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« Effet Mpemba » : différence entre les versions

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{{Voir homonymes|Mpemba}}
{{Voir homonymes|Mpemba}}
[[Fichier:Mpemba-time-temperature.svg|vignette|Temps pris par une masse d'eau pour atteindre la température de {{tmp|0|°C}}, en fonction de sa température initiale, toutes choses étant égales par ailleurs.]]


L’'''effet Mpemba''' serait<ref group="note">Le conditionnel est ici utilisé car cet effet est sujet à débat au sein de la communauté scientifique. S'il est accepté semble-t-il par une majorité, certains le réfutent, tandis que des débats existent sur la méthode scientifique et les conditions initiales des expériences menées (voir l'étude parue en 2020 plus bas).</ref> un phénomène faisant que l’[[eau]] chaude gèle plus vite que l’eau froide dans des conditions de refroidissement similaires.
L''''effet Mpemba''' est une constatation empirique selon laquelle l’[[eau]] chaude gèlerait<ref group="note">Le conditionnel est ici utilisé car cet effet est sujet à débat au sein de la communauté scientifique. S'il est accepté semble-t-il par une majorité, certains le réfutent, tandis que des débats existent sur la méthode scientifique et les conditions initiales des expériences menées (voir l'étude parue en 2020 plus bas).</ref> plus vite que l’eau froide dans des conditions de refroidissement similaires.

Cet effet est aussi parfois nommé « paradoxe Mpemba » car l'eau doit obligatoirement repasser par une température inférieure en refroidissant, et prendre {{lang|la|a priori}} plus de temps à refroidir qu'à une température plus basse.
Cet effet est aussi parfois nommé « paradoxe Mpemba » car l'eau doit obligatoirement repasser par une température inférieure en refroidissant, et prendre {{lang|la|a priori}} plus de temps à refroidir qu'à une température plus basse.
Ce phénomène n'est pas systématique et n'apparaît que sous certaines conditions.
Ce phénomène n'est pas systématique et n'apparaît que sous certaines conditions.


Supposément connu depuis l'[[Antiquité]], cet effet a été redécouvert en [[1963 en science|1963]] par un élève du [[tanganykia]], [[Erasto Mpemba]], et diffusé dans la communauté scientifique à partir de cette date{{sfn|Courty|Kierlik|2010|p=78}}.
Supposément connu depuis l'[[Antiquité]], cet effet a été redécouvert en [[1963 en science|1963]] par un élève [[tanzanie]]n, [[Erasto Mpemba]], et diffusé dans la [[communauté scientifique]] à partir de cette date{{sfn|Courty|Kierlik|2010|p=78}}.


== Histoire ==
== Histoire ==

=== Origines revendiquées ===
=== Origines revendiquées ===
L'effet aurait été connu de savants de l’Antiquité, tel [[Aristote]]<ref>[http://classics.mit.edu/Aristotle/meteorology.1.i.html Aristote, ''Meteorologie'' {{nobr|350 {{Av JC}}}}].</ref>. Celui-ci décrit un effet similaire et l'attribue à l’''antiperistasis'', qu’il définit comme {{citation|l'amélioration d’une qualité due à un entourage de qualité opposée}}. Aristote, cependant, utilisait ce terme d’une façon assez générale, pour expliquer par exemple la température constante du corps humain, phénomène qui sera expliqué bien plus tard et qui prouvera la fausseté des théories du savant grec.
L'effet aurait été connu de savants de l’Antiquité, tel [[Aristote]]<ref>{{en}} [http://classics.mit.edu/Aristotle/meteorology.1.i.html Aristote, ''Meteorologie'' {{nobr|350 {{Av JC}}}}].</ref>. Celui-ci décrit un effet similaire et l'attribue à l’''antiperistasis'', qu’il définit comme {{citation|l'amélioration d’une qualité due à un entourage de qualité opposée}}. Aristote, cependant, utilisait ce terme d’une façon assez générale, pour expliquer par exemple la température constante du corps humain, phénomène qui sera expliqué bien plus tard et qui prouvera la fausseté des théories du savant grec.


À l'[[époque moderne]], dès la [[Renaissance]], ce phénomène apparaît dans les textes scientifiques comme ceux écrits par [[Francis Bacon (philosophe)|Francis Bacon]]<ref>[[Francis Bacon (philosophe)|Francis Bacon]], ''Novum Organum'', [http://www.thelatinlibrary.com/bacon/bacon.liber2.shtml Lib. II].</ref> et [[René Descartes]]<ref>[[René Descartes]], ''Œuvres'', {{Vol.|6}}, « ''Discours de la méthode'' et essais », publié par C. Adam & P. Tannery, 1902.</ref>. Toutefois, aucun d'entre eux ne le décrivit clairement et seuls des rapprochements furent faits{{sfn|Courty|Kierlik|2010|p=78, 80}}.
À l'[[époque moderne]], dès la [[Renaissance]], ce phénomène apparaît dans les textes scientifiques comme ceux écrits par [[Francis Bacon (philosophe)|Francis Bacon]]<ref>[[Francis Bacon (philosophe)|Francis Bacon]], ''{{lang|la|Novum Organum}}'', [http://www.thelatinlibrary.com/bacon/bacon.liber2.shtml {{nobr romains|Lib. II}}].</ref> et [[René Descartes]]<ref>[[René Descartes]], ''Œuvres'', {{Vol.|6}}, « ''Discours de la méthode'' et essais », publié par C. Adam & P. Tannery, 1902.</ref>. Toutefois, aucun d'entre eux ne le décrivit clairement et seuls des rapprochements furent faits{{sfn|Courty|Kierlik|2010|p=78, 80}}.


=== L'observation de Mpemba ===
=== L'observation de Mpemba ===
Erasto Mpemba<ref group="note">Erasto Mpemba est aujourd'hui vice-président de la [ftp://ftp.fao.org/docrep/fao/meeting/013/ai572e.pdf Commission des forêts et de la faune sauvage pour l'Afrique{{pdf}}] au sein de l'[[Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture]].</ref> était encore élève du secondaire lorsqu'il observa, durant des cours de cuisine, que son lait chaud, mis au congélateur, se transformait plus rapidement en crème glacée que la même préparation déjà froide. Aidé du {{Dr|Denis Osborne}}, alors professeur de physique à [[Dar es Salam]], il publia les données des expériences menées sur le sujet en 1969{{sfn|Mpemba|Osborne|1969}} ; l'article fut republié en 1979{{sfn|Courty|Kierlik|2010|p=78}}{{,}}{{sfn|Mpemba|Osborne|1979}}.
Erasto Mpemba<ref group="note">Erasto Mpemba est aujourd'hui vice-président de la [ftp://ftp.fao.org/docrep/fao/meeting/013/ai572e.pdf Commission des forêts et de la faune sauvage pour l'Afrique{{pdf}}] au sein de l'[[Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture]].</ref> était encore élève du secondaire lorsqu'il observa, durant des cours de cuisine, que son lait chaud, mis au congélateur, se transformait plus rapidement en crème glacée que la même préparation déjà froide. Aidé du {{Dr|{{lien|lang=en|trad=Denis Osborne}}}}, alors professeur de physique à [[Dar es Salam]], il publia les données des expériences menées sur le sujet en 1969{{sfn|Mpemba|Osborne|1969}} ; l'article fut republié en 1979{{sfn|Courty|Kierlik|2010|p=78}}{{,}}{{sfn|Mpemba|Osborne|1979}}.


=== Contestations de l'existence du phénomène ===
=== Contestations de l'existence du phénomène ===
Une étude de 2016 aboutit à la conclusion que, dans un contexte rigoureux avec un protocole strict, l'existence même de l'effet Mpemba n'est pas démontrée{{sfn|Burridge|Linden|2016}}. Mais des voix<ref>{{lien web|langue=en |prénom1=J. I. |nom1=Katz |titre=Reply to Burridge & Linden: Hot water may freeze sooner than cold |date=2017-01-12 |arxiv=1701.03219 |consulté le=2017-12-27}}.</ref> se sont élevées pour expliquer que la définition retenue dans cette étude de l'effet Mpemba n'est pas la bonne car elle ne s'intéresse pas à la transformation en glace, seulement à la baisse de température jusqu'à {{tmp|0|°C}}, ce qui est très différent (l'eau ne gèle pas instantanément à {{tmp|0|°C}}).
Une étude de 2016 aboutit à la conclusion que, dans un contexte rigoureux avec un protocole strict, l'existence même de l'effet Mpemba n'est pas démontrée{{sfn|Burridge|Linden|2016}}. Mais des voix<ref>{{lien web|langue=en |prénom1=J. I. |nom1=Katz |titre=Reply to Burridge & Linden: Hot water may freeze sooner than cold |date=2017-01-12 |arxiv=1701.03219 |consulté le=2017-12-27}}.</ref> se sont élevées pour expliquer que la définition retenue dans cette étude de l'effet Mpemba n'est pas la bonne car elle ne s'intéresse pas à la transformation en glace, seulement à la baisse de température jusqu'à {{tmp|0|°C}}, ce qui est très différent (l'eau ne gèle pas instantanément à {{tmp|0|°C}}).


En septembre 2020, une étude de l'université de Cambridge<ref name = RSB>{{Lien web|langue=en|auteur=Henry C. Burridge et Oscar Hallstadius|titre=Observing the Mpemba effect with minimal bias and the value of the Mpemba effect to scientific outreach and engagement|url=https://royalsocietypublishing.org/doi/full/10.1098/rspa.2019.0829 |date=2 septembre 2020 |site=The Royal Socienty Publisinhg|consulté le=17 janvier 2021 |doi=10.6084/m9.figshare.c.5099310 }}</ref> souligne les conditions très particulières qui peuvent amener à envisager ce phénomène : celui-ci pourrait s'expliquer non par le fait que l'eau chaude gèle en effet plus vite que l'eau froide parce qu'elle est justement chaude, mais par exemple par les récipients utilisés pour l'expérience. De plus un certain flou semble exister sur les méthodes scientifiques et les conditions initiales des expériences menées (qualité de l'eau utilisée mal définie, températures initiales fluctuantes...)<ref>{{Lien web|langue=fr|auteur=Sylvie Redon-Clauzard |titre=La recette des glaçons : l'effet Mpemba, ou quand l'eau chaude gèle plus vite que l'eau froide|url=https://www.sciencesetavenir.fr/fondamental/materiaux/la-recette-des-glacons-l-effet-mpemba-ou-quand-l-eau-chaude-gele-plus-vite-que-l-eau-froide_147696|date=25 décembre 2020 |site=Science et Avenir|consulté le=17 janvier 2021 }}</ref>.
En {{date-|septembre 2020}}, une étude de l'université de Cambridge<ref name = RSB>{{Lien web|langue=en |auteur=Henry C. Burridge et Oscar Hallstadius |titre=Observing the Mpemba effect with minimal bias and the value of the Mpemba effect to scientific outreach and engagement |url=https://royalsocietypublishing.org/doi/full/10.1098/rspa.2019.0829 |date=2 septembre 2020 |site=[[Royal Society|{{lang|en|The Royal Socienty Publishing}}]] |consulté le=17 janvier 2021 |doi=10.6084/m9.figshare.c.5099310 }}.</ref> souligne les conditions très particulières qui peuvent amener à envisager ce phénomène : celui-ci pourrait s'expliquer non par le fait que l'eau chaude gèle en effet plus vite que l'eau froide parce qu'elle est justement chaude, mais par exemple par les récipients utilisés pour l'expérience. De plus, un certain flou semble exister sur les méthodes scientifiques et les conditions initiales des expériences menées ([[qualité de l'eau]] utilisée mal définie, températures initiales fluctuantes…)<ref>{{Lien web|langue=fr |auteur=Sylvie Redon-Clauzard |titre=La recette des glaçons : l'effet Mpemba, ou quand l'eau chaude gèle plus vite que l'eau froide |url=https://www.sciencesetavenir.fr/fondamental/materiaux/la-recette-des-glacons-l-effet-mpemba-ou-quand-l-eau-chaude-gele-plus-vite-que-l-eau-froide_147696 |date=25 décembre 2020 |site=[[Sciences et Avenir]] |consulté le=17 janvier 2021 }}.</ref>.


== Description des observations ==
== Description des observations ==
[[Fichier:Effet Mpemba - Decroissance exponentielle.png|vignette|upright=1.7|Décroissance de la température de l'eau avec une température initiale {{tmp|35|°C}} (rouge) et {{tmp|25|°C}} (bleu) jusqu'au gel. L'eau à {{tmp|35|°C}} gèle en {{nombre|40|min}}, et l'eau à {{tmp|25|°C}} gèle en {{nombre|50|min}}<ref group="x">{{p.|5}}.</ref>.]]
[[Fichier:Effet Mpemba - Decroissance exponentielle.png|vignette|redresse=1.7|Décroissance de la température de l'eau avec une température initiale {{tmp|35|°C}} (rouge) et {{tmp|25|°C}} (bleu) jusqu'au gel. L'eau à {{tmp|35|°C}} gèle en {{nombre|40|min}}, et l'eau à {{tmp|25|°C}} gèle en {{nombre|50|min}}<ref group="x">{{p.|5}}.</ref>.]]


Des expériences menées depuis près de {{nombre|30|ans}} ont permis d'observer que de l'eau chaude pouvait refroidir plus rapidement que de l'eau froide.
Des expériences menées depuis la fin du {{s-|XX}}<ref>{{article| auteur1=David Auerbach| lire en ligne=http://robot-tag.com/evan/ajp-mpemba.pdf| format=pdf| titre=Supercooling and the Mpemba effect: when hot water freezes quicker than cold| périodique=[[American Journal of Physics]]| volume=63| date=1995| pages=882-885| doi=10.1119/1.18059| numéro=10}}.</ref> ont permis d'observer que de l'eau chaude pouvait refroidir plus rapidement que de l'eau froide.
Cet effet n’est pas « universel » (systématique) : seules des conditions précises permettent de l’observer, sans que l'on comprenne exactement pourquoi{{sfn|Courty|Kierlik|2010|p=81}}.
Cet effet n’est pas « universel » (systématique) : seules des conditions précises permettent de l’observer, sans que l'on comprenne exactement pourquoi{{sfn|Courty|Kierlik|2010|p=81}}.
Actuellement, toutes les expériences connues qui ont permis d'observer ce phénomène ont été réalisées avec les conditions d'expérience suivantes :
{{quand|Actuellement}}, toutes les expériences connues qui ont permis d'observer ce phénomène ont été réalisées avec les conditions d'expérience suivantes :
* milieu extérieur : [[convection naturelle]] d'air contrôlée en température ([[réfrigérateur]]) ;
* milieu extérieur : [[convection naturelle]] d'air contrôlée en température ([[réfrigérateur]]) ;
* surface libre permettant un échange de matière entre l'eau et l'air (possibilité d'évaporation et ou de dissolution de gaz) ;
* surface libre permettant un échange de matière entre l'eau et l'air (possibilité d'évaporation et ou de dissolution de gaz) ;
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* l'évolution de la température de l'eau s'approche fortement d'une [[décroissance exponentielle]], à un taux dépendant de la température initiale ;
* l'évolution de la température de l'eau s'approche fortement d'une [[décroissance exponentielle]], à un taux dépendant de la température initiale ;
* le temps de refroidissement jusqu'au gel dépend, pour une même masse d'eau de même température initiale, des conditions expérimentales (surface d'exposition, volume{{etc.}}) ;
* le temps de refroidissement jusqu'au gel dépend, pour une même masse d'eau de même température initiale, des conditions expérimentales (surface d'exposition, volume{{etc.}}) ;
* la surface de l'eau est plus ''chaude'' que l'eau au fond d'un [[bécher]] lors du processus de refroidissement. Cela s'explique, selon Xi, Zengsheng, Chang {{et al.}} par une [[capacité thermique]] plus forte de la surface, due à des [[liaisons covalentes]] H-O plus courtes et plus fortes.
* la surface de l'eau est plus ''chaude'' que l'eau au fond d'un [[bécher]] lors du processus de refroidissement. Cela s'explique, selon Xi, Zengsheng, Chang {{et al.}} par une [[capacité thermique]] plus forte de la surface, due à des [[Liaison covalente|liaisons covalentes]] [[Hydrogène|H]]-[[Oxygène|O]] plus courtes et plus fortes.


== Explications ==
== Explications ==

Il n'y a pas encore au début du {{s-|XXI|e}} d'explication claire et unanimement validée par la communauté scientifique.
Il n'y a pas encore au début du {{s-|XXI|e}} d'explication claire et unanimement validée par la communauté scientifique.
L'effet Mpemba serait lié à une somme entre différents effets, comme :
L'effet Mpemba serait lié à une somme entre différents effets, comme :
* l'[[évaporation]] (moins de liquide à refroidir, mais le phénomène subsisterait en milieu clos<ref>{{Article|langue = en |auteur1 = B. Wojciechowski |auteur2= I. Owczarek |auteur3=G. Bednarz |titre = Freezing of Aqueous Solutions Containing Gases |périodique = {{lang|en|[[Crystal Research and Technology]]}} |volume= 23 |numéro=7 |date= juillet 1988 |lire en ligne = |pages = 843-848 |doi=10.1002/crat.2170230702}}.</ref>) ;

* l'[[évaporation]] (moins de liquide à refroidir, mais le phénomène subsisterait en milieu clos<ref>{{Article|langue = en |auteur1 = B. Wojciechowski|auteur2= I. Owczarek |auteur3=G. Bednarz |titre = Freezing of Aqueous Solutions Containing Gases |périodique = {{lang|en|Crystal Research and Technology}} |volume= 23 |numéro=7 |date= juillet 1988 |lire en ligne = |pages = 843-848 |doi=10.1002/crat.2170230702}}.</ref>) ;
* la présence moindre des [[gaz]] dissous dans un liquide chaud ;
* la présence moindre des [[gaz]] dissous dans un liquide chaud ;
* le phénomène de [[convection]] qui accélère les transferts thermiques ;
* le phénomène de [[convection]] qui accélère les transferts thermiques ;
* les effets environnementaux tels que l’isolation due au givre ;
* les effets environnementaux tels que l’isolation due au givre ;
* un effet de [[surfusion]] ;
* un effet de [[surfusion]] ;
* l'effet d'éventuels solutés, notamment le calcium et le carbonate de magnésium, qui vont abaisser la température de fusion ;
* l'effet d'éventuels solutés, notamment le calcium et le [[carbonate de magnésium]], qui vont abaisser la température de fusion ;
* la définition ambiguë d’eau « gelée » : est-ce une eau à {{tmp|0|°C}} ou une eau à l’état solide ;
* la définition ambiguë d’eau « gelée » : est-ce une eau à {{tmp|0|°C}} ou une eau à l’état solide ;
* la détermination de la température : parle-t-on de température locale (si oui où) ou de température moyenne.
* la détermination de la température : parle-t-on de température locale (si oui, ?) ou de température moyenne.


En 2012, Erasto Mpemba a nommé le doctorant croate en chimie Nikola Bregović<ref>{{lien web|langue=en |auteur1= Nikola Bregović| titre={{lang|en|Mpemba effect from a viewpoint of an experimental physical chemist}} |url=https://www.rsc.org/images/nikola-bregovic-entry_tcm18-225169.pdf |format=pdf |éditeur={{lang|en|[[Royal Society of Chemistry]]}} |année=2012}}.</ref> comme étant le vainqueur au concours de la {{lang|en|[[Royal Society of Chemistry]]}}. Selon Nikola Bregović, qui a observé l'effet et discute des possibles causes, les raisons logiques de l'effet Mpemba sont la convection et la surfusion ; il a admis tout de même que le mystère n’est pas pour autant résolu.
En 2012, Erasto Mpemba a nommé le doctorant croate en chimie Nikola Bregović<!-- s’agit-il de Wikidata : Q88038787 ? --><ref>{{lien web|langue=en |auteur1= Nikola Bregović | titre=Mpemba effect from a viewpoint of an experimental physical chemist |url=https://www.rsc.org/images/nikola-bregovic-entry_tcm18-225169.pdf |format=pdf |éditeur={{lang|en|[[Royal Society of Chemistry]]}} |année=2012}}.</ref> comme étant le vainqueur au concours de la {{lang|en|[[Royal Society of Chemistry]]}}. Selon Nikola Bregović, qui a observé l'effet et discute des possibles causes, les raisons logiques de l'effet Mpemba sont la convection et la surfusion ; il a admis tout de même que le mystère n’est pas pour autant résolu.


En {{date-|octobre 2013}}, trois chercheurs chinois (Xi Zhang Yongli Huang, Zengsheng Ma, et Chang Q Sun) proposent une explication de l'effet Mpemba<ref>{{lien web|langue=en |url=https://gizmodo.com/weve-finally-figured-out-why-hot-water-freezes-faster-1455906029 |auteur1=Jamie Condliffe |titre={{lang|en|We've Finally Figured Out Why Hot Water Freezes Faster Than Cold}} |site=[[Gizmodo]] |date=31 octobre 2013 |consulté le=11 novembre 2013}}.</ref>, sans que cette explication n'ait encore été validée par la communauté scientifique. Selon ces chercheurs, l'effet est dû à la [[liaison covalente]] H-O de l'eau, qui stocke de l'énergie quand l'eau est préalablement réchauffée, en devenant plus courte et plus forte, tandis que la [[liaison hydrogène]] O:H, formée par le doublet non liant de l'oxygène avec un H d'une autre molécule d'eau, s'allonge et perd de l'énergie<ref group="note">Voir la section consacrée à la [[Eau#Propriétés chimiques|structure de la molécule d'eau]] pour plus de détails.</ref>. Lors du refroidissement, l'énergie stockée est restituée à un rythme d'autant plus grand que la liaison covalente est courte. La [[décroissance exponentielle]] de la température de l'eau peut être prédite et calculée selon ce modèle<ref group="x">{{p.|1 et 7}}.</ref>.
En {{date-|octobre 2013}}, trois chercheurs chinois (Xi Zhang<!-- Wikidata : Q57473665 -->, Yongli Huang, Zengsheng Ma et Chang Q Sun<!-- Wikidata : Q47641762 -->) proposent une explication de l'effet Mpemba<ref>{{lien web|langue=en |url=https://gizmodo.com/weve-finally-figured-out-why-hot-water-freezes-faster-1455906029 |auteur1=Jamie Condliffe |titre=We've Finally Figured Out Why Hot Water Freezes Faster Than Cold |site=[[Gizmodo]] |date=31 octobre 2013 |consulté le=11 novembre 2013}}.</ref>, sans que cette explication n'ait encore été validée par la communauté scientifique. Selon ces chercheurs, l'effet est dû à la [[liaison covalente]] H-O de l'eau, qui stocke de l'énergie quand l'eau est préalablement réchauffée, en devenant plus courte et plus forte, tandis que la [[liaison hydrogène]] O:H, formée par le [[doublet non liant]] de l'oxygène avec un H d'une autre molécule d'eau, s'allonge et perd de l'énergie<ref group="note">Voir la section consacrée à la [[Eau#Propriétés chimiques|structure de la molécule d'eau]] pour plus de détails.</ref>. Lors du refroidissement, l'énergie stockée est restituée à un rythme d'autant plus grand que la liaison covalente est courte. La [[décroissance exponentielle]] de la température de l'eau peut être prédite et calculée selon ce modèle<ref group="x">{{p.|1 et 7}}.</ref>.


On ne sait pas si cet effet est propre à l’eau ou s’il est universel - l’expérience de Mpemba avec les crèmes glacées (mélange constitué majoritairement d'eau) semble attester d’un phénomène assez général, mais les expériences en laboratoire n’ont été menées qu’avec de l’eau distillée.
On ne sait pas si cet effet est propre à l’eau ou s’il est universel - l’expérience de Mpemba avec les crèmes glacées (mélange constitué majoritairement d'eau) semble attester d’un phénomène assez général, mais les expériences en laboratoire n’ont été menées qu’avec de l’[[eau distillée]].


== Notes et références ==
== Notes et références ==

=== Notes ===
=== Notes ===
{{Références|group="note"}}
{{Références| groupe="note"}}


=== Références ===
=== Références ===
{{Références}}
{{Références}}
* {{lien web|langue=en |arxiv=1310.6514 |auteur1=Xi Zhang Yongli Huang |auteur2=Zengsheng Ma |auteur3=Chang Q Sun |titre={{lang|en|O:H-O Bond Anomalous Relaxation Resolving Mpemba Paradox}} |date=24 octobre 2013}}
{{Références|group="x"|colonnes=2}}
{{Références|group="x"|colonnes=2}}


== Bibliographie ==
== Voir aussi ==
{{autres projets| commons=Category:Mpemba effect}}
* {{Ouvrage

| langue=fr
=== Bibliographie ===
| auteur1=Jean-Michel Courty
* {{article|langue=en |titre=Cool? |auteur1=Erasto B. Mpemba |auteur2={{lien|lang=en|trad=Denis Osborne|texte=Denis G. Osborne}} |périodique={{lang|en|{{lien|lang=en|trad=Physics Education}}}} |éditeur={{lang|en|[[Institute of Physics]]}} |volume=4 |numéro=3 |pages=172–175 |année=1969 |doi=10.1088/0031-9120/4/3/312 |bibcode=1969PhyEd...4..172M}}.
| lien auteur1=Jean-Michel Courty
* {{article|langue=en |titre=The Mpemba effect |auteur1=Erasto B. Mpemba |auteur2=Denis G. Osborne |périodique={{lang|en|Physics Education}} |éditeur={{lang|en|[[Institute of Physics]]}} |année=1979 |volume=14 |numéro=7 |pages=410–413 |doi=10.1088/0031-9120/14/7/312 |bibcode=1979PhyEd..14..410M}}.
| auteur2=Édouard Kierlik
* {{article|langue=en |auteur1=David Auerbach |titre=Supercooling and the Mpemba effect: When hot water freezes quicker than cold |périodique={{lang|en|[[American Journal of Physics]]}} |date=octobre 1995 |volume=63 |numéro=10 |pages=882–885 |doi=10.1119/1.18059}}.
| titre=La Physique buissonnière
* {{lien web|langue=en |auteur1=Monwhea Jeng |url=http://math.ucr.edu/home/baez/physics/General/hot_water.html |titre=Can hot water freeze faster than cold water ? |date=novembre 1998 |éditeur={{lang|en|Department of Physics, [[University of California]]}} }}.
| éditeur=Belin et ''[[Pour la science]]''
* {{article|langue=en |titre=The Mpemba effect: When can hot water freeze faster than cold? |auteur1=Monwhea Jeng |périodique={{lang|en|[[American Journal of Physics]]}} |volume=74 |numéro=6 |pages=514–522 |date=juin 2006 |doi=10.1119/1.2186331 }}.
| collection=Bibliothèque scientifique
| lieu=Paris
| année=2010
| pages totales=159
| pages=160
| isbn=978-2-84245-105-9
}}.
* {{article|langue=en |titre={{lang|en|Cool?}} |auteur1=Erasto B. Mpemba |auteur2=Denis G. Osborne |périodique={{lang|en|Physics Education}} |éditeur={{lang|en|[[Institute of Physics]]}} |volume=4 |numéro=3 |pages=172–175 |année=1969 |doi=10.1088/0031-9120/4/3/312 |bibcode=1969PhyEd...4..172M}}.
* {{article|langue=en |titre={{lang|en|The Mpemba effect}} |auteur1=Erasto B. Mpemba |auteur2=Denis G. Osborne |périodique={{lang|en|Physics Education}} |éditeur={{lang|en|[[Institute of Physics]]}} |année=1979 |volume=14 |numéro=7 |pages=410–413 |doi=10.1088/0031-9120/14/7/312 |bibcode=1979PhyEd..14..410M}}.
* {{article|langue=en |auteur1=David Auerbach |titre={{lang|en|Supercooling and the Mpemba effect: When hot water freezes quicker than cold}} |périodique={{lang|en|[[American Journal of Physics]]}} |date=octobre 1995 |volume=63 |numéro=10 |pages=882–885|doi=10.1119/1.18059}}.
* {{lien web|langue=en |auteur1=Monwhea Jeng |url=http://math.ucr.edu/home/baez/physics/General/hot_water.html |titre={{lang|en|Can hot water freeze faster than cold water ?}} |date=novembre 1998 |éditeur={{lang|en|Department of Physics, [[University of California]]}}}}.
* {{article|langue=en|titre={{lang|en|The Mpemba effect: When can hot water freeze faster than cold?}}|auteur1=Monwhea Jeng|périodique={{lang|en|[[American Journal of Physics]]}}|volume=74|numéro=6|pages=514–522|date=juin 2006|doi=10.1119/1.2186331}}.
* {{article|auteur1=Monwhea Jeng |titre=L'eau chaude gèle-t-elle plus vite que l'eau froide ? |périodique=[[La Recherche (magazine)|La Recherche]] |année=2007 |numéro=413 |pages=62–65 |url=http://www.larecherche.fr/leau-chaude-g%C3%A8le-t-elle-plus-vite-que-leau-froide}}.
* {{article|auteur1=Monwhea Jeng |titre=L'eau chaude gèle-t-elle plus vite que l'eau froide ? |périodique=[[La Recherche (magazine)|La Recherche]] |année=2007 |numéro=413 |pages=62–65 |url=http://www.larecherche.fr/leau-chaude-g%C3%A8le-t-elle-plus-vite-que-leau-froide}}.
* {{Ouvrage| langue=fr | auteur1=Jean-Michel Courty | lien auteur1=Jean-Michel Courty | auteur2=Édouard Kierlik | titre=La Physique buissonnière | éditeur=[[Belin éditeur|Belin]] et ''[[Pour la science]]'' | collection=Bibliothèque scientifique | lieu=Paris | année=2010 | pages totales=159 | pages=160<!-- 159 ou 160 ? à afficher dans le paramètre pages totales… --> | isbn=978-2-84245-105-9}}.
* {{Article|langue=en |prénom1=Henry C. |nom1=Burridge |prénom2=Paul F. |nom2=Linden |titre=Questioning the Mpemba effect: hot water does not cool more quickly than cold |périodique={{lang|en|[[Scientific Reports]]}} |volume=6 |date=2016-11-24 |pmid=27883034 |pmcid=PMC5121640 |doi=10.1038/srep37665 |consulté le=2017-02-17}}.
* {{article|langue=en |titre=Hydrogen-bond memory and water-skin supersolidity resolving the Mpemba paradox |auteur1=Xi Zhang |auteur2=Yongli Huang |auteur3=Zengsheng Ma |auteur4=Yichun Zhou |auteur5=Ji Zhou |auteur6=Weitao Zheng |auteur7=Qing Jiang |auteur8=Chang Q. Sun |périodique={{lang|en|[[Physical Chemistry Chemical Physics]]}} |date=14 novembre 2014 |volume=16 |numéro=42 |pages=22995–23002 |doi=10.1039/C4CP03669G}}.
* {{article|langue=en |titre=Hydrogen-bond memory and water-skin supersolidity resolving the Mpemba paradox |auteur1=Xi Zhang<!-- Wikidata : Q57473665 --> |auteur2=Yongli Huang |auteur3=Zengsheng Ma |auteur4=Yichun Zhou |auteur5=Ji Zhou |auteur6=Weitao Zheng<!-- Wikidata : Q59554384 --> |auteur7=Qing Jiang<!-- Wikidata : Q50779196 --> |auteur8=Chang Q. Sun<!-- Wikidata : Q47641762 --> |périodique={{lang|en|[[Physical Chemistry Chemical Physics]]}} |date=14 novembre 2014 |volume=16 |numéro=42 |pages=22995–23002 |doi=10.1039/C4CP03669G}}.
* {{Article|langue=en |prénom1=Henry C. |nom1=Burridge<!-- Wikidata : Q88698961 --> |prénom2=Paul F. |nom2={{lien|lang=en|trad=Paul Linden|texte=Linden}} |titre=Questioning the Mpemba effect: hot water does not cool more quickly than cold |périodique={{lang|en|[[Scientific Reports]]}} |volume=6 |date=2016-11-24 |pmid=27883034 |pmcid=PMC5121640 |doi=10.1038/srep37665 |consulté le=2017-02-17}}.
* {{Article| langue=en | titre= Mpemba effect in a Langevin system: Population statistics, metastability, and other exact results | auteur1=Apurba Biswas | auteur2=R. Rajesh | auteur3=Arnab Pal<!-- Wikidata : Q122420453 --> | périodique={{lang|en|[[The Journal of Chemical Physics]]}} | volume=159 | numéro=4 | numéro article=044120 | date=28 juillet 2023 | doi=10.1063/5.0155855 | accès doi=libre | consulté le=1 août 2023}}.


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=== Articles connexes ===
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=== Article connexe ===
* [[Conduction thermique]]
* [[Conduction thermique]]

=== Liens externes ===
* {{lien web|langue=en |arxiv=1310.6514 |auteur1=Xi Zhang Yongli Huang |auteur2=Zengsheng Ma |auteur3=Chang Q Sun |titre=O:H-O Bond Anomalous Relaxation Resolving Mpemba Paradox |date=24 octobre 2013}}


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L'effet Mpemba est une constatation empirique selon laquelle l’eau chaude gèlerait[note 1] plus vite que l’eau froide dans des conditions de refroidissement similaires.

Cet effet est aussi parfois nommé « paradoxe Mpemba » car l'eau doit obligatoirement repasser par une température inférieure en refroidissant, et prendre a priori plus de temps à refroidir qu'à une température plus basse. Ce phénomène n'est pas systématique et n'apparaît que sous certaines conditions.

Supposément connu depuis l'Antiquité, cet effet a été redécouvert en 1963 par un élève tanzanien, Erasto Mpemba, et diffusé dans la communauté scientifique à partir de cette date[1].

Origines revendiquées

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L'effet aurait été connu de savants de l’Antiquité, tel Aristote[2]. Celui-ci décrit un effet similaire et l'attribue à l’antiperistasis, qu’il définit comme « l'amélioration d’une qualité due à un entourage de qualité opposée ». Aristote, cependant, utilisait ce terme d’une façon assez générale, pour expliquer par exemple la température constante du corps humain, phénomène qui sera expliqué bien plus tard et qui prouvera la fausseté des théories du savant grec.

À l'époque moderne, dès la Renaissance, ce phénomène apparaît dans les textes scientifiques comme ceux écrits par Francis Bacon[3] et René Descartes[4]. Toutefois, aucun d'entre eux ne le décrivit clairement et seuls des rapprochements furent faits[5].

L'observation de Mpemba

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Erasto Mpemba[note 2] était encore élève du secondaire lorsqu'il observa, durant des cours de cuisine, que son lait chaud, mis au congélateur, se transformait plus rapidement en crème glacée que la même préparation déjà froide. Aidé du Dr Denis Osborne (en), alors professeur de physique à Dar es Salam, il publia les données des expériences menées sur le sujet en 1969[6] ; l'article fut republié en 1979[1],[7].

Contestations de l'existence du phénomène

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Une étude de 2016 aboutit à la conclusion que, dans un contexte rigoureux avec un protocole strict, l'existence même de l'effet Mpemba n'est pas démontrée[8]. Mais des voix[9] se sont élevées pour expliquer que la définition retenue dans cette étude de l'effet Mpemba n'est pas la bonne car elle ne s'intéresse pas à la transformation en glace, seulement à la baisse de température jusqu'à °C, ce qui est très différent (l'eau ne gèle pas instantanément à °C).

En , une étude de l'université de Cambridge[10] souligne les conditions très particulières qui peuvent amener à envisager ce phénomène : celui-ci pourrait s'expliquer non par le fait que l'eau chaude gèle en effet plus vite que l'eau froide parce qu'elle est justement chaude, mais par exemple par les récipients utilisés pour l'expérience. De plus, un certain flou semble exister sur les méthodes scientifiques et les conditions initiales des expériences menées (qualité de l'eau utilisée mal définie, températures initiales fluctuantes…)[11].

Description des observations

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Décroissance de la température de l'eau avec une température initiale 35 °C (rouge) et 25 °C (bleu) jusqu'au gel. L'eau à 35 °C gèle en 40 min, et l'eau à 25 °C gèle en 50 min[x 1].

Des expériences menées depuis la fin du XXe siècle[12] ont permis d'observer que de l'eau chaude pouvait refroidir plus rapidement que de l'eau froide. Cet effet n’est pas « universel » (systématique) : seules des conditions précises permettent de l’observer, sans que l'on comprenne exactement pourquoi[13]. Actuellement[Quand ?], toutes les expériences connues qui ont permis d'observer ce phénomène ont été réalisées avec les conditions d'expérience suivantes :

  • milieu extérieur : convection naturelle d'air contrôlée en température (réfrigérateur) ;
  • surface libre permettant un échange de matière entre l'eau et l'air (possibilité d'évaporation et ou de dissolution de gaz) ;
  • pas d'agitation mécanique de l'eau.

Parmi les conditions qui peuvent influer sur l'apparition de cet effet, on trouve[x 2] :

  • la présence de gaz dissous ou d'impuretés dans l'eau ;
  • la taille, la forme ou le matériau du récipient ;
  • la condition de réfrigération (température imposée, flux imposé, etc.) ;
  • l'agitation ou non de l'eau.

Les caractéristiques de l'effet sont, selon Xi, Zengsheng, Chang et al., les suivantes[x 3] :

  • l'eau chaude refroidit plus rapidement que l'eau froide, toutes choses étant égales par ailleurs ;
  • l'évolution de la température de l'eau s'approche fortement d'une décroissance exponentielle, à un taux dépendant de la température initiale ;
  • le temps de refroidissement jusqu'au gel dépend, pour une même masse d'eau de même température initiale, des conditions expérimentales (surface d'exposition, volume, etc.) ;
  • la surface de l'eau est plus chaude que l'eau au fond d'un bécher lors du processus de refroidissement. Cela s'explique, selon Xi, Zengsheng, Chang et al. par une capacité thermique plus forte de la surface, due à des liaisons covalentes H-O plus courtes et plus fortes.

Explications

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Il n'y a pas encore au début du XXIe siècle d'explication claire et unanimement validée par la communauté scientifique. L'effet Mpemba serait lié à une somme entre différents effets, comme :

  • l'évaporation (moins de liquide à refroidir, mais le phénomène subsisterait en milieu clos[14]) ;
  • la présence moindre des gaz dissous dans un liquide chaud ;
  • le phénomène de convection qui accélère les transferts thermiques ;
  • les effets environnementaux tels que l’isolation due au givre ;
  • un effet de surfusion ;
  • l'effet d'éventuels solutés, notamment le calcium et le carbonate de magnésium, qui vont abaisser la température de fusion ;
  • la définition ambiguë d’eau « gelée » : est-ce une eau à °C ou une eau à l’état solide ;
  • la détermination de la température : parle-t-on de température locale (si oui, où ?) ou de température moyenne.

En 2012, Erasto Mpemba a nommé le doctorant croate en chimie Nikola Bregović[15] comme étant le vainqueur au concours de la Royal Society of Chemistry. Selon Nikola Bregović, qui a observé l'effet et discute des possibles causes, les raisons logiques de l'effet Mpemba sont la convection et la surfusion ; il a admis tout de même que le mystère n’est pas pour autant résolu.

En , trois chercheurs chinois (Xi Zhang, Yongli Huang, Zengsheng Ma et Chang Q Sun) proposent une explication de l'effet Mpemba[16], sans que cette explication n'ait encore été validée par la communauté scientifique. Selon ces chercheurs, l'effet est dû à la liaison covalente H-O de l'eau, qui stocke de l'énergie quand l'eau est préalablement réchauffée, en devenant plus courte et plus forte, tandis que la liaison hydrogène O:H, formée par le doublet non liant de l'oxygène avec un H d'une autre molécule d'eau, s'allonge et perd de l'énergie[note 3]. Lors du refroidissement, l'énergie stockée est restituée à un rythme d'autant plus grand que la liaison covalente est courte. La décroissance exponentielle de la température de l'eau peut être prédite et calculée selon ce modèle[x 4].

On ne sait pas si cet effet est propre à l’eau ou s’il est universel - l’expérience de Mpemba avec les crèmes glacées (mélange constitué majoritairement d'eau) semble attester d’un phénomène assez général, mais les expériences en laboratoire n’ont été menées qu’avec de l’eau distillée.

Notes et références

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  1. Le conditionnel est ici utilisé car cet effet est sujet à débat au sein de la communauté scientifique. S'il est accepté semble-t-il par une majorité, certains le réfutent, tandis que des débats existent sur la méthode scientifique et les conditions initiales des expériences menées (voir l'étude parue en 2020 plus bas).
  2. Erasto Mpemba est aujourd'hui vice-président de la Commission des forêts et de la faune sauvage pour l'Afrique[PDF] au sein de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture.
  3. Voir la section consacrée à la structure de la molécule d'eau pour plus de détails.

Références

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  1. a et b Courty et Kierlik 2010, p. 78.
  2. (en) Aristote, Meteorologie 350 av. J.-C..
  3. Francis Bacon, Novum Organum, Lib. II.
  4. René Descartes, Œuvres, vol. 6, « Discours de la méthode et essais », publié par C. Adam & P. Tannery, 1902.
  5. Courty et Kierlik 2010, p. 78, 80.
  6. Mpemba et Osborne 1969.
  7. Mpemba et Osborne 1979.
  8. Burridge et Linden 2016.
  9. (en) J. I. Katz, « Reply to Burridge & Linden: Hot water may freeze sooner than cold », (arXiv 1701.03219, consulté le ).
  10. (en) Henry C. Burridge et Oscar Hallstadius, « Observing the Mpemba effect with minimal bias and the value of the Mpemba effect to scientific outreach and engagement », sur The Royal Socienty Publishing, (DOI 10.6084/m9.figshare.c.5099310, consulté le ).
  11. Sylvie Redon-Clauzard, « La recette des glaçons : l'effet Mpemba, ou quand l'eau chaude gèle plus vite que l'eau froide », sur Sciences et Avenir, (consulté le ).
  12. David Auerbach, « Supercooling and the Mpemba effect: when hot water freezes quicker than cold », American Journal of Physics, vol. 63, no 10,‎ , p. 882-885 (DOI 10.1119/1.18059, lire en ligne [PDF]).
  13. Courty et Kierlik 2010, p. 81.
  14. (en) B. Wojciechowski, I. Owczarek et G. Bednarz, « Freezing of Aqueous Solutions Containing Gases », Crystal Research and Technology, vol. 23, no 7,‎ , p. 843-848 (DOI 10.1002/crat.2170230702).
  15. (en) Nikola Bregović, « Mpemba effect from a viewpoint of an experimental physical chemist » [PDF], Royal Society of Chemistry, .
  16. (en) Jamie Condliffe, « We've Finally Figured Out Why Hot Water Freezes Faster Than Cold », sur Gizmodo, (consulté le ).
  1. p. 5.
  2. p. 3.
  3. p. 2.
  4. p. 1 et 7.

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Bibliographie

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Articles connexes

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Liens externes

[modifier | modifier le code]
  • (en) Xi Zhang Yongli Huang, Zengsheng Ma et Chang Q Sun, « O:H-O Bond Anomalous Relaxation Resolving Mpemba Paradox », (arXiv 1310.6514)