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« Jacques Vergès » : différence entre les versions

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| charte = juriste
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| formation = [[Études supérieures en France#Droit|Faculté de droit]]
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'''Jacques Vergès''', né le {{Date de naissance|20 avril 1924}} au [[Protectorat français du Laos|Laos]], officiellement le {{Date de naissance|5 mars 1925}} à [[Ubon Ratchathani]], au [[Siam]] (actuelle [[Thaïlande]])<ref group="note">Cette date est celle de l'état-civil, ce qui fait de Jacques Vergès le jumeau de son frère [[Paul Vergès|Paul]]. Mais l'intéressé penche pour une naissance datée d'un an plus tôt, le {{date de naissance|20 avril 1924}}, à [[Savannakhet]] dans l'actuel [[Laos]], et a établi une déclaration conjointe une année plus tard avec son frère Cf. [https://www.lexpress.fr/actualite/societe/justice/les-mille-et-une-vies-de-me-verges_486870.html « Les mille et une vies de M{{e}} Vergès »], ''[[L'Express]]'', {{date|28 février 2005}}.</ref>, et mort le {{date de décès|15 août 2013}} à [[Paris]], est un [[avocat (métier)|avocat]], [[militant]] [[politique]] et [[écrivain]] [[France|franco]]-[[Algérie|algérien]].
'''Jacques Vergès''', né le {{Date de naissance-|20 avril 1924}} au [[Protectorat français du Laos|Laos]], officiellement le {{Date de naissance-|5 mars 1925}} à [[Ubon Ratchathani]], au [[Siam]] (actuelle [[Thaïlande]])<ref group="note">Cette date est celle de l'état-civil, ce qui fait de Jacques Vergès le jumeau de son frère [[Paul Vergès|Paul]]. Mais l'intéressé penche pour une naissance datée d'un an plus tôt, le {{date de naissance|20 avril 1924}}, à [[Savannakhet]] dans l'actuel [[Laos]], et a établi une déclaration conjointe une année plus tard avec son frère Cf. [https://www.lexpress.fr/actualite/societe/justice/les-mille-et-une-vies-de-me-verges_486870.html « Les mille et une vies de M{{e}} Vergès »], ''[[L'Express]]'', {{date|28 février 2005}}.</ref>, et mort le {{date de décès-|15 août 2013}} à [[Paris]], est un [[avocat (métier)|avocat]], [[militant]] [[politique]] et [[écrivain]] [[France|franco]]-[[Algérie|algérien]].


Après avoir été [[Résistance française|résistant]], il devient célèbre en raison de ses convictions [[Colonialisme|anticolonialistes]] (il défend puis épouse [[Djamila Bouhired]], militante du [[Front de libération nationale (Algérie)|FLN]]) et pour avoir été l'avocat de personnes ayant commis des crimes particulièrement graves, telles que le [[nazi]] [[Klaus Barbie]], jugé à [[Lyon]] en [[1987]], ou le terroriste international [[Ilich Ramírez Sánchez|Carlos]].
Après avoir été [[Résistance française|résistant]], il devient célèbre en raison de ses convictions [[Colonialisme|anticolonialistes]] (il défend puis épouse [[Djamila Bouhired]], militante du [[Front de libération nationale (Algérie)|FLN]]) et pour avoir été l'avocat de personnes ayant commis des crimes particulièrement graves, telles que le [[nazi]] [[Klaus Barbie]], jugé à [[Lyon]] en [[1987]], ou le terroriste international [[Ilich Ramírez Sánchez|Carlos]].
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== Biographie ==
== Biographie ==
=== Enfance et adolescence ===
=== Enfance et adolescence ===
Fils du docteur [[Raymond Vergès]], [[Consulat (diplomatie)|consul]] de [[France]] à [[Ubon Ratchathani]] ([[Siam]]) et de Pham Thi Khang, [[institutrice]] [[Viêt Nam|vietnamienne]], Jacques Camille Raymond Vergès est le frère aîné (ou demi-frère)<ref>[https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2016/11/12/le-senateur-paul-verges-figure-politique-de-la-reunion-meurt-a-91-ans_5029896_3382.html Nécrologie de Paul Vergès] sur le site ''Le Monde.fr''. La mort du sénateur Paul Vergès remet au jour le mystère entretenu par leur père sur la naissance des deux garçons.</ref> de l'[[homme politique]] [[Paul Vergès]]<ref group = "note">D'après son biographe [[Bernard Violet]], Jacques Vergès serait peut-être né le 20 avril 1924 et n'aurait été déclaré en même temps que son frère que le 5 mars 1925 {{harv|Johannès|2013}}</ref>{{,}}<ref name = johannes >{{Article|prénom1=Franck|nom1=Johannès|titre=Mort de Jacques Vergès, avocat brillant, redouté et parfois haï|jour=15|mois=8|année=2013|périodique=Le Monde|lien périodique=Le Monde|url=https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2013/08/15/l-avocat-jacques-verges-est-mort_3462241_3382.html}}</ref>. Un des [[biographe]]s de Jacques Vergès, [[Bernard Violet]], a révélé que son père aurait fait un faux en déclarant la naissance des deux frères le même jour alors qu’ils avaient en réalité un an d’écart, Jacques Vergès étant sans doute né le {{date|20|avril|1924}}, non au Siam comme son frère, mais au Laos ; Raymond Vergès aurait profité de sa position de consul pour réaliser un « vrai-faux » état civil, afin de cacher une relation adultère avec Pham Thi Khang, alors que sa première épouse Jeanne-Marie Daniel, avec qui il avait déjà deux enfants, était encore vivante (elle meurt en 1923). L'intéressé a toujours entretenu le mystère sur sa réelle date de naissance<ref name="Rue 89 2013">[http://www.lexpress.fr/info/france/dossier/justice/dossier.asp?ida=431882 « Défendre Bush et Sharon ? Pourquoi pas ? »], ''[[L'Express]]'', {{Date|28|février|2005}}.</ref>{{,}}<ref name="Paris Match">{{Lien web|titre=Le dernier souper de Jacques Vergès |url=http://www.parismatch.com/Actu/Societe/Le-dernier-souper-de-Jacques-Verges-525056 |date=21 août 2013 |site=[[Paris Match]] |consulté le=19 avril 2016}}</ref>.
Fils du docteur [[Raymond Vergès]], [[Consulat (diplomatie)|consul]] de [[France]] à [[Ubon Ratchathani]] ([[Siam]]) et de Pham Thi Khang, [[institutrice]] [[Viêt Nam|vietnamienne]], Jacques Camille Raymond Vergès est le frère aîné (ou demi-frère)<ref>[https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2016/11/12/le-senateur-paul-verges-figure-politique-de-la-reunion-meurt-a-91-ans_5029896_3382.html Nécrologie de Paul Vergès] sur le site ''Le Monde.fr''. La mort du sénateur Paul Vergès remet au jour le mystère entretenu par leur père sur la naissance des deux garçons.</ref> de l'[[homme politique]] [[Paul Vergès]]<ref group = "note">D'après son biographe [[Bernard Violet]], Jacques Vergès serait peut-être né le 20 avril 1924 et n'aurait été déclaré en même temps que son frère que le 5 mars 1925 {{harv|Johannès|2013}}</ref>{{,}}<ref name = johannes >{{Article|prénom1=Franck|nom1=Johannès|titre=Mort de Jacques Vergès, avocat brillant, redouté et parfois haï|jour=15|mois=8|année=2013|périodique=Le Monde|lien périodique=Le Monde|url=https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2013/08/15/l-avocat-jacques-verges-est-mort_3462241_3382.html}}</ref>. Un des [[biographe]]s de Jacques Vergès, [[Bernard Violet]], a révélé que son père aurait fait un faux en déclarant la naissance des deux frères le même jour (5 mars 1925) alors qu’ils avaient en réalité une année d’écart, Jacques Vergès étant sans doute né le {{date|20|avril|1924}}, non au Siam comme son frère, mais au Laos ; Raymond Vergès aurait profité de sa position de consul pour réaliser un « vrai-faux » état civil, afin de cacher une relation adultère avec Pham Thi Khang, alors que sa première épouse Jeanne-Marie Daniel, avec qui il avait déjà deux enfants, était encore vivante (elle meurt en 1923). L'intéressé a toujours entretenu le mystère sur sa réelle date de naissance<ref name="Rue 89 2013">[http://www.lexpress.fr/info/france/dossier/justice/dossier.asp?ida=431882 « Défendre Bush et Sharon ? Pourquoi pas ? »], ''[[L'Express]]'', {{Date|28|février|2005}}.</ref>{{,}}<ref name="Paris Match">{{Lien web|titre=Le dernier souper de Jacques Vergès |url=http://www.parismatch.com/Actu/Societe/Le-dernier-souper-de-Jacques-Verges-525056 |date=21 août 2013 |site=[[Paris Match]] |consulté le=19 avril 2016}}</ref>.


{{Famille Vergès}}
{{Famille Vergès}}
À compter de la mort de leur mère, survenue alors qu'il a trois ans en 1928 et jusqu'au retour de son père à [[La Réunion]] en 1932, il est élevé par sa tante paternelle avec son frère Paul<ref>{{Ouvrage|prénom1=Jacques|nom1=Vergès|prénom2=Jean-Louis|nom2=Remilleux|titre=Le salaud lumineux|sous-titre=conversations avec Jean-Louis Remilleux|éditeur=[[Hachette Livre|Librairie générale française]]|année=1992|pages totales=412|isbn=978-2-253-05893-9}}</ref>{{,}}<ref name="AN">[http://www2.assemblee-nationale.fr/sycomore/fiche/%28num_dept%29/7221 « Paul Vergès » sur le site de l'Assemblée nationale]</ref>{{,}}<ref name="Bio">{{Lien web|titre=Raymond Vergés. Médecin et homme politique. Maire, Député |url=http://www.mi-aime-a-ou.com/raymond_verges.php |site=mi-aime-a-ou.com |consulté le=19 avril 2016}}</ref>. Durant cette période, il vit à La Réunion, où une partie de ses ancêtres sont établis depuis la fin du {{XVIIe siècle}} et effectue parfois depuis cette île quelques brefs séjours à [[Madagascar]]. La famille s'installe d'abord à [[Saint-Denis (La Réunion)|Saint-Denis]], puis à [[Hell-Bourg]] et enfin à [[Saint-André (La Réunion)|Saint-André]].
À compter de la mort de leur mère, survenue alors qu'il a trois ans en 1928 et jusqu'au retour de son père à [[La Réunion]] en 1932, il est élevé par sa tante paternelle avec son frère Paul<ref>{{Ouvrage|prénom1=Jacques|nom1=Vergès|prénom2=Jean-Louis|nom2=Remilleux|titre=Le salaud lumineux|sous-titre=conversations avec Jean-Louis Remilleux|éditeur=[[Hachette Livre|Librairie générale française]]|année=1992|pages totales=412|isbn=978-2-253-05893-9}}</ref>{{,}}<ref name="AN">[http://www2.assemblee-nationale.fr/sycomore/fiche/%28num_dept%29/7221 « Paul Vergès » sur le site de l'Assemblée nationale]</ref>{{,}}<ref name="Bio">{{Lien web|titre=Raymond Vergés. Médecin et homme politique. Maire, Député |url=http://www.mi-aime-a-ou.com/raymond_verges.php |site=mi-aime-a-ou.com |consulté le=19 avril 2016}}</ref>. Durant cette période, il vit à La Réunion, où une partie de ses ancêtres sont établis depuis la fin du {{XVIIe siècle}} et effectue parfois depuis cette île quelques brefs séjours à [[Madagascar]]. La famille s'installe d'abord à [[Saint-Denis (La Réunion)|Saint-Denis]], puis à [[Hell-Bourg]] et enfin à [[Saint-André (La Réunion)|Saint-André]].


Il est sensibilisé très tôt à la politique : à l'âge de douze ans, il participe avec son frère à un grand défilé du [[Front populaire (France)|Front populaire]] qui le marque, au [[Le Port (La Réunion)|Port]]. Sa jeunesse est en outre l'occasion de fréquenter de futurs dirigeants. Enfant, il a pour camarade de classe la future épouse de l'homme politique [[Pierre Lagourgue]]. Plus tard, il est scolarisé au [[lycée Leconte-de-Lisle]], dans la même classe que [[Raymond Barre]], à qui il dispute, sans succès, la place de premier<ref name="Le Point 2013">[http://www.lepoint.fr/societe/l-autre-secret-de-jacques-verges-17-08-2013-1714878_23.php Voir sur ''lepoint.fr''.]</ref>.
Il est sensibilisé très tôt à la politique : à l'âge de douze ans, il participe avec son frère à un grand défilé du [[Front populaire (France)|Front populaire]] qui le marque, au [[Le Port (La Réunion)|Port]]. Sa jeunesse est en outre l'occasion de fréquenter de futurs dirigeants. Enfant, il a pour camarade de classe Monique Payet, fille de [[Roger Payet]], président du Conseil général de 1949 à 1966<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=LAGOURGUE Pierre. |url=https://www.reunionnaisdumonde.com/magazine/1001-celebrites/lagourgue-pierre/ |site=Réunionnais du Monde |consulté le=2022-08-14}}</ref> et future épouse de l'homme politique [[Pierre Lagourgue]]. Plus tard, il est scolarisé au [[lycée Leconte-de-Lisle]], dans la même classe que [[Raymond Barre]], à qui il dispute, sans succès, la place de premier<ref name="Le Point 2013">[http://www.lepoint.fr/societe/l-autre-secret-de-jacques-verges-17-08-2013-1714878_23.php Voir sur ''lepoint.fr''.]</ref>.


Il obtient son [[baccalauréat en France|baccalauréat]] à seize ans et sa première année de droit l'année suivante. Il quitte la Réunion à dix-sept ans et demi pour s'engager dans la [[Résistance intérieure française|Résistance]], en 1942, puis passe en Angleterre, où il s'engage dans les [[Forces françaises libres]] (FFL), le {{date|22|janvier|1943}}. Plusieurs fois médaillé, il se bat notamment en Italie puis en France, avec le grade de sous-officier. Il reste toujours profondément [[Gaullisme|gaulliste]] et attaché à la personne du [[Charles de Gaulle|général de Gaulle]] : on parle même de « gaullo-communisme » pour le qualifier idéologiquement.
Il obtient son [[baccalauréat en France|baccalauréat]] à seize ans et sa première année de droit l'année suivante. Il quitte la Réunion à dix-sept ans et demi pour s'engager dans la [[Résistance intérieure française|Résistance]], en 1942, puis passe en Angleterre, où il s'engage dans les [[Forces françaises libres]] (FFL), le {{date|22|janvier|1943}}. Plusieurs fois médaillé, il se bat notamment en Italie puis en France, avec le rang de sous-officier. Il reste toujours profondément [[Gaullisme|gaulliste]] et attaché à la personne du [[Charles de Gaulle|général de Gaulle]] : il est qualifié de « gaullo-communiste », idéologiquement.


=== Engagement politique et formation ===
=== Engagement politique et formation ===
Arrivé à [[Paris]], Jacques Vergès adhère, en 1945, au [[Parti communiste français]] (PCF). Le {{date|25|mai|1946}}, [[Alexis de Villeneuve]], qui se présente aux élections législatives sous l'étiquette [[Mouvement républicain populaire|MRP]] face à son père, [[Raymond Vergès]], est assassiné d'un coup de revolver devant la [[cathédrale de Saint-Denis de La Réunion]]. L'arme utilisée appartient à Raymond Vergès<ref name="Le Point 2013" />. L'année suivante, [[Paul Vergès]] est condamné à cinq ans de prison avec sursis pour blessures mortelles sans intention de donner la mort. Mais les circonstances de cet assassinat ne sont jamais véritablement élucidées, et l'hypothèse que Paul Vergès ait cherché à protéger son frère Jacques {{incise|qui serait le véritable assassin}} circule, d'autant plus que celui-ci quitte La Réunion à la suite de cet épisode<ref name="Le Point 2013" />.
Arrivé à [[Paris]], Jacques Vergès adhère, en 1945, au [[Parti communiste français]] (PCF). Le {{date|25|mai|1946}}, [[Alexis de Villeneuve]], qui se présente aux élections législatives sous l'étiquette [[Mouvement républicain populaire|MRP]] face à son père, [[Raymond Vergès]], est assassiné d'un coup de revolver devant la [[cathédrale de Saint-Denis de La Réunion]]. L'arme utilisée appartient à Raymond Vergès<ref name="Le Point 2013" />. L'année suivante, [[Paul Vergès]] est condamné à cinq ans de prison avec sursis pour blessures mortelles sans intention de donner la mort. Les circonstances de cet assassinat ne sont pas élucidées ; l'hypothèse que Paul Vergès ait cherché à protéger son frère Jacques {{incise|qui serait le véritable assassin}} circule, d'autant plus que celui-ci quitte La Réunion à la suite de cet épisode<ref name="Le Point 2013" />.


En 1950, Jacques Vergès est élu à [[Prague]] membre du bureau du Congrès de l'[[Union internationale des étudiants]] comme représentant de la Réunion et non de la France<ref>[[François Buy]], ''Les Étudiants selon Saint-Marx'', Paris, Les éditions municipales, 10 mars 1967.</ref>, ce qui lui vaut quelques remarques du PCF. En 1952, il devient secrétaire du mouvement, où, sous l'impulsion du soviétique [[Alexandre Chélépine]], futur chef du [[KGB]]<ref>{{Article |langue= |auteur1=Giovanni Catelli |titre=Jacques Vergès, Camus et le KGB |périodique=L'inactuelle |date=20 juillet 2020 |issn= |lire en ligne=https://linactuelle.fr/index.php/2020/07/20/jacques-verges-camus-kgb-giovanni-catelli/ |pages= }}</ref>, il pousse les feux de l'anticolonialisme. Il reste sur place jusqu'en 1954. Il y obtient sa deuxième année de droit. De retour en métropole, il obtient sa troisième année en 1955. Il s'inscrit alors au [[barreau de Paris]] après avoir passé le [[Certificat d'aptitude à la profession d'avocat|CAPA]]. L'année suivante, il se présente au concours de la conférence du barreau de Paris, appelé aussi concours de la conférence du stage et devient premier secrétaire de la conférence (promotion 1956-1957), où il rencontre [[Edgar Faure]] et [[Gaston Monnerville]], entre autres.
En 1950, Jacques Vergès est élu à [[Prague]] membre du bureau du Congrès de l'[[Union internationale des étudiants]] comme représentant de la Réunion et non de la France<ref>[[François Buy]], ''Les Étudiants selon Saint-Marx'', Paris, Les éditions municipales, 10 mars 1967.</ref>, ce qui lui vaut quelques remarques du PCF. En 1952, il devient secrétaire du mouvement, où, sous l'impulsion du soviétique [[Alexandre Chélépine]], futur chef du [[KGB]]<ref>{{Article |auteur1=Giovanni Catelli |titre=Jacques Vergès, Camus et le KGB |périodique=L'inactuelle |date=20 juillet 2020 |lire en ligne=https://linactuelle.fr/index.php/2020/07/20/jacques-verges-camus-kgb-giovanni-catelli/ |pages= }}</ref>, il pousse les feux de l'anticolonialisme. Il reste sur place jusqu'en 1954. Il y obtient sa deuxième année de droit. De retour en métropole, il obtient sa troisième année en 1955. Il s'inscrit alors au [[barreau de Paris]] après avoir passé le [[Certificat d'aptitude à la profession d'avocat|CAPA]]. L'année suivante, il se présente au concours de la conférence du barreau de Paris, appelé aussi concours de la conférence du stage et devient premier secrétaire de la conférence (promotion 1956-1957), où il rencontre [[Edgar Faure]] et [[Gaston Monnerville]], entre autres.


=== Engagement pour l'indépendance de l'Algérie ===
=== Engagement pour l'indépendance de l'Algérie ===
Se qualifiant de « petit agitateur [[Colonialisme|anticolonialiste]] au [[Quartier latin (quartier parisien)|Quartier latin]] », il est à la tête de l'association des étudiants réunionnais, où il se lie d'amitié avec le Tunisien [[Mohamed Masmoudi]] et les futurs chefs [[khmers rouges]] Saloth Sâr (plus connu ensuite sous le nom de [[Pol Pot]]) et [[Khieu Samphân]], dont il reconnait avoir {{Citation|participé, dans un certain sens, à la politisation}}<ref>{{Lien brisé|url=http://www.cambodgesoir.info/content.php?itemid=35138&p}} Dans le journal allemand ''[[Der Spiegel]]'' rapporté par le site ''Cambodge Soir'', 25 novembre 2008.</ref>{{,}}<ref name="johannes"/>. Proche de la [[Fédération des étudiants d'Afrique noire en France]], il y soutient, à l'occasion de son {{5e}} congrès, en {{date-|décembre 1954}}, dans un débat qui l'oppose au député sénégalais [[Léopold Sédar Senghor|Senghor]], l'unité et l'internationalisme dans la lutte pour l'indépendance plutôt que la création d'organes législatifs dans chaque colonie et remporte le soutien de l'association<ref>{{Ouvrage|auteur1=Amzat Boukari-Yabara|titre=Africa Unite, une histoire du panafricanisme,|éditeur=[[La Découverte]]|année=2014|passage=173|isbn=}}</ref>. Le jeune avocat demande au [[Parti communiste français|PCF]] et au [[Parti socialiste unifié (France)|PSU]] de s'occuper d'affaires en [[Algérie]].
Se qualifiant de « petit agitateur [[Colonialisme|anticolonialiste]] au [[Quartier latin (quartier parisien)|Quartier latin]] », il est à la tête de l'association des étudiants réunionnais, où il se lie d'amitié avec le Tunisien [[Mohamed Masmoudi]] et les futurs chefs [[khmers rouges]] Saloth Sâr (plus connu ensuite sous le nom de [[Pol Pot]]) et [[Khieu Samphân]], dont il reconnait avoir {{Citation|participé, dans un certain sens, à la politisation}}<ref>{{Lien brisé|url=http://www.cambodgesoir.info/content.php?itemid=35138&p}} Dans le journal allemand ''[[Der Spiegel]]'' rapporté par le site ''Cambodge Soir'', 25 novembre 2008.</ref>{{,}}<ref name="johannes"/>. Proche de la [[Fédération des étudiants d'Afrique noire en France]], il y soutient, à l'occasion de son {{5e}} congrès, en {{date-|décembre 1954}}, dans un débat qui l'oppose au député sénégalais [[Léopold Sédar Senghor|Senghor]], l'unité et l'internationalisme dans la lutte pour l'indépendance plutôt que la création d'organes législatifs dans chaque colonie et remporte le soutien de l'association<ref>{{Ouvrage|auteur1=Amzat Boukari-Yabara|titre=Africa Unite, une histoire du panafricanisme,|éditeur=[[La Découverte]]|année=2014|passage=173|isbn=}}</ref>. Le jeune avocat demande au [[Parti communiste français|PCF]] et au [[Parti socialiste unifié (France)|PSU]] de s'occuper d'affaires en [[Algérie]].


Il milite pour le [[Front de libération nationale (Algérie)|Front de libération nationale]] (FLN) et défend leurs combattants, se voyant ainsi surnommé « Mansour » (« le victorieux »)<ref>Jacques Vergès, ''Lettre ouverte à des amis algériens devenus tortionnaires'', Albin Michel, 1993, {{p.|15}} et 110.</ref>. Il est notamment l'avocat de l'emblématique [[Djamila Bouhired]], militante du FLN capturée par les parachutistes français, torturée puis jugée et condamnée à mort pour attentat à la bombe durant la [[bataille d'Alger]], notamment au Milk-Bar (cinq morts et soixante blessés, dont beaucoup de civils). Il écope d'un an de suspension pour indiscipline<ref name="Obs">Céline Cabourg et Vincent Monnier, [https://o.nouvelobs.com/people/20131129.OBS7662/roland-dumas-ce-qui-est-droit-c-est-emmerdant.html « Roland Dumas : "Ce qui est droit, c'est emmerdant !" »], nouvelobs.com, {{1er}} décembre 2013.</ref> en 1961<ref name="johannes" /> et réchappe d'une tentative d'assassinat<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Vincent|nom1=Nouzille|lien auteur1=Vincent Nouzille|titre=Les tueurs de la République|sous-titre=assassinats et opérations spéciales des services secrets|lieu=Paris|éditeur=[[Fayard (maison d'édition)|Fayard]]|année=2015|pages totales=347|isbn=978-2-213-67176-5}}</ref>. Sa cliente devient pour quelques années son épouse<ref>[http://www.lepoint.fr/societe/alger-rend-hommage-a-jacques-verges-18-08-2013-1715014_23.php « Bouteflika rend hommage à Jacques Vergès »], Sipa Media avec [[Agence France-Presse|AFP]], ''[[Le Point]].fr'', 18 août 2013.</ref> et ils ont deux enfants : Meriem (née en 1967) et Liess (né en 1969)<ref group = "note">Le {{date|20|novembre|1995}}, il a une petite-fille, Fatima Nur Arcanys Vergès Habboub, du côté de sa fille Meriem et du mari de celle-ci, Fouad</ref> ; il se convertit également à l'[[islam]]<ref>Stéphanie Durand-Souffland, [http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2013/08/16/01016-20130816ARTFIG00459-jacques-verges-l-ombre-ultime-d-un-guerrier-en-robe-noire.php « Jacques Vergès, : l'ombre ultime d'un guerrier en robe noire »], ''[[Le Figaro]]'', samedi 17 / dimanche 18 août 2013, page 7.</ref>, avant de retourner au catholicisme{{refnec}}. Il quitte le PCF en 1957, jugeant le parti « trop tiède » sur la question algérienne<ref name="Rue 89 2013" />.
Il milite pour le [[Front de libération nationale (Algérie)|Front de libération nationale]] (FLN) et défend leurs combattants, se voyant ainsi surnommé « Mansour » (« le victorieux »)<ref>Jacques Vergès, ''Lettre ouverte à des amis algériens devenus tortionnaires'', Albin Michel, 1993, {{p.|15}} et 110.</ref>. Il est notamment l'avocat de l'emblématique [[Djamila Bouhired]], militante du FLN capturée par les parachutistes français, torturée puis jugée et condamnée à mort pour attentat à la bombe durant la [[bataille d'Alger]], notamment au Milk-Bar (cinq morts et soixante blessés, dont beaucoup de civils). Il écope d'un an de suspension pour indiscipline<ref name="Obs">Céline Cabourg et Vincent Monnier, [https://o.nouvelobs.com/people/20131129.OBS7662/roland-dumas-ce-qui-est-droit-c-est-emmerdant.html « Roland Dumas : "Ce qui est droit, c'est emmerdant !" »], nouvelobs.com, {{1er}} décembre 2013.</ref> en 1961<ref name="johannes" /> et réchappe d'une tentative d'assassinat<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Vincent|nom1=Nouzille|lien auteur1=Vincent Nouzille|titre=Les tueurs de la République|sous-titre=assassinats et opérations spéciales des services secrets|lieu=Paris|éditeur=[[Fayard (maison d'édition)|Fayard]]|année=2015|pages totales=347|isbn=978-2-213-67176-5}}</ref>. Sa cliente devient pour quelques années son épouse<ref>[http://www.lepoint.fr/societe/alger-rend-hommage-a-jacques-verges-18-08-2013-1715014_23.php « Bouteflika rend hommage à Jacques Vergès »], Sipa Media avec [[Agence France-Presse|AFP]], ''[[Le Point]].fr'', 18 août 2013.</ref> et ils ont deux enfants : Meriem (née en 1967) et Liess (né en 1969)<ref group = "note">Le {{date|20|novembre|1995}}, il a une petite-fille, Fatima Nur Arcanys Vergès Habboub, du côté de sa fille Meriem et du mari de celle-ci, Fouad</ref> ; il se convertit également à l'[[islam]]<ref>Stéphanie Durand-Souffland, [http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2013/08/16/01016-20130816ARTFIG00459-jacques-verges-l-ombre-ultime-d-un-guerrier-en-robe-noire.php « Jacques Vergès, : l'ombre ultime d'un guerrier en robe noire »], ''[[Le Figaro]]'', samedi 17 / dimanche 18 août 2013, page 7.</ref>, avant de retourner au catholicisme{{refnec}}. Il quitte le PCF en 1957, jugeant le parti « trop tiède » sur la question algérienne<ref name="Rue 89 2013" />.


À l'[[indépendance de l'Algérie]], en 1962, Jacques Vergès s'installe à [[Alger]], prend la nationalité algérienne<ref>Robert Chaudenson, ''Vergès Père, frères & fils: Une saga réunionnaise'', L'Harmattan, 2007, 291 p. {{isbn| 9782296036901}} {{p.|33}} ; Bernard Violet, ''Vergès: le maître de l'ombre'', Seuil, 2000, 285 p. {{isbn| 9782020314404}} {{p.|145}} ; Albert Weber, ''L'Émigration réunionnaise en France'', L'Harmattan, 1994, 447 p. {{isbn| 9782738422026}} {{p.|285}}.</ref> et devient le chef de cabinet du ministre des Affaires étrangères. Il fonde alors une revue [[Tiers-mondisme|tiers-mondiste]] financée par le FLN, ''Révolution africaine''. Jacques Vergès rencontre [[Mao Zedong]] en {{date-|mars 1963}} et se rallie très rapidement aux thèses [[maoïsme|maoïstes]]. Il est alors destitué de ses fonctions et doit rentrer à [[Paris]]. Au mois de septembre, il crée une nouvelle revue, ''[[Révolution (revue de Jacques Vergès)|Révolution]]'', qui est alors le premier journal maoïste publié en [[France]]. En 1965, la destitution du président [[Ben Bella]] permet à Jacques Vergès de rentrer en Algérie. Il met fin alors à la revue ''Révolution''. Il est avocat à Alger jusqu'en 1970.
À l'[[indépendance de l'Algérie]], en 1962, Jacques Vergès s'installe à [[Alger]], prend la nationalité algérienne<ref>Robert Chaudenson, ''Vergès Père, frères & fils: Une saga réunionnaise'', L'Harmattan, 2007, 291 p. {{isbn| 9782296036901}} {{p.|33}} ; Bernard Violet, ''Vergès: le maître de l'ombre'', Seuil, 2000, 285 p. {{isbn| 9782020314404}} {{p.|145}} ; Albert Weber, ''L'Émigration réunionnaise en France'', L'Harmattan, 1994, 447 p. {{isbn| 9782738422026}} {{p.|285}}.</ref> et devient le chef de cabinet du ministre des Affaires étrangères. Il fonde alors avec Djamila Bouhired, sa femme, une revue [[Tiers-mondisme|tiers-mondiste]] financée par le FLN, ''Révolution africaine''. Jacques Vergès rencontre [[Mao Zedong]] en {{date-|mars 1963}} et se rallie très rapidement aux thèses [[maoïsme|maoïstes]]. Il est alors destitué de ses fonctions et doit rentrer à [[Paris]]. Au mois de septembre, il crée une nouvelle revue, ''[[Révolution (revue de Jacques Vergès)|Révolution]]'', qui est alors le premier journal maoïste publié en [[France]]. En 1965, la destitution du président [[Ben Bella]] permet à Jacques Vergès de rentrer en Algérie. Il met fin alors à la revue ''Révolution''. Il est avocat à Alger jusqu'en 1970.


=== Carrière d'avocat ===
=== Carrière d'avocat ===
Le premier dossier que Jacques Vergès a géré en tant qu'avocat concerne la [[Sonacotra]]. Il s'engage dans une « défense de rupture » (appelée aussi « stratégie de rupture »), plutôt que ce qu'il appelle la « défense de connivence », qui était classiquement plaidée : l'accusé se fait accusateur, considère que le juge n'a pas compétence ou que le tribunal n'a pas la légitimité, prend l'opinion à témoin. La défense de rupture se distingue également de la « présence offensive », développée par [[Bernard Ripert]]. Si cette méthode est peu efficace sur le plan judiciaire, elle participe à créer un courant de sympathie dans l'opinion : cela lui a notamment permis, lors de la guerre d'Algérie, d'éviter la peine de mort à plusieurs de ses clients, même s'ils écopent de lourdes peines. Concernant sa postérité, les nouveaux moyens de communication ont rendu la technique obsolète<ref>Stéphane Durand-Souffland, « Le théoricien d'une "rupture" passée de mode », ''[[Le Figaro]]'', samedi 17 / dimanche 18 août 2013, page 7.</ref>.
Le premier dossier que Jacques Vergès a géré en tant qu'avocat concerne la [[Sonacotra]]. Il s'engage dans une « défense de rupture » (appelée aussi « stratégie de rupture »), plutôt que ce qu'il appelle la « défense de connivence », qui était classiquement plaidée : l'accusé se fait accusateur, considère que le juge n'a pas compétence ou que le tribunal n'a pas la légitimité, prend l'opinion à témoin. La défense de rupture se distingue également de la « présence offensive », développée par [[Bernard Ripert]]. Si cette méthode est peu efficace sur le plan judiciaire, elle participe à créer un courant de sympathie dans l'opinion : cela lui a notamment permis, lors de la guerre d'Algérie, d'éviter la peine de mort à plusieurs de ses clients, même s'ils écopent de lourdes peines. Concernant sa postérité, les nouveaux moyens de communication ont rendu la technique obsolète<ref>Stéphane Durand-Souffland, « Le théoricien d'une "rupture" passée de mode », ''[[Le Figaro]]'', samedi 17 / dimanche 18 août 2013, page 7.</ref>.


Depuis, au carrefour du politique et du judiciaire, Jacques Vergès a associé son nom à de nombreux procès médiatisés, notamment ceux des personnalités suivantes :
Depuis, au carrefour du politique et du judiciaire, Jacques Vergès a associé son nom à de nombreux procès médiatisés, notamment ceux des personnalités suivantes :
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* [[Georges Ibrahim Abdallah]]
* [[Georges Ibrahim Abdallah]]
* [[Tarek Aziz]]
* [[Tarek Aziz]]
* [[Klaus Barbie]], ancien chef de la section IV (Gestapo) surnommé « le boucher de Lyon »<ref>[https://www.youtube.com/watch?v=voU62pHZ1dc « Plaidoirie de Maître Jacques Vergès - Procès Barbie - Lyon 1987 - Partie 1 »], sur Youtube, 20 décembre 2012 (consulté le 17 janvier 2017).</ref>
* [[Klaus Barbie]], ancien chef de la section IV (Gestapo) surnommé « le boucher de Lyon »<ref>[https://www.youtube.com/watch?v=voU62pHZ1dc « Plaidoirie de Maître Jacques Vergès - Procès Barbie - Lyon 1987 - Partie 1 »], sur Youtube, 20 décembre 2012 (consulté le 17 janvier 2017).</ref>
* L'ex-capitaine [[Paul Barril]], dans l'[[affaire des écoutes de l'Élysée]]
* L'ex-capitaine [[Paul Barril]], dans l'[[affaire des écoutes de l'Élysée]]
* Le préfet [[Bernard Bonnet]]
* Le préfet [[Bernard Bonnet]]
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* [[Simone Weber]]
* [[Simone Weber]]
* [[Ilich Ramírez Sánchez|Carlos]], terroriste
* [[Ilich Ramírez Sánchez|Carlos]], terroriste
* Le général [[République du Congo|congolais]] [[Norbert Dabira]]<ref>{{pdf}} [http://www.fidh.org/IMG/pdf/measures2504f.pdf « Groupe d’action judiciaire de la FIDH - république du Congo, Affaire des disparus du ''Beach ''»], ''Fidh.org'' (consulté le 17 janvier 2017).</ref>
* Le général [[République du Congo|congolais]] [[Norbert Dabira]]<ref>{{pdf}} [http://www.fidh.org/IMG/pdf/measures2504f.pdf « Groupe d’action judiciaire de la FIDH - république du Congo, Affaire des disparus du ''Beach ''»], ''Fidh.org'' (consulté le 17 janvier 2017).</ref>
* Le ministre ivoirien [[Mohamed Diawara]]
* Le ministre ivoirien [[Mohamed Diawara]]
* L'inspecteur [[Jean-Marc Dufourg]]<ref>{{lien brisé|url=http://www.humanite.presse.fr/journal/1990-11-21/1990-11-21-805627 |site=Humanite.presse.fr}}</ref> avec l'affaire du pasteur [[Joseph Doucé]],
* L'inspecteur [[Jean-Marc Dufourg]]<ref>{{lien brisé|url=http://www.humanite.presse.fr/journal/1990-11-21/1990-11-21-805627 |site=Humanite.presse.fr}}</ref> avec l'affaire du pasteur [[Joseph Doucé]],
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* [[Jacques Médecin]], ancien maire de Nice
* [[Jacques Médecin]], ancien maire de Nice
* [[Slobodan Milošević]] (mais celui-ci avait fini par ne pas le choisir comme avocat devant le [[Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie|Tribunal Pénal International pour l'ex-Yougoslavie - TPIY]])
* [[Slobodan Milošević]] (mais celui-ci avait fini par ne pas le choisir comme avocat devant le [[Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie|Tribunal Pénal International pour l'ex-Yougoslavie - TPIY]])
* Trois chefs d'États africains ([[Omar Bongo]], [[Idriss Déby]], [[Denis Sassou-Nguesso]]), qui avaient porté plainte pour offense contre le journaliste [[François-Xavier Verschave]] en [[2000]]. Les plaignants ont d'ailleurs perdu le procès.
* Trois chefs d'État africains ([[Omar Bongo]], [[Idriss Déby]], [[Denis Sassou-Nguesso]]), qui avaient porté plainte pour offense contre le journaliste [[François-Xavier Verschave]] en [[2000]]. Les plaignants ont d'ailleurs perdu le procès.
* [[Moussa Traoré]], ancien président malien
* [[Moussa Traoré]], ancien président malien
* [[Abdoulaye Wade]], futur président sénégalais
* [[Abdoulaye Wade]], futur président sénégalais
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* [[Oscar Temaru]], ancien président de la Polynésie française
* [[Oscar Temaru]], ancien président de la Polynésie française
* [[Cheyenne Brando]], fille de l'acteur [[Marlon Brando]]
* [[Cheyenne Brando]], fille de l'acteur [[Marlon Brando]]
* [[Laurent Gbagbo]]<ref>[https://www.lemonde.fr/afrique/article/2010/12/28/pour-pierre-moscovici-la-france-n-a-pas-a-etre-en-premiere-ligne-en-cote-d-ivoire_1458322_3212.html « Pour Pierre Moscovici, la France n'a pas à "être en première ligne" en Côte d'Ivoire »], ''[[Le Monde]].fr'' (avec AFP), 28 octobre 2010.</ref>
* [[Laurent Gbagbo]]<ref>[https://www.lemonde.fr/afrique/article/2010/12/28/pour-pierre-moscovici-la-france-n-a-pas-a-etre-en-premiere-ligne-en-cote-d-ivoire_1458322_3212.html « Pour Pierre Moscovici, la France n'a pas à "être en première ligne" en Côte d'Ivoire »], ''[[Le Monde]].fr'' (avec AFP), 28 octobre 2010.</ref>
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Il déclare à plusieurs reprises que « plus l'accusation est lourde, plus le devoir de défendre est grand, comme un médecin doit soigner tout le monde » et se dit prêt à défendre des personnalités comme [[George W. Bush]] ou [[Ariel Sharon]], à condition qu'ils plaident coupables<ref name="Rue 89 2013" /> (et ce alors qu'il défendit, par exemple, Klaus Barbie qui refusa obstinément de reconnaître ses crimes, refusant même d'assister à son procès). Il apparaît souvent mis en scène dans son bureau en [[bois de fer]], véritable bric-à-brac décoré de nombreux objets africains et notamment de lithographies de [[Antoine Louis Roussin]]. Il est par ailleurs collectionneur de jeux d'échecs.
Il déclare à plusieurs reprises que « plus l'accusation est lourde, plus le devoir de défendre est grand, comme un médecin doit soigner tout le monde » et se dit prêt à défendre des personnalités comme [[George W. Bush]] ou [[Ariel Sharon]], à condition qu'ils plaident coupables<ref name="Rue 89 2013" /> (et ce alors qu'il défendit, par exemple, Klaus Barbie qui refusa obstinément de reconnaître ses crimes, refusant même d'assister à son procès). Il apparaît souvent mis en scène dans son bureau en [[bois de fer]], véritable bric-à-brac décoré de nombreux objets africains et notamment de lithographies d'[[Antoine Louis Roussin]]. Il est par ailleurs collectionneur de jeux d'échecs.


=== Disparition inexpliquée ===
=== Disparition inexpliquée ===
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[[Bernard Violet]], l'un de ses biographes controversés, avance l'hypothèse d'une affaire de gros sous au [[Katanga]] (qui n'est cependant pas « très à l'est de la France »). Le juge [[Thierry Jean-Pierre]], qui a écrit un livre sur les frères Vergès, argue d'une fuite en avant : {{citation|À l'époque, il est mal. [[Michel Debré]] veut sa peau, et le [[Mossad]] veut le tuer, car il défend des Palestiniens. Il part du jour au lendemain, en Asie, agent des services secrets chinois. Ils l'utilisent au Cambodge et au Viêt Nam{{Référence à confirmer}}<ref>Thierry Jean-Pierre, ''Vergès et Vergès : de l'autre côté du miroir'', [[Éditions Jean-Claude Lattès|Jean-Claude Lattès]], 2000, 286 p. {{isbn|9782709621014}}.</ref>.}} Robert Chaudenson estime, quant à lui, que {{citation|si les menaces qu'il craignait étaient venues, par exemple, du Mossad, comme certains l'ont supposé, on connaît assez le personnage pour savoir que, depuis bien longtemps, il l'aurait proclamé ''urbi et orbi'', dans tous les médias dont il est si familier et si friand<ref>{{Harvsp|Chaudenson|2007|p=178}}</ref>.}}
[[Bernard Violet]], l'un de ses biographes controversés, avance l'hypothèse d'une affaire de gros sous au [[Katanga]] (qui n'est cependant pas « très à l'est de la France »). Le juge [[Thierry Jean-Pierre]], qui a écrit un livre sur les frères Vergès, argue d'une fuite en avant : {{citation|À l'époque, il est mal. [[Michel Debré]] veut sa peau, et le [[Mossad]] veut le tuer, car il défend des Palestiniens. Il part du jour au lendemain, en Asie, agent des services secrets chinois. Ils l'utilisent au Cambodge et au Viêt Nam{{Référence à confirmer}}<ref>Thierry Jean-Pierre, ''Vergès et Vergès : de l'autre côté du miroir'', [[Éditions Jean-Claude Lattès|Jean-Claude Lattès]], 2000, 286 p. {{isbn|9782709621014}}.</ref>.}} Robert Chaudenson estime, quant à lui, que {{citation|si les menaces qu'il craignait étaient venues, par exemple, du Mossad, comme certains l'ont supposé, on connaît assez le personnage pour savoir que, depuis bien longtemps, il l'aurait proclamé ''urbi et orbi'', dans tous les médias dont il est si familier et si friand<ref>{{Harvsp|Chaudenson|2007|p=178}}</ref>.}}


Dans le documentaire ''[[L'Avocat de la terreur]]'', de [[Barbet Schroeder]], Jacques Vergès reconnaît avoir ponctuellement séjourné incognito à Paris pendant cette période. Le cinéaste retient également la thèse d'un problème financier personnel comme seule cause de sa disparition. Toujours est-il que, lorsqu'il reparaît à Paris en 1978, il dispose de moyens financiers importants, dont l'origine est inconnue. En 2017, le réalisateur affirme qu'il a séjourné avec [[Wadie Haddad]], en [[Territoires palestiniens occupés|Palestine]]<ref>[http://www.clique.tv/exclu-barbet-schroeder-maitre-verges/ Barbet Schroeder révèle où avait disparu Maître Vergès pendant huit ans], Clique</ref>.
Dans le documentaire ''[[L'Avocat de la terreur]]'', de [[Barbet Schroeder]], Jacques Vergès reconnaît avoir ponctuellement séjourné incognito à Paris pendant cette période. Le cinéaste retient également la thèse d'un problème financier personnel comme seule cause de sa disparition. Toujours est-il que, lorsqu'il reparaît à Paris en 1978, il dispose de moyens financiers importants, dont l'origine est inconnue. En 2017, le réalisateur affirme qu'il a séjourné avec le chef terroriste [[Wadie Haddad]], en [[Territoires palestiniens occupés|Palestine]]<ref>[http://www.clique.tv/exclu-barbet-schroeder-maitre-verges/ Barbet Schroeder révèle où avait disparu Maître Vergès pendant huit ans], Clique</ref>.


Dans une interview accordée au ''[[Le Point|Point]]'' en {{date-|mars 2013}}, Jacques Vergès déclare : {{citation bloc|Un soir de mars, ma porte s'est ouverte et le vent m'a soufflé : « Pars ! » Et je suis parti pour des aventures qui ont duré neuf ans. […] J'étais un peu partout. Parti vivre de grandes aventures qui se sont soldées en désastre. Nombre de mes amis sont morts, et, pour les survivants, un pacte de silence me lie à eux<ref name="Rue 89 2013"/>.}}
Dans une interview accordée au ''[[Le Point|Point]]'' en {{date-|mars 2013}}, Jacques Vergès déclare : {{citation bloc|Un soir de mars, ma porte s'est ouverte et le vent m'a soufflé : « Pars ! » Et je suis parti pour des aventures qui ont duré neuf ans. […] J'étais un peu partout. Parti vivre de grandes aventures qui se sont soldées en désastre. Nombre de mes amis sont morts, et, pour les survivants, un pacte de silence me lie à eux<ref>{{Lien web |langue=fr |prénom=Jamila |nom=Aridj |titre=VIDÉO. Jacques Vergès, l'homme aux mille vies |url=https://www.lepoint.fr/societe/jacques-verges-l-homme-aux-mille-vies-est-mort-16-08-2013-1714482_23.php |site=Le Point |date=2013-08-16 |consulté le=2023-01-23}}</ref>.}}La même année, dans une longue interview au journal ''[[Sud Ouest]]'', Jacques Vergès donne davantage de précisions&nbsp;ː{{citation bloc|
J'étais un peu partout pendant ces années, en rapport avec le fils Bhutto, avec Camilo Torres, avec Salameh, l'auteur présumé des attentats des JO de Munich, qui me considérait comme un grand avocat et un ami. Je n'étais pas avec Pol Pot<ref>{{Article|langue=fr-FR|prénom1=Jean-Charles|nom1=Chapuzet|titre=Jacques Vergès s'était confié à Sud Ouest Dimanche : "J'aurais dû crever cent fois, mais on m'a raté"|périodique=Sud Ouest|date=2013-08-16|issn=1760-6454|lire en ligne=https://www.sudouest.fr/justice/jacques-verges-s-etait-confie-a-sud-ouest-dimanche-j-aurais-du-crever-cent-fois-mais-on-m-a-rate-8641132.php|consulté le=2023-01-10}}</ref>.}}


Son ami [[Roland Dumas]], cité dans le journal ''[[Le Monde]]'' daté du {{date|19|décembre|2014}}, affirme que, vers la fin de sa vie, Jacques Vergès lui a confié être parti {{citation|en Chine}}, sans plus de précisions, toutes ces années-là<ref>[http://abonnes.lemonde.fr/police-justice/article/2014/12/18/encore-vous-me-verges_4542694_1653578.html?xtmc=verges&xtcr=1 « Enquête : Encore vous, maître Vergès ? »], Marion Van Renterghem, ''[[Le Monde]].fr'', 19 décembre 2014.</ref>.
Son ami [[Roland Dumas]], cité dans le journal ''[[Le Monde]]'' daté du {{date|19|décembre|2014}}, affirme que, vers la fin de sa vie, Jacques Vergès lui a confié être parti {{citation|en Chine}}, sans plus de précisions, toutes ces années-là<ref>[http://abonnes.lemonde.fr/police-justice/article/2014/12/18/encore-vous-me-verges_4542694_1653578.html?xtmc=verges&xtcr=1 « Enquête : Encore vous, maître Vergès ? »], Marion Van Renterghem, ''[[Le Monde]].fr'', 19 décembre 2014.</ref>.


Selon l'avocat Emmanuel Ludot dans un entretien daté du {{date-|31 mars 2015}}, il a séjourné longuement à Cuba durant ces années-là<ref>[https://www.dailymotion.com/video/x2ldf4l_me-ludot-revele-ou-se-cachait-me-verges_news « Me Ludot révèle où se cachait Me Vergès »], sur [[Dailymotion]].com, {{1er}} avril 2015.</ref>.
Selon l'avocat Emmanuel Ludot dans un entretien daté du {{date-|31 mars 2015}}, il a séjourné longuement à Cuba durant ces années-là<ref>[https://www.dailymotion.com/video/x2ldf4l_me-ludot-revele-ou-se-cachait-me-verges_news « Me Ludot révèle où se cachait Me Vergès »], sur [[Dailymotion]].com, {{1er}} avril 2015.</ref>.


Selon l'avocat [[François Gibault]], Jacques Vergès a détruit toutes les archives relatives à sa période de disparition<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Un avocat porté disparu : le mystère Jacques Vergès |url=https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/affaires-sensibles/affaires-sensibles-du-lundi-10-avril-2023-8850236 |site=France Inter |date=2023-04-10 |consulté le=2023-04-21}}</ref>.
Durant son absence, Djamila Bouhired obtient le divorce<ref>{{Lien web|auteur=|titre=L’aura intacte de Djamila Bouhired, héroïne de l’indépendance algérienne|jour=16|mois=août|année=2019|url=https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2019/08/16/l-aura-intacte-de-djamila-bouhired-heroine-de-l-independance-algerienne_5500008_4500055.html|site=Le Monde.fr|éditeur=Le Monde|issn=1950-6244|consulté le=15 janvier 2021}}.</ref>.

Durant son absence, Djamila Bouhired obtient le divorce<ref>{{Lien web|titre=L’aura intacte de Djamila Bouhired, héroïne de l’indépendance algérienne|jour=16|mois=août|année=2019|url=https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2019/08/16/l-aura-intacte-de-djamila-bouhired-heroine-de-l-independance-algerienne_5500008_4500055.html|site=Le Monde.fr|éditeur=Le Monde|issn=1950-6244|consulté le=15 janvier 2021}}.</ref>.


=== Reprise d'activité et mort ===
=== Reprise d'activité et mort ===
[[Fichier:Jacques Vergès au théâtre de la Madeleine à Paris.jpg|vignette|upright|Jacques Vergès au [[théâtre de la Madeleine]], à [[Paris]], en 2008.]]
[[Fichier:Jacques Vergès au théâtre de la Madeleine à Paris.jpg|vignette|gauche|upright|Jacques Vergès au [[théâtre de la Madeleine]], à [[Paris]], en 2008.]]
En 2002, il qualifie l'ancien dirigeant serbe [[Slobodan Milošević]] d'« extrêmement sympathique »<ref>Stéphane Durand-Souffland, « Une disparition et mille provocations », ''[[Le Figaro]]'', samedi 17 / dimanche 18 août 2013, page 7.</ref>. En {{date-|janvier 2008}}, il apporte son soutien en personne à [[Tomislav Nikolić]], dirigeant nationaliste du [[Parti radical serbe]]<ref>[http://www.lexpress.fr/actualite/monde/a-belgrade-verges-soutient-le-candidat-ultranationaliste_469448.html « À Belgrade, Vergès soutient le candidat ultranationaliste »], Marc Epstein, ''[[L'Express]].fr'', 21 janvier 2008.</ref>. La même année, il débute au théâtre, dans ''Serial Plaideur'', au [[théâtre de la Madeleine]], à Paris<ref>[http://www.lefigaro.fr/theatre/2013/08/16/03003-20130816ARTFIG00288-jacques-verges-ses-debuts-au-theatre-en-2008.php « Jacques Vergès: ses débuts au théâtre en 2008 »], Nathalie Simon, ''[[Le Figaro]].fr'', 16 août 2013.</ref>.


En {{date-|décembre 2010}}, il se rend en [[Côte d'Ivoire]], avec [[Roland Dumas]], apporter son soutien à [[Laurent Gbagbo]], dont il est l'avocat, à la suite de l'[[élection présidentielle ivoirienne de 2010|élection présidentielle]] et la reconnaissance d'[[Alassane Ouattara]] comme Président par la communauté internationale. Il est cependant écarté de la défense de l'ancien président et de son épouse, vraisemblablement pour avoir fait preuve de légèreté lors de son déplacement à [[Abidjan]], le {{date-|6 mai 2011}}, pour assister à la première audition de Laurent Gbagbo<ref>[http://sethkokofrance.over-blog.com/article-verges-et-dumas-congedies-par-laurent-gbagbo-73845760.html « Vergès et Dumas congédiés par Laurent Gbagbo ! »], Blog de Sethkokofrance (Alliance Citoyenne de la Société Civile Ivoirienne), [[Over-blog]].com, 14 mai 2011.</ref>. Il est refoulé à l'aéroport, son visa n'étant pas valable<ref>{{lien brisé|url=http://www.lvdpg.com/Cote-Ivoire-Maitre-Verges-refoule-a-Abidjan_a10094.html|site=LVDPG.com|titre=Cote Ivoire : Maitre Vergès refoulé à Abidjan|date=6 Mai 2011}}</ref>. Il aurait néanmoins touché {{unité|100000|€}} avec Roland Dumas pour avoir assuré la défense politique de Laurent Gbagbo jusqu'à son arrestation<ref>{{lien web|url=http://web.archive.org/web/20161113032631/http://www.lexpress.fr/actualite/indiscrets/jacques-verges-et-roland-dumas-ont-touche-100-000-euros_994365.html|site=L'Express.fr|titre=Jacques Vergès et Roland Dumas ont touché {{unité|100000|euros}}|date=24 mai 2011}}</ref>, laquelle a compris la publication d'un livre, ''Crimes et fraudes en Côte d'Ivoire''<ref>[http://llanterne.unblog.fr/2011/04/22/crimes-et-fraudes-en-cote-divoire-conference-de-presse-de-jacques-verges/ « Crimes et fraudes en Côte-d’Ivoire » – Jacques Vergès et Roland Dumas], Blog « La Lanterne », sur ''Unblog.fr'', 22 avril 2011.</ref>{{refins}}.
En 2002, il qualifie l'ancien dirigeant serbe [[Slobodan Milošević]] d'« extrêmement sympathique »<ref>Stéphane Durand-Souffland, « Une disparition et mille provocations », ''[[Le Figaro]]'', samedi 17 / dimanche 18 août 2013, page 7.</ref>. En {{date-|janvier 2008}}, il apporte son soutien en personne à [[Tomislav Nikolić]], dirigeant nationaliste du [[Parti radical serbe]]<ref>[http://www.lexpress.fr/actualite/monde/a-belgrade-verges-soutient-le-candidat-ultranationaliste_469448.html « À Belgrade, Vergès soutient le candidat ultranationaliste »], Marc Epstein, ''[[L'Express]].fr'', 21 janvier 2008.</ref>. La même année, il débute au théâtre, dans ''Serial Plaideur'', au [[théâtre de la Madeleine]], à Paris<ref>[http://www.lefigaro.fr/theatre/2013/08/16/03003-20130816ARTFIG00288-jacques-verges-ses-debuts-au-theatre-en-2008.php « Jacques Vergès: ses débuts au théâtre en 2008 »], Nathalie Simon, ''[[Le Figaro]].fr'', 16 août 2013.</ref>.


En {{date-|mai 2011}}, il se rend à [[Tripoli (ville de Libye)|Tripoli]] avec Roland Dumas et s'y porte volontaire pour soutenir une plainte des familles des « victimes des bombardements de l'OTAN » contre le président [[Nicolas Sarkozy]], dont le pays participe aux opérations de la coalition internationale en Libye. Il y dénonce une {{Citation|agression brutale contre un pays souverain}}, et affirme qu'il serait prêt à défendre le colonel [[Mouammar Kadhafi]] au cas où il serait jugé par la Cour pénale internationale<ref>[https://www.lemonde.fr/libye/article/2011/05/30/libye-dumas-et-verges-veulent-deposer-plainte-contre-sarkozy_1529149_1496980.html « Libye : Dumas et Vergès veulent déposer plainte contre Sarkozy »], ''Le Monde.fr'' avec [[Agence France-Presse|AFP]], 30 mai 2011.</ref>.
En {{date-|décembre 2010}}, il se rend en [[Côte d'Ivoire]], avec [[Roland Dumas]], apporter son soutien à [[Laurent Gbagbo]], dont il est l'avocat, à la suite de l'[[élection présidentielle ivoirienne de 2010|élection présidentielle]] et la reconnaissance d'[[Alassane Ouattara]] comme Président par la communauté internationale. Il est cependant écarté de la défense de l'ancien président et de son épouse, vraisemblablement pour avoir fait preuve de légèreté lors de son déplacement à [[Abidjan]], le {{date-|6 mai 2011}}, pour assister à la première audition de Laurent Gbagbo<ref>[http://sethkokofrance.over-blog.com/article-verges-et-dumas-congedies-par-laurent-gbagbo-73845760.html « Vergès et Dumas congédiés par Laurent Gbagbo ! »], Blog de Sethkokofrance (Alliance Citoyenne de la Société Civile Ivoirienne), [[Over-blog]].com, 14 mai 2011.</ref>. Il est refoulé à l'aéroport, son visa n'étant pas valable<ref>{{lien brisé|url=http://www.lvdpg.com/Cote-Ivoire-Maitre-Verges-refoule-a-Abidjan_a10094.html|site=LVDPG.com|titre=Cote Ivoire : Maitre Vergès refoulé à Abidjan|date=6 Mai 2011}}</ref>. Il aurait néanmoins touché {{unité|100000|€}} avec Roland Dumas pour avoir assuré la défense politique de Laurent Gbagbo jusqu'à son arrestation<ref>{{lien web|url=http://web.archive.org/web/20161113032631/http://www.lexpress.fr/actualite/indiscrets/jacques-verges-et-roland-dumas-ont-touche-100-000-euros_994365.html|site=L'Express.fr|titre=Jacques Vergès et Roland Dumas ont touché {{unité|100000|euros}}|date=24 mai 2011}}</ref>, laquelle a compris la publication d'un livre, ''Crimes et fraudes en Côte d'Ivoire''<ref>[http://llanterne.unblog.fr/2011/04/22/crimes-et-fraudes-en-cote-divoire-conference-de-presse-de-jacques-verges/ « Crimes et fraudes en Côte-d’Ivoire » – Jacques Vergès et Roland Dumas], Blog « La Lanterne », sur ''Unblog.fr'', 22 avril 2011.</ref>{{refins}}.


[[Fichier:Jacques Vergès tombe.jpg|thumb|redresse|Tombe de Jacques Vergès au [[cimetière du Montparnasse]] (division 26).]]
En {{date-|mai 2011}}, il se rend à [[Tripoli (ville de Libye)|Tripoli]] avec Roland Dumas et s'y porte volontaire pour soutenir une plainte des familles des « victimes des bombardements de l'OTAN » contre le président [[Nicolas Sarkozy]], dont le pays participe aux opérations de la coalition internationale en Libye. Il y dénonce une {{Citation|agression brutale contre un pays souverain}}, et affirme qu'il serait prêt à défendre le colonel [[Mouammar Kadhafi]] au cas où il serait jugé par la Cour pénale internationale<ref>[https://www.lemonde.fr/libye/article/2011/05/30/libye-dumas-et-verges-veulent-deposer-plainte-contre-sarkozy_1529149_1496980.html « Libye : Dumas et Vergès veulent déposer plainte contre Sarkozy »], ''Le Monde.fr'' avec [[Agence France-Presse|AFP]], 30 mai 2011.</ref>.
Le {{date-|15 août 2013}}, alors hébergé chez sa compagne Marie-Christine de Solages (1950-2020) à l'[[hôtel de Villette]], Jacques Vergès succombe à une [[Infarctus du myocarde|crise cardiaque]]<ref>[http://www.bfmtv.com/societe/lavocat-jacques-verges-est-mort-a-lage-88-ans-info-bfmtv-582572.html « L'avocat Jacques Vergès est mort à l'âge de 88 ans »], [[BFM TV]].com, 15 août 2013.</ref>{{,}}<ref>[http://www.europe1.fr/France/L-avocat-Jacques-Verges-est-mort-1611393/ « L'avocat Jacques Vergès est mort »], ''[[Europe 1]].fr'', 15 août 2013.</ref> dans la chambre même qui vit mourir [[Voltaire]]<ref>{{Ouvrage|nom1=Dumas, Roland, 1922-|titre=Roland Dumas, le virtuose diplomate : conversations entre confrères avec maître François Dessy.|isbn=978-2-8159-1062-0|isbn2=2-8159-1062-4|oclc=891553823|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/891553823|consulté le=2020-11-17}}</ref>. Son état de santé s'était dégradé dans l'année après une chute, bien que son état intellectuel fût intact<ref name=johannes />{{,}}<ref>{{Lien web | titre=Jacques Vergès est mort dans la chambre de Voltaire | auteur=Jérôme Dupuis | date=16 août 2013 | site=[[L'Express]].fr | url=http://www.lexpress.fr/actualite/societe/justice/jacques-verges-est-mort-dans-la-chambre-de-voltaire_1273701.html}}</ref>.


Ses obsèques sont célébrées le {{date-|20|août|2013}} en l'[[Église Saint-Thomas-d'Aquin (Paris)|église Saint-Thomas-d'Aquin]], par le père [[Alain de la Morandais]], l'un de ses proches amis<ref>{{Lien web | titre=Autour du cercueil de Jacques Vergès se retrouvent ceux qui ne se fréquentent pas | site=[[Le Monde]].fr | date=20 août 2013 | auteur=[[Raphaëlle Bacqué]] | url=https://www.lemonde.fr/societe/article/2013/08/20/autour-du-cercueil-de-jacques-verges-se-retrouvent-ceux-qui-ne-se-frequentent-pas_3464050_3224.html}}</ref>. Jacques Vergès est enterré au [[cimetière du Montparnasse]], à la proximité immédiate du comédien [[Bruno Cremer]]<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Jacques Vergès (1925-2013) - Mémorial Find a... |url=https://fr.findagrave.com/memorial/117395565/jacques-verg%C3%A8s |site=fr.findagrave.com |consulté le=2022-09-27}}</ref>.
Le {{date-|15 août 2013}}, alors hébergé chez sa compagne Marie-Christine de Solages à l'[[hôtel de Villette]], Jacques Vergès succombe à une crise cardiaque<ref>[http://www.bfmtv.com/societe/lavocat-jacques-verges-est-mort-a-lage-88-ans-info-bfmtv-582572.html « L'avocat Jacques Vergès est mort à l'âge de 88 ans »], [[BFM TV]].com, 15 août 2013.</ref>{{,}}<ref>[http://www.europe1.fr/France/L-avocat-Jacques-Verges-est-mort-1611393/ « L'avocat Jacques Vergès est mort »], ''[[Europe 1]].fr'', 15 août 2013.</ref> dans la chambre même qui vit mourir [[Voltaire]]<ref>{{Ouvrage|nom1=Dumas, Roland, 1922-|titre=Roland Dumas, le virtuose diplomate : conversations entre confrères avec maître François Dessy.|isbn=978-2-8159-1062-0|isbn2=2-8159-1062-4|oclc=891553823|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/891553823|consulté le=2020-11-17}}</ref>. Son état de santé s'était dégradé dans l'année après une chute, bien que son état intellectuel fût intact<ref name=johannes />{{,}}<ref>{{Lien web | titre=Jacques Vergès est mort dans la chambre de Voltaire | auteur=Jérôme Dupuis | date=16 août 2013 | site=[[L'Express]].fr | url=http://www.lexpress.fr/actualite/societe/justice/jacques-verges-est-mort-dans-la-chambre-de-voltaire_1273701.html}}</ref>.


Jacques Vergès envisageait de se marier avec sa dernière compagne, Marie-Christine [[Famille de Solages|de Solages]]<ref name="Obs"/>{{,}}<ref>{{Article|titre=Le dernier souper de Jacques Vergès|jour=21|mois=8|année=2013|prénom1=François|nom1=Labrouillère|prénom2=Pascal|nom2=Meynadier|périodique=Paris Match|lien périodique=Paris Match|url=http://www.parismatch.com/Actu/Societe/Le-dernier-souper-de-Jacques-Verges-525056}}</ref>.
Ses obsèques sont célébrées le {{date-|20|août|2013}} en l'[[Église Saint-Thomas-d'Aquin (Paris)|église Saint-Thomas-d'Aquin]], par le père [[Alain de la Morandais]], l'un de ses proches amis<ref>{{Lien web | titre=Autour du cercueil de Jacques Vergès se retrouvent ceux qui ne se fréquentent pas | site=[[Le Monde]].fr | date=20 août 2013 | auteur=[[Raphaëlle Bacqué]] | url=https://www.lemonde.fr/societe/article/2013/08/20/autour-du-cercueil-de-jacques-verges-se-retrouvent-ceux-qui-ne-se-frequentent-pas_3464050_3224.html}}</ref>. Jacques Vergès est enterré au [[cimetière du Montparnasse]], à la proximité immédiate du comédien [[Bruno Cremer]]<ref>https://www.findagrave.com/memorial/117395565/jacques-verg%C3%A8s#view-photo=117038660</ref>.


Vergès meurt ruiné, laissant derrière lui {{unité|600000|euros}} de dettes diverses<ref name="OBS4562">[http://tempsreel.nouvelobs.com/justice/20141110.OBS4562/dumas-dettes-et-amour-les-derniers-jours-de-jacques-verges.html « Dumas, dettes et amour : les derniers jours de Jacques Vergès »], Denis Demonpion pour ''[[Le Nouvel Observateur]]'' - 11 novembre 2014.</ref> : notamment, il ne réglait plus ni ses loyers ni ses impôts<ref name=OBS4562/>. Son vieux compère Roland Dumas confirme : {{Citation|À la fin, je lui prêtais de l'argent. Il en devait au [[fisc]], à la [[Sécurité sociale]]. Il m'appelait pour me demander de l'aider.}}<ref name=OBS4562/>. Le montant de ses obsèques ({{unité|20000|euros}})<ref name=OBS4562/> aurait été réglé par l'[[ordre des avocats de Paris]]<ref name=OBS4562/>. Les deux enfants de l'avocat, Meriem et Lies, renoncent à l'héritage<ref name=OBS4562/>.
Jacques Vergès envisageait de se marier avec sa dernière compagne, Marie-Christine [[Famille de Solages|de Solages]]<ref name="Obs"/>{{,}}<ref>{{Article|titre=Le dernier souper de Jacques Vergès|jour=21|mois=8|année=2013|prénom1=François|nom1=Labrouillère|prénom2=Pascal|nom2=Meynadier|périodique=Paris Match|lien périodique=Paris Match|url=http://www.parismatch.com/Actu/Societe/Le-dernier-souper-de-Jacques-Verges-525056}}</ref>.

Vergès meurt ruiné, laissant derrière lui {{unité|600000|euros}} de dettes diverses<ref name="OBS4562">[http://tempsreel.nouvelobs.com/justice/20141110.OBS4562/dumas-dettes-et-amour-les-derniers-jours-de-jacques-verges.html « Dumas, dettes et amour : les derniers jours de Jacques Vergès »], Denis Demonpion pour ''[[Le Nouvel Observateur]]'' - 11 novembre 2014.</ref> : notamment, il ne réglait plus ni ses loyers ni ses impôts<ref name=OBS4562/>. Son vieux compère Roland Dumas confirme : {{Citation|À la fin, je lui prêtais de l'argent. Il en devait au [[fisc]], à la [[Sécurité sociale]]. Il m'appelait pour me demander de l'aider.}}<ref name=OBS4562/>. Le montant de ses obsèques ({{unité|20000|euros}})<ref name=OBS4562/> aurait été réglé par l'[[ordre des avocats de Paris]]<ref name=OBS4562/>. Les deux enfants de l'avocat, Meriem et Lies, renoncent à l'héritage<ref name=OBS4562/>.


== Publications ==
== Publications ==
* ''Pour Djamila Bouhired'', avec [[Georges Arnaud]], [[Éditions de Minuit]], [[1957]].
* ''Pour Djamila Bouhired'', avec [[Georges Arnaud]], [[Éditions de Minuit]], [[1957]].
* ''Le droit et la colère'', avec Michel Zavrian & Maurice Courrégé, [[Éditions de Minuit]], Paris, coll. « Documents », [[1960]].
* ''Le droit et la colère'', avec Michel Zavrian & Maurice Courrégé, [[Éditions de Minuit]], Paris, coll. « Documents », [[1960]].
* ''Le crime de colonialisme. Colloque de Rome, 2, 3, 4, {{date-|février 1962}}'', in Revue ''[[Les Temps modernes (revue)|Les Temps modernes]]'' (N°190), [[Éditions Gallimard|Gallimard]], Paris, mars [[1962]].
* ''Le crime de colonialisme. Colloque de Rome, 2, 3, 4, {{date-|février 1962}}'', in Revue ''[[Les Temps modernes (revue)|Les Temps modernes]]'' (N°190), [[Éditions Gallimard|Gallimard]], Paris, mars [[1962]].
* ''De la stratégie judiciaire'', [[Éditions de Minuit]], Paris, coll. « Documents », [[1968]].
* ''De la stratégie judiciaire'', [[Éditions de Minuit]], Paris, coll. « Documents », [[1968]].
* ''Pour les fidayine. La résistance palestinienne'', [[Éditions de Minuit]], Paris, coll. « Documents », Paris, [[1969]].
* ''Pour les fidayine. La résistance palestinienne'', [[Éditions de Minuit]], Paris, coll. « Documents », Paris, [[1969]].
* ''Agenda'', Paris, Simoen, [[1979]]<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Jacques|nom1=Vergès (1925-2013)|titre=Agenda|date=1979|lire en ligne=https://data.bnf.fr/fr/temp-work/f045c69d15c0a66981977b2d736c8633/|consulté le=2021-05-18}}</ref>
* ''Agenda'', Paris, Simoen, [[1979]]<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Jacques|nom1=Vergès (1925-2013)|titre=Agenda|date=1979|lire en ligne=https://data.bnf.fr/fr/temp-work/f045c69d15c0a66981977b2d736c8633/|consulté le=2021-05-18}}</ref>
* ''Pour en finir avec Ponce Pilate'', [[Le Pré aux clercs]], [[1er novembre|{{1er}} novembre]] [[1983]]
* ''Pour en finir avec Ponce Pilate'', [[Le Pré aux clercs]], [[1er novembre|{{1er}} novembre]] [[1983]]
* ''La Face cachée du procès Barbie. Compte-rendu des débats de Ligoure'' (avec [[Étienne Bloch]]), S. Tastet, coll. « Formule rompue », [[1983]]
* ''La Face cachée du procès Barbie. Compte-rendu des débats de Ligoure'' (avec [[Étienne Bloch]]), S. Tastet, coll. « Formule rompue », [[1983]]
* ''Beauté du crime'', [[Plon]], Paris [[1988]]
* ''Beauté du crime'', [[Plon]], Paris [[1988]]
* ''Je défends Barbie'' (préface de [[Jean-Edern Hallier]]), [[Jean Picollec]], Paris, coll. « Documents dossiers », [[1988]]
* ''Je défends Barbie'' (préface de [[Jean-Edern Hallier]]), [[Jean Picollec]], Paris, coll. « Documents dossiers », [[1988]]
* ''Le Salaud lumineux'', [[Michel Lafon]], [[1er janvier|{{1er}} janvier]] [[1990]]
* ''Le Salaud lumineux'', [[Michel Lafon]], [[1er janvier|{{1er}} janvier]] [[1990]]
* ''La Justice est un jeu'', [[Éditions Albin Michel]], {{Date|27|février|1992}}
* ''La Justice est un jeu'', [[Éditions Albin Michel]], {{Date|27|février|1992}}
* ''Lettre ouverte à des amis algériens devenus tortionnaires'', [[Éditions Albin Michel]], coll. « Lettre ouverte », {{Date|28|octobre|1993}}
* ''Lettre ouverte à des amis algériens devenus tortionnaires'', [[Éditions Albin Michel]], coll. « Lettre ouverte », {{Date|28|octobre|1993}}
* ''Mon Dieu pardonnez-leur'', [[Michel Lafon]], [[1er novembre|{{1er}} novembre]] [[1995]]
* ''Mon Dieu pardonnez-leur'', [[Michel Lafon]], [[1er novembre|{{1er}} novembre]] [[1995]]
* ''Intelligence avec l'ennemi'', [[Michel Lafon]], [[1er janvier|{{1er}} janvier]] [[1996]]
* ''Intelligence avec l'ennemi'', [[Michel Lafon]], [[1er janvier|{{1er}} janvier]] [[1996]]
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* ''Avocat du diable, avocat de Dieu'' (entretiens avec [[Alain Maillard de La Morandais|Alain de La Morandais]]), [[Paris]] : [[Presses de la Renaissance]], 2000 {{ISBN|978-2-85616787-8}}
* ''Avocat du diable, avocat de Dieu'' (entretiens avec [[Alain Maillard de La Morandais|Alain de La Morandais]]), [[Paris]] : [[Presses de la Renaissance]], 2000 {{ISBN|978-2-85616787-8}}
* ''Un procès de la barbarie à Brazzaville'' (coauteur avec Dior Diagne), [[Jean Picollec]], {{Date|15|septembre|2000}}
* ''Un procès de la barbarie à Brazzaville'' (coauteur avec Dior Diagne), [[Jean Picollec]], {{Date|15|septembre|2000}}
* ''Noir silence, blancs mensonges'', Jean Picollec, Paris, 2001
* ''Les Sanguinaires : sept affaires célèbres'', [[J'ai lu]], {{Date|26|février|2001}}
* ''Les Sanguinaires : sept affaires célèbres'', [[J'ai lu]], {{Date|26|février|2001}}
* ''Omar m'a tuer - histoire d'un crime'', [[J'ai lu]], {{Date|21|mars|2001}}
* ''Omar m'a tuer - histoire d'un crime'', [[J'ai lu]], {{Date|21|mars|2001}}
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* ''Justice pour le peuple serbe'', [[Éditions L'Âge d'Homme|L'Âge d'Homme]], coll. « Collection Objections », [[1er mars|{{1er}} mars]] [[2003]]
* ''Justice pour le peuple serbe'', [[Éditions L'Âge d'Homme|L'Âge d'Homme]], coll. « Collection Objections », [[1er mars|{{1er}} mars]] [[2003]]
* ''La Démocratie à visage obscène : le vrai catéchisme de George W. Bush'', [[La Table ronde]], {{Date|7|octobre|2004}}
* ''La Démocratie à visage obscène : le vrai catéchisme de George W. Bush'', [[La Table ronde]], {{Date|7|octobre|2004}}
* ''Les Crimes d'État'', [[Plon]], {{Date|25|mars|2004}}
* ''Les Crimes d'État et comédie judiciaire'', [[Plon]], {{Date|25|mars|2004}}
* ''Passent les jours et passent les semaines : Journal de l'année 2003-2004'', [[Plon]], {{Date|10|février|2005}}
* ''Passent les jours et passent les semaines : Journal de l'année 2003-2004'', [[Plon]], {{Date|10|février|2005}}
* ''Jacques Vergès, l'anticolonialiste'' (entretiens avec Philippe Karim Felissi), [[Paris]] : le Félin, coll. « Histoire et sociétés », [[2005]], 116 p. {{ISBN|2-86645-584-3}}
* ''Jacques Vergès, l'anticolonialiste'' (entretiens avec Philippe Karim Felissi), [[Paris]] : le Félin, coll. « Histoire et sociétés », [[2005]], 116 p. {{ISBN|2-86645-584-3}}
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* ''De mon propre aveu'', Éditions [[Pierre-Guillaume de Roux]], 2013 {{ISBN|978-2-36371-053-6}}
* ''De mon propre aveu'', Éditions [[Pierre-Guillaume de Roux]], 2013 {{ISBN|978-2-36371-053-6}}


== Dans la culture populaire ==
== À l'écran ==
* Dans le film ''[[Carlos (film, 2010)|Carlos]]'' ([[2010 au cinéma|2010]]) d'[[Olivier Assayas]], le personnage de Jacques Vergès est interprété par [[Nicolas Briançon]].
* Dans le film ''[[Carlos (film, 2010)|Carlos]]'' ([[2010 au cinéma|2010]]) d'[[Olivier Assayas]], le personnage de Jacques Vergès est interprété par [[Nicolas Briançon]].
* Dans le film ''[[Omar m'a tuer (film)|Omar m'a tuer]]'' ([[2011 au cinéma|2011]]) de [[Roschdy Zem]], le personnage de Jacques Vergès est interprété par [[Maurice Bénichou]].
* Dans le film ''[[Omar m'a tuer (film)|Omar m'a tuer]]'' ([[2011 au cinéma|2011]]) de [[Roschdy Zem]], le personnage de Jacques Vergès est interprété par [[Maurice Bénichou]].
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* [[2007]] : ''[[L'Avocat de la terreur]]''<ref> {{pdf}} [http://affif-sitepublic-media-prod.s3-website-eu-west-1.amazonaws.com/pdf/0001/45/a17c132294d6fb2fe6df0f30fe3c928278929184.pdf Dossier de presse du film de Barbet Schroeder : ''l'avocat de la terreur''] sur [https://www.festival-cannes.com/fr/films/the-terror-s-advocate festival-cannes.fr] (2007).</ref>, documentaire de [[Barbet Schroeder]], sorti en France le {{date-|6 juin 2007}}<ref group = "note" >Ce film a été sélectionné dans la catégorie [[Un certain regard]] du [[Festival de Cannes 2007|{{60e}} festival international du Film de Cannes 2007]] et a remporté le César 2008 du meilleur documentaire</ref>.
* [[2007]] : ''[[L'Avocat de la terreur]]''<ref> {{pdf}} [http://affif-sitepublic-media-prod.s3-website-eu-west-1.amazonaws.com/pdf/0001/45/a17c132294d6fb2fe6df0f30fe3c928278929184.pdf Dossier de presse du film de Barbet Schroeder : ''l'avocat de la terreur''] sur [https://www.festival-cannes.com/fr/films/the-terror-s-advocate festival-cannes.fr] (2007).</ref>, documentaire de [[Barbet Schroeder]], sorti en France le {{date-|6 juin 2007}}<ref group = "note" >Ce film a été sélectionné dans la catégorie [[Un certain regard]] du [[Festival de Cannes 2007|{{60e}} festival international du Film de Cannes 2007]] et a remporté le César 2008 du meilleur documentaire</ref>.
* 2008 : ''Jacques Vergès, moi, moi, moi'', 52 minutes, réalisé par [[Simon Thisse]], produit par [[France 5]] et la [[Société européenne de production]].
* 2008 : ''Jacques Vergès, moi, moi, moi'', 52 minutes, réalisé par [[Simon Thisse]], produit par [[France 5]] et la [[Société européenne de production]].

== Distinctions ==
* {{Déco COOM}} (1982)<ref>{{Article |titre=Décret n° 82/6/2 du 15 janvier 1982 portant à titre exceptionnel et étranger dans l'ordre du Mono |périodique=Journal officiel de la République togolaise |date=16 juillet 1982 |lire en ligne=http://jo.gouv.tg/sites/default/files/annee_txt/1982/Pages%20from%20jo_1982-020-2.pdf |consulté le=4 juin 2023 |format=pdf}}.</ref>


== Notes et références ==
== Notes et références ==
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* [[Bernard Violet]] avec Robert Jégaden, ''Vergès, le maître de l'ombre'', Seuil, coll. L'épreuve des faits, {{date-|7 janvier 2000}}, 285 p. {{ISBN|2-02-031440-1}} {{commentaire|Le {{Date|26|avril|2000}}, la [[Cour d'appel de Paris]] déboute Jacques Vergès de son action à l'encontre de cette biographie.}}
* [[Bernard Violet]] avec Robert Jégaden, ''Vergès, le maître de l'ombre'', Seuil, coll. L'épreuve des faits, {{date-|7 janvier 2000}}, 285 p. {{ISBN|2-02-031440-1}} {{commentaire|Le {{Date|26|avril|2000}}, la [[Cour d'appel de Paris]] déboute Jacques Vergès de son action à l'encontre de cette biographie.}}
* {{Ouvrage|prénom1=Yves|nom1=Courrière|titre=La Guerre d'Algérie T1 - (1954-1957)|éditeur=[[Librairie Arthème Fayard|Fayard]]|année=2005|pages totales=947|isbn=978-2-213-61118-1|format livre=réédition en 2 tomes}}
* {{Ouvrage|prénom1=Yves|nom1=Courrière|titre=La Guerre d'Algérie T1 - (1954-1957)|éditeur=[[Librairie Arthème Fayard|Fayard]]|année=2005|pages totales=947|isbn=978-2-213-61118-1|format livre=réédition en 2 tomes}}
* [[Jean-Charles Chapuzet]] et Guillaume Martinez, ''Vergès, une nuit avec le diable'', bande dessinée, Glénat, 2022.


=== Articles connexes ===
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Dernière version du 28 juin 2024 à 06:05

Jacques Vergès
Jacques Vergès en 2011.
Fonctions
Premier secrétaire de la Conférence
-
Président
Union internationale des étudiants
-
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Nom de naissance
Jacques Camille Raymond VergèsVoir et modifier les données sur Wikidata
Surnoms
Le Salaud lumineux, L'avocat de la terreur, L'avocat du diableVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalités
Domicile
Formation
Activités
Famille
Père
Mère
Kang Pham-Thi (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Fratrie
Conjoint
Djamila Bouhired (de à )Voir et modifier les données sur Wikidata
Parentèle
Autres informations
Parti politique
Membre de
Conflits

Jacques Vergès, né le au Laos, officiellement le à Ubon Ratchathani, au Siam (actuelle Thaïlande)[note 1], et mort le à Paris, est un avocat, militant politique et écrivain franco-algérien.

Après avoir été résistant, il devient célèbre en raison de ses convictions anticolonialistes (il défend puis épouse Djamila Bouhired, militante du FLN) et pour avoir été l'avocat de personnes ayant commis des crimes particulièrement graves, telles que le nazi Klaus Barbie, jugé à Lyon en 1987, ou le terroriste international Carlos.

Biographie[modifier | modifier le code]

Enfance et adolescence[modifier | modifier le code]

Fils du docteur Raymond Vergès, consul de France à Ubon Ratchathani (Siam) et de Pham Thi Khang, institutrice vietnamienne, Jacques Camille Raymond Vergès est le frère aîné (ou demi-frère)[1] de l'homme politique Paul Vergès[note 2],[2]. Un des biographes de Jacques Vergès, Bernard Violet, a révélé que son père aurait fait un faux en déclarant la naissance des deux frères le même jour (5 mars 1925) alors qu’ils avaient en réalité une année d’écart, Jacques Vergès étant sans doute né le , non au Siam comme son frère, mais au Laos ; Raymond Vergès aurait profité de sa position de consul pour réaliser un « vrai-faux » état civil, afin de cacher une relation adultère avec Pham Thi Khang, alors que sa première épouse Jeanne-Marie Daniel, avec qui il avait déjà deux enfants, était encore vivante (elle meurt en 1923). L'intéressé a toujours entretenu le mystère sur sa réelle date de naissance[3],[4].

Membres notables de la famille Vergès



 
 
Raymond Vergès
18821957
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Jacques Vergès
19242013
 
Paul Vergès
19252016
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Françoise Vergès
1952
 
Laurent Vergès
19551988
 
 
Pierre Vergès
1958

À compter de la mort de leur mère, survenue alors qu'il a trois ans en 1928 et jusqu'au retour de son père à La Réunion en 1932, il est élevé par sa tante paternelle avec son frère Paul[5],[6],[7]. Durant cette période, il vit à La Réunion, où une partie de ses ancêtres sont établis depuis la fin du XVIIe siècle et effectue parfois depuis cette île quelques brefs séjours à Madagascar. La famille s'installe d'abord à Saint-Denis, puis à Hell-Bourg et enfin à Saint-André.

Il est sensibilisé très tôt à la politique : à l'âge de douze ans, il participe avec son frère à un grand défilé du Front populaire qui le marque, au Port. Sa jeunesse est en outre l'occasion de fréquenter de futurs dirigeants. Enfant, il a pour camarade de classe Monique Payet, fille de Roger Payet, président du Conseil général de 1949 à 1966[8] et future épouse de l'homme politique Pierre Lagourgue. Plus tard, il est scolarisé au lycée Leconte-de-Lisle, dans la même classe que Raymond Barre, à qui il dispute, sans succès, la place de premier[9].

Il obtient son baccalauréat à seize ans et sa première année de droit l'année suivante. Il quitte la Réunion à dix-sept ans et demi pour s'engager dans la Résistance, en 1942, puis passe en Angleterre, où il s'engage dans les Forces françaises libres (FFL), le . Plusieurs fois médaillé, il se bat notamment en Italie puis en France, avec le rang de sous-officier. Il reste toujours profondément gaulliste et attaché à la personne du général de Gaulle : il est qualifié de « gaullo-communiste », idéologiquement.

Engagement politique et formation[modifier | modifier le code]

Arrivé à Paris, Jacques Vergès adhère, en 1945, au Parti communiste français (PCF). Le , Alexis de Villeneuve, qui se présente aux élections législatives sous l'étiquette MRP face à son père, Raymond Vergès, est assassiné d'un coup de revolver devant la cathédrale de Saint-Denis de La Réunion. L'arme utilisée appartient à Raymond Vergès[9]. L'année suivante, Paul Vergès est condamné à cinq ans de prison avec sursis pour blessures mortelles sans intention de donner la mort. Les circonstances de cet assassinat ne sont pas élucidées ; l'hypothèse que Paul Vergès ait cherché à protéger son frère Jacques — qui serait le véritable assassin — circule, d'autant plus que celui-ci quitte La Réunion à la suite de cet épisode[9].

En 1950, Jacques Vergès est élu à Prague membre du bureau du Congrès de l'Union internationale des étudiants comme représentant de la Réunion et non de la France[10], ce qui lui vaut quelques remarques du PCF. En 1952, il devient secrétaire du mouvement, où, sous l'impulsion du soviétique Alexandre Chélépine, futur chef du KGB[11], il pousse les feux de l'anticolonialisme. Il reste sur place jusqu'en 1954. Il y obtient sa deuxième année de droit. De retour en métropole, il obtient sa troisième année en 1955. Il s'inscrit alors au barreau de Paris après avoir passé le CAPA. L'année suivante, il se présente au concours de la conférence du barreau de Paris, appelé aussi concours de la conférence du stage et devient premier secrétaire de la conférence (promotion 1956-1957), où il rencontre Edgar Faure et Gaston Monnerville, entre autres.

Engagement pour l'indépendance de l'Algérie[modifier | modifier le code]

Se qualifiant de « petit agitateur anticolonialiste au Quartier latin », il est à la tête de l'association des étudiants réunionnais, où il se lie d'amitié avec le Tunisien Mohamed Masmoudi et les futurs chefs khmers rouges Saloth Sâr (plus connu ensuite sous le nom de Pol Pot) et Khieu Samphân, dont il reconnait avoir « participé, dans un certain sens, à la politisation »[12],[2]. Proche de la Fédération des étudiants d'Afrique noire en France, il y soutient, à l'occasion de son 5e congrès, en , dans un débat qui l'oppose au député sénégalais Senghor, l'unité et l'internationalisme dans la lutte pour l'indépendance plutôt que la création d'organes législatifs dans chaque colonie et remporte le soutien de l'association[13]. Le jeune avocat demande au PCF et au PSU de s'occuper d'affaires en Algérie.

Il milite pour le Front de libération nationale (FLN) et défend leurs combattants, se voyant ainsi surnommé « Mansour » (« le victorieux »)[14]. Il est notamment l'avocat de l'emblématique Djamila Bouhired, militante du FLN capturée par les parachutistes français, torturée puis jugée et condamnée à mort pour attentat à la bombe durant la bataille d'Alger, notamment au Milk-Bar (cinq morts et soixante blessés, dont beaucoup de civils). Il écope d'un an de suspension pour indiscipline[15] en 1961[2] et réchappe d'une tentative d'assassinat[16]. Sa cliente devient pour quelques années son épouse[17] et ils ont deux enfants : Meriem (née en 1967) et Liess (né en 1969)[note 3] ; il se convertit également à l'islam[18], avant de retourner au catholicisme[réf. nécessaire]. Il quitte le PCF en 1957, jugeant le parti « trop tiède » sur la question algérienne[3].

À l'indépendance de l'Algérie, en 1962, Jacques Vergès s'installe à Alger, prend la nationalité algérienne[19] et devient le chef de cabinet du ministre des Affaires étrangères. Il fonde alors avec Djamila Bouhired, sa femme, une revue tiers-mondiste financée par le FLN, Révolution africaine. Jacques Vergès rencontre Mao Zedong en et se rallie très rapidement aux thèses maoïstes. Il est alors destitué de ses fonctions et doit rentrer à Paris. Au mois de septembre, il crée une nouvelle revue, Révolution, qui est alors le premier journal maoïste publié en France. En 1965, la destitution du président Ben Bella permet à Jacques Vergès de rentrer en Algérie. Il met fin alors à la revue Révolution. Il est avocat à Alger jusqu'en 1970.

Carrière d'avocat[modifier | modifier le code]

Le premier dossier que Jacques Vergès a géré en tant qu'avocat concerne la Sonacotra. Il s'engage dans une « défense de rupture » (appelée aussi « stratégie de rupture »), plutôt que ce qu'il appelle la « défense de connivence », qui était classiquement plaidée : l'accusé se fait accusateur, considère que le juge n'a pas compétence ou que le tribunal n'a pas la légitimité, prend l'opinion à témoin. La défense de rupture se distingue également de la « présence offensive », développée par Bernard Ripert. Si cette méthode est peu efficace sur le plan judiciaire, elle participe à créer un courant de sympathie dans l'opinion : cela lui a notamment permis, lors de la guerre d'Algérie, d'éviter la peine de mort à plusieurs de ses clients, même s'ils écopent de lourdes peines. Concernant sa postérité, les nouveaux moyens de communication ont rendu la technique obsolète[20].

Depuis, au carrefour du politique et du judiciaire, Jacques Vergès a associé son nom à de nombreux procès médiatisés, notamment ceux des personnalités suivantes :

Il déclare à plusieurs reprises que « plus l'accusation est lourde, plus le devoir de défendre est grand, comme un médecin doit soigner tout le monde » et se dit prêt à défendre des personnalités comme George W. Bush ou Ariel Sharon, à condition qu'ils plaident coupables[3] (et ce alors qu'il défendit, par exemple, Klaus Barbie qui refusa obstinément de reconnaître ses crimes, refusant même d'assister à son procès). Il apparaît souvent mis en scène dans son bureau en bois de fer, véritable bric-à-brac décoré de nombreux objets africains et notamment de lithographies d'Antoine Louis Roussin. Il est par ailleurs collectionneur de jeux d'échecs.

Disparition inexpliquée[modifier | modifier le code]

De 1970 à 1978, Jacques Vergès disparaît. Il a toujours entretenu le mystère sur cette période.

Aux journalistes qui lui demandaient s'il était au Liban, à Moscou ou s'il travaillait pour les Khmers rouges au Cambodge, il a répondu qu'il était « très à l'est de la France » et « avec des amis qui sont encore vivants, dont certains ont des responsabilités importantes. »

« Les événements, ajoute-t-il, que nous avons vécus ensemble sont connus. C'est notre rôle qui ne l'est pas ; non pas réellement le mien, qui fut modeste, mais le leur. Il ne m'appartient pas d'en parler[29],[3]. »

Bernard Violet, l'un de ses biographes controversés, avance l'hypothèse d'une affaire de gros sous au Katanga (qui n'est cependant pas « très à l'est de la France »). Le juge Thierry Jean-Pierre, qui a écrit un livre sur les frères Vergès, argue d'une fuite en avant : « À l'époque, il est mal. Michel Debré veut sa peau, et le Mossad veut le tuer, car il défend des Palestiniens. Il part du jour au lendemain, en Asie, agent des services secrets chinois. Ils l'utilisent au Cambodge et au Viêt Nam[réf. à confirmer][30]. » Robert Chaudenson estime, quant à lui, que « si les menaces qu'il craignait étaient venues, par exemple, du Mossad, comme certains l'ont supposé, on connaît assez le personnage pour savoir que, depuis bien longtemps, il l'aurait proclamé urbi et orbi, dans tous les médias dont il est si familier et si friand[31]. »

Dans le documentaire L'Avocat de la terreur, de Barbet Schroeder, Jacques Vergès reconnaît avoir ponctuellement séjourné incognito à Paris pendant cette période. Le cinéaste retient également la thèse d'un problème financier personnel comme seule cause de sa disparition. Toujours est-il que, lorsqu'il reparaît à Paris en 1978, il dispose de moyens financiers importants, dont l'origine est inconnue. En 2017, le réalisateur affirme qu'il a séjourné avec le chef terroriste Wadie Haddad, en Palestine[32].

Dans une interview accordée au Point en , Jacques Vergès déclare :

« Un soir de mars, ma porte s'est ouverte et le vent m'a soufflé : « Pars ! » Et je suis parti pour des aventures qui ont duré neuf ans. […] J'étais un peu partout. Parti vivre de grandes aventures qui se sont soldées en désastre. Nombre de mes amis sont morts, et, pour les survivants, un pacte de silence me lie à eux[33]. »

La même année, dans une longue interview au journal Sud Ouest, Jacques Vergès donne davantage de précisions ː

« J'étais un peu partout pendant ces années, en rapport avec le fils Bhutto, avec Camilo Torres, avec Salameh, l'auteur présumé des attentats des JO de Munich, qui me considérait comme un grand avocat et un ami. Je n'étais pas avec Pol Pot[34]. »

Son ami Roland Dumas, cité dans le journal Le Monde daté du , affirme que, vers la fin de sa vie, Jacques Vergès lui a confié être parti « en Chine », sans plus de précisions, toutes ces années-là[35].

Selon l'avocat Emmanuel Ludot dans un entretien daté du , il a séjourné longuement à Cuba durant ces années-là[36].

Selon l'avocat François Gibault, Jacques Vergès a détruit toutes les archives relatives à sa période de disparition[37].

Durant son absence, Djamila Bouhired obtient le divorce[38].

Reprise d'activité et mort[modifier | modifier le code]

Jacques Vergès au théâtre de la Madeleine, à Paris, en 2008.

En 2002, il qualifie l'ancien dirigeant serbe Slobodan Milošević d'« extrêmement sympathique »[39]. En , il apporte son soutien en personne à Tomislav Nikolić, dirigeant nationaliste du Parti radical serbe[40]. La même année, il débute au théâtre, dans Serial Plaideur, au théâtre de la Madeleine, à Paris[41].

En , il se rend en Côte d'Ivoire, avec Roland Dumas, apporter son soutien à Laurent Gbagbo, dont il est l'avocat, à la suite de l'élection présidentielle et la reconnaissance d'Alassane Ouattara comme Président par la communauté internationale. Il est cependant écarté de la défense de l'ancien président et de son épouse, vraisemblablement pour avoir fait preuve de légèreté lors de son déplacement à Abidjan, le , pour assister à la première audition de Laurent Gbagbo[42]. Il est refoulé à l'aéroport, son visa n'étant pas valable[43]. Il aurait néanmoins touché 100 000  avec Roland Dumas pour avoir assuré la défense politique de Laurent Gbagbo jusqu'à son arrestation[44], laquelle a compris la publication d'un livre, Crimes et fraudes en Côte d'Ivoire[45][source insuffisante].

En , il se rend à Tripoli avec Roland Dumas et s'y porte volontaire pour soutenir une plainte des familles des « victimes des bombardements de l'OTAN » contre le président Nicolas Sarkozy, dont le pays participe aux opérations de la coalition internationale en Libye. Il y dénonce une « agression brutale contre un pays souverain », et affirme qu'il serait prêt à défendre le colonel Mouammar Kadhafi au cas où il serait jugé par la Cour pénale internationale[46].

Tombe de Jacques Vergès au cimetière du Montparnasse (division 26).

Le , alors hébergé chez sa compagne Marie-Christine de Solages (1950-2020) à l'hôtel de Villette, Jacques Vergès succombe à une crise cardiaque[47],[48] dans la chambre même qui vit mourir Voltaire[49]. Son état de santé s'était dégradé dans l'année après une chute, bien que son état intellectuel fût intact[2],[50].

Ses obsèques sont célébrées le en l'église Saint-Thomas-d'Aquin, par le père Alain de la Morandais, l'un de ses proches amis[51]. Jacques Vergès est enterré au cimetière du Montparnasse, à la proximité immédiate du comédien Bruno Cremer[52].

Jacques Vergès envisageait de se marier avec sa dernière compagne, Marie-Christine de Solages[15],[53].

Vergès meurt ruiné, laissant derrière lui 600 000 euros de dettes diverses[54] : notamment, il ne réglait plus ni ses loyers ni ses impôts[54]. Son vieux compère Roland Dumas confirme : « À la fin, je lui prêtais de l'argent. Il en devait au fisc, à la Sécurité sociale. Il m'appelait pour me demander de l'aider. »[54]. Le montant de ses obsèques (20 000 euros)[54] aurait été réglé par l'ordre des avocats de Paris[54]. Les deux enfants de l'avocat, Meriem et Lies, renoncent à l'héritage[54].

Publications[modifier | modifier le code]

À l'écran[modifier | modifier le code]

Documentaires[modifier | modifier le code]

Distinctions[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Cette date est celle de l'état-civil, ce qui fait de Jacques Vergès le jumeau de son frère Paul. Mais l'intéressé penche pour une naissance datée d'un an plus tôt, le , à Savannakhet dans l'actuel Laos, et a établi une déclaration conjointe une année plus tard avec son frère Cf. « Les mille et une vies de Me Vergès », L'Express, .
  2. D'après son biographe Bernard Violet, Jacques Vergès serait peut-être né le 20 avril 1924 et n'aurait été déclaré en même temps que son frère que le 5 mars 1925 (Johannès 2013)
  3. Le , il a une petite-fille, Fatima Nur Arcanys Vergès Habboub, du côté de sa fille Meriem et du mari de celle-ci, Fouad
  4. Ce film a été sélectionné dans la catégorie Un certain regard du 60e festival international du Film de Cannes 2007 et a remporté le César 2008 du meilleur documentaire

Références[modifier | modifier le code]

  1. Nécrologie de Paul Vergès sur le site Le Monde.fr. La mort du sénateur Paul Vergès remet au jour le mystère entretenu par leur père sur la naissance des deux garçons.
  2. a b c et d Franck Johannès, « Mort de Jacques Vergès, avocat brillant, redouté et parfois haï », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  3. a b c et d « Défendre Bush et Sharon ? Pourquoi pas ? », L'Express, .
  4. « Le dernier souper de Jacques Vergès », sur Paris Match, (consulté le )
  5. Jacques Vergès et Jean-Louis Remilleux, Le salaud lumineux : conversations avec Jean-Louis Remilleux, Librairie générale française, , 412 p. (ISBN 978-2-253-05893-9)
  6. « Paul Vergès » sur le site de l'Assemblée nationale
  7. « Raymond Vergés. Médecin et homme politique. Maire, Député », sur mi-aime-a-ou.com (consulté le )
  8. « LAGOURGUE Pierre. », sur Réunionnais du Monde (consulté le )
  9. a b et c Voir sur lepoint.fr.
  10. François Buy, Les Étudiants selon Saint-Marx, Paris, Les éditions municipales, 10 mars 1967.
  11. Giovanni Catelli, « Jacques Vergès, Camus et le KGB », L'inactuelle,‎ (lire en ligne)
  12. « http://www.cambodgesoir.info/content.php?itemid=35138&p »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?) Dans le journal allemand Der Spiegel rapporté par le site Cambodge Soir, 25 novembre 2008.
  13. Amzat Boukari-Yabara, Africa Unite, une histoire du panafricanisme,, La Découverte, , p. 173
  14. Jacques Vergès, Lettre ouverte à des amis algériens devenus tortionnaires, Albin Michel, 1993, p. 15 et 110.
  15. a et b Céline Cabourg et Vincent Monnier, « Roland Dumas : "Ce qui est droit, c'est emmerdant !" », nouvelobs.com, 1er décembre 2013.
  16. Vincent Nouzille, Les tueurs de la République : assassinats et opérations spéciales des services secrets, Paris, Fayard, , 347 p. (ISBN 978-2-213-67176-5)
  17. « Bouteflika rend hommage à Jacques Vergès », Sipa Media avec AFP, Le Point.fr, 18 août 2013.
  18. Stéphanie Durand-Souffland, « Jacques Vergès, : l'ombre ultime d'un guerrier en robe noire », Le Figaro, samedi 17 / dimanche 18 août 2013, page 7.
  19. Robert Chaudenson, Vergès Père, frères & fils: Une saga réunionnaise, L'Harmattan, 2007, 291 p. (ISBN 9782296036901) p. 33 ; Bernard Violet, Vergès: le maître de l'ombre, Seuil, 2000, 285 p. (ISBN 9782020314404) p. 145 ; Albert Weber, L'Émigration réunionnaise en France, L'Harmattan, 1994, 447 p. (ISBN 9782738422026) p. 285.
  20. Stéphane Durand-Souffland, « Le théoricien d'une "rupture" passée de mode », Le Figaro, samedi 17 / dimanche 18 août 2013, page 7.
  21. « Plaidoirie de Maître Jacques Vergès - Procès Barbie - Lyon 1987 - Partie 1 », sur Youtube, 20 décembre 2012 (consulté le 17 janvier 2017).
  22. [PDF] « Groupe d’action judiciaire de la FIDH - république du Congo, Affaire des disparus du Beach », Fidh.org (consulté le 17 janvier 2017).
  23. « http://www.humanite.presse.fr/journal/1990-11-21/1990-11-21-805627 »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur Humanite.presse.fr
  24. « http://www.humanite.presse.fr/journal/1993-11-15/1993-11-15-688267 »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur Humanite.presse.fr
  25. (en) « French Lawyer to Defend Ex-Khmer Rouge Leader »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur Genocidewatch.org
  26. « Regards et miroirs de la CITE Sénégalaise »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur blog.france2.fr,
  27. « Les avocats de la famille d'Ivan demandent l'ouverture d'une information judiciaire », Le Monde, .
  28. « Pour Pierre Moscovici, la France n'a pas à "être en première ligne" en Côte d'Ivoire », Le Monde.fr (avec AFP), 28 octobre 2010.
  29. Gilles Gaetner, « Les mille et une vies de Me Vergès »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur L'Express.fr,
  30. Thierry Jean-Pierre, Vergès et Vergès : de l'autre côté du miroir, Jean-Claude Lattès, 2000, 286 p. (ISBN 9782709621014).
  31. Chaudenson 2007, p. 178
  32. Barbet Schroeder révèle où avait disparu Maître Vergès pendant huit ans, Clique
  33. Jamila Aridj, « VIDÉO. Jacques Vergès, l'homme aux mille vies », sur Le Point, (consulté le )
  34. Jean-Charles Chapuzet, « Jacques Vergès s'était confié à Sud Ouest Dimanche : "J'aurais dû crever cent fois, mais on m'a raté" », Sud Ouest,‎ (ISSN 1760-6454, lire en ligne, consulté le )
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  36. « Me Ludot révèle où se cachait Me Vergès », sur Dailymotion.com, 1er avril 2015.
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Annexes[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]