers [[960]], est déterminant. En [[Suède]], il faut attendre la dynastie du [[Götaland]] pour que le christianisme s'impose dans les [[années 1060]]. L'influence politique des rois chrétiens est également déterminante en [[Histoire de la République tchèque|Bohême-Moravie]], en [[Histoire de la Pologne|Pologne]] et en [[Histoire de la Hongrie|Hongrie]] : les ducs tchèque [[Bořivoj Ier de Bohême|Borgivoï]], polonais [[Mieszko Ier|Mièchko]] et hongrois [[Étienne Ier de Hongrie|Vaïk (Voïko)]] reçoivent le baptême respectivement en [[880]], en [[966]] et en [[997]].
L'action des missionnaires romains est éclipsée, après la fin du {{S-|VIII|e}}, par le rôle des souverains nouvellement convertis, comme en [[Scandinavie]]. Dans cette dernière région, le rôle des rois danois, à la suite d'[[Harald Ier (roi de Danemark)|Harald à la Dent bleue]] baptisé vers [[960]], est déterminant. En [[Suède]], il faut attendre la dynastie du [[Götaland]] pour que le christianisme s'impose dans les [[années 1060]]. L'influence politique des rois chrétiens est également déterminante en [[Histoire de la Tchéquie|Bohême-Moravie]], en [[Histoire de la Pologne|Pologne]] et en [[Histoire de la Hongrie|Hongrie]] : les ducs tchèque [[Bořivoj Ier de Bohême|Borgivoï]], polonais [[Mieszko Ier de Pologne|Mièchko]] et hongrois [[Étienne Ier de Hongrie|Vaïk (Voïko)]] reçoivent le baptême respectivement en [[880]], en [[966]] et en [[997]].


Le modèle du missionnaire du haut Moyen Âge, inspiré par les apôtres, notamment par [[Paul de Tarse|saint Paul]], est promis à un bel avenir dans l'[[Église catholique]] : il est l'héritage majeur de la période. Mise en sommeil lorsque les royaumes chrétiens organisent leur Église, l'idéologie qui s'est formée autour de l'action des missionnaires, surtout au {{S-|VIII|e}}, perdure dans les monastères.
Le modèle du missionnaire du haut Moyen Âge, inspiré par les apôtres, notamment par [[Paul de Tarse|saint Paul]], est promis à un bel avenir dans l'[[Église catholique]] : il est l'héritage majeur de la période. Mise en sommeil lorsque les royaumes chrétiens organisent leur Église, l'idéologie qui s'est formée autour de l'action des missionnaires, surtout au {{S-|VIII|e}}, perdure dans les monastères.


Elle ressurgit à travers l'idéal de vie apostolique qui connaît un nouvel essor dans les [[ordre mendiant|ordres mendiants]], [[Dominicain]]s et [[Franciscain]]s, à la fin du {{s-|XII|e}}. Les premiers, en particulier, prennent le nom de « frères prêcheurs ».
Elle ressurgit à travers l'idéal de vie apostolique qui connaît un nouvel essor dans les [[ordre mendiant|ordres mendiants]], [[Ordre des Prêcheurs|Dominicain]]s et [[Ordre des Frères mineurs|Franciscain]]s, à la fin du {{s-|XII|e}}. Les premiers, en particulier, prennent le nom de « frères prêcheurs ».


== Le {{s-|XIII|e}} ==
== Le {{s-|XIII|e}} ==
Un nouvel essor de la mission chrétienne se prépare en Occident au {{s-|XII|e}}, principalement avec la création de nombreux ordres religieux et avec l'affirmation, à travers l'idéologie de la [[Croisade]], d'un « esprit de conquête » dans l'Église.

Un nouvel essor de la mission chrétienne se prépare en Occident au {{s-|XII|e}}, principalement avec la création de nombreux ordres religieux et avec l'affirmation, à travers l'idéologie de la [[Croisade]], d'un « esprit de conquête » dans l'Église.


Parmi les participants à cette évolution, au début du {{s-|XIII|e}}, deux personnalités se distinguent : [[Dominique de Guzmán]] et [[François d'Assise]]. Reprenant à leur compte l'idéal de vie apostolique dans les ordres qu'ils fondent, ils donnent naissance à deux nouvelles pépinières de missionnaires, dont le champ d'action déborde largement les frontières du monde chrétien.
Parmi les participants à cette évolution, au début du {{s-|XIII|e}}, deux personnalités se distinguent : [[Dominique de Guzmán]] et [[François d'Assise]]. Reprenant à leur compte l'idéal de vie apostolique dans les ordres qu'ils fondent, ils donnent naissance à deux nouvelles pépinières de missionnaires, dont le champ d'action déborde largement les frontières du monde chrétien.


Les [[Dominicain]]s, à l'instar de leur fondateur, tournent assez rapidement leur attention vers la lutte contre les hérésies à l'intérieur de l'[[Occident chrétien]]. En cela, ils s'illustrent notamment par une action d'[[évangélisation]] des campagnes, que leur rôle ultérieur dans l'[[Inquisition]] a pu ternir mais ne doit pas faire oublier.
Les [[Ordre des Prêcheurs|Dominicain]]s, à l'instar de leur fondateur, tournent assez rapidement leur attention vers la lutte [[contre les hérésies]] à l'intérieur de l'[[Occident chrétien]]. En cela, ils s'illustrent notamment par une action d'[[évangélisation]] des campagnes, que leur rôle ultérieur dans l'[[Inquisition]] a pu ternir mais ne doit pas faire oublier.


Les [[Franciscain]]s, quant à eux, commencent à s'ouvrir à des cultures non-chrétiennes avec le monde musulman, dans l'Espagne chrétienne et mozarabe. De là, ils lancent des missions en Afrique du Nord, non sans avoir développé la connaissance et l'usage de la langue arabe, mais aussi du [[Talmud]] ([[Raymond Lulle]]). Ils ont ainsi leurs premiers martyrs.
Les [[Ordre des Frères mineurs|Franciscain]]s, quant à eux, commencent à s'ouvrir à des cultures non-chrétiennes avec le monde musulman, dans l'Espagne chrétienne et mozarabe. De là, ils lancent des missions en Afrique du Nord, non sans avoir développé la connaissance et l'usage de la langue arabe, mais aussi du [[Talmud]] ([[Raymond Lulle]]). Ils ont ainsi leurs premiers martyrs.


L'[[Ordre de Cîteaux]] dépêche un « évêque missionnaire » nommé Christian pour organiser les [[croisades baltes]] visant à évangéliser les Vieux-Prussiens et les peuples baltes avec l'appui des ordres militaires germaniques. Lui et l'Ordre teutonique trouvent un allié séculier en [[1222]] en la personne de [[Conrad Ier de Mazovie|Conrad {{Ier}} de Mazovie]], qui leur permet de s'installer dans la basse-Vistule.
L'[[Ordre cistercien|Ordre de Cîteaux]] dépêche un « évêque missionnaire » nommé Christian pour organiser les [[croisades baltes]] visant à évangéliser les Vieux-Prussiens et les peuples baltes avec l'appui des ordres militaires germaniques. Lui et l'Ordre teutonique trouvent un allié séculier en [[1222]] en la personne de [[Conrad Ier de Mazovie|Conrad {{Ier}} de Mazovie]], qui leur permet de s'installer dans la basse-Vistule.


Après [[1233]], lorsque les [[Mongols]] font irruption aux confins des mondes chrétien et musulman, des [[Dominicains|frères prêcheurs]] se trouvent aux avant-postes, envoyés par la [[Hongrie]] auprès des premières victimes de la [[Horde d'or]]. Ayant réussi à convertir certains des voisins orientaux des Russes (les [[Coumans]]), ils jouent le rôle d'ambassadeurs de l'Occident auprès des khans, non sans que certains d'entre eux connaissent la déportation ou le martyre.
Après 1233, lorsque les [[Mongols]] font irruption aux confins des mondes chrétien et musulman, des [[Ordre des Prêcheurs|frères prêcheurs (dominicains)]] se trouvent aux avant-postes, envoyés par la [[Hongrie]] auprès des premières victimes de la [[Horde d'or]]. Ayant réussi à convertir certains des voisins orientaux des Russes (les [[Coumans]]), ils jouent le rôle d'ambassadeurs de l'Occident auprès des khans, non sans que certains d'entre eux connaissent la déportation ou le martyre.


Après le [[Deuxième concile de Lyon|concile de Lyon]] ([[1245]]), plusieurs émissaires des deux ordres sont envoyés par le Pape [[Innocent IV]] pour aider les chrétiens des Églises lointaines. Suivant les voies vers l'Orient que ces derniers ont été parmi les premiers à explorer, la mission de ces deux ordres se porte ensuite en [[Asie]], dans le [[Caucase]], en [[Perse]] et jusqu'en [[Chine]] ou en [[Inde]]. Ces « missionnaires-ambassadeurs » évangélisent et constituent de nouvelles Églises, comme chez les [[Alains]] de [[Crimée]] ou dans certains khanats mongols.
Après le [[Deuxième concile de Lyon|concile de Lyon]] (1245), plusieurs émissaires des deux ordres sont envoyés par le Pape [[Innocent IV]] pour aider les chrétiens des Églises lointaines. Suivant les voies vers l'Orient que ces derniers ont été parmi les premiers à explorer, la mission de ces deux ordres se porte ensuite en [[Asie]], dans le [[Caucase]], en [[Empire perse|Perse]] et jusqu'en [[Chine]] ou en [[Inde]]. Ces « missionnaires-ambassadeurs » évangélisent et constituent de nouvelles Églises, comme chez les [[Alains]] de [[Crimée]] ou dans certains khanats mongols.


Les contacts qui ont lieu entre les envoyés du pape, [[Jean de Plan Carpin]], en 1244, ou du roi de France Louis {{IX}}, [[Guillaume de Rubrouck]], en 1253, sont infructueux du point de vue de l'[[évangélisation]]. Mais ces deux franciscains rapportent de précieux renseignements sur l'organisation des Mongols, et suscitent un certain engouement de leurs confrères pour la mission lointaine.
Les contacts qui ont lieu entre les envoyés du pape, [[Jean de Plan Carpin]], en 1244, ou du roi de France Louis {{IX}}, [[Guillaume de Rubrouck]], en 1253, sont infructueux du point de vue de l'[[évangélisation]]. Mais ces deux franciscains rapportent de précieux renseignements sur l'organisation des Mongols, et suscitent un certain engouement de leurs confrères pour la mission lointaine.


En [[Empire chinois|Chine]], la mission de [[Jean de Montecorvino]], envoyée en [[1289]], découvre un noyau chrétien [[Nestorianisme|nestorien]] qui subsistait chez les [[Önguts]], sans contacts avec les Églises occidentales ; c'est aussi le cas de l'[[Église orthodoxe éthiopienne|Église nicéenne d'Abyssinie]] en [[Afrique]]. Jean de Montecorvino fonde l'Église de [[Pékin]] (ou Khambaliq), dont il devient l'évêque, après avoir converti un certain nombre de Chinois et de Mongols. Plusieurs frères franciscains viennent le rejoindre pour poursuivre la mission.
En [[Chine impériale|Chine]], la mission de [[Jean de Montecorvino]], envoyée en 1289, découvre un noyau chrétien [[Nestorianisme|nestorien]] qui subsistait chez les [[Öngüt]]s, sans contacts avec les Églises occidentales ; c'est aussi le cas de l'[[Église orthodoxe éthiopienne|Église nicéenne d'Abyssinie]] en [[Afrique]]. Jean de Montecorvino fonde l'Église de [[Pékin]] (ou Khambaliq), dont il devient l'évêque, après avoir converti un certain nombre de Chinois et de Mongols. Plusieurs frères franciscains viennent le rejoindre pour poursuivre la mission.


== La fin du Moyen Âge ==
== La fin du Moyen Âge ==

Le succès des entreprises missionnaires du {{s-|XIII|e}} est cependant limité dans le temps. L'isolement de ces Églises « lointaines », ou encore l'hostilité des pouvoirs locaux au christianisme, finit par avoir raison de la majorité de leurs fondations, durant les {{sp-|XIV|e|et|XV|e}}s.
Le succès des entreprises missionnaires du {{s-|XIII|e}} est cependant limité dans le temps. L'isolement de ces Églises « lointaines », ou encore l'hostilité des pouvoirs locaux au christianisme, finit par avoir raison de la majorité de leurs fondations, durant les {{sp-|XIV|e|et|XV|e}}s.


Une nouvelle ère s'ouvre pour l'[[évangélisation]] à la fin du Moyen Âge, en [[1492]], avec l'achèvement de la ''Reconquista'' par la prise de [[Grenade (Espagne)|Grenade]], en [[Espagne]] et avec la découverte de l'[[Amérique]], bientôt suivie de sa conquête.
Une nouvelle ère s'ouvre pour l'[[évangélisation]] à la fin du Moyen Âge, en [[1492]], avec l'achèvement de la ''Reconquista'' par la prise de [[Grenade (Espagne)|Grenade]], en [[Espagne]] et avec la découverte de l'[[Amérique]], bientôt suivie de sa conquête.


En [[1453]], c'est la [[chute de Constantinople]], la disparition de l'[[empire byzantin]] ([[396]]-[[1453]]), la reprise en force des [[guerres ottomanes en Europe]], certes avec les [[apports byzantins à la Renaissance italienne]].
== Chronologie ==


== Chronologie ==
* Vers 300 : [[évangélisation]] de l'[[Arménie]]
* Vers 300 : [[évangélisation]] de l'[[Arménie]]
* [[312]] : conversion au christianisme de [[Constantin Ier (empereur romain)|Constantin {{Ier}}]]
* [[312]] : conversion au christianisme de [[Constantin Ier (empereur romain)|Constantin {{Ier}}]]
Ligne 75 : Ligne 82 :
* Vers 400 : évangélisation de l'[[Éthiopie]], des [[Balkans]], du [[Caucase]]
* Vers 400 : évangélisation de l'[[Éthiopie]], des [[Balkans]], du [[Caucase]]
* 400-410 : fondation de l'abbaye de [[Îles de Lérins|Lérins]] par [[Honorat d'Arles|saint Honorat]]
* 400-410 : fondation de l'abbaye de [[Îles de Lérins|Lérins]] par [[Honorat d'Arles|saint Honorat]]
* [[430]] : en [[Irlande (île)|Irlande]], le [[christianisme irlandais|christianisme]] est introduit par [[Patrick d'Irlande|saint Patrick]] qui deviendra le saint patron de l'île (fin de l'évangélisation de l'île en [[444]]).
* [[430]] : en [[Irlande (île)|Irlande]], le [[christianisme irlandais|christianisme]] est introduit par [[Patrick d'Irlande|saint Patrick]] qui deviendra le [[saint patron]] de l'île (fin de l'évangélisation de l'île en [[444]]).
* [[431]] : le [[Pape|''pape'' de Rome]] Célestin de Rome envoie son diacre [[Palladius (évêque)|Palladius]] en Irlande qui en devient le premier évêque.
* [[431]] : le [[Pape|''pape'' de Rome]] Célestin de Rome envoie son diacre [[Palladius (évêque)|Palladius]] en Irlande qui en devient le premier évêque.
* [[450]] : [[Patrick d'Irlande|saint Patrick]] fonde l'évêché d'[[Armagh]] en Irlande
* [[450]] : [[Patrick d'Irlande|saint Patrick]] fonde l'évêché d'[[Armagh]] en Irlande
* [[496]] : baptême de [[Clovis Ier|Clovis]], roi des [[Francs]], avec trois mille guerriers à [[Reims]]
* [[496]] : baptême de [[Clovis Ier|Clovis]], roi des [[Francs]], avec trois mille guerriers à [[Reims]]
* [[596]] : [[Augustin de Canterbury]], envoyé par le pape Grégoire {{Ier}}, arrive dans le [[royaume de Kent]], en [[Grande-Bretagne]], pour convertir les [[Anglo-Saxons]] au christianisme.
* [[596]] : [[Augustin de Cantorbéry]], envoyé par le pape Grégoire {{Ier}}, arrive dans le [[royaume du Kent]], en [[Grande-Bretagne]], pour convertir les [[Anglo-Saxons]] au christianisme.
* [[597]] : baptême du roi [[Æthelbert de Kent|Æthelbert]], puis de dix mille guerriers dans le Kent
* [[597]] : baptême du roi [[Æthelberht (roi du Kent)|Æthelbert]], puis de dix mille guerriers dans le Kent
* début du {{VIIe siècle}} : évangélisation des [[Alamans]] et de la Frise occidentale par les [[Francs]]
* début du {{VIIe siècle}} : évangélisation des [[Alamans]] et de la Frise occidentale par les [[Francs]]
* [[618]]-[[625]] : mission de [[Paulin d'York|Paulinus]] en [[Northumbrie]] et baptême du roi [[Edwin de Northumbrie|Edwin]]
* [[618]]-[[625]] : mission de [[Paulin d'York|Paulinus]] en [[Northumbrie]] et baptême du roi [[Edwin (roi de Northumbrie)|Edwin]]
* [[678]] : débuts de l'évangélisation de la [[Frise (région)|Frise]] par [[Wilfrid d'York]]
* [[678]] : débuts de l'évangélisation de la [[Frise (région historique)|Frise]] par [[Wilfrid]] d'York
* [[690]] : [[Willibrord]], disciple de Wilfrid d'York, évangélise les [[Frisons]].
* [[690]] : [[Willibrord d'Utrecht]], disciple de Wilfrid d'York, évangélise les [[Frisons]].
* [[695]] : fondation de l'évêché d'Utrecht.
* [[695]] : fondation de l'évêché d'Utrecht.
* [[719]] : mission de Winfrid ([[Boniface de Mayence|saint Boniface]]) en Frise
* [[719]] : mission de Winfrid ([[Boniface de Mayence|saint Boniface]]) en Frise
* [[722]] : [[Boniface de Mayence|saint Boniface]] est sacré évêque à [[Rome]] par le pape [[Grégoire II]] ; il reçoit la mission d'évangéliser la [[Bavière]], la [[Hesse historique|Hesse]] et la [[Thuringe]].
* [[722]] : [[Boniface de Mayence|saint Boniface]] est sacré évêque à [[Rome]] par le pape [[Grégoire II]] ; il reçoit la mission d'évangéliser la [[Bavière]], la [[Hesse historique|Hesse]] et la [[Thuringe]].
* [[739]] : mort de [[Willibrord]]
* [[739]] : mort de [[Willibrord d'Utrecht]]
* [[754]] : martyre de [[Boniface de Mayence|saint Boniface]] à [[Dokkum]], en [[Frisons|Frise orientale]]
* [[754]] : martyre de [[Boniface de Mayence|saint Boniface]] à [[Dokkum]], en [[Frisons|Frise orientale]]
* [[757]] : mission de l'évèque auxiliaire [[Modestus]] en [[Carantanie]] slave/slovène avec son centre à [[Maria Saal]] / [[slovène]] [[Gospa Sveta]] dans la [[Carinthie (Land)|Carinthie]] actuelle
* [[757]] : mission de l'évèque auxiliaire {{Lien|lang=de|trad=Modestus (Apostle of Carantania)|fr=Modestus de Carinthie}} (720c-770c) en [[Carantanie]] slave/slovène avec son centre à [[Maria Saal]] / [[slovène]] [[Gospa Sveta]] dans la [[Carinthie (Land)|Carinthie]] actuelle
* [[782]]–[[802]] : conquête et pacification de la Frise orientale et de la [[Saxe primitive|Saxe]] par [[Charlemagne]] ; des révoltes païennes sont durement réprimées
* [[782]]–[[802]] : conquête et pacification de la Frise orientale et de la [[Saxe primitive|Saxe]] par [[Charlemagne]] ; des révoltes païennes sont durement réprimées
* [[826]] : baptême de [[Harald II de Danemark|Harald à la Dent bleue]], rois des [[Danois]], chez les [[Francs]]
* [[826]] : baptême de [[Harald Klak]], rois des [[Danois]], chez les [[Francs]]
* [[830]] : débuts de l'évangélisation de la [[Histoire de la Suède|Suède]] par des esclaves chrétiens ramenés par les [[Viking]]s à [[Birka]], près de [[Stockholm]]
* [[830]] : débuts de l'évangélisation de la [[Histoire de la Suède|Suède]] par des esclaves chrétiens ramenés par les [[Vikings]] à [[Birka]], près de [[Stockholm]]
* [[860]] : ambassade de Cyrille auprès des [[Khazars]], convertis au [[judaïsme]]
* [[860]] : ambassade de Cyrille auprès des [[Khazars]], convertis au [[judaïsme]]
* [[862]]–[[863]] : mission de Cyrille et Méthode de Salonique en [[Grande Moravie]] ; fondation de l'Église slavonne
* [[862]]–[[863]] : mission de Cyrille et Méthode de Salonique en [[Grande-Moravie]] ; fondation de l'Église slavonne
* [[864]] : baptême de [[Boris Ier de Bulgarie]] et des [[boyards]] [[Proto-Bulgares|bulgares]], jusque-là [[Tengrisme|tengristes]]
* [[864]] : baptême de [[Boris Ier]] de Bulgarie et des [[boyard]]s [[Proto-Bulgares|bulgares]], jusque-là [[Tengrisme|tengristes]]
* [[869]] : mort de Cyrille à Rome (le {{date-|14 février}}) ; Méthode est nommé évêque de [[Pannonie]]
* [[869]] : mort de Cyrille à Rome (le {{date-|14 février}}) ; Méthode est nommé évêque de [[Pannonie]]
* [[885]] : mort de Méthode ; ses disciples sont chassés par le clergé de [[rite romain]] et se réfugient dans les [[Balkans]] auprès de [[Boris Ier de Bulgarie]]
* [[885]] : mort de Méthode ; ses disciples sont chassés par le clergé de [[rite romain]] et se réfugient dans les [[Balkans]] auprès de [[Boris Ier de Bulgarie]]
* [[957]] : baptême de la princesse de [[Kiev]] Olga ; première mission en [[Rus' de Kiev|Russie]]
* [[957]] : baptême de la princesse de [[Kiev]] Olga ; première mission en [[Rus' de Kiev|Russie]]
* [[966]] : baptême du duc de Pologne [[Mieszko Ier|Mieszko {{Ier}}]]
* [[966]] : baptême du duc de Pologne [[Mieszko Ier de Pologne|Mieszko {{Ier}}]]
* [[981]] : baptême collectif des habitants de [[Kiev]]
* [[981]] : baptême collectif des habitants de [[Kiev]]
* [[989]] : baptême à [[Sebastopol|Cherson]] en [[Histoire de la Crimée|Crimée]], alors [[Empire byzantin|byzantine]]) du prince russe [[Vladimir Ier]]
* [[989]] : baptême à [[Sébastopol|Cherson]] en [[Histoire de la Crimée|Crimée]], alors [[Empire byzantin|byzantine]]) du prince russe [[Vladimir Ier]]
* [[1000]] : l'[[Islande]] embrasse le christianisme lors d'une réunion de l'[[Althing]]
* [[1000]] : l'[[Islande]] embrasse le christianisme lors d'une réunion de l'[[Althing]]
* [[1008]] : baptême du roi suédois [[Olof Sköttkonung]]
* [[1008]] : baptême du roi suédois [[Olof Skötkonung]]
* [[1050]] : victoire byzantine sur les [[Magyars]] : baptême de plusieurs de leurs chefs [[Histoire de la Transylvanie|transylvains]], mais la royauté hongroise est affiliée à l'[[Église romaine]] depuis le baptême de [[Étienne Ier de Hongrie|Vaïk (Voïko)]] en [[997]]
* [[1050]] : victoire byzantine sur les [[Magyars]] : baptême de plusieurs de leurs chefs [[Histoire de la Transylvanie|transylvains]], mais la royauté hongroise est affiliée à l'[[Église romaine]] depuis le baptême de [[Étienne Ier (roi de Hongrie)|Vaïk (Voïko)]] en [[997]]
* vers [[1060]] : la dynastie du Götaland impose le christianisme en [[Suède]]
* vers [[1060]] : la dynastie du Götaland impose le christianisme en [[Suède]]
* [[1077]] : mort de [[Léonce de Rostov|saint Léonce]], apôtre de [[Rostov-sur-le-Don|Rostov]] ; conversion des tribus slaves de l'est, entre [[Novgorod]] et [[Kiev]]
* [[1077]] : mort de [[Léonce de Rostov|saint Léonce]], apôtre de [[Rostov-sur-le-Don|Rostov]] ; conversion des tribus slaves de l'est, entre [[Novgorod]] et [[Kiev]]
* [[1095]] : appel à la [[première Croisade]] par le pape [[Urbain II]] à [[Clermont-Ferrand|Clermont]]
* [[1095]] : appel à la [[première croisade]] par le pape [[Urbain II]] à [[Clermont-Ferrand|Clermont]]
* [[1157]] : la première « croisade » suédoise en [[Histoire de la Finlande|Finlande]] impose le christianisme chez les peuples du grand-nord (d'autres ont lieu en [[1191]] et [[1202]])
* [[1157]] : la première « croisade » suédoise en [[Histoire de la Finlande|Finlande]] impose le christianisme chez les peuples du grand-nord (d'autres ont lieu en [[1191]] et [[1202]])
* [[1223]] : mission envoyée par les Hongrois auprès des [[Coumans]] après une victoire mongole : fondation du diocèse catholique de Milkó
* [[1223]] : mission envoyée par les Hongrois auprès des [[Coumans]] après une victoire mongole : fondation du diocèse catholique de Milkó
* [[1226]] : [[bulle d'or de Rimini]] qui permet aux [[Ordre Teutonique|chevaliers Teutoniques]] de [[État monastique des chevaliers teutoniques|garder pour eux]] les territoires des peuples [[baltes]] et [[Estoniens|estes]] qu'ils forcent à adopter le catholicisme
* [[1226]] : [[bulle d'or de Rimini]] qui permet aux [[Ordre Teutonique|chevaliers Teutoniques]] de [[État monastique des chevaliers Teutoniques|garder pour eux]] les territoires des peuples [[baltes]] et [[Estoniens|estes]] qu'ils forcent à adopter le catholicisme
* [[1244]] : premiers contacts entre le pape et les Mongols, mission de [[Jean de Plan Carpin]]
* [[1244]] : premiers contacts entre le pape et les Mongols, mission de [[Jean de Plan Carpin]]
* [[1253]] : mission de [[Guillaume de Rubrouck]] chez les [[Mongols]]
* [[1253]] : mission de [[Guillaume de Rubrouck]] chez les [[Mongols]]
* [[1289]] : mission de [[Jean de Montecorvino]] en [[Chine]]
* [[1289]] : mission de [[Jean de Montecorvino]] en [[Chine]]
* [[1250]] : fondation d'une école de langues par le [[dominicain]] [[Raimond Martin|Raymond Martin]]
* [[1250]] : fondation d'une école de langues par le [[Ordre des Prêcheurs|dominicain]] [[Raimond Martin|Raymond Martin]]
* [[1396]] : mort d'[[Étienne de Perm]], évangélisateur orthodoxe des [[Zyrianes]] et des autres [[Petits peuples du Nord de la Russie|peuples du Nord-Est russe]]
* [[1396]] : mort d'[[Étienne de Perm]], évangélisateur orthodoxe des [[Komis]] (Zyrianes) et autres [[Petits peuples du Nord de la Russie|peuples du Nord-Est russe]]
* [[1308]] : le pape nomme [[Jean de Montecorvino]] évêque de [[Pékin]] (''Beijing'')
* [[1308]] : le pape nomme [[Jean de Montecorvino]] évêque de [[Pékin]] (''Beijing'')
* [[1318]] : création de la province ecclésiastique catholique de ''Sultanieh'' au sud de la [[mer Noire]] par le pape [[Jean XXII]] (à ce moment les [[Pontiques|populations riveraines]] sont d'[[Patriarcat œcuménique de Constantinople|obédience orthodoxe]])
* [[1318]] : création de la province ecclésiastique catholique de ''Sultanieh'' au sud de la [[mer Noire]] par le pape [[Jean XXII]] (à ce moment les [[Pontiques|populations riveraines]] sont d'[[Patriarcat œcuménique de Constantinople|obédience orthodoxe]])
Ligne 128 : Ligne 135 :
=== Articles connexes ===
=== Articles connexes ===
* [[Histoire du christianisme]]
* [[Histoire du christianisme]]
* [[Christianisme primitif]]
* [[Expansion du christianisme]] (Antiquité classique et Antiquité tardive)
* [[Nestorianisme]], [[Église de l'Orient]], [[Église nestorienne en Chine]]
* [[Chrétiens arabes]]
* [[Expansion de l'islam]]
* [[Mission (christianisme)]]
* [[Mission (christianisme)]]
* [[Prosélytisme]]
* [[Prosélytisme]]
* [[Christianisation des peuples germains et scandinaves]]
* [[Concile]]
* [[Christianisation des peuples scandinaves]]
* [[Séparation des Églises d'Orient et d'Occident]] (1054)
* [[Christianisme orthodoxe]], [[Église orthodoxe]]
* [[Histoire de l'Église catholique]]
* [[Histoire de l'Église catholique]]
* [[Missions catholiques aux XVIe et XVIIe siècles|La période des Patronats]] ({{sp-|XVI|e|–|XVII|e}}s)
* [[Missions catholiques aux XVIe et XVIIe siècles|La période des Patronats]] ({{sp-|XVI|–|XVII|s}})
* [[Missions catholiques de 1622 à la fin du XVIIIe siècle]]
* [[Missions catholiques de 1622 à la fin du XVIIIe siècle|Missions catholiques de 1622 à la fin du {{s-|XVIII}}]]
* [[Missions catholiques au XIXe et au XXe siècles]]
* [[Missions catholiques aux XIXe et XXe siècles|Missions catholiques aux {{s2-|XIX|XX}}]]
* [[Histoire des missions protestantes]]
* [[Histoire des missions protestantes]]
* [[Histoire des missions évangéliques]]


=== Lien externe ===
=== Lien externe ===
* [http://icp.ge.ch/po/cliotexte/sites/Arisitum/cdf/calvin.html Attestation délivrée à un ancien moine devenu protestant (1574)]
* [http://icp.ge.ch/po/cliotexte/sites/Arisitum/cdf/calvin.html Attestation délivrée à un ancien moine devenu protestant (1574)]


{{Portail|christianisme|Haut Moyen Âge}}
{{Portail|christianisme|Moyen Âge}}


[[Catégorie:Histoire du christianisme|Evangelisation]]
[[Catégorie:Histoire du christianisme|Evangelisation]]
[[Catégorie:Conversion religieuse]]
[[Catégorie:Christianisation]]
[[Catégorie:Christianisation]]

Version du 17 juin 2024 à 21:08

L'expansion du christianisme au Moyen Âge peut se diviser en trois périodes : celle de la conversion progressive de l'Empire romain durant l'Antiquité tardive, qui correspond à l'histoire de l'Église primitive et qui s'achève au Ve siècle, celle de la conversion de l'« Europe barbare » durant le Haut Moyen Âge, qui correspond à l'histoire du Christianisme nicéen et de la Pentarchie, et se déroule du VIe siècle au Xe siècle, et celle des peuples de l'Europe du Nord, postérieure à la dislocation de la Pentarchie au XIe siècle, qui marque une certaine compétition entre l'Église catholique (qui convertit la Scandinavie et les pays baltes) et l'Église orthodoxe (qui convertit les Caréliens et les peuples voisins des Russes). L'évangélisation procède alors davantage de contraintes subtiles, notamment d'ordre économique, plutôt que de persécutions massives, qui n'en existent pas moins, particulièrement dans le royaume wisigoth, qui couvre l'Espagne et le Sud de la France[1].

Selon l'historiographie ultérieure de l'Église catholique (dite romaine), celle-ci se confond avec l'Église primitive (l'apôtre Pierre étant le premier Pape), la Pentarchie n'est qu'un abus de langage inauguré par le concile de Chalcédoine, et toutes les autres formes de christianisme sont des hérésies. Cette historiographie définit la notion d'Occident chrétien qui désigne une Chrétienté formée d'États catholiques dont la période carolingienne est la matrice[2].

L'expansion de l'islam, en Afrique et en Asie, et d'abord en Anatolie (puis au Sud-Est de l'Europe), est l'autre horizon, ou du moins une réalité urgente (dont témoignent les croisades).

Galerie

Contexte

Durant l'Antiquité, les chrétiens étaient plus nombreux au Moyen-Orient, plus particulièrement dans les territoires à l'Est de Jérusalem, qu'en Europe : les communautés se situaient en Anatolie, Mésopotamie, Perse, Asie centrale et Inde[3], et ce, jusqu'au XIe siècle[4]. En Afrique du Nord, il existait des communautés de chrétiens plus ou moins importantes selon les régions depuis l'époque d'Augustin d'Hippone[5], lequel demandait à ses prêtres de connaître la langue numide[6], et jusqu'à Djorf Torba où une stèle représentant des maures chrétiens a été retrouvée, par exemple[7]. Dans de nombreuses villes romaines s'étaient constituées les premières Églises. Le christianisme se propage au sein des populations dans les campagnes de l'Empire romain, principalement par l'action de moines de tradition érémitique (du grec « monos » : seul), comme Martin de Tours en Gaule, à la fin du IVe siècle. D'autres ermites itinérants permettent au christianisme de dépasser les frontières de l'Empire, comme Patrick d'Irlande (389-461) en Irlande, au Ve siècle. De plus Tertullien écrit déjà au II-IIIe siècle dans son œuvre Adversus Judaeos « qu'il y a des endroits (dans l'Ouest), qui ne sont pas occupés par les Romains, mais qui se sont rendus au Christ ». Origène (IIIe siècle) parle plusieurs fois dans ses Homélies de chrétiens en Grande-Bretagne.

En interprétant la citation du Christ, « presse-les d’entrer » (Luc 14,23), Augustin d'Hippone (354-430) justifie le recours à l'usage légal de la violence pour forcer les conversions au christianisme[8].

L'évangélisation chrétienne durant le haut Moyen Âge

L'évangélisation des Slaves (bas-relief en céramique à Berlin).

Dès le VIe siècle et durant tout le haut Moyen Âge, la « mission chrétienne » se développe aux confins d'un monde chrétien qui avait été jusque-là, à peu de différences près, superposable à l'Empire romain de Constantin Ier : œuvre d'évangélisation effectuée par les « missionnaires » envoyés d'une Église qui s'appuie encore sur l'élan monastique, mais gagne progressivement un caractère « officiel », parfois moins spontané, dû aux mandats et aux soutiens d'une Église organisée, d'un royaume, ou des deux.

Le nom même de « mission » revêt un sens particulier, au moins jusqu'au XVIe siècle, qu'il faut expliquer : il fait référence à l'envoi du « Fils » (le Christ) par le « Père » (Dieu) pour sauver les âmes des Hommes ; le « missionnaire » est donc l'« envoyé » (missus) pour le salut. Une idéologie liée à ce sens se développe, notamment aux VIIe et VIIIe siècles : dans celle-ci, l'action du missionnaire s'inscrit dans le cadre plus vaste de la propagation de la foi et de l'expansion de l'Église nicéenne (dite « catholique » soit « universelle » par l'historiographie ecclésiale romaine) jusqu'aux confins de la terre, dans une perspective eschatologique, qui est celle du salut de l'Humanité entière.

À travers la « mission », l'évangélisation gagne incidemment un caractère « national » plus affirmé : l'évangélisation et la naissance d'une Église peuvent correspondre à la naissance ou à l'affirmation de l'identité d'un peuple (latin gens) chrétien issu d'une nation « barbare » (latin natio). C'est, par exemple, ce que décrit Bède le Vénérable dans son Histoire ecclésiastique du peuple anglais (latin historia ecclesiastica gentis anglorum) achevée vers 732. La notion de « peuple élu », telle qu'elle est exprimée dans l'Ancien Testament, joue un rôle dans cette évolution : ainsi, Bède considère-t-il que son peuple a servi les desseins de Dieu en envahissant les terres des Bretons « touchés par l'hérésie » pélagienne. Encore selon cette idéologie, les Anglo-Saxons ont un autre rôle à jouer en apportant les Évangiles dans les régions d'où ils sont originaires et qui sont demeurées « païennes » : la Frise et la Saxe médiévales.

L'évangélisation devient encore un enjeu politique pour les souverains chrétiens, qui cherchent à accroître leur influence : le rôle des rois francs, appuyés par l'Église depuis le baptême de Clovis à la fin du Ve siècle est aussi important à cet égard pour la Germanie que celui des empereurs d'Orient auprès des Slaves. Le pouvoir temporel sait, au gré des conquêtes et des victoires, appuyer la mission, susciter la conversion de souverains des peuples païens entrés dans sa sphère d'influence, et, lorsque cela s'avère insuffisant, il peut avoir recours à la force pour étendre la chrétienté.

Ainsi, après que les rois mérovingiens ont appuyé l'expansion vers l'Est de leur royaume sur l'expansion de l'Église nicéenne (« catholique ») notamment en Bavière, Pépin le Bref appuie l'action de Boniface en Frise païenne ; il reçoit peut-être le sacre des mains de ce dernier, en 751. À sa suite, Charlemagne se heurte à la résistance des Saxons. Il tente finalement de les convertir par la force, lors de sanglantes campagnes menées à la fin du VIIIe siècle. Ce procédé extrême élimine le paganisme par extermination des réfractaires à la conversion.

Dans tout l'Occident, le rôle « directeur » de l'Église romaine s'affirme, entre autres, à travers la mission. Rome, « siège apostolique », devient le point de départ, ou de « reconnaissance », de plusieurs missions : la mission grégorienne, envoyée en 596 par le pape Grégoire le Grand auprès des Anglo-Saxons dans le Kent, connaît le succès avec le baptême d'Æthelberht, en 610. Ce premier succès de la mission grégorienne est suivi par celui de Paulin, qui obtient le baptême du roi Edwin de Northumbrie. Après s'y être heurtée à l'influence du christianisme irlandais, autre grand fournisseur de missionnaires, l'influence de l'Église romaine l'emporte dans l'Église anglaise.

Des moines anglo-saxons, désireux d'évangéliser les Germains demeurés polythéistes sur le continent, prennent le relais aux VIIe et VIIIe siècles : Willibrord d'Utrecht (mort en 739) est envoyé en Frise en 695 par le pape Serge II. Peu de temps après, Winfrid le suit. Ce dernier se rend à Rome et y reçoit le sacre épiscopal des mains du Pape en 722. Prenant le nom de Boniface, il est sanctifié à la suite de son martyre à Dokkum, en Frise orientale, en 754.

Aux XIe et XIVe siècles, une certaine compétition entre les sphères d'influence franque et byzantine, donc entre les Églises de Rome et de Constantinople, entre en jeu pour convertir les « païens » païens, baltes et slaves. Ainsi se constituent les Églises des Bavarois et des Slaves de l'Ouest (ainsi que la principauté de Carantanie qui compte parmi les Slaves du Sud) sont fondées sous l'aile bienveillante du Pape romain et placées sous l'autorité d'évêques de Salzbourg. En effet, selon le texte de la Conversio Bagoariorium et Carantanorum (du 3e quart du IXe siècle)[9], l'évêque de Salzbourg Virgil envoya vers 757, dans la tradition iro-scote/iro-écossaise respectueuse de la langue des peuples des évangélisés[10], son évêque auxiliaire Modeste, à la demande du prince de la principauté de Carantanie, Borut, pour y répandre la foi chrétienne[11]. C'est dans ce cadre que fut élaborée la terminologie chrétienne slovène et slave basée sur la terminologie ladine ancienne (la langue romane parlée à l'époque à Salzbourg et langue de la plupart des évangélisateurs en Carantanie, si l'on considère l'origine de leurs noms)[12]. Celle-ci fut ultérieurement confirmée dans les premiers écrits slaves et slovènes en alphabet latin (les manuscrits de Freising, allemand : Freisinger Denkmäler, slovène Brižinski spomeniki) élaborée dans le cadre de l’évangélisation à partir du VIIIe siècle et écrits sur « papier » vers la fin du Xe siècle). C'est cette terminologie déjà fortement établie qui fut utilisée ultérieurement par Cyrille et Méthode dans le cadre de leur traduction intégrale de la Bible à Blatnograd, cité slave proche du lac Blato, c'est-à-dire lors de leur mission dite en Grande-Moravie[13].

Au IVe siècle, Wulfila, évêque goth arien du bas-Danube, évangélise ses compatriotes et crée avec succès un alphabet gotique, tandis que l'apôtre André, nicéen, en fait autant avec les Grecs et les Thraces de la région. Aux IXe et Xe siècles, les Slaves de l'Est, ceux du Sud, puis les Russes, ainsi que l'aristocratie bulgare initialement tengriste, reçoivent le baptême, mais aussi leurs alphabets glagolitique et cyrillique, des missionnaires byzantins : parmi ces derniers, Cyrille et Méthode sont les apôtres majeurs des Slaves. Ils effectuent une première mission en Grande-Moravie à l'initiative de Photius, le patriarche de Constantinople, durant la seconde moitié du IXe siècle (en 862-863). S'ils peuvent y constituer rapidement une Église slavonne, celle-ci est éphémère, en raison de l'absence de soutien de la part de Rome, de la dégradation des relations entre les Églises d'Occident et d'Orient, surtout, à cause de la résistance du clergé germanique à la liturgie byzantine, longue et complexe. Cyrille meurt en 869 et Méthode, en 885. Par la suite, leurs disciples sont chassés par le clergé d'obédience romaine, qui promeut un rite latin plus court et plus simple.

Dans l'art chrétien oriental de l'icône, de la mosaïque et de la fresque, l'iconographie chrétienne joue un rôle pédagogique auprès des populations. Ainsi, la transition d'un art « païen » vers un art chrétien se fait progressivement à travers l'assimilation de Zeus, de Gabeleisos ou de Vélès au Dieu chrétien, et d'Apollon, de Zalmoxis ou de Khors au « Christ pantocrator ». Il est probablement l'indice d'une méthode pour la conversion qu'utilisent les missionnaires, à savoir l'association des principales divinités païennes au « Père » et au Christ en majesté.

En Occident, si des œuvres vernaculaires à caractère missionnaire existent, l'usage exclusif du latin pour la liturgie limite le rôle de l'évangélisation à cet égard, mais là comme dans l'art byzantin, les populations sont réceptives à l'image et l'art évolue. Ainsi, les motifs végétaux typiquement germaniques de la période des migrations des peuples ont tendance à disparaître, en Germanie intérieure, de l'art des Alamans et des Thuringes au VIIe siècle, alors que le christianisme progresse dans leurs régions. Dans l'île de Grande-Bretagne, le poème anglo-saxon du Christ sur la Croix (connu à travers une version datée du IXe siècle) dépeint le martyre et le « triomphe du Christ-Roi ». Ici c'est le dieu-roi Wotan qui se transforme en Christ-Seigneur. Ce poème fait écho à la Croix de Ruthwell, en Écosse, œuvre antérieure quant à elle ornée d'un poème runique sur le même thème.

L'action des missionnaires romains est éclipsée, après la fin du VIIIe siècle, par le rôle des souverains nouvellement convertis, comme en Scandinavie. Dans cette dernière région, le rôle des rois danois, à la suite d'Harald à la Dent bleue baptisé vers 960, est déterminant. En Suède, il faut attendre la dynastie du Götaland pour que le christianisme s'impose dans les années 1060. L'influence politique des rois chrétiens est également déterminante en Bohême-Moravie, en Pologne et en Hongrie : les ducs tchèque Borgivoï, polonais Mièchko et hongrois Vaïk (Voïko) reçoivent le baptême respectivement en 880, en 966 et en 997.

Le modèle du missionnaire du haut Moyen Âge, inspiré par les apôtres, notamment par saint Paul, est promis à un bel avenir dans l'Église catholique : il est l'héritage majeur de la période. Mise en sommeil lorsque les royaumes chrétiens organisent leur Église, l'idéologie qui s'est formée autour de l'action des missionnaires, surtout au VIIIe siècle, perdure dans les monastères.

Elle ressurgit à travers l'idéal de vie apostolique qui connaît un nouvel essor dans les ordres mendiants, Dominicains et Franciscains, à la fin du XIIe siècle. Les premiers, en particulier, prennent le nom de « frères prêcheurs ».

Le XIIIe siècle

Un nouvel essor de la mission chrétienne se prépare en Occident au XIIe siècle, principalement avec la création de nombreux ordres religieux et avec l'affirmation, à travers l'idéologie de la Croisade, d'un « esprit de conquête » dans l'Église.

Parmi les participants à cette évolution, au début du XIIIe siècle, deux personnalités se distinguent : Dominique de Guzmán et François d'Assise. Reprenant à leur compte l'idéal de vie apostolique dans les ordres qu'ils fondent, ils donnent naissance à deux nouvelles pépinières de missionnaires, dont le champ d'action déborde largement les frontières du monde chrétien.

Les Dominicains, à l'instar de leur fondateur, tournent assez rapidement leur attention vers la lutte contre les hérésies à l'intérieur de l'Occident chrétien. En cela, ils s'illustrent notamment par une action d'évangélisation des campagnes, que leur rôle ultérieur dans l'Inquisition a pu ternir mais ne doit pas faire oublier.

Les Franciscains, quant à eux, commencent à s'ouvrir à des cultures non-chrétiennes avec le monde musulman, dans l'Espagne chrétienne et mozarabe. De là, ils lancent des missions en Afrique du Nord, non sans avoir développé la connaissance et l'usage de la langue arabe, mais aussi du Talmud (Raymond Lulle). Ils ont ainsi leurs premiers martyrs.

L'Ordre de Cîteaux dépêche un « évêque missionnaire » nommé Christian pour organiser les croisades baltes visant à évangéliser les Vieux-Prussiens et les peuples baltes avec l'appui des ordres militaires germaniques. Lui et l'Ordre teutonique trouvent un allié séculier en 1222 en la personne de Conrad Ier de Mazovie, qui leur permet de s'installer dans la basse-Vistule.

Après 1233, lorsque les Mongols font irruption aux confins des mondes chrétien et musulman, des frères prêcheurs (dominicains) se trouvent aux avant-postes, envoyés par la Hongrie auprès des premières victimes de la Horde d'or. Ayant réussi à convertir certains des voisins orientaux des Russes (les Coumans), ils jouent le rôle d'ambassadeurs de l'Occident auprès des khans, non sans que certains d'entre eux connaissent la déportation ou le martyre.

Après le concile de Lyon (1245), plusieurs émissaires des deux ordres sont envoyés par le Pape Innocent IV pour aider les chrétiens des Églises lointaines. Suivant les voies vers l'Orient que ces derniers ont été parmi les premiers à explorer, la mission de ces deux ordres se porte ensuite en Asie, dans le Caucase, en Perse et jusqu'en Chine ou en Inde. Ces « missionnaires-ambassadeurs » évangélisent et constituent de nouvelles Églises, comme chez les Alains de Crimée ou dans certains khanats mongols.

Les contacts qui ont lieu entre les envoyés du pape, Jean de Plan Carpin, en 1244, ou du roi de France Louis IX, Guillaume de Rubrouck, en 1253, sont infructueux du point de vue de l'évangélisation. Mais ces deux franciscains rapportent de précieux renseignements sur l'organisation des Mongols, et suscitent un certain engouement de leurs confrères pour la mission lointaine.

En Chine, la mission de Jean de Montecorvino, envoyée en 1289, découvre un noyau chrétien nestorien qui subsistait chez les Öngüts, sans contacts avec les Églises occidentales ; c'est aussi le cas de l'Église nicéenne d'Abyssinie en Afrique. Jean de Montecorvino fonde l'Église de Pékin (ou Khambaliq), dont il devient l'évêque, après avoir converti un certain nombre de Chinois et de Mongols. Plusieurs frères franciscains viennent le rejoindre pour poursuivre la mission.

La fin du Moyen Âge

Le succès des entreprises missionnaires du XIIIe siècle est cependant limité dans le temps. L'isolement de ces Églises « lointaines », ou encore l'hostilité des pouvoirs locaux au christianisme, finit par avoir raison de la majorité de leurs fondations, durant les XIVe et XVe siècles.

Une nouvelle ère s'ouvre pour l'évangélisation à la fin du Moyen Âge, en 1492, avec l'achèvement de la Reconquista par la prise de Grenade, en Espagne et avec la découverte de l'Amérique, bientôt suivie de sa conquête.

En 1453, c'est la chute de Constantinople, la disparition de l'empire byzantin (396-1453), la reprise en force des guerres ottomanes en Europe, certes avec les apports byzantins à la Renaissance italienne.

Chronologie

Notes et références

  1. Bruno Dumézil, Les conversions forcées ont-elles existé ?, L'Histoire no 325, novembre 2007, p. 69-73
  2. Bruno Dumézil, Op. cit.
  3. Pierre Perrier, Xavier Walter, Thomas fonde l'Église en Chine (65-68 après Jésus-Christ), Sarment Éditions du Jubilé, 20 août 2008, (ISBN 2-86679-482-6 -) (ISBN 978-2-86679-482-8), p. 165-173
  4. Robert Alaux, Les Derniers Assyriens, https://www.youtube.com/watch?v=AhRXoo5XR3E
  5. « En serais-tu donc arrivé jusqu’à oublier que tu es un Africain, écrivant à des Africains, et que l’un et l’autre nous habitons en Afrique ; » (Lettres, 17, 4) »
  6. Lancel Serge, Études sur la Numidie d'Hippone au temps de saint Augustin, in Mélanges de l'École française de Rome. Antiquité, année 1984, volume 96, numéro 96-2, p. 1085-1113,http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-5102_1984_num_96_2_1439
  7. http://www.dossiers-archeologie.com/numero-286/l-algerie-antique.1786.php, p. 23
  8. Bruno Dumézil, Les racines chrétiennes de l'Europe : conversion et liberté dans les royaumes barbares Ve ‑ VIIIe siècles, Fayard, Paris octobre 2005 (ISBN 2-213-62287-6) - lire en ligne
  9. Conversio Bagoariorum et Carantanorum (=Razprave Znanstvenega društva v Ljubljani 11/3, éd. et traduction Milko Kos). Ljubljana 1936; Conversio Bagoariorum et Carantanorum (=MGH. Studien und Texte 15, é. et traduction F. Lošek). Hanovre, 1997.
  10. J. H. A. Ebrard: Die iroschottische Missionskirche des sechsten, siebten und achten Jahrhunderts und ihre Verbreitung und Bedeutung auf dem Festland. (Gütersloh 1873) Hildesheim 1971; H. Löwe: Die Iren in Europa im frühen Mittelalter I. Stuttgart 1982; H. Dopsch, R. Juffinger (Hg.): Virgil von Salzburg. Salzburg 1985.
  11. Otto Kronsteiner: Virgil als geistiger vater der Slawenmission und der ältesten slawischen Kirchensprache. Dans: Virgil von Salzburg. Salzburg 1985, 122-128
  12. Otto Kronsteiner: Salzburg und die Slawen. Mythen und Tatsachen über die Entstehung der ältesten slawischen Schriftsprache. Dans: Die Slawischen Sprachen" 2, Salzburg 1982, 27-51; Otto Kronsteiner: "Alpenromanisch" aus slawischer Sicht. Dans: Das Romanische in den Ostalpen. éd. D. Messner. ÖAW Philosophsich-Historische Klasse. SB 442, Vienne, 1984, 73-93; Otto Kronsteiner: Ladinisch, das Romanisch des Alpenraums. Dans: Nichts als Namen. Ljubljana 2003, 99-107.
  13. P. G. Parovel: Cenni di storia del popolo sloveno sino ai tempi dei monumenti di Frisinga. In: J. Jež: Monumenta Frisingensia = Brižinski spomeniki : la prima presentazione in Italia dei Monumenti letterari Sloveni di Frisinga del X–XI secolo coevi alle prime tracce scritte della lingua italiana : con traduzione dei testi cenni di storia degli Sloveni e dati sugli Sloveni in Italia. Trieste, Florence, 1994, 91–105. Franz Miklosich: Die christliche Terminologie der slavischen Sprachen. Vienne, 1875.

Voir aussi

Articles connexes

Lien externe