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« Histoire des Îles Salomon » : différence entre les versions

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Cet article retrace l''''histoire des [[Îles Salomon]]''', aujourd'hui un [[État souverain]] en [[Mélanésie]].
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Cet article retrace l''''histoire des [[Îles Salomon]]''' (''Solomon Islands''), aujourd'hui un [[État en droit international|État souverain]], de {{nb|28450|km|2}} et {{nb|724273)|Salomonais(es)}} (en 2022), archipel de l'[[Océan Pacifique]], en [[Mélanésie]], au Nord-Est de l'Australie, entre Nouvelle-Guinée et Vanuatu.
La [[Démographie des Salomon|population solomonaise]], majoritairement mélanésienne (95 %) et chrétienne (93 %), était de {{nb|408145}} en 1998, {{nb|305132}} en 1988, {{nb|204082}} en 1976, {{nb|105209}} en 1950.


[[Image:Carte de Sunda et Sahul.png|vignette|[[Sahul]], [[Sunda (géologie)|Sunda]], [[Wallacea]] vers -26000]]
== Origines ==
[[Image:Chronological dispersal of Austronesian people across the Pacific (per Benton et al, 2012, adapted from Bellwood, 2011).png|vignette|Dispersion [[Austronésiens|austronésienne]] vers -1200]]
{{article principal|Peuplement de l'Océanie}}
[[Image:SolomonIslandsMap.png|vignette|Archipel des îles Salomon]]
[[File:Solomon Islands warriors.jpg|thumb|right|230px|Deux guerriers en tenue de combat (1895).]]
[[Image:Caste Solomon islands.jpg|vignette|Archipel des îles Salomon]]
[[Image:Bust of Spanish explorer Mendana.jpg|thumb|Monument à Álvaro de Mendaña à Honiara.]]
[[Image:Bust of Spanish explorer Mendana.jpg|thumb|Monument à Álvaro de Mendaña à Honiara.]]
Les premiers êtres humains s'installent dans la partie nord et occidentale des Salomon il y a quelque {{unité|28000|ans}}. Venus d'Asie du Sud-Est, ces premiers habitants de l'[[Océanie proche]] sont notamment les ancêtres des [[Papous]] et des [[Aborigènes d'Australie]]<ref>Donald Denoon, "Human Settlement", ''in'' D. Denoon (éd.), ''The Cambridge History of the Pacific Islanders'', [[Cambridge University Press]], 1997, {{ISBN|0-521-00354-7}}, p.45</ref>.


== Origines ==
Une seconde vague de peuplement atteint les Salomon il y a environ {{unité|3200|ans}} ; ce sont les [[Austronésiens]], qui s'unissent à la population existante. Les Salomonais aujourd'hui sont principalement des descendants de ces migrants austronésiens<ref>D. Denoon, ''op.cit.'', p.58</ref>.
Lors du [[peuplement de l'Océanie]], les premiers êtres humains s'installent dans la partie nord et occidentale des Salomon il y a quelque {{unité|28000|ans}}. Venus d'Asie du Sud-Est, ces premiers habitants de l'[[Océanie proche]] sont notamment les ancêtres des [[Papous]] et des [[Aborigènes d'Australie]]<ref>Donald Denoon, "Human Settlement", ''in'' D. Denoon (éd.), ''The Cambridge History of the Pacific Islanders'', [[Cambridge University Press]], 1997, {{ISBN|0-521-00354-7}}, p.45</ref>.


Une seconde vague de peuplement atteint les Salomon il y a environ {{unité|3200|ans}}, les [[Austronésiens]], qui s'unissent à la population existante.
Il n'y a pas d'unification politique. Les habitants de ces îles vivent en villages autonomes, et développent des dizaines de langues distinctes, dont environ 75 subsistent au début du {{s-|XXI|e}}<ref>{{en}} [http://www.ethnologue.com/country/SB/default/***EDITION*** "Solomon Islands"], Ethnologue</ref>. Alors que des Austronésiens s'installent de manière permanente aux Salomon, d'autres poursuivent leurs migrations vers l'est, devenant à terme les [[Polynésie]]ns.
Les Salomonais aujourd'hui sont principalement des descendants de ces migrants austronésiens<ref>D. Denoon, ''op.cit.'', p.58</ref>.


Sans unification politique (connue à ce jour), les habitants de ces îles vivent en villages autonomes, et développent des dizaines de langues distinctes, dont environ 75 subsistent au début du {{s-|XXI|e}}<ref>{{en}} [http://www.ethnologue.com/country/SB/default/***EDITION*** "Solomon Islands"], Ethnologue</ref>. Alors que des Austronésiens s'installent de manière permanente aux Salomon, d'autres poursuivent leurs migrations vers l'est, devenant à terme les [[Polynésie]]ns.
Des siècles plus tard, des migrants polynésiens effectuent le voyage retour, et forment des enclaves polynésiennes dans les îles salomonaises de [[Île Rennell (Salomon)|Rennell]], [[Bellona]] et [[Ontong Java]] du {{s mini-|XIII|e}} au {{s-|XV|e}}. Du {{s mini-|XIV|e}} au {{s-|XVIII|e}}, ces territoires sont intégrés à la sphère d'influence [[Tonga|tongienne]], sous la dynastie des [[Tuʻi Tonga]]<ref>{{en}} [http://www.lonelyplanet.com/solomon-islands/history "Solomon Islands: History"], [[Lonely Planet]]</ref>.

Des siècles plus tard, des migrants polynésiens effectuent le voyage retour, et forment des [[Exclaves polynésiennes|enclaves polynésiennes]] dans les îles salomonaises de [[Île Rennell (Îles Salomon)|Rennell]], [[Bellona]] et [[Ontong Java]] du {{s mini-|XIII|e}} au {{s-|XV|e}}.
Du {{s mini-|XIV|e}} au {{s-|XVIII|e}}, ces territoires sont intégrés à la sphère d'influence [[Tonga|tongienne]], sous la dynastie des [[Tuʻi Tonga]]<ref>{{en}} [http://www.lonelyplanet.com/solomon-islands/history "Solomon Islands: History"], [[Lonely Planet]]</ref>.


== Ère coloniale ==
== Ère coloniale ==
=== Navigateurs-explorateurs européens ===
Le {{date-|7 février 1568}}, l'Espagnol [[Álvaro de Mendaña]] est le premier Européen à découvrir les Salomon. Il y réside avec ses hommes jusqu'en août, une période marquée par des « rencontres continuellement sanglantes » avec les autochtones, auxquels les Espagnols réclament de force de la nourriture<ref name="Princeton">{{en}} [http://libweb5.princeton.edu/visual_materials/maps/websites/pacific/mendana-queiros/mendana-queiros.html "Alvaro de Mendaña de Neira, 1542?–1595"], [[Université de Princeton]]</ref>. Lorsqu'il revient en Espagne et relate sa découverte, les Espagnols, persuadés qu'il a découvert la légendaire [[Ophir]], terre d'origine de l'or du [[Salomon (roi d'Israël)|roi biblique Salomon]], indiquent le nom ''Islas Salomon'' sur leurs cartes<ref name="Princeton" />.
Le {{date-|7 février 1568}}, l'Espagnol [[Álvaro de Mendaña]] est le premier Européen à découvrir les Salomon. Il y réside avec ses hommes jusqu'en août, une période marquée par des « rencontres continuellement sanglantes » avec les autochtones, auxquels les Espagnols réclament de force de la nourriture<ref name="Princeton">{{en}} [http://libweb5.princeton.edu/visual_materials/maps/websites/pacific/mendana-queiros/mendana-queiros.html "Alvaro de Mendaña de Neira, 1542?–1595"], [[Université de Princeton]]</ref>. Lorsqu'il revient en Espagne et relate sa découverte, les Espagnols, persuadés qu'il a découvert la légendaire [[Ophir]], terre d'origine de l'or du [[Salomon (roi d'Israël)|roi biblique Salomon]], indiquent le nom ''Islas Salomon'' sur leurs cartes<ref name="Princeton" />.


Ces cartes sont approximatives, et l'emplacement exact des îles tombe longtemps dans l'oubli, jusqu'à ce que le Britannique [[Philip Carteret]] les redécouvre en 1767<ref name="Michigan">{{en}} [http://globaledge.msu.edu/countries/solomon-islands/history "Solomon Islands: History"], [[Université d'État du Michigan]]</ref>. Des missionnaires européens arrivent au milieu du dix-neuvième siècle, mais peinent à convertir les habitants. Dans le même temps, les îles sont sillonnées par les ''[[blackbirder]]s'', Européens qui recrutent de force ou par la tromperie des insulaires du Pacifique, les expédiant notamment sur les plantations du [[Queensland]] ou des [[Fidji]]. Ces enlèvements avivent les tensions, et les Salomonais réagissent dès lors souvent avec méfiance et violence à toute visite d'Européens<ref name="Michigan" />.
Ces cartes sont approximatives, et, malgré les expéditions de 1595 et 1605, l'emplacement exact des îles tombe longtemps dans l'oubli , jusqu'à ce que le Britannique [[Philip Carteret]] les redécouvre en 1767<ref name="Michigan">{{en}} [http://globaledge.msu.edu/countries/solomon-islands/history "Solomon Islands: History"], [[Université d'État du Michigan]]</ref>.
Plusieurs navires de diverses nationalités se présentent, mais rencontrent l'hostilité des populations.

=== Aventuriers, écumeurs, missionnaires, colons ===
Le [[Beachcomber|beachcombing]] ou ''ratissage de plages'' est un mode de vie des populations locales indigènes. Avec certaine supériorité technologique européenne (surtout en armement), cela devient une activité lucrative pour des aventuriers, entre brigandage et piraterie.

Au milieu du dix-neuvième siècle, des missionnaires européens arrivent , mais peinent à convertir les habitants.
Une première mission mariste, sur l'[[île Santa Isabel]] s'achève avec l'assassinat du missionnaire [[Jean-Baptiste Épalle]] en 1845.
Une seconde mission en 1850 semble mieux reçue.

En 1856, le [[Royaume d'Hawaï]] (1795–1893) revendique, en tant qu'une des [[exclaves polynésiennes]] en Mélanésie, le petit archipel ({{nb|2|km|2|de terres émergées}} et environ {{nb|300|habitants}}) de [[Sikaiana]] (atolls-îles de Tehaolei, Matuiloto, et Matuavi).

Dans le même temps, les îles sont sillonnées par les ''[[blackbirder]]s'', Européens qui recrutent (par force et/ou tromperie) des insulaires du Pacifique, les expédiant notamment sur les plantations du [[Queensland]] ou des [[Fidji]], ou de Nouvelle-Calédonie ou de Tahiti. Ces enlèvements avivent les tensions, et les Salomonais réagissent dès lors souvent avec méfiance et violence à toute visite d'Européens<ref name="Michigan" />.
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Solomon Islands Couple (from a book Published in 1931) P.276.png|Couple salmonias
Solomon Islands warriors.jpg|Deux guerriers en tenue de combat (1895)
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El viajero ilustrado, 1878 602320 (3810561161).jpg|Musique des Salomon (1878)
Solomon Islands canoe crop.jpg|Groupe en canoë aux Salomon (1895)
Solomon Island House (1898).jpg|Maison des Salomon (1898)
Pfahlhaus-Nachbau Toborei.jpg|Maison sur pilotis, Bougainville (reconstitution)
Kapkap, 19th century, Solomon Islands. (46490780355).jpg|''Kapkap'', pendentif ornemental frontal masculin traditionnel
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=== Protectorats (1885/1893-1976) ===
La ''[[Royal Navy]]'' parvient finalement à réprimer ces enlèvements, et le [[Royaume-Uni]] déclare un [[protectorat]] sur le sud des Salomon en 1893. Le nord est un protectorat de l'[[Empire allemand]] : '''[[Salomon du Nord]]''' (1885–1919).
Le [[Traité de Samoa]] de {{date-|décembre 1899}}, accord germano-britannico-américain, par lequel le Royaume-Uni cède à l'[[Allemagne]] et aux [[États-Unis]] ses intérêts aux [[Samoa]], aboutit à l'intégration du nord des Salomon dans le protectorat britannique des '''[[Îles Salomon britanniques]]''' (1893–1978).
Seules les îles de [[Île Bougainville|Bougainville]] et [[Île Buka|Buka]], dans l'extrême nord de l'archipel, demeurent partie de la [[Nouvelle-Guinée allemande]] (1884–1919).
Ce rattachement de Bougainville à la [[Nouvelle-Guinée]] est à l'origine d'un [[Île_Bougainville#Conflit_arm.C3.A9|conflit]] à la fin du vingtième siècle entre l'[[Armée révolutionnaire de Bougainville]] et l'[[Papouasie-Nouvelle-Guinée|État indépendant de Papouasie-Nouvelle-Guinée]], conflit dont les Salomon se gardent alors de se mêler<ref name="Michigan" />.

En août 1914, le [[théâtre océanien de la Première Guerre mondiale]] consiste d'abord dans l'attaque des alliés sur les colonies allemandes d'Océanie,particulièrement lors de la [[campagne de Nouvelle-Guinée (1914)]]. À la suite des combats, le [[traité de Versailles]] entérine ''de facto'' les victoires militaires des alliés : l'Allemagne perd ses colonies dans le Pacifique.
Le Japon hérite de la Micronésie, la Nouvelle-Zélande des îles Samoa, l'Australie de la Nouvelle-Guinée et des îles Salomon.


La ''[[Royal Navy]]'' parvient finalement à réprimer ces enlèvements, et le [[Royaume-Uni]] déclare un [[protectorat]] sur le sud des Salomon en 1893. Le nord est un protectorat de l'[[Empire allemand]] depuis 1886. Le [[Traité de Samoa]] de {{date-|décembre 1899}}, accord germano-britannico-américain, par lequel le Royaume-Uni cède à l'[[Allemagne]] et aux [[États-Unis]] ses intérêts aux [[Samoa]], aboutit à l'intégration du nord des Salomon dans le protectorat britannique. Seules les îles de [[Bougainville (île)|Bougainville]] et [[Buka (île)|Buka]], dans l'extrême nord de l'archipel, demeurent partie de la [[Nouvelle-Guinée allemande]]. Ce rattachement de Bougainville à la [[Nouvelle-Guinée]] allait provoquer un [[Île_Bougainville#Conflit_arm.C3.A9|conflit]] à la fin du vingtième siècle entre l'[[Armée révolutionnaire de Bougainville]] et l'[[Papouasie-Nouvelle-Guinée|État indépendant de Papouasie-Nouvelle-Guinée]], conflit dont les Salomon se gardent alors de se mêler<ref name="Michigan" />.
{{Article détaillé|Théâtre océanien de la Première Guerre mondiale|Campagne de Nouvelle-Guinée (1914)}}
Le protectorat britannique facilite les activités des missionnaires, et permet la venue d'entreprises britanniques et [[australie]]nnes, principalement pour des plantations de noix de coco. Le territoire connaît toutefois très peu de développement économique, et l'administration coloniale est minimaliste, se contentant notamment du maintien de la paix et de l'ordre<ref name="Michigan" />.
Le protectorat britannique facilite les activités des missionnaires, et permet la venue d'entreprises britanniques et [[australie]]nnes, principalement pour des plantations de noix de coco. Le territoire connaît toutefois très peu de développement économique, et l'administration coloniale est minimaliste, se contentant notamment du maintien de la paix et de l'ordre<ref name="Michigan" />.

Fin 1927, sur l'île de [[Malaita]], le [[District Officer]] (1915-1927) {{Lien|lang=en|trad=William R. Bell|fr=William R. Bell}} (1876-1927) est tué lors de la perception annuelle de la taxe dite [[impôt par tête]] : le {{Lien|lang=en|trad=Malaita massacre|fr=massacre de Malaita}} fait quinze morts (relevant de l'administration du protectorat). La perception de cet impôt est considérée comme une attaque contre les valeurs traditionnelles, surtout quand il est assorti de la menace de confiscation des armes à feu, au moins chez le {{Lien|lang=en|trad=Kwaio people|fr=peuple Kwaio}} mené par le chef {{Lien|lang=en|trad=Basiana|fr=Basiana (1880-1928)}}. S'ensuit une [[Représailles|expédition punitive]] : combats, mort de 60 Kwaio, arrestation de 200, destruction et profanation assez systématiques d'importants sanctuaires ancestraux et objets rituels Kwaio, procès, pendaisons (de Basiana et de deux de ses fils). Cet événement marque profondément les populations de l'île (Kwaio et non-Kwaio), en lien avec l'effondrement des traditions, de la moralité, et la [[Phytophthora colocasiae|maladie des feuilles du taro]].


[[Image:Honiara Japanese Memorial.jpg|thumb|Monument japonais à Honiara]]
[[Image:Honiara Japanese Memorial.jpg|thumb|Monument japonais à Honiara]]
[[Image:Guadalcanal American Memorial.jpg|thumb|Monument américain à Honiara]]
[[Image:Guadalcanal American Memorial.jpg|thumb|Monument américain à Honiara]]
Pendant la [[Seconde Guerre mondiale]], la majeure partie de la très petite population de colons blancs quitte le pays, qui devient le théâtre d'importants affrontements. En {{date-|janvier 1942}}, les [[Japon]]ais envahissent et occupent la colonie. En {{date-|mai 1942}}, la [[Bataille de la mer de Corail]] marque le début de plus d'un an et demi de combats continus entre les [[Alliés de la Seconde Guerre mondiale|Alliés]] (emmenés par les Américains) et les Japonais. La [[Bataille de Guadalcanal]], d'{{date-|août 1942}} à {{date-|février 1943}}, marque une étape importante dans la [[Guerre du Pacifique]]. En {{date-|décembre 1943}}, les Salomon sont à nouveau sous le contrôle des Alliés, et l'autorité britannique est rétablie. La présence de soldats américains en grand nombre, toutefois, a une influence importante sur les Salomonais, provoquant des mouvements [[millénarisme|millénaristes]] dits « [[culte du cargo|cultes du cargo]] », et incitant certains à contester l'autorité coloniale<ref name="Michigan" />.


Pendant la [[Seconde Guerre mondiale]], la majeure partie de la très petite population de colons blancs quitte le pays, qui devient le théâtre d'importants affrontements : [[campagne des îles Salomon]].
Le mouvement [[Maasina Ruru]] (« unité fraternelle » en langue [['are'are]]) prône la désobéissance civile dans les années qui suivent la guerre. En 1947, les Britanniques incarcèrent les partisans du mouvement qui refusent de payer leurs impôts, et l'élan s'estompe à la fin de la décennie<ref>Stewart Firth, "The War in the Pacific", ''in'' D. Denoon (éd.), ''The Cambridge History of the Pacific Islanders'', ''op.cit.'', p.318</ref>.
En {{date-|janvier 1942}}, les [[Japon]]ais envahissent et occupent la colonie. En {{date-|mai 1942}}, la [[bataille de la mer de Corail]] marque le début de plus d'un an et demi de combats continus entre les [[Alliés de la Seconde Guerre mondiale|Alliés]] (emmenés par les Américains) et les Japonais.
La [[Bataille de Guadalcanal]], d'{{date-|août 1942}} à {{date-|février 1943}}, marque une étape importante dans la [[Guerre du Pacifique]]. En {{date-|décembre 1943}}, les Salomon sont à nouveau sous le contrôle des Alliés, et l'autorité britannique est rétablie.
La présence de soldats américains en grand nombre, toutefois, a une influence importante sur les Salomonais, provoquant des mouvements [[millénarisme|millénaristes]] dits « [[culte du cargo|cultes du cargo]] », et incitant certains à contester l'autorité coloniale<ref name="Michigan" />.


Dans les années qui suivent la guerre (1945-1950), le mouvement {{Lien|lang=en|trad=Maasina Ruru|fr=Maasina Ruru}} (« unité fraternelle » en langue [['are'are]]) prône l'auto-détermination et la désobéissance civile. En 1947, les Britanniques incarcèrent les partisans du mouvement qui refusent de payer leurs impôts, et l'élan s'estompe à la fin de la décennie<ref>Stewart Firth, "The War in the Pacific", ''in'' D. Denoon (éd.), ''The Cambridge History of the Pacific Islanders'', ''op.cit.'', p.318</ref>.

=== Autonomie (1976) ===
Dans les années 1950, les Britanniques intègrent peu à peu les Salomonais aux instances gouvernementales, pour les préparer à l'autonomie. En 1960, un conseil législatif est mis en place, permettant aux autochtones de participer à la législation de la colonie. En 1974, une Constitution prévoit la création d'institutions démocratiques fondées sur le [[système de Westminster]].
Dans les années 1950, les Britanniques intègrent peu à peu les Salomonais aux instances gouvernementales, pour les préparer à l'autonomie. En 1960, un conseil législatif est mis en place, permettant aux autochtones de participer à la législation de la colonie. En 1974, une Constitution prévoit la création d'institutions démocratiques fondées sur le [[système de Westminster]].


Le {{date-|2 janvier 1976}}, les Salomon deviennent autonomes, avec un gouvernement démocratiquement élu ; [[Peter Kenilorea]] devient « ministre en chef », et mène le pays jusqu'à l'indépendance le {{date-|7 juillet 1978}}. Il prend alors le titre de [[premier ministre des Salomon|premier ministre]]<ref name="Michigan" />. Les Salomon sont une [[monarchie parlementaire]], reconnaissant ''de jure'' la reine [[Élisabeth II]] comme [[Monarchie des Salomon|chef de l'État]], l'autorité réelle étant exercée par le premier ministre et le [[Parlement national (Îles Salomon)|Parlement national]].
Le {{date-|2 janvier 1976}}, les Salomon deviennent autonomes, avec un gouvernement démocratiquement élu ; [[Peter Kenilorea]] devient « ministre en chef », et mène le pays jusqu'à l'indépendance le {{date-|7 juillet 1978}}. Il prend alors le titre de [[Premier ministre des Îles Salomon|premier ministre]]<ref name="Michigan" />. Les Salomon sont une [[Régime parlementaire|monarchie parlementaire]], reconnaissant ''de jure'' la reine [[Élisabeth II]] comme [[Monarchie salomonaise|chef de l'État]], l'autorité réelle étant exercée par le premier ministre et le [[Parlement national (Îles Salomon)|Parlement national]].


== Indépendance (1978) ==
== Indépendance (1978) ==
Depuis l'indépendance, le pays a été marqué par une certaine instabilité politique, et notamment par des conflits inter-ethniques à la fin du vingtième siècle et au début du vingt-et-unième.
Depuis l'indépendance, le pays a été marqué par une certaine instabilité politique, et notamment par des conflits inter-ethniques à la fin du vingtième siècle et au début du vingt-et-unième.


Le {{date-|14 mars 1988}}, les Salomon, sous le premier ministre [[Ezekiel Alebua]], sont l'un des États fondateurs du [[Groupe mélanésien Fer de lance]], association internationale de coopération et de solidarité [[mélanésie]]nne<ref>{{en}} [http://www.msgsec.info/index.php/home/86-cherising-our-unique-history "Cherising Our Unique History"], Groupe mélanésien Fer de lance, 7 novembre 2011</ref>.
Le {{date-|14 mars 1988}}, les Salomon, sous le premier ministre [[Ezekiel Alebua]], sont l'un des États fondateurs du [[Groupe Fer de lance mélanésien]], association internationale de coopération et de solidarité [[mélanésie]]nne<ref>{{en}} [http://www.msgsec.info/index.php/home/86-cherising-our-unique-history "Cherising Our Unique History"], Groupe mélanésien Fer de lance, 7 novembre 2011</ref>.


=== Troubles ethniques (1998-2003/présent) ===
En 1998, des habitants autochtones de l'île de [[Guadalcanal]] s'arment et fondent le ''[[Isatabu Freedom Movement]]'' (IFM), dirigé notamment par [[Harold Keke]]. Ils s'attaquent aux migrants et descendants de migrants venus en grand nombre de l'île de [[Malaita]] au cours des décennies précédentes. Les Malaitans sont sur-représentés parmi les chefs d'entreprise, dans la fonction publique et notamment dans la police, et une partie de la population autochtone de l'île réclame une meilleure prise en compte de ses propres intérêts. Des Malaitans sont chassés de leurs foyers, et parfois tués. Les Malaitans de Guadalcanal s'organisent et s'arment en retour, formant la ''[[Malaita Eagle Force]]'' (MEF), avec [[Andrew Nori]] pour principal porte-parole. Les personnes accusées de sympathiser avec l'IFM sont à leur tour chassées de leur foyer, agressées, voire tuées. Les forces de police sont dépassées (et le pays n'a pas d'armée)<ref name="gun in hand">{{en}} [http://www.theage.com.au/articles/2003/07/25/1059084208417.html "Gun in one hand, Bible in the other"], ''[[The Age]]'', 26 juillet 2003</ref>.
En 1998, des habitants autochtones de l'île de [[Guadalcanal]] s'arment et fondent le ''[[Isatabu Freedom Movement]]'' (IFM), dirigé notamment par [[Harold Keke]]. Ils s'attaquent aux migrants et descendants de migrants venus en grand nombre de l'île de [[Malaita]] au cours des décennies précédentes. Les Malaitans sont sur-représentés parmi les chefs d'entreprise, dans la fonction publique et notamment dans la police, et une partie de la population autochtone de l'île réclame une meilleure prise en compte de ses propres intérêts. Des Malaitans sont chassés de leurs foyers, et parfois tués. Les Malaitans de Guadalcanal s'organisent et s'arment en retour, formant la ''[[Malaita Eagle Force]]'' (MEF), avec [[Andrew Nori]] pour principal porte-parole. Les personnes accusées de sympathiser avec l'IFM sont à leur tour chassées de leur foyer, agressées, voire tuées. Les forces de police sont dépassées (et le pays n'a pas d'armée)<ref name="gun in hand">{{en}} [http://www.theage.com.au/articles/2003/07/25/1059084208417.html "Gun in one hand, Bible in the other"], ''[[The Age]]'', 26 juillet 2003</ref>.


Le {{date-|5 juin 2000}}, la MEF et Andrew Nori prennent en otage le premier ministre [[Bartholomew Ulufa'alu]], l'accusant de n'avoir pas su empêcher cette spirale de violence. Le [[Commonwealth des Nations]] dépêche une délégation dans le pays, et enclenche des négociations, qui aboutissent à l'[[Accord de paix de Townsville]] le {{date-|15 octobre}}, signé par l'IFM et la MEF. Les milices ethniques acceptent de désarmer, à l'exception de Harold Keke et d'une centaine de ses partisans. Au cours des trois années qui suivent, « certains des principaux militants de la MEF prennent presque totalement le contrôle de la police et du nouveau gouvernement » du premier ministre [[Manasseh Sogavare]], bien que ce dernier ait l'appui du Parlement démocratiquement élu. Les militants se servent dans les finances de l'État, au nom du droit à la compensation pour les violences subies par les Malaitans. Les services publics périclitent. Des compagnies d'[[exploitation forestière]] étrangères sont autorisées à opérer à leur guise, versant en échange une partie de leurs profits au gouvernement. En 2002, la police arme des groupes de militants, leur confiant la tâche d'éradiquer les derniers partisans armés de Harold Keke. Les violences reprennent ; des villages de partisans supposés de Keke sont brûlés<ref name="gun in hand" />. Les habitants font face à des intimidations, n'ont parfois plus accès aux services publics essentiels -dont les soins de santé-, et la corruption est devenue endémique<ref name="RAMSI">{{en}} [http://www.ramsi.org/about/history.html "Why RAMSI was formed"], RAMSI</ref>.
Le {{date-|5 juin 2000}}, la MEF et Andrew Nori prennent en otage le premier ministre [[Bartholomew Ulufa'alu]], l'accusant de n'avoir pas su empêcher cette spirale de violence. Le [[Commonwealth]] (des Nations) dépêche une délégation dans le pays, et enclenche des négociations, qui aboutissent à l'[[Accord de paix de Townsville]] le {{date-|15 octobre}}, signé par l'IFM et la MEF. Les milices ethniques acceptent de désarmer, à l'exception de Harold Keke et d'une centaine de ses partisans. Au cours des trois années qui suivent, « certains des principaux militants de la MEF prennent presque totalement le contrôle de la police et du nouveau gouvernement » du premier ministre [[Manasseh Sogavare]], bien que ce dernier ait l'appui du Parlement démocratiquement élu. Les militants se servent dans les finances de l'État, au nom du droit à la compensation pour les violences subies par les Malaitans. Les services publics périclitent. Des compagnies d'[[exploitation forestière]] étrangères sont autorisées à opérer à leur guise, versant en échange une partie de leurs profits au gouvernement. En 2002, la police arme des groupes de militants, leur confiant la tâche d'éradiquer les derniers partisans armés de Harold Keke. Les violences reprennent ; des villages de partisans supposés de Keke sont brûlés<ref name="gun in hand" />. Les habitants font face à des intimidations, n'ont parfois plus accès aux services publics essentiels -dont les soins de santé-, et la corruption est devenue endémique<ref name="RAMSI">{{en}} [http://www.ramsi.org/about/history.html "Why RAMSI was formed"], RAMSI</ref>.


En {{date-|avril 2003}}, le premier ministre Sir [[Allan Kemakeza]] se tourne vers les pays voisins et leur demande leur aide pour rétablir l'ordre. Cette demande donne lieu à la RAMSI : la [[Regional Assistance Mission to Solomon Islands|Mission d'assistance régionale aux Salomon]]. « Menée et financée par l'[[Australie]] et la [[Nouvelle-Zélande]] », cette mission inclut des participants de tous les pays membres du [[Forum des îles du Pacifique]]<ref name="RAMSI" />. Le Parlement salomonais autorise le déploiement de la mission le {{date-|22 juillet}}. Deux jours plus tard, des soldats, policiers et divers experts civils arrivent en provenance d'Australie, de Nouvelle-Zélande, de [[Papouasie-Nouvelle-Guinée]], des [[Fidji]], des [[Tonga]], du [[Vanuatu]], des [[Samoa]], des [[Kiribati]], des [[îles Cook]] et de [[Nauru]]. Ils parviennent à désarmer les militants, restaurent la paix, réforment et entraînent les services de police, et conseillent les autorités sur des réformes institutionnelles et économiques<ref name="RAMSI" />.
En {{date-|avril 2003}}, le premier ministre Sir [[Allan Kemakeza]] se tourne vers les pays voisins et leur demande leur aide pour rétablir l'ordre. Cette demande donne lieu à la RAMSI : la [[Mission régionale d'assistance aux Îles Salomon]]. « Menée et financée par l'[[Australie]] et la [[Nouvelle-Zélande]] », cette mission inclut des participants de tous les pays membres du [[Forum des îles du Pacifique]]<ref name="RAMSI" />. Le Parlement salomonais autorise le déploiement de la mission le {{date-|22 juillet}}. Deux jours plus tard, des soldats, policiers et divers experts civils arrivent en provenance d'Australie, de Nouvelle-Zélande, de [[Papouasie-Nouvelle-Guinée]], des [[Fidji]], des [[Tonga]], du [[Vanuatu]], des [[Samoa]], des [[Kiribati]], des [[îles Cook]] et de [[Nauru]]. Ils parviennent à désarmer les militants, restaurent la paix, réforment et entraînent les services de police, et conseillent les autorités sur des réformes institutionnelles et économiques<ref name="RAMSI" />.


Les [[Élections législatives salomonaises de 2006|élections législatives de 2006]] sont suivies d'émeutes à [[Honiara]] contre l'élection du gouvernement de [[Snyder Rini]], les émeutiers pillant et incendiant le quartier chinois de la ville pour protester contre ce qu'ils perçoivent comme l'influence d'hommes d'affaires d'ascendance chinoise (notamment Sir [[Thomas Chan]]) sur le gouvernement. Les soldats de la RAMSI mettent fin aux violences, mais le Parlement destitue le gouvernement Rini. Quelques mois plus tard, la justice révèle un complot qui visait à assassiner les ministres Snyder Rini, [[Allan Kemakeza]], [[Peter Boyers]] et [[Laurie Chan]] durant les émeutes ; les députés [[Nelson Ne'e]] et {{lien|Charles Dausabea}}, dont la responsabilité dans les émeutes est reconnue, sont soupçonnés d'avoir participé à ce complot<ref>{{en}} [https://www.rnz.co.nz/international/pacific-news/164356/solomons-plot-to-kill-kemakeza-revealed-in-court "Solomons plot to kill Kemakeza revealed in court"], Radio New Zealand, 29 août 2006</ref>.
Les [[Élections législatives salomonaises de 2006|élections législatives de 2006]] sont suivies d'émeutes à [[Honiara]] contre l'élection du gouvernement de [[Snyder Rini]], les émeutiers pillant et incendiant le quartier chinois de la ville pour protester contre ce qu'ils perçoivent comme l'influence d'hommes d'affaires d'ascendance chinoise (notamment Sir [[Thomas Chan]]) sur le gouvernement. Les soldats de la RAMSI mettent fin aux violences, mais le Parlement destitue le gouvernement Rini. Quelques mois plus tard, la justice révèle un complot qui visait à assassiner les ministres Snyder Rini, [[Allan Kemakeza]], [[Peter Boyers]] et [[Laurie Chan]] durant les émeutes ; les députés [[Nelson Ne'e]] et {{lien|Charles Dausabea}}, dont la responsabilité dans les émeutes est reconnue, sont soupçonnés d'avoir participé à ce complot<ref>{{en}} [https://www.rnz.co.nz/international/pacific-news/164356/solomons-plot-to-kill-kemakeza-revealed-in-court "Solomons plot to kill Kemakeza revealed in court"], Radio New Zealand, 29 août 2006</ref>.
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Le volet militaire de RAMSI prend officiellement fin le {{date-|30 juin 2013}}, demeurant dès lors principalement un service d'assistance policière<ref>{{en}} [http://www.solomontimes.com/news/ramsi-defence-ends-mission/7748 "RAMSI Defence Ends Mission"], ''Solomon Times'', 3 juillet 2013</ref>.
Le volet militaire de RAMSI prend officiellement fin le {{date-|30 juin 2013}}, demeurant dès lors principalement un service d'assistance policière<ref>{{en}} [http://www.solomontimes.com/news/ramsi-defence-ends-mission/7748 "RAMSI Defence Ends Mission"], ''Solomon Times'', 3 juillet 2013</ref>.


* {{Lien|lang=en|trad=Squatting in Solomon Islands|fr=Squat aux Îles Salomon}}
== Articles connexes ==
* {{Lien|langue=en|trad=Japanese occupation of the Solomon Islands|fr=Occupation japonaise des Îles Salomon}} (1941-1945)
* {{Lien|lang=en|trad=History_of_Solomon_Islands#Ethnic_violence_(1999–2003)|fr=Violences inter-ethniques aux Salomon (1998-2003)}}
* [[Mission régionale d'assistance aux Îles Salomon]] (2003-2013/2017, RAMSI, ''Helpem Fren / aider un ami'')
* {{Lien|lang=en|trad=Truth and Reconciliation Commission (Solomon Islands)|fr=Commission vérité et réconciliation (Îles Salomon)}} (2008)
* Incendie du [[Bâtiment du Parlement national des Îles Salomon]] (1993-2021)
* [[Troubles de 2021 aux Îles Salomon]]

== Annexes ==
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=== Articles connexes ===
* [[Bassin Indo-Pacifique]], [[Zone indo-pacifique]], [[Ceinture de feu du Pacifique]], [[Écozone océanienne]]
* [[Îles du Pacifique|îles et archipels]], regroupés (ou non) en [[Australasie]], [[Micronésie (région)|Miocronésie]], [[Mélanésie]] et [[Polynésie]], hors [[pourtour du Pacifique]]
* [[Histoire de l'Océanie]]
==== Salomon ====
* [[Liste des îles des Îles Salomon]], [[Géographie des Îles Salomon]]
* [[Langues aux Îles Salomon]] (75)
* {{Lien|lang=en|trad=Category:Ethnic groups in the Solomon Islands|fr=Groupes ethniques des Îles Salomon}}
* Armes salomoniennes : [[supi]] (massue de guerre), [[roromaraugi]] (massue-bouclier), [[qauata]] (massue-bouclier)
* [[Álvaro de Mendaña]] (1542-1595), [[Pedro Fernandes de Queirós]] (1565-1614), [[Isabel Barreto]] (1567-1612), [[Diégo de Prado]] (1550-1645)
* [[Blackbirding]]
* Liste des [[commissaires résidents et gouverneurs des Îles Salomon]]
* {{Lien|lang=en|trad=Japanese occupation of the Solomon Islands|fr=Occupation japonaise des Îles Salomon}} (1941-1945)
* [[Campagne des îles Salomon]] (1942-1945), [[Bataille de Guadalcanal]] (1942-1943)
* [[Campagne des îles Salomon]] (1942-1945), [[Bataille de Guadalcanal]] (1942-1943)
* {{Lien|langue=en|trad=Biuku Gasa and Eroni Kumana|fr=Biuku Gasa et Eroni Kumana}}, qui ont découvert Kennedy et son PT6109 en août 1943
* {{Lien|lang=en|trad=Biuku Gasa and Eroni Kumana|fr=Biuku Gasa et Eroni Kumana}}, qui ont découvert Kennedy et son PT6109 en août 1943
* {{Lien|langue=en|trad=Maasina Ruru|fr=Maasina Ruru}}, mouvement indépendantiste et autonomiste des années 1945-1950
* {{Lien|lang=en|trad=Maasina Ruru|fr=Maasina Ruru}}, mouvement indépendantiste et autonomiste des années 1945-1950
* [[Territoires britanniques du Pacifique occidental]] (1877-1976)
* Ethnologues, etc : {{Lien|langue=en|trad=Ian Hogbin|fr=Ian Hogbin}} (1904-1989)
* [[Religion aux Îles Salomon]] (voir la version anglophone), [[Liste des cathédrales des Îles Salomon]]
* Cyclones : [[Cyclone Tia]] (1991), [[Cyclone Zoe]] (2002-2003), [[Cyclone Ita]] (2014)
* {{Lien|lang=en|trad=Squatting in Solomon Islands|fr=Squat aux Îles Salomon}}
*[[Blackbirding]]
* [[Mission régionale d'assistance aux Îles Salomon]] (2003-2013/2017, RAMSI, ''Helpem Fren / aider un ami'')
* {{Lien|lang=en|trad=Truth and Reconciliation Commission (Solomon Islands)|fr=Commission vérité et réconciliation (Îles Salomon)}} (2008)
* {{Lien|lang=en|trad=List of earthquakes in the Solomon Islands archipelago|fr=Liste de séismes aux Îles Salomon}}
* Liste de cyclones : [[Cyclone Tia]] (1991), [[Cyclone Zoe]] (2002-2003), [[Cyclone Ita]] (2014)
* {{Lien|lang=en|trad=List of massacres in the Solomon Islands|fr=Liste de massacres aux Îles Salomon}}
* Décorations : Order of the Solomon Islands (1981), Star of the Solomon Islands (SSI), Cross of Solomon Islands (CSI), Solomon Islands Medal (SIM)
* Ethnologues, etc : {{Lien|lang=en|trad=Ian Hogbin|fr=Ian Hogbin}} (1904-1989), {{Lien|lang=en|trad=Gerd Koch|fr=Gerd Koch}} (1922-2005), {{Lien|lang=en|trad=Roger Keesing|fr=Roger Keesing}} (1935-1993)

* [[Démographie des Salomon]]
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== Références ==
== Références ==

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Cet article retrace l'histoire des Îles Salomon (Solomon Islands), aujourd'hui un État souverain, de 28 450 km2 et 724 273) Salomonais(es) (en 2022), archipel de l'Océan Pacifique, en Mélanésie, au Nord-Est de l'Australie, entre Nouvelle-Guinée et Vanuatu. La population solomonaise, majoritairement mélanésienne (95 %) et chrétienne (93 %), était de 408 145 en 1998, 305 132 en 1988, 204 082 en 1976, 105 209 en 1950.

Sahul, Sunda, Wallacea vers -26000
Dispersion austronésienne vers -1200
Archipel des îles Salomon
Archipel des îles Salomon
Monument à Álvaro de Mendaña à Honiara.

Lors du peuplement de l'Océanie, les premiers êtres humains s'installent dans la partie nord et occidentale des Salomon il y a quelque 28 000 ans. Venus d'Asie du Sud-Est, ces premiers habitants de l'Océanie proche sont notamment les ancêtres des Papous et des Aborigènes d'Australie[1].

Une seconde vague de peuplement atteint les Salomon il y a environ 3 200 ans, les Austronésiens, qui s'unissent à la population existante. Les Salomonais aujourd'hui sont principalement des descendants de ces migrants austronésiens[2].

Sans unification politique (connue à ce jour), les habitants de ces îles vivent en villages autonomes, et développent des dizaines de langues distinctes, dont environ 75 subsistent au début du XXIe siècle[3]. Alors que des Austronésiens s'installent de manière permanente aux Salomon, d'autres poursuivent leurs migrations vers l'est, devenant à terme les Polynésiens.

Des siècles plus tard, des migrants polynésiens effectuent le voyage retour, et forment des enclaves polynésiennes dans les îles salomonaises de Rennell, Bellona et Ontong Java du XIIIe au XVe siècle. Du XIVe au XVIIIe siècle, ces territoires sont intégrés à la sphère d'influence tongienne, sous la dynastie des Tuʻi Tonga[4].

Ère coloniale

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Le , l'Espagnol Álvaro de Mendaña est le premier Européen à découvrir les Salomon. Il y réside avec ses hommes jusqu'en août, une période marquée par des « rencontres continuellement sanglantes » avec les autochtones, auxquels les Espagnols réclament de force de la nourriture[5]. Lorsqu'il revient en Espagne et relate sa découverte, les Espagnols, persuadés qu'il a découvert la légendaire Ophir, terre d'origine de l'or du roi biblique Salomon, indiquent le nom Islas Salomon sur leurs cartes[5].

Ces cartes sont approximatives, et, malgré les expéditions de 1595 et 1605, l'emplacement exact des îles tombe longtemps dans l'oubli , jusqu'à ce que le Britannique Philip Carteret les redécouvre en 1767[6]. Plusieurs navires de diverses nationalités se présentent, mais rencontrent l'hostilité des populations.

Aventuriers, écumeurs, missionnaires, colons

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Le beachcombing ou ratissage de plages est un mode de vie des populations locales indigènes. Avec certaine supériorité technologique européenne (surtout en armement), cela devient une activité lucrative pour des aventuriers, entre brigandage et piraterie.

Au milieu du dix-neuvième siècle, des missionnaires européens arrivent , mais peinent à convertir les habitants. Une première mission mariste, sur l'île Santa Isabel s'achève avec l'assassinat du missionnaire Jean-Baptiste Épalle en 1845. Une seconde mission en 1850 semble mieux reçue.

En 1856, le Royaume d'Hawaï (1795–1893) revendique, en tant qu'une des exclaves polynésiennes en Mélanésie, le petit archipel (2 km2 de terres émergées et environ 300 habitants) de Sikaiana (atolls-îles de Tehaolei, Matuiloto, et Matuavi).

Dans le même temps, les îles sont sillonnées par les blackbirders, Européens qui recrutent (par force et/ou tromperie) des insulaires du Pacifique, les expédiant notamment sur les plantations du Queensland ou des Fidji, ou de Nouvelle-Calédonie ou de Tahiti. Ces enlèvements avivent les tensions, et les Salomonais réagissent dès lors souvent avec méfiance et violence à toute visite d'Européens[6].

Protectorats (1885/1893-1976)

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La Royal Navy parvient finalement à réprimer ces enlèvements, et le Royaume-Uni déclare un protectorat sur le sud des Salomon en 1893. Le nord est un protectorat de l'Empire allemand : Salomon du Nord (1885–1919). Le Traité de Samoa de , accord germano-britannico-américain, par lequel le Royaume-Uni cède à l'Allemagne et aux États-Unis ses intérêts aux Samoa, aboutit à l'intégration du nord des Salomon dans le protectorat britannique des Îles Salomon britanniques (1893–1978). Seules les îles de Bougainville et Buka, dans l'extrême nord de l'archipel, demeurent partie de la Nouvelle-Guinée allemande (1884–1919). Ce rattachement de Bougainville à la Nouvelle-Guinée est à l'origine d'un conflit à la fin du vingtième siècle entre l'Armée révolutionnaire de Bougainville et l'État indépendant de Papouasie-Nouvelle-Guinée, conflit dont les Salomon se gardent alors de se mêler[6].

En août 1914, le théâtre océanien de la Première Guerre mondiale consiste d'abord dans l'attaque des alliés sur les colonies allemandes d'Océanie,particulièrement lors de la campagne de Nouvelle-Guinée (1914). À la suite des combats, le traité de Versailles entérine de facto les victoires militaires des alliés : l'Allemagne perd ses colonies dans le Pacifique. Le Japon hérite de la Micronésie, la Nouvelle-Zélande des îles Samoa, l'Australie de la Nouvelle-Guinée et des îles Salomon.

Le protectorat britannique facilite les activités des missionnaires, et permet la venue d'entreprises britanniques et australiennes, principalement pour des plantations de noix de coco. Le territoire connaît toutefois très peu de développement économique, et l'administration coloniale est minimaliste, se contentant notamment du maintien de la paix et de l'ordre[6].

Fin 1927, sur l'île de Malaita, le District Officer (1915-1927) William R. Bell (en) (1876-1927) est tué lors de la perception annuelle de la taxe dite impôt par tête : le massacre de Malaita (en) fait quinze morts (relevant de l'administration du protectorat). La perception de cet impôt est considérée comme une attaque contre les valeurs traditionnelles, surtout quand il est assorti de la menace de confiscation des armes à feu, au moins chez le peuple Kwaio (en) mené par le chef Basiana (1880-1928) (en). S'ensuit une expédition punitive : combats, mort de 60 Kwaio, arrestation de 200, destruction et profanation assez systématiques d'importants sanctuaires ancestraux et objets rituels Kwaio, procès, pendaisons (de Basiana et de deux de ses fils). Cet événement marque profondément les populations de l'île (Kwaio et non-Kwaio), en lien avec l'effondrement des traditions, de la moralité, et la maladie des feuilles du taro.

Monument japonais à Honiara
Monument américain à Honiara

Pendant la Seconde Guerre mondiale, la majeure partie de la très petite population de colons blancs quitte le pays, qui devient le théâtre d'importants affrontements : campagne des îles Salomon. En , les Japonais envahissent et occupent la colonie. En , la bataille de la mer de Corail marque le début de plus d'un an et demi de combats continus entre les Alliés (emmenés par les Américains) et les Japonais. La Bataille de Guadalcanal, d' à , marque une étape importante dans la Guerre du Pacifique. En , les Salomon sont à nouveau sous le contrôle des Alliés, et l'autorité britannique est rétablie. La présence de soldats américains en grand nombre, toutefois, a une influence importante sur les Salomonais, provoquant des mouvements millénaristes dits « cultes du cargo », et incitant certains à contester l'autorité coloniale[6].

Dans les années qui suivent la guerre (1945-1950), le mouvement Maasina Ruru (en) (« unité fraternelle » en langue 'are'are) prône l'auto-détermination et la désobéissance civile. En 1947, les Britanniques incarcèrent les partisans du mouvement qui refusent de payer leurs impôts, et l'élan s'estompe à la fin de la décennie[7].

Autonomie (1976)

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Dans les années 1950, les Britanniques intègrent peu à peu les Salomonais aux instances gouvernementales, pour les préparer à l'autonomie. En 1960, un conseil législatif est mis en place, permettant aux autochtones de participer à la législation de la colonie. En 1974, une Constitution prévoit la création d'institutions démocratiques fondées sur le système de Westminster.

Le , les Salomon deviennent autonomes, avec un gouvernement démocratiquement élu ; Peter Kenilorea devient « ministre en chef », et mène le pays jusqu'à l'indépendance le . Il prend alors le titre de premier ministre[6]. Les Salomon sont une monarchie parlementaire, reconnaissant de jure la reine Élisabeth II comme chef de l'État, l'autorité réelle étant exercée par le premier ministre et le Parlement national.

Indépendance (1978)

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Depuis l'indépendance, le pays a été marqué par une certaine instabilité politique, et notamment par des conflits inter-ethniques à la fin du vingtième siècle et au début du vingt-et-unième.

Le , les Salomon, sous le premier ministre Ezekiel Alebua, sont l'un des États fondateurs du Groupe Fer de lance mélanésien, association internationale de coopération et de solidarité mélanésienne[8].

Troubles ethniques (1998-2003/présent)

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En 1998, des habitants autochtones de l'île de Guadalcanal s'arment et fondent le Isatabu Freedom Movement (IFM), dirigé notamment par Harold Keke. Ils s'attaquent aux migrants et descendants de migrants venus en grand nombre de l'île de Malaita au cours des décennies précédentes. Les Malaitans sont sur-représentés parmi les chefs d'entreprise, dans la fonction publique et notamment dans la police, et une partie de la population autochtone de l'île réclame une meilleure prise en compte de ses propres intérêts. Des Malaitans sont chassés de leurs foyers, et parfois tués. Les Malaitans de Guadalcanal s'organisent et s'arment en retour, formant la Malaita Eagle Force (MEF), avec Andrew Nori pour principal porte-parole. Les personnes accusées de sympathiser avec l'IFM sont à leur tour chassées de leur foyer, agressées, voire tuées. Les forces de police sont dépassées (et le pays n'a pas d'armée)[9].

Le , la MEF et Andrew Nori prennent en otage le premier ministre Bartholomew Ulufa'alu, l'accusant de n'avoir pas su empêcher cette spirale de violence. Le Commonwealth (des Nations) dépêche une délégation dans le pays, et enclenche des négociations, qui aboutissent à l'Accord de paix de Townsville le , signé par l'IFM et la MEF. Les milices ethniques acceptent de désarmer, à l'exception de Harold Keke et d'une centaine de ses partisans. Au cours des trois années qui suivent, « certains des principaux militants de la MEF prennent presque totalement le contrôle de la police et du nouveau gouvernement » du premier ministre Manasseh Sogavare, bien que ce dernier ait l'appui du Parlement démocratiquement élu. Les militants se servent dans les finances de l'État, au nom du droit à la compensation pour les violences subies par les Malaitans. Les services publics périclitent. Des compagnies d'exploitation forestière étrangères sont autorisées à opérer à leur guise, versant en échange une partie de leurs profits au gouvernement. En 2002, la police arme des groupes de militants, leur confiant la tâche d'éradiquer les derniers partisans armés de Harold Keke. Les violences reprennent ; des villages de partisans supposés de Keke sont brûlés[9]. Les habitants font face à des intimidations, n'ont parfois plus accès aux services publics essentiels -dont les soins de santé-, et la corruption est devenue endémique[10].

En , le premier ministre Sir Allan Kemakeza se tourne vers les pays voisins et leur demande leur aide pour rétablir l'ordre. Cette demande donne lieu à la RAMSI : la Mission régionale d'assistance aux Îles Salomon. « Menée et financée par l'Australie et la Nouvelle-Zélande », cette mission inclut des participants de tous les pays membres du Forum des îles du Pacifique[10]. Le Parlement salomonais autorise le déploiement de la mission le . Deux jours plus tard, des soldats, policiers et divers experts civils arrivent en provenance d'Australie, de Nouvelle-Zélande, de Papouasie-Nouvelle-Guinée, des Fidji, des Tonga, du Vanuatu, des Samoa, des Kiribati, des îles Cook et de Nauru. Ils parviennent à désarmer les militants, restaurent la paix, réforment et entraînent les services de police, et conseillent les autorités sur des réformes institutionnelles et économiques[10].

Les élections législatives de 2006 sont suivies d'émeutes à Honiara contre l'élection du gouvernement de Snyder Rini, les émeutiers pillant et incendiant le quartier chinois de la ville pour protester contre ce qu'ils perçoivent comme l'influence d'hommes d'affaires d'ascendance chinoise (notamment Sir Thomas Chan) sur le gouvernement. Les soldats de la RAMSI mettent fin aux violences, mais le Parlement destitue le gouvernement Rini. Quelques mois plus tard, la justice révèle un complot qui visait à assassiner les ministres Snyder Rini, Allan Kemakeza, Peter Boyers et Laurie Chan durant les émeutes ; les députés Nelson Ne'e et Charles Dausabea (en), dont la responsabilité dans les émeutes est reconnue, sont soupçonnés d'avoir participé à ce complot[11].

Le volet militaire de RAMSI prend officiellement fin le , demeurant dès lors principalement un service d'assistance policière[12].

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Articles connexes

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Références

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  1. Donald Denoon, "Human Settlement", in D. Denoon (éd.), The Cambridge History of the Pacific Islanders, Cambridge University Press, 1997, (ISBN 0-521-00354-7), p.45
  2. D. Denoon, op.cit., p.58
  3. (en) "Solomon Islands", Ethnologue
  4. (en) "Solomon Islands: History", Lonely Planet
  5. a et b (en) "Alvaro de Mendaña de Neira, 1542?–1595", Université de Princeton
  6. a b c d e et f (en) "Solomon Islands: History", Université d'État du Michigan
  7. Stewart Firth, "The War in the Pacific", in D. Denoon (éd.), The Cambridge History of the Pacific Islanders, op.cit., p.318
  8. (en) "Cherising Our Unique History", Groupe mélanésien Fer de lance, 7 novembre 2011
  9. a et b (en) "Gun in one hand, Bible in the other", The Age, 26 juillet 2003
  10. a b et c (en) "Why RAMSI was formed", RAMSI
  11. (en) "Solomons plot to kill Kemakeza revealed in court", Radio New Zealand, 29 août 2006
  12. (en) "RAMSI Defence Ends Mission", Solomon Times, 3 juillet 2013